Guinée : « un risque de confiscation du pouvoir par les militaires » (chercheur)

Au lendemain des heurts lors de la manifestation interdite du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC) dans la capitale, Conakry, le fondateur du think tank Wathi, Dr Gilles Yabi, décrypte pour APA l’impasse dans laquelle se trouve la transition guinéenne.1. Dix mois après la chute d’Alpha Condé, les putschistes au pouvoir en Guinée semblent s’éterniser. Qu’est-ce qui explique cette situation ?

Tous ceux qui suivent les coups d’État dans la région ne s’étonneraient pas qu’il n’y ait pas de transfert du pouvoir aux civils à travers l’organisation d’élections libres et transparentes dix mois après le renversement d’Alpha Condé.

Nous nous attendions à ce que la transition dure un certain temps d’autant plus qu’il y avait a priori des réformes politiques et institutionnelles à effectuer. D’ailleurs, l’une des raisons avancées pour le coup d’État est le troisième mandat d’Alpha Condé et le vote d’une nouvelle Constitution à cette fin.

Nous imaginions donc que le calendrier de la transition devait inclure le réexamen des institutions et éventuellement une nouvelle Constitution ou une révision de l’actuelle. Mais tout cela prend du temps. Le plus inquiétant est que nous ayons le sentiment d’une absence de dialogue politique et social permettant de mettre en œuvre les réformes et d’avoir un agenda assez clair pour le reste de la transition.

Il ne faut pas aussi oublier le profil de l’auteur du coup d’État, en l’occurrence le colonel Mamady Doumbouya, qui était du cercle proche d’Alpha Condé. Dès le début, nous pouvions nous interroger sur ses réelles intentions et motivations.

Une fois qu’il arrive au pouvoir, il n’est malheureusement pas étonnant qu’il y ait la tentation pour lui ou certains de ses proches conseillers, membres de la junte, de rester le plus longtemps au pouvoir pour profiter de ses avantages. Dans l’histoire politique de la Guinée, il est arrivé qu’il y ait beaucoup d’espoir et que finalement ceux qui arrivent au pouvoir reproduisent strictement les pratiques politiques qu’ils dénonçaient.

2. Le coup d’État du colonel Mamady Doumbouya a largement été bien accueilli par l’opinion guinéenne. Une part importante de celle-ci commence à prendre ses distances avec la junte et parle de risque de confiscation du pouvoir par les militaires. A-t-elle raison ?

Il y a un risque de confiscation du pouvoir par les militaires pour une longue durée. Il n’y a pas de doute là-dessus. Je rappelle tout de même que les premières indications portaient sur trois ans de transition. Ce qui est quand même beaucoup même avec des réformes à mener.

Ce qui est encore plus préoccupant, c’est le sentiment d’une orientation de la transition essentiellement guidée par les militaires et suivie par des civils. Nous avons aussi l’impression d’une volonté de la junte d’écarter des acteurs importants de la politique guinéenne dans les discussions sur le contenu de la transition.

Il y a également des doutes sur les choix des hommes, notamment au Conseil National de Transition (CNT). De nombreuses personnes doutent de la crédibilité de certains responsables de cet organe de législation et donc de ses capacités de conduire les réformes politiques et institutionnelles attendues par les populations qui espèrent une véritable amélioration de la gouvernance, des changements dans les pratiques politiques et économiques qui ont maintenu jusque-là le pays dans la pauvreté.

3. Contrairement aux militaires maliens, la junte guinéenne a jusqu’ici évité d’être soumise à des sanctions et à l’isolement de la part de la communauté internationale. À quoi cela est-il dû ?

Par rapport aux sanctions, il faut d’abord souligner le fait que la Guinée a bénéficié des situations de transition déjà compliquées dans la région. Les sanctions très fortes, que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cédéao) a prises contre le Mali, ont mis en difficulté l’organisation sous-régionale sur le terrain d’une sortie de crise politique.

La perception très négative de son rôle dans ces transitions au niveau de l’opinion publique ouest-africaine et même au-delà s’est aussi accentuée. Il devenait donc difficile pour la Cédéao, avec les autres coups d’État en Guinée et au Burkina, de prendre les mêmes sanctions et de se retrouver à gérer des tensions dans trois pays au même moment.

Le deuxième élément important à souligner est que la Guinée est un pays un peu à part au sein de la Cédéao et surtout parmi les pays francophones. La Guinée a sa propre monnaie. Elle n’est pas membre de la zone franc de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa).

Une partie des sanctions très importantes prises contre le Mali, les transactions financières dont celles qui passent par la Banque centrale, ne pouvait s’appliquer à la Guinée qui a une souveraineté sur le plan monétaire. De fait, cela a réduit la marge de manœuvre de la Cédéao.

Le troisième élément porte sur la structure même de l’économie guinéenne qui dépend beaucoup des ressources minières. D’une certaine manière, il est plus compliqué de sanctionner la Guinée pour avoir un impact très fort sur son économie et sur les ressources de l’État dans la mesure où elle peut toujours prélever directement des ressources auprès du secteur minier.

Tous ces éléments expliquent sans doute la perception assez rapide de la part des acteurs régionaux et internationaux de la nécessité d’avoir une approche un peu différente concernant la Guinée en termes de pertinence des sanctions. Cela dit, les discussions se poursuivent. La Cédéao, privilégiant la voie diplomatique, a désigné un médiateur.

Du côté des autorités de transition au Mali, la question de la souveraineté est fréquemment brandie. Par contre, la Guinée a une forme de culture de souveraineté bien plus ancienne. Cet héritage est toujours très présent.

C’est un pays beaucoup plus difficile à sanctionner et à isoler parce qu’au fond il peut s’adapter facilement. Un dernier élément qui distingue la Guinée du Mali ou du Burkina est son ouverture sur l’océan Atlantique.

La Guinée a un accès à la mer qui rend inefficace les sanctions commerciales. Avec le Port de Conakry, la Guinée est moins vulnérable à ce type de sanctions. Toutefois, il y a des sanctions traditionnelles déjà prises comme la suspension du pays des organes de la Cédéao.

Vaccin antipaludique : un nouveau financement pour l’Afrique

Ce soutien international de près de 160 millions $ pour la période allant de 2022 à 2025 permettra d’améliorer l’accès au vaccin pour les enfants.L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) accueille avec satisfaction l’initiative lancée par Gavi, l’Alliance du vaccin, qui offre aux pays une occasion historique de demander un financement afin d’introduire ou d’amplifier le déploiement du vaccin antipaludique RTS,S/AS01 (RTS,S). Ce soutien international doté d’une enveloppe de près de 160 millions de dollars américains vise à améliorer l’accès au vaccin pour les enfants exposés à un risque élevé de maladie et de décès dus au paludisme, en commençant par le Ghana, le Kenya et le Malawi. Après ces trois pays africains qui ont lancé la phase pilote de l’introduction du vaccin en 2019, l’initiative sera étendue à d’autres pays éligibles où la maladie est endémique.

Le paludisme reste une cause majeure de maladie et de décès chez les enfants en Afrique subsaharienne, selon l’OMS. En 2020, près d’un demi-million d’enfants Africains sont décédés du paludisme, soit un enfant chaque minute.

Depuis sa toute première introduction en 2019, les communautés africaines ont bien accepté le premier vaccin antipaludique après un temps relativement court. La demande reste élevée malgré le contexte marqué par la pandémie de Covid-19, ce qui s’illustre par le succès en matière de vaccination et une couverture allant de 73 % à plus de 90 % pour la première dose selon le pays. À ce jour, environ 1,3 million d’enfants ont bénéficié de ce vaccin dans les trois pays pilotes d’Afrique.

« La nouvelle opportunité de financement de Gavi nous rapproche un peu plus de la possibilité d’administrer à des millions d’enfants supplémentaires en Afrique le vaccin antipaludéen RTS,S qui sauve des vies », a déclaré la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique.

Elle a ajouté : « Pendant la pandémie, alors que les services de santé de routine étaient confrontés à d’innombrables défis, les parents et les soignants ont amené leurs enfants dans les cliniques et aux centres de santé afin qu’ils soient vaccinés contre le paludisme. Ils savent très bien que des vies sont perdues chaque jour à cause du paludisme et désirent protéger leurs enfants contre cette maladie mortelle ».

Suite à la recommandation formulée par l’OMS en octobre 2021 concernant l’utilisation à grande échelle du vaccin antipaludique RTS,S chez les enfants vivant dans des régions où la transmission du paludisme à Plasmodium falciparum est de niveau modéré à élevé, un certain nombre de pays endémiques au paludisme ont exprimé leur intérêt pour l’adoption du vaccin et devraient solliciter le soutien de Gavi en vue de son introduction.

Le vaccin RTS,S agit de façon spécifique contre le Plasmodium falciparum, qui est le parasite palustre le plus mortel et le plus répandu sur le continent africain. Là où le vaccin a été introduit, on a pu observer une baisse considérable du nombre d’enfants hospitalisés pour cause de paludisme grave, de même qu’une baisse du nombre de décès d’enfants dans la tranche d’âge visée par le vaccin.

Gavi, l’Alliance du vaccin, a indiqué que la première date limite de septembre 2022 pour la soumission des demandes, est réservée aux pays qui utilisent actuellement le vaccin et pour lesquels la continuité du programme de vaccination est une priorité. Une deuxième phase de soumission des demandes ouverte à d’autres pays éligibles où le paludisme est endémique, sera clôturée en janvier 2023. Les pays peuvent soumettre des manifestations d’intérêt pendant la première phase de financement pour être inclus dans ce cycle.

« Le paludisme a dévasté des communautés en Afrique pendant trop longtemps. Nous savons qu’au départ, l’offre ne répondra pas à la demande, mais nous sommes tout de même impatients de travailler avec les pays et nos partenaires pour intégrer ce nouvel outil à nos efforts de lutte contre le paludisme et à assurer sa mise à échelle, ce qui pourrait sauver la vie de milliers d’enfants partout sur le continent », a expliqué Thabani Maphosa, Directeur général en charge des programmes pays chez Gavi.

Conakry terminal participe à la construction d’une école à mamou

Le 15 juin 2022, Conakry Terminal, filiale de Bolloré Ports, a signé une convention de partenariat avec Guinée Education Biotechnologie relative à la construction d’une école dans la commune urbaine de Mamou.A travers cette convention, Conakry Terminal s’engage à apporter un appui financier de 12 000 euros comme participation pour la construction un bâtiment de 8 classes, d’un bureau et d’une salle polyvalente.

« Le renforcement du système éducatif à travers la construction des infrastructures scolaires modernes est un de nos axes prioritaires. En tant qu’entreprise citoyenne, nous sommes ravis de participer à ce projet de construction d’école en faveur des communautés défavorisées », a déclaré Emmanuel MASSON, Directeur général de Conakry Terminal.

« Nous remercions Conakry Terminal de nous avoir cru en accompagnant ce projet qui va permettre aux enfants d’étudier dans des conditions descentes. Nous nous engageons à utiliser ce montant conformément à l’esprit de la convention signée entre nous », a exprimé Michel CORDIER, Président de Guinée Education Biotechnologie.

D’autres projets ont été également accompagnés par Conakry Terminal, notamment la construction des latrines dans les écoles primaires de Madina Ecole et de Tombo 2, la construction du Centre de Formation des Chemins de Fer à Simbaya, la construction du Centre de Formation professionnelle des personnes à mobilité réduite (Centre Konkoure) à Mamou ainsi que l’octroi de bourses aux étudiantes de l’ENAM (École Nationale des Arts et Métiers).

