Congo : mise en garde des policiers « bébés noirs »

Le ministère de la Sécurité et de l’ordre public lance une enquête visant à démanteler tous les réseaux de « Bébés noirs » auxquels font partie des agents de la force publique.

 

La police congolaise a ouvert une enquête afin de mettre en lumière les réseaux des civils et policiers impliqués dans des actes de violences perpétrés notamment dans les quartiers de Brazzaville. Le ministère de la Sécurité et de l’ordre public s’est adressé aux agents des forces de l’ordre et à l’opinion nationale sur les nouvelles mesures précises dans la lutte contre l’insécurité au Congo.

« Une opération visant à démanteler tous les réseaux de bandes organisées actuellement appelés bébés noirs ont déjà été interpellées par des faits d’agressions, d’extorsions et de vols à main armées. Parmi ces bandits figurent quelques agents de la force publique présumés auteurs et ou complices des faits décriés », indique la correspondance du ministère.

Le ministère de la sécurité et l’ordre public appelle la population à la vigilance. Il recommande de faire appelle au le numéro d’urgence 118, en cas de problème.

Congo : dix ans de prison ferme pour dix policiers

Quatre policiers congolais ont été condamnés mercredi 9 février à dix ans de prison ferme pour coups et blessures volontaires ayant occasionné la mort d’un homme.

 

Jugés pour coups et blessures volontaires ayant occasionné la mort d’un homme et l’infirmité de sept autres, dans la période d’octobre 2021 à janvier 2022, quatre policiers congolais ont été condamnés mercredi 9 février à dix ans de prison ferme, et l’État -civilement responsable- à payer des dommages et intérêts. Le verdict est diversement apprécié par les avocats et les défenseurs des droits de l’homme.

Le tribunal n’a pas suivi le ministère public qui avait requis vingt ans de travaux forcés. Pour maître Steve Bagne, avocat de la partie civile, ce verdict est dissuasif pour les forces de l’ordre. « Ça doit servir de leçon pour les policiers et les gendarmes censés assurer la sécurité des biens et des personnes ; parce que la justice congolaise travaille », estime-t-il.

Avis partagé par Maître Jean Bantsimba, avocat de l’État : « Ça a un caractère pédagogique pour ceux qui sont encore dans les rangs de la force publique (..). Je pense qu’à l’avenir qu’ils doivent s’abstenir de faire comme ils ont fait. »

Un verdict en revanche loin de satisfaire Jean-Philippe Esseau de la défense.  « Ce ne sont pas des malfaiteurs dans la mesure où ils ont reçu un ordre d’un supérieur hiérarchique pour aller traiter des individus de la façon toujours pratiquée par la police », fait-il observer.

Insatisfait également, le défenseur des droits de l’homme Trésor Nzila qui estime pour sa part que toute la vérité n’a pas été établie : « Nous avons compris que ces crimes ont été commis de façon concertée et coordonnée. Les exécutants ont été condamnés, mais les donneurs d’ordre ont échappé à la justice. »

Ces policiers, ayant parfois filmé leurs agissements, ont été condamnés avec un civil « pour association » de malfaiteurs, tandis que deux autres civils ont quant à eux été acquittés.

Affaire des décès des 13 jeunes : le procès en appel toujours attendu

Pour l’avocat de partie civile, la cour d’appel de Brazzaville traîne à examiner le dossier.

La Cour d’appel de Brazzaville traîne à examiner le recours contre le jugement de la chambre correctionnelle condamnant six policiers sans proposer des indemnisations dans l’affaire de treize jeunes trouvés morts dans un commissariat il y a un an, selon l’avocat des victimes mardi.

« La loi dit que trois mois après l’appel il faut que la cour statue à nouveau. Déjà quatre mois que nous avons interjeté appel, mais rien n’est encore fait », a déploré Me Steve Bagne de la partie civile.

« Depuis mars le dossier est toujours au niveau de la cour d’appel où nous avons fait toutes les diligences possibles. Le dossier (d’appel) n’a jamais avancé. On ne sait pas où il se trouve actuellement », a jouté Me Bagne.

« Il n’y a pas une quelconque volonté de l’État congolais d’accompagner les parents des victimes sur ce point. Il y a comme un déni de justice », a-t-il dénoncé.

Dans  la nuit du 22 au 23 juillet 2018, 13 jeunes avaient trouvé la mort dans le commissariat de Chacona (quartier de Mpila) à Brazzaville.

