OIF : lancement d’un concours de projets de séries

Les candidatures sont ouvertes dans le cadre du projet « L’appel Liberté série » jusqu’au 1er mars et concernent tous les cinéastes des pays membres de l’OIF.

 

L’Organisation internationale de la francophonie (OIF) lance un concours de projets séries. L’objectif vise à faire émerger de nouveaux projets, en cours d’écriture, avec ou sans producteur, mais n’ayant pas encore suscité l’engagement d’un diffuseur.

C’est une initiative en partenariat avec le Festival Dakar Séries et dans le cadre du projet Clap ACP2. Ladite initiative est mise en œuvre avec le soutien de l’Union européenne et de l’Organisation des Etats ACP.

« Après des années de pandémie et de repli sur soi, l’appel à projet Liberté série se veut un accélérateur de créativité à une période où la production de séries se professionnalise mais peine encore à s’exporter et hésite à aborder certains genres, domaines ou formes d’écriture : fictions historiques, récits biographiques, adaptations littéraires », a indiqué l’OIF.

Il faut préciser que la présélection des projets reçus sera assurée par Paper to film, l’OIF et Dakar Séries. Les vingt à trente projets les plus prometteurs seront soumis à un jury composé de grands auteurs africains ayant écrit des séries mais aussi d’autres types d’œuvres et dont les créations ont eu un impact important à la fois sur le public africain qu’international.

On notes comme membres du jury, entre autres, de Marguerite Abouet, auteur de la série de bande dessinée « Aya de Yopougon » ; Gauz, lauréat du grand prix littéraire d’Afrique noire pour son roman « Camarade papa » ; Dieudo Hamadi, auteur de la série « Les âmes errantes de Kinshasa » et réalisateur du documentaire « En route pour le milliard », sélectionné en 2020 au Festival de Cannes ; Aïda Mady Diallo, première auteure d’Afrique francophone publiée dans la collection de roman policiers « Série noire », également scénariste et réalisatrice de la série « Bamako, la ville aux trois caïmans ».

Suite à la phase de présélection, les six à huit auteurs jugés aguichants par le jury seront invités, à Dakar, à perfectionner leur projet pendant une résidence d’écriture, peu avant le festival Dakar Séries 2023 qui aura lieu du 3 au 6 mai 2023.

Congo : l’OIF entent soutenir les artistes et écrivains

En visite  à Brazzaville, la secrétaire générale de l’organisation internationale de la francophonie (OIF), Louise Mushikiwabo, a eu, le 25 octobre, une séance de travail avec les artistes et  écrivains congolais.

La secrétaire générale de l’OIF  a déclaré : « Je ne suis pas du tout étrangère ni à ce pays, ni à  sa richesse littéraire et culturelle. Depuis mon enfance, j’ai des liens personnels avec son monde littéraire, puisque le grand  écrivain congolais Tchicaya Utamsi était un ami de mon oncle qui était lui  aussi un grand écrivain rwandais, l’Abbé Alexis Kagamé. Ils ont fait beaucoup de bonnes choses ensemble sur le continent africain et même en Europe. Ce sont des hommes qui s’entendaient sur la nécessité de la présence littéraire et historique de l’Afrique sur l’échiquier mondial », a-t-elle témoigné.

Sur la revalorisation des langues africaines, la secrétaire général  de l’OIF pense qu’il n’y a aucun doute dans son esprit et pour le mandat de la francophonie que la langue française qui est le ciment qui unit tous les membres de l’OIF, doit exister en coexistence harmonieuse et en complémentarité des langues nationales et locales.

La secrétaire générale de l’OIF a émis le vœu de voir son institution  collaborer avec les artistes et  écrivains congolais. De son côté, la  directrice de la langue française et de la  diversité culturelle,  Nivine Khaled, a reconnu que le Congo Brazzaville est une terre riche en plumes, foisonnante d’artistes, terroir et réservoir des femmes et des  hommes qui savent écrire, sculpter, dessiner, peindre, chanter, danser et s’habiller.

