Christian Mpea : « le secteur touristique au Congo est aujourd’hui à un stade primaire »

En dépit de son potentiel substantiel, le Congo est peu connu comme destination touristique, aussi bien par les Congolais eux-mêmes que par les étrangers. Pour changer cette donne, certains Congolais saisissent les réseaux, afin de mettre en lumière les atouts du pays dans ce secteur. Christian Mpea, créateur du site « Kikilawanda », fait partie de cette lignée. A travers cet entretien, il parle de sa vision du secteur.

Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Je suis Christian Mpea, j’ai 31 ans et j’habite à Pointe-Noire. Juriste de formation, je travaille dans le domaine de la responsabilité sociétale d’entreprise. A mes heures perdues, je combine mes deux passions : la photographie et les voyages d’exploration, pour montrer le Congo-Brazzaville sous son meilleur format.

Vous êtes créateur du site web touristique « Kikilawanda », pouvez-vous nous dire en quoi  consiste-t-il ?

« Kikilawanda.com » est un blog de voyage et de photographie qui a été mis en place pour partager les plus beaux clichés issus de mes voyages d’exploration. En effet, je compte dévoiler la beauté insoupçonnée du Congo et mettre en valeur les sites touristiques de notre pays. Cette action me tient particulièrement à cœur car j’ai fait un constat: il est parfois difficile d’avoir accès aux images des paysages les plus pittoresques qu’offre notre pays. Par exemple, nous avons tous appris en géographie que le Mont Nabemba était le point culminant du Congo. Mais savez-vous qu’il n’y a aucune photo disponible sur internet ? Je compte apporter ma modeste contribution pour combler cette carence en images.

Que pensez-vous du secteur touristique congolais?

Comparativement à d’autres pays africains (Sénégal, Afrique du Sud, Kenya, Tanzanie, Rwanda, etc.), le secteur touristique au Congo est aujourd’hui à un stade primaire. En dépit de son potentiel touristique substantiel, le Congo  est peu connu comme destination touristique, aussi bien par les Congolais que les étrangers. Le manque d’infrastructures est sans conteste un début d’explication à cette situation. Les conditions d’accès aux sites sont souvent compliquées en raison de l’état des routes ; cela nécessite une logistique particulièrement lourde et onéreuse. Il existe néanmoins des sites plus accessibles comme le lac Loufoualéba à Pointe-Noire, le glacier de sel de Makola dans le Kouilou, les cascades de Sossi près de Dolisie, les falaises de Manguenguengue près de Brazzaville… Là encore, il faudrait les vulgariser auprès d’un public plus large. Les structures « Ekolo na bisso », « Visiter le Congo » et « B2B Communication » sont mes partenaires privilégiés dans cette démarche. Je suis pleinement convaincu que l’industrie du tourisme a toutes les chances de contribuer à la prospérité de ce pays. Elle permettrait, en sus, de générer des revenus et des emplois. C’est un véritable levier de croissance inclusive pour le Congo qui profiterait à tous !

Quels sont, selon-vous, les atouts du Congo dans ce domaine ?

Les principaux atouts du Congo sont les suivants : son positionnement géographique au cœur de l’Afrique ; ses nombreux parcs dont le plus connu est celui d’Odzala, avec sa grande variété en faune et en flore ; la possibilité de découvrir les dos argentés, espèce en voie de disparition, au Parc de Lesio Louna, à deux heures seulement de la capitale ; les belles plages à Pointe-Noire et au Kouilou ; la présence du fleuve Congo, deuxième plus long fleuve d’Afrique après le Nil et second fleuve en termes de débit après l’Amazonie ; la forte hydrographie qui offre de nombreuses chutes et cascades sur l’ensemble du territoire (Béla dans le Pool, Mourala dans le Niari, Kimbakala dans le Kouilou, etc.) mais aussi des lacs impressionnants comme le lac Télé dans la Likouala ; des nombreuses forêts constituant le bassin du Congo, l’un des poumons verts de la planète ; de très belles plaines colorées à observer, notamment dans la région des Plateaux ; une histoire forte marquée par la colonisation et la traite négrière. Le port d’embarquement de Loango fut l’un des plus importants en Afrique (environ deux millions d’esclaves y ont transité) ; la diversité culturelle : de nombreuses ethnies avec leurs spécificités, la sapologie.

A votre avis, quelles sont les principales actions à mener pour booster ce secteur?

Les principales actions à mené pourraient être l’appel à la prise de conscience des Congolais pour le potentiel touristique et riche du Congo. Une émission télé pourrait servir de canal à ce propos; la mise en place des circuits touristiques emblématiques ; une grande campagne de communication sur internet et sur les réseaux sociaux ; investir dans l’infrastructure; assainir les sites touristiques ; étudier la possibilité de baisser les taxes aéroportuaires pour permettre aux compagnies aériennes de proposer des tarifs plus attractifs pour les vols vers le Congo. Les efforts de tous, tant dans le secteur privé que public, permettraient d’exploiter le potentiel touristique du Congo à sa juste mesure. De nombreux pays africains comme le Rwanda peuvent être une source d’inspiration pour nous. Ce pays a fortement investi dans les infrastructures routières et aéroportuaires pour permettre l’expansion du secteur touristique et les chiffres parlent d’eux-mêmes. Dans son rapport « Travel & Tourism Economic Impact 2017, Sub Saharan Africa », le Conseil mondial des voyages et du tourisme estime que la contribution totale du tourisme au produit intérieur brut (PIB) du continent devrait augmenter à 178,5 milliards de dollars américains en 2027 (soit 7,3% du PIB). La contribution totale du secteur sur l’emploi devrait passer à 22,3 millions d’emplois en 2027.

Quelles plates-formes utilisez-vous pour promouvoir la destination que vous proposez ?

J’utilise essentiellement les réseaux sociaux, notamment Facebook, Instagram et Twitter. Pour en savoir plus, je vous invite à consulter liker et partager ces pages : « Kiki Lawanda », « Visiter le Congo et « Ekolo Na Bisso ».