Six policiers condamnés pour homicide involontaire

Ils y avaient été placés en garde à vue après leur interpellation lors d’une opération de la police dans ce quartier de Brazzaville pour “traquer des délinquants”, avait à l‘époque reconnu le gouvernement, tandis qu’une ONG avait évoqué des “corps baignant dans le sang”.

En mars dernier la justice congolaise a jugé coupables et condamné à des peines de prison six policiers poursuivis pour homicide involontaire et non-assistance à personne en danger.

Concernant les indemnités des ayants-droits, la Cour avait estimé ne pouvoir se prononcer jugeant que “la faute est non détachable de l’administration”, tandis que les parents et leurs avocats s’attendaient à une indemnisation conséquente.

« Ce verdict complaisant illustre une fois de plus la banalisation de la torture et du mépris de la vie humaine et confirme les difficultés des victimes de torture à obtenir justice », analysait l’Observatoire congolais des droits de l’homme (OCDH).

Après le drame, le gouvernement congolais avait accordé deux millions de francs CFA (3.049 euros) par famille pour l’enterrement des victimes.

Mindouli : deux ex-ninjas tués près du pont de Loukouni

Ces ex-rebelles auraient été abattus par des policiers en patrouille dans la nuit de samedi à dimanche, près du pont de Loukouni à Mindouli, dans le département du Pool (sud).

Les populations de cette partie du pays subissaient depuis quelques temps une recrudescence de braquages orchestrés par ces Ninjas-nsiloulous. Le drame s’est produit alors qu’ils essayaient de commettre un autre forfait.

Ces ex-combattants auraient pris des policiers (en civil) pour civils. Ils les auraient menacés avec des armes de guerre. Ce qui aurait amené les policiers à faire usage de leurs armes. Deux ninjas-nsiloulous ont été tués et un autre a réussi à s’enfuir.

Cet incident qui vient soulever le problème l’insécurité dans le Pool. Ce département encore  qui est encore fragilisé après les combats qui ont opposés les Ninjas et les forces de l’ordre en 2016. Mais aussi, la question sur la réinsertion des ex-Ninjas qui apparaît comme une nécessité.

Congo : les auditeurs de justice expriment leur mécontentement

Ils devaient aller en formation à l’étranger depuis 2013, et jusqu’à présent ils n’ont pas voyagé. Ils ont manifesté le 08 mai devant la primature, à Brazzaville.

Mercredi 08 mai à Brazzaville, c’est la matinée, on peut apercevoir un groupe de personnes devant la primature. Ils tiennent une banderole sur laquelle on peut lire « Rétablissez-nous dans nos droits ». Mais qui sont-ils et que se passe-t-il ? Ce sont des auditeurs de justice qui manifestent. Ils demandent que leur situation soit revue.

Selon eux, ils devaient aller en formation dans certains pays d’Afrique (Togo, au Bénin, au Maroc, en Algérie…). Mais ça fait 5 années qu’ils attendent en vain et ils s’inquiètent de leur situation. C’est qui justifiait leur présence devant la primature ce mercredi.

« Nous sommes mécontents de ce qu’il n’y a pas de suite favorable à notre situation jusque-là alors que devant les députés, à l’Assemblée nationale, le Premier ministre avait promis un traitement judicieux de notre sort », ont-ils fait savoir.

Il a fallu l’intervention des policiers et gendarmes pour les déplacer de l’entrée de la primature qu’ils avaient prise d’assaut. Heureusement pour eux, leur présence devant le premier ministère n’aura fait effet. Les représentants de ce groupe ont été reçus dans les services de la primature.

« Le comité interministériel, en charge du dossier, ne peut pas être convoqué maintenant. Cela n’est possible que dans la fourchette du 15 au 30 mai 2019 », ont-ils rapporté, dans une attitude apaisée, après échange avec les membres du cabinet du Premier ministre.

Les auditeurs de justice promettent de ne pas baisser les bras jusqu’à obtenir une solution à leur problème.

Affaire des jeunes morts dans un commissariat : six policiers jugés

La justice congolaise a ouvert le procès de six policiers accusés d' »homicide involontaire » dans l’affaire des treize jeunes décédés fin juillet dans un commissariat de police à Brazzaville.

