Congo : les commerçants expulsés du Grand-Marché ce jeudi 28 mai

Après avoir observé la journée du mercredi à la maison comme prévu dans le décret signé par le ministre de l’Intérieur sur les jours de marché, les vendeurs de ce marché de Pointe-Noire ont été surpris jeudi matin par la présence des agents de la police qui leur ont interdit de vendre.

Le non-respect de l’heure de fermeture des marchés instituée par le gouvernement pour riposter au coronavirus serait à l’origine de l’expulsion des vendeurs du Grand-Marché. « Le mardi 26 mai, certains vendeurs n’avaient pas observé l’heure de fermeture du marché comme exigé par le ministère à 16h. Quelque temps après, la police s’est déportée sur les lieux pour faire respecter la loi. Une vendeuse a été frappée par un agent de police pour avoir résisté.  Et les jeunes du marché ont porté main à l’agent de police voilà pourquoi ils nous demandent d’aller vendre au marché de l’OCH », a témoigné une vendeuse.

D’après les agents de la police interrogés sur place, l’ordre de faire partir les vendeurs de ce site a été donné par le Maire de l’arrondissement I Lumumba  pour qu’ils rejoignent le marché de l’OCH.  Soulignons que cette opération n’a pas concerné les boutiques d’alimentation, les boucheries et chambres froides. Un autre vendeur a souligné : « C’est juste une punition pour la journée d’aujourd’hui par rapport à ce qui s’est passé mardi. Nous reviendrons certainement vendredi. Je profite de votre micro pour solliciter au nom de tous les vendeurs l’indulgence des autorités. Nous veillerons désormais au respect des mesures prises par l’état.». Rappelons qu’après la fermeture des marchés domaniaux de la ville océane pour les travaux, l’ordre était donné aux vendeurs de rejoindre le marché de l’OCH.

Ouverture d’un séminaire sur la promotion de la concurrence

Un séminaire national sur la promotion de la concurrence et de protection des consommateurs s’est ouvert, le 26 mars à Brazzaville, regroupant les opérateurs économiques, les délégués des consommateurs, les pouvoirs publics ainsi que les partenaires au développement.

Organisé par le ministère du Commerce, des approvisionnements et de la consommation, en partenariat avec la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced), la Commission Cémac (Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale), sur un financement de l’Union européenne, l’atelier vise à renforcer les politiques nationales en matière de concurrence et de protection des consommateurs.

La rencontre permettra, d’après le délégué de la Cnuced, Yves Kenfack, de mettre en exergue le rôle des politiques de la concurrence et de la protection des consommateurs pour une croissance et un développement de l’économie congolaise. À la lumière des principales composantes de ces politiques, les participants vont examiner les différentes options, en vue de leur mise en œuvre.

« La politique de la concurrence et celle de la protection des consommateurs ont pour but final d’améliorer le bien-être du consommateur. Car, les deux visent à assurer le bon fonctionnement des marchés et à corriger leurs imperfections », a-t- il précisé, avant d’en appeler à l’implication de la société civile dans cette évolution.

La rencontre arrive à point nommé, a estimé le directeur de cabinet du ministre du Commerce, Fred Jonas Matokot, car elle pourrait accélérer le processus de promulgation des projets de loi sur la concurrence et la protection des consommateurs. A en croire l’intervenant, ces réformes législatives en cours vont aider à doter le pays des textes arrimés aux standards communautaires et internationaux, et à avoir un cadre institutionnel approprié, susceptible de mettre en œuvre ces politiques de protection de consommateurs.

Les nouvelles politiques en débat, en effet, répondent aux directives de la zone Cémac sur la protection des consommateurs et le projet de règlement de la concurrence. Cette vision communautaire tend à améliorer le climat des affaires, à rendre l’économie de la sous-région plus compétitive, intégrée à l’économie mondiale et à stimuler la croissance et le développement des Etats. « C’est pourquoi, je réitère un appel à tous les partenaires techniques et financiers d’accompagner le gouvernement congolais », a plaidé le directeur de cabinet.

