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Le FMI demande encore plus d’efforts au Congo et reporte un éventuel prêt

Le FMI a renvoyé à plus tard l’octroi d’une aide déjà consentie au Gabon et au Cameroun, malgré la détresse…

Le FMI a renvoyé à plus tard l’octroi d’une aide déjà consentie au Gabon et au Cameroun, malgré la détresse sociale d’une partie des 4,5 millions d’habitants du pays

« Dette insoutenable » et faible lutte contre la corruption : le Fonds monétaire international (FMI) demande encore plus d’efforts et de transparence au Congo-Brazzaville avant de lui accorder un « arrangement financier » pour relancer son économie, plombée par la baisse des prix du pétrole. Telle est la conclusion, mercredi 20 décembre au soir, d’une mission du FMI en République du Congo, pays dont la mauvaise santé inquiète les experts en raison d’une possible contagion à la zone franc CFA d’Afrique centrale.

Le FMI a renvoyé à plus tard l’octroi d’une aide déjà consentie au Gabon et au Cameroun, malgré la détresse sociale d’une partie des 4,5 millions d’habitants de ce petit pays pétrolier connu pour le train de vie souvent luxurieux de ses dirigeants. Le Congo-Brazzaville est notamment visé par l’enquête française dite des « biens mal acquis ». Le FMI n’oublie pas que les autorités congolaises lui ont caché une partie de leur dette quand six pays d’Afrique centrale ont décidé d’ouvrir, il y a tout juste un an, des discussions bilatérales avec le Fonds.

Il y a quelques jours, la patronne de l’institution, Christine Lagarde, avait rappelé ses exigences envers le mauvais élève de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cémac) : « livre ouvert, chiffres clairs et parfaite détermination de l’ensemble de la dette publique ». La directrice du FMI avait fait observer qu’« on prête l’argent de la communauté internationale […] donc on est redevable de cette transparence et on l’exige de nos partenaires ».

Le ministre français de l’économie, Bruno Le Maire, avait tenu le même discours en recevant, le 13 décembre, Denis Sassou-Nguesso, qui cumule plus de trente ans au pouvoir. Signe de la distance désormais voulue par Paris : le président congolais avait été convoqué à 8 heures. L’époque où c’était M. Sassou-Nguesso qui recevait les responsables français à l’hôtel Bristol est ainsi révolue.

« Faiblesses dans la gouvernance »

Le FMI souhaite continuer de travailler avec Brazzaville sur « le rétablissement de la viabilité de la dette » et « le renforcement de la gouvernance ». « Une fois ce travail achevé, un arrangement financier visant à soutenir le programme économique du Congo sera discuté au niveau du personnel du FMI avant d’être proposé à l’examen du conseil d’administration », selon le communiqué final de la mission.

Tout en notant « des progrès » et en accueillant « favorablement » le projet de budget 2018, la mission du FMI déplore « la faiblesse des organismes de lutte contre la corruption et des statistiques », qui limite la mise en œuvre des lois et règlements et augmente les vulnérabilités économiques.

La mission observe que « l’économie du Congo continue de subir les contrecoups de la baisse des prix du pétrole, d’une dette insoutenable et des faiblesses dans la gouvernance. […] Une récession plus profonde de l’économie non pétrolière en 2017 – avec une baisse de 9,2 % – nuit aux segments les plus vulnérables de la population », ajoute le communiqué.

« Personnellement, je ne pense pas que les experts du FMI viennent pour nous sauver, a indiqué à l’AFP Didier Galebaye, porte-parole du Syndicat des enseignants du supérieur (Synesup). Aucun pays au monde ne s’est développé grâce au FMI. Mais s’il peut nous aider à améliorer la gestion des finances publiques, ce serait quelque chose de gagné.»

 

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