Anatole Collinet Makosso, ministre de l’Enseignement : « Un tiers de la population est à scolariser »

Anatole Collinet Makosso, ministre congolais de l’Enseignement primaire, secondaire et de l’Alphabétisation, décrypte les grands enjeux de la rentrée scolaire prévue le 1er octobre, et fait le point sur les partenariats signés avec la France lors de la visite à Paris du président Denis Sassou Nguesso.

Vous faites partie des membres du gouvernement qui ont accompagné Denis Sassou NGuesso pour son voyage en France, du 2 au 5 septembre. L’enseignement était donc au menu des discussions avec les autorités françaises ?

Absolument. Nous avons signé des accords avec la France portant sur deux sujets principaux : la formation initiale et continue des enseignants, et la mise en place de classes préparatoires. La France, qui d’ailleurs se heurte aux mêmes problèmes que nous, va nous accompagner dans la modernisation de notre système de formation.

Nous allons faire évoluer notre École normale supérieure et nos Écoles normales d’instituteurs en les rapprochant du modèle français. Par ailleurs, cet été, les jeunes diplômés se destinant à l’enseignement ont suivi des cours pendant un mois, durant leurs vacances. Le but est de rendre cette session estivale obligatoire.

Concernant les classes préparatoires, en quoi consiste l’accord signé avec la France ?

Nous avons déjà des lycées d’excellence dans lesquels les élèves sont pris en charge dès la sixième, et pour lesquels l’État congolais règle tous les frais. Nous voulons poursuivre cet effort en mettant en place des classes préparatoires qui permettront d’envoyer nos meilleurs élèves dans des grandes écoles à l’étranger. La France va nous accompagner, nous allons nous rapprocher de ses grandes écoles pour faciliter l’arrivée de nos étudiants.

La rentrée scolaire est prévue le 1er octobre, comment s’annonce-t-elle ?

Nous avons eu un petit conflit avec certaines écoles privées qui voulaient débuter l’année dès septembre, et à qui nous avons dû rappeler que le calendrier s’impose à tous. C’est un point important, car le privé capte 30 % des élèves au Congo, et nous travaillons à renforcer notre partenariat avec ces établissements pour nous assurer que l’enseignement qui y est dispensé a bien les qualités requises.

Nous avons aussi décidé de mettre l’accent sur la lutte contre la fraude scolaire. C’est un problème sérieux, puisque nous avions dû annuler le baccalauréat en 2015 à cause de fuites de sujets. L’an dernier, nous avons testé un système de vidéo-surveillance dans les salles d’examen lors du BEPC, que nous aimerions généraliser.

L’accès des filles à l’éducation reste-t-il difficile ?

Sur ce point, le pari est en passe d’être gagné. Il y a environ 800 000 élèves en primaire, avec une quasi-égalité entre filles et garçons. 350 000 au collège, avec une proportion d’environ 55 % de garçons, et 250 000 au lycée. Dans ces deux cycles, les filles sont un peu moins nombreuses, mais obtiennent de meilleurs résultats.

La croissance démographique pose-t-elle problème dans vos écoles ?

C’est évident. Il y a environ 4,8 millions d’habitants au Congo-Brazzaville, et un tiers de cette population est à scolariser. Nous manquons d’enseignants formés, les classes sont surpeuplées… Les effectifs peuvent monter à 120 élèves par classe en terminale. Nous manquons aussi de matériel : des tables, des bancs… Mais c’est en train d’être réglé grâce à des accords avec des entreprises forestières.

Le budget de votre ministère est-il à la hauteur des enjeux ?

Le budget global de l’éducation – primaire, secondaire, technique, supérieur et la recherche – représente entre 20 et 25 % du budget national, ce qui reflète bien l’importance que le gouvernement accorde à ce sujet. La difficulté, c’est de mobiliser la ressource : le budget est établi de manière prévisionnelle, mais les sommes escomptées ne sont jamais collectées en totalité. Nous ne recevons donc jamais 100 % du budget prévu, il s’agit de prévisions.

Pool : un téléthon pour un appui aux écoles

L’objectif est de collecter plus de 300 millions de francs CFA, pour la réhabilitation des établissements scolaire de la moitié des 13 districts de ce département.

Le mardi 13 novembre, l’association Hope Congo a lancé un téléthon à Brazzaville. Le but est de collecter plus de 300 millions de francs CFA. Cet argent permettra de réhabiliter des écoles de la moitié des 13 districts du département du Pool.

« Le Pool a l’avantage d’avoir des gens qui peuvent venir à pied à Brazzaville. Il ne faut pas que l’analphabétisme commence dans le Pool, à côté de la capitale. », a expliqué Grégoire Léfouoba, enseignant et chercheur à l’université Marien Ngouabi de Brazzaville

Rappelons qu’entre 2016 et 2017, le Pool est le théâtre des affrontements entre l’armée et les ex-rebelles Ninjas. Cette guerre civile a eu plusieurs conséquences notamment la destruction de plusieurs établissements scolaires.

« Il y a eu des actes de vandalisme qui se caractérisent par la démolition des toitures, et même l’aliénation du patrimoine scolaire, dénonce Auguste Bidzouta, directeur départemental de l’enseignement dans cette région. Il y a des tables-bancs qui ont été détruites et les planches ont servi de bois de chauffe. ».

 

Festival Javouhey culture : des établissements de Brazzaville s’affrontent

Deux troupes de théâtre, vingt-trois groupes de musique, onze de danse et cinq autres de cuisine venue de différentes écoles de la capitale et du complexe scolaire Anne-Marie-Javouhey participent, du 5 au 6 juillet, à la sixième édition de la manifestation.

La 6ème édition du festival Javouhey culture se tient depuis le 05 juillet dernier. Le thème qui a été choisi pour cette édition et « Jeunesse protégeons notre environnement contre le changement climatique ».  Pour les organisateurs, ce rendez-vous culturel, a pour rôle de permettre les élèves d’être en union.

« À travers les activités culturelles, les enfants ont le goût de continuer avec la culture quand ils seront grands. Nous organisons ces activités dans le sens de donner une belle image à notre école », a dit Théophane Moundaya, directeur artistique du Festival Javouhey culture.

Le festival regroupe les élèves de tous les niveaux, de la 6e jusqu’en terminale. Certains concourent dans les catégories danse et musique pendant que d’autres participent au théâtre et à la cuisine.  Les meilleurs de chaque catégorie recevront des prix, le 7 juillet 2018.

Il faut aussi noter que, les quatre élèves sélectionnés de l’école Anne-Marie-Javouhey, fidèles lecteurs durant neuf mois à la bibliothèque de l’école, seront aussi récompensés. Cette distinction concerne également les écoles qui obéiront aux différents critères retenus, à savoir l’originalité, la tenue de scène, la présence scénique, la maîtrise du texte, la diction, la durée scénique.

« On veut encourager les enfants à la lecture, au théâtre, à la musique, à la danse, à la cuisine et à la mode », a indiqué le directeur artistique.

Théophane Moundaya, directeur artistique de Javouhey culture, a profité de l’occasion pour demander aux dirigeants des différentes écoles et au gouvernement congolais de promouvoir la culture.

« Avec les activités culturelles, les enfants ne peuvent pas s’ennuyer tantôt ils demandent aux parents de les laisser à l’Institut français du Congo pour suivre soit un spectacle ou faire la lecture. Avec ces activités, il n’y a plus de banditisme », a martelé Théophane Moundaya.