Congo : le parti du Pasteur Ntoumi reprend ses activités politiques

Le Conseil national des républicains (CNR) de l’ex-chef rebelle congolais Frédéric Bintsamou, alias pasteur Ntoumi, a reçu l’autorisation de reprendre ses activités après trois années d’interdiction.

Pour les autorités, cette initiative, notifiée à Ntoumi par une correspondance du ministre de l’Intérieur et de la décentralisation, est pour renforcer la paix dans la région du Pool, au sud de la République du Congo, où des violences armées entre les miliciens Ninjas du pasteur Ntoumi et la force publique avaient éclaté en avril 2016, après la publication des résultats de l’élection présidentielle remportée par le président Dénis Sassou Nguesso.

C’est d’ailleurs au lendemain de l’éclatement de ces affrontements que le CNR, qui n’avait pas reconnu la victoire de Sassou, avait été suspendu.

La décision de Brazzaville de lever la suspension du CNR fait suite aux accords de cessation des hostilités signés entre le gouvernement et le pasteur Ntoumi le 23 décembre 2017. Entre temps, les autorités ont eu à lancer une opération de ramassage d’armes détenues par les Ninjas et à lever le mandat d’arrêt qui avait été émis par la justice contre l’ex-chef rebelle.

La levée de la suspension a cependant reçu un accueil mitigé dans le camp de Ntoumi. Selon des sources concordantes, le CNR aurait préféré voir la décision notifiée par un arrêté ministériel et non pas une simple correspondance du ministre.

L’ex-chef rebelle qui vit retranché dans son fief du Pool, n’aurait pas encore réagi officiellement à la démarche gouvernementale. La levée de la suspension offre l’occasion à son parti de renouer avec ses activités, dans la perspective de la présidentielle de 2021.

Congo : plus de 6000 armes collectées dans le Pool

La Commission en charge de la  supervision de l’opération de désarmement dans le Pool a livré son premier rapport. Plus de 6000 armes ont déjà été ramassées.

L’opération de désarmement des ex combattant Ninja du pasteur Ntumi se poursuit normalement dans le département du Pool. Le procédé d’usage n’a pas changé, les ex combattants remettent leurs armes en échange de l’argent. Selon les premiers rapports de la commission, plus de 6000 armes ont déjà été collectés. Des chiffres encourageants.

« On s’est manifesté à faire la guerre, maintenant qu’on a signé la paix c’est bon. On a retrouvé les parents et les enfants également après avoir passé deux ans en brousse », témoigne un ex-combattant. A en croire Séraphin Ondélé, président de la Commission qui supervise l’opération de désarmement, c’est le mot d’ordre du pasteur Ntumi qui a accéléré l’opération dont il établit le bilan à mi-parcours.

Il faut dire que l’implication de Frédéric Bintsamou alias Pasteur Ntumi a été déterminante dans la mise en place du processus de paix dans le Pool. Son adhésion avait été possible après la levée du mandat d’arrêt contre lui et ses proches.

 

 

 

Sortie de crise dans le Pool : collecte d’armes à Loulombo

Plus que jamais, le processus de désarmement est en cours dans le Pool. Les ex-miliciens Ninjas viennent une nouvelle fois de déposer les armes à Loulombo.

La machine est lancée, la commission mixte paritaire des accords de paix dans le Pool a poursuivi sa mission de ramassage des armes à Loulombo. Progressivement les ex-combattants Ninjas déposent leurs armes moyennant finance dans les différents centres de collecte. A Loulombo, des jeunes filles, des dames à visage découvert ont déposé utilisé lors des dernières hostilités qui ont ensanglanté le  Pool entre 2016 -2017.

Debout au milieu de ses sœurs, une ex-combattante venue faire la même démarche reconnait avoir combattu l’armée pendant le dernier conflit du Pool. « Oui ! J’ai fait ça ici à Loulombo pour réclamer l’argent », dit-elle, la voix un peu tremblante, à un de nos confrères de RFI. « Je vends ça pour avoir de l’argent pour m’acheter une parcelle ou un vélo », poursuit-elle.