À propos de Bolloré Ports

Bolloré Ports est un acteur global de l’activité portuaire opérant 21 concessions dans le monde dont16 sur le continent africain. Premier opérateur d’infrastructures portuaires en Afrique, Bolloré Ports continue à se développer et à investir en Afrique mais aussi en Asie, au Moyen-Orient et en Amérique. Son savoir-faire s’articule autour de trois principaux domaines d’expertise : la gestion de concessions portuaires, la manutention portuaire et la consignation maritime.

www.bollore-ports.com

Contacts presse :

Fodé Diaoune, Responsable Communication et RSE – Bolloré Transport & Logistics Guinée T +224 621 08 92 22/ 664 52 11 66 – fode.diaoune@bollore.com

Cindy Patan, Responsable Relations Médias – Bolloré Transport & Logistics T +33 1 46 96 49 75 / +33 7 72 40 49 75 – cindy.patan@bollore.com

Zambie : 12 chefs d’Etat au Sommet de coordination de l’UA

La réunion est prévue le 17 juillet 2022 au Mulungushi International Conference Centre de Lusaka, dans la capitale zambienne.Plusieurs dirigeants africains ont confirmé leur participation à la 4e réunion de coordination semestrielle de l’Union africaine (UA). Au total 12 chefs d’Etat sont attendus à Lusaka pour cette rencontre prévue le 17 juillet prochain, selon le ministre zambien des Affaires étrangères, Stanley Kakubo.

Parmi les participants, figurent les quatre chefs d’Etat et de gouvernement qui forment le Bureau de l’Assemblée de l’UA et les huit chefs d’Etat qui président les huit Communautés économiques régionales (CER) reconnues par l’UA.

Le Bureau de l’UA est composé de représentants des cinq régions africaines : Afrique centrale, Afrique de l’Est, Afrique du Nord, Afrique de l’Ouest et Afrique australe.

Les huit CER sont l’Union du Maghreb arabe, le Marché commun d’Afrique orientale et australe, la Communauté des Etats sahélo-sahariens, la Communauté d’Afrique de l’Est, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, l’Autorité intergouvernementale pour le développement et la Communauté de développement d’Afrique australe.

Selon le chef de la diplomatie zambienne, sur les cinq régions formant le Bureau de l’UA, seule l’Afrique de l’Est ne sera pas représentée à la réunion en raison de la poursuite des consultations internes sur le leadership.

Le président zambien Hakainde Hichilema participera en tant qu’hôte de la réunion qui se tiendra au Mulungushi International Conference Centre à Lusaka.

La réunion de coordination a été conceptualisée en 2017 comme le principal forum permettant à l’UA et à ses CER d’aligner leurs travaux et de coordonner la mise en œuvre du programme d’intégration continentale. Elle a remplacé les précédents sommets de mi-année qui se tenaient généralement vers juin/juillet et impliquaient les dirigeants des 55 États membres de l’organisation continentale.

La réunion de cette année devrait recevoir des rapports des présidents des différentes Communautés économiques région ales (CER) sur l’état de l’intégration régionale et examiner les résultats des négociations en cours entre l’UA, les CER et les Etats membres sur les domaines d’intégration déjà convenus.

Elle devrait également discuter du lancement prévu de l’échange interrégional de connaissances (I-RECKE) sur l’alerte précoce et la prévention des conflits.

L’I-RECKE est une communauté institutionnelle de pratique pour l’apprentissage intracontinental et interrégional en vue de construire la paix. Il s’agit d’un mécanisme panafricain pour développer, capturer et documenter les connaissances et également partager les leçons apprises et les expériences sur la gouvernance et la prévention des conflits sur le continent.

Parmi les autres points à l’ordre du jour, figurent l’impact de la crise ukrainienne sur l’Afrique, à la lumière de la hausse vertigineuse des prix du gaz naturel, du blé et des engrais, ainsi que la réponse du continent à la Covid-19.

Sommet de la Cedeao: quel sort pour les putschistes ouest africains ?

A Accra, la capitale du Ghana, se réunissent ce dimanche 3 juillet 2022, les chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao).Les dirigeants de la sous-région ouest africaine planchent sur la situation politique au Mali, en Guinée et au Burkina Faso. A l’issue de la présentation de rapports de médiateurs désignés pour ces trois pays, il est attendu que les dirigeants ouest africains prennent des décisions en faveur du maintien ou non des sanctions décidées par l’organisation sous-régionale contre ces pays depuis que des militaires y ont pris le pouvoir en 2020, 2021 et 2022. 

Réunis le 4 juin 2022 lors d’un sommet extraordinaire, les chefs d’Etats étaient divisés sur le sort à réserver au Mali qui, depuis le deuxième coup de force de mai 2021 mettant fin à la transition mise en place après le coup d’Etat d’août 2020, donne du grain à moudre à la Cedeao. 

Certains présidents étaient pour le maintien des sanctions pour contraindre le régime du colonel Assimi Goïta à réduire la durée de la transition à 16 mois conformément au souhait de la Cedeao, alors que d’autres avaient plaidé leur levée pour des raisons humanitaires. 

Contre toute attente, la junte malienne a décidé, au lendemain de ce sommet, de rester au pouvoir pour 24 mois supplémentaires. Une décision contestée par la Cedeao.

Pour autant, les échanges entre les deux parties se sont poursuivis pour aboutir à un « chronogramme mutuellement acceptable de transition ». 

Ces derniers jours, Bamako semble s’être inscrit dans une dynamique d’attendrissement de l’organisation régionale. Dans un premier temps, une loi électorale fixant les modalités de l’organisation des élections a été adoptée par le Conseil national de transition (CNT) et promulguée par le chef de l’Etat de transition, le colonel Goïta. A cela s’ajoute la présentation aux partis politiques d’un projet de chronogramme des élections.   

S’agissant du cas burkinabè, des avancées ont été notées à l’issue de la visite du médiateur de l’organisation sous-régionale, l’ex-président nigérien, Mahamadou Issoufou, à Ouagadougou à la veille du sommet d’Accra de ce 3 juillet. 

Selon un communiqué sanctionnant la visite du médiateur, « le gouvernement (du Burkina Faso) s’est montré disposé à parvenir, avec la Cedeao, à une durée consensuelle de la transition », fixée à 36 mois par la Charte de la transition. 

Suspendue des instances de la Cedeao, la Guinée espère éviter un durcissement des sanctions. Dans cette perspective, le lieutenant-colonel Mamadi Doumbouya, auteur du coup d’Etat du 5 septembre 2021 contre le président Alpha Condé, a envoyé des missions diplomatiques dans plusieurs capitales ouest africaines pour plaider sa cause.

Cependant, ces efforts risquent d’être sapés par le Front national pour la défense de la constitution (FNDC) qui, à la veille du sommet du 3 juillet, « sollicite la bienveillance de la Cedeao » pour l’ouverture d’un cadre de dialogue avec les acteurs politiques et la société civile.

Cette principale organisation de la société civile et de l’opposition a aussi demandé à la Cedeao d’intervenir pour « la fixation d’un délai raisonnable et consensuel de la transition, au lieu des 39 mois imposés par le Comité national  du rassemblement pour le développement (CNRD) de manière unilatérale, le respect des droits et libertés fondamentaux, notamment le droit de manifester conformément aux engagements nationaux, régionaux et internationaux de la Guinée ».

Au-delà des décisions attendues sur le sort de ces trois pays, la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement élira le remplaçant du président ghanéen, Nana Akufo Addo, ci-devant président en exercice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest  (Cedeao) et nommera le nouveau président de sa commission pour la période 2022-2026.

Variole du singe: l’Afrique doit miser sur le dépistage (OMS)

À la date du 28 juin, 1821 cas de variole du singe ont été notifiés par 13 pays sur le continent.Alors que des cas de variole du singe ont été notifiés dans trois pays africains qui n’avaient jusqu’alors jamais signalé de cas d’infection par cette maladie, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) collabore avec les autorités sanitaires nationales de la région. L’objectif est de renforcer la surveillance et le diagnostic en laboratoire afin de détecter des cas et d’éviter une propagation silencieuse du virus.

Au total, 1821 cas de variole du singe ont été notifiés par 13 pays sur le continent à la date du 28 juin 2022, écrit l’OMS dans son dernier rapport consulté par APA. Parmi ces cas signalés, 109 ont été confirmés en laboratoire dans neuf pays. Le nombre de cas confirmés sur le continent représente 2 % des plus de 4500 cas confirmés dans le monde.

Cependant, explique l’organisme onusien, on enregistre un grand nombre de cas suspects en Afrique, et 81 % de ces cas ont été recensés en République démocratique du Congo, ce qui souligne la nécessité d’une capacité de diagnostic accrue.

« Si tous les pays africains disposent de machines d’amplification génique (PCR) nécessaires pour détecter la variole du singe grâce au renforcement des capacités de laboratoire intervenu dans le cadre des efforts de riposte à la pandémie de Covid-19, beaucoup de ces pays manquent de réactifs et, dans certains cas, de formation dans les domaines du prélèvement, de la manipulation et de l’analyse des échantillons », souligne l’OMS.

C’est pourquoi, elle dit s’efforcer d’obtenir 60.000 tests pour l’Afrique, dont environ 2000 tests et réactifs à expédier dans des pays à haut risque et 1000 tests et réactifs à expédier dans les pays moins exposés au risque de variole du singe.

Au cours du mois dernier, elle a offert à cinq autres pays africains des réactifs, ce qui porte à 12 le nombre de pays de la région dotés d’une meilleure capacité de diagnostic de la variole du singe. Un autre groupe de pays d’Afrique de l’Ouest recevra des réactifs après la formation organisée à l’intention de ces pays.

« La propagation géographique de la variole du singe dans des parties de l’Afrique où aucun cas n’a encore été détecté est un signe inquiétant. Il est essentiel que nous accompagnions les efforts des pays pour renforcer la surveillance et le diagnostic en laboratoire, qui sont les pierres angulaires de la lutte contre la maladie », a indiqué Dr Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique.

Sénégal-Guinée : l’énergie solaire pour booster l’autonomisation des femmes

Le projet de transition énergétique à travers la chaîne de valeur horticole, lancé mercredi à Dakar, vise à réduire la pénibilité de l’exhaure et la charge financière qui en résulte en cas de mécanisation du processus.La Guinée et le Sénégal disposent de temps d’ensoleillement estimés respectivement entre 2000 et 3000 heures par an. Dans un contexte marqué par la flambée des prix des énergies fossiles, ces ressources solaires constituent une véritable alternative pour ces deux pays ouest-africains.

Au-delà de la fourniture d’électricité, celles-ci peuvent jouer un rôle important dans l’exécution des programmes de développement. C’est le cas notamment dans l’agriculture où le solaire peut faciliter l’arrosage et l’irrigation des champs.

C’est pourquoi, le think tank Initiative prospective agricole et rural (Ipar) en collaboration avec le Centre d’étude et de coopération internationale (Ceci) ont lancé le projet de recherche sur la transition énergétique pour l’autonomisation économique des femmes à travers la chaîne de valeur horticole dans un contexte post-Covid en Guinée et au Sénégal.

« Nous allons regarder quels sont les mécanismes qui peuvent permettre une meilleure utilisation du solaire dans la chaîne de valeur horticole notamment pour l’irrigation, mais également dans l’ensemble de la chaîne de valeur que ça soit la transformation, la conservation… », a indiqué la directrice de la recherche à l’Ipar, Laure Tall.

Par ailleurs, a-t-elle fait savoir, le consortium va renforcer la capacité des acteurs, les femmes en particulier, à l’utilisation de ces technologies et pour l’accès aux financements afin d’atteindre une autonomisation sociale, gage d’épanouissement pour les cibles.

Ce programme compte répertorier les solutions écoénergétiques à faible émission pour la gestion de l’eau et leur niveau de contrôle par les hommes et les femmes dans la chaîne de valeur horticole, évaluer les solutions écoénergétiques en mesurant l’amélioration de la rentabilité, de l’efficience, de la pénibilité, et du temps de travail des femmes et des hommes.