Remerciant la secrétaire générale de l’OIF, le ministre de la Culture et des arts, Dieudonné Mouyongo,  a déclaré, « Brazzaville est une ville que vous connaissez  bien. Ici à Brazzaville, vous êtes chez vous. Brazzaville qui est le foyer de la littérature, de la francophonie, des arts plastiques est le berceau de la musique; parce qu’elle fait partie des villes créativitrices de l’Unesco  ». A travers les échanges inter actifs avec ses interlocuteurs, la secrétaire générale de l’OIF a voulu rendre hommage à la créativité culturelle  congolaise. ces retrouvailles avaient pour objectif de trouver un terrain d’entente sur les activités prioritaires entre l’OIF et les femmes et les hommes  de lettres et de culture congolaises.

Intervenant à leur tour, les écrivains ont exprimé leur souhait de voir l’OIF accompagner les éditeurs et écrivains ; trouver des solutions pour permettre aux malvoyants de pouvoir transcrire les œuvres littéraires en écriture braille ; aider les jeunes filles à avoir accès aux livres et faciliter la diversité linguistique.

Le  ministre de la Culture et des arts a remis à la secrétaire générale de l’OIF une oeuvre d’art de l’Ecole de peinture de Poto-Poto.

Brazzaville : les ministres de la Culture de la CEEAC en conclave du 27 au 30 novembre

Objectif, réfléchir sur les moyens à mettre en œuvre pour que la culture et ses activités connexes deviennent de véritables leviers pourvoyeurs de devises en Afrique centrale.

Du 27 au 30 novembre, les ministres de la Culture de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC), seront en conclave à Brazzaville. Il sera question pour eux de réfléchir sur les moyens à mettre en œuvre pour que la culture et ses activités connexes deviennent de véritables leviers pourvoyeurs de devises en Afrique centrale.

Le conclave des ministres de la culture de la CEEAC aura pour thème: « Le Rôle de la culture et des industries culturelles et créatives dans le développement des pays de la CEEAC à travers la mise en œuvre de la Stratégie Sous-régionale de Développement et de Promotion de la politique ».

Plusieurs partenaires techniques et financiers sont impliqués à cette initiative. Il s’agit entre autres de : l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), le Centre international des civilisations bantous (CICIBA), et bien d’autres.

Il faut le noter, la rencontre du 27 au 30 novembre, va se tenir à quelques jours de la remise d’un rapport de deux universitaires français et sénégalais sur les éventuelles restitutions d’œuvres d’art aux pays d’Afrique subsaharienne, au président de la République française, Emmanuel Macron.

Francophonie : les Chefs d’État doivent privilégier l’intérêt supérieur de l’Organisation

Dans moins de quinze jours, le Sommet de la Francophonie s’ouvrira à Erevan. Michaëlle Jean, actuelle titulaire du poste, et Louise Mushikiwabo, ministre des Affaires étrangères du Rwanda, se sont lancées dans une course effrénée pour convaincre les Chefs d’État et de gouvernement membres qui sont appelés à choisir le prochain Secrétaire général de la Francophonie.

Après des mois de campagne et une intense couverture médiatique autour de cette élection, les jeux sont loin d’être faits. Le sprint final s’annonce très ouvert, étant donné que les « deux poids lourds » et plus importants contributeurs aux budgets de l’Organisation ont, chacun, pris position en faveur de l’une ou l’autre de deux candidates. Ceux-ci bénéficient par ailleurs de puissants soutiens d’autres pays membres qui ne sont pas publiquement manifestés.

Il serait donc extrêmement hasardeux de pronostiquer sur les chances de l’une et l’autre, et sur le résultat du scrutin au soir du 12 octobre, s’il y aura élection. En effet, l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) est la seule organisation internationale qui favorise le consensus comme mode de désignation de son Secrétaire général.

Convergence de vues au Canada

Jusqu’à preuve du contraire, le gouvernement du Canada et celui du Québec souhaitent la reconduction de Michaëlle Jean pour consolider les actions entreprises pour le rayonnement de la Francophonie, notamment dans la promotion de la langue française et la diversité culturelle, la démocratie et les droits de la personne, l’éducation, le développement durable, l’économie et le numérique.

