Congo : détention pour la bande des policiers tortionnaires

Le Procureur de la République, Antoine Oko Ngakala a présenté et ordonné le placement en détention de quatre policiers et trois civils.

 

Détention pour les quatre policiers et trois civils, coupables de faits de tortures sur des tiers sous le viaduc de Kintélé. Le Procureur de la République, Antoine Oko Ngakala a présenté et ordonné leur placement en détention. C’était au cours d’une brève cérémonie qui a eu au Palais de Justice de Brazzaville jeudi 06 janvier 2022.

Devant la presse, le procureur de la République est revenu sur la vidéo qui a circulé sur la place de Brazzaville. Celle-ci, montrait des policiers en train de torturer des personnes. Sur instruction du commandement territorial des Forces de Police de Brazzaville, ces malfaiteurs, au nombre de sept, ont été tous identifiés présentés au parquet.

Il s’agit de quatre agents de police et trois civils habillés en tenue de policier, notamment, l’adjudant-chef de police Ngakégni Tadet, en service au commissariat de police de Makabandilou. L’adjudant de police Gandou Charel, chef du poste de police du quartier Château-d’eau Ngamakosso. Le brigadier-chef Mobié Color alias Tyson, chef du poste de police ‘’Viaduc’’. Le brigadier-chef Makélé Éric, chef du poste de police arrêt Église, quartier Manianga. Nzaba Ronnel, Bakala Ngandziami et Samba Hugues.

Au terme des dispositions de l’article 55 du code de procédure pénale, ces présumés auteurs sont poursuivis pour les faits d’association de malfaiteurs et de coups et blessures volontaires. Ils ont été mis aux arrêts.

Du rappel des faits, dans une vidéo d’une barbarie insoutenable, les mis en cause se livrent à une séance de torture sur des personnes ligotées, en leur broyant les pieds au moyen d’un marteau-masse d’environ cinq kilos. Malgré les pleurs des suppliciés disant sentir leurs os broyés, les coups sont portés avec plus de violence, en toute indifférence.

Ces faits commis par des agents de police en fonction dont certains assument des fonctions et identifiés sur la vidéo, ont aussitôt conduit le commandement de la Police nationale, à diligenter une enquête, afin de mettre hors de ses rangs, ces brebis galeuses dont les pratiques renvoient aux yeux de l’opinion, une mauvaise image de la Police.

Outre les poursuites judiciaires, les policiers encourent des sanctions disciplinaires pour non-respect des règlements et du code éthique. Cela peut conduire jusqu’à leur radiation des effectifs de la Police.

Congo : l’opposant Marcel Makomé en détention à Kinshasa

Celui qui se fait appeler « Premier ministre du Congo », serait gardé dans les locaux des services de renseignements, ANR.

 

L’opposant Marcel Makomé est arrêté en République démocratique du Congo. L’information relayée sur les réseaux sociaux a été confirmée par ses proches. Selon son entourage, celui qui se faisait appelé « Premier ministre » se rendait régulièrement à Kinshasa, à l’invitation du gouverneur de cette ville. Au terme de sa mission, l’homme aurait été enlevé et depuis une semaine, l’opposant au régime du Congo Brazzaville serait gardé dans les locaux des services de renseignements, ANR.

Selon des indices concordants, Marcel Makomé, opposant congolais exilé en France, aurait bel et bien été interpellé par les services de renseignements de la République Démocratique du Congo.

Pour l’instant, on ignore les raisons de cette interpellation, les services de renseignements de la RDC se gardant de communiquer, sauf avec l’ambassade de France qui a depuis, fait valoir de la protection diplomatique à l’égard de Marcel Makomé, l’opposant congolais disposant également de la nationalité française.

Notons que Marcel Makomé s’est construit une image d’opposant farouche, tout en faisant des appels de pied au pouvoir de Brazzaville. Il avait écrit au chef de l’État congolais, pour solliciter des aides sociales.

Congo : les conditions de détention déplorées par une ONG

Dans un rapport que vient de publier cette organisation, celle-ci dénonce de graves atteintes à la dignité des personnes.

 

Suite à des plaintes déposées en 2020 et 2021 par les familles de prisonnier, une ONG congolaise s’est penchée sur les conditions de détention dans les cachots de la direction départementale de la police de Brazzaville. Un rapport vient d’être publié, il dénonce de graves atteintes à la dignité des personnes et appelle à une action urgente des autorités.

Ce rapport est le condensé d’une enquête menée pendant les deux premiers semestres de l’année 2021. Une enquête concentrée autour des cachots de la direction départementale de la police de Brazzaville où ont été transférés certains détenus venant de la maison d’arrêt, afin de la désengorger, en cette période de lutte contre le Covid-19.

Mais, leurs conditions de détention sont simplement inhumaines, selon Trésor Nzila, directeur exécutif du Centre d’actions pour le développement. « Les cellules sont infestées de cafards, de rats, de puces, de moustiques et autres insectes. Tous les détenus qui y sont dorment à même le sol. Lorsque vous arrivez là-bas, si vous êtes un homme, automatiquement on vous déshabille avant l’entrée en cellule. La lumière, y compris naturelle, est très faible. La chaleur est intense. Les conditions sont très inhumaines et dépassent le seuil de gravité », déplore-t-il.

