Congo : 5000 autochtones reçoivent des actes de naissance

C’est dans le cadre d’une opération entamée le 25 août dernier, que 5000 actes de naissance ont été délivrés aux autochtones.

 

Quelques 5000 autochtones ont reçu leur acte de naissance dans les départements de la Sangha, la Cuvette-Ouest et les Plateaux. Cette opération entamée le 25 août dernier vise à lutter contre l’apatridie.

Rappelons qu’en République du Congo, un cadre juridique a été adopté pour permettre à ces populations autochtones de faire valoir leurs droits. Après la loi de 2011 – la première en Afrique consacrée aux peuples autochtones –, un article a été introduit dans la Constitution, en 2015, pour acter cette reconnaissance.

Mais il a fallu attendre juillet 2019 pour que six décrets d’application sur neuf soient adoptés. Les écoles ORA (« Observer, Réfléchir, Agir »), réservées aux enfants autochtones et financées par les bailleurs de fonds internationaux, sont en pratique la seule forme d’enseignement gratuit existant dans le pays,

Aucune donnée récente ne permet de dire combien de « Pygmées » vivent au Congo. Le dernier recensement national, réalisé en 2007, évaluait leur part à 1,2 % de la population, soit 43 378 personnes.

Une étude des Nations unies datant de 2013 évoquait le chiffre de 2 %, pour approximativement 100 000 individus. Le gouvernement congolais livre quant à lui une fourchette beaucoup plus large, allant de 1,4 à 10 % de la population.

En dépit de la richesse de leur culture, en particulier en matière de pharmacopée, de chants et de danses, supports indispensables d’identité et de mémoire, et aussi porteurs de solutions de développement, les populations autochtones sont parmi les catégories les plus pauvres et marginalisées.

Les populations autochtones souffrent de discriminations séculaires, d’exploitation économique, d’extrême pauvreté, d’accès difficile aux services sociaux de base, à la terre et aux ressources, de non reconnaissance de droits fondamentaux.

Ces graves abus et violations des droits humains sont profondément enracinés dans le logiciel mental et deviennent des normes sociales établies, au mépris de leur dignité humaine.

Congo: les pygmées demandent à être consultés avant toute exploitation forestière

Le pasteur Richard Bokodi de l’Association Baaka de la Likouala dénonce le fait que leurs « forêts sacrées » ne soient pas respectées

Les populations autochtones ou pygmées demandent que les autorités tiennent compte de leur libre consentement lorsqu’il s’agit de développer les projets dans leurs terroirs au Congo-Brazzaville.

Elles se disent lésées car elles ne sont pas souvent consultées.

Le pasteur Richard Bokodi de l’Association Baaka de la Likouala dénonce le fait que leurs « forêts sacrées » ne soient pas respectées.

« Nous voulons être associés dans tout ce qu’ils veulent faire chez nous. Lorsqu’ils partent seuls en forêt, les dégâts sont souvent irréparables », indique ce leader autochtone de Dongou dans la Likouala.

La même plainte est présentée par Guy Serge Ngoma, autochtone du Niari, qui appelle à la prise en compte de leur avis avant d’initier tout projet. « Nous avons des enfants qui vont à l’école, il faut désormais les associer dans ce genre de chose. Il ne faut pas penser que nous les autochtones ne valons rien », déplore M. Ngoma.

Ces populations riveraines de forêts ne sont pas consultées par les pouvoirs publics ou les entreprises privées qui viennent exploiter le bois ou la mine dans leur territoire. Leur statut de populations autochtones suffit pour que leur avis ne soit pas sollicité.

Le coordonnateur du Réseau national des populations autochtones du Congo (Renapac), Jean Nganga estime que l’ère du sel et du savon donnés en échange pour accéder à leurs forêts ou leurs patrimoines culturels, est désormais révolue. « Maintenant, nous veillons à ce que tous ceux qui approchent les autochtones obtiennent au préalable un consentement libre. C’est obligatoire », insiste M. Nganga.

Dans certaines régions du Congo, les choses bougent. Les acteurs de la société le reconnaissent, car ils ont longtemps contribué à la reconnaissance des droits des populations autochtones. « Dans la Sangha, ce n’est plus un problème avec les sociétés forestières, surtout celles qui travaillent dans les concessions aménagées et qui exportent du bois certifié. Elles tiennent compte des autochtones », révèle Moïse Lantoum de la société civile.

« Dans la Lekoumou, on fait aujourd’hui l’effort de ne plus traiter les questions concernant les autochtones sans les associer. Certes, il y a encore des efforts à faire dans la relation bantou-autochtone, mais