Affaire des Jeunes tués dans un commissariat au Congo: le verdict des policiers « complaisant » pour des ONG

Ces policiers étaient jugés pour plusieurs chefs d’accusations notamment homicide involontaire dans l’affaire des treize jeunes retrouvés morts en juillet dans le commissariat de Chacona à Brazzaville.

Le verdict est tombé, la justice a condamné à diverses peines les six policiers accusés dans l’affaire des treize jeunes retrouvés morts dans le commissariat de Chacona. Un verdict que certaines ONG trouvent « complaisant ». Ces organisations sont indignées par le fait que la justice ne s’est pas prononcée sur les indemnisations des parents des victimes.

Le bal a été ouvert par l’Observatoire congolais des droits de l’homme (OCDH), qui a révéler, après enquête, que ces treize jeunes étaient morts suite à une torture. Pour le directeur exécutif de l’OCDH, Trésor Nzila, le verdict du procès de cette affaire est « complaisant et scandaleux », les peines prononcées contre les six policiers coupables sont très légères.

« Ces jeunes ne sont pas morts par un coup de foudre : il y a eu des actes commis par les policiers. Quant aux peines prononcées par la justice à l’encontre de ces policiers, elles sont très légères et vont décourager les victimes plus tard à porter plainte », a fait observer Trésor Nzila.

Trésor Nzila et son confrère Loamba Moké de l’Association des droits de l’homme et de l’univers carcéral (ADHUC) ne comprennent pas pourquoi la justice n’a pas pu se prononcer sur les intérêts civils.

« C’est une façon de renvoyer les victimes à leur triste sort parce qu’elles ont été privées du droit à la réparation », s’est indigné le directeur de l’OCDH. « Les peines prononcées doivent être suivies des réparations. Mais lorsque ces peines ne sont pas suivies des réparations, on se moque des réparations. Notre justice devient pour nous une justice douteuse », s’est exclamé Loamba Moké de l’ADHUC.

Congo: l’instruction bloquée dans l’affaire des jeunes tués dans un commissariat

Une audience s’est tenue jeudi 22 novembre dans l’affaire des policiers inculpés dans l’affaire des treize jeunes morts mystérieusement en juillet dernier dans le commissariat de Chacona, dans le sixième arrondissement de Brazzaville. Mais en l’absence d’avocats de l’Etat, l’instruction n’a toujours pas commencé.

Les six policiers sont poursuivis pour homicide involontaire et non-assistance à personne en danger. Dans la nuit du 22 au 23 juillet dernier, treize jeunes ont trouvé la mort au commissariat de Chacona, à Brazzaville, dans des circonstances qui restent encore aujourd’hui à élucider. Mais l’instruction est freinée ou retardée par l’Etat qui, reconnu civilement responsable dans l’affaire, n’a toujours pas présenté d’avocats.

Une attitude qui embarrasse les avocats des parents victimes. Jeudi, à l’audience, l’assistance a applaudi avec frénésie quand Me Eric Yvon Ibouanga, de la partie civile, a dit au tribunal que les policiers à la barre sont les maillons faibles en matière de sécurité. Pour lui, le jugement ne sera pas rendu pour alléger la peine des parents, mais plutôt pour que des pratiques mystérieuses cessent dans les commissariats de police.

« Il faut avancer point par point pour établir les vraies responsabilités », a-t-il insisté, avant d’exiger la comparution de l’Etat en sa qualité de civilement responsable. « Ce que nous souhaitons pour que toutes les responsabilités soient établies, c’est que l’Etat congolais comparaisse en sa qualité de civilement responsable et pour respecter le principe du contradictoire. Si l’Etat congolais, civilement responsable et régulièrement cité ne comparaît pas, nous allons passer outre, nous allons demander l’instruction de cette affaire et la comparution de certains officiers supérieurs qui ont exécuté cette mission », a déclaré Me Ibouanga.

L’affaire a été renvoyée au 6 décembre. Au moins trois officiers supérieurs de police, dont le premier responsable du commissariat central dont relève celui de Chacona, sont appelés à comparaître en qualité de témoins.