Le responsable du CAD a demandé au gouvernement d’agir au plus vite. « Nous interpellons le gouvernement de prendre des mesures urgentes pour humaniser les conditions de détention », a déclaré Trésor Nzila.

Plusieurs sources officielles contactées par RFI n’ont pas souhaité commenter ce rapport beaucoup repris sur les réseaux sociaux et dans certains médias locaux.

Arrestation de quatre jeunes militaires : l’OCDH proteste contre leur maintien en détention

Parfait Mabiala, Meldry Rolph Dissivoulou, Franck Donald Saboukoulou et Miangue Ossebi sont poursuivis pour « atteinte à la sécurité intérieure de l’État ».

Au Congo, plus de six mois après leur arrestation, quatre jeunes militants sont toujours en détention alors que le 30 mars dernier, le juge avait ordonné leur remise en liberté provisoire. Le 11 juin, le procureur de la République a fait appel de cette décision. L’Observatoire congolais des droits de l’Homme proteste contre leur maintien en détention.

Parfait Mabiala, Meldry Rolph Dissivoulou, Franck Donald Saboukoulou et Miangue Ossebi, les quatre jeunes détenus, sont tous membres du mouvement politique Incarner l’Espoir. Arrêtés en fin d’année dernière après avoir critiqué le pouvoir, ils sont poursuivis pour « atteinte à la sécurité intérieure de l’État ».

Trois associations de défense des droits humains congolaises et internationales, dont l’OCDH, protestent contre leur maintien en détention. « La loi est claire : le procureur de la République à 24 h pour s’opposer à une ordonnance de mise en liberté provisoire », nous explique Trésor Nzila, directeur exécutif de l’OCDH.

Il rappelle la chronologie des faits : l’ordonnance de remise en liberté a été rendue le 30 mars, et le procureur de la République s’y est opposé le 11 juin. « L’acte du procureur de la République est illégal, voilà pourquoi je dis qu’il est, comme d’habitude, dans sa stratégie de manipuler négativement la loi à des fins punitives. Rien ne justifie aujourd’hui le maintien en détention de ces quatre activistes ! »

La loi congolaise dit que la détention préventive est « une mesure exceptionnelle » rappelle encore Trésor Nzila. « Elle ne peut excéder quatre mois et interdit qu’elle soit prolongée plus de deux mois or il s’avère que ces jeunes sont en prison depuis plus de six mois. »

Depuis quelques années, « les autorités congolaises harcèlent et poursuivent en justice les voix dissidentes pour les réduire au silence, ce qui est inadmissible », conclut Trésor Nzila.

Dix-huit mois de détention dans une prison au Congo : le journaliste Ghys Fortuné Dombe Bemba raconte

Alors que le président congolais Denis Sassou Nguesso est venu à Paris le 11 novembre pour les cérémonies du centenaire de la fin la Grande Guerre, le journaliste Ghys Fortuné Dombe Bemba, fondateur du groupe de médias Talassa, raconte sa détention à l’isolement dans la maison d’arrêt de Brazzaville.

« Mes 18 mois d’emprisonnement à la Maison d’arrêt de Brazzaville  ? Un enfer », lance, doucement, les traits tirés, Ghys Fortuné Dombe Bemba. Ce journaliste congolais est arrivé en France le 18 octobre. Depuis, ces journées sont occupées par les soins quotidiens qu’il reçoit dans un hôpital de la banlieue parisienne. « Mon corps a souffert. Il se remet peu à peu », dit-il.

Le fondateur du groupe de médias Talassa, qui publie le bihebdomadaire Talassa, un mensuel, un site Internet, et qui comprend aussi une agence de communication et une imprimerie, a été arrêté le 11 janvier 2017. La raison ? « Officiellement, j’ai été accusé de complicité d’atteinte à la sûreté intérieure de l’État en relation avec le pasteur Ntumi » – un opposant et chef de guerre dans la région du Pool. « Mais c’était un prétexte », répond Ghys Fortuné Dombe Bemba.

Son arrestation est survenue deux jours après la publication d’un numéro fracassant de Talassa sur les dérives du régime de Denis Sassou-Nguesso Sassou, président du Congo-Brazzaville depuis 1997. « Après interrogatoires, intimidations, placement dans plusieurs cellules, j’ai été enfermé à l’isolement… pendant 18 mois. »

Le numéro du 9 janvier a déplu au plus haut niveau de l’État

Qu’est-ce qui a déplu ? « Dans notre numéro du 9 janvier, nous avions publié cinq articles qui firent beaucoup de bruit dans le pays et qui ont franchement agacé au plus haut niveau. » L’un expliquait que le directeur général de la police nationale, le général Ndengué, et cinq autres officiers supérieurs étaient en activité alors qu’ils ont dépassé la limite d’âge autorisé pour la loi. Le général Ndengué et le porte-parole de la police, Monkala Tchoumou, n’auraient pas apprécié.