En outre, il cherchera à déterminer l’impact de l’accès et du contrôle de ces technologies solaires par les femmes sur leur capacité d’agir et leur autonomisation sociale et économique et à identifier les conditions pour un passage à l’échelle des techniques de l’irrigation solaire dans les chaînes de valeur horticoles notamment.

Ce projet de 30 mois, ayant officiellement débuté en novembre 2021 par une revue littéraire des actions similaires réussies dans d’autres pays en développement, est financé par le Centre de Recherches pour le Développement International (CRDI) à hauteur d’un peu moins un million de dollars canadiens.

Au Sénégal, le programme sera mis en œuvre dans la zone des Niayes, bande côtière qui va de Dakar (Ouest) à Saint Louis (Nord) et en Guinée dans la région de Boké (Nord-Ouest). Selon Hérico Diallo, point focal du projet en Guinée, cette collaboration permettra de bénéficier de l’expertise sénégalaise dans le domaine du solaire.

De son côté, Mouhamed Ndiaye, Conseiller technique N°1 du ministre de la Femme, de la Famille, du Genre et de la Protection des enfants, a invité les acteurs à faire de cette initiative « un projet de recherche-action au service du développement et de l’autonomisation des femmes ».

Guinée : le FNDC annonce une marche le 23 juin prochain

La manifestation du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC), qui se veut « citoyenne et pacifique », vise à exiger de la junte un retour rapide à l’ordre constitutionnel.C’est la fin de l’accalmie consécutive au coup d’Etat contre Alpha Condé. Dans une déclaration, publiée ce vendredi, « le Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC) informe qu’il organisera une manifestation le jeudi 23 juin 2022 dans le grand Conakry ».

A travers la marche, cette coalition de partis politiques et de mouvements citoyens veut entre autres pousser les militaires au pouvoir à créer un cadre de dialogue pour discuter de l’avenir de la Guinée comme en dispose l’article 77 de la charte de la transition.

Le FNDC souhaite également qu’un délai raisonnable et consensuel de la transition soit fixé au lieu des 36 mois « qui ne reposent sur aucune base objective », mais « imposés » par le colonel Mamady Doumbouya, le nouvel homme fort du pays.

Pour se conformer aux procédures administratives, les initiateurs de la marche vont adresser une lettre d’information aux autorités en y précisant l’itinéraire et les dispositions pratiques à prendre pour sa réussite.

Enfin, le FNDC appelle les citoyens militant pour la démocratie et épris de justice à la mobilisation générale pour faciliter le retour rapide à l’ordre constitutionnel dans la paix.

Cédéao : l’indécision n’est pas synonyme de scission (expert)

Un consensus aurait pu être trouvé par les dirigeants ouest-africains réunis en sommet le 4 juin dernier à Accra, au Ghana, d’après Gilles Yabi, fondateur et directeur exécutif du think tank Wathi, interrogé par APA.Faute de consensus, les chefs d’Etats de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ont renvoyé au 3 juillet leurs décisions sur les juntes. Comment analysez-vous cela ?

Il faudrait peut-être leur demander l’explication de cette non-décision. Je note cependant que cela n’améliore pas l’image très dégradée de l’organisation régionale au sein des opinions publiques ouest-africaines.

Comme un sommet a été annoncé, nous nous attendions donc à ce que des décisions soient prises, en particulier la levée des sanctions infligées au Mali. C’est regrettable qu’il n’y ait pas eu un travail technique et diplomatique qui aurait permis d’avoir un consensus avant la rencontre des présidents.

Les diplomates, ayant l’expérience de ce type de réunions, expliquent qu’il y a généralement un travail préalable qui permet de faire en sorte que les chefs d’Etats viennent simplement valider des orientations ou décisions quasiment prises. Mais là, nous avons l’impression qu’à chaque sommet il y a beaucoup de discussions et une absence de consensus qui auraient pu être anticipées.

Cette situation pointe les problèmes dans la manière dont les gouvernants au plus haut niveau de l’organisation régionale décident. Cela étant dit, le sommet ne devait pas se pencher seulement sur le Mali, mais aussi sur le Burkina et la Guinée. De ce fait, il est aussi dit que le sommet du 3 juillet permettrait d’avoir des décisions plus cohérentes sur les trois dossiers chauds de la région au plan politique.

Mais il y a un sentiment de gâchis, de mauvaise organisation de la Cédéao. En l’absence de l’assurance d’un consensus et d’une prise de décisions, il aurait fallu prendre le temps de lever tous les obstacles pour être sûr d’avoir un accord avec le Mali et les autres pays avant de convoquer un sommet.

A Accra,
deux camps se sont opposés sur le maintien ou non des sanctions. Peut-on parler de scission au sein de l’organisation régionale ?

Il y a effectivement des sources selon lesquelles des pays n’étaient pas d’accord avec les autres. Pour autant, je ne pense pas qu’il faille parler de scission. On n’en est pas là même s’il y a des divergences et des points de vue probablement tranchés de quelques chefs d’Etat.

En Afrique de l’Ouest, on note des problèmes de fond, des divergences dans l’interprétation des différents évènements politiques notamment les coups d’Etat (ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas, dans quelle mesure doit-on prendre en compte la situation spécifique de chaque pays…).

C’est beaucoup d’éléments qui entrent en ligne de compte. Malgré tout, je ne pense pas que cela induise nécessairement une forme de scission au sein de la Cédéao.

Il faut aussi savoir qu’il y a, au niveau des chefs d’Etat, des calculs justifiés par leurs propres positions : ceux qui sont en fin de second mandat et ceux qui dirigent des pays où il y a une tradition d’alternance assez bien établie et où les partis sont beaucoup plus organisés. Des différences de configuration et de pratique politiques dans les pays de la région expliquent les décisions ou les prises de positions antagonistes.

Bamako a fixé à deux ans la période transitoire. A quoi peut-on s’attendre de la Cédéao suite à cette décision unilatérale ?

Le décret du président Assimi Goïta a fait le tour du monde et des réseaux sociaux. Il est arrivé juste après le sommet de la Cédéao. Est-ce que cela va influer sur le prochain sommet ? Probablement pas.

Jusque-là, il y avait des discussions sur le délai de la transition qui paraissait comme l’élément central du désaccord entre la Cédéao et le Mali. Avec ce décret, Bamako met clairement tout le monde devant le fait accompli.

Dans le cas de la Guinée et du Burkina, il est bon de rappeler que nous avons des institutions de transition qui ont annoncé des durées de transition ne correspondant pas à ce qui était souhaité par l’organisation régionale.

Quoi qu’il en soit, lors du prochain sommet de la Cédéao, la stabilité politique et sécuritaire de la région est à placer au cœur des décisions. On doit privilégier l’intérêt supérieur des populations.

Mais cela suppose que nous sortions d’une logique de confrontation et que nous réussissions à restaurer une culture de la discussion, de la présence sur le terrain qui permet d’orienter les transitions dans la bonne direction.

Juntes ouest africaines: aucune décision du Sommet de la Cedeao

Le Sommet des Chefs d’État de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest n’a pris aucune décision sur le maintien ou l’assouplissement des sanctions contre les militaires putschistes au Mali, en Guinée et au Burkina Faso.Réunis en réunion extraordinaire ce samedi 4 juin 2022 à Accra, au Ghana, les dirigeants ouest africains ont décidés de reporter leurs décisions sur les sanctions contre les justes malienne, burkinabé et guinéenne au 3 juillet prochain. Aucun consensus ne s’est dégagé à l’issue de la rencontre.

Il y avait deux blocs. D’un côté, les pays favorables au durgissement des sanctions contre la junte malienne et de l’autre ceux qui sont pour l’allègement des sanctions contre le pays du colonel d’Assimi Goïta.

Le 9 janvier dernier, la Cedeao avait infligé de lourdes sanctions à Bamako dont la fermeture des frontières avec ce pays d’Afrique de l’Ouest dans l’espoir de mettre fin au projet des militaires de gouverner cinq années de plus.

La hausse du prix du carburant risque-t-elle d’embraser la Guinée ?

Un jeune a été tué par balle, mercredi 1er juin, lors de protestations contre l’augmentation des prix à la pompe.Thierno Mamadou Diallo, 19 ans, a reçu une balle dans la tête alors qu’il circulait dans le quartier de Hamdallaye, dans la banlieue de Conakry. Selon ses proches, il est mort après que les forces de l’ordre ont commencé à réagir aux jets de pierre de jeunes qui manifestaient contre la hausse du prix de l’essence, annoncée cette semaine par le gouvernement.

Depuis le 1er juin, les prix de l’essence et du gasoil sont passés de 10.000 à 12.000 francs guinéens le litre, soit l’équivalent de 700 à près de 850 FCFA. Une augmentation de 20% qui n’a pas laissé sans réaction de nombreux Guinéens en dépit de l’interdiction de manifester sur la voie publique imposée par les autorités militaires pendant les trois ans censés précéder un retour des civils au pouvoir.

Ainsi, au passage d’un convoi de policiers et de gendarmes, des jeunes « ont commencé à jeter des cailloux sur les agents de l’ordre. Dans la confusion, mon frère a pris une balle dans la tête », a dit Halimatou Diallo, la sœur de Thierno Mamadou Diallo. Elle précise que son frère était étranger à la manifestation. Il était, selon elle, sorti pour faire une course et « c’est sur le chemin de retour qu’il a pris une balle ».

« J’ai appris avec amertume le décès d’un jeune du nom de Thierno, âgé de 19 ans, mort dans des circonstances non encore élucidées », a indiqué à la presse le procureur général, Alphonse Charles Wright, notant avoir donné des instructions pour déterminer la cause du décès. « On ne connaît pas encore les circonstances dans lesquelles cela est arrivé, nous allons ouvrir une enquête », a affirmé de son côté, à l’AFP, le porte-parole de la police, le lieutenant Mory Kaba.

L’impunité, une tradition en Guinée ?

Dirigée depuis le 5 septembre 2021 par une junte militaire, la Guinée enregistre ainsi son premier mort lié à une manifestation depuis le début de la transition. Ce drame est une tâche noire sur la gestion des nouvelles autorités même si le pays a connu des tragédies similaires dans le passé. Dans un entretien avec APA, Fabien Offner, chercheur à Amnesty International et spécialiste de la Guinée, a souligné que la lutte contre l’impunité et l’usage excessif de la force lors des manifestations étaient des questions encore « inchangées » dans ce pays d’Afrique de l’ouest.

Avant le renversement du président Alpha Condé, son régime a été notamment marqué par la répression des manifestations contre son troisième mandat. Des dizaines de civils avaient été tués à l’époque, selon les organisations de défense des droits humains qui ont à plusieurs reprises dénoncé l’usage excessif de la force et l’impunité de la police et de la gendarmerie. La justice guinéenne poursuit aujourd’hui Alpha Condé ainsi que vingt-sept anciens hauts responsables du pouvoir pour « assassinats ».

Le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), qui a combattu l’ex-président, a estimé pour sa part que « la répression sanglante » des manifestations de mercredi tranchait avec le discours initial du colonel Mamady Doumbouya, le chef de la junte qui « s’était engagé à ne pas commettre les mêmes (tueries) que ses prédécesseurs ».

Des formations de l’opposition comme l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) de Cellou Dalein Diallo et l’Union des forces républicaines (UFR) de Sidya Touré ont dénoncé également une violation des lois nationales dans la mesure d’interdiction de manifester par le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD), le nom de la junte guinéenne.

Condamnations, sommet Cedeao

En outre, le Bureau des droits de l’homme des Nations unies a exigé des autorités de la transition la levée de ces mesures non « conformes aux principes de nécessité et de proportionnalité ». « Nous notons que cette décision intervient à un moment où les acteurs politiques et la société civile du pays ont exprimé leur mécontentement après l’annonce des autorités militaires sur la période de transition en cours, qui durerait 36 mois », a noté Seif Magango, porte-parole dudit bureau onusien.