Toutefois, quelques personnes encore radicales restent encore persuadées de la légitimité du combat qu’ils ont mené même si la guerre est définitivement terminée. « Ça fait vingt ans que nous sommes dans ce mouvement. Nous sommes un mouvement de la libération. L’histoire nous donnera raison. Il y a une cause qui fait que nous nous appelons ex-combattants », indique un autre ex-milicien sous couvert d’anonymat.

 

Pool : déjà 1800 armes collectées par les autorités

L’implication effective du pasteur Ntumi a fait bouger les lignes dans la mise en place du processus de paix. Les autorités congolaises annoncent plus de 1800 armes déjà collectées dans le Pool. Une grande avancée…

C’est RFI qui a relayé l’information, les ex-miliciens Ninjas ont effectivement commencé à déposé leurs armes dans le Pool.  Moyennant finance, les ex-rebelles déposent depuis ce mardi 4 septembre leurs armes dans les différents centres de collecte que la Commission chargée de l’application des accords de paix et de supervision du désarmement a ouvert. « Nous venons de passer à la coupe des armes que nous avons eues auprès des ninjas. Dans la collecte nous avons eu plusieurs types d’armes : les RPD, les PMAK, les calibres 12 (ou fusils traditionnels de chasse, ndlr), ainsi de suite », décrit un armurier chargé de la coupe des armes.

Les ex-Ninjas qui participent à l’exercice affirment avoir définitivement tourné le dos à la guerre. « On s’est manifesté à faire la guerre, maintenant qu’on a signé la paix c’est bon. On a retrouvé les parents et les enfants également après avoir passé deux ans en brousse », témoigne un ex-combattant.

A en croire Séraphin Ondélé, c’est le mot d’ordre du pasteur Ntumi qui a accéléré l’opération dont il établit le bilan à mi-parcours. « C’est bien le message du révérend pasteur Ntumi qui a déclenché l’opération. Nous avons déjà collectionné et racheté 1 855 armes. Ce n’est pas rien », affirme le président de la Commission qui supervise l’opération de désarmement.

Récupération des armes : les Ninjas jugent l’opération unilatérale

Il demande aux autorités gouvernementales de mener de façon consensuelle cette opération devant permettre de collecter et de détruire environ 3 000 armes.

L’opération de ramassage d’arme auprès des Ninjas, a été lancée le 07 août 2018 à Kinlala. L’ancien chef rebelle Frédéric Bintsamou, alias pasteur Ntumi, n’avait pas été représenté. Ntumi, dont le mandat d’arrêt a été levé fin juillet dernier, et ses proches considèrent cette opération comme une action unilatérale et leur demandent de mener cette opération avec confiance et sérénité.

Ces ex-combattants pensent que l’opération de ramassage d’armes n’a pas obéi à l’esprit du calendrier et de la démarche arrêtés en amont. C’est ce qu’a expliqué Philippe Ané, un représentant de l’ancien chef rebelle : « Nous avons exprimé le vœu que le révérend pasteur Ntumi, en sa qualité d’ambassadeur auprès des ex-combattants, sorte avant de délivrer un message aux ex-combattants afin de les rassurer de l’opération qu’il faille mener. A la grande surprise. A notre grande surprise, le gouvernement a eu le privilège d’aller lancer l’opération sans nous », a-t-il déploré.

Ce ex-ninja demande aux autorités gouvernementales de mener de façon consensuelle cette opération devant permettre de collecter et de détruire environ 3 000 armes de tout calibre. « Nous sommes une commission mixte paritaire ; nous sommes deux parties. Jusqu’aujourd’hui nous avions travaillé sur des bases consensuelles. Il est tout à fait normal que nous continuions à travailler sur ces bases-là. Nous avons fait de grandes choses ensemble, mais pourquoi pas aller au bout de cette logique, afin que le Département du Pool soit considéré comme les autres départements ? », a dit Ané

L’opération de ramassage d’armes est supervisée par la Commission mixte installée après les accords de fin 2017 qui ont permis de mettre un terme à la crise du Pool.

Congo : liberté provisoire accordée à Ghys Fortuné Dombé Bemba

Ce journaliste qui vient de passer 18 mois en détention, avait été accusé de « complicité de rébellion » avec l’ancien chef rebelle Frédéric Bintsamou, alias pasteur Ntumi.

