Congo : la BDEAC promet d’injecter 130 milliards de FCFA dans l’agriculture

A travers le Plan stratégique 2023-2027 de cette institution qui a pour but de permettre au Congo d’atteindre la souveraineté alimentaire.

 

La Banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC), a tenu à Brazzaville sa vingt-huitième édition du think-tank « Les vendredis de carrefour ». L’objectif de la rencontre était d’instituer un cadre d’échange entre les parties prenantes, afin de contribuer à formuler des politiques publiques pour le développement du secteur agricole en Afrique. Les discussions ont permis aux participants d’insisté sur les freins liés au développement de l’agriculture, le potentiel agricole et écologique de la région, ainsi que les réponses apportées par les banques de développement aux besoins en ressources financières de l’agro-industrie.

Il en ressort de ce think-tank que le secteur agricole congolais a bénéficié des subventions de plus de 15 milliards FCFA octroyées par la BDEAC, au cours de ces quinze dernières années. L’institution financière entend injecter 130 milliards de FCFA dans l’agriculture dans les cinq prochaines années. Selon Jean Paterne Megne Ekoga, le vice-président de la BDEAC, des moyens sont en train d’être déployés pour permettre au Congo d’atteindre la souveraineté alimentaire, à travers notamment le Plan stratégique 2023-2027, encore appelé « Azobé ».

Il va s’agir de faciliter l’accès aux crédits aux producteurs, grâce aux prêts directs en direction surtout des opérateurs privés ; aux cautions, avals et garanties, accordées aux opérateurs privés, en couverture de leurs engagements vis-à-vis des banques commerciales ; aux lignes de refinancement et aux interventions ciblées à travers le Fonds spécial de développement rural de base logé à la banque.

Ont pris part à ce think-tank, les autorités congolaises, des partenaires au développement, des acteurs de la société civile et des experts du secteur agricole.

Le Congo veut développer son secteur agricole

Un forum sur le sujet s’est tenu, le 2 juillet à Brazzaville, sur le thème « Bâtir une nouvelle économie sur l’agriculture ».

D’après le directeur général du groupe Vox, Arsen Sévérin, organisateur de la rencontre, ce rendez-vous avait pour but de mettre en lumière des idées novatrices susceptibles de contribuer au développement du secteur agricole au Congo, qui peine à prendre l’envol depuis des décennies.

L’agriculture congolaise est, en effet, très peu développée. Sa contribution au produit intérieur brut stagne à seulement 4 % environ. Ce chiffre est bien entendu à mettre en rapport avec la très faible densité de la population en zone rurale et l’absence d’une véritable tradition agricole. Malgré les dix millions d’hectares de terres fertiles, seulement 4 % sont cultivés, a-t-on appris des participants au forum.

Les activités agricoles et forestières s’appuient à la fois sur les cultures de rente (canne à sucre surtout) et vivrières (banane plantain, maïs, manioc…). Le manioc représente presque la totalité de la production alimentaire, suivi par la banane plantain. La production vivrière nationale augmente sans couvrir les besoins de la population, ont-ils déploré.

Pour relancer l’agriculture puis relever le défi de la diversification de l’économie, le gouvernement affiche depuis quelques années sa volonté d’accompagner ce secteur en dépit des échecs enregistrés, notamment dans l’utilisation du fonds de soutien à l’agriculture.

C’est ainsi qu’avec l’appui de ses partenaires techniques et financiers, plusieurs projets de relance agricole sont mis en œuvre. Il s’agit, par exemple, du Projet d’appui au développement de l’agriculture commerciale. Lancé il y a une année, ce projet cofinancé par le Congo et de la Banque mondiale à hauteur d’environ cinquante-cinq milliards francs CFA, a pour objectif d’améliorer la productivité des agriculteurs et l’accès aux marchés des groupes de producteurs ainsi que des micro, petites et moyennes entreprises agro industrielles.

