Accumulant cinquante mois de pensions impayées, les retraités affiliés à la Caisse de retraite des fonctionnaires (CRF) ont sollicité, le 7 novembre à Brazzaville, l’intervention du président du Sénat, Pierre Ngolo, afin d’obtenir le versement d’au moins trois mois d’arriérés.
Réunis au sein de la Fédération des associations des retraités (FAR), de l’Union pour la défense des intérêts des retraités (UDIR) et de la Coordination nationale des associations des retraités (CNAR) de la CRF, une quinzaine de représentants syndicaux ont présenté au président de la chambre haute leurs principales revendications. Celles-ci portent notamment sur le paiement partiel des cinquante mois de pensions impayées, la valorisation des pensions au point d’indice 300, la révision des situations administratives et l’ouverture d’un dialogue direct avec le Premier ministre et les ministres concernés.
« Si nous partons de 2016 jusqu’à 2021, cela fait 45 mois d’impayés, auxquels s’ajoutent deux mois en 2024 et trois en 2025, soit un total de 50 mois. Le président du Sénat nous a invités à la voie pacifique, mais encore faut-il que le gouvernement nous écoute. En 2024 et 2025, nous en sommes déjà à cinq mois sans pension : quel Congolais peut faire cinq mois sans manger ? » a dénoncé Eugène Bakoula, président de l’UDIR/CRF.
Les retraités espèrent que le budget de l’État pour l’exercice 2026 inclura un chapitre spécifique intitulé « Paiement de pensions », afin de garantir la régularité des versements.
« Sous le ministre Andely, il existait une ligne budgétaire appelée “complément retraite”, supprimée dans les budgets 2024 et 2025. Nous demandons sa reconduction pendant l’examen du budget », a plaidé Eugène Bakoula.
Initialement déterminés à organiser un sit-in le 17 novembre prochain, les retraités semblent désormais opter pour le dialogue après leur échange avec le président du Sénat.
L’appel à la sérénité du président du Sénat
Pierre Ngolo, président du Sénat, a promis de saisir la commission Économie et Finances du Sénat pour examiner la possibilité de rattraper certaines irrégularités dans le cadre du budget actuellement en discussion. Il a néanmoins rappelé la situation économique difficile du pays et invité les retraités à préserver la paix sociale.
« Votre situation est particulière, car vous êtes des personnes d’un certain âge, fragiles. Nous devons vous accorder une attention spéciale. Mais restons sereins : si les sages allument le feu, que feront les jeunes ? » a-t-il déclaré, appelant à la discipline et à la responsabilité collective.
Pour rappel, ce n’est pas la première fois que les retraités interpellent le Sénat. En novembre 2021, ils avaient déjà dénoncé l’insuffisance des crédits inscrits au budget 2022 pour le paiement des pensions – 49,8 milliards FCFA au lieu des 133 milliards nécessaires. Cette action avait porté ses fruits, les douze mois de pensions de 2022 ayant été régulièrement payés.
