Congo : Mariusca Moukengue sacrée prix Sébas 2020

La slameuse congolaise, Mariusca Moukengue, a remporté la deuxième édition du prix Sébas 2020 pour son art au service des causes sociales.

Décerné par la plate-forme « Congo 30 », le prix Sebas est une distinction nationale qui récompense les efforts de tout individu ou toute organisation dont les actions contribuent à l’essor et à l’épanouissement des citoyens congolais.

D’après les organisateurs, le choix a été porté sur Mariusca Moukengue parce qu’elle met régulièrement son art au service de bonnes actions et anime divers ateliers instructifs et thérapeutiques pour les participants. Parmi ces œuvres, il y a la création du concept « slam thérapie » par lequel elle rassemble des femmes ayant subi des violences sexuelles pour les aider à surmonter leur traumatisme afin de s’épanouir à nouveau dans la vie de tous les jours.

Durant le confinement, l’artiste avait posté une vidéo de slam sur sa page Facebook, en vue d’interpeller l’opinion publique sur le sort des adolescents dits « enfants de la rue ». En effet, par manque d’abris et de ressources, ces derniers sont particulièrement exposés à de nombreuses difficultés pouvant s’accentuer à cause de la progression de la pandémie du coronavirus au Congo. Une vidéo touchante qui n’avait pas laissé indifférents les internautes sur la toile. « Nous avons été marqués par toutes ses œuvres de solidarité qui reflètent bien le concept du prix Sebas. C’est donc avec un grand plaisir que nous lui avons décerné le prix Sebas 2020 auquel nous joignons un chèque de 250€ », ont fait savoir les fondateurs de la plate-forme Congo 30, Prince Malela et Grâce Nkouka.

Pour la slameuse congolaise, c’est un grand honneur de pouvoir recevoir ce prix qui promeut l’altruisme. « Mon équipe et moi remercions tant les organisateurs de ce prix que le public qui nous soutient depuis nos premiers pas dans le monde du slam. Ce prix revient, avant tout, aux enfants que nous abandonnons cruellement dans la rue au lieu de les protéger, surtout en cette période de pandémie sanitaire due à la Covid-19 », a-t-elle déclaré. Notons que le prix Sébas a été créé en 2019 à la suite de la mort de Sébastien Zinga, alias Akwiss, homme d’affaires congolais, mécène et personnalité de la Sape, disparu l’an dernier. Pour avoir entrepris, de son vivant, plusieurs actions de solidarité, ce prix a été initié pour perpétuer sa mémoire et ses valeurs. En 2019, le prix a été attribué à la comédienne Mixiana Laba pour sa défense des personnes atteintes de maladies mentales au Congo.

Festival Masa 2020 : trois congolais retenus

L’humoriste Juste Parfait, la slameuse Mariusca Moukengue et le conteur Jules Ferry Moussoki participeront, chacun dans son domaine, à la onzième édition du Marché des arts du spectacle d’Abidjan (Masa).

La 11eme édition du Masa se tiendra du 07 au 14 mars 2020 à Abidjan, en Côte d’Ivoire. L’évènement se tient sous le thème « L’Afrique-Monde ». La liste des différents artistes retenus au festival a été dévoilée le 27 septembre dernier. Le Congo sera représenté dans trois disciplines. L’humoriste Juste Parfait, la slameuse Mariusca Moukengue et le conteur Jules Ferry Moussoki sont ces trois artistes congolais qui ont été retenus pour prendre part au Masa 2020.

Habitué des grands festivals, Juste Parfait dit le Stromae a débuté sa carrière en 2014, avec le collectif « Brazza comedy show » avant de rencontrer Valérie Ndongo, un comédien camerounais. Ce dernier l’a encadré dans les ateliers d’art humoristique et lui a permis de débuter concrètement sa carrière.

Du haut de son 1m 96, l’artiste âgé d’une vingtaine d’années emboîte le pas des grands humoristes du monde tels que Jamel, Mamane, Adama Dayiko, nourrissant l’envie de faire comme eux. Ce désir a produit ses fruits puisqu’il a participé deux fois (2016 et 2018) au Masa avant de jouer à la célèbre émission humoristique « Le parlement du Rire », avec Mamane, Gohou Michel, Digbé Cravate et Charlotte Ntamac.

De son côté, après avoir reçu la confirmation de sa participation au Masa 2020, la slameuse Maruisca Moukengue a aussitôt posté un message de remerciements sur sa page facebook, une façon de manifester sa joie. « Surprise depuis ce matin, je cris, je tremble, je rends grâce à Dieu pour ces bienfaits. La slamille, on est sélectionné pour le Masa. Merci à vous chère slamille, cher public de nous donner encore chaque jour la force de persévérer, merci au jury du Masa, on arrive avec les frères Juste Parfait en humour et Jules Ferry au conte », peut-on lire sur la page facebook de la jeune slameuse.

