Congo : l’OIF entent soutenir les artistes et écrivains

En visite  à Brazzaville, la secrétaire générale de l’organisation internationale de la francophonie (OIF), Louise Mushikiwabo, a eu, le 25 octobre, une séance de travail avec les artistes et  écrivains congolais.

La secrétaire générale de l’OIF  a déclaré : « Je ne suis pas du tout étrangère ni à ce pays, ni à  sa richesse littéraire et culturelle. Depuis mon enfance, j’ai des liens personnels avec son monde littéraire, puisque le grand  écrivain congolais Tchicaya Utamsi était un ami de mon oncle qui était lui  aussi un grand écrivain rwandais, l’Abbé Alexis Kagamé. Ils ont fait beaucoup de bonnes choses ensemble sur le continent africain et même en Europe. Ce sont des hommes qui s’entendaient sur la nécessité de la présence littéraire et historique de l’Afrique sur l’échiquier mondial », a-t-elle témoigné.

Sur la revalorisation des langues africaines, la secrétaire général  de l’OIF pense qu’il n’y a aucun doute dans son esprit et pour le mandat de la francophonie que la langue française qui est le ciment qui unit tous les membres de l’OIF, doit exister en coexistence harmonieuse et en complémentarité des langues nationales et locales.

La secrétaire générale de l’OIF a émis le vœu de voir son institution  collaborer avec les artistes et  écrivains congolais. De son côté, la  directrice de la langue française et de la  diversité culturelle,  Nivine Khaled, a reconnu que le Congo Brazzaville est une terre riche en plumes, foisonnante d’artistes, terroir et réservoir des femmes et des  hommes qui savent écrire, sculpter, dessiner, peindre, chanter, danser et s’habiller.

Remerciant la secrétaire générale de l’OIF, le ministre de la Culture et des arts, Dieudonné Mouyongo,  a déclaré, « Brazzaville est une ville que vous connaissez  bien. Ici à Brazzaville, vous êtes chez vous. Brazzaville qui est le foyer de la littérature, de la francophonie, des arts plastiques est le berceau de la musique; parce qu’elle fait partie des villes créativitrices de l’Unesco  ». A travers les échanges inter actifs avec ses interlocuteurs, la secrétaire générale de l’OIF a voulu rendre hommage à la créativité culturelle  congolaise. ces retrouvailles avaient pour objectif de trouver un terrain d’entente sur les activités prioritaires entre l’OIF et les femmes et les hommes  de lettres et de culture congolaises.

Intervenant à leur tour, les écrivains ont exprimé leur souhait de voir l’OIF accompagner les éditeurs et écrivains ; trouver des solutions pour permettre aux malvoyants de pouvoir transcrire les œuvres littéraires en écriture braille ; aider les jeunes filles à avoir accès aux livres et faciliter la diversité linguistique.

Le  ministre de la Culture et des arts a remis à la secrétaire générale de l’OIF une oeuvre d’art de l’Ecole de peinture de Poto-Poto.

Congo : Mushikiwabo en visite à Brazzaville

La nouvelle secrétaire générale a entamé une visite à travers les pays d’Afrique qui l’ont soutenue afin de les remercier.

Deux semaines après son élection aux fonctions de secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), La Rwandaise Louise Mushikiwabo a entamé une visite à travers les pays d’Afrique qui l’ont soutenue afin de les remercier. Première étape : le Congo-Brazzaville où elle est arrivée mercredi 31 octobre. Face à la presse, elle a évoqué la place qu’elle entend réserver à l’Afrique centrale et à son pays d’origine durant son mandant.

Moins d’une vingtaine de minutes après sa descente d’avion en provenance de Paris, Louise Mushikiwabo a eu des échanges dans un salon VIP de l’aéroport de Maya-Maya avec le ministre congolais de la Défense et le secrétaire général des Affaires étrangères.

Répondant à la presse, elle a reconnu le rôle joué par le Congo avant et pendant son élection. A la zone du Bassin du Congo elle a fait des promesses qu’elle veut bien tenir durant son mandat qui commence en janvier prochain. « Pour moi c’est cette zone de l’Afrique centrale ; celle région du Bassin du Congo à laquelle je serai très attentive dans mes fonctions et mes mandats. Vous me verrez très souvent », a-t-elle déclaré.

Quant à son pays le Rwanda, elle entend lui redonner une place de choix dans la Francophonie.

« Il est clair que dans l’exercice de mon mandat mon pays ne sera pas exclu. Mon pays est un pays multilingue. L’importance de la langue française – bien évidemment – sera une priorité », a poursuivi Mme Mushikiwabo.

