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Barrage sur le Nil: l’Ethiopie fustige une médiation américaine « non-diplomatique »

L'Ethiopie a qualifié mardi de "non-diplomatiques" les efforts américains de médiation entre Addis Abeba et Le Caire au sujet de…

L’Ethiopie a qualifié mardi de « non-diplomatiques » les efforts américains de médiation entre Addis Abeba et Le Caire au sujet de l’immense barrage éthiopien sur le Nil, mais s’est engagé à poursuivre les négociations.

Appelé à devenir la plus grande installation hydroélectrique d’Afrique, le Grand barrage de la Renaissance (Gerd) que l’Ethiopie construit sur le Nil Bleu (qui rejoint au Soudan le Nil Blanc pour former le Nil) est une source de forte tensions avec l’Egypte depuis 2011.

Après neuf années de blocage, les Etats-Unis sont intervenus dans les négociations à la demande du Caire, leur proche allié et, depuis novembre 2019, le Trésor américain parraine, avec la Banque mondiale des discussions entre Ethiopie, Egypte et Soudan, également situé en aval du barrage.

Fin février, le Trésor américain a affirmé dans un communiqué qu’un accord avait été trouvé et exhorté l’Ethiopie à le signer « le plus rapidement possible ».

Addis Abeba, qui n’avait pas voulu participer au dernier cycle de négociations en date, a ensuite exprimer sa « déception ».

Cependant, mardi, le ministre éthiopien des Affaires étrangères Gedu Andargachew a assuré au cours d’une conférence de presse que son pays poursuivrait les discussions sous parrainage américain, mais a averti Washington de ne pas précipiter le processus ou tenter d’influer sur le résultat.

« Nous considérons le récent communiqué américain non diplomatique », a déclaré M. Gedu. « Nous voulons que les Américains jouent un rôle constructif. Tout autre rôle est inacceptable (…) Si les Américains exercent des pressions, cela doit être sur toutes les parties, pas seulement sur nous ».

L’Ethiopie estime le Gerd essentiel pour son développement économique, alors que l’Egypte – dont l’irrigation et l’eau potable dépendent à 90% du Nil – le considère comme une menace vitale.

Le Caire s’inquiète de son impact sur le débit du fleuve, en premier lieu en cas de remplissage trop rapide du réservoir – qui peut contenir 74 milliards de m3 d’eau.

Selon le Trésor américain, ce remplissage « ne devrait pas avoir lieu sans accord » entre les trois pays, mais l’Ethiopie a affirmé qu’elle l’entamerait « en parallèle » à la construction du barrage, alors que la date de futures discussions reste indéterminée.

Mardi, le ministre éthiopien de l’Eau Seleshi Bekele a précisé à l’AFP que le remplissage du réservoir pourrait commencer au début de la prochaine saison des pluies, en juin.

Selon William Davison, analyste en charge de l’Ethiopie pour le centre de réflexion International Crisis Group (ICG), le communiqué américain sous-entend qu’un début de remplissage du réservoir sans accord « violerait le principe de droit international de ne pas causer de dommage significatif aux nations en aval ».

« L’Ethiopie est en désaccord avec ça et a raison d’être inquiète » mais « il n’est pas évident que les Etats-Unis ont l’intention de faire appliquer cette position et il est plus que probable que les négociations se poursuivent d’une façon ou d’une autre », a-t-il ajouté.

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