Congo : un député arrêté après sa vidéo dans laquelle il critique le pouvoir

Aimé Hydevert Mouagni qui est détenu dans les locaux de la Centrale d’intelligence et de la documentation (Cid), ne serait pas encore formellement inculpé.

 

C’est la troisième nuit que passe le député de la majorité Aimé Hydevert Mouagni dans les services de renseignements. Il y est pour répondre aux questions au sujet d’une vidéo qu’il a publié sur les réseaux sociaux. Dans celle-ci, le parlementaire aurait dénigré les services de sécurité du pays.

Selon RFI, Aimé Hydevert Mouagni ne serait pas encore formellement inculpé mais il reste retenu dans les locaux de la Centrale d’intelligence et de la documentation (Cid), l’ex- Direction générale de la surveillance du territoire (DGST).

RFI précise que Aimé Hydevert Mouagni, a déjà été interrogé à deux reprises pour « flagrance », sans autres précisions. Son domicile a été perquisitionné par les services de police et dans la semaine, il sera présenté au procureur de la République.

Le média poursuit en disant que dans un échange téléphonique authentifié par les services de police sur les réseaux sociaux, on entend Aimé Hydevert Mouagni critiquer vertement la gestion du pays, notamment les détournements des fonds publics, le non-paiement des émoluments dus aux parlementaires. Il y pointe du doigt également l’insécurité dans les grandes villes du pays, indexant clairement le ministre de l’Intérieur et les services de sécurité : d’après lui, ces derniers ne sont pas en mesure d’éradiquer cette insécurité.

La majorité présidentielle critique l’action du gouvernement

Les leaders de partis politiques proches du président Denis Sassou Nguesso dénoncent le manque d’action dans la lutte contre la corruption et l’absence des solutions aux problèmes de la population.

C’est la première fois au Congo, en 22 ans de pouvoir depuis la fin de la guerre de 1997, que la majorité présidentielle critique le gouvernement. Les membres de ce regroupement des partis politiques proche du parti au pouvoir, ne se sont pas limités à la critique, ils ont aussi proposé des solutions.

Le parti présidentiel, prône « une réflexion collective, critique, rigoureuse et sans tabou qui donne à la fin des vraies réponses aux vrais sujets de préoccupation de nos compatriotes », c’est ce que pense Pierre Ngolo, le secrétaire général du PCT.

« Devant les interrogations, le doute et les inquiétudes des citoyens sur leur quotidien, nous devrons penser, bien penser et agir efficacement pour autant qu’il nous incombe de redonner espoir et confiance aux Congolais. A tout notre peuple, nous demandons de vaincre le scepticisme ».

La critique de la majorité présidentielle a touché tous les domaines. En ce qui concerne la corruption, ce mot est revenu à plusieurs reprises au cours de la rencontre de ces leaders politiques et tous étaient unanimes qu’il fallait faire quelque chose pour mettre fin à ce fléau.

Extrait du communiqué final des assisses de la majorité présidentielle : « La corruption, la concussion, la fraude et autres crimes économiques occasionnent des enrichissements sans cause et ruinent l’économie nationale. La corruption constitue un véritable fait de société qui gangrène dangereusement la vie des populations. Elle est principalement due à la faiblesse dans la gouvernance, l’impunité. Il faut appliquer la loi sur la déclaration du patrimoine en vue de renforcer la lutte contre les détournements des deniers publics ; rendre opérationnels tous les organes de contrôle et de lutte contre la corruption et tous les actes inciviques, particulièrement la Haute cour de justice et la Haute autorité de lutte contre la corruption. Traduire en justice les auteurs d’actes d’anti-valeurs et de faire aboutir les procédures y relatives, quel que soit le statut des personnes incriminées ».