Le Mali suspend l’exportation du bétail vers les pays de la CEDEAO

Le président de la filière bétail viande du Mali, l’honorable Aboubacar Ba, a annoncé dans une décision parvenue dimanche à APA, la suspension de l’exportation du bétail malien vers les pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest ( CEDEAO) en réaction à l’embargo de cette institution sur le Mali.« A tous les présidents des unions régionales de la filière bétail viande du Mali, le président de la filière bétail viande, l’honorable Aboubacar Ba  vous engage à prendre toutes les dispositions pour empêcher tout chargement, tout convoyage du bétail en direction des pays de la CEDEAO», ordonne la décision. 

Poursuivant, M. Ba a indiqué que les responsables des marchés à bétail de Fassou, Kayes, Kati, Fana, Nara, Niamana, Bougouni, Niena, Koury, Zegoua, Koutiala, Boussin, Yolo, Fatinè, Niono, Ségou,  Konombougou, Kona, Fatoma, Djenné et Sofara prendront toutes les dispositions pour empêcher tous les commerçants de bétails ressortissants des pays membres de la CEDEAO de venir s’approvisionner sur leur marché. 

« Il est aussi demandé aux services techniques des ministères de l’élevage et du commerce de ne délivrer aucun certificat d’exportation de bétail jusqu’à la levée de l’embargo sur notre pays », a conclu la décision. 

Jeudi dernier, les  chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO réunis en sommet extraordinaire par visioconférence, ont demandé le rétablissement du président Ibrahim Boubacar Kéïta (IBK), renversé par des militaires putschistes. 

« Nous décidons de la fermeture de toutes les frontières terrestres, aériennes ainsi que l’arrêt des flux et transactions économiques, commerciales, financières entre les pays membres de la CEDEAO et le Mali, à l’exception des denrées de première nécessité, l’électricité et le carburant et demandons à tous les partenaires de faire de même», a également fait savoir à l’issue de ce conclave, Mahamadou Issoufou, le président du Niger et président en exercice de cette institution. 

Mali : Assimi Goïta, l’artisan d’une nouvelle ère

Jusque-là inconnu du grand public, le chef de la junte militaire qui vient de prendre le pouvoir au Mali espère remettre sur les rails un pays en mauvaise posture.Le colonel Assimi Goïta, à 37 ans seulement, porte sur ses épaules les espoirs d’une population meurtrie par une crise sécuritaire et sociopolitique. 

Le président du Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP), la junte militaire qui a destitué le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), veut être du bon côté de l’Histoire en menant le Mali vers une transition politique sans heurts.

Aux premières heures de la chute d’IBK, Assimi Goïta est apparu en retrait à la télévision publique aux côtés de quatre autres colonels : Modibo Koné, Malick Diaw, Sadio Camara et Ismaël Wagué, le porte-parole du CNSP. Le nouvel homme fort de Bamako a déclaré que les putschistes n’ont pas « le droit à l’erreur ».

Au nom du père

Assimi Goïta est le fils d’un officier de l’armée de terre malienne. Très tôt, il montre des prédispositions devant l’amener à marcher sur les traces de son père. 

Pour réaliser son rêve d’enfant, il intègre en 1992 le Prytanée militaire de Kati, à une quinzaine de kilomètres de la capitale Bamako. Après cette formation initiatique, Goïta fait cap sur l’École militaire interarmes de Koulikoro où il se spécialise dans les armes blindées et la cavalerie. 

Issu de la promotion Mamadou Coulibaly, cet enfant de troupe se distingue par sa rigueur, sa ténacité et son aptitude dans le commandement. Des points forts qui lui vaudront plusieurs opérations au nord et au centre du Mali. 

Un CV fourni 

Au début des années 2000, Assimi Goïta est affecté au 134e Escadron de reconnaissance de Gao. En 2005, il rejoint le 123e Escadron de reconnaissance de Kidal et obtient la même année le diplôme de l’École d’application du Train. 

Ses qualités de meneur d’hommes le propulsent au rang d’adjoint du chef d’escadron. Un poste qu’il occupe jusqu’en 2008. Cette année-là, Assimi Goïta décroche son diplôme du Cours de Capitaine en Allemagne. 

Ce combattant dans l’âme poursuit sa marche vers les sommets en devenant par la suite le commandant du Groupement tactique N°3. Sa mission : traquer les groupes armés terroristes et les narcotrafiquants qui dictent leur loi à la lisière de l’Algérie voisine. 

De 2011 à 2013, Goïta dirige la 2e Compagnie de soutien puis le 37e régiment de transport. Au terme de plusieurs missions à Gao, Kidal, Menaka, Tessalit ou encore Tombouctou, il décide de servir dans les Forces spéciales avec en bandoulière le brevet de l’Enseignement militaire supérieur N°1.

En 2015, il s’envole pour le Gabon où il se perfectionne à l’École d’État-major. De retour au Mali, il est nommé Officier d’État-major au Centre opérationnel interarmes de l’État-major général des Armées puis Chef de division opération de l’État-major de l’Armée de terre.

Plus tard, il participe au Cours d’opérations spéciales de lutte contre le terrorisme à Garmich (Allemagne) et à celui de Floride (États-Unis). Aguerri au combat, le colonel Goïta est promu, en novembre 2015, Coordinateur des opérations spéciales du ministère de la Défense auprès du ministère de la sécurité suite à l’attaque terroriste de l’hôtel Radisson Blu de Bamako. 

Entre 2016 et 2017, il commande l’unité opérationnelle du Bataillon autonome des Forces spéciales déployées à Sofara. Et depuis juillet 2018, il assure le commandement du Bataillon autonome des forces spéciales et des Centres d’aguerrissement. Cette unité d’élite collabore souvent avec les forces américaines, notamment dans le cadre des exercices Flintlock.

Marié et père de trois enfants, Assimi Goïta a maintes fois été décoré : croix de la valeur militaire, médaille de mérite militaire, médaille commémorative de campagne, médaille de la Défense française avec échelon Or et médaille des Nations Unies au Darfour. 

Vent favorable 

Pour l’heure, le Mouvement du 5juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP), qui réclamait la chute de l’ancien chef de l’État depuis plusieurs semaines, accorde sa confiance à Goïta pour le rétablissement de l’ordre constitutionnel avec comme point d’orgue l’organisation d’élections générales. 

Le M5-RFP, composé d’opposants politiques, d’activistes de la société civile et de religieux, prévoit de fêter vendredi « la victoire du peuple malien », mais veillera sans nul doute au respect du pacte scellé avec la junte militaire. 

Mercredi dernier, le président du CNSP a rencontré de hauts fonctionnaires maliens au siège du ministère de la Défense afin de « les assurer de (son) soutien par rapport à la continuité des services de l’État ».

Il en faudra plus pour rassurer la communauté internationale qui a unanimement condamné le putsch. Selon des sources militaires, Assimi Goïta est le principal instigateur du coup d’État. Ce dernier assure n’avoir aucune ambition dans le champ politique.

Mali : les putschistes appellent à une transition du pouvoir

Les militaires qui ont pris le pouvoir au Mali et forcé le président Ibrahima Boubacar Keïta à la démission, promettent d’organiser dans un « délai raisonnable » des élections générales.Près de quatre heures après la déclaration du président déchu, des hommes en uniforme sont apparus à leur tour tard dans la nuit de mardi à mercredi à la télévision publique ORTM pour s’adresser aux Maliens et à la communauté internationale.

« Nous, forces patriotiques regroupées au sein du Comité national pour le salut du peuple (CNSP), avons décidé de prendre nos responsabilités devant le peuple et devant l’histoire d’assurer la continuité de l’État et des services publics », a déclaré le colonel-major Ismaël Wagué, présenté comme le porte-parole des militaires mutinés.

Au terme d’une folle journée du 18 août débutée par une minuterie au camp de Kati, à 15 km au nord de Bamako, des militaires ont procédé à des arrestations de plusieurs autorités dont le chef de l’Etat et des membres de son gouvernement, avant de prendre le pouvoir. Tout cela s’est passé sans effusion de sang et avec l’acclamation d’une partie du peuple, qui demandait depuis plusieurs mois le départ du président IBK.

Entouré de quatre autres frères d’armes, le colonel Wagué précise : « Nous ne tenons pas au pouvoir, mais nous tenons à la stabilité du pays, qui nous permettra d’organiser dans des délais raisonnables des élections générales pour permettre au Mali de se doter d’institutions fortes ».

Dans cette perspective, « la société civile et les mouvements socio-politiques sont invités à nous rejoindre pour ensemble créer les meilleures conditions d’une transition politique civile conduisant à des élections générales crédibles pour l’exercice démocratique à travers une feuille de route qui jettera les bases d’un Mali nouveau ».

Par ailleurs, les militaires putschistes demandent aux organisations internationales et sous-régionales de les « accompagner pour le bien-être du Mali ».

« La Minusma, la force +Barkhane+, le G5 Sahel, la force Takuba demeurent nos partenaires pour la stabilité et la restauration de la sécurité », a souligné l’officier, assurant que « tous les accords passés » seront respectés. Il affirme que les militaires sont « attachés au processus d’Alger », l’accord de paix signé en 2015 entre Bamako et les groupes armés du nord du pays, parce que « rien ne doit entraver l’unité malienne ».

Toutefois la Cedeao avait plus tôt communiqué dans la nuit pour condamner l’action des « militaires putschistes » tout comme l’Union africaine (UA), les Nations unies (ONU) ainsi que plusieurs autres organisations et grandes puissances.

D’ores et déjà, la Cedeao leur « dénie catégoriquement toute forme de légitimité (…) et exige le rétablissement immédiat de l’ordre constitutionnel », ainsi que « la libération immédiate » du président malien et « de tous les officiels arrêtés ». Elle « suspend » également le Mali de tous ses organes de décision « avec effet immédiat » et lui ferme ses frontières.

Cette dernière décision a été reprise par le CNSP à compter de ce mercredi 19 août 2020 « jusqu’à nouvel ordre. Un couvre-feu est (également) instauré de 21 heures à 5 heures du matin jusqu’à nouvel ordre ».

L’objectif affiché des militaires mutins est de remettre leur pays sur les rails de la stabilité : « Le Mali sombre de jour en jour dans le chaos, l’anarchie et l’insécurité par la faute des hommes chargés de sa destinée », déplore le colonel Wagué.

« Le Mali est un vaste pays riche de par sa diversité culturelle, riche de son sous-sol, riche de ses hommes, riche de sa faune et de sa flore, mais dont l’existence en tant que pays, nation, est menacée dans tous ses fondements ».

Le colonel-major a dénoncé le « clientélisme politique » et « la gestion familiale des affaires de l’Etat », ainsi que la « gabegie, le vol et l’arbitraire », une justice « en déphasage avec les citoyens », une « éducation nationale qui patauge » ou encore des massacres de villageois, le « terrorisme et l’extrémisme ».

Ces maux ont pour lui « fini de tuer toute opportunité de développement dans le peu qui reste encore de ce beau pays ».

Crise malienne : « C’était prévisible sauf pour IBK » (analyste)

Le chercheur malien, Bréma Ely Dicko, explique pourquoi l’arrestation par l’armée du président Ibrahim Boubacar Keïta n’est pas une surprise.Qui sont les militaires ayant arrêté le président Ibrahim Boubacar Keïta et le Premier ministre Boubou Cissé ? Et quelles sont leurs motivations ?

Ce sont des officiers de l’armée, de la gendarmerie et de la garde nationale malienne qui ont effectué ce coup de force. Leur acte trouve sa première raison dans le contexte social et politique favorable avec les manifestations organisées par le Mouvement du 5 juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP), un regroupement d’opposants politiques, de la société civile et de figures religieuses comme le célèbre Imam Mahmoud Dicko. Depuis le 5 juin dernier, ce mouvement organise régulièrement des manifestations de rue réclamant le départ du chef de l’Etat. L’intervention de ces militaires pour arrêter le président, son Premier ministre et plusieurs dignitaires du régime peut aussi avoir un lien avec le limogeage lundi, par le président Ibrahim Boubacar Keïta, de son deuxième aide de camp. Ce dernier est un officier habitant au camp militaire de Kati, dans la banlieue de Bamako d’où les mutins sont partis ce mardi pour arrêter le chef de l’Etat et ses collaborateurs. L’étincelle d’où tout est parti est une tentative d’arrestation dans le camp de Kati de l’aide de camp démis de ses fonctions. Mais ses proches se sont opposés. Par la suite, il y a eu des tirs de sommation et ces militaires ont saisi cette occasion pour descendre sur la capitale et en découdre avec le pouvoir.