Lundi 02 juillet 2018, la justice congolaise a accordé la liberté provisoire à Ghys Fortuné Dombé Bemba. Une information donnée par nos confrères de l’Agence France Presse (AFP). Ce directeur de publication de l’hebdomadaire indépendant Thalassa, avait été arrêté en janvier 2017, pour Les services de la police judiciaire l’accusaient de « complicité d’atteinte à la sûreté intérieure de l’État en relation avec Frédéric Bintsamou, alias Pasteur Ntumi ». Après 18 mois passé en détention, la justice congolaise au cours d’une audience publique hier (Lundi 02 juillet ndr), lui a accordé la liberté provisoire.

« La chambre correctionnelle de la cour d’appel de Brazzaville a accordé une liberté provisoire au journaliste Ghys Fortuné Dombé Bemba aujourd’hui [lundi] au cours d’une audience publique », a indiqué une source judiciaire.

« C’est certainement demain [ce mardi 03 juillet] qu’il quittera sa cellule parce qu’aujourd’hui les formalités de sortie n’ont pu être remplies », a indiqué de son côté une source carcérale.

Notons que, Ghys Fortuné Dombé Bemba n’a pas comparu devant la cour qui a décidé de sa liberté provisoire.

Pour rappel, en novembre 2017, plusieurs ONG avaient appelé à la libération du journaliste, jugeant son arrestation « arbitraire ». Elles avaient également déploré la dégradation de sa santé en prison.

Congo: les proches du pasteur Ntumi libérés

Au moins quatre-vingt personnes proches de l’ancien chef rebelle Frédéric Bintsamou, alias Pasteur Ntumi, ont été libérées mardi 26 juin à Brazzaville.

Conformément aux accords de cessez-le-feu de décembre 2017, quatre-vingt proches de l’ancien chef rebelle Frédéric Bintsamou ont été libérés mardi 26 juin 2018. Après deux d’affrontement qu’a connu le Pool, cet accord a été signé entre le gouvernement et les rebelles Ninjas, pour marquer le retour de la paix dans ce département.

Il s’agit des plus importantes libérations obtenues après les accords de cessez-le-feu et de cessation des hostilités conclus en décembre dernier entre le gouvernement et les représentants du pasteur Ntumi. Ces libérations permettent non seulement de décongestionner la prison mais aussi sont conformes à l’esprit de cet accord entre les Ninjas et le Gouvernement, c’est du moins ce qu’a expliqué une source proche du dossier

Ces personnes qui ont recouvré leur liberté sont des ex-combattants ninjas. Dans l’ensemble ils attendent un cantonnement et le lancement de l’opération DDR dont la date reste à déterminer. Si ses proches ont été libérés, le Pasteur Ntumi quant à lui attend toujours d’être fixé sur son statut, six mois après ces accords. Le mandat d’arrêt émis contre lui n’a toujours pas été formellement levé.

Notons que, des partis d’opposition qui signaient un mémorandum au cours d’une rentrée politique ont souhaité que l’ancien chef rebelle soit totalement impliqué dans le processus de rétablissement de la paix dans le Pool.

 

«Le procès du général Mokoko aura lieu dans quelques semaines»

Voilà deux ans que les opposants Jean-Marie Michel Mokoko et André Okombi Salissa sont derrière les barreaux sans être jugés. Quant à Paulin Makaya, il reste en prison alors qu’il a purgé sa peine depuis plus de quatre mois ! La longue détention de ces trois opposants ne ternit-elle pas sérieusement l’image du régime du président Sassou Nguesso ? De passage à Paris, son ministre de la Communication et des Médias, Thierry Moungalla, répond aux questions de Christophe Boisbouvier.

Thierry Moungalla, quatre mois après la signature d’un cessez-le feu la situation reste toujours très tendue dans le Pool. Le 24 mars dernier un rebelle Ninja a interpellé les délégués de la commission mixte paritaire en leur disant : « Si vous voulez la paix, commencez par libérer nos amis qui sont en prison ».

