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La BCE prête à sortir l’arsenal monétaire face au coronavirus

Seule grande banque centrale à n'avoir pas encore réagi à l'épidémie de coronavirus, la Banque centrale européenne devrait sortir jeudi…

Seule grande banque centrale à n’avoir pas encore réagi à l’épidémie de coronavirus, la Banque centrale européenne devrait sortir jeudi un nouvel arsenal monétaire face à cette menace aussi inédite que difficile à évaluer.

« Chacun espère que la banque centrale ramènera le calme », alors que la panique des marchés a atteint des niveaux rappelant la crise financière de 2008-2009, souligne Bruno Cavalier, économiste chez Oddo Seydler.

En perturbant la vie quotidienne et l’économie avant de se muer « en choc financier majeur », aux conséquences imprévisibles, cette épidémie constitue « le premier vrai test pour Christine Lagarde », aux manettes de la depuis novembre, observe M. Cavalier.

D’autant que la Réserve fédérale américaine a baissé ses taux de 0,5 point dès le 3 mars, sans attendre sa réunion mi-mars ni une quelconque action coordonnée. Et qu’elle a été imitée mercredi par la Banque d’Angleterre.

Si les banquiers centraux avaient répondu de concert à la crise des « subprime », à l’été 2008, cette fois chacun a agi « dans son coin » et mis les autres « sous pression, voire en difficulté », estime Eric Dor, directeur de recherche à l’Institut d’économie scientifique et de gestion (IESEG).

– Prêts aux PME –

Ainsi, la Fed n’a guère apaisé les marchés et a de surcroît renchéri l’euro face au dollar. Cela complique la tâche de la BCE: un euro fort nuit à la compétitivité de la zone euro et réduit les pressions inflationnistes. Or l’institut est depuis 2013 en-dessous de son objectif, soit une inflation tendant vers 2%.

Personne ne doute donc que la BCE délivre jeudi son ordonnance anti-coronavirus, malgré des marges de manœuvre réduites puisque son principal taux, permettant aux banques de se refinancer, est déjà à zéro depuis 2016.

Dans un communiqué laconique la semaine dernière, l’institution a promis des mesures « appropriées », et surtout « ciblées », face à l’épidémie.

Jeudi, elle pourrait donc innover avec un programme de prêts bancaires ciblant les PME en difficulté, pour aider les entreprises perturbées par l’épidémie à boucler leurs fins de mois, indique à l’AFP une source proche de la BCE.

Côté taux, l’institut pourrait descendre à -0,60%, contre -0,50% jusque-là, celui appliqué aux liquidités que les banques laissent à la banque centrale au lieu de les prêter aux ménages et aux entreprises.

Destinée à stimuler l’offre de crédits, cette politique de taux bas vaut déjà à la BCE de vives critiques, en particulier en Allemagne, où on l’accuse de spolier les épargnants.

Autre piste: augmenter le rythme des rachats de dette sur le marché, réactivés depuis novembre 2019 à raison de 20 milliards d’euros par mois, « aussi longtemps que nécessaire ».

– Aux Etats d’agir –

Mais pour que la politique monétaire ne soit pas seule à la manœuvre, Mme Lagarde a interpellé mardi les chefs de gouvernement européens en faisant « référence à (la crise financière de) 2008 » lors d’une conférence téléphonique, a indiqué à l’AFP une source européenne.

Elle souhaitait mettre les décideurs devant leurs responsabilités, quand bien même les effets du virus sur l’économie restent « très difficiles à prévoir », a ajouté Mme Lagarde, selon la même source.

L’Allemagne, déjà critiquée par la BCE pour sa réticence à recourir à la dépense publique, a cette fois promis de faire « ce qui est nécessaire », a indiqué mercredi la chancelière, Angela Merkel, quitte à revenir sur son dogme du zéro déficit.

Pays européen le plus touché par l’épidémie du Covid-19, alors même qu’elle est déjà fragilisée par son énorme dette publique, l’Italie a débloqué mercredi une enveloppe d’aides de 25 milliards d’euros.

Enfin, l’UE a fait miroiter mardi un « fonds d’investissement en réponse » à l’épidémie allant jusqu’à 25 milliards d’euros. Le lendemain, elle précisait cependant qu’il s’agirait d’enveloppes déjà existantes.

Quant aux mesures attendues jeudi de la BCE, elles peuvent au moins « contribuer à stopper la déroute des marchés », souligne Florian Hense, économiste chez Berenberg. Un enjeu crucial pour maintenir un bon niveau de « liquidité » et éviter d’asphyxier un peu plus les entreprises.

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