Un tel évènement était-il prévisible ?

C’était un scénario que tout le monde craignait depuis quelques temps, sauf peut-être le président IBK et son entourage. Ils pensaient que le mouvement populaire réclamant le départ du locataire de Koulouba allait s’essouffler avec le temps ou qu’un compromis politique était encore possible, même si cela devait se faire avec quelques-uns seulement des animateurs de la contestation qui accepteraient une entrée dans un gouvernement d’union nationale.

Cet aveuglement du camp présidentiel n’avait pourtant aucune raison objective. Le climat général qui règne dans le pays devait le pousser à la prudence. L’échec de la médiation initiée par la Cedeao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) et confiée à l’ancien président du Nigeria Goodluck Jonathan, aurait dû servir de signal. Le mécontentement maintes fois exprimé par les familles de militaires engagés sur le terrain contre les groupes jihadistes et qui subissent régulièrement des attaques meurtrières aurait dû pousser IBK et son entourage à être plus souples avec leurs adversaires et se méfier d’un éventuel coup de force d’une partie au moins de l’armée.

Quelles sont les conséquences éventuelles de cette intervention militaire sur la situation politique dans le pays ?

Aux premières heures du mouvement de ces militaires vers la capitale, leur action a été condamnée par la France, les Etats-Unis et la Cedeao. S’ils ne trouvent pas rapidement un accord avec le président IBK, on peut s’attendre à des sanctions politiques et économiques contre le Mali. Un pays pauvre, aux ressources limitées et confronté depuis bientôt dix ans à divers groupes jihadistes. L’hypothèse est à prendre très au sérieux, surtout que le Mali se trouve dans une région où plusieurs pays sont menacés par l’instabilité en raison de crises impliquant les chefs d’Etat. En Guinée et en Côte d’Ivoire voisines, la volonté des présidents actuels de briguer un troisième mandat crée une situation dangereuse. Dans ces pays, des militaires pourraient s’inspirer de leurs frères d’armes maliens et prendre le pouvoir par la force.

Les militaires maliens n’ont pas le choix. Ils doivent engager au plus vite un dialogue avec la majorité présidentielle et les dirigeants de la contestation qui souhaitaient la chute d’IBK. Le but de ce dialogue est d’aboutir à une solution de sortie de crise qui doit déboucher sur une sorte de gouvernement chargé de réformer le pays. Car le problème majeur du Mali sous règne d’IBK est avant tout un problème de gouvernance.

Mali : Ibrahim Boubacar Keïta jette l’éponge

Le président de la République du Mali a annoncé, dans la nuit du mardi au mercredi, sa démission quelques heures seulement après son arrestation par des mutins du camp militaire de Kati.Il est minuit. L’Office de Radiodiffusion Télévision du Mali (ORTM, public) interrompt abruptement ses programmes pour une édition spéciale. Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) s’adresse à ses concitoyens.

Epuisé par l’enchaînement des évènements, le président de la République s’est finalement fait une raison : « Je voudrais, tout en remerciant le peuple malien de son accompagnement durant ses longues années et de la chaleur de son affection, vous dire ma décision de quitter mes fonctions ».

Dans cette déclaration enregistrée à Kati, une localité située à quinze kilomètres de la capitale Bamako, le chef de l’Etat affirme s’être soumis à la volonté d’une frange de la population car « (il) ne souhaite qu’aucun sang ne soit versé pour (son) maintien aux affaires ».

L’ancien locataire de Koulouba, le palais présidentiel, tourne la page non sans regrets puisque pendant sept ans, il a eu « le bonheur d’essayer de redresser ce pays ». Avec lucidité, Ibrahim Boubacar Keïta reconnaît que « chaque moment (a sa propre) vérité » d’où sa décision de quitter le pouvoir.

De facto, l’Assemblée nationale et le gouvernement restreint récemment mis en place sont dissouts. « Ai-je rééllement le choix  » ? C’est la question que s’est posée IBK après l’intervention de frondeurs de l’armée qui ont indubitablement précipité sa chute et celle de son régime.

Malgré tout, il jure n’éprouver « aucune haine vis-à-vis de personne » car, dit-il, « mon amour pour mon pays ne me le permet pas ». En outre, le président malien a promis que son compagnonage « avec les forces armées ne va jamais cesser ». Concluant son propos, Ibrahim Boubacar Keïta regrette que « les semaines de turbulence » aient coûté la vie à des Maliens.

Mali : le président IBK sous le contrôle de mutins

Le président Ibrahim Boubacar Keïta et son Premier ministre, Boubou Cissé ont été arrêtés par des militaires ce mardi à Bamako avant d’être conduits au camp Soundiata Keïta de Kati.C’est un coup de théâtre au Mali. Tout porte à croire que l’on assiste à une mutinerie. Tôt ce matin, des coups de feu ont retenti au camp militaire de Kati où se trouve une garnison.

Les frondeurs, composés entre autres, d’officiers se sont ensuite dirigés vers Bamako, distante de 15 kilomètres, pour procéder à l’arrestation de hauts gradés de l’Armée nationale ainsi que des ministres.

Dans la mi-journée, de nombreux jeunes conduisant des motos ont pris d’assaut la Place de l’indépendance pour manifester leur soutien aux militaires.

Depuis quelques mois, ce lieu accueille les rassemblements du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) qui réclame avec insistance la démission du chef de l’Etat. Des vidéos d’une colonne de militaires applaudis par des Maliens visiblement satisfaits circulent sur les réseaux sociaux.

L’un des deux canaux de l’Office de Radiodiffusion Télévision du Mali (ORTM) a momentanément cessé d’émettre et les agents ont été priés de rentrer chez eux. La chaîne publique a récemment été la cible de manifestants agités qui ont incendié des véhicules dans la cour de l’ORTM.

Pour l’heure, les mutins n’ont pas officiellement exprimé les réelles motivations de leurs actes. Sur son compte Twitter, Moussa Faki Mahamat, le président de la Commission de l’Union Africaine (UA) a condamné « énergiquement l’arrestation du président Ibrahim Boubacar Keïta, du Premier ministre et d’autres membres du gouvernement malien et appelle à leur libération immédiate ».

Le président français Emmanuel Macron dit suivre « attentivement la situation et condamne la tentative de mutinerie en cours ».

A la tête du Mali depuis 2013, Ibrahim Boubacar Keïta a vu son crédit s’effriter au fil des mois. Malgré ses appels incessants au dialogue et la médiation entreprise par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao), ses pourfendeurs ne relâchent pas la pression.

Mali : la Cedeao appelle à la fin de la mutinerie

La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) engagée depuis le début comme médiatrice dans la crise sociopolitique au Mali, n’est pas restée insensible à la mutinerie en cours dans ce pays.Dans un communiqué publié ce mardi après-midi sur son site internet, elle appelle les militaires mutins « à regagner sans délai leurs casernes ».

Dans un contexte sociopolitique « déjà très complexe », des tirs ont été entendus cette matinée du 18 août au camp militaire de Kati, situé à 15 km au nord de la capitale Bamako.

« Des pick-up en provenance de Bamako, lourdement armés, ont pénétré dans le camp Soundiata-Keïta et les hommes à bord ont tiré en l’air. Il y a eu riposte de militaires présents, qui ont cru à une attaque », a affirmé à Jeune Afrique un officier malien, sous couvert d’anonymat. Les échanges de tirs ont ensuite cessé.

Selon rfi.fr, l’accès du camp proche de Koulouba, le Palais présidentiel malien, est impossible puisque la route est bloquée par les militaires.

Cette fronde d’une partie de l’armée malienne serait dirigée par des officiers qui n’expliquent toujours pas les raisons de leur mécontentement et leurs intentions.

L’arrestation de plusieurs personnalités du gouvernement peine encore à être confirmée là où les autorités ne se sont pas encore officiellement exprimées. Si la piste du coup d’Etat militaire est fortement avancée, d’autres sources bottent en touche et précisent que le malaise serait lié à une histoire de primes.

Pour le moment, la situation dans la capitale est « très tendue », selon Maciré Diop, journaliste malien contacté par APA. Selon lui, aucune victime n’est déplorée pour le moment même si l’atmosphère « peut dégénérer à tout moment ».

Toutefois, la Cedeao dit suivre « avec une grande préoccupation les développements en cours au Mali » et rappelle « sa ferme opposition à tout changement politique anticonstitutionnel ».

« En tout état de cause, elle condamne vigoureusement la tentative en cours et prendra toutes les mesures et actions nécessaires à la restauration de l’ordre constitutionnel ».

La Cedeao demande également « à toutes les parties prenantes maliennes de privilégier le dialogue pour résoudre la crise que traverse le pays ».

Embourbée dans une crise sécuritaire sur fond de terrorisme, le Mali vit en même temps une tension sociopolitique depuis trois mois. Sous la conduite du Mouvement du 5 juin du célèbre imam Mahmoud Dicko et du Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP), des manifestations sont régulièrement organisées pour réclamer la démission du président Ibrahim Boubacar Keïta.

La médiation de la Cedeao avant celle de chefs d’Etat de cette région, avait abouti à la formation d’un gouvernement restreint de six ministres autour du Premier ministre Boubou Cissé. Il avait pour principale mission de négocier la formation d’un gouvernement d’union nationale.

Mali: des coups de feu entendus dans un camp militaire (médias)

Des tirs d’armes ont retenti, mardi matin, au camp militaire de Kati, situé à une quinzaine de kilomètres de Bamako, la capitale du Mali, rapportent plusieurs médias.Selon rfi.fr, l’accès du camp proche de Koulouba, le Palais présidentiel malien est impossible puisque la route est bloquée.

Ce qui a poussé certaines ambassades, comme celles de la France et de la Norvège, à conseiller à leurs ressortissants de rester chez eux « en raison d’une agitation possible dans la ville de Bamako ».

Depuis trois mois, le Mali est confronté à une grave crise sociopolitique consécutive à l’annonce des résultats des élections législatives. La Cour constitutionnelle a été accusée d’avoir aidé le parti au pouvoir à remporter des sièges au parlement.

Le Mouvement du 5 juin- Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) exige toujours la démission du président Ibrahim Boubacar Keïta malgré la médiation de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).

Crise malienne : l’intransigeance du M5-RFP

Des milliers de personnes ont manifesté sous la pluie mardi à la Place de l’indépendance de Bamako pour la démission du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK).Le Mouvement du 5 juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) campe sur ses positions. Après avoir observé une trêve d’une vingtaine de jours, ce collectif hétéroclite est à nouveau en ordre de marche.

La mission de médiation à Bamako de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao), celle de cinq chefs d’Etat de cet espace communautaire puis le sommet extraordinaire de l’organisation régionale en visioconférence n’ont pas changé la donne.

Le M5-RFP a recémment rejeté le plan de sortie de crise proposé par la Cedeao. Cette dernière estime que la démission d’IBK est « une ligne rouge ». Dans leurs recommandations, les présidents ouest-africains ont entre autres invité tous les acteurs de la crise sociopolitique à participer à la formation d’un gouvernement d’union nationale.

Jusque-là, le M5-RFP est sourd à cet appel. Pendant ce temps, Ibrahim Boubacar Keïta a commencé à mettre en œuvre le plan de sortie de crise avec notamment l’installation hier lundi de la nouvelle Cour Constitutionnelle.

Le chef de la mission de médiation de la Cedeao, Goodluck Jonathan, a assisté à la cérémonie de prestation de serment des membres de cette haute juridiction. L’ancien président du Nigeria est revenu dans la capitale malienne pour essayer d’arracher le compris tant attendu : « Toute la communauté internationale sait qu’il y a des difficultés au Mali. Nous tentons d’aider (ce) peuple à les résoudre ».