Après un échange avec la presse, Louise Mushikiwabo a repris un autre avion pour Oyo où l’attendait le président congolais qui y séjourne depuis deux jours.

Qui de Michaëlle Jean ou de Louise Mushikiwabo prendra les rênes de la Francophonie ?

En moins de trois ans mois, le XVIIe Sommet de la Francophonie s’ouvrira à Erevan, du 11 au 12 octobre 2018. À l’issue de celui-ci, les chefs d’État et de gouvernement membres devront, soit renouveler le mandat de l’actuelle secrétaire générale, soit désigner un nouveau, pour les quatre prochaines années.

La secrétaire générale sortante fait face à une concurrente de taille, que certains considèrent déjà comme gagnante, parce qu’ayant le soutien de la France. En effet, l’annonce de la candidature de la Rwandaise Louise Mushikiwabo, par le président français, que d’aucuns n’ont pas vu venir, a autant surpris bon nombre de chefs d’État africains, qu’elle n’a laissée aucune marge de manœuvre à ceux qui avaient l’intention de présenter également des candidats.

Il est certes vrai qu’Emmanuel Macron a publiquement annoncé son soutien à Louise Mushikiwabo, mais il est très important de clarifier que ce n’est pas la France qui présente officiellement une candidature, c’est bien le Rwanda. Et donc, si Mme Mushikiwabo ne réussit pas à se faire élire, ce ne sera aucunement considéré comme un échec de la France.

Par contre, si Michaëlle Jean ne réussit pas à se faire réélire, cela pourrait être considéré comme un échec sanglant du Canada et un affront pour sa diplomatie qui n’a pas su bien négocier le renouvellement de sa candidate, dans une organisation où il contribue, avec ses trois provinces membres, à plus de 50 millions de dollars annuellement, soit environ un tiers du budget total de l’Organisation. Le Canada ne se laissera donc pas humilier de la sorte, sans conséquences. Car un tel échec pourrait, d’une façon ou d’une autre, retentir dans le débat politique national, à une année des élections fédérales.

Quelles sont les chances de Louise Mushikiwabo ?

Depuis l’annonce de sa candidature au poste de secrétaire général, on ne connaît pas grand-chose sur le programme et la vision de Louise Mushikiwabo pour la Francophonie de demain. Toutefois, on sait et il est de notoriété publique que cette candidature n’est pas issue de la volonté première du Rwanda, ni même de l’Afrique. Elle aurait été concoctée, en coulisse, sur les bords de la Seine.

Le magazine panafricain Jeune Afrique qui a été mis au parfum, le premier, de la candidature rwandaise, a révélé les dessous de cette manigance. On y apprend que l’idée de la candidature rwandaise a germé au cours d’une rencontre, en février dernier à Bruxelles, en marge du sommet sur le G5 Sahel, entre le président de la Commission de l’Union africaine et le président français accompagné de son ministre des Affaires étrangères et son conseiller Afrique.

Cette révélation de Jeune Afrique vient confirmer quelque peu les préoccupations que nous exprimions déjà dans nos précédentes publications à l’effet que Louise Mushikiwabo n’avait pas une vision claire de ce qu’elle voudrait faire, tant pour le rayonnement de la langue française dans le monde, que pour la promotion des valeurs communes fondées sur le respect des droits de la personne, les principes démocratiques, les libertés fondamentaux et l’État de droit, tels que décrit dans la Déclaration de Bamako. Pas plus qu’elle n’a des projets spécifiques et novateurs pour la Francophonie. Si elle venait à être désignée, ce serait par la seule volonté de la France.

S’agissant de l’accord dégagé par les chefs d’État africains au sommet de Nouakchott, d’appuyer Mme Mushikiwabo, il y a lieu de faire une observation suivante : l’appui du bloc africain à la candidature rwandaise n’est qu’une déclaration de principe à prendre avec des pincettes, puisqu’aucun chef d’État ne s’est exprimé publiquement à ce sujet. Et, connaissant bien le culte du silence de chefs d’État africains, personne ne serait prête à gager un centime que cette résolution tiendra bon jusqu’à Erevan. Les Africains choisiront en fonction de leurs intérêts nationaux.

Selon toute vraisemblance, on aurait appris que l’inscription de ce sujet à l’ordre du jour du sommet africain de Nouakchott, par la maîtresse de céans, elle-même candidate à ce poste, a laissé planer un malaise perceptible dans le chef de certains dirigeants africains non-membres de l’OIF. Il en était de même de certains dirigeants africains membres de l’OIF, qui ne se sentaient pas à l’aise de commenter sur cette candidature.

