Congo : les invalidés de Mpila réclament leur indemnité

Ils réclament le paiement de leur rente viagère de 220 000 FCFA par personne, qui n’est plus versée depuis le début de l’année.

 

Les invalidés de Mpila entament ce lundi 28 juin leur deuxième semaine de sit-in devant le ministère des Finances. Les sont au moins 115 personnes, devenues invalides en 2012 après qu’un entrepôt d’armes et de munitions de l’armée congolaise ait explosé dans leur quartier. Ces personnes réclament le paiement de leur rente viagère de 220 000 FCFA par personne. Une somme qu’ils n’ont perçu depuis le début de l’année.

Dans son discours de politique générale, le Premier ministre Anatole Collinet Makosso avait promis de dialoguer récemment pour régler les conflits sociaux. Pour les manifestants, jusqu’ici, le ministère des Finances n’est pas encore entré en contact avec eux.

Rappelons qu’en 2012, un dépôt d’armes et de munitions de l’armée congolaise explose dans le quartier Mpila à Brazzaville.

Affaire du Poste de sécurité publique Chacona : les parents des victimes indemnisés à hauteur de 15 millions chacun

Le verdict du procès en appel de l’affaire des treize jeunes décédés la nuit du 22 au 23 juillet 2018 dans les geôles au Poste de sécurité publique (PSP) de Chacona a été  prononcé ce 17 novembre.

Ouvert le 1er octobre 2019, le procès en appel des enfants morts par « homicide volontaire » au PSP Chacona, au quartier Mpila, à Talangaï, dans le sixième arrondissement de Brazzaville a connu son épilogue. La Cour d’appel de Brazzaville a reformé le jugement rendu par le premier juge, verdict qui avait laissé un goût amer aux parents des victimes et poussé les avocats des ayant-droits a interjeté appel sur le plan de l’indemnisation, parce que le tribunal s’était déclaré incompétent quant à statuer sur les intérêts civils.

En examinant de nouveau l’affaire sur la personne civilement responsable qui est l’État congolais, la Cour d’appel a rendu son verdict en indemnisant les parents des treize victimes de Chacona à  hauteur de quinze millions de francs CFA chacun.  Ce montant alloué est jugé insignifiant par les ayant-droits qui pensent que leurs progénitures étaient plein d’avenir et morts à fleur de l’âge, certes la vie humaine n’a pas de prix.

L’un des parents des victimes a exprimé son désarroi. « Depuis 2018 nous menons cette bataille. Aujourd’hui l’arrêt a été rendu, mais nous disons que nous ne sommes pas satisfaits parce que nous avons perdu des êtres chers. Le montant alloué ne correspond pas. Quinze millions c’est insignifiant pour des jeunes qui avaient de l’avenir. Nous allons nous retrouver dans les 48 heures qui suivent pour décider », a-t-il déclaré.

Pour Me Stève Bagne, l’un des avocats des ayant-droits, « c’est un jugement à double vitesse parce que, premièrement je suis satisfait dans le sens où les juges de la Cour d’appel ont annulé la décision des premiers juges ; ça veut dire que nous avions fait un appel dans les normes. Deuxièmement, le montant alloué aux ayant-droits des victimes est tellement minime, quand on sait que les jeunes ont perdu la vie à fleur de l’âge, quinze millions de francs CFA c’est quand même minimisé. Sans oublier que dans ces quinze millions de francs CFA ces ayant-droits ont le devoir de s’acquitter des honoraires des avocats, des huissiers de justice et autres ».  A propos, il a fait savoir qu’en tant que collectif d’avocats, ils verront quelle est la décision à prendre pour ce problème puisqu’ils ont encore d’autres voies de recours.

Explosion de Brazzaville : huit ans après, les victimes demandent toujours réparation

Le 4 mars 2012, une explosion dans un dépôt de l’armée au cœur de Brazzaville secoue la ville, faisant des centaines de victimes et plus de 2000 blessés. Les victimes attendent toujours d’être indemnisées.

Les habitants de Brazzaville se sont souvenus ce 4 mars de l’explosion du dépôt de munitions de Mpila qui a officiellement tué 300 personnes et fait quelque 2.300 blessés.

Quelques semaines après cette explosion en 2012, le gouvernement avait alloué une prime de relogement de 3 millions de francs CFA à chaque famille touchée. Ce soutien financier devait être suivi d’autres actions, telles la reconstruction des maisons ou l’indemnisation des parents des victimes. Huit ans plus tard, ces promesses ne sont pas réalisées.

Huit ans après, les victimes attendent toujours d’être indemnisés.

Si certaines réclament la reconstruction de leurs maisons qui ont été rasées lors du désastre, d’autres n’ont toujours pas reçu le dédommagement d’un proche tué dans cette explosion. Nombreux parmi ceux qui ont été blessés disent attendre à ce jour des soins médicaux appropriés. Des amputés lamentent le fait qu’ils n’ont pas reçu de bonnes prothèses.

Pourtant le temps passe vite. Sylvie Mbon, relogée à Kintele, à une quarantaine de kilomètres du centre-ville, est revenue voir les ruines de ce qui autrefois était sa belle maison familiale. « C’est ici que j’ai grandi. Là-dedans, mon père et mon petit frère ont disparu. Nous avons pu retrouver et enterrer les restes de papa, mais pas le cadet », témoigne-t-elle entre deux sanglots.

« Mais je ne pleure pas à cause des disparus, c’est parce que l’Etat nous a abandonnés. Notre maison n’est pas reconstruite et la mort de notre frère n’est pas dédommagée. C’est triste », ajoute-t-elle.

Sylvie n’est pas seule dans son cas.

« C’est l’Etat qui avait stocké ses explosions ici dans un quartier populaire. Nous avons perdu les parents, les maisons et autres biens. Le gouvernement ne dit rien », déplore Alphonse Mobali, une autre victime, habitant le quartier Kanga Mbandji.

Dans le voisinage de l’ancien quartier Mpila rasé par l’explosion, une société chinoise a achevé la construction de quelque 800 logements sociaux. Ce projet, lancé en 2009, a coûté 29,3 milliards de francs CFA à l’Etat congolais.

Mais ces nouvelles maisons ne sont toujours pas occupées.

Elles coûtent trop cher, entre 14 et 42 millions de francs CFA, selon l’une des agences immobilières qui les gèrent. Selon la loi, les victimes du drame du 4-mars sont prioritaires pour l’occupation de ces logements sociaux.

« Ils savent que nous n’aurons jamais les fameux 40 millions pour accéder à ces maisons. Elles sont là, elles traînent », fait constater Sylvie Mbon.

Un montant hors de portée en effet si on considère qu’en République du Congo un homme gagne en moyenne 119 000 francs CFA par mois – et une femme beaucoup moins, soit 60 000 francs – selon un rapport de la Banque mondiale datant de 2017.

En juin 2013, les autorités ont organisé un procès qui a abouti à la condamnation de six personnes dont un officier supérieur, le colonel Marcel Ntsourou, condamné à cinq ans de travaux forcés. Un verdict qui n’avait pas totalement satisfait les victimes, car sur le civil, la justice ne s’était pas prononcée sur des indemnisations.

Le gouvernement avait pris en charge les obsèques des personnes décédées dans cette explosion, et l’inhumation avait eu lieu dans un cimetière spécial au centre-ville. Les premières années, un hommage officiel a été réservé à leur mémoire. Depuis deux ans, ce rituel n’est plus observé.