La République du Congo dispose, pour l’heure, d’une seule loi sur la règlementation des prix, des normes commerciales, de constatation et de répression des fraudes (loi n°6-94 du 1er juin 1994). Il n’existe pas, cependant, de lois spécifiques sur la concurrence et la protection des consommateurs, ni d’une autorité nationale de la concurrence et d’un conseil national de protection des consommateurs.

Marchandises : difficile approvisionnement de Brazzaville

Le trafic sur la Route nationale 2 (RN2) devient de plus en plus difficile à cause des multiples taxes routières et de la détérioration des routes. Ces difficultés sont en partie à l’origine de la flambée des prix de certains aliments sur les marchés de la capitale.

Une grande quantité de poisson boucané (fumé) ou frais, des sacs de manioc, de l’huile de palme et autres aliments de base consommés à Brazzaville empruntent la RN2. Des marchés forains ont été créés pour faciliter la distribution de ces produits alimentaires, à savoir les marchés Bouemba, Liranga, Bokouele, Bohoulou, Makotipoko, Ngabé et Mongolo.

Jeanne Kanga, une commerçante au marché Bouemba, à Brazzaville, connaît bien les conditions de transport sur la RN2 pour avoir effectué plusieurs voyages entre la capitale et cette localité, à bord des gros véhicules. A l’époque, a-t-elle confié, le transport d’un panier de poisson boucané lui coûtait sept cents francs CFA, mais il a subitement galopé à mille francs C FA.

« Les prix du poisson varient en fonction du marché, on peut trouver à quinze mille francs CFA ou vingt mille francs CFA. Le transport est devenu trop cher, car il faut encore payer mille francs FCFA sur chaque panier de poisson », a expliqué la commerçante. Pour trouver du poisson frais, elle traverse à Makotipoko en pirogue en compagnie d’autres commerçantes.

Deux autres commerçants, Amadou Souley et Hugues Lenga, rencontrés respectivement sur les marchés Liranga et Boukouele, évoquent les mêmes difficultés. Ils accusent les transporteurs d’avoir augmenté les coûts de transport sous prétexte de pénurie de carburant et de tracasseries routières. « Les camions n’arrivent plus à temps. Les produits s’abîment parfois pendant les trajets, c’est finalement nous qui sommes des perdants », a décrié Hugues Lenga.

L’un des responsables du syndicat des transporteurs, Sylvestre Okana, pose les réels problèmes que connaît le secteur. D’après lui, c’est d’abord les nombreuses taxes arbitraires et l’état de la route. A l’époque, les transporteurs payaient les taxes une seule fois au lieu du chargement soit à Oyo, Bouemba ou Ollombo, la même quittance était valable jusqu’à Brazzaville. Mais actuellement, chaque camion peut dépenser plus de cent mille francs CFA tout le long du voyage.

Entre Brazzaville et le Port d’Oyo, a expliqué le syndicaliste, chaque camion doit verser au moins trente-six mille francs CFA aux différents postes de gendarmerie. A Oyo, il paie douze mille francs CFA ; à Ollombo, on demande cinq mille francs FCFA ; à Gamboma, cinq mille, à Ngo sept mille et PK 45, sept mille également, a dénoncé Sylvestre Okana. Presque les mêmes montants sont versés au conseil départemental, aux différents postes de police à Gamboma, Ngo, Lefini, Djiri, y compris aux routiers rencontrés le long de la RN2.

« Nous sommes obligés de payer ces taxes, parce que le cas échéant nous ne pouvons pas passer.Alors un commerçant achète un panier de poisson boucané ou un sac de manioc, par exemple, à quinze mille francs CFA sans les nombreuses dépenses, il sera obligé de revendre à plus de quarante mille afin de gagner quelque chose », a estimé Sylvestre Okana.

La route est devenue presque impraticable, surtout entre Massa et Ingah; entre Inga et Ngo, ainsi qu’entre Gamboma et Ollombo. Dans ces conditions, les camions enlisés perdent toute une journée pour s’en sortir. Le syndicat exhorte les autorités à prendre des mesures draconiennes pour mettre un terme à ces tracasseries et réhabiliter les routes dégradées et pleines de bourbiers.