Aujourd’hui, les chefs des partis politiques fédéraux et provinciaux, de toutes couleurs politiques, et même ceux qui, autrefois, s’étaient montrés hostiles à la candidature de Michaëlle Jean en 2014, sont unanimes pour sa reconduction à la Francophonie.

En avril dernier, le Premier ministre canadien Justin Trudeau a rencontré le président français Emmanuel Macron, en tête-à-tête, à Paris et ont discuté de la question du renouvellement du mandat de Michaëlle Jean. Ils ont souligné leurs convergences de vues sur le fonctionnement de l’OIF.

En juin dernier, en marge du sommet du G7 de La Malbaie, les deux dirigeants se sont encore entretenus à Ottawa, sur le même sujet notamment.

Le mardi 25 septembre dernier, à New York, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, les deux hommes se sont rencontrés encore pour rechercher un consensus possible et éviter de se retrouver dans l’impasse à Erevan.

Même si, apparemment, le consensus semble difficile à trouver, les discussions se poursuivent en vue de parvenir à un compromis, pour la désignation du prochain Secrétaire général, qui soit dans l’intérêt de l’ensemble de tous les États membres et surtout dans celui de l’Organisation.

Divergence de vues en France

Malgré le soutien renouvelé d’Emmanuel Macron à la candidature de la Rwandaise Louise Mushikiwabo, il y a beaucoup de remous au sein de la population française, des organisations de défense des droits humains, du milieu politique et de la société civile, qui ne comprennent pas toujours pourquoi le président français a choisi la Rwandaise au détriment de la Canadienne.

Tout dernièrement, quatre anciens ministres français chargés de la Francophonie, toutes couleurs politiques unies, ont publié une tribune dans le quotidien français Le Monde, dans laquelle ils décrivaient comment Louise Mushikiwabo n’avait pas sa place à la tête de la francophonie et, dénonçaient une décision incompréhensible qui met en péril des décennies de construction patiente d’un projet ambitieux. Ils sont allés plus loin en soulignant notamment que le choix de Louise Mushikiwabo était contraire aux intérêts mêmes de la France et porte atteinte à l’image même de leur pays.

Mais au-delà de l’incompréhensible et l’étonnement qu’a suscités la candidature rwandaise de Louise Mushikiwabo et du soutien apporté à celle-ci par le président français, il y a tout à parier que c’est finalement le choix de la raison qui va primer sur les intérêts inavoués des uns et des autres.

Chose certaine, ce que les francophones du monde entier et les non-francophones qui, à chaque Sommet, adhèrent et deviennent membres associés ou observateurs de l’OIF, attendent de cette Organisation c’est sa force de cohésion et de rassemblement dans l’espace international, sa plus-value et la diversité des perspectives qu’elle sait conjuguer et fédérer. Ce qui, à leurs yeux rend encore la Francophonie plus attractive ce sont les liens de coopération.

Les Etats membres veulent que l’OIF soit capable d’agir efficacement pour relever les défis auxquels le monde contemporain est confronté, notamment la lutte contre les changements climatiques, la pauvreté, le terrorisme, l’extrémisme violent, etc. On attend aussi de l’OIF qu’elle se fasse le chantre de la promotion du multilatéralisme comme principe de base pour assurer une gouvernance mondiale harmonieuse et favorable à la paix et la sécurité internationales.

En effet, sous la direction de Boutros Boutros-Ghali, d’Abdou Diouf et de Michaëlle Jean, l’OIF a acquis ses lettres de noblesses en devenant un acteur international d’influence sur des sujets de préoccupation de portée mondiale. Il n’est vraiment pas dans l’intérêt d’aucun pays membre de chercher à décrédibiliser cette Organisation en placant à sa tête une personnalité qui ne croit pas aux valeurs universelles qui s’y attachent.

Ceci dit, il serait souhaitable que les chefs d’État et de gouvernement de la Francophonie choisissent, entre les deux candidates, celle qui serait plus encline à défendre, sans relativisme ni ménagement, les principes démocratiques fondés sur les valeurs universelles, le respect des droits fondamentaux, des libertés et de la dignité humaine, de l’État de droit et de la justice sociale, à porter les actions et missions qui font de l’OIF un partenaire de choix de l’ONU, un acteur désormais incontournable et respecté à l’échelle mondiale.