Mali : le président IBK attend beaucoup du gouvernement

Le chef de l’État malien, Ibrahim Boubacar Keïta compte énormément sur le gouvernement dirigé par Boubou Cissé pour pacifier le pays.Le locataire du palais Koulouba a décliné ses attentes à travers une lettre de mission publiée ce vendredi. Dans cette missive, Ibrahim Boubacar Keïta déclare avoir reconduit, le 11 juin dernier, Boubou Cissé au poste de Premier ministre en raison de ses « compétences techniques avérées », de sa « loyauté » et de son « sens élevé de l’État et de l’éthique ».

Comme l’ont préconisé la Mission de médiation de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) et les cinq chefs d’État de cette organisation régionale qui se sont rendus le 23 juillet à Bamako, le président de la République est convaincu qu’« un gouvernement d’union nationale, en ce temps d’épreuves, constituerait une solide garantie ».

À l’en croire, il sera « la vitrine du Mali rassemblé, réuni et remobilisé pour le seul combat qui vaille : celui pour la sécurité et l’intégrité du territoire, celui pour le bien-être du peuple, celui enfin pour un avenir serein pour l’écrasante majorité de la population, à savoir la jeunesse, dont vous savez combien elle m’est chère ».

Le 27 juillet 2020, dans la foulée d’un sommet extraordinaire de la Cedeao tenu par visioconférence, un gouvernement restreint de six ministres a été formé. Cette équipe a une lourde tâche : construire les fondations d’un futur gouvernement d’union nationale.

À cet effet, le président IBK assigne cinq missions principales à « ce gouvernement (qui) ne connaîtra aucun répit ».

Premièrement, il doit « travailler au retour de la normalité, de la concorde et de la paix sociale et créer les conditions propices à la formation d’un gouvernement d’union nationale ». Deuxièmement, le gouvernement de Boubou Cissé doit « diligenter une enquête minutieuse et crédible sur les pertes en vies humaines ainsi que les atteintes aux biens publics et privés tant à Bamako les 10, 11 et 12 juillet que précédemment lors des manifestations qui ont eu lieu à Kayes et Sikasso notamment ».

Troisièmement, le chef de l’État malien souhaite que soit accélérée « l’opérationnalisation des mécanismes de suivi de la mise en œuvre des recommandations du Dialogue National Inclusif ». Quatrièmement, il conseille d’« étudier les voies et moyens de la mise en place d’un fonds d’indemnisation des victimes desdites manifestations ou de leurs ayant droit ».

Cinquièmement, Ibrahim Boubacar Keïta veut que ces hommes en qui il a confiance mobilisent « toutes les énergies et les ressources requises pour l’application immédiate et complète de l’article 39 (de la loi N°2018-007 du 16 janvier 2018 portant statut des enseignants), en dépit (de son) coût financier particulièrement important ».

En plus de cela, le gouvernement provisoire devra se pencher sur « (les) contingences de la saison agricole et les complexités de la pandémie du coronavirus ». Partant de là, le président du Mali exhorte ses ministres à libérer « tous les crédits nécessaires pour une bonne campagne agricole », et à maintenir voire intensifier « la lutte contre la pandémie, car notre seul salut réside dans la prévention ».

Pour accomplir cette mission ardue, IBK invite les membres du gouvernement à « rester humble, (à) garder (leurs)portes ouvertes et (leurs) mains tendues ».

Depuis le mois de juin, un vent de révolte souffle au Mali avec l’organisation de manifestations pour réclamer la démission du président de la République qui n’entend pas céder. Ce dernier explique les malheureux évènements par «

(des) incompréhensions et (des) malentendus », non sans dire à ses concitoyens : « Nous n’avons pas le choix, nous sommes appelés à rester ensemble. Notre destin est solidaire ».

Toutefois, met en garde le chef de l’État, la loi et l’ordre doivent prévaloir. Par conséquent, dit-il, il est impossible de transiger là-dessus parce que ce sont là les prescriptions et les préalables de l’État de droit que nous ambitionnons de construire.

Echanges transfrontaliers d’électricité: la Banque mondiale octroie 167,55 milliards Fcfa à six pays ouest-africains dont la Côte d’Ivoire

Le Conseil des administrateurs de la Banque mondiale a approuvé mercredi l’octroi d’une enveloppe de crédits et de dons d’un montant total de 167,55 milliards Fcfa de l’Association internationale de développement (IDA) à six pays Ouest-africains dont la Côte d’Ivoire afin de soutenir des réformes visant des échanges transfrontaliers d’électricité en Afrique de l’Ouest.Ce soutien de la Banque mondiale d’une valeur de 300 millions de dollars (167,55 milliards Fcfa) vise à aider le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Libéria, le Mali et la Sierra Leone à mettre en œuvre les réformes sectorielles nécessaires pour créer avec succès un marché régional de l’électricité, indique un communiqué transmis à APA. 

Il s’agit d’un Programme de financement à l’appui des politiques de développement pour le commerce régional de l’énergie en Afrique de l’Ouest qui a pour objectif de lever les obstacles aux échanges d’électricité, avec à la clé des tarifs plus bas pour les consommateurs, une compétitivité accrue pour les entreprises et un approvisionnement plus résilient et fiable. 

Ce programme devrait permettre l’accès des populations à l’l’électricité à un coût abordable. Seulement 50 % de la population en Afrique de l’Ouest a accès à l’électricité, qui plus est à un coût parmi les plus élevés du monde, et notamment deux fois supérieur au prix observé globalement en Afrique de l’Est. 

En outre, en raison des dysfonctionnements des réseaux, les services d’électricité sont loin d’être fiables, avec des coupures qui atteignent en moyenne 44 heures par mois. Cela freine le développement dans plusieurs régions de ces pays. 

Les pays membres de la Commission économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) collaborent depuis une dizaine d’années à la mise en place d’un marché de l’électricité totalement intégré, dans le cadre du système d’échanges d’énergie électrique ouest-africain. 

Ils auront achevé, d’ici quelques années, les principales interconnexions qui permettront de relier leurs réseaux. Le programme approuvé aujourd’hui vient appuyer l’application d’un programme de réformes qui permettra aux pays concernés de mettre en œuvre des politiques qui faciliteront des échanges transfrontaliers d’électricité produite à partir de gaz naturel, d’énergie hydraulique et renouvelable, plus propre et à bas coût. 

Ces sources d’approvisionnement permettront de remplacer les petites centrales au fioul et les générateurs à diesel, plus coûteux, et d’améliorer l’efficacité des services d’électricité. 

« L’Afrique de l’Ouest possède un immense potentiel dans la production d’énergie propre et verte, dont les pays peuvent tirer parti, en s’unissant, pour fournir à leurs habitants une électricité meilleur marché et favoriser la création d’emplois », a déclaré  Ousmane Diagana, vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et centrale.  

Ce programme régional de réforme de l’énergie s’articule autour de trois axes. Le premier axe a pour objectif de renforcer la confiance dans la bonne application des accords commerciaux en appuyant la sécurisation des paiements des échanges d’énergie. Le deuxième axe, lui, soutient la mise en œuvre de décisions d’investissement au coût le plus bas, privilégiant des solutions régionales et promouvant la concurrence. 

Quant au troisième axe, il vise à renforcer la transparence en traitant la question de la solvabilité des compagnies d’électricité nationales et en garantissant l’information du marché sur les grandes décisions d’investissement qui ont une incidence sur l’offre et la demande. 

« Ce programme jouera un rôle fondamental pour la réalisation de notre objectif de marché régional de l’énergie, et je tiens à remercier la Banque mondiale pour son soutien, a affirmé Jean-Claude Kassi Brou, président de la Commission de la CEDEAO. 

Le système d’échanges d’énergie électrique ouest-africain devrait continuer à progresser et s’attacher, grâce à ce soutien, et aider ses pays membres à collaborer et coordonner les réformes nécessaires pour développer le commerce régional de l’électricité et avoir ainsi accès à un approvisionnement plus abordable et plus fiable.

 L’optimisation des ressources énergétiques de la région permettra de mettre en place des systèmes électriques efficaces et résilients qui permettront à leur tour de rendre nos économies plus productives et inclusives. La CEDEAO continuera à être un partenaire solide en vue de la réalisation de cet objectif».

Par ailleurs,  ce Programme de financement à l’appui des politiques de développement pour le commerce régional de l’énergie en Afrique de l’Ouest est le premier financement de ce type à recourir au guichet régional de l’IDA. 

Ce dispositif permet à la Banque mondiale de soutenir des réformes qui visent à atteindre un objectif commun à plusieurs pays de manière coordonnée. Il s’inscrit dans la directive de la CEDEAO sur la sécurisation des échanges transfrontaliers d’énergie électrique, adoptée en décembre 2018 dans le but de créer un marché régional de l’électricité. 

Les retombées économiques de ce marché sont évaluées à 665 millions de dollars par an pour l’ensemble des pays concernés, avec une réduction d’un tiers du coût moyen de la production d’électricité dans la région, conclut le communiqué.  

Crise malienne : retour à la case départ

Le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) rejette ce mardi le plan de sortie de crise proposé la veille par la Cedeao.L’impasse politique persiste au Mali. Pour l’opposition qui conteste le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), l’application des six mesures issues du sommet extraordinaire de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) ne permettra pas de sortir de la crise politique dans laquelle le pays est entré ces derniers mois. 

Celles-ci se résument à la démission des 31 députés dont l’élection est contestée, à la recomposition de la Cour constitutionnelle, à la participation à un gouvernement d’union nationale de l’opposition, en particulier le M5-RFP (collectif d’opposants, de religieux et d’activistes de la société civile qui réclament le départ du chef de l’État), à la mise sur pied d’une Commission d’enquête pour situer les responsabilités après les violences ayant marqué les manifestations du 10, 11 et 12 juillet 2020 qui ont causé des décès et des blessés ainsi que la destruction de biens publics et privés, à la création d’un Comité de suivi de toutes les mesures et à la mise en place d’un régime de sanctions contre ceux qui poseront des actes contraires au processus de normalisation de la crise sociopolitique.

Dans un communiqué publié aujourd’hui, le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) affirme que « les décisions du sommet des chefs d’État de la Cedeao reposent sur des approximations très improbables ».

Le mouvement contestataire considère que les présidents ouest-africains, à l’instar de la mission de médiation conduite la semaine passée par l’ex-président du Nigeria, Goodluck Jonathan, « continuent de ramener la crise sociopolitique au Mali à un simple contentieux électoral du deuxième tour du scrutin législatif ».

Car, selon le M5-RFP, les conclusions du sommet des chefs d’État ne tiennent pas compte de la profondeur et de la gravité de la crise sociopolitique qui hypothèque l’avenir du Mali, ne correspondent aucunement aux attentes et aspirations du peuple malien et surtout violent les lois et la Constitution du Mali.

Le collectif opposé au président IBK fait remarquer que « des insinuations tentent de diluer les revendications populaires républicaines en brandissant l’épouvantail terroriste-islamiste et divertir le peuple malien qui a, depuis des siècles, opté pour la tolérance religieuse, l’islam choisi et la laïcité ». 

Accusant le chef de l’État malien d’avoir tenu ses propos durant la rencontre virtuelle avec ses homologues ouest-africains, le M5-RFP en déduit qu’ils relèvent « d’une tentative désespérée de noyer sa propre incapacité à juguler une lancinante crise multidimensionnelle qu’il a lui-même fortement aggravée ».

Leader des contestataires, l’imam Mahmoud Dicko et les autres chefs du mouvement réaffirment « leur détermination à mener (ce) combat pour sauver le Mali menacé de disparition en tant qu’État, Nation, Démocratie et République laïque, exigent plus que jamais la démission d’Ibrahim Boubacar Keïta et de son régime qui portent l’entière responsabilité de cette sinistre perspective pour notre pays ».

Enfin, le M5-RFP réitère son exigence d’actions judiciaires y compris devant la Cour Pénale Internationale (CPI) contre les auteurs, commanditaires et complices des tueries et exactions commises contre les manifestants par les Forces spéciales antiterroristes (Forsat), tant à Sikasso qu’à Bamako, dans les rues, domiciles et lieux de culte, et demande de libération de Soumaïla Cissé, chef de file de l’opposition enlevé en pleine campagne électorale par des groupes présumés jihadistes. 