Le Conseil national de transition (CNT), l’organe législatif mis en place par la junte, a fixé à trois ans la durée de la transition avant le retour des civils au pouvoir. Cette décision du CNT, qui fait office de parlement de transition, doit être validée par le colonel Doumbouya à une date non précisée.

Toutefois, le chef militaire, ancien bras droit d’Alpha Condé, a affirmé qu’il ne serait « ni candidat à une élection, ni proche d’un parti politique ». Cependant, il dit tenir à la stabilité du pays « pour mener à bien le chronogramme de la transition et de la politique de refondation enclenchés depuis le 5 septembre 2021 ». Et cet objectif est pour lui inconciliable avec la tenue de manifestations dans le pays.

En revanche, plusieurs acteurs de la vie sociopolitique guinéenne ne l’entendent pas de cette oreille. C’est une situation qui laisse présager des lendemains de tensions alors que doit s’ouvrir samedi 4 juin à Accra, au Ghana, le sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de la Cedeao. Ces dirigeants vont discuter de l’avenir du Mali, de la Guinée et du Burkina Faso, trois pays de la région sous sanctions après que les pouvoirs en place ont été renversés ces derniers mois par des juntes militaires.

Cedeao : comment se portent le Mali et ses voisins après l’embargo ?

En janvier dernier, des économistes ouest-africains ont noté que plusieurs pays de la Cedeao allaient « pâtir des mesures économiques et financières adoptées contre le Mali ». Qu’en est-il de la situation actuellement ?Il y a un mois, le président Macky Sall, faisant son petit pèlerinage en Arabie Saoudite, marchait dans les rues de la Mecque quand il fut subitement interpellé par une dame africaine, d’origine malienne apparemment. Barrée par la sécurité, elle tente par tous les moyens de s’approcher de lui pour délivrer un message qui lui tient à cœur.

« L’embargo sur le Mali ! Il faut enlever l’embargo sur le Mali. On a faim, on a soif », lance-t-elle à l’adresse du chef de l’Etat sénégalais, non moins président en exercice de l’Union africaine (UA). Elle insiste, insiste, jusqu’à ce qu’il s’arrête, se retourne vers elle, tout sourire, en la désignant par l’index : « In cha Allah », lui lance-t-il en guise de promesse. C’est une façon de faire comprendre à cette femme ainsi qu’à tous les acteurs qui vivent des échanges entre le Mali et les quatorze pays de la Cedeao qu’il a entendu leurs supplications, même si cet embargo ne vient pas de lui.

Depuis le 9 janvier dernier, ce pays ouest-africain vit sous le coup de lourdes sanctions économiques, prononcées par cette organisation sous-régionale, après un désaccord avec la junte militaire qui a proposé un calendrier de transition de cinq ans maximum. Outre la fermeture des frontières au sein de l’espace sous-régional, le gel des avoirs financiers du pays au sein de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (Bceao) plonge dans le désarroi de nombreux Maliens.

Au bord de la rupture ?

Ces mesures visent à asphyxier l’économie d’un pays « très extravertie » car dépendant fortement des exportations, surtout le coton, selon l’économiste malien Modibo Mao Makalou. « Notre Produit intérieur brut (PIB) est dépendant du commerce international à hauteur de 60% », a-t-il précisé.

Malgré tout, le Mali semble afficher une certaine solidité depuis plus de quatre mois. Pour contourner les sanctions, les autorités ont diversifié les partenariats en multipliant leurs échanges avec la Guinée et avec des pays non membres de la Cedeao, tels que la Mauritanie et l’Algérie.

« En réalité, il y a une capacité de prévision et de réaction. Depuis le 16 septembre 2021, lors de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Cedeao, une liste a commencé à être compilée pour sanctionner des personnalités maliennes. Je pense qu’à partir de ce moment, le gouvernement a dû prendre des précautions par rapport à d’éventuelles sanctions », explique M. Makalou, ancien conseiller économique à la présidence malienne, regrettant juste le fait que ces sanctions n’aient pas été graduelles comme le « prévoient » les textes de la Cedeao et de l’Uemoa.

Il s’exprimait lors d’un Spaces, une conversation publique sur Twitter organisée la semaine dernière par l’Observatoire citoyen sur la gouvernance et la sécurité, un think tank malien, sur l’impact des sanctions de ces deux organisations régionales sur le secteur privé national.

En revanche, plusieurs observateurs s’accordent à dire que la situation au Mali devient de plus en plus intenable. Récemment, la junte malienne a proposé de revoir la durée de la transition à deux ans et demandé la médiation du Togo dans la crise politique. Cependant, la Cedeao maintient toujours le statu quo. Aujourd’hui, des opérateurs économiques maliens de premier plan sont au bord de la rupture.

Des transactions quasi impossibles

« En tant qu’entrepreneur malien, on sent ces sanctions. Il y a aujourd’hui des industriels qui envisagent de fermer parce que leurs approvisionnements sont coupés. Les transactions bancaires sont très difficiles, on ne peut pas faire de transfert à l’intérieur de l’Uemoa et de la Cedeao. Personnellement, je l’ai vécu » en voulant effectuer des transactions financières pour l’exécution de projets à Ouagadougou et à Dakar, a confié Mossadeck Bally, fondateur du groupe hôtelier Azalaï. Il rappelle que son pays se trouve « au milieu de sept pays » et « n’a pas accès à la mer », faisant que le Mali « se coupe en quelque sorte de son espace naturel » en se coupant de ses voisins.

« On ne peut plus se mouvoir facilement pour les affaires ou les actions de supervision. Il faut passer par Conakry ou Nouakchott. Un billet Bamako-Ouagadougou, qui coûtait un peu moins de 300 mille FCFA avant l’embargo, coûte maintenant 900 mille. Vous êtes obligé de passer quasiment une nuit ou une journée en route », déplore l’homme d’affaires malien qui fait aussi écho à ces transporteurs « coincés » au niveau des frontières. Ils sont Maliens, Sénégalais, bref des ouest-africains.

Transitaire malien basé au port de Dakar, Lassana Kanté assiste depuis quelque temps à une chute vertigineuse de son chiffre d’affaires. Si cet embargo n’est pas levé, il craint de ne plus pouvoir joindre les deux bouts et nourrir sa famille. « Cet embargo nous fait beaucoup de peine. Avant la fermeture des frontières, on travaillait 24 heures sur 24. Mais maintenant, c’est très difficile. Du lundi au vendredi, on était occupés à sortir des containers. Mais aujourd’hui, il est très difficile pour un transitaire d’en avoir dix », a-t-il indiqué à APA.

C’est le même son de cloche pour Mamadou Wade, coxeur sénégalais. « La situation est difficile pour tout le monde, que vous soyez transitaire, chargeur ou transporteur. Nous demandons au président Macky Sall de penser à ces pères de famille », a-t-il appelé.

Le prix de la viande en hausse

En outre, la crise touche les transporteurs de bétail. Le prix de la viande de bœuf ou de mouton a grimpé de façon exponentielle à moins de deux mois de la fête de Tabaski ou Aïd el Kebir. Avant l’embargo, le kilogramme coûtait autour de 3000 FCFA alors qu’il faut débourser maintenant entre 4000 et 5000 pour les deux variétés. « Le gros du stock de viande que nous consommons au Sénégal, surtout à Dakar, vient du Mali. Avec le blocage du transport transfrontalier, les répercussions sur le prix de la viande se font sentir. C’est très difficile pour les ménages avec qui nous sommes en contact régulier. J’espère que les autorités vont prendre des décisions qui vont dans le sens de soulager les populations », a noté Kader Sèye, un boucher opérant dans la capitale sénégalaise.

Ainsi, le Mali n’est pas le seul à souffrir des sanctions de la Cedeao. En tant que premier partenaire commercial du Sénégal, il fait entrer plusieurs milliards de francs CFA dans les caisses de l’Etat. Deux mois après la mise en œuvre de l’embargo, la Direction de la prévision et des études économiques (DPEE) a évalué les pertes du Sénégal à hauteur d’une vingtaine de milliards. « Il convient de noter que les exportations vers le Mali, sous embargo de la Cedeao depuis la première quinzaine du mois de janvier, ont diminué de 28,1 % (-24,2 milliards) entre décembre 2021 et janvier 2022, particulièrement celles des produits pétroliers (-20,6 %) et du ciment (-44,4 %) », indiquait en mars dernier cet organe du ministère sénégalais de l’Economie.

Dans la même période, certains spécialistes renseignaient sur la position difficile du Sénégal d’appliquer cette décision au regard des enjeux économiques non négligeables. « Le Mali se trouve dans une situation extrêmement difficile et intenable. Mais les autres pays seront impactés, principalement son premier fournisseur qui est le Sénégal. Ce dernier a exporté (des biens et services) pour 470 milliards FCFA en 2020 et plus de 500 milliards en 2019. Donc les échanges entre le Mali et le Sénégal tournent par an autour de 500 milliards FCFA », affirmait pour APA Dr Souleymane Diakité, enseignant-chercheur à l’École nationale de la statistique et de l’analyse économique (ENSAE) de Dakar.

Un chronogramme de la discorde

Par ailleurs, des chercheurs du Centre universitaire de recherches économiques et sociales (CURES) de Bamako ont indiqué le 25 janvier dernier, dans une étude intitulée « Effets des sanctions de la CEDEAO sur le commerce extérieur du Mali », que le Burkina Faso, le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Bénin allaient « pâtir des mesures économiques et financières adoptées contre le Mali ».

« En cas de rupture commerciale totale, le Sénégal réaliserait une perte de plus de 1,3 milliards de FCFA par jour, suivi de la Côte d’Ivoire avec plus de 612 millions de FCFA puis vient, en troisième position, le Bénin avec un peu plus de 151 millions de FCFA par jour », soulignaient ces chercheurs, cités par l’Agence malienne de presse (AMAP).

En dépit de toutes ces alertes, le bras de fer entre le Mali et la Cedeao continue de priver beaucoup de citoyens de la région de leur moyen de subsistance. Certains acteurs comme Mossadeck Bally pensent toujours que les « sanctions ont été prises sur des bases qui n’existent pas juridiquement ». Toutefois, cela ne doit pas constituer une entrave à la reprise du dialogue en vue d’un retour à la normale qui serait salvateur pour tous.

« Il est plus qu’urgent que le gouvernement, non seulement, prenne le taureau par les cornes en faisant son chronogramme, en commençant déjà les réformes essentielles. On est tous d’accord qu’il faut faire des réformes avant de partir aux élections. Il faut négocier avec la Cedeao pour que, d’ici à la fin du mois de mai, on puisse sortir de cette situation qui devient de plus en plus intenable pour les Maliens et les opérateurs économiques », a préconisé l’homme d’affaires malien alors que les positions semblent toujours figées de part et d’autre.

Afrique : vers l’implantation de 7 usines pharmaceutiques

La Guinée, le Sénégal, la Mauritanie, le Bénin, le Nigeria, le Congo et l’Angola ont été choisis par les sociétés Turk Ilaç et Interglobe IEG, porteuses du projet.L’indépendance pharmaceutique, ce n’est pas encore une réalité en Afrique. En 2020, le continent noir importait plus de 80 % de ses produits pharmaceutiques et consommables médicaux. Récemment, la Covid-19 a montré les risques encourus par l’Afrique.

Turk Ilaç, une grande entreprise turque de production de produits pharmaceutiques et Interglobe IEG, une société américaine active dans la recherche d’opportunités d’investissement en Afrique pour les compagnies étrangères, ont signé un accord en décembre 2021 lors 3e Sommet Turquie-Afrique. L’objectif commun est que les sept usines pharmaceutiques,  similaires à celles réalisées avec succès en Turquie, sortent de terre d’ici 2024.

« Le développement de ces unités de production à travers l’Afrique est d’une importance capitale pour le développement durable, non seulement de l’Afrique mais aussi de l’économie mondiale dans son ensemble », a déclaré Mehmet Berat Battal, président de Turk Ilaç.