Il y a tout à parier que le 12 octobre prochain, les chefs d’État et de gouvernement membres de la Francophonie, au premier rang desquels Emmanuel Macron et Justin Trudeau, sauront privilégier l’intérêt supérieur de l’Organisation.

Candidature de Louise Mushikiwabo à l’OIF : la gauche française s’indigne

Louise Mushikiwabo, ministre des Affaires étrangères du Rwanda, s’est portée candidate à la tête de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). L’annonce de la candidature d’une très proche du président Kagamé, dont les atteintes aux droits humains et aux libertés fondamentales ont été récemment soulignées par un rapport de Reporters Sans Frontières, a entraîné l’indignation d’une partie de la gauche française, Jean-Luc Mélenchon en premier lieu. Le leader de la France Insoumise a, dans une question écrite au Quai d’Orsay, dénoncé, « le décalage entre les valeurs démocratiques, humanistes et francophone promue par l’OIF et le Rwanda ». Tour d’horizon d’une candidature contestée.

Paul Kagamé : un positionnement anglophone revendiqué

L’OIF rassemble 84 Etats francophones, majoritairement africains. Regroupant 900 millions d’habitants, soit 14 % de la population mondiale, l’OIF est chargée de promouvoir l’influence culturelle et linguistique de la France sur les cinq continents mais aussi le dialogue interculturel entre les pays, la démocratie et les droits de l’Homme. Pour une partie de la classe politique française, la candidature de Louise Mushikiwabo, soutenue par Emmanuel Macron et, récemment l’Union Africaine, est un non-sens.

D’abord, le gouvernement de Paul Kagamé a, récemment, adopté une posture très hostile à la francophonie, notamment en promouvant fortement l’anglais, devenu langue officielle du pays en 2013. Plus encore, le Rwanda a intégré le Commonwealth en 2009 et compte énormément sur la Grande-Bretagne pour accélérer son développement économique. Un positionnement politique jugé largement contraire aux valeurs francophones portées par l’OIF.

Rwanda : des atteintes aux droits de l’homme critiquées par les ONG

De même, le gouvernement de Paul Kagamé est accusé de multiplier les atteintes aux droits humains. Réélu systématiquement avec plus de 90 % des voix à chaque scrutin présidentiel, le pouvoir de Paul Kagamé est aussi régulièrement pointé du doigt par les ONG, qui dénoncent un régime dictatorial. Très récemment, Amnesty International et Reporters Sans Frontières ont publié un rapport à charge contre le Président Kagamé. En 2016, le Rwanda était classé 161ème au classement international de la liberté de la presse. Depuis 1996, 8 journalistes auraient ainsi été assassinés, 8 violemment agressés, 11 condamnés à de lourdes peines de prison et plus d’une trentaine forcés à l’exil. Emblématiques, les cas de Jean-Léonard Rugambage, assassiné alors qu’il préparait une enquête sur les services secrets rwandais, ou de Agnès Uwimana, condamnée à 17 ans de prison, avaient ému l’opinion. En octobre dernier, le sous-comité des Nations Unies en charge de la prévention contre la torture avait dû interrompre sa visite au Rwanda à cause des nombreux obstacles imposés par les autorités.

L’Afrique divisée face à la candidature de Louise Mushikiwabo

En Afrique non plus, la candidature de Louise Mushikiwabo ne fait pas l’unanimité. Le soutien de l’Union Africaine ne présage en rien de la décision finale. De même, seule une vingtaine de chefs d’Etat africains étaient présents. Un ratio insuffisant pour supposer d’un soutien général de l’Afrique à la candidature de la ministre rwandaise des Affaires Etrangères.

L’ancien Secrétaire général de la Francophonie et ancien président de la République du Sénégal, Abdou Diouf se serait d’ailleurs indigné du comportement de Louise Mushikiwabo, qui se serait prévalu de son soutien. Un soutien aussitôt rejeté par Abdou Diouf.