Dans la foulée du sommet extraordinaire de la Cedeao, le président IBK a signé hier soir un décret de nomination de six ministres. Il s’agit du Général de Division Ibrahima Dahirou Dembélé, ministre de la Défense et des Anciens combattants, de Boubacar Alpha Bah, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, du Général de Division M’Bemba Moussa Keïta, ministre de la Sécurité et de la Protection civile, de Kassoum Tapo, ministre de la Justice et des droits de l’Homme, de Tiébilé Dramé, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, et d’Abdoulaye Daffé, ministre de l’Économie et des Finances.

Mali : formation d’un gouvernement restreint

Le chef de l’État malien, Ibrahim Boubacar Keïta, a signé ce lundi soir le décret de nomination de six ministres.Conformément aux recommandations du sommet extraordinaire de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) tenu aujourd’hui par visioconférence, le président IBK a nommé six ministres qui vont s’occuper des affaires courantes du pays en attendant la mise en place d’un gouvernement d’union nationale.

Le Général de Division, Ibrahima Dahirou Dembélé occupe le poste de ministre de la Défense et des Anciens combattants. Le département de l’Administration territoriale et de la Décentralisation a été confié à Boubacar Alpha Bah. Le Général de Division, M’Bemba Moussa Keïta aura en charge la Sécurité et la Protection civile.

Kassoum Tapo est le ministre de la Justice et des droits de l’Homme tandis que Tiébilé Dramé gère les Affaires étrangères et la Coopération internationale. Enfin, Abdoulaye Daffé est aux commandes du ministère de l’Économie et des Finances.

Cette nouvelle équipe, dirigée par le Premier ministre Boubou Cissé, a pour principale mission de négocier la formation d’un gouvernement d’union nationale, précise la Présidence de la République du Mali.

Mali : la Cedeao propose un plan de sortie de crise

Le sommet extraordinaire de la Cedeao a abouti à un plan de sortie de crise devant être mis en oeuvre au plus tard le 31 juillet prochain.Le temps presse. Quatre jours seulement après la mission de médiation à Bamako de cinq chefs d’État de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), les présidents de l’espace communautaire ouest-africain se sont réunis en visioconférence ce lundi 27 juillet pour échanger sur la situation sociopolitique au Mali.

Au terme de cette rencontre virtuelle, les présidents de la Cedeao ont convenu de l’application de six mesures pour définitivement tourner la page de cette crise qui secoue le Mali depuis quelques mois.

Dans l’immédiat, il s’agit de la démission des 31 députés dont l’élection est contestée y compris le président de l’Assemblée nationale. À cet effet, la Cedeao recommande que la majorité présidentielle mette tout en œuvre pour obtenir cette démission qui ouvrira la voie à des élections partielles.

Mais en attendant la fin de ce processus, le parlement pourra fonctionner avec les 116 députés restants.

La Cour constitutionnelle, récemment dissoute par le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), devra être rapidement recomposée conformément aux dispositions de la Constitution malienne. Concrètement, le parlement va proposer ses représentants après la démission des 31 membres dont l’élection est contestée.

Toutefois, en cas de difficulté de nomination des membres de la Cour Constitutionnelle par les différentes instances, le sommet extraordinaire de la Cedeao prône l’utilisation, par le Chef de l’État malien, de l’article 50 de la Constitution pour nommer les 9 membres.

Les présidents de l’Afrique de l’Ouest plaident aussi pour « la mise en place rapide d’un gouvernement d’union nationale avec la participation de l’opposition et de la société civile ».

Pour que le nouvel attelage gouvernemental réponde aux aspirations de tous les Maliens, la Cedeao encourage « l’opposition, particulièrement le M5-RFP, à participer à ce gouvernement d’union nationale en vue de contribuer au règlement des problèmes de gouvernance qui affectent le Mali et ce dans un esprit de patriotisme ».

En priorité, il incombe à ce nouveau gouvernement d’exécuter toutes les réformes, recommandations et décisions issues du Dialogue National Inclusif et de traiter les questions de gouvernance. Pour l’organisation régionale, la mise en œuvre de l’accord de paix, signé en 2015 entre le gouvernement et les groupes armés issus de la rébellion qui a éclaté dans le nord du pays en 2012, connu sous le nom de « l’accord d’Alger », devra être accélérée.

La Cedeao accepte, pour la gestion des affaires courantes, que certains membres du gouvernement d’union nationale soient nommés avant la formation de celui-ci. Ce sont les ministères en charge de la Défense, de la Justice, des Affaires étrangères, de la Sécurité intérieure et des Finances.

Visant la démission du président IBK, le Mouvement du 5 juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) a tenu des rassemblements dans la capitale malienne. Les 10, 11 et 12 juillet 2020, des violences ont causé des décès et des blessés ainsi que la destruction de biens publics et privés. Expressément, suggèrent les présidents ouest-africains, une commission d’enquête doit voir le jour afin de situer les responsabilités.

Pour s’assurer du respect de ce plan de sortie de crise, la Cedeao souhaite que soit créé un Comité de suivi de toutes les mesures. Au sein de cette structure, devront siéger des représentants du gouvernement, du parlement, de la société civile, de la magistrature, du M5-RFP, des femmes et des jeunes, avec la participation de l’Union Africaine (UA) et des Nations Unies, sous la présidence de la Cedeao.

Enfin, la Cedeao espérerant que ces différentes propositions rencontrent l’agrément des parties prenantes, compte appliquer « un régime de sanctions contre ceux qui poseront des actes contraires au processus de normalisation de cette crise ».

Dans son discours de clôture, Mahamadou Issoufou, chef de l’État nigérien et président en exercice de la Cedeao, a soutenu qu’en tout état de cause, « la Cedeao sera toujours présente aux côtés du Mali, acteur important des dynamiques communautaires en cours pour l’approfondissement de l’intégration de notre sous-région ouest africaine ».

Les présidents Macky Sall (Sénégal), Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire), Mahamadou Issoufou (Niger), Nana Akufo-Addo (Ghana) et Muhammadu Buhari (Nigeria) s’étaient rendus jeudi dernier à Bamako pour trouver une issue à la crise sociopolitique. Ce jour-là, leur médiation avait échoué malgré les longs entretiens avec les protagonistes.

Mali : les chefs d’Etat de la CEDEAO recommandent la mise en place d’un gouvernement d’union

Les chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) ont tenu lundi par visioconférence un sommet extraordinaire à l’issue duquel ils ont recommandé la mise en place d’un gouvernement d’union nationale au Mali avec la participation de l’opposition et de la société civile.L’information a été donnée par Mahamadou Issoufou, le président nigérien, par ailleurs président en exercice de cette institution qui rapportait le communiqué final de cette rencontre extraordinaire sur la situation sociopolitique au Mali.

 Plusieurs autres recommandations ont été faites par les chefs d’État à cette occasion. Il s’agit entre autres, de la mise en place d’une commission d’enquête pour situer les responsabilités dans les violences qui ont entrainé des décès, des blessés et des dégâts dans ce pays les 10,11 et 12 juillet derniers.

La recomposition de la Cour constitutionnelle, la démission immédiate des 31 députés dont l’élection est contestée et la mise en place d’un régime de sanction contre ceux qui poseront des actes contraires au règlement de cette crise politique, figurent également sur la liste des recommandations.

Poursuivant, le président nigérien  a dit l’engagement des chefs d’État de la CEDEAO à promouvoir la paix et la stabilité au Mali.

« La CEDEAO sera toujours présente aux côtés du Mali», a assuré M. Issoufou précisant que les décisions de ce sommet devraient être mises en oeuvre au plus tard le 31 juillet prochain.

Le Mali est confronté depuis plusieurs mois à une violente crise politique où les adversaires du  pouvoir réclament de plus en plus la démission du président Ibrahim Boubacar Kéïta dit IBK.

Crise malienne: «le sort d’une partie de l’Afrique de l’Ouest se joue» (analyste)

Ibrahim Maïga, chercheur à l’Institut d’études de sécurité (ISS), décrypte la situation sociopolitique au Mali après la tentative de médiation de cinq chefs d’État ouest-africains.Pourquoi cette visite ?

L’objectif principal était d’aboutir à une issue consensuelle de sortie de crise pour éviter au Mali le scénario d’un vide constitutionnel avec des conséquences dramatiques pour toute l’Afrique de l’Ouest. Mais il faut rappeler que cette visite de cinq présidents ouest-africains (la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Niger, le Nigeria et le Sénégal) s’inscrivait dans le prolongement de la mission menée une semaine plus tôt par l’ancien président nigérian, Goodluck Jonathan, qui n’avait pas permis de trouver une solution à la crise politique qui secoue le Mali depuis le 5 juin 2020. Celle-ci avait formulé un certain nombre de recommandations dont la recomposition de la Cour constitutionnelle, la résolution du litige concernant les 31 sièges contestés à l’Assemblée nationale et la répartition du pouvoir à travers la formation d’un gouvernement d’union nationale sur la base de pourcentages établis. Ces propositions ont été rejetées par le M5-RFP, qui les juge contraires à la Constitution malienne et reproche à l’organisation sous-régionale un parti pris en faveur du président Ibrahim Boubacar Keïta. Néanmoins, étant donné la tension palpable dans le pays et au regard de l’échec des multiples tentatives internes de médiation, l’intervention de la Cedeao apparait comme nécessaire. Et bien qu’un consensus entre les différents protagonistes n’ait pas encore été trouvé, les missions successives ont permis de contribuer à faire baisser la tension dans la capitale malienne.

Que faut-il attendre du sommet extraordinaire ?

Les chefs d’État qui ont fait le déplacement à Bamako, jeudi dernier, ont insisté à de nombreuses reprises sur ce qu’ils considèrent comme étant la ligne rouge : la démission du président Keïta. En dehors de ce point, tout semble discutable dans le cadre des négociations entre la Cedeao et le M5-RFP. Les évènements qui ont eu lieu le week-end du 10 juillet et les pertes en vies humaines (11 morts selon un bilan officiel) ont radicalisé le mouvement de contestation. Il sera donc extrêmement difficile de tourner la page sans faire la lumière sur les circonstances dans lesquelles ces individus ont perdu la vie et sans situer les responsabilités. Cependant, la situation n’est pas totalement irréversible. Les prochains jours risquent d’être décisifs pour obtenir des concessions importantes. La Cedeao pourrait par exemple obtenir du président Keïta la démission de son Premier ministre et la nomination d’un nouveau aux pouvoirs élargis en accord avec le M5-RFP. Il faut aussi que la recherche de solutions prenne en compte le besoin d’amélioration du quotidien des Maliennes et des Maliens, ainsi que la nécessité d’instaurer un nouveau contrat social. La Cedeao peut encore formuler des recommandations qui permettent de poser les bases d’un processus politique fondé sur une feuille de route qui rendrait irréversible la mise en œuvre de profondes et indispensables réformes de gouvernance pour éviter au Mali et à la région un nouvel épisode d’incertitudes.

En cas d’échec, quels sont les risques pour la situation politique actuelle ?

Les évènements de ces dernières semaines à Bamako ont fait perdre de vue la situation extrêmement préoccupante du reste du pays, notamment dans le centre et le nord où les massacres des populations civiles et les attaques contre les forces de défense continuent d’être perpétrés. Tous les voyants semblent être au rouge et une instabilité politique prolongée à Bamako risque d’entrainer le pays dans une situation hors de contrôle. Il faut que les acteurs acceptent de négocier ce tournant qui fera date dans l’histoire du pays peu importe l’issue. Ce n’est pas uniquement le sort du Mali qui se joue mais aussi celui d’une partie de l’Afrique de l’Ouest.