Les gouvernements des différents Etats concernés adhèrent au projet. À la suite des réunions avec les autorités compétentes, Turk Ilaç affirme avoir reçu de « très bons échos » sur la garantie d’achat et l’attribution d’espaces afin d’encourager la production locale.

Le groupe turc dit réaliser des productions intégrées à faible coût et sans compromis sur la qualité. Il entend maintenant apporter en Afrique son expérience et son savoir-faire pour contribuer à l’émergence d’une industrie pharmaceutique.

Dans ce projet ambitieux, Turk Ilaç devrait bénéficier du soutien des sept pays ciblés, de la Banque africaine d’import-export (Afrexim) et d’autres fonds connexes. Globalement, la stratégie de l’entreprise turque en Afrique s’articule autour de quatre axes : l’investissement dans le secteur pharmaceutique, le transfert de technologies avancées, la promotion de l’emploi des femmes et le développement.

Pour sa part, Interglobe IEG s’était engagée avec le Secrétariat de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) pour développer l’industrie pharmaceutique locale, créer des emplois, attirer les investissements étrangers et faciliter le transfert de technologie en Afrique.

Bunmi Jinadu, le président exécutif du groupe américain, croit « fermement que soutenir le développement d’une industrie pharmaceutique durable en Afrique est une contribution puissante à la réalisation des Objectifs de Développement Durable ».

Guinée : l’alliance entre le RPG et le G58 fait grincer des dents

Le Rassemblement du Peuple de Guinée (RPG) s’est joint à la grande coalition des partis politiques pour dénoncer le chronogramme de la transition proposé par la junte.Trahison pour les uns. Mariage de raison pour les autres. Chacun y va de son commentaire pour donner son opinion sur l’adhésion du Rassemblement du Peuple de Guinée (RPG) au Groupe de 58 formations politiques (G58) dirigé par l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG) de Cellou Dalein Diallo.

 « Ah les politiques ! Comment peut-on pactiser avec le diable pour des intérêts inavoués ? C’est une insulte aux mémoires de toutes les victimes d’Alpha Condé », proteste Ataoulaye Mo Bantignel sur Twitter. Dans le même réseau social, Thierno Bah invite ses compatriotes à « ouvrir les yeux » parce que « la politique, telle que pratiquée en Guinée, est malsaine. Par conséquent, elle n’en vaut pas la peine ».

Pour Alpha Amadou Diallo, « il (Cellou Dalein Diallo) ne devrait pas traiter avec eux (RPG et alliés). Ils sont mourants. Autant les laisser reposer en paix ».  

« Le RPG et l’UFDG n’ont pas besoin de vos leçons de morale. Ceux qui n’ont pas vu venir ce rapprochement sont ceux qui font la politique avec le cœur et non la tête », rétorque Ibrahim Oularé.

A l’en croire, cette union entre ces deux grands partis était bien prévisible dès le 5 septembre. Les prémices ont été posées, d’après lui,  quand leurs membres ont commencé à être inquiétés par le Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD).

Plusieurs cadres du RPG ont été emprisonnés depuis la chute d’Alpha Condé. Son rival éternel, Cellou Dalein Diallo, est également visé par des poursuites judiciaires dans l’affaire dite Air Guinée. Celle-ci concerne la vente du tout dernier avion de ladite compagnie aérienne et son patrimoine.

Ibrahim Oularé est persuadé que cette alliance perdurera « tant que le CNRD continuera à frapper le RPG et l’UFDG avec le même fouet ». « Pourquoi réduire cette coalition des partis politiques à une rencontre RPG-UFDG ? », s’interroge de son côté l’activiste Moriah Kaba alors qu’il ne s’agit pas d’ « une alliance politique ». Cela fait dire à un internaute guinéen que « les gens font preuve de mauvaise foi sur le sujet ». 

Tout compte fait, Dian Lelouma espère que les trois grands partis politiques pèseront devant le gouvernement de transition qui était parti pour durer 39 mois. Une durée rejetée à l’unanimité par l’écrasante majorité de la classe politique réunie ce mercredi au siège de l’UFDG. Le même jour, le Conseil National de la Transition (CNT), organe législatif, a voté en faveur d’une transition de 36 mois.

Golfe de Guinée : « une sécurité durable », l’aspiration commune

Les huit pays de cet espace maritime n’entendent pas lever le pied dans la lutte contre la piraterie.Selon le Bureau maritime international (IMB, sigle en anglais), la piraterie est réduite à sa plus simple expression dans le Golfe de Guinée. Un niveau de sécurité pour la navigation jamais atteint dans la région depuis 28 ans.

Le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Ghana, la Guinée, le Liberia, le Nigeria, la Sierra Leone et le Togo, bordés par les mêmes eaux, se sont récemment réunis dans le cadre de la 5e plénière du Forum de collaboration maritime du Golfe de Guinée. Objectif : harmoniser les interventions des différentes chaînes de commandement militaires.

S’exprimant à cette occasion, Bashir Jamoh, le Directeur Général de l’Agence nigériane de l’administration et de la sécurité maritime (Nimasa, sigle en anglais) a souligné que la coopération est « essentielle » en vue d’assurer la sécurité en continu dans le Golfe de Guinée.

Il y a deux ans, a rappelé M. Jamoh, les pirates étaient très actifs dans cette partie de l’Afrique. Ce qui a provoqué la colère des partenaires des pays concernés par la menace. La situation est maintenant sous contrôle, mais il faut toujours rester sur ses gardes.

« Le Forum de collaboration maritime du Golfe de Guinée doit être préservé pour demeurer une force du bien.
En tant que membres, nous avons un devoir collectif envers ce forum : celui de maintenir un dialogue solide.
Le succès (dans ce cas de figure) ne peut jamais être le fruit d’actions solitaires », a affirmé le DG de la Nimasa.

C’est pourquoi, il s’est félicité de la coopération sur le Golfe de Guinée entre son pays et le Bénin car  « il doit y avoir une coopération entre les marines régionales ». À distance, Kitack Lim, le Secrétaire Général de l’Organisation maritime internationale (Omi) a demandé aux pays du Golfe de Guinée de préserver les acquis en termes de sécurité.

Dans ce sens, M. Lim a estimé qu’il faut « s’attaquer aux causes profondes de la piraterie, notamment la situation critique des communautés côtières afin de trouver des solutions pérennes ». Pour sa part, le chef d’état-major de la marine nigériane, le vice-amiral Awwal Gambo, a entre autres plaidé pour l’intensification des échanges d’informations et le renforcement des capacités institutionnelles en matière de gouvernance maritime.

« La sûreté et la sécurité de la navigation dans le Golfe de Guinée sont un élément essentiel du processus de redressement de l’économie mondiale » ralentie par la Covid-19, a déclaré M. Gambo.

Guinée : l’inculpation d’Alpha Condé n’est pas un calcul politique (politologue)

Les poursuites judiciaires engagées contre l’ex-président guinéen ne visent pas à noyer les divergences sur la transition, selon le directeur de l’Association guinéenne de Sciences politiques, Kabinet Fofana, interrogé par APA.Que reproche la justice guinéenne à Alpha Condé ?

Ces poursuites portent essentiellement sur des crimes économiques et financiers, mais surtout sur des crimes de sang qui font suite à une plainte déposée par les avocats du Front national pour la défense de la constitution (FNDC). Ces griefs ne sont pas seulement contre Alpha Condé, mais contre tous ceux qui ont directement ou indirectement joué un rôle dans le processus de modification de la Constitution qui lui a permis de briguer un troisième mandat. Selon le raisonnement du FNDC, toutes ces personnes doivent répondre de leurs actes du fait des violences qui ont été subies et des autres actes qui ont concouru à ces crimes de sang.

Pourquoi les nouvelles autorités ont attendu ce moment pour déclencher les poursuites à son égard ?

C’est une question à laquelle il est difficile de répondre. Ce qui me semble pertinent, ce n’est pas de savoir pourquoi ce moment précis. Généralement, une telle question sous-entend l’existence ou non d’un calendrier caché. D’aucuns pourraient se demander si, en donnant une suite favorable à une revendication du FNDC, cela n’amènerait pas celui-ci à édulcorer un peu sa position vis-à-vis du pouvoir notamment sur la question de la durée de la transition et de l’illisibilité de celle-ci. Mais cette crainte est à balayer parce que ces poursuites ne changeront pas la position du FNDC par rapport à la transition. Sékou Koundouno, qui est le responsable de la stratégie de ce mouvement, a d’ailleurs bien dit que ce sont deux choses distinctes. Alors je ne pense pas qu’il y ait un timing qui soit calculé politiquement. Je crois juste que les plaintes déposées par le FNDC rencontrent la conviction du Procureur qui a déclenché  les poursuites judiciaires.

Donc, pour vous, cette inculpation n’est pas une façon de noyer les divergences sur la manière de conduire la transition, et notamment sa durée fixée à 39 mois par la junte ?

Je ne le crois pas. Et même si c’était fait à dessein, je ne vois pas pourquoi cela amuserait les acteurs politiques. Encore qu’il faut considérer ceci comme un timing de la justice qui est différent de celui mis en place par le ministère de l’Administration du territoire qui, lui, est d’ordre politique. Le distinguo me semble important pour avoir une meilleure compréhension de ces deux questions qui ne me paraissent pas interconnectées comme on pourrait le croire.

Comment cette décision a été accueillie par l’opinion publique guinéenne ?

La compréhension de l’opinion guinéenne d’un même sujet peut être assez plurielle. En ce qui concerne ce cas-ci, vous avez ceux qui sont proches de l’ancienne opposition qui estiment que c’est une très bonne chose. Et de l’autre côté, il y a les partisans d’Alpha Condé qui naturellement ne partagent pas cet avis. Mais, d’une manière générale, les Guinéens ont bien envie de savoir davantage les actions des uns et des autres sur les différents crimes évoqués précédemment. Mais encore une fois, ce ne sont pas des avis cristallisés. Ils sont assez parcellaires et varient d’une opinion politisée à une opinion générale.

Jusqu’où pourraient aller éventuellement ces poursuites ?

A ce moment de la procédure, ce sont les instructions qui vont être ouvertes. Ce travail permettra de savoir si les accusations sont fondées ou pas. Nous verrons après ce que cela va donner. Je crois que c’est une très longue procédure qui s’ouvre et elle va certainement durer des mois. Généralement, ces types d’actions se font sur la durée surtout qu’il s’agit, ici, de crimes de sang. Ces derniers sont difficilement traitables sur un temps court. Mais on verra si les choses vont aller aussi rapidement que nous le souhaitons. De toute façon, le plus important est l’ouverture des poursuites et la justice va tranquillement faire son travail.

Conakry Terminal finance la construction d’un centre de formation professionnelle

L’infrastructure va coûter 1.900.000.000 francs guinéens, soit plus de 200.000 euros.Jeudi 05 mai 2022, Conakry Terminal, filiale de Bolloré Ports, et le ministère de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle (METFP), ont procédé à la signature d’un accord de financement relatif à la construction du Centre de Formation Professionnelle (CFP) Chemin de fer, situé dans la commune de Matoto à Conakry.

Le financement de Conakry Terminal porte sur un montant total de 1.900.000.000 de francs guinéens, soit plus de 200.000 euros, qui permettra la construction notamment de huit salles de cours, deux ateliers pratiques, cinq bureaux administratifs, une salle des professeurs, un magasin et une salle polyvalente.

« L’éducation est un des axes majeurs de la politique mécénat du Groupe Bolloré et c’est dans ce cadre que nous nous sommes engagés auprès du METFP à soutenir ce projet qui consiste à délocaliser et moderniser dans le même temps le Centre de Formation Professionnelle (CFP) Chemin de Fer. Nous sommes heureux de procéder ce jour à la signature de la convention de financement et dans les jours à venir à la pose de la première pierre de cette infrastructure qui va accueillir dans quelques mois plusieurs jeunes guinéens », a déclaré Emmanuel Masson, Directeur général de Conakry Terminal lors de la cérémonie de signature de la convention.