Soutenue par la France dans le cadre du rapprochement d’Emmanuel Macron avec Paul Kagamé, la candidature de Louise Mushikiwabo reste contestée, en France et à l’étranger. En effet, perçue comme contraire aux valeurs portées par l’OIF, la nomination de Louise Mushikiwabo risquerait d’abaisser considérablement la confiance portée dans cette institution. Un choix stratégique et profondément sensible…

Alain Mabanckou, écrivain franco-(a)phone

L’écrivain a refusé la mission sur la francophonie proposée par le président Macron.

Il y a deux ans, l’écrivain Alain Mabanckou prenait la plume pour dénoncer le silence des autorités françaises sur les manipulations électorales au Congo-Brazzaville. Les opposants congolais reprochaient alors à François Hollande d’avoir laissé Denis Sassou N’Guesso modifier sa constitution pour s’imposer un énième mandat.

En mars 2016, les élections congolaises se déroulent dans un black-out général et donnent lieu à des violences et les arrestations, dont celle du général Jean-Marie Michel Mokoko. Mabanckou qui alors anime des conférences très remarquées au Collège de France cherche à tout prix à être reçu par le président Hollande pour lui dire le fond de sa pensée. Il y parvient, mais la rencontre ne donne lieu à aucun commentaire de l’intéressé. Curieux.

L’automne dernier, nous vient l’idée de proposer à Alain Mabanckou un face-à-face avec le journaliste congolais Guy-Milex Mbonzi. L’idée consiste à confronter un journaliste de terrain avec un écrivain à succès, expatrié sous le soleil californien, mais préoccupé par la situation politique de son pays. Il accepte mais, voyant les questions disparaît de la circulation. 

Le journaliste Guy-Milex Mbonzi interrogeait l’écrivain sur les démarches effectuées auprès d’ONG des droits de l’homme ou d’institutions internationales « pour que cessent définitivement les violences dans le département du Pool ». Il le questionnait sur les actions entreprises pour « l’orientation des jeunes talents qui veulent se lancer dans le même domaine que vous au Congo-Brazzaville et en Afrique ». Il rappelait aussi à Mabanckou son rôle de co-organisateur du festival « étonnants voyageurs » avec le gouvernement congolais. « Etait-ce une façon pour vous d’accorder du crédit au régime en place ? », demande Guy-Milex Mbonzi espérant sans doute un Mea Culpa.

Alain Mabanckou n’a répondu à aucune des questions. Nous ne saurons donc pas ce qu’il a entrepris –ou pas- pour aider le peuple congolais, dont il se présente comme le défenseur. On sait en revanche  ce que l’écrivain compte faire pour la francophonie: rien. Dans une lettre ouverte au président Macron publiée le 15 janvier, Alain Mabanckou officialise son refus de participer à la mission proposée par le président français sur la francophonie. Dans ce qui ressemble plutôt à un joli coup de pub, l’écrivain déclare que « la Francophonie est malheureusement encore perçue comme la continuation de la politique étrangère de la France dans ses anciennes colonies ». Voilà une bien mauvaise nouvelle pour l’auteur de « Verre cassée », auréolé en 2005 du Prix des Cinq continents… de la Francophonie. Il faut dire qu’à l’époque, Alain Mabanckou entretenait de bonnes relations avec Brazzaville. L’Organisation pour la Francophonie n’en avait pas encore.

