Pointe-Noire : plaidoyer sur la protection de l’enfant

C’était à l’occasion de la commémoration de la journée de l’enfant africain célébrée le 16 juin au Centre culturel Jean- Baptiste-Tati-Loutard.

Le Réseau des intervenants sur le phénomène des enfants en rupture ( Reiper), a fait un plaidoyer concernant les textes d’application de la loi n°4-2010 du 14 Juin 2010 portant protection de l’enfant en République du Congo. C’était à Pointe-Noire, à l’occasion de la commémoration de la journée de l’enfant africain qui s’est célébrée le 16 juin dernier.

Cette célébration à Pointe-Noire a été une initiative conjointe du Reiper et des directions départementales des Affaires sociales ; de l’Action humanitaire ; des Sports ; de la Jeunesse et de l’éducation civique.  Il s’est agi d’attirer l’opinion nationale à œuvrer en faveur du respect des droits de l’enfant en accélérant la signature des textes d’application.

A cet effet, Raphael Ellul, directeur du Samusocial et point focal du Reiper à Pointe-Noire, a présenté la situation des droits de l’enfant au Congo. Selon lui, deux raisons expliquent l’urgence de signer ces textes, notamment l’examen de la situation du pays en matière des droits de l’homme (droits de l’enfant y compris), le 14 novembre 2018 à Genève (Suisse) appelé examen périodique universel (EPU). Cet instrument des Nations unies examine la situation des droits de l’homme des nations membres tous les quatre ans et demi. Ledit examen est suivi des recommandations que le pays audité doit mettre en pratique en vue d’améliorer la situation des droits de l’homme. Les recommandations faites au Congo en 2014 et 2009, en matière des droits de l’enfant, sont pour la plupart restées lettres mortes.

De ce point de vue, signer les textes d’application en vue de donner un caractère plus contraignant à la loi n°4-2010 du 14 juin 2010 portant protection de l’enfant en République du Congo serait pour le Reiper, les autorités et la communauté internationale, un véritable pas vers la mise en place d’un Etat engagé à respecter les droits de l’enfant, a-t-il martelé. « C’est, d’ailleurs, l’occasion de montrer au niveau mondial que le Congo n’est pas en marge des textes sur la protection des droits des enfants », a-t-il encouragé.

Le deuxième fait est celui lié au phénomène des jeunes délinquants dits « bébés noirs », qui sévissent à Brazzaville et Pointe-Noire en organisant des vols en bandes armées. L’Etat est appelé à prendre « soin des enfants laissés pour compte, et agir fermement face à ces jeunes », a-t-il renchéri.

Pour corroborer les propos de Raphael Ellul, Jessica Mamoni Goma, substitut du procureur de la République, procureur près du tribunal pour enfants et représentante du président du tribunal, a souligné que la mise en place des textes d’application permettra au tribunal de faire des jugements rapides. « Notre premier objectif, c’est de protéger les droits de l’enfant et la loi Potignon nous aide beaucoup dans la protection desdits droits, l’application de cette loi permet aux magistrats d’aller à la condamnation d’actes parfois compliqués… » , a-t-elle dit, avant d’exhorter les enfants à dénoncer les violences dont ils sont victimes pour  permettre au tribunal de les aider.

Prenant la parole, à son tour, la directrice départementale des Affaires sociales, Marie Thérèse Loemba, a remercié le préfet pour son engagement et sa détermination à la réalisation de cette journée et toutes les parties prenantes de leur soutien indéfectible à l’égard des enfants.

De leur côté, les enfants, par l’entremise de leur représentante, ont aussi lancé leur SOS. « Les enfants que je représente vous remercient du soutien que vous nous témoignez par votre présence. Je vous prie de vous engager davantage dans la promotion et le respect de nos droits. Nous vous invitons de passer aux discours pratiques pour qu’aucun enfant ne soit laissé pour compte. Vous avez toujours dit l’enfant, c’est l’avenir. Aidez-nous en accélérant les signatures des textes d’application de nos droits », a-t-elle dit avant de remettre la requête au préfet qui a pris acte de la transmettre aux autorités compétentes.

