Congo : le secteur privé lutte contre la déforestation

Les opérateurs économiques ont lancé, le 20 février à Brazzaville, une plate-forme censée permettre leur meilleure implication dans la lutte contre la déforestation et la dégradation des terres.

Le mécanisme Redd+ est né des négociations internationales sur les changements climatiques en 2008 et vise à réduire des émissions issues de la déforestation ainsi que de la dégradation des forêts et à accroître des stocks de carbone. La République du Congo est passée de la phase de préparation du processus à la deuxième phase dite d’investissement depuis plus de deux ans.

Son plan d’investissement est axé sur l’agroforesterie, le bois-énergie, l’aménagement durable des forêts, l’exploitation forestière à impact réduit, la conservation de la faune, l’appui à l’artisanat minier, la promotion des paiements pour services environnementaux, le renforcement du cadre législatif et règlementaire dans les domaines concernés.

Pour le directeur de cabinet (par intérim) de la ministre de l’Economie forestière, Joël Loumeto, la mise en place de la plate-forme du secteur privé pour la Redd+ vient combler un vide. « Cette plate-forme devrait contribuer au renforcement du partenariat public-privé, l’une des mesures d’accompagnement du Plan national de développement 2018-2022 », a-t- il estimé.

En effet, les sociétés membres de l’alliance sont surtout attendues dans les domaines de l’utilisation des terres, de la déforestation et des impacts environnementaux liés aux activités minières. Au retour, celles-ci vont bénéficier des avantages fiscaux en contrepartie d’une production verte, des offres en crédit et ou garanties attractives pour l’agro-industrie hors forêts, des business incubateurs dans l’appui aux filières zéro déforestation.

Pour cela, le plan d’investissement sert de cadre de référence pour la mise en œuvre de ces activités au niveau national et devrait permettre de canaliser la mobilisation des différents financements. Les négociateurs ont bien voulu accompagner les pays en développement dans la gestion durable de leurs forêts, moyennant des revenus carbones sous forme de financements, se traduisant en des projets pour permettre à la population rurale de se détourner des forêts.

Ce mécanisme constitue une réelle opportunité pour le Congo et renforce la synergie d’actions intersectorielles, espère-t-on du côté des acteurs du secteur privé. Le vice-président de la chambre de commerce de Brazzaville, Jean Galessamy-Ibombot, appelle ses pairs hommes d’affaires à se mobiliser au sein de la nouvelle plate-forme.

Brazzaville abritera le forum sur la gouvernance forestière régionale

La rencontre qui se tiendra les 30 et 31 octobre prochain, regroupera des participants venus des centres spécialisés des deux Congo, du Cameroun et du Gabon.

Il sera question au cours de ce forum, d’un moment d’échanges et partage d’expériences entre les intervenants, sur la gouvernance forestière régionale ; l’utilisation des terres et le processus Redd+ (Réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts) et la foresterie participative.

Près de deux cents participants sont attendus les 30 et 31 juillet à Brazzaville. Ils seront constitués des personnels des pouvoirs publics, de la société civile, du secteur privé, des communautés dépendantes des forêts, des peuples autochtones, de la communauté académique, des partenaires tels que le Projet de renforcement de la gouvernance forestière en Afrique et le Centre international pour le développement et la formation.

Les conclusions de ces assises du projet Observation forestière dans le Bassin du Congo, vont orienter les travaux de la conférence prévue à Bruxelles, un mois plus tard.

Les thématiques qui seront évoquées pendant ces assises s’articuleront autour des : « Processus législatifs en matière forestière dans le Bassin du Congo » ; « Redd+, zéro déforestation, agrobusiness » ; « Synergies entre Flegt, Redd+ et la gouvernance de l’utilisation des terres » ; et « Foresterie participative, régime foncier et droits des peuples ».

Redd+ : vers la validation du plan d’investissement

L’Initiative pour la forêt d’Afrique centrale (Cafi) veut amélioration les volets gouvernance, aménagement du territoire et gestion foncière, avant l’adoption du document de la stratégie nationale.

L’approbation du plan d’investissement de la Redd+ fera bénéficier au Congo d’un appui financier qui lui permettra de mettre en œuvre son plan d’action. Ainsi, pour amender la version 6 de ce document puis le soumettre au conseil d’administration de la Cafi, un atelier a été ouvert, le 22 mai, à Brazzaville.

« Les conditions de cet appui et les engagements du gouvernement à améliorer la gouvernance dans les secteurs concernés par ce processus seront précisés dans une lettre d’intention. Celle-ci sera négociée et signée entre le Congo et la Cafi », a indiqué le président du comité national Redd+, Macaire Nzomono à l’ouverture de l’atelier.

« La version 5 de ce plan, qui avait pris en compte les contributions de toutes les parties prenantes, a été approuvée par le sous-comité du programme d’investissement forestier, en 2013. La Cafi nous a demandé de peaufiner le document en ajoutant le volet gouvernance au niveau des secteurs considérés comme principaux moteurs de la déforestation et de la dégradation des forêts », a-t-il expliqué.

Dans le cadre de la mise en œuvre du processus Redd+, le Congo a accompli des efforts encourageants dans différents domaines, notamment en matière d’aménagement durable et de certification des concessions forestières, de conservation de la faune via la création des concessions forestières et d’aménagement des aires protégées.