Je crois que beaucoup de Congolais et beaucoup d’observateurs étrangers ont été assez surpris de l’accord de cessez-le-feu qui a été conclu le 23 décembre dernier. La situation s’est brusquement débloquée. Pour quelle raison ? Parce qu’il y a eu une volonté politique commune. Celle des autorités, et en tête desquelles le président de la République, et celle du pasteur Ntumi.

Cette étape, qui était essentiellement opérationnelle, avec la cessation des hostilités, la reprise du trafic routier, la reprise attendue dans quelques jours du trafic ferroviaire et le retour progressif des populations. Cette phase est derrière nous. Il y a, à partir d’aujourd’hui, une phase qui est plus politique et qui est incarnée dans la commission paritaire qui a été mise en place, avec à égalité, les représentants du pasteur Ntumi et ceux du gouvernement. Et c’est au cours de cette phase que l’ensemble des questions politiques qui sont pendantes, la situation personnelle du pasteur Ntumi, la réinsertion effective des ex-combattants et les problèmes judiciaires, vont trouver leur solution.

Donc, pas de libération des Ninjas pour l’instant ?

Non. Je dis que c’est un processus dans lequel ce problème sera résolu dans le cadre de la commission mixte. Dans quelques semaines, dans quelques mois, ils pourront être libérés. Cela peut prendre quelques semaines. Cela peut prendre quelques mois.

Pas de paix sans le retour des populations du Pool qui se sont réfugiées à Brazzaville. Où en est-on ?

On en est déjà de la volonté de l’Etat, qui, malgré les difficultés financières que vous connaissez, a débloqué des crédits dans le cadre du budget 2018 qui a été voté fin 2017. Et cette somme débloquée, d’un milliard de francs CFA, permet déjà le retour progressif des populations. Il y a aujourd’hui des populations qui repartent dans leur localité d’habitation d’origine.

Oui, mais c’est au compte-gouttes.

C’est sûr que, compte tenu du fait qu’il y a à peu près 100 000 personnes qui ont été déplacées par les événements, c’est un processus long, pour lequel, d’ailleurs, l’Etat a demandé le concours et obtenu le principe de l’aide des Nations unies, lors d’une visite d’un des représentant des Nations unies au président de la République en janvier.

On a l’impression, monsieur le ministre, que pour l’instant on annonce le DDR – le désarmement -, mais que pour l’instant il n’est pas effectif.

Il y a deux aspects dans le DDR. Il y a le ramassage effectif des armes, qui est un processus que le président a annoncé depuis le mois d’octobre, quand il avait rencontré les notables du Pool. C’est-à-dire qu’on remet son arme et on reçoit un petit financement symbolique pour l’arme. Et il y a la seconde étape, qui est en fait l’étape la plus complexe, le financement de cette réinsertion qui nécessitera probablement l’apport de la communauté internationale.

Donc, pour l’instant, faute de moyens financiers, l’Etat n’arrive pas à convaincre les Ninjas de rendre leurs armes ?

Non, ce sont deux aspects différents. L’atmosphère aujourd’hui est à la restitution des armes. Il n’y a absolument plus aucune tension. Si vous voyez les convois de véhicules qui aujourd’hui ont ouvert la voie – comme on dit -, dans le Pool, ils sont mixtes. Ils sont composés de représentants de la force publique, de l’administration et des Ninjas.

A la tête de ces rebelles Ninjas il y a le pasteur Ntumi. D’un côté, la justice congolaise a émis un mandat d’arrêt contre lui, et de l’autre, l’accord de cessez-le-feu du 23 décembre stipule qu’il doit recouvrer ses droits et libertés. Alors, où en est-on ?

Tout est entre les mains de la commission mixte dont j’ai parlé. Je crois qu’il faut inscrire l’ensemble des questions d’ordre juridique, y compris la situation personnelle du pasteur Ntumi, dans le cadre des discussions qui sont en cours, qui ne cessent pas. Je peux comprendre l’impatience, notamment du pasteur Ntumi et de ses partisans les plus proches. On le comprend. Mais les choses sont sur la bonne voie et elles devraient se résoudre dans les prochaines semaines et les prochains mois.

Oui, mais en pratique il est toujours poursuivi en ce moment par la justice.

Je crois que la poursuite a totalement cessé sur un plan opérationnel. C’est-à-dire qu’aujourd’hui, le pasteur Ntumi n’est, ni traqué, ni recherché.