Mali : statu quo dans le règlement de la crise sociopolitique

La médiation des cinq chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) achoppe sur le maintien d’Ibrahima Boubacar Keïta au pouvoir.A l’évidence, le désaccord entre le président malien et le Mouvement du 5 juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) est abyssal. La mission de haut niveau, menée par les présidents Macky Sall (Sénégal), Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire), Mahamadou Issoufou (Niger), Nana Akufo-Addo (Ghana) et Muhammadu Buhari (Nigeria), s’en est rendue compte ce jeudi à Bamako. Car elle n’a pu pousser les différentes parties à trouver un terrain d’entente au terme d’une longue journée de pourparlers.

Malgré cet échec faisant écho à celui de la mission de médiation de la Cedeao conduite par l’ancien président du Nigeria, Goodluck Jonathan, la sous-région n’abandonne pas le Mali à son sort puisqu’elle va tenir,  le 27 juillet prochain, un Sommet extraordinaire par visioconférence.

« J’espère qu’à l’issue de ce sommet des décisions fortes vont être prises par la Cedeao pour apporter une contribution à la mise en place d’une solution de sortie de crise », a déclaré le Nigérien Mahamadou Issoufou, par ailleurs président en exercice de la Cedeao.

Sans fard, il a indiqué que « le départ du président IBK est une ligne rouge pour la Cedeao régie par un protocole sur la démocratie et la bonne gouvernance (qui) prévoit qu’il n’y a pas de changement anticonstitutionnel du pouvoir ».

Si un accord n’a pas été entériné aujourd’hui, c’est parce que le M5-RFP, selon l’influent imam Mahmoud Dicko, a refusé qu’on lui « impose des solutions ». Les farouches membres de cette structure inédite ne veulent pas imaginer l’avenir de leur pays avec Ibrahima Boubacar Keïta à sa tête. 

Fragilisé par la contestation, le chef de l’Etat malien s’est laconiquement félicité, sur le compte Twitter de la Présidence de la République, « de la forte implication de l’organisation sous-régionale et de sa qualitative contribution au règlement de la crise sociopolitique ».

Au cours des dernières années, le leadership d’IBK s’est effrité à cause notamment de la crise sécuritaire dans le nord ou encore de heurts ethniques au centre. Mais les dernières élections législatives, tenues en mars et avril 2020, sont la goutte d’eau ayant fait déborder le vase. La Cour constitutionnelle est accusée par l’opposition d’avoir agi en faveur de 31 députés de la mouvance présidentielle.

Acculé, le président malien s’est résolu à dissoudre cette haute juridiction avant de demander la désignation d’autres membres par les autorités compétentes pour que « la Cour constitutionnelle reconstituée aide à trouver des solutions au contentieux (électoral) ».

Par la suite, la Mission de médiation de la Cedeao dirigée par Goodluck Jonathan a recommandé que « la Présidence de la République et le Conseil Supérieur de la Magistrature nomment chacun trois membres ». Cela permettrait à la Cour Constitutionnelle de réexaminer les résultats des élections législatives. 

Après la résolution du contentieux électoral, I’Assemblée nationale pourra, sur une base consensuelle, nommer ses trois membres pour compléter la formation de la nouvelle Cour Constitutionnelle.

La Cedeao avait également proposé la mise sur pied d’un gouvernement d’union nationale avec 50 % des membres provenant de la coalition au pouvoir, 30 % de l’opposition et 20 % de la société civile.

Tout compte fait, le chemin pour y arriver risque d’être long à moins que les différentes parties accordent enfin leurs violons.

Crise malienne : mission de la dernière chance

Le peuple malien retient son souffle en attendant les résultats de la mission de haut niveau de cinq chefs d’État de la Cedeao.Ce jeudi 23 juillet fera date dans l’histoire politique du Mali. Durant cette journée où un soldat français de l’opération Barkhane a été tué dans des combats contre un groupe jihadiste, cinq présidents ouest-africains sont venus à Bamako pour essayer de faciliter un compromis entre le président Ibrahima Boubacar Keïta (IBK) et des constestaires réclamant sa démission. Il s’agit des présidents Macky Sall (Sénégal), Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire), Mahamadou Issoufou (Niger), Nana Akufo-Addo (Ghana) et Muhammadu Buhari (Nigeria).

Leur arrivée en terre malienne intervient quelques jours après l’échec de la médiation de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) conduite par l’ex-président nigérian Goodluck Jonathan. Le président IBK et son Premier ministre Boubou Cissé ont accueilli leurs hôtes à l’aéroport Modibo Keïta de Bamako -Senou. Ces derniers ont aussitôt démarré un marathon au terme duquel ils voudraient obtenir un accord de sortie de crise.

Les cinq chefs d’État de la Cedeao se sont entretenus avec leur homolgue malien au palais Koulouba lors d’un déjeuner de travail. Ils ont également rencontré des membres du Mouvement du 5 juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) dans un hôtel de la capitale. Ce collectif hétérogène a organisé, ces dernières semaines, d’importantes manifestations pour renverser le régime d’IBK.

Président en exercice de la Cedeao, Mahamadou Issoufou a déclaré que « l’ennemi principal du Mali, et de manière générale des peuples du Sahel, c’est la pauvreté et le terrorisme ». Le chef d’État nigérien a souhaité que des solutions soient trouvées afin de « permettre au Mali de continuer son combat pour le développement économique et social ».

Le Sénégalais Macky Sall, dont le pays est frontalier avec le Mali, a souligné que c’est une « nécessité » pour les pays de l’Afrique de l’ouest d’être aux côtés du Mali en facilant la discussion entre toutes les parties concernées par le différend politique pour aboutir à « la paix ».

Un communiqué final, sanctionnant les négociations, sera lu par le président du Niger, Mahamadou Issoufou en fin de soirée.

Crise malienne: arrivée à Bamako du président ivoirien Alassane Ouattara

Le président ivoirien Alassane Ouattara est arrivé, jeudi fin de matinée à Bamako où il tentera avec plusieurs de ses pairs de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) de trouver une solution à la crise malienne.A sa descente d’avion dans la capitale malienne, le président ivoirien a été accueilli par son homologue malien, Ibrahim Boubacar Kéïta dit IBK.

Selon la présidence ivoirienne, le chef de l’Etat Alassane Ouattara prendra part, aux côtés de plusieurs de ses pairs, à une mission des Chefs d’Etat de la CEDEAO conduite par le Président en exercice de cette organisation, Mahamadou Issoufou, en vue de la résolution de la crise au Mali.

Depuis quelques semaines, le Mali est confronté à une grave crise politique qui oppose le président Ibrahim Boubacar Keïta et ses opposants. Ces derniers réclament son départ immédiat.

La délégation présidentielle, composée notamment de l’Ivoirien Alassane Ouattara, du Nigérien Mahamadou Issoufou, du Ghanéen Nana Akufo-Addo et du Sénégalais Macky Sall, se déplace au Mali suite à l’échec d’une première tentative de médiation de la CEDEAO dirigée par l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan, qui a achevé dimanche une visite débutée le mercredi 15 juillet dernier.

M. Ouattara regagnera Abidjan en fin de journée, ajoute la même source.

Crise malienne: trois chefs d’État en médiateurs après l’échec de la Cedeao

Plusieurs chefs d’État ouest-africains se rendent jeudi à Bamako pour tenter de trouver une issue à la crise sociopolitique qui secoue le Mali.En exclusivité, APA a appris qu’une délégation de chefs d’État membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) se déplace jeudi à Bamako pour chercher une solution à la grave crise politique qui oppose le président Ibrahim Boubacar Keïta et ses opposants. Ces derniers réclament son départ immédiat.

La délégation présidentielle, composée notamment de l’Ivoirien Alassane Ouattara, du Nigérien Mahamadou Issoufou et du Sénégalais Macky Sall, se déplace au Mali suite à l’échec d’une première tentative de médiation de la Cedeao dirigée par l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan, qui a achevé dimanche une visite débutée mercredi dernier.

« Nous avons rencontré le M5-RFP quatre fois et nous n’avons pu rapprocher nos divergences », a reconnu Goodluck Jonathan lors d’une conférence de presse.

Le chef de l’État malien est acculé depuis plus d’un mois par le Mouvement du 5 Juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) qui exige sa démission. Ce collectif, dirigé par l’influent imam Mahmoud Dicko, regroupe des chefs religieux et des personnalités du monde politique et de la société civile.

À l’issue de ses nombreuses consultations, la médiation ouest-africaine a émis une série de propositions pour l’essentiel identiques à celles rejetées la veille par le mouvement.

Les médiateurs ont demandé la nomination, « de toute urgence, d’un gouvernement d’union nationale, sur la base du consensus » avec 50 % des membres issus de la coalition au pouvoir, 30 % de l’opposition et 20 % de la société civile.

Les émissaires de la Cedeao ont recommandé également la nomination, via un mécanisme complexe, d’une nouvelle Cour constitutionnelle chargée d’examiner en priorité le litige sur les résultats des élections législatives de mars-avril 2020.

Cependant, le mouvement contestataire estime que les solutions proposées par la Mission de médiation « ne correspondent absolument pas aux aspirations et attentes exprimées par le M5-RFP et portées par l’écrasante majorité du peuple malien ». En réalité, les négociations butent sur le maintien au pouvoir d’Ibrahim Boubacar Keïta prôné par la Cedeao.

Mais la Mission de médiation de l’organisation régionale a souligné, dans sa déclaration finale, qu’« aucune forme de changement non constitutionnel d’accession au pouvoir ne sera acceptée ».

Pour faire céder le régime d’IBK, le M5-RFP a tenu, chaque vendredi, une grande manifestation à la Place de l’Indépendance de Bamako. Celle du 10 juillet a dégénéré en trois jours de troubles. Les pires dans la capitale depuis 2012. Officiellement, les violences ont causé onze morts et fait plus d’une centaine de blessés.

Crise malienne: Ouattara, Issoufou et Sall à Bamako (exclusif)

Des chefs d’État de la Cedeao dont le Sénégalais Macky Sall, l’Ivoirien Alassane Ouattara et le Nigérien Mahamadou Issoufou se rendent, jeudi à Bamako, pour tenter une médiation entre le président Ibrahim Boubacar Keita et la coalition d’opposants qui réclame son départ.

Mali : le M5-RFP donne du fil à retordre à la Cedeao

La Mission de médiation dépêchée par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) n’a pas convaincu le Mouvement du 5 juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP).Le vent de révolte, qui souffle au Mali ces derniers temps, n’est pas prêt de s’arrêter. Et pour cause, le M5-RFP n’a pas favorablement répondu aux propositions de sortie de crise de la Mission de médiation de la Cedeao.

Aux termes d’un communiqué rendu public ce dimanche, les émissaires de cette organisation régionale se félicitent de « I’adhésion de toutes les délégations rencontrées aux mesures proposées à l’exception du Comité stratégique du M5-RFP ».

Ce collectif, composé de membres de la société civile, de religieux et d’opposants politiques, a organisé plusieurs rassemblements à la Place de l’Indépendance de Bamako pour pousser le président Ibrahim Boubacar Keïta à la démission. Ce dernier résiste mais a lâché pied suite aux violences ayant émaillé la dernière manifestation du M5-RFP.

Dans ce contexte, la Mission de médiation de la Cedeao condamne, avec fermeté, « toutes les violences et invite les parties à la retenue. Elle recommande aux autorités de finaliser toutes les enquêtes sur les décès survenus lors des manifestations des 10, 11 et 12 juillet 2020 ».

En outre, plaident les médiateurs, ces enquêtes doivent s’étendre à toutes les violences et destructions de biens publics tels que I’Assemblée nationale, I’Office de la Radio et Télévision du Mali (ORTM) et le Haut Conseil des Collectivités territoriales ainsi que de biens privés afin de situer toutes les responsabilités en vue de sanctions appropriées.

A la recherche d’une solution de sortie de crise, la Mission de médiation de la Cedeao a séjourné, du 15 au 19 juillet 2020, dans la capitale malienne. La délégation conduite par l’ancien chef d’Etat du Nigeria, Goodluck Jonathan a échangé avec le président IBK et son Premier ministre, Boubou Cissé, le ministre de I’Administration territoriale et de la décentralisation, l’imam Mahmoud Dicko, des représentants du Comité stratégique du M5-RFP, la majorité présidentielle et divers représentants de la société civile.