Il sied de noter que les enfants, encadreurs et autorités ont pris part un peu plus tôt à une marche de solidarité dont le point départ a été la préfecture de Pointe-Noire et le point de chute le Centre culturel Jean-Baptiste-TatièLoutard.

Parmi les partenaires ayant contribué à la réussite de cet événement, on peut citer la société Chevron. La remise officielle et symbolique du chèque de soutien a été faite séance tenante par le directeur de cette société au point focal du Reiper.

Le projet Adapaev à la rescousse de la vulnérabilité des enfants

Lancé le 15 juin dernier à Brazzaville, c’est une initiative du Réseau des intervenants sur le phénomène des enfants en rupture (Reiper).

Le projet « Appui au développement des actions de prévention et d’assistance aux enfants vulnérables (Adapaev) », a été lancé à Brazzaville le 15 juin 2018. C’est un co-financement de l’Union européenne (UE) et la fondation Apprentis d’Auteuil à hauteur de 348 462 euros.

Adapaev a plusieurs objectifs notamment, permettre aux familles vulnérables de faire face à la pauvreté et subvenir aux besoins de leurs enfants ; participer à l’émancipation économique des familles les plus vulnérables et plus particulièrement des femmes qui élèvent seules leurs enfants. Le projet qui a déjà été mis en œuvre à Brazzaville et à Pointe noire est une initiative du Réseau des intervenants sur le phénomène des enfants en rupture (Reiper). Plus de quarante-cinq familles vulnérables et leurs enfants sont concernés par ce projet.

Parmi les personnalités présentes à cet événement, y était compté le chef de coopération à la délégation de l’UE, Tom Ashwanden. Il a tenu à rappeler ce jour, que le lancement du projet Adapaev coïncide avec la célébration de la Journée de l’enfant africain, qui met cette année un accent sur le droit à la participation des adolescents afin qu’ils soient vus et entendus.

Il a fait un état des lieux de la situation socioéconomique critique dont est victime le Congo actuellement.  Pour lui, la chute du prix du baril a accentué et mis en lumière les lacunes du gouvernement dans la gestion des finances publiques. « Cela a diminué considérablement les recettes de l’Etat et a amoindri ses capacités d’assurer la lourde responsabilité qui est la sienne : veiller sur les plus vulnérables. Déjà vulnérables en temps normal, les enfants en rupture vivent aujourd’hui cette crise encore plus fragilisée », a constaté Tom Ashwanden

Tom Ashwanden a tenu tout aussi à préciser que l’UE a choisi d’appuyer ce programme parce qu’elle prône l’universalité des droits de l’homme et des femmes.

Notons que la cérémonie de lancement a été présidé par le directeur de cabinet de la ministre des Affaires sociales, de l’action humanitaire et de la solidarité, Christian Aboké-Ndza. Qui lui a indiqué que la famille était la première cellule de protection de l’enfant, il est de son ressort de veille au développement et au bien-être de celui-ci. Il continue en soulignant que chaque parent a l’obligation d’assurer l’éducation, la scolarisation, la nutrition et la santé de ses enfants. Il a salué le projet Adapaev qui apporte un soutien aux familles par la formation professionnelle et les activités génératrices de revenus, afin qu’elles puissent prendre soins de leurs enfants et de mieux répondre à leurs besoins.

« Nous restons donc persuadés que ce projet intègre bien les objectifs de la politique nationale d’action sociale. Il contribuera au maintien de la cohésion familiale, à la valorisation du rôle éducatif de la famille et au respect de la responsabilité parentale afin d’assurer l’épanouissement de tous les membres de la famille, en particulier les enfants », espère Christian Aboké-Ndza.