L’Union européenne, quant à elle, accompagne le Congo dans la relance de la filière haricot et soutient le développement de la pisciculture, du maraîchage, de la transformation agro-alimentaire, de l’élevage, etc.

L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture apporte, pour sa part, son soutien technique via son cadre de programmation pays s’inspirant du Plan national de développement.

Rappelons que c’est grâce à l’expertise de cette institution onusienne que le Congo dispose actuellement de quelques données statistiques du secteur agricole.

Outre ces institutions, la Fondation perspectives d’avenir s’est engagée, elle aussi, à apporter sa pierre à l’édifice, à travers le Programme pour la relance agricole, démarré le week-end dernier à Kinkala, dans le Pool, en présence de son initiateur, Denis Christel Sassou Nguesso.

Participant au Forum « Vox éco », ce dernier a sollicité l’accompagnement des partenaires en vue du déploiement de ce programme dans d’autres départements du pays, à l’instar des Plateaux, de la Bouenza et du Niari.

Entrepreneuriat : les jeunes congolais appelés à s’imprégner du secteur agricole

La ministre de la Jeunesse et de l’éducation civique, Destinée Hermella Doukaga, a rappelé, le 29 septembre, la nécessité pour les jeunes d’apprendre « avec pragmatisme » des métiers du secteur agricole en s’inspirant du modèle rwandais.

Le Congo avait participé, les 20 et 21 août dernier à Kigali, la capitale du Rwanda, à la Conférence régionale initiée par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Union africaine (UA) et le gouvernement rwandais. Placée sur le thème « Les jeunes dans l’agriculture comme solution pour mettre fin à la faim et à la pauvreté en Afrique : s’engager dans les technologies de l’information et de la communication ainsi que dans l’entrepreneuriat », cette conférence a connu la participation des jeunes évoluant dans le secteur agricole de plus de quarante pays africains.

De retour au pays, la délégation congolaise a organisé un symposium sur la restitution des conclusions issues de cette rencontre. En effet, cette restitution de Brazzaville visait, entre autres, à promouvoir un cadre d’échanges interactifs entre les jeunes sur les questions agropastorales et susciter un esprit d’éveil agropastoral en vue de promouvoir l’autosuffisance alimentaire au Congo. Ainsi, les participants au symposium ont suivi des témoignages des jeunes congolais qui émergent dans les métiers de l’agriculture.

Selon la ministre en charge des questions de jeunesse, la conférence de Kigali intègre la vision de l’agenda 2063 de l’UA qui place les jeunes au centre du développement de l’Afrique. L’objectif principal était, d’après Destinée Hermella Doukaga, la promotion des métiers du secteur agricole dans l’environnement juvénile, en favorisant les échanges entre les décideurs et partenaires afin d’établir un lien sur les connaissances et les meilleures pratiques. « (…) la délégation congolaise de retour au pays, juge opportun de stimuler, à travers cet atelier de restitution, l’engagement et l’intérêt des jeunes pour l’agriculture comme solution durable pour l’éradication de la pauvreté en République du Congo. Car il est temps que la population en général, et les jeunes en particulier, s’imprègnent avec pragmatisme des métiers de la terre en s’inspirant du modèle rwandais », a-t-elle indiqué.

Le coordonnateur résident du système des Nations unies au Congo, Anthony Ohemeng Boamah, a rappelé que la FAO encourage davantage les investissements publics et privés dans le secteur agro-alimentaire des services liés au marché. Cela pour attirer et maintenir les jeunes dans ce secteur afin de stimuler la création d’emplois et promouvoir un nouvel essor de ce secteur reconnu comme grand pourvoyeur d’emplois. « Aujourd’hui, l’on sait suffisamment que le facteur clé pour l’amélioration des perspectives d’emplois pour les jeunes dans le secteur de l’agriculture est l’accès au financement, à la formation à la terre, aux technologies de l’information et de la communication et l’accès au marché. Je suis convaincu que nous pouvons faire mieux ici en République du Congo », s’est-il exprimé, au nom de la représentante de la FAO au Congo, rappelant que la Conférence régionale de Kigali a permis à cette agence onusienne de repositionner la question de l’emploi des jeunes dans le secteur agricole en Afrique.