Toutefois, répondant à la question d’un journaliste de RFI : « Est-ce que, selon vous, la candidature de la ministre des Affaires étrangères du Rwanda a ses chances ? », l’ancien président de l’Union africaine et président guinéen Alpha Condé n’a pas mâché ses mots :

 » Ça c’est une autre chose. Déjà qu’il y a beaucoup de controverses. Mais nous avons défendu un principe : l’Afrique doit parler d’une seule voix. Maintenant, évidemment, tous les États africains ne sont pas membres de la Francophonie. Donc, il n’y a pas 50 États africains dans la Francophonie. Cela veut dire qu’on n’est pas majoritaire au point de vue de voix de la Francophonie. Donc, cela dépendra de comment les autres pays vont se comporter.  »

Cette réaction de l’ancien président de l’Union africaine, bien qu’enjolivée dans un langage diplomatique extrêmement policé, résume bien le sentiment général ressenti par beaucoup d’Africains sur cette candidature, présentée hors des terres africaines.

Un autre élément, non négligeable, qui peut s’avérer déterminant dans le choix possible du prochain secrétaire général de la Francophonie, est celui de la contribution financière des États au bon fonctionnement de l’Organisation. En effet, tous les États membres doivent s’acquitter, en temps opportun, de l’obligation qui leur incombe d’apporter leur contribution financière au budget de l’Organisation. Sur ce point, le Rwanda n’est pas non plus un élève modèle de la Francophonie. En effet, depuis quelques années, il ne s’est pas acquitté, dans les temps requis, de ses obligations financières envers l’Organisation, et ce, pour une modique somme renégociée.

Ceci étant, il ne faut pas se faire d’illusions quant à l’issue de cette désignation. Ce qui est certain, c’est que le poids politique et financier de certains États membres pèsera certainement lourd et fera pencher la balance en faveur de telle ou telle autre candidate.

Ceci dit, on ne sait pas encore de quel côté vont se pencher les autres contributeurs majeurs de l’Organisation, notamment la Suisse, la Belgique – Wallonie-Bruxelles, le Luxembourg et la Principauté de Monaco. Leurs voix pourront être déterminantes pour concilier les points de vue diamétralement opposés entre le président Macron et le premier ministre Trudeau, sur la prochaine locatrice du 19-21 avenue Bosquet à Paris.

Quelles sont les chances pour Michaëlle Jean ?

Le Canada, le Québec et le Nouveau Brunswick ont une mission assurément délicate de convaincre les États membres de la nécessité et du bien-fondé de renouveler le mandat de Michaëlle Jean pour assurer la continuité des actions entreprises durant les quatre dernières années.

Au regard des faits exposés ci-dessus, une seule certitude, c’est que, ça va jouer dur à Erevan. Les deux candidates, Louise Mushikiwabo et Michaëlle jean, ont leurs chances intactes. Alors que certains laissent à Mme Mushikiwabo le bénéfice du doute, d’autres croient que le bilan de Mme Jean plaide activement en faveur de sa reconduction.

De toute façon, depuis la création du poste de secrétaire général en 1997, lors du VIIe Sommet d’Hanoï, il n’y a jamais eu une élection au sens propre du terme. Le secrétaire général a toujours été désigné par consensus. Il a été ainsi en novembre 2014 et il en sera ainsi en octobre 2018. Tout dépendra bien évidemment de comment le président Macron et le premier ministre Trudeau, deux dirigeants de plus importants pays contributeurs au budget de la Francophonie, vont gérer leurs ambitions, tout en veillant au meilleur intérêt de l’Organisation.

C’est donc le positionnement stratégique de ces deux leaders clés de l’OIF qui va influer sur le choix final. En effet, Emmanuel Macron et Justin Trudeau se sont déjà rencontrés, en tête-à-tête, d’abord à Paris, puis à Ottawa. Au menu de leurs discussions, il était question, entre autres, de la Francophonie. Mais apparemment, pour des raisons évidentes que nous n’avons pas l’intention de développer, les deux sont restés campés sur leurs positions respectives et ne se sont pas entendus sur le choix du prochain secrétaire général.

Pour l’intérêt supérieur de l’Organisation, il serait souhaitable que l’un d’entre eux fasse machine arrière. Eu égard aux mandats ambitieux qui sont ceux de l’OIF et qui sont au cœur des principales priorités de son action, objectivement parlant, Louise Mushikiwabo n’apportera pas une plus-value, pas plus qu’elle ne fera autant pour le rayonnement de la langue française et la promotion des valeurs communes, que ne l’a fait la secrétaire générale sortante.