Des engagements ont été pris au niveau international. C’est le cas de la signature d’un mémorandum sur le palmier à huile durable, l’exploitation minière à impact réduit. Il s’agit, entre autres, de prendre des mesures visant à réviser ou renforcer les politiques et les stratégies nationales, les cadres législatifs réglementaires et normatifs.

Un accent particulier sera mis sur l’aménagement du territoire, précisément le plan national d’affectation des terres et les schémas départementaux des terres, pour garantir une gestion spatiale multisectorielle et mettre ainsi fin aux conflits liés à la superposition d’usage des terres.

La sécurité foncière devra également être garantie pour assurer une durabilité des activités aux communautés locales, aux petits porteurs de projets et aux investissements étrangers qui souhaitent développer les plantations forestières et agro-forestières.

Changement climatique : le Congo prépare sa requête à soumettre au fonds vert

Le ministère de l’Economie forestière a lancé, le 14 février à Brazzaville, en collaboration avec le Centre de coopération internationale en recherche agronomique, les études de faisabilité dans les domaines économique, social, environnemental et écologique. L’objectif étant de disposer d’un projet convaincant qui pourra bénéficier de l’appui financier du fonds vert climat.

« Dans le cadre de la lutte contre le changement climatique, il faut de l’argent. Et, il y a un organisme qui a été créé pour venir en aide aux parties prenantes sur le plan financier. Pour y accéder, il faut préparer les projets convaincants. C’est ce que le Congo est en train de faire », a expliqué Joël Loumeto, lançant les études de faisabilité au nom de la ministre de l’Economie forestière, Rosalie Matondo.

D’autres études à réaliser, un peu plus tard, porteront sur la tenure foncière et la filière industrie de transformation du bois. Celles-ci seront réalisées par une équipe technique mixte composée d’experts nationaux et internationaux relevant des ministères sectoriels et des institutions nationales telles le Service national de reboisement et le Programme national d’afforestation et de reboisement.

Selon la représentante de la FAO au Congo, Suze Percy Filippini, dont l’institution vient en appui technique, ce projet aura pour objectif principal d’impulser le processus de transition du pays vers un développement à faible émission de carbone et résilient aux changements climatiques, en misant sur une stratégie ambitieuse d’atténuation dans le secteur de l’utilisation des terres, du changement d’affectation des terres et de la foresterie.

« Ce projet contribuera au renforcement de l’appui au développement durable et à la lutte contre les effets du changement climatique tel que défini dans l’axe trois du cadre de programmation pays. Il contribuera également aux Objectifs de développement durable (ODD) numéro 13 », a indiqué Suze Percy Filippini.

Notons que ces études vont concrétiser les engagements pris par le Congo lors de la 21e conférence des parties à la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, tenue à Paris, en 2015.

Le projet d’atténuation fonds vert climat, initié par le ministère de l’Economie forestière, a une dimension transversale et vise à apporter un appui dans l’aménagement du territoire et la réforme foncière. Il contribue aux objectifs de la politique forestière, de la loi forestière, de la stratégie et du plan d’actions Redd+ au Congo. Ce projet répond aussi aux ODD.

La Banque mondiale au secours de la forêt congolaise

La Banque Mondiale, par le canal de son sous-comité du Programme pour l’investissement forestier (PIF), a approuvé le financement de deux projets REDD+ du plan d’investissement de la stratégie congolaise REDD+ en vue de promouvoir l’économie verte au Congo, a appris, mercredi 17 janvier, auprès du service de communication de cette institution financière internationale.

Selon cette source, avec l’approbation de ce financement survenue le 13 décembre 2017 à Washington, le Congo qui est arrivé au terme de la première phase du processus REDD+ dite « de préparation », au cours de laquelle les principaux outils de sa mise en œuvre ont été élaborés, est autorisée à passer à la 2e phase dite « d’investissement » et à la 3e phase dite « de paiement de crédits carbone ».

« Cette décision ouvre la voie au financement de deux projets soumis par le gouvernement congolais au Programme pour l’investissement forestier, pour contribuer à la réduction de la déforestation et au développement économique des départements de la Likouala et de la Sangha au Nord du pays représentant plus de la moitié de la superficie forestière nationale », souligne Julian Lee, spécialiste de l’environnement à la Banque mondiale.

Le premier projet, qui s’inscrit dans le cadre du Programme de réduction des émissions Sangha-Likouala, prévoit le développement des plantations agro-forestières. Il s’agit de la cacao-culture sous ombrage et des associations fruitiers/cultures vivrières, sur des superficies dégradées dans les départements de la Likouala et de la Sangha.

Le second projet sera mis en œuvre dans les Départements du Pool et des Plateaux, qui constituent un bassin d’approvisionnement de Brazzaville en bois énergie, avec l’accompagnement de la Banque africaine de développement. Il développera des plantations agro-forestières et de bois-énergie.

Le Programme d’investissement forestier statuera sur l’enveloppe financière à accorder à la République du Congo, lors de sa réunion prévue pour fin février 2018.

A cette occasion, il sera annoncé le montant accordé au Mécanisme de financement dédié aux initiatives des populations autochtones du Congo.

Le Plan d’investissement de la Stratégie nationale REDD+ du Congo, a été élaboré pour servir de cadre de référence destiné à assurer la mobilisation des investissements nécessaires à la réalisation des projets et programmes.

Sous-tendu par des programmes habilitant et des programmes géographiquement intégrés, il sera mis en œuvre pour la période 2018-2025. Son élaboration a été financée par le PIF et l’Initiative pour la Forêt de l’Afrique Centrale (CAFI).