Etes-vous en contact avec lui ?

Certainement de la part des autorités qui sont en discussion directe avec ses représentants.

Une amnistie est-elle possible ?

Tout est possible. Et je crois que tout est possible.

Le 30 décembre dernier, dans son message sur l’état de la nation, le président Denis Sassou-Nguesso a annoncé que les procès des opposants Jean-Marie Michel Mokoko et André Okombi Salissa s’ouvriraient d’ici le 31 mars. Rien ne s’est passé. Pourquoi ?

Il faut distinguer les deux situations rapidement. L’instruction du dossier concernant le ministre Okombi Salissa n’est pas encore arrivée à son terme. Donc, l’instruction se poursuit. Pour ce qui concerne le général Mokoko, vous avez dû entendre il y a quelques jours le renvoi qui a été effectué de son dossier vers la cour criminelle. C’est-à-dire qu’aujourd’hui, sauf s’il exerce un recours, c’est-à-dire la possibilité de demander que ce renvoi soit annulé, dans les quelques semaines qui viendront, il y aura le procès du général Mokoko.

Ces deux prisonniers emblématiques ont exercé – exercent -, toutes les voies de recours. Donc, plus on conteste une procédure et une instruction et plus elle ralentit. Donc, les deux ans que nous venons de passer s’expliquent par le fait que l’instruction a été à la fois sérieuse de la part du magistrat instructeur et suffisamment ouverte et respectueuse des droits de monsieur Mokoko, puisqu’il a exercé à chaque étape les garanties que lui fournit la loi.

Selon l’un de ses avocats, le général Mokoko ne peut pas être poursuivi devant les juridictions de droit commun, du fait de son élévation à la dignité de Grand officier de l’Ordre du Mérite congolais.

Là, je ne rentre pas dans le débat juridique, qui est complexe, et je dis que ses conditions d’incarcération sont tout à fait normales, sur le fait qu’il s’agirait d’une infraction politique, je viens de vous dire que le Code pénal prévoit l’incrimination d’atteinte à la sécurité intérieure. Il n’y a donc, du point de vue de l’Etat, aucun élément qui justifie cette volonté de décrédibiliser le procès à venir.

Autre opposant politique en prison, Paulin Makaya. Il y est depuis octobre 2015. Et depuis le 1er décembre 2017 il a purgé sa peine. Et pourtant, il est toujours derrière les barreaux. N’est-ce pas un scandale judiciaire ?

Non. Il a purgé sa peine, effectivement. Simplement, il y a aujourd’hui une incrimination qui pèse sur monsieur Paulin Makaya. C’est que, fin décembre 2016, il y a eu une tentative d’évasion dans laquelle il a été impliqué et pour laquelle il a été de nouveau inculpé par le parquet. Et de nouveau, parce que dans quelques semaines il y aura certainement ce procès également, de nouveau conduit à s’expliquer devant la Cour criminelle.

Pour l’avocat de Paulin Makaya, l’ordonnance de renvoi pour tentative d’évasion est un moyen de maintenir en prison son client.

Son avocat le défend. Je comprends qu’il essaie de trouver tous les subterfuges. Simplement, je vous rappelle qu’il y a eu mort d’homme. Il y a deux agents de la force publique – deux gendarmes en l’occurrence -, qui ont trouvé la mort lors de ces événements.

Jean-Marie Michel Mokoko, André Okombi Salissa, Paulin Makaya… Avez-vous conscience que, tous ces prisonniers politiques font beaucoup de mal à l’image de votre pays à l’étranger ?

Je crois qu’un Etat – un Etat organisé -, qui constate des infractions de droit commun – je le rappelle, de droit commun –, il a deux options. Soit la faiblesse : considérer que tout est dans tout et on peut se permettre de faire que l’Etat se délite. Soit, de poursuivre conformément à la loi. La qualité d’homme politique ne donne aucune immunité pour commettre des crimes ou des délits de droit commun.

Trois opposants politiques en prison cela ne fait pas beaucoup ?

Il y en a des centaines, des milliers d’autres, qui ne sont pas en prison et qui exercent leurs activités d’opposants.