De son côté, si elle venait à être reconduite à son poste, ce qui semble probable, Michaëlle Jean ne doit pas s’enfermer dans ses certitudes, en croyant que tout a été merveilleux durant son premier mandat. Elle devra reconnaître que, contrairement au premier, le deuxième mandat a été obtenu dans la douleur et le déchirement. En conséquence, elle devra opérer un changement significatif pour contenter ceux qui exigent une plus grande transparence dans la gestion et l’administration. Surtout, elle devra s’efforcer de se rapprocher également de certains chefs d’État, notamment africains, qui sont restés distants depuis sa désignation en novembre 2014. Ainsi, elle pourra faire taire l’avalanche de critiques dont elle a été l’objet et qui ont pourries ses quatre années passées à l’OIF.

Candidature de Louise Mushikiwabo à l’OIF : la gauche française s’indigne

Louise Mushikiwabo, ministre des Affaires étrangères du Rwanda, s’est portée candidate à la tête de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). L’annonce de la candidature d’une très proche du président Kagamé, dont les atteintes aux droits humains et aux libertés fondamentales ont été récemment soulignées par un rapport de Reporters Sans Frontières, a entraîné l’indignation d’une partie de la gauche française, Jean-Luc Mélenchon en premier lieu. Le leader de la France Insoumise a, dans une question écrite au Quai d’Orsay, dénoncé, « le décalage entre les valeurs démocratiques, humanistes et francophone promue par l’OIF et le Rwanda ». Tour d’horizon d’une candidature contestée.

Paul Kagamé : un positionnement anglophone revendiqué

L’OIF rassemble 84 Etats francophones, majoritairement africains. Regroupant 900 millions d’habitants, soit 14 % de la population mondiale, l’OIF est chargée de promouvoir l’influence culturelle et linguistique de la France sur les cinq continents mais aussi le dialogue interculturel entre les pays, la démocratie et les droits de l’Homme. Pour une partie de la classe politique française, la candidature de Louise Mushikiwabo, soutenue par Emmanuel Macron et, récemment l’Union Africaine, est un non-sens.

D’abord, le gouvernement de Paul Kagamé a, récemment, adopté une posture très hostile à la francophonie, notamment en promouvant fortement l’anglais, devenu langue officielle du pays en 2013. Plus encore, le Rwanda a intégré le Commonwealth en 2009 et compte énormément sur la Grande-Bretagne pour accélérer son développement économique. Un positionnement politique jugé largement contraire aux valeurs francophones portées par l’OIF.

Rwanda : des atteintes aux droits de l’homme critiquées par les ONG

De même, le gouvernement de Paul Kagamé est accusé de multiplier les atteintes aux droits humains. Réélu systématiquement avec plus de 90 % des voix à chaque scrutin présidentiel, le pouvoir de Paul Kagamé est aussi régulièrement pointé du doigt par les ONG, qui dénoncent un régime dictatorial. Très récemment, Amnesty International et Reporters Sans Frontières ont publié un rapport à charge contre le Président Kagamé. En 2016, le Rwanda était classé 161ème au classement international de la liberté de la presse. Depuis 1996, 8 journalistes auraient ainsi été assassinés, 8 violemment agressés, 11 condamnés à de lourdes peines de prison et plus d’une trentaine forcés à l’exil. Emblématiques, les cas de Jean-Léonard Rugambage, assassiné alors qu’il préparait une enquête sur les services secrets rwandais, ou de Agnès Uwimana, condamnée à 17 ans de prison, avaient ému l’opinion. En octobre dernier, le sous-comité des Nations Unies en charge de la prévention contre la torture avait dû interrompre sa visite au Rwanda à cause des nombreux obstacles imposés par les autorités.

L’Afrique divisée face à la candidature de Louise Mushikiwabo

En Afrique non plus, la candidature de Louise Mushikiwabo ne fait pas l’unanimité. Le soutien de l’Union Africaine ne présage en rien de la décision finale. De même, seule une vingtaine de chefs d’Etat africains étaient présents. Un ratio insuffisant pour supposer d’un soutien général de l’Afrique à la candidature de la ministre rwandaise des Affaires Etrangères.

L’ancien Secrétaire général de la Francophonie et ancien président de la République du Sénégal, Abdou Diouf se serait d’ailleurs indigné du comportement de Louise Mushikiwabo, qui se serait prévalu de son soutien. Un soutien aussitôt rejeté par Abdou Diouf.

Soutenue par la France dans le cadre du rapprochement d’Emmanuel Macron avec Paul Kagamé, la candidature de Louise Mushikiwabo reste contestée, en France et à l’étranger. En effet, perçue comme contraire aux valeurs portées par l’OIF, la nomination de Louise Mushikiwabo risquerait d’abaisser considérablement la confiance portée dans cette institution. Un choix stratégique et profondément sensible…