« Nous sommes heureux que le Groupe Bolloré en Guinée à travers sa filiale Conakry Terminal ait financé une partie de ce projet de délocalisation et de modernisation du Centre de formation professionnelle (CFP) Chemin de Fer. La construction de cette école permettra à la Guinée de bénéficier d’un centre de formation moderne, répondant aux standards internationaux. Au nom du Président de la transition, Colonel Mamadi Doumbouya et du Premier Ministre, Mohamed Beavogui, j’adresse mes sincères remerciements aux responsables du Groupe Bolloré en Guinée pour le respect de leur engagement vis-à-vis de l’État guinéen », a exprimé Alpha Bacar Barry, ministre de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle.

Conakry Terminal apporte son soutien à plusieurs projets d’éducation et de formation en Guinée, notamment à travers la construction du Centre de formation professionnelle des personnes à mobilité réduite (Centre Konkoure) à Mamou, l’octroi de bourses aux étudiantes de l’ENAM (École nationale des arts et métiers), la prise en charge des frais de scolarité des étudiants de la filière agroalimentaire de l’UCAO (Université Catholique de l’Afrique de l’Ouest) et la remise de matériels didactiques aux lauréats de plusieurs lycées de la Capitale.

Guinée : la lutte contre l’impunité reste un défi (chercheur)

La justice guinéenne a annoncé mercredi la poursuite de vingt-sept anciens hauts responsables dont l’ex-chef de l’Etat Alpha Condé, suite à la répression brutale des protestations, à partir d’octobre 2019, contre son troisième mandat. Dans un entretien avec APA, Fabien Offner, chercheur français spécialiste de la Guinée au bureau ouest-africain d’Amnesty International, salue cette décision même s’il reste vigilant avec le régime putschiste du colonel Mamady Doumbouya qui boucle son huitième mois à la tête du pays.Amnesty a dénoncé la répression sanglante des manifestants contre le troisième mandat d’Alpha Condé. Aujourd’hui, la justice a décidé de le poursuivre ainsi que d’autres anciens dignitaires de son régime pour « assassinats ». Comment appréciez-vous cette mesure ?

Effectivement, nous avons pris connaissance du déclenchement de poursuites judiciaires contre un certain nombre de dignitaires de l’ancien régime dont l’ancien président Alpha Condé, mais aussi l’ancien Premier ministre, l’ancien président de l’Assemblée nationale, des hauts gradés de la police et de la gendarmerie, des députés, entre autres. On rappelle tout simplement qu’Amnesty International a, à maintes reprises, appelé de ses vœux pour que de telles poursuites judiciaires soient déclenchées sur tous les cas de violation des droits humains commis depuis octobre 2019. C’est-à-dire depuis les premières manifestations contre le changement constitutionnel. Il faut rappeler qu’il y avait des dizaines de morts, précisément des personnes tuées à la suite d’un usage illégal de la force par les forces de défense et de sécurité. Il y a également des dizaines de personnes qui ont été détenues arbitrairement. Certains sont morts en prison. Des manifestations ont été interdites à de nombreuses reprises contrairement au droit international dans un certain nombre de cas. Donc effectivement, nous attendons que ces poursuites judiciaires se déclenchent et se fassent dans les plus brefs délais. Nous réitérons également l’appel pour que les suspects soient jugés dans le cadre de procès équitables devant des tribunaux impartiaux.

Au plan politique, le chef de la junte a proposé 39 mois de transition rejetés par l’opposition. Craignez-vous de nouvelles manifestations pouvant déboucher sur des violations des droits humains ?

Il est difficile de dire si les décisions politiques peuvent entraîner des violations de droits humains. Ce que l’on sait, sous le régime d’Alpha Condé et même bien avant, il y a une question essentielle en Guinée qui reste pour le moment inchangé. C’est la question de la lutte contre l’impunité, et notamment la question de l’usage excessif de la force. A maintes reprises, des personnes ont été tuées ou blessées par les forces de défense et de sécurité en faisant usage d’armes à feu et de balles réelles pour réprimer certaines manifestations. On ne peut espérer qu’un vrai changement de pratique dans le maintien de l’ordre en Guinée. Et plus largement, nous espérons que la lutte contre l’impunité va revenir au centre des préoccupations et des priorités du pouvoir guinéen. C’est ce qu’ont expliqué les nouvelles autorités, en affirmant que la justice doit être la boussole des Guinéens et du nouveau pouvoir. Pour le moment, nous attendons toujours de voir. Il y a eu des annonces sur les procès du massacre du 28 septembre 2009. Pour le moment, malheureusement, rien n’a encore bougé de façon concrète. Donc les enjeux et les attentes restent pour le moment les mêmes en Guinée quel que soit le pouvoir en place.

Le pouvoir en place est le fruit d’un coup d’Etat. Mais est-ce qu’il se démarque des autres régimes par rapport au respect des droits humains ?

Le coup d’Etat a eu lieu le 5 septembre 2021. Il y a eu ensuite une période évidemment beaucoup plus calme que celle plus mouvementée des dernières années du régime Alpha Condé. Elles se sont caractérisées par des détentions arbitraires, un grand nombre de personnes décédées dans les rues de Conakry suite à un usage excessif de la force présumé et un certain nombre de blessés graves qui sont toujours à Conakry. On en a rencontrés certains qui sont paraplégiques, en fauteuil roulant. C’est une situation qui est loin d’être réglée pour les victimes des tirs.

Jusqu’à présent, ce qu’on constate c’est la création de la Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief). Elle a donné lieu à un certain nombre d’arrestations. Il faut seulement espérer que cela soit fait dans un cadre légal, totalement conforme aux normes internationales et que la justice ne soit pas instrumentalisée.

Nous avons également espoir que le procès du massacre du 28 septembre 2009 démarre enfin. Et de ce point de vue, c’est pour le moment la déception. On note également que, jusqu’à preuve du contraire, les manifestations sont toujours interdites en Guinée. Ce qui demeure un problème. Il faudra analyser en quoi la pandémie de Covid-19 demeure aujourd’hui un frein à l’autorisation des nouvelles manifestations. Et si cette situation devrait durer, il faudrait justifier cette mesure d’interdiction qui risque d’être un objet de crispation entre le pouvoir en place et certains acteurs politiques. Donc, la situation demeure assez fragile. C’est difficile de voir dans quel sens le vent va tourner, surtout après l’annonce du chronogramme de la transition. Mais évidemment, Amnesty International comme toutes les organisations guinéennes de défense des droits humains, va maintenir la même vigilance avec le pouvoir actuel comme cela a été le cas lors des années précédentes.

Guinée : Condé et ses ministres dans le collimateur de la justice

Le Procureur Général près la Cour d’Appel de Conakry a donné des instructions aux fins de poursuite judiciaire par voie de dénonciation contre l’ancien président de la République guinéenne et des ténors de son régime.Au total, ils sont 27 ministres, députés et autres hauts cadres à figurer sur la liste rouge du Procureur Général rendue publique ce mercredi. Plusieurs chefs d’accusations sont portés contre Alpha Condé et ses anciens collaborateurs.

Il s’agit entre autres : des atteintes volontaires à la vie humaine notamment le meurtre, assassinat et complicité de meurtre et d’assassinat ; des atteintes involontaires à la vie et complicité d’atteinte involontaire à la vie et de complicité ; des atteintes à la personne constituées par les disparitions forcées, détention, enlèvement ou tout autre forme de privation de liberté et de complicité.

Ces poursuites font suite à une plainte déposée par les avocats du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC) suite aux tueries et violations des droits de l’homme enregistrées lors des manifestations contre la modification ou l’adoption d’une nouvelle constitution. Cette dernière avait permis au président Alpha Condé d’obtenir un troisième mandat.

Alpha Condé arrivée au pouvoir en 2010 a été renversé le 5 septembre 2021 par le Groupement des forces spéciales dirigé par le Colonel Mamady Doumbouya qui assure actuellement la fonction de chef de l’Etat.

Golfe de Guinée : conférence en vue sur la sécurité maritime

L’Agence nigériane d’administration et de sécurité maritime (NIMASA) et la Marine nigériane, en partenariat avec le Centre de coordination interrégional (CCI) de Yaoundé, au Cameroun, ont conclu des accords pour accueillir la 5ème plénière du Forum de collaboration maritime du Golfe de Guinée pour la Sensibilisation et la Déconfliction partagées (GOG-MCF/SHADE).Cette plénière du MCF/SHADE du Golfe de Guinée, qui doit se tenir à Abuja les 10 et 11 mai, a pour thème « une sécurité durable » et toutes les marines régionales ainsi que d’autres parties prenantes internationales sont attendues.

S’exprimant avant le forum, le directeur général de l’agence nigériane d’administration et de sécurité maritime, NIMASA, Dr. Bashir Jamoh, a identifié la coopération régionale comme ayant joué un rôle important dans la réduction des incidents de piraterie dans le Golfe de Guinée.

« La création du GOG-MCF/SHADE a permis aux parties prenantes de la région du Golfe de Guinée et de l’extérieur d’entrer en contact et de discuter de la meilleure façon de lutter contre la piraterie dans la région. Nous pensons qu’il s’agit d’un catalyseur qui a incité les parties prenantes non régionales à intensifier et à lancer des opérations efficaces d’application de la loi maritime pour soutenir les efforts régionaux », a déclaré M. Jamoh.

Selon lui, ces initiatives et efforts de collaboration de la marine nigériane et d’autres marines régionales, y compris le déploiement du projet Deep Blue, sont à l’origine de la réduction considérable des incidents de piraterie dans les eaux nigérianes et dans la région du GdG.

« Il convient de noter que le Bureau maritime international (BMI) a retiré le Nigeria de la liste mondiale des pays pirates. Réaliser cet exploit n’est pas facile, mais maintenir ce statut sera encore plus difficile. Notre objectif est de maintenir ce nouveau statut de Golfe de Guinée sans piraterie », a-t-il ajouté.

La déclaration de la NIMASA indique que le Forum de collaboration du Golfe de Guinée SHADE a été créé par le Nigeria et 22 pays de la CPI en juillet 2021 et que l’objectif est de mettre en œuvre une coopération opérationnelle efficace en matière de lutte contre la piraterie entre les marines régionales et internationales, ainsi que l’industrie du transport maritime et les centres de notification du Code de conduite de Yaoundé, de la CPI, pour la stratégie régionale de sécurité et de sûreté maritimes en Afrique centrale et occidentale.

Selon la déclaration, la précédente édition de la plénière s’est tenue virtuellement en juillet de l’année dernière, en raison des restrictions de voyage imposées par la pandémie de Covid-19, et a été accueillie par l’Institut maritime du Golfe de Guinée, GOGMI, à Accra, au Ghana.

Il a ajouté que le ministre nigérian des transports, M. Rotimi Amaechi, le ministre d’Etat chargé des transports, le sénateur Gbemisola Saraki, le chef d’état-major de la marine, le vice-amiral AZ Gambo et le DG de la NIMASA, le Dr Bashir Jamoh, sont les principaux participants à la plénière en provenance du Nigeria, tandis que le capitaine Bell Bell de l’ICC-Yaounde dirige les marines et les participants internationaux à la plénière.

Guinée : le colonel Doumbouya veut rester encore 3 ans au pouvoir

Le chef de la junte militaire en Guinée a proposé samedi soir une transition de 39 mois avant de passer la main.Le chemin semble encore long avant le rétablissement de l’ordre constitutionnel en Guinée. Huit mois après le coup d’Etat contre Alpha Condé, le colonel Mamady Doumbouya a annoncé pour la première fois une durée pour la transition. Le chef de la junte guinéenne propose un calendrier de « 39 mois », soit un peu plus de trois ans, avant le retour des civils au pouvoir.