Autre point de friction, la dénonciation en règle des pratiques occultes et mystiques de plusieurs personnalités. Un sujet tabou, au Congo. « Il y a un courant qui mêle franc-maçonnerie, spiritisme, fétichisme au plus haut niveau de l’État et dont la pratique pousse à faire beaucoup de mal aux gens. » L’article nommait, là aussi, des autorités haut placé.

Talassa s’est fendu, également, d’une enquête sur les dessous de la rencontre factice de Denis Sassou Nguesso avec Donald Trump en décembre 2016 : parti aux États-Unis pour rencontrer le nouvel hôte de la Maison-Blanche, le président congolais n’avait pas été reçu par ce dernier alors qu’un communiqué officiel affirmait le contraire. « Une honte pour tout le Congo et un déplacement qui a coûté plusieurs milliards de francs CFA. J’ai demandé la démission de sept personnalités, toutes liées à ce voyage raté. »

Autre prise de risque : le choix de publier, non pas le discours à la nation du président Sassou Nguesso mais le message « de paix » de son ennemi de l’époque, le pasteur Ntumi.

Un succès immense pour cette édition

Le succès de cette édition fut foudroyant : « Elle a été tirée à 3 000 exemplaires. À 10 h 30, tout avait été vendu. On a sorti une deuxième édition, toujours de 3 000 exemplaires. À 17 heures, il n’y en avait plus un à vendre. Alors, j’en ai réimprimé 6 000 dans la nuit. Puis encore 6 000 : les 26 000 exemplaires ont été vendus. Et puis, j’ai été arrêté. »

Ghys Fortuné Dombe Bemba est donc jeté à l’isolement pendant 18 mois, sans procès, sans recours, sans jugements. « J’étais enfermé 23 h 50 sur 24 heures dans une cellule sans toilette, sans eau, sans électricité. Je faisais mes besoins dans un seau que je vidais lors des 10 minutes où j’étais autorisé à sortir. Interdit de discuter avec les gardiens. Et puis, les fourmis, les cafards, les rats, les souris, les lézards, les moustiques… Je couchais sur le sol. Aucune visite, sauf ma fille qui m’apportait de quoi manger deux fois par semaine et, rarement, quelques minutes, mes avocats. Ma cellule fuyait, dès qu’il pleuvait, j’étais mouillé de partout. »

À bout physiquement, le journaliste obtient un visa pour la France

Dans ces conditions, il tombe malade, attrape plusieurs pathologies. Sous la pression des ONG de défense des droits de l’Homme et de quelques officiels américains et français, Ghys Fortuné Dombe Bemba est hospitalisé pendant 26 jours, en février 2018. À peine remis, il est renvoyé dans sa cellule. Une nouvelle campagne de presse est organisée pour obtenir sa libération. Le 4 juillet, le juge ordonne sa liberté provisoire.

Le journaliste est épuisé. Il passe 40 jours à l’hôpital. Mais c’est insuffisant. Il obtient un visa pour la France pour s’y faire soigner. Arrivé le 18 octobre à Paris, il est soigné pour des problèmes cardiaques, de circulation sanguine et d’acuité visuelle. « Je récupère, peu à peu, explique-t-il. Et je me tiens tranquille. J’ai eu de la chance, je ne veux pas que ma famille restée au pays paie pour moi. »

Le pays, il y pense, toujours. Il tient à lui dire qu’il a pardonné à ceux qui lui ont fait du mal. Le journaliste a, pour l’heure, déposé les armes.

Congo: ouverture du procès du général Jean-Marie Michel Mokoko

Ex-chef d’Etat-major et ex-conseiller du président Denis Sassou Nguesso, est accusé « atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat et détention d’armes de guerre ».

C’est ce lundi 07 mai, que le général Jean-Marie Michel Mokoko passe devant la chambre criminelle du tribunal de Brazzaville. Le candidat malheureux à la présidentielle d’avril 2016 au Congo, est poursuivi pour « atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat et détention d’armes de guerre ».

Le dernier pourvoi en cassation de la défense a été rejeté en 48h et l’audience de ce lundi fixée dans la foulée. Il est important de le dire, il règne encore un certain flou sur ce qui est reproché au général. L’on se demande si son arrestation est liée uniquement à cette vidéo tournée en 2007 qui avait resurgi en pleine campagne présidentielle. Ou alors les enquêteurs ont d’autres éléments plus récents. L’audience de ce lundi permettra certainement de lever l’ambiguïté.

Du côté de la défense, seuls les avocats congolais du général seront présents, mais ils ont fait vœu de silence pour ne pas « donner crédit à un règlement de compte politique ». Des avocats qui, après avoir multiplié en vain les recours au Congo, semblent décidés à internationaliser le dossier. Ils ont déjà saisi le groupe de l’ONU sur la détention arbitraire et promettent de saisir l’Union africaine prochainement.

Rappelons-le, le général Jean-Marie Michel Mokoko est détenu depuis juin 2016.