Elle a entre autres discuté avec Pierre Buyoya, le Haut Représentant de la Commission de l’Union Africaine pour le Mali et le Sahel (MISAHEL), Annadif Mahamat Saleh, le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies au Mali et chef de la Minusma, les ambassadeurs de I’Union Européenne, des États-Unis, de la France, de la Russie et de la Chine.

Au sortir de ces rencontres, les envoyés spéciaux de la Cedeao ont constaté que les problèmes de la crise sociopolitique au Mali s’articulent essentiellement autour « des questions de gouvernance ».  

Il s’agit notamment de la reconstitution de la Cour Constitutionnelle après l’abrogation du décret de nomination de ses membres, de la résolution du litige concernant les 31 sièges contestés au parlement et de la formation d’un gouvernement d’union nationale.

A propos de la reconstitution de la Cour constitutionnelle, « la mission recommande, en attendant le règlement des différends sur les élections législatives, que la Présidence de la République et le Conseil Supérieur de la Magistrature nomment chacun trois membres ».

Poursuivant, elle précise que « les nominations, relevant du président de la République, se feront sur une base consensuelle, en associant toutes les parties prenantes, en conformité avec l’article 91 de la Constitution du Mali de 1992 ». 

Aussitôt reconstituée, la Cour Constitutionnelle « devra délibérer et réexaminer les résultats des élections législatives concernant les 31 députés en question », informe le document.

Après la résolution de ce litige, I’Assemblée nationale pourra à son tour, et sur une base consensuelle, nommer ses trois membres pour compléter la formation de la Cour Constitutionnelle.

Par ailleurs, la Mission de médiation a souligné la nécessité de mettre en place, en urgence, un gouvernement d’union nationale sur la base du consensus et tenant compte des recommandations du Dialogue National Inclusif.

Dans sa volonté de décrisper une situation sociale explosive, la Cedeao propose que 50 % des membres du gouvernement proviennent de la coalition au pouvoir, 30 % de l’opposition et 20 % de la société civile.

Poursuivant, l’organisation communautaire fixe le cap du futur gouvernement : « (il) accordera une priorité à I’amélioration de la gouvernance, aux réformes prévues dans les conclusions du Dialogue National Inclusif et à I’accélération de la mise en æuvre de I’accord d’Alger ». 

La Mission de bons offices rappelle également « I’importance et la nécessité du respect des Institutions de la République, notamment les voies constitutionnelles pour I’accession au pouvoir et ce, conformément au Protocole sur la démocratie et la bonne gouvernance de la Cedeao ». A ce sujet, la Cedeao met en garde : « aucune forme de changement non constitutionnel d’accession au pouvoir ne sera acceptée ».

Pour le maintien de la paix et de la sécurité au Mali, l’organisation ouest-africaine « encourage toutes les parties prenantes à recourir au dialogue et aux négociations ». La Cedeao s’entoure néanmoins de précautions puisqu’elle va immédiatement « mettre en place un comité technique pour assurer le suivi de la mise en œuvre des recommandations ». 

Celui-ci sera composé des représentants du gouvernement, du parlement, de la société civile, de la Magistrature, des représentants des femmes et des jeunes et de la représentation de la Cedeao au Mali.

Enfin, la Mission réitère « la solidarité de la Cedeao au gouvernement du Mali et à la famille de Soumaïla Cissé, président de I’Union pour la République et de la Démocratie (URD), chef de file de I’opposition, enlevé depuis le mois de mars 2020. Elle invite le gouvernement malien à intensifier les efforts pour obtenir, sans délai, sa libération ».

Mali : le président IBK dissout la Cour Constitutionnelle

Le chef de l’Etat malien lâche du lest en accédant à l’une des principales revendications du Mouvement du 5 juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP).Pour la seconde fois en une semaine et la quatrième en un mois, le président malien s’est adressé, ce samedi soir, à son peuple. Au lendemain de heurts dans la capitale, Ibrahim Boubacar Keïta qui dit craindre pour la vie des membres restants de la Cour constitutionnelle, a décidé non sans en mesurer la gravité, d’abroger les décrets de (leurs) nominations et d’aller vers la mise en œuvre des recommandations de la mission de la Cedeao ».

Dans un discours d’un peu moins de dix minutes retransmis par l’Office de Radiodiffusion Télévision du Mali (ORTM, public), IBK a expliqué que cette décision « va conduire, dès la semaine prochaine, à demander aux autorités compétentes la désignation de membres pour que rapidement une Cour constitutionnelle reconstituée aide à trouver des solutions aux contentieux issus des élections législatives ».

Le Mouvement du 5 juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP), dont l’une des figures est l’imam Mahmoud Dicko, exerce une pression terrible sur le gouvernement. Ce collectif, rassemblant la société civile, des religieux et des opposants politiques, exige entre autres la dissolution du parlement, la formation d’un gouvernement de transition et le remplacement des neuf membres de la Cour constitutionnelle.

Jusque-là pacifique, le gigantesque rassemblement que tient le M5-RFP à la Place de l’Indépendance de Bamako, a débouché hier vendredi sur des violences entre manifestants et forces de l’ordre.

« Nous avons tous suivi et déploré ce qui s’est passé dans notre pays, en particulier dans la capitale. Des actes de vandalisme à nul autre pareil, le saccage de l’Assemblée nationale, l’occupation de l’ORTM, le pillage des biens d’honnêtes citoyens, des voitures incendiées. Et plus grave, dans des circonstances qui seront élucidées par une enquête, des pertes en vies humaines, des blessés », relate le chef de l’Etat malien.

A en croire Ibrahim Boubacar Keïta, « tout le monde conviendra, que cette fois-ci, les limites du tolérable auront été atteintes et dépassées. Des faits d’une extrême gravité ont été posés. (Ils) méritent un examen et assurément des sanctions judiciaires appropriées ».

Partant de là, il a tenu à rappeler que la démocratie et la cultre de son pays rejettent « l’excès pour lui préférer la tolérance, l’amour, l’écoute et le partage ». Par conséquent, IBK a invité les uns et les autres à « accepter de se parler et se donner la chance de se comprendre ». Parce que le président de la République est convaincu que « le Mali peut encore parler au Mali, que le Mali doit toujours parler au Mali (et) le Mali peut accepter pour le Mali ».

En tout cas, M. Keïta a promis de continuer « le dialogue avec toutes les forces vives de la nation pour la mise en place d’une équipe gouvernementale consensuelle, composée de cadres républicains et patriotes, et non de casseurs et de démolisseurs du pays. Le Mali mérite mieux que ça ». 

Enfin, réagissant aux rumeurs de décès de Soumaïla Cissé, le chef de file de l’opposition malienne, Ibrahim Boubacar Keïta a mis en garde contre « les fausses informations qui circulent sur les réseaux sociaux et ne tiennent même pas compte de ce qu’elles peuvent causer à une famille dans la peine ».

Le président malien se veut clair : « Je veux dire qu’il n’en est rien. Soumaïla (Cissé) est sain et sauf et il sera de retour parmi nous ». Le 25 mars dernier, alors qu’il se rendait à Koumaira, dans la région de Tomboctou (centre), le leader de l’Union pour la République et la Démocratie (URD) a été kidnappé par des hommes armés. Son garde du corps a été tué lors de cette prise d’otages.

Mali : des manifestants s’en prennent à des symboles de l’État

La troisième manifestation du Mouvement du 5 juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) de ce vendredi a conduit au saccage d’édifices publics dans la capitale malienne.Ibrahim Boubacar Keïta a du pain sur la planche. Et pour cause, des milliers de Maliens ont encore battu le pavé pour exiger sa démission.

Contrairement aux deux précédents rassemblements organisés à la Place de l’Indépendance de Bamako, il y a eu aujourd’hui des échauffourées.

Les forces de l’ordre ont fait usage de gaz lacrymogène pour disperser les manifestants. Selon l’Agence France Presse (AFP), il y aurait au moins un mort et une vingtaine de blessés.

L’Assemblée nationale a été vandalisée et la cour de l’Office de Radiodiffusion Télévision du Mali (ORTM) envahie par une foule en furie. La chaîne publique a dû interrompre momentanément ces programmes.

Cette action coordonnée s’inscrit dans le cadre de la mise en oeuvre des « dix commandements de la désobéissance civile ». En clair, il s’agit pour ces citoyens de paralyser le pays pour pousser le président IBK à jeter l’éponge.

Sur Twitter, ce dernier a déploré la tournure des évènements : « C’est le coeur serré que je m’adresse à vous en ce moment pour regretter les scènes de violence et de saccage ainsi que les tentatives d’occupation de nos institutions et services stratégiques ».

Le chef de l’État malien a indiqué, dans ce réseau social, qu’« à ce stade, le bilan et les circonstances exactes des pertes humaines et matérielles reste à établir. Une enquête est diligentée à cette fin ».

Malgré la défiance dont il fait l’objet, Ibrahim Boubacar Keïta joue toujours la carte de l’apaisement en renouvelant « (sa) volonté de poursuivre le dialogue et (en réitérant sa) disposition à prendre toutes les mesures qui sont en (son) pouvoir ».

Outre le départ immédiat d’IBK, le M5-RFP regroupant la société civile, des religieux et des opposants politiques, réclame la dissolution du parlement, la formation d’un gouvernement de transition et le remplacement des neuf membres de la Cour constitutionnelle.

Une police militaire doit accompagner les soldats du G5 Sahel pour éviter les «exécutions sommaires» (Organisation)

L’appui d’une police militaire composée de forces policières «professionnelles et impartiales» est «crucial» pour aider les soldats du G5 Sahel dans leurs opérations de lutte contre le djihadisme et pour éviter la commission des «exécutions sommaires» de civils, indique une note d’information transmise jeudi à APA.Depuis quelques mois, remontent des informations concernant des présumées exécutions extra-judiciaires qui auraient été commises par des soldats du G5 Sahel sur des combattants désarmés, voire des civils.

«(…) Outre la pacification nécessaire de ces zones, on n’insistera jamais assez sur le fait que le maintien de l’ordre n’est pas un métier de soldat. Il est crucial que les forces (du G5 Sahel) soient accompagnées d’une police militaire apte à la fois aux opérations de police et surtout à la surveillance de la légalité des actions entreprises par les militaires qu’ils accompagnent », estime le document, qui donne, en outre, l’exemple des formations prodiguées par la France en ce sens.

«(…) dans cette optique la Gendarmerie Prévôtale française forme en ce moment même une gendarmerie malienne, dans le cadre du Partenariat Militaire Opérationnel (PMO) », ajoute la même source.

Si les exactions des soldats du G5 Sahel doivent être combattues sans relâche et avec implacabilité, poursuit la note, il faut le faire efficacement.

En exploitant les divisions dues aux rivalités ethniques, au banditisme et à une gouvernance judiciaire restée longtemps défaillante, les groupes armés terroristes parviennent à se fondre à une partie des populations locales.

« Dans le cadre des opérations de combat ou de maintien de l’ordre, il peut devenir très difficile de discriminer des cibles civiles ou combattantes d’autant plus que pour des armées sahéliennes insuffisamment formées », explique, par ailleurs le document.

Sahel: «La guerre continue malgré la Covid-19» (CICR)

Le cessez-le-feu mondial lancé après l’apparition de la pandémie de Covid-19 n’a pas permis de taire les armes au Sahel, selon le Comité International de la Croix-Rouge (CICR).« Malgré le cessez-le-feu mondial lancé à la suite de l’apparition de la pandémie de Covid-19, la guerre continue au Sahel. Au cours des derniers mois, les conditions de sécurité et la crise humanitaire se sont fortement dégradées dans la région du Liptako-Gourma, à cheval sur le Burkina Faso, le Mali et le Niger », déclare l’organisation dans un communiqué parvenu mercredi à APA.

Pour le CICR, « le Sahel est le théâtre d’un conflit sans frontières ». Les lignes de front ne cessent de bouger et avec elles des populations en quête de refuge.  En plus du conflit, les effets du changement climatique et de la pandémie du coronavirus continuent de peser davantage sur le quotidien de millions de personnes, ajoute-t-il.