Mais vous savez bien que Mokoko, Okombi et Makaya ne sont pas n’importe qui.

Parfait Kolélas n’est pas n’importe qui, il est libre. Tsaty Mabiala à la tête du premier parti de l’opposition confère les dernières élections législatives, n’est pas n’importe qui non plus. Madame Munari, que vous recevez souvent sur vos antennes, n’est pas n’importe qui. Charles Zacharie Bowao n’est pas n’importe qui. Vous voyez que l’on peut ne pas se limiter à trois exceptions qui confirment une règle. C’est que, au Congo, on est en emprisonné quand on commet un crime ou un délit de droit commun.

Ceux qui sont en prison sont ceux qui sont le plus radicaux dans leur opposition et qui ont notamment refusé de reconnaître les résultats de la dernière présidentielle. Est-ce seulement un hasard ?

Non. Monsieur Mokoko avait lancé des appels à l’insurrection. Après cette fameuse histoire de vidéo dont tout le monde a entendu parler, il y a eu, juste après la proclamation des résultats ou juste avant – je ne sais plus -, un appel public à l’insurrection. Vous voyez que l’on est dans une autre logique. Vous parlez de radicalité. Je crois que, quand vous recevez monsieur Bowao ou madame Munari qui ne reconnaissent pas les institutions, ils le disent et ils le proclament tous les jours. Ils ne sont pas poursuivis. Ils sont libres.

Le 13 décembre dernier le président Denis Sassou-Nguesso est venu à Paris pour un sommet climat. Il a souhaité rencontrer son homologue français Emmanuel Macron. Mais finalement il n’a pu rencontrer que le ministre de l’Economie et des Finances. N’est-ce pas le signe que votre régime est tenu à distance ?

Je ne suis pas dans les méandres protocolaires, j’étais membre de la délégation. Je n’ai pas entendu dire que le président de la République souhaitait rencontrer le président Macron. Je vous rappelle qu’ils se sont rencontrés dans le cadre du sommet.

Il n’y a pas eu tête à tête ?

Il n’a pas eu de tête à tête non plus avec les dizaines de chefs d’Etat qui étaient arrivés ce jour-là pour ce sommet.

Le président Sassou ne souhaitait pas rencontrer le président Macron ?

C’est vous qui le dites. Moi, je vous dis simplement que le président a participé à un sommet multilatéral, que, comme tous les autres chefs d’Etat, il a pu pleinement faire part de la position du Congo sur les questions de climat et il était venu pour cela. Par contre, il y a eu un entretien, qui lui, était spécifique à la situation financière du Congo avec le ministre des Finances Bruno Le Maire.

Mais vous n’y avez pas vu tout de même une mauvaise manière de la part du président Macron ?

C’est vous qui spéculez.

Cette rencontre avec Bruno Le Maire, en effet, c’était sur la situation financière de votre pays qui est très difficile. Sa dette est de 120 % du Produit intérieur brut. Et il y a six mois, le FMI a confirmé l’information de RFI, qui révélait que la moitié de cette dette avait été dissimulée. Est-ce que vous ne craignez pas que vos partenaires ne vous fassent plus confiance ?

Un pays en difficulté financière est un pays qui ne dissimule pas. C’est un pays qui, par la multiplicité des créanciers, peut avoir – ça peut arriver aussi à une personne privée – besoin d’un peu de temps pour rassembler l’ensemble des informations à mettre à disposition du FMI. C’est ce qui a été fait. Et aujourd’hui, nous pensons que l’ensemble des éléments sont sur la table. D’ailleurs, une mission du FMI est actuellement à Brazzaville. Elle est en train d’achever sa mission et nous venons de passer une étape essentielle qui était celle de la détermination des termes de référence. Il fallait que nous parlions le même langage avec le FMI – c’est fait -, sur les questions essentielles, la gouvernance, la restructuration de la dette.

Sur la gouvernance il y a un accord qui a été établi sur la base d’un mémorandum lié à la gouvernance économique et financière, dont les termes de référence de base. Ce document est un document commun aujourd’hui. Et pour ce qui concerne la restructuration de la dette il y a eu le recrutement courant mars du cabinet Ernst & Young, qui aujourd’hui est à pied d’œuvre et va nous permettre d’avancer le plus vite possible.