« Chaque Guinéen a droit à la parole, l’avis de tout le monde compte. C’est la volonté de la majorité qui tranche les contradictions. Il ressort une proposition médiane d’une durée consensuelle de la transition de 39 mois. Le CNRD (Comité national du rassemblement pour le développement, l’organe dirigeant de la junte] et le gouvernement à leur tour soumettront au CNT (Conseil national de transition), qui tient lieu de Parlement, cette proposition qui est consécutive à de larges et patientes concertations », a déclaré lors d’un discours à la nation le colonel Doumbouya.

Le chef militaire sert une réponse voilée aux principales formations du pays qui avaient décidé de boycotter la rencontre du ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation, Mory Condé, sur les propositions de calendrier de la transition. En clôturant le « cadre de concertation inclusif », ce dernier a relevé vendredi que l’« ensemble des acteurs » ayant accepté d’y participer avaient « proposé des durées allant de 18 à 52 mois » pour la transition, sans préciser à partir de quelle date.

« Je ne décide pas seul, j’agis avec tout le monde. C’est pourquoi, il y a eu successivement, les journées nationales de concertation, les assises nationales et maintenant le cadre de concertation et de dialogue, qui viennent de rendre leurs conclusions provisoires. C’est le lieu pour moi de remercier tous ceux qui ont contribué à la réussite de ces différents travaux », a renchéri Mamady Doumbouya.

Par ailleurs, la Cedeao, qui s’apprête à envoyer une mission dans le pays, n’a pas encore réagi à la proposition de la junte. Les autorités guinéennes n’avaient pas pu respecter l’ultimatum du 25 avril qu’elle avait fixé pour présenter un calendrier « raisonnable » de la transition. Elles avaient demandé plus de temps pour finir les consultations, avait souligné l’organisation sous-régionale la semaine dernière. 

Il est peu probable cependant que la Cedeao accepte une telle durée pour la transition en Guinée. Elle a déjà refusé les propositions de trois et deux ans des juntes au Burkina et au Mali. 

Ce pays est sous embargo dans la région depuis janvier dernier et certains acteurs craignent que les chefs d’Etat ne prennent les mêmes sanctions contre Ouagadougou et Conakry lors de leur prochain sommet prévu ce mois.

Les pays de la Cedeao adoptent une stratégie régionale climat

Les quinze ministres de l’Environnement des Etats membres de la Cedeao ont validé vendredi 29 avril la Stratégie Régionale Climat de l’organisation.Les pays de la Cedeao renforcent leur union au plan environnemental. Réunis du 26 au 27 avril dans la capitale ghanéenne, les ministres de l’Environnement des Etats membres ont donné leur accord pour une action solidaire et coordonnée face au changement climatique. 

Cette stratégie est le fruit d’un processus collaboratif de plus d’un an conduit entre les institutions de la région ouest-africaine, les Etats membres de la Cedeao, les partenaires techniques et financiers et la société civile. « A l’instar des changements climatiques qui nous impactent tous, la réponse à apporter pour y faire face impose la participation de tous et la Stratégie Régionale Climat est un catalyseur de l’action de l’ensemble des acteurs », souligne un communiqué de l’organisation sous-régionale.

Ainsi, l’adoption de cette stratégie est pour la Cedeao une façon de montrer son engagement aux côtés des Etats « pour faire du climat une priorité de l’action politique de la région ». Cette politique entre « en cohérence avec sa Vision 2050 », en partant du constat que les impacts du changement climatique sont transfrontaliers et que c’est ensemble que les Etats membres de l’organisation peuvent relever ce défi, ajoute la même source.

« Agir sur le climat à l’échelle de la région ouest-africaine est essentiel car la coordination des interventions, la solidarité entre les Etats membres et l’engagement des communautés locales sont les clés d’une action efficace et durable sur le climat », affirme le Commissaire Sékou Sangaré, chargé de l’agriculture, de l’environnement et des ressources en eau à la Commission de la Cedeao. « C’est aussi l’opportunité d’élever la voix de la région sur la scène internationale, en portant les messages d’une région unie et solidaire dans la négociation sur le climat, et en structurant la mobilisation de ressources financières pour augmenter massivement les financements climatiques internationaux », signale-t-il.

Par ailleurs, cette stratégie contient « des objectifs sectoriels » d’adaptation et de contribution à l’atténuation au changement climatique par secteurs (transport, agriculture, énergie, usage des sols, eau, santé etc.). Ces objectifs sont fixés à horizon 2030, en cohérence avec l’échéance des engagements des Etats membres pris dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat, avec une révision prévue à horizon 2050, dans un processus d’amélioration continue conforme à cet Accord, précise le communiqué.

Guinée : aucun consensus sur le calendrier de transition

En Guinée, les principaux partis politiques ont boycotté les consultations qui doivent déterminer un chronogramme sur la durée de la transition.Alors que la Cedeao s’apprête à envoyer une mission à Conakry, les acteurs politiques guinéens ne parlent pas le même langage. Les militaires au pouvoir avaient demandé à l’organisation sous-régionale « davantage de temps par rapport à l’échéance du 25 avril 2022 pour permettre la poursuite des consultations ». Cependant, les principales formations de l’opposition et la société civile ont donné une fin de non recevoir aux invitations du gouvernement pour échanger sur le chronogramme de transition.

Que cela soit l’UFDG de Cellou Dalein Diallo, le RPG d’Alpha Condé, l’UFR de Sidya Touré ou le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), ils ont tous rejeté le format de cette rencontre convoquée par le ministre de l’Administration du territoire. Le FNDC, qui prône une transition de deux ans, dénonce la démarche des autorités qui ne cadre pas avec l’esprit de la Charte de la Transition.

« Les discussions sur le chronogramme doivent se faire dans un cadre plus restreint, avec des partis politiques représentatifs », souligne un militant de l’UFDG, qui s’étonne que les consultations s’étendent aux syndicats et à la société civile en général. « On ignore qui est consulté, nous rejetons le contenu de cette synthèse », affirme un autre leader de l’opposition.

Toutefois, le ministre de l’Administration du territoire a présenté vendredi 29 avril les propositions de calendrier recueillies ces dernières semaines auprès des coalitions de partis politiques, de la société civile et des centrales syndicales. Il affirme avoir reçu 54 propositions de calendrier basées sur une fourchette assez large. Chaque proposition liste des réformes institutionnelles à réaliser avant d’organiser une élection présidentielle. 

Selon toutes ces propositions, la transition pourrait durer entre 18 mois et 5 ans, en tenant compte des tâches à effectuer. Les propositions les plus longues prévoient un recensement général de la population. Cette synthèse a été transmise au Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD), la junte militaire de transition proclamée en dans le pays après le coup d’État du 5 septembre 2021 dirigé par le colonel Mamady Doumbouya.

La Cedeao va envoyer des missions en Guinée et au Burkina

Les juntes militaires en Guinée et au Burkina Faso n’ont pas fixé des chronogrammes de transition tel que souhaité par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao).L’ultimatum de l’organisation régionale a expiré. Elle avait le 25 avril comme date butoir au Burkina et la Guinée Faso pour recevoir un calendrier « raisonnable » en vue d’un retour au pouvoir des civils. Mais les militaires au pouvoir à Ouagadougou et Conakry ont demandé plus de temps pour poursuivre les consultations devant mener à la fin de la transition.

Le Burkina Faso a été le premier à réagir, dès le 22 avril, selon un communiqué rendu public mercredi 27 avril par la Cedeao. Dirigé depuis le 24 janvier par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba après le renversement de Roch Marc Christian Kaboré, le pays demande « un délai supplémentaire par rapport à la date butoir afin de poursuivre les consultations sur diverses questions » en suspens.

La Guinée du lieutenant-colonel Mamadi Doumbouya, à la tête du pays depuis le coup d’Etat mené en septembre 2021 contre Alpha Condé, souhaite « également avoir davantage de temps par rapport à l’échéance du 25 avril 2022 pour permettre la poursuite des consultations », relève la Cedeao. Elle souligne que ce pays a « présenté les évolutions récentes concernant le processus de transition ». Le ministre des Affaires étrangères, Dr Morissanda Kouyaté, s’était rendu en effet à Accra, au Ghana, le dernier jour de l’ultimatum, pour discuter et négocier avec Nana Akufo-Addo, le président en exercice de la Conférence des chefs d’État de la Cedeao.

Si plusieurs observateurs craignaient des sanctions après la fin de leur mise en demeure, la Cedeao « a décidé d’envoyer des missions dans ces deux pays qui permettront de préparer un rapport pour le sommet » des chefs d’États, prévu en mai. Tous les scénarios sont alors possibles pour Ouagadougou et Conakry.

Toutefois, l’embargo prononcé en janvier dernier par la Cedeao contre le Mali n’a pas permis d’obtenir une transition plus courte. Prétextant la situation sécuritaire instable du pays, elles ont proposé un calendrier de cinq ans puis de deux ans avant d’organiser des élections. Mais toutes ces propositions n’ont pas été acceptées par l’organisation régionale qui a décidé de maintenir ses sanctions.

En revanche, le Burkina et la Guinée sont deux cas différents. Si le premier pays a choisi de mener sa transition sur trois ans, le second n’a jusqu’à présent pas présenté de calendrier de transition. Ce qui rend sa situation « plus compliquée », affirme un diplomate, au moment où des tensions sont notées dans le climat politique avec la perspective de nouvelles manifestations pour dénoncer les lenteurs des autorités.

Guinée: l’ex-président Alpha Condé est libre

L’ex-président guinéen, Alpha Condé, renversé le 5 septembre dernier, est « libre » de ses mouvements et peut librement recevoir ses proches, a annoncé vendredi soir le Président de la Transition dans ce pays. »Le Comité National du Rassemblement pour le Développement CNRD et son Président le colonel Mamadi Doumbouya, Président de la Transition, chef suprême des Armées, informent, l’opinion nationale et internationale que l’ancien président de la République (M. Condé) est libre », indique un communiqué officiel publié vendredi soir.

Toutefois, le président Condé « demeurera à l’actuelle résidence de son épouse (à Conakry) jusqu’à l’achèvement des travaux de construction de son domicile privé », souligne le communiqué.

« Tout en continuant de bénéficier d’une protection adéquate, il pourra recevoir à sa demande les membres de sa famille biologique, politique, des amis ou proches », ajoute le texte.

Le Président de la Transition « rassure le peuple de Guinée et la communauté internationale, que la dignité et l’intégrité du professeur Alpha Condé seront toujours préservées conformément à son rang, à son statut et aux vertus de la tradition africaine », note le communiqué.

Le Rassemblement du Peuple de Guinée (RPG), le parti de M. Condé, avait le 15 avril « réitéré sa demande de libération totale et inconditionnelle du président » Condé et annoncé, en signe de protestation, son refus de participer aux assises nationales, ouvertes le 22 mars jusqu’au 29 avril, ainsi qu’à tout dialogue politique.

M. Alpha Condé s’est rendu mi-janvier aux Emirats arabes unis pour être soigné avant de rentrer en Guinée le 9 avril.

Guinée : retrait du permis d’exploitation de Sheraton Grand Conakry

Cette décision intervient après deux courriers de mise en demeure adressés à la Directrice générale du complexe hôtelier qui, selon le ministre du Tourisme, sont restés « sans effets suffisants ».Toute activité d’hébergement ou d’hôtellerie est interdite à l’hôtel Sheraton Grand Conakry jusqu’à nouvel ordre. L’hôtel cinq étoiles situé dans la haute banlieue de Conakry avait été fermé en décembre dernier pour des besoins de rénovation.

Pris de court par cette annonce, les employés avaient interpellé les autorités pour que ces derniers œuvrent pour  la réouverture du site au public dans un bref délai. Ce retrait du permis d’exploitation vient ainsi doucher les derniers espoirs qu’ils nourrissaient.