Recommandations et résolutions de Kigali

Les participants à la réunion de Kigali avaient, entre autres, recommandé aux gouvernements d’inclure les jeunes dans la planification, la conception et la formulation des politiques et d’injecter des investissements dans toute la chaîne des valeurs au niveau de l’agrobusiness. Ils devraient aussi renforcer les mécanismes d’octroi des finances ; appuyer les jeunes dans la création d’une plate-forme qui les réunit ; augmenter les technologies innovantes ; élargir les approches de renforcement des capacités afin de bien encadrer les jeunes ; élargir le réseau numérique pour le suivi et l’évaluation.

Avoir une politique agricole dirigée par des jeunes ; numériser la conférence ; appuyer la vision des jeunes par la formation ; renforcer l’environnement industriel ; accompagner les jeunes entrepreneurs ; valoriser l’image de l’agriculture sont les résolutions qui ont été prises par les participants.

La BAD promet une aide de 250 milliards au Congo

L’annonce a été faite le 20 février à Brazzaville, au cours d’une séance de travail entre le directeur général de la Banque africaine de développement (BAD) pour l’Afrique centrale, Ousmane Dore et la ministre du Plan, de la statistique et de l’intégration sous régionale, Olga Ghislaine Ebouka Babackas.

Le directeur général de la Banque africaine de développement (BAD) pour l’Afrique centrale, Ousmane Dore, a annoncé le 20 février à Brazzaville, au cours d’une séance de travail avec la ministre du Plan, de la statistique et de l’intégration sous régionale, Olga Ghislaine Ebouka Babackas, que son institution accordera une aide financière de 250 milliards de francs CFA pour permettre au Congo de relancer son secteur agricole.

La BAD entend apporter les projets d’investissements dans les secteurs de l’agriculture et des transports, précisément des infrastructures, a souligné Ousmane Dore.

Sur les zones agroindustrielles, il a laissé entendre que cette institution financière va accompagner le Congo dans l’exploitation de ces vastes espaces, pour la transformation des produits agricoles, tels que la banane, le manioc et le cacao. C’est Pour cette raison que cette institution financière africaine ambitionne dans le cadre du Plan national de développement (PND 2018-2022) de doubler son portefeuille à l’endroit du Congo, ce qui fait qu’il y aura nécessairement un projet pour le développement des chaines de valeur agricole. Ces plateformes permettront la création d’emplois pour la jeunesse.

S’agissant de la deuxième phase du projet national de transport financé par la BAD, elle est financée à hauteur à hauteur de 250 milliards de francs CFA. Cette somme va permettre la finalisation de ce programme.

Olga Ghislaine Ebouka Babackas a indiqué pour sa part que, de façon général, pour l’élaboration du Plan national de développement (PND 2018-2022), le Congo fait recours à ses différents partenaires au développement dont la BAD, afin d’apporter son expertise dans sa réalisation.

Le vice- président de la BAD, Célestin Monga, a notifié que l’objet essentiel de leur visite est de confirmer l’arrivée prochaine du président de la BAD au Congo.

La BAD œuvre en étroite collaboration avec d’autres institutions financières internationales, notamment avec le Fonds Monétaire international (FMI). C’est dans ce cadre que « nous accompagnons le dialogue que le Congo a avec le Fonds Monétaire international (FMI).», a –t- il relevé.

Célestin Monga a fait savoir que le Congo est un partenaire clé de la BAD, et qui dispose d’un potentiel illimité, des ressources humaines et des hommes et surtout des ressources humaines qui regorgeant des qualités intrinsèques, auxquelles il peut se servir pour être le locomotif non seulement niveau de l’Afrique centrale, mais aussi en Afrique. « Nous travaillons à ce que le Congo devienne rapidement un pays émergent », a-t- il poursuivi.