En 2013, sous l’impulsion du précédent Secrétaire général Abdou Diouf que l’Organisation pour la Francophonie mandate une équipe d’experts pour initier une série de consultations au Congo-Brazzaville. L’objectif consiste à évaluer la situation politique avec l’optique In Fine d’accompagner les élections. Parmi les recommandations formulées alors par l’OIF, figurent la réforme de la commission électorale jugée trop « partiale » par les opposants, la constitution d’un nouveau fichier électoral et l’amélioration de la couverture médiatique des élections qui au Congo-Brazzaville. Un comité de suivi est mis en place pour accompagner les petites réformes que le pouvoir se résout à entreprendre (l’abaissement de l’âge des candidats et la féminisation de la vie politique). Pas grand-chose, mais ni les Nations-Unies et encore moins l’Union africaine ne parviennent à obtenir des concessions du maitre de Brazzaville.  « Notre état d’esprit est d’encourager ce qu’on peut encourager », confie un membre de l’Organisation. Un travail d’accompagnement de réformes est mis sur pied, mais le processus électoral ne donne lieu à aucun suivi. L’élection de mars 2016 ne fait l’objet d’aucune validation par la Francophonie. «Nous menons  une diplomatie discrète qui apporte ses petits résultats », reconnait notre source à l’OIF, qui cite les efforts pour le cessez-le-feu signé récemment entre le pasteur Ntumi et le régime de Sassou-Nguesso.

L’institution mènerait-elle en parallèle, comme le sous-entend Mabanckou, un agenda caché pour servir les intérêts de la France au Congo, ou ailleurs en Afrique ? L’écrivain n’apporte aucun élément de preuve. Pourtant, en matière de politique  étrangère de la France en Afrique, Mabanckou sait de quoi il parle. L’écrivain a eu le droit à un tête-à-tête avec le président Hollande à l’Elysée sur le sujet. Il n’en est malheureusement rien ressorti. Si prompt à rejoindre le chœur des pourfendeurs de la « françafrique », l’écrivain aurait-il lui aussi ses petits secrets? En attendant le prochain coup de pub, le journaliste Guy-Milex Mbonzi attend toujours les réponses à ses questions.

Diplo21 demande la suspension immédiate du Gabon et de la RDC à l’OIF

Dans une pétition intitulée «stop au soutien des despotes par l’OIF», lancée le 24 janvier sur change.org, l’organisation indépendante «Diplo21» exige à l’Organisation internationale de la francophonie la suspension immédiate de deux de ses 54 membres de droit : le Gabon et la République démocratique du Congo (RDC).

L’organisation indépendante «Diplo21», un think tank de politique étrangère, a décidé de s’attaquer aux «despotes» du continent via l’Organisation internationale de la Francophonie. A travers une opération baptisée «stop au soutien des despotes par l’OIF», l’organisation a lancé une pétition sur change.org, dans laquelle elle demande la suspension immédiate du Gabon et de la RDC à l’OIF.

«Au regard de la composition de l’OIF, des valeurs universelles défendues par cette organisation, des textes fondateurs, des pouvoirs et moyens d’action détenus par cette instance et par la secrétaire générale, nous demandons la suspension immédiate du Gabon et de la RDC, mais aussi du Burundi, du Congo-Brazzaville et du Togo, des instances de l’OIF conformément au Chapitre 5 (3) de la Déclaration de Bamako», précise Diplo21. Elle souhaite que cette procédure soit mise en œuvre chaque fois que les valeurs et les principes fondateurs de la Francophonie sont bafoués.

Pour Diplo21, cette action fondée sur «une éthique de valeurs et d’action» destinée à apporter une contribution à l’action des pouvoirs publics et de la société civile en matière de relations internationales, pour la promotion de la paix, l’Etat de droit et le développement durable, est motivée par les conclusions des rapports des observateurs internationaux à l’élection présidentielle d’août 2016, dont celui de l’OIF, faisant état de graves manquements aux principes démocratiques et de graves atteintes aux droits humains perpétrés au Gabon et en RDC, dont : atteintes aux droits et libertés fondamentales et l’atteinte aux principes démocratiques et à l’Etat de droit.

«Le temps est venu pour l’OIF de prendre ses responsabilités, parce que sa Secrétaire Générale, Michaelle Jean ne peut plus exhorter la communauté internationale à agir contre les despotes tout en les maintenant dans ses propres rangs», estime Diplo21.

A terme, avec 1000 signatures collectées, la pétition sera remise à la secrétaire générale de l’OIF Michaelle Jean, à la République française (Emmanuel Macron, Jean-Baptiste Lemoyne, au Quai d’Orsay) aux États membres de l’OIF, à Ali Bongo et Joseph Kabila.