Dans la région, la violence armée, la pénurie alimentaire, l’absence ou la « faible présence des autorités publiques » ainsi que la crise économique ont entraîné le déplacement de « plus d’un million de personnes, alors que d’autres ont fait le choix de rejoindre des groupes armés ».

Par ailleurs, Patrick Youssef, directeur régional pour l’Afrique au CICR, souligne « l’urgence » de répondre à la détresse de la population et de créer un espace propice au développement.

En effet, la réponse sécuritaire « ne peut se suffire à elle-même » dans le Sahel qui est « en proie au manque de solutions politiques pour apaiser les tensions et créer un espace propice au développement de l’humain ».

Ainsi, fait savoir le CICR, l’action humanitaire reste « pour l’instant la seule action concrète » pour pallier les conséquences des mouvements de population. « Nous ne pourrons cependant pas répondre seuls à tous les besoins à court terme comme à long terme », a précisé l’organisation.

En Afrique francophone, les FinTechs ont besoin d’un coup de pouce pour se développer (Etude)

Les entreprises FinTechs en Afrique francophone ont besoin d’un coup de pouce pour booster leur développement et combler leur gap par rapport à leurs paires anglophones, rapporte une étude parvenue ce mardi à APA.« Le marché est mûr pour l’innovation, mais il faudra un effort collectif pour remédier aux lacunes actuelles, qui comprennent les contraintes réglementaires, la faiblesse des systèmes juridiques, le manque de connaissances financières et numériques et l’absence d’antécédents de crédit, pour exploiter le marché potentiel », souligne l’étude. 

Cette dernière qui a porté sur l’activité encore embryonnaire mais néanmoins stratégique des FinTechs (entreprises axées ou fondées sur la technologie, qui utilisent ou fournissent des technologies modernes et innovantes dans le domaine financier) a montré que beaucoup d’entre elles ont du mal à atteindre la maturité en raison du manque de compétences managériales de leurs fondateurs et de leur incapacité à trouver un soutien approprié.

Par ailleurs, ajoute le document, compte tenu de la nature informelle de ces entreprises sur plusieurs marchés, les opérateurs historiques sont peu enclins à nouer des partenariats en raison des risques encourus. Ce qui fait qu’il existe peu ou pas de possibilités de financement à un stade précoce. Celles disponibles étant limitées dans le cadre de concours d’innovation et de subventions accordées par des bailleurs de fonds. 

Ces concours débouchent sur de très bonnes solutions proposées par de jeunes entrepreneurs, mais elles sont souvent incapables d’atteindre le marché faute de financement durable, fait remarquer le document.

A ces divers constats s’ajoute le fait que pour les opérateurs historiques, les FinTechs ne sont pas encore susceptibles de jouer un rôle déterminant dans leurs stratégies commerciales ou de les aider à faire progresser la centralité du client.

Et pour pallier ces difficultés, il est nécessaire, selon les auteurs de l’étude, de procéder à des incitations fiscales, faciliter l’accès équitable pour l’USSD (fonctionnalité pour les services mobiles de type sous forme de codes), renforcer la collaboration et les partenariats entre acteurs existants et FinTechs, et trouver des solutions alternatives à leur financement.

Cette étude menée par le cabinet MicroSave Consulting, en collaboration avec la Fondation Mastercard concernait six pays que sont le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Mali, la RDC, le Sénégal et le Togo.

L’OIF lance un projet de mobilité des enseignants

Pour promouvoir de la langue française et répondre aux besoins de ses Etats et gouvernements membres, l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) lance un projet de mobilité des enseignants dans l’espace francophone, a appris APA dimanche.« Ce projet vise à renforcer les capacités des établissements scolaires d’un pays donné dans le domaine de l’enseignement et de l’apprentissage du français, en palliant un manque ponctuel d’enseignant(e)s qualifié(e)s de et en français au sein de son système éducatif et en renforçant les compétences professionnelles des enseignant(e)s en exercice dans le pays », explique l’OIF dans un communiqué de presse.

Elle précise que tous les enseignants de l’espace francophone peuvent se porter candidat pour une expérience d’une année, renouvelable une fois.

Une première phase pilote a commencé avec le lancement officiel, le 23 juin 2020, d’un appel à candidatures, pour la rentrée scolaire de septembre 2020, de 20 enseignant(e)s volontaires de français pour les écoles primaires et secondaires du Rwanda.

Lors de cette phase pilote, souligne l’OIF, d’autres appels à candidatures suivront pour tous les pays qui auront manifesté leur intérêt. Ce seront ainsi une cinquantaine de professeurs au moins qui seront mobilisés chaque année jusqu’en 2022.

Elle indique que si le français est actuellement une langue d’enseignement et d’apprentissage dans 35 pays membres de la Francophonie, une partie d’entre eux doit faire face à une pénurie d’enseignants qualifiés de et en français.

« Malgré un système éducatif global en crise, plusieurs pays tentent de relever le défi d’une bonne maîtrise de la langue française en mettant en place d’ambitieuses politiques de formations. Dans ce contexte, plusieurs Etats membres ont demandé à l’OIF la mise à disposition d’enseignants du primaire comme du secondaire dans le cadre de son action en faveur de la langue française et de l’éducation », dit le communiqué.

Sommet de Nouakchott : le G5 Sahel s’engage à combattre «avec détermination» le terrorisme

Les pays du G5 Sahel, réunis hier mardi dans la capitale mauritanienne, ont affiché leur ferme volonté de ne pas céder du terrain aux groupes jihadistes opérant dans leur région.C’est l’une des déclarations fortes issues du communiqué final du Sommet de Nouakchott. La Mauritanie, le Tchad, le Niger, le Maliet le Burkina Faso veulent restaurer à tout prix la paix dans le Sahel où sévissent des extrémistes.

« La lutte contre le terrorisme se poursuit avec détermination et une meilleure cohérence d’ensemble », lit-on dans le document.Face à l’expansion de la menace terroriste dans la sous-région, les chefs d’Etat sahéliens ont souligné « l’urgence d’une action collective et énergique en vue de l’éradiquer ». 

Tout en se félicitant de « la dynamique positive enclenchée », ils ont indiqué le besoin d’intensification du combat sur tous les fronts des forces nationales et internationales contre les groupes terroristes et ont appelé à la poursuite de la mise en oeuvre de la Feuille de route de Pau et du Plan d’action de la Force conjointe du G5 Sahel. 

A cet égard, les présidents ont renouvelé leur engagement « à ne tolérer aucune violation des droits de l’Homme, et au respect du droit international humanitaire ». C’est pourquoi, ils se sont engagés à renforcer la judiciarisation des champs des opérations, notamment en poursuivant la montée en puissance de la composante prévôtale des armées nationales et de la Force conjointe, et l’adhésion de l’ensemble des forces de défense et de sécurité au cadre de conformité en matière des Droits de l’Homme.

Pour triompher du jihadisme, le G5 Sahel a plaidé pour « un engagement militaire accru de la Communauté internationale dans la lutte globale contre le terrorisme au Sahel » et exprimé sa reconnaissance à la France, aux Etats-Unis, ainsi qu’à la Minusma pour « l’appui crucial » apporté à la Force conjointe du G5 Sahel.

Dans leurs discussions, les chefs d’Etat ont salué le renouvellement et le renforcement du mandat de la Minusma, les perspectives de déploiement des premiers soldats de la Force Takuba à l’été 2020, d’une brigade de la Grande Bretagne en appui à la Minusma en 2020, et d’un contingent de 3000 hommes de l’Union Africaine (UA). 

La situation sécuritaire au Mali a été au cœur des discussions lors du Sommet de Nouakchott durant lequel les présidents sahéliens ont réitéré « leur soutien à la mise en oeuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger ». 

De plus, ils se sont félicités de « la reprise du processus de Désarmement, Démobilisation et Réintégration (DDR), et du retour des premières unités des Forces armées maliennes reconstituées (Famar) au nord, qui reste cependant à finaliser à Kidal ». 

Ces dernières semaines, une vague contestataire exige la démission du président Ibrahim Boubacar Keïta. Pour apaiser les esprits, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest a dépêché une mission ministérielle au Mali. Le G5 Sahel a condamné « toute violence et exhorte les parties au dialogue (et) encourage la Cedeao à poursuivre les efforts en vue d’aboutir à un apaisement social indispensable à la mise en oeuvre des réformes et à la lutte contre le terrorisme ».

Les chefs d’Etat ont salué « l’engagement des effectifs supplémentaires de la Force Barkhane au cours du dernier semestre et l’opérationnalisation du Mécanisme de Commandement conjoint facilitant la coordination entre la Force conjointe du G5 Sahel et la Force Barkhane ».

En outre, le président mauritanien Mohamed Cheikh El Ghazouani et ses hôtes se sont félicités de « la reprise d’opérations soutenues dans la zone des Trois frontières, des succès enregistrés par les forces nationales, la Force conjointe et les forces internationales. Ils ont (aussi) salué la neutralisation du chef d’Aqmi (Abdelmalek Droukdel) le 3 juin 2020 dans la région de Tessalit par la Force Barkhane et ses alliés ».

Les présidents sahéliens ont également apprécié « le succès de l’opération éclair Colère de Boma dans la région du Lac Tchad au mois d’avril 2020 contre les factions de Boko Haram qui imposent un autre front au Tchad et au Niger ».

Dans l’évaluation de leurs forces, les chefs d’Etat se réjouissentde « l’adoption par la Cedeao d’un plan d’actions prioritaires 2020-2024 pour éradiquer le terrorisme (dans l’espace communautaire), encouragent sa mise en oeuvre effective et saluent les concertations avec les parties prenantes ». 

Justement, dans le cadre de ce plan d’actions, ils ont magnifié « la mise à disposition du Mali, du Burkina Faso et du Niger, d’un soutien en vue de participer à la sécurisation des trois frontières de la Zone Liptako ».

Toutefois, les présidents sahéliens ont noté « la persistance d’un second front dans la zone du Lac-Tchad au Niger et au Nigeria et un renforcement des capacités terroristes locales dans ces zones, remettant en cause les résultats obtenus lors de l’opération Colère de Boma », non sans signaler « l’extension de la menace terroriste en direction de la Côte d’Ivoire suite à l’attaque récente de la garnison ivoirienne de Kafolo ». 

Pour plus d’efficacité sur le terrain, le G5 Sahel compte poursuivre le renforcement des capacités militaires des Etats membres. Partant de là, les Chefs d’Etat ont remercié l’Union Européenne (UE) pour « (son) engagement et (son) rôle déterminant en matière de conseil, de formation, d’équipement et d’infrastructures. Ces efforts sont valorisés et mis en cohérence dans le cadre du Partenariat pour la sécurité et la stabilité au Sahel (P3S) ».

Dans le même ordre d’idées, ces pays du Sahel ont salué« l’engagement et les apports des autres partenaires, notamment des Etats-Unis », tout en insistant sur la nécessité de poursuivre et de renforcer l’appui en équipements des Forces de défense et de sécurité des États membres du G5 Sahel et de la Force conjointe. 

Toujours sur ce volet, les présidents sahéliens ont encouragé l’élargissement et la diversification des activités de soutien de tous les partenaires à tous les pays membres du G5 Sahel, y compris en matière de formation, en fonction des besoins et spécificités de chacun.

Conscient que le retour de l’Etat et des administrations dans les zones fragiles est un acte majeur dans la guerre contre les groupes jihadistes, le G5 Sahel a pris note du « redéploiement progressif des administrations et du retour de certains déplacés dans leurs localités d’origine à la faveur des opérations de sécurisation ».

Néanmoins, ont reconnu les chefs d’Etat, des efforts restent à faire, non seulement pour le retour effectif des populations, mais aussi pour la mise en oeuvre de programmes de développement entravée ou retardée avec la survenue de la pandémie du coronavirus.  

Par ailleurs, ils ont souligné « l’importance de mener à bien, dès que possible, des initiatives à l’échelle régionale, nationale et locale, en faveur du dialogue intercommunautaire, de la réconciliation et du traitement des questions de fond sur le partage des ressources ou les litiges fonciers ».