Désemparés, ils interpellent les dirigeants de la société STARWOOD / MARRIOTT, seule entité chargée de l’exploitation et de la gestion quotidienne de l’installation, à respecter leurs engagements et à rouvrir l’hôtel.

Un rapport d’une mission conjointe du ministère de la Santé et de l’Hygiène publique, et du Tourisme, conclut en effet que le prestataire MARRIOTT a failli à ses obligations contractuelles, celles de maintenir en bon état  l’hôtel. « Il existait un véritable risque de santé  avec l’apparition de moisissures visibles et persistantes », alerte la mission ministérielle.

Foot en Guinée : seconde chance pour Kaba Diawara

Le jeune entraîneur, remercié suite à l’élimination du Syli national en huitièmes de finale de la Coupe d’Afrique des nations 2021, retrouve son poste.Avec le recul, le Comité de normalisation de la Fédération guinéenne de football (Féguifoot) tire la conclusion selon laquelle Kaba Diawara est « plus à même de conduire l’équipe nationale vers les performances attendues ».

L’ancien international guinéen était en concurrence avec trois autres candidats. Après le limogeage du Français Didier Six, Kaba Diawara prend les rênes du Syli national. Un intérim démarré trois mois seulement avant la Coupe d’Afrique des nations tenue au Cameroun.

Malgré tout, l’ex-attaquant de l’OGC Nice (France) remet en confiance Naby Keïta et ses coéquipiers en imposant le 3-5-2 comme système de jeu. Au premier tour de la grand-messe du foot continental, la Guinée fait plutôt bonne figure avec une victoire contre le Malawi et un nul contre le Sénégal, futur vainqueur de l’épreuve.

Tout allait bien donc, mais la défaite, deux buts à un, face au Zimbabwe, bon dernier du groupe, installe le doute. La Gambie, la surprise de la Can 2021, en profite pour battre le Syli national dès le premier match à élimination directe. Ce jour-là, le consultant de Canal+ est la cible de projectiles au coup de sifflet final.

Au pays, la déception est immense parce que les supporters nourrissaient beaucoup d’espoir. Début mars, Kaba Diawara et tout son staff en font les frais. Contre toute attente, il effectue un retour express qui intervient deux jours après le tirage au sort des éliminatoires de la Can Côte d’Ivoire 2023. La Guinée est dans la même poule que le Malawi, l’Éthiopie et l’Égypte.

Covid-19 : l’Afrique sort de la quatrième vague (OMS)

L’Afrique connaît sa plus longue période de baisse du nombre de cas de Covid-19, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).Le nombre de cas de Covid-19 enregistrés chaque semaine régresse depuis 16 semaines, alors que le nombre de décès a diminué au cours des huit dernières semaines. Au cours de la semaine qui s’est achevée le 10 avril 2022, environ 18.000 cas et 239 décès ont été notifiés sur le continent, soit une baisse respective de 29 % et de 37 %, par rapport à la semaine précédente, rapporte l’OMS dans son dernier bilan publié ce jeudi.

Sur la même période, les contaminations, en grande partie dues à la quatrième vague pandémique induite par le variant Omicron, sont passées d’un pic de plus de 308.000 cas par semaine au début de l’année à moins de 20.000 cas.

L’OMS explique que ce faible niveau d’infection n’avait pas été observé depuis avril 2020, au tout début de la pandémie en Afrique.

La précédente plus longue période de baisse du nombre de cas d’infection par la Covid-19 avait été enregistrée entre le 1er août et le 10 octobre 2021.

Actuellement, aucun pays africain n’est confronté à une résurgence de la Covid-19, poursuit l’OMS. Un pays est dit en résurgence lorsqu’il enregistre une augmentation de 20 % des cas pendant au moins deux semaines consécutives et que la progression enregistrée d’une semaine à l’autre est supérieure de 30 % ou cette augmentation est supérieure au pic d’infection hebdomadaire le plus élevé précédemment atteint.

« Malgré la baisse du nombre d’infections, il est essentiel que les pays continuent à faire preuve de vigilance et maintiennent les mesures de surveillance, y compris la surveillance génomique pour détecter rapidement les variants de la Covid-19 en circulation, améliorer le dépistage et intensifier la vaccination », a indiqué la Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, Dre Matshidiso Moeti.

Selon elle, « le virus étant toujours en circulation, le risque d’émergence de nouveaux variants potentiellement plus mortels demeure, et les mesures de lutte contre la pandémie sont essentielles pour riposter efficacement à une recrudescence des infections », a-t-elle ajouté.

A la date du 14 avril 2022, l’Afrique a enregistré officiellement 11.597.206 cas de Covid-19 pour 252.452 décès.

Entretien: Thierno Monénembo s’inquiète pour la Guinée

Le célèbre écrivain guinéen, plusieurs fois distingué par de prestigieux prix littéraires dont un Renaudot, s’inquiète de la situation politique de son pays et appelle, dans un entérine avec Apa news, à une sérieuse hygiène du passé » en Guinée.Il y a huit mois, le président Alpha Condé, dont vous étiez un des critiques les plus virulents, était déposé par une partie de l’armée. La Guinée va-t-elle mieux aujourd’hui, alors que la junte tarde à fixer un calendrier de transition? 

Dire que cela va mieux serait un pieux mensonge. 
Sur le plan économique, personne ne s’attendait à une amélioration avant une décennie ou deux. Les Guinéens sont habitués à l’inflation chronique et au chômage galopant. Ce qui est nouveau, c’est que pour des raisons  internes aussi bien qu’externes, on assiste à une brusque accélération de la montée des prix. Les denrées de première nécessité sont devenues inabordables même pour les bourses les mieux garnies. Les Guinéens vivent un ramadan particulièrement pénible. 
Le chapitre politique n’est pas plus réjouissant. A ce jour, le délai de la Transition n’a toujours pas été fixé. La liste des membres du CNRD (l’organe suprême de a junte) n’a toujours pas été publiée. Un gouvernement qui avance masqué est un gouvernement qui a des choses à cacher. Mais il n’y a pas que ça :  le Lieutenant-Colonel Doumbouya a décidé tout seul sans même informer son Premier Ministre, d’attribuer à l’aéroport de Conakry le nom du sanguinaire Sékou Touré. C’est un acte doublement condamnable. Sur le plan du droit, rien n’autorise le putschiste  qu’il est à baptiser ou à débaptiser un lieu public, à nouer ou à rompre des relations diplomatiques etc. 
Sur le plan de la morale, il s’impose d’abord de condamner les crimes du tyran avant de célébrer le Sékou Touré du 28 Septembre 1958. Les 50 000 êtres humains assassinés au Camp Boiro méritent d’être rétablis dans leurs droits de victimes ne serait-ce que de manière symbolique. Rappelons qu’ils n’ont jamais eu droit à un procès. Ils ont été arrêtés de nuit, ils ont émis des aveux sous la torture avant d’être mis à mort par fusillade, par pendaison ou par diète noire (privation totale de boisson et de nourriture jusqu’à ce mort s’en suive). La décence veut qu’on retrouve leurs fosses communes, qu’on érige des stèles en leur mémoire, bref qu’on permette enfin à leurs descendants de porter leur deuil. C’est une question de décence. Après cela, tout le reste est possible. La Guinée n’ira pas loin sans une sérieuse hygiène de son passé. C’est maintenant qu’il faut crever l’abcès des rancoeurs et des frustrations sinon demain, ce sera l’explosion. 
Avec cet aéroport Sékou Touré, notre Lieutenant-Colonel n’a pas posé qu’un acte illégal, il a aussi posé un acte clivant, dangereusement clivant. 

Le Lieutenant-colonel Mamadi Doumbouya, le chef de la junte, avait promis lors de sa prise du pouvoir, que la justice serait sa « boussole ». Depuis, plusieurs dignitaires de l’ancien régime ont été interpellés. Certains dénoncent une chasse aux sorcières. Êtes-vous de cet avis ? 

Il y a loin de la parole aux actes surtout dans ce pays réputé depuis Sékou Touré justement, comme étant celui du simulacre et de la démagogie. La chasse aux sorcières est la marque de fabrique de la vie politique guinéenne. Tous les Guinéens savent qu’Alpha Condé et ses ministres ont volé et tué. Ils méritent tous d’être jugés mais pas comme ça.  Sans transparence et sans respect de la procédure, il n’y a pas de justice. A cet égard, la boussole de Mamadi Doumbouya a déjà perdu le nord. Dommage parce qu’il n’y a qu’une seule denrée qui manque à cette véritable corne d’abondance qu’est la Guinée : la justice.Les Guinéens n’ont pas besoin de vengeance mais de justice. La justice, rien que la justice mais toute la justice. 

La junte mène, actuellement, une campagne de récupération des domaines et propriétés de l’État. Approuvez-vous cette opération? 

Non, je ne l’approuve pas. Dans le principe, l’Etat a le droit de récupérer ses biens si jamais ils sont vraiment les siens. Mais c’est aux juges, aux greffiers, aux huissiers de faire le travail dans le strict respect des formalités et non à des hordes de bidasses armés jusqu’aux dents. On a l’impression que Mamadi Doumbouya, comme ses  prédécesseurs utilise les moyens de l’Etat pour régler des comptes personnels. Et puis, la voilà, la seule question qui vaille : quel est le rôle d’un gouvernement de transition ? Poser les questions de fond (qui reviennent de fait à un gouvernement constitutionnel) ou organiser les élections en expédiant les affaires courantes ?

Les « Assises Nationales, la récupération des biens de l’Etat, la Cour de la Répression des Infractions Economiques et Financière (CRIEF) tout cela n’est que de la poudre aux yeux, de simples moyens de diversion. Mamadi Doumbouya veut tromper le peuple pour rester le plus longtemps au pouvoir. 

Lors de sa dernière rencontre avec les dirigeants des compagnies minières, Le lieutenant-colonel 
Mamadi Doumbouya leur a demandé de construire des raffineries pour traiter la bauxite sur place. Cette exigence est-elle réaliste ?  

Evidemment qu’elle n’est pas réaliste et Mamadi Doumbouya le sait plus que tout le monde. C’est juste pour l’opinion. Je le disais plus haut, l’Etat guinéen a l’art de manier le discours. Tout est slogan, envolée lyrique et incantation. C’est la culture héritée du système du parti unique, celui du PDG, le Parti Démocratique de Guinée de Sekou Touré : si c’est dit, c’est que c’est fait. 
La transformation de la bauxite est l’un des procédés industriels les plus coûteux. Elle absorbe énormément d’énergie et beaucoup de capitaux. Et puis,  c’est un secteur dominé par de puissantes multinationales qui rechignent aux ordres des gouvernements les plus puissants de la planète à plus forte raison celui d’un petit pays comme la Guinée. Un pays qui ne peut même pas satisfaire ses besoins en électricité domestique ne peut pas penser produire de l’alumine ou de l’aluminium. 
C’est du pipeau tout cela, c’est juste pour amuser la galerie.

Guinée : report du procès de l’ex-Pm Kassory Fofana & Cie

Le chef du dernier gouvernement du président déchu, Alpha Condé, a été placé sous mandat mercredi dernier.Ibrahima Kassory Fofana, ancien Premier guinéen et trois de ses anciens ministres devront encore attendre pour être édifiés sur leur sort. Leur procès prévu ce lundi 11 avril devant la Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief) est reporté. Celle-ci a renvoyé en instruction l’affaire d’enrichissement illicite et de détournement de deniers publics pour laquelle l’ex-Premier ministre et ses coinculpés sont poursuivis.

Au terme d’enquêtes de la Crief, Ibrahima Kassory Fofana, Mohamed Diané, Diakaria Koulibaly et Oyé Guilavogui ont été inculpés le 6 avril dernier et placés sous mandat de dépôt à la maison centrale de Conakry.