Ces six prévenus, mis aux arrêts peu après la mort des jeunes, dans la nuit du 22 au 23 juillet dans le commissariat de Chacona au quartier Mpila, sont poursuivis pour « homicide involontaire et non-assistance à personne en danger ».

Comme les proches des victimes, l’État congolais s’est constitué partie civile dans cette affaire. Les avocats des victimes et ceux de la défense ont demandé au tribunal de « reconsidérer » le rôle de l’État.

« L’État n’a pas souffert du préjudice occasionné par les prévenus, les policiers qui sont ses préposés. Il faut plutôt le placer dans le statut de civilement responsable », a déclaré Me Yvon Éric Ibouanga, un des avocats des victimes.

Pour Me Nestor Obambe de la défense, « il y a la théorie du cumul de responsabilité : un préposé ne répond pas des actes qu’il pose quand il est en service. C’est l’État qui est responsable ».

Le tribunal ne s’est pas prononcé sur cette demande. La prochaine audience est prévue pour le 8 novembre.

Après le drame, le gouvernement congolais avait accordé deux millions de francs CFA (3.049 euros) par famille pour l’enterrement des victimes.

Dans un rapport publié en septembre, l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) a affirmé que « ces jeunes avaient été torturés et exécutés » au commissariat de police.

Les policiers réfutent la pratique de la torture systématique dans les centres de détention

Le cas pratique d’un responsable du syndicat d’étudiants, Nelson Apanga qui a été torturé et peine à se remettre.

Les organisations des droits de l’homme continuent de publier des rapports sur la pratique de la torture dans les centres de détention au Congo-Brazzaville. La police affirme que la torture n’est pas systématique dans les prisons congolaises.

La pratique de la torture reste encore une réalité dans les lieux de détention du Congo. Récemment, c’est un responsable du syndicat d’étudiants, Nelson Apanga qui a été torturé et peine à se remettre. A la cité, on compte de nombreuses victimes. Le cas de ce jeune d’à peine 14 ans qui parle de ses tortionnaires.

« Ils m’ont tabassé comme un voleur avec des bâtons, et m’ont jeté dans une marre d’eau pour nager. Et puis une femme est venue me faire avaler tout un pot de piment, avant qu’un monsieur ne viennent avec du plastique. Il l’a brûlé et me l’a coulé sur le dos, jusqu’à la tête », témoigne-t-il.

Une autre victime, 50 ans environ, raconte comment ses tortionnaires l’ont torturé dans un commissariat de Brazzaville.

« Ils ont demandé au chef de poste de me sortir dans la cour du commissariat. J’étais menotté et ils m’ont suspendu sur une barre de fer au niveau de genoux regardant le soleil. La douleur a duré plus d’une heure et le sang coulait de mes poignets », affirme-t-il.

Mais la police estime que ces pratiques sont systématiquement sanctionnées. Plusieurs policiers ont été radiés des rangs pour ces motifs, soutiennent les officiers de police.

« Si certaines pratiques étaient tolérées hier, ce ne serait plus le cas aujourd’hui. La direction de la police dont j’appartiens organise des formations pour élever le niveau professionnel des policiers« , indique le lieutenant-colonel Bahizaha de l’Ordre public à Brazzaville.

« On n’a pas besoin de violence pour une personne qui défère tranquillement à l’invitation de la police. Souvent nous sommes critiqués lorsqu’on interpelle. Mais c’est à cause de cette résistance. Le travail que nous faisons est noble, mais ingrat », ajoute le commandant de police Pierre Rodrigue Mavoungou du commissariat de Djoué.

Les ONG locales continuent de se plaindre du fait que ces dossiers n’aboutissent pas à la justice. Monica Ngangula est la responsable juridique de l’Observatoire congolais des droits de l’homme (OCDH).

« Les cas sont cités, les certificats médicaux et les photos sont produits comme preuves, mais les auteurs qui sont des policiers refusent de se présenter à la justice. Sur 10 affaires, à peine une arrive à la Cour suprême, là aussi seulement pour lever l’immunité du policier tortionnaire », déplore-t-elle.

Pour Loamba Moke, président de l’Association pour les droits de l’homme et l’univers carcéral (ADHUC) et auteur en 2017 d’un rapport sur la torture au Congo, « malgré la première rencontre avec le directeur général de la police, la torture se poursuit. Il n’y a plus eu d’autres rencontres sur cette thématique qui bat son record au Congo ».