Pour nombre de spécialistes du jihadisme au Sahel, la pauvreté d’une importante frange de la population est un facteur qui facilite le recrutement des groupes jihadistes. C’est la raison pour laquelle, « la mobilisation des ressources pour le développement de (cet) espace se poursuit ».

Ainsi, les chefs d’Etat ont rappelé « l’importance du Programme d’Investissements Prioritaires (PIP) pour les populations du Sahel et pour la lutte contre le terrorisme et (ont invité) la Communauté internationale à libérer l’ensemble des fonds promis lors du Sommet de Nouakchott du 6 décembre 2018 ». 

Ces dirigeants sont satisfaits de la mise en place d’une approche territoriale intégrée en cohérence avec le Cadre d’Actions Prioritaires Intégré (Capi) du G5 Sahel, adopté lors du Sommet de février 2020 à Nouakchott, avant d’appeller à sa mise en oeuvre diligente.

La crise au Sahel, étant aussi une question de développement, les présidents de cette immense zone ont salué la tenue, le 16 juin 2020, de la réunion des ministres en charge du développement des pays membres du G5 Sahel qui s’est penchée sur l’exécution du PIP. Mais, ils ont instruit lesdits ministres d’accélérer « la mise en oeuvre des programmes de développement, en coordination avec les partenaires du G5 Sahel ». 

Sur invitation de Ghazouani, président en exercice du G5 Sahel, les chefs d’État des pays membres de cette organisation et le président de la France, Emmanuel Macron se sont réunis ce 30 juin 2020 à Nouakchott. 

L’objectif était de faire le point sur la mise en oeuvre de la feuille de route convenue lors du Sommet de Pau (France), tenu le 13 janvier 2020 et aussi d’évaluer la situation au Sahel. 

Les présidents Idriss Déby Itno (Tchad), Mahamadou Issoufou (Niger), Ibrahim Boubacar Keïta (Mali), Roch Marc Christian Kaboré (Burkina Faso) et le chef du gouvernement de l’Espagne,Pedro Sanchez ont pris part à la rencontre.

En sa qualité de président de la Commission de l’Union Africaine (UA), Moussa Faki Mahamat était également convié, de même que Louise Mushikiwabo, la Secrétaire Générale de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF).

Par visioconférence et par vidéo enregistrée, Charles Michel, le président du Conseil européen, Angela Merkel, la Chancelière allemande, Giuseppe Conte, le président du Conseil des ministres de l’Italie et Antonio Guterres, le Secrétaire Général de l’Organisation des nations unies (Onu) ont participé à ces moments d’échanges. Le prochain sommet se tiendra courant 2021 dans un pays du G5 Sahel. 

 

Sommet G5 Sahel : Macron en vedette à Nouakchott

Le président français se rend ce mardi 30 juin dans la capitale mauritanienne pour faire le bilan de la lutte contre les groupes jihadistes au Sahel avec ses homologues de la région. Les succès militaires enregistrés ces derniers mois sur le terrain sont menacés par les abus des armées locales et la fragilité des pouvoirs locaux. Éclairage.Emmanuel Macron a bonne mémoire, dit-on. Si cela est vrai, dans l’avion qui le conduira mardi 30 juin à Nouakchott, pour une réunion avec ses homologues du G5 Sahel (Mauritanie, Mali,Burkina Faso, Niger et Tchad), le président français se souviendra sans doute que son dernier séjour en Mauritanie ne s’était pas franchement bien passé. 

C’était du 1er au 2 juillet 2018. A l’époque, invité par Mohamed Ould Abdelaziz, alors au pouvoir en Mauritanie, le chef de l’Etat français devait assister au sommet annuel de l’Union Africaine (UA) que son hôte organisait. Mais accueilli sans enthousiasme par nombre de ses pairs africains, le président français avait vu sa présence jugée « inopportune » par une partie d’entre eux. Macron qui devait surtout prendre part à une « importante » rencontre de haut niveau consacrée au Sahel et à la menace jihadiste dans la région, avait aussi été contraint de voir le dossier, objet majeur de sa visite, traité de manière expéditive et marginale lors d’une discrète session dont rien n’était d’ailleurs sorti d’important.

En retournant à Nouakchott deux ans après ce fameux sommet, Emmanuel Macron risque t-il un déplacement pour rien ?

« Ce sommet est important pour tout le monde. Macron, les Sahéliens mais aussi leurs partenaires étrangers. Il s’agit de faire le bilan des opérations menées sur le terrain depuis les décisions prises lors du sommet franco-sahélien tenu début janvier dernier à Pau, en France. En raison des succès militaires importants réalisés depuis cette rencontre sur le terrain, ce sommet de Nouakchott sera justement l’occasion de se réjouir des résultats importants obtenus ces derniers mois face aux groupes jihadistes », explique Ibrahim Yahaya, chercheur spécialisé sur le Sahel au bureau ouest-africain de l’ONG International Crisis Group (ICG). 

Lors de leur dernière rencontre à Pau, Macron et les présidents sahéliens avaient décidé de renforcer et d’accélérer le rythme de la guerre lancée depuis 2013 contre les groupes jihadistes qui semble alors s’enliser. A l’époque, en dépit de quelques coups portés aux groupes jihadistes, parmi lesquels l’élimination de certains chefs, l’armée française et ses alliés africains paraissent en grande difficulté. Les armées locales et les 4500 éléments français de l’opération « Barkhane » lancée durant l’été 2014 pour succéder à « Serval » qui avait réussi en 2013 à chasser les islamistes des villes du nord du Mali qu’ils occupaient, collectionnent les revers. Les critiques fusent. Les capitales de la région sont le théâtre de manifestations publiques régulières réclamant le départ des militaires tricolores, pourtant accueillis avec une grande ferveur quelques années avant. Paris voit aussi ses soldats subir des pertes parfois importantes, comme en novembre dernier où 13 militaires de Barkhane sont tués lors d’un accident d’hélicoptère. 

Censées progresser et monter en puissance pour remplacer à terme les soldats français, après avoir théoriquement subies des restructurations et mises à niveau, les armées locales font preuve d’une pitoyable incapacité à tenir le moindre rôle, surtout au Mali et au Burkina. 

Dans ces deux pays, maillons faibles dans la crise sahélienne, mais aussi au Niger voisin, les armées locales essuient régulièrement de lourdes défaites, parfois sans même combattre, avec souvent des dizaines de morts lors de chaque attaque jihadiste. Selon des statistiques américaines, entre 2018 et 2019, les attaques jihadistes ont augmenté dans le Sahel de plus de 250 %. 

Au nord et au centre du Mali, mais aussi au Burkina-Faso, ce sont surtout des groupes liés à Al-Qaïda à travers sa filiale locale du GSIM ( Groupe de soutien pour l’Islam et les Musulmans) qui sont à l’œuvre. Dans la zone des « trois frontières », qui réunit des portions des territoires malien, burkinabè et nigérien, c’est l’Etat Islamique dans le Grand Sahara (EIGS) qui donne du fil à retordre aux Français et à leurs alliés locaux. Alors en pleine montée en puissance, l’EIGS se montre si dangereux qu’il paraît imposer son propre agenda à ses adversaires dont la supériorité technologique est pourtant évidente. 

A défaut d’admettre publiquement ce qui est aux yeux de nombre d’observateurs comme un enlisement manifeste, l’état-major des armées françaises est brusquement contraint de revoir ses plans. Les groupes armés touaregs locaux sur lesquels Barkhane s’appuient jusqu’à alors dans certaines zones sont mis à l’écart. Une réflexion est menée à Paris et des discussions avec les plus hautes autorités militaires de la région sont conduites au pas de course, parfois, par le chef d’état-major français en personne. 

Le résultat est sans appel : la France et ses alliés sahéliens doivent changer de méthode et…vite. 

Le sommet de Pau, « convoqué » par Macron le 13 janvier 2020, est l’occasion d’entériner la nouvelle stratégie. 

Ce jour-là, le président français et ses homologues sahéliens décident de réorganiser l’ensemble du dispositif militaire en regroupant Barkhane et la force militaire du G5 Sahel sous un commandement conjoint basé à Niamey, au Niger. Un renfort de quelques 220 soldats français est aussi immédiatement annoncé, avant d’être relevé dès février à 600 hommes pour porter les effectifs de la force Barkhane à un total de près de 5100 éléments. 

A Pau, Macron et les cinq chefs d’Etat du Sahel décident aussi de concentrer les efforts militaires sur les « trois frontières » que les combattants de l’Etat islamique ont transformé en bastion après en avoir chassé les armées locales à l’issue d’opérations souvent aussi audacieuses que meurtrières. 

Encouragés par les premiers résultats obtenus par le nouveau dispositif sur le terrain, les français et leurs alliés s’engagent dans une course contre la montre pour inverser le rapport de force avec les jihadistes. 

L’État islamique, qui doit aussi se battre contre ses anciens alliés liés à Al-Qaïda avec lequel il est depuis peu en guerre ouverte, essuie ses premiers revers. Des zones entières sont arrachées à son emprise. Dans le nord et le centre du Mali, terrain d’action privilégié du GSIM, la filiale locale d’Al-Qaïda, la nouvelle stratégie arrêtée à Pau porte aussi ses fruits. 

Plusieurs chefs islamistes de premier rang sont éliminés. Parmi eux un des hommes les plus recherchés au monde : Abdelmalek Droukdel. Ce vétéran algérien du jihad afghan contre les Soviétiques dans les années 1980, puis de la guerre civile déclenchée au début des années 1990 en Algérie, était l’émir général d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). A ce titre, il fait figure de chef suprême de tous les groupes jihadistes maghrébins et sahéliens affiliés à l’organisation fondée par Oussama Ben Laden.

Officiellement réfugié depuis le début des années 2000 dans les montagnes de Kabylie, dans le nord de l’Algérie, Droukdel est surpris début juin par un commando des forces spéciales françaises dans le désert malien, non loin de la frontière algérienne. 

« Sa mort est un succès indéniable dans la lutte contre les groupes jihadistes au Sahel. Mais elle ne peut justifier que le sommet de Nouakchott se termine par un jet de fleur entre chefs d’Etat », avertit Ibrahim Yahaya en allusion aux nombreux « ratés » qui ont accompagné la montée en puissance epuis le sommet de Pau dans la lutte contre les groupes jihadistes. 

En janvier dernier, Macron et ses hôtes avaient annoncé la création d’une Coalition pour le Sahel censée rassembler tous les pays, organisations internationales et institutions engagées dans lutte contre l’insécurité dans cette région parmi les plus démunis du monde. En dehors d’un lancement officiel en avril et une première conférence ministérielle par vidéoconférence le 12 juin, la nouvelle entité n’a pas à ce jour réalisé grand chose. 

L’accélération promise à Pau de la mise en place de la task force Takuba (sabre en langue touarègue), annoncée par Paris depuis juin 2019 et qui doit être composée d’éléments d’élite des armées européennes, n’a pas non plus eu lieu. 

L’atmosphère générale dans les différents pays du Sahel ne s’est pas améliorée aussi. Au Mali, l’application de l’accord de paix signé en 2015 entre Bamako et les principaux groupes armés non jihadistes du nord du pays traîne. Abus, exactions et exécutions extrajudiciaires attribués aux forces armées et de sécurité locales ou à des milices pro-gouvernementales, y sont régulièrement recensés. Plus de 200 civils auraient été tués illégalement dans le centre du pays par l’armée ou ses milices alliées selon l’Organisation des Nations Unies (Onu). 

Pire, le président Ibrahim Boubacar Keïta fait face à un large mouvement de contestation qui exige son départ. 

Au Burkina, où l’Etat a perdu depuis longtemps le contrôle d’une grande partie du territoire, les violences contre les civils attribuées par les organisations des droits humains aux forces régulières se poursuivent aussi. Au Niger, où l’armée est pourtant réputée plus professionnelle que chez les voisins malien et burkinabè, les mêmes forfaits sont dénoncés alors que « la crédibilité du pouvoir est désormais sapée par un scandale de corruption dans l’achat de matériels et équipements militaires », rappelle Ibrahim Yahaya. 

Autant d’écarts sur lesquels le président français est aussi attendu à Nouakchott, mais que ses pairs sahéliens concernés voudraient sans doute bien passer sous silence.