Ce que nous pouvons dire, c’est que cette phase étant terminée, nous entrons dans une phase un peu plus technique, qui consiste à ce qu’en interne le FMI examine et fasse son miel de toutes les données recueillies et propose à l’Etat congolais ou indique à l’Etat congolais le moment où le dossier passera en Conseil d’administration du FMI pour l’accord final. Donc, toute la phase antérieure aujourd’hui est terminée. Et il y a un accord global satisfaisant pour les deux parties.

Et vous souhaitez passer, évidemment, devant un Conseil d’administration dans pas trop longtemps ?

Ce serait le souhait.

C’est à dire ?

Je crois que le prochain est en juin. Croisons les doigts.

Pool : la mission d’appui technique de l’ONU déconseille le rachat des armes

Arrivés en terre congolaise depuis plus d’une semaine, les quatre experts des Nations unies ont présenté, le 1er février à Brazzaville, le rapport de leur mission à Kinkala, sur le programme de démobilisation, désarmement et réintégration (DDR) envisagé pour une sortie de crise dans le département.

Les quatre fonctionnaires onusiens, notamment Thomas Kontogeorgos, Ntagahoraho Burihabwa, Glaucia Marie Yoshiura Boyer et Cheikh Tidiane Mbodji ont présenté, à huis clos, leur rapport aux autorités congolaises. Selon le conseiller administratif et juridique du haut-commissaire à la réinsertion des ex-combattants, Mathias Bakou, les experts des Nations unies se sont félicité des engagements des deux parties (gouvernement et pasteur Ntoumi) visant à mettre un terme à la crise du Pool. « Ils nous ont présenté le rapport pour que dans les jours à venir, notamment dans un proche avenir, le programme DDR puisse démarrer effectivement. Leur contribution ne consistera pas à l’achat des armes mais pour financer les projets que les ex-combattants mettront en place », a-t-il expliqué à la presse, précisant que la date du démarrage du programme n’était pas encore connue.

Chargé de la démobilisation et désarmement au haut-commissariat, le colonel Pierre Mboungou-Mboungou, a, quant à lui, indiqué que la mission d’appui technique en vue de l’élaboration d’un programme DDR en République du Congo leur a fait des suggestions. « Ils nous ont dit ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire, parce que par le passé nous avons déjà eu un DDR, il y a eu des bas et des hauts. Ils vont nous proposer des méthodes nouvelles, mais il était souhaitable pour nous qu’on échange une arme contre une activité génératrice de revenus pour les ex-combattants. Il ne faut pas que nous achetions les armes détenues par des ex-combattants, parce que le phénomène pourra s’étendre jusqu’en RDC », a-t-il souligné.

Les deux parties ont également évoqué, a ajouté le colonel Mboungou-Mboungou, la situation des femmes qui accompagnaient leurs maris ou bien celles qui étaient aussi des Ninjas, notamment la question de leur réinsertion dans le cadre de la relance des activités agropastorales. À ce propos, il faut connaître leur nombre et le lieu où elles se trouvent, a-t-il dit.

Combien des ex-combattants à réinsérer ?

Actuellement, il est difficile de connaître le nombre des ex-combattants à réinsérer, reconnaissent les autorités qui disposent d’une base. « Ce qui est sûr, lors du premier DDR, la communauté internationale estimait à 5 000 les jeunes à réinsérer auprès du pasteur Ntoumi. Nous nous fondons en ce moment sur ce nombre. Il faut donc une mission de terrain pour savoir le nombre exact des ex-combattants à réinsérer. Sont-ils réellement 5 000, moins ou plus ? », s’est interrogé le chargé de la démobilisation et désarmement au haut-commissariat.