L’auteure du maxi single « Slamourail » souhaite enrichir son expérience à travers ce festifal. En effet, Depuis 2010, Mariusca mène une carrière sur plusieurs fronts et participe à de nombreux festivals au Congo et ailleurs (Mantsina sur scène, Etonnants voyageurs, festival international des arts de Dolisie, Ici c’est l’Afrique, etc).

Pour sa part, Jules Ferry Quevin Moussoki Mitchum est un comédien, conteur, médaillé d’or aux huitièmes Jeux de la Francophonie, Abidjan 2017. Il anime chaque samedi l’activité intitulée « L’heure du conte » à l’Institut français du Congo.

Selon les organisateurs, l’effectif de la délégation ne doit pas excéder deux personnes pour l’humour, quatre pour le conte, huit pour la danse contemporaine, dix pour la musique, dix pour le théâtre et quinze pour la danse patrimoniale.

Congo : « Non aux violences faites à la femme »

C’est le message passé par cinq jeunes femmes avec un vécu douloureux, le 28 mars à l’Institut français du Congo (IFC) de Brazzaville.

A travers le slam et sous la direction de la slameuse Mariusca Moukengué, ces femmes ont livré pour la première fois en public, des messages forts pour évoquer toutes formes d’agressions commises à l’égard de la femme.

Le spectacle avait  pour thème évocateur « Slamunité des power-women : des mots sur les maux ».  C’est en visages masqués, habillées en jeans et tee-shirt blanc, que ces cinq jeunes femmes de moins de 30 ans, sont montées sur les planches de l’IFC. Elles ont surmonté leur passé douloureux grâce à une thérapie par les mots ayant duré quatre mois, racontant les agressions dont elles ont été victimes en slam. Pour l’une d’entre elles, c’était dans une ruelle obscure en plein soir avec un proche, pour l’autre droguée dans la maison de son copain, etc. Moment émouvant pour le public.

Et comme pour montrer l’animosité des responsables d’agressions sexuelles, le slameur Hardy style a notamment présenté à l’assistance un texte écœurant dans lequel il précise que « ces monstres » peuvent être un cousin, un voisin, un père, un ami, le propre conjoint, qui rôdent autour des maisons, d’établissements administratifs, scolaires ou religieux.

Accompagnant ces jeunes femmes sur scène, Mariusca Moukengue a notamment dénoncé le lamentable cliché d’infériorité qu’on inflige à la femme dans nos sociétés. « Elle s’enfonce dans la conscience sociale. J’ai vu l’éducation abrutir l’enfant très tôt. Quand tôt, le jeune garçon est considéré comme l’être fort, être dominant. Et la fille, l’être faible, l’être dominé. Cette victimisation de la gent féminine qui serait l’être doux, l’être soumis, l’être oui-ouiste, contrainte de s’agenouiller car femme égale lit, ménage, cuisine », a déploré la slameuse. D’après elle, l’espoir, c’est tout ce qui reste à la société pour stopper les violences faites aux femmes.

S’il faudrait qualifier ces power-women, on dira d’elles qu’elles sont audacieuses et invincibles. Car, c’est avec beaucoup de force, d’assurance et de maîtrise qu’elles ont rythmé les quarante-cinq minutes de scène au cours de cette soirée.

« Malgré les souffrances que tu as dans ta vie, pardonne à ceux qui t’ont blessé. Malgré les souffrances que tu viens de subir, prends courage et va de l’avant », chantaient-elles à chaque séquence de transition du spectacle.

En effet, elles ne se sont pas résolues à subir la victimisation et aujourd’hui veulent montrer à toutes les victimes de violences que, loin de s’apitoyer sur son sort, il est bien possible de se relever et de se reconstruire. « Tu es quelqu’un de formidable, vis ta vis et vise la réussite. Que ton désir de réussir, soit plus fort que ta peur de l’échec », a soutenu l’une des power-women.

Notons que c’est dans une atmosphère de gaieté et sur des pas de danse entre les power-women et Mariusca que s’était clôturé ce spectacle.

Qui est Mariusca Moukengué ?

Mariusca Moukengué est slameuse, critique d’art, comédienne et dramaturge congolaise. Depuis 2010, elle mène sa carrière artistique sur plusieurs fronts et a pu participer à de nombreux événements et festivals au Congo, notamment Mantsina sur scène, Etonnants voyageurs, Ici c’est l’Afrique, Rencontre internationale de l’art contemporain, etc.

C’est en 2018 qu’elle s’était lancée dans son projet de poésie urbaine « Slamunité », un concept de formation en slam ayant pour but de cultiver auprès des jeunes le réflexe à la non-violence. Ce projet s’est déjà exporté au Cameroun, au Tchad et en République démocratique du Congo, où Mariusca a coaché des jeunes filles et garçons de 11 à 18 ans.

Fin 2018, à l’occasion d’une résidence de création en Belgique, Mariusca Moukengue enregistre « slamouraï », son premier maxi single, actuellement disponible sur toutes les plates-formes de téléchargement légales.