Plaidoyer  pour la mise en place d’un fonds fiduciaire

Prenant acte du rapport présenté, le haut-commissaire à la réinsertion des ex-combattants, Euloge Landry Kolelas, a assuré la mission d’évaluation de la situation et de l’élaboration du programme DDR Congo, que tout cela sera mis en œuvre pour régler la question des conflits armés récurrents dans le Pool. D’après lui, la réussite de ce programme DDR nécessite la synergie avec les départements ministériels techniques tels que : la santé, l’éducation, les affaires sociales, le plan et la promotion de la femme. Chacun de ces ministères doit, a-t-il insisté, mener des activités le concernant dans les districts affectés. « Le haut-commissariat opte pour un fonds fiduciaire sur l’égide des Nations unies. Nous sommes-là pour aller jusqu’au bout, notre engagement est total et sans faille, le gouvernement est debout pour vite régler cette situation du Pool », a conclu Euloge Landry Kolelas.

Rappelons que le fonds fiduciaire est un mécanisme utilisé dans le domaine de la coopération pour mettre en commun des ressources qui proviennent de différents bailleurs de fonds, afin d’apporter une réponse rapide et commune aux différentes dimensions d’une situation d’urgence. La cérémonie de présentation de ce rapport s’est déroulée en présence des ministres en charge des questions des femmes, Inès Bertille Nefer Ingani, et du plan et de la statistique, Ingrid Olga Ebouka Babakas.

Pasteur Ntumi: vers le recouvrement de tous ses droits et libertés

C’est ce qu’il en ressort de la commission ad hoc dont les membres se sont réunis du 17 au 20 janvier dans la capitale congolaise, Brazzaville.

Les membres de la Commission ad hoc paritaire de l’accord de cessez-le-feu et de cessation des hostilités dans le Pool, qui se sont réunis du 17 au 20 janvier dans la capitale congolaise, ont décidé que Ntumi recouvre tous ses droits et libertés, alors qu’il est poursuivi par un mandat d’arrêt émis par le procureur général près le Tribunal de grande instance de Brazzaville, a annoncé, dimanche, la radio publique.

La Commission ad hoc paritaire, en décidant que le Pasteur Ntumi recouvre ses droits et libertés, lui a recommandé de garantir le respect et l’application stricts de l’accord du 23 décembre aussi bien dans ses communications que dans ses actes.

Par ailleurs, en ce qui concerne le ramassage des armes détenues par les Ninjas, il est essentiel de recenser et d’identifier en amont les ex-combattants afin d’éviter toute intrusion. Il a été également retenu que l’implication de Ntumi est essentielle à la réussite de cette action.

Quant à la normalisation de la vie dans le Pool, les membres de la Commission ont reconnu que pour parvenir à la paix souhaitée, il est nécessaire de consolider le cessez-le-feu et d’arrêter les hostilités en vue de rétablir le fonctionnement de l’Etat par la réinstallation des autorités administratives, judiciaires et le redéploiement de la Force publique là où cela est nécessaire.

A ce titre, la Commission a demandé la restauration de la libre circulation des personnes et des biens en procédant à la suppression systématique des barrières informelles sur toutes les voies de communication traversant le Pool ainsi que la sécurisation desdits axes.

Dans cette même logique, les membres de la Commission ont recommandé la réinstallation de la population dans les localités d’origine. Cette opération sera précédée par l’organisation des campagnes de vulgarisation des dispositions de l’accord et du processus de paix.

Au chapitre sur la démobilisation, insertion et réinsertion des ex-combattants, la Commission considère que les actions y relatives devraient se matérialiser par la création des centres locaux de démobilisation où les ex-combattants seraient identifiés et enregistrés.

Pour ce qui est de la garantie de la sérénité, de l’application de l’accord et du parachèvement du processus de paix, les membres de la Commission ont indiqué qu’après avoir pris connaissance de l’enjeu de cette tâche, il est important de retenir que les activités relatives à l’information et à la sensibilisation de la population au bien-fondé de cet accord sont absolument indispensables pour permettre au gouvernement d’exécuter cette tâche. La Commission a noté, par ailleurs, que Ntumi serait l’ambassadeur le plus efficace auprès des ex-combattants.

Le ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation, Raymond Zéphirin Mboulou, qui a dirigé les travaux de cette Commission pendant trois jours, a pris l’engagement, dans son discours de clôture, de porter sur la table du gouvernement les recommandations et la feuille de route adoptées par ladite Commission.

La Commission ad hoc paritaire est composée de trente-quatre membres dont dix-sept du gouvernement et dix-sept de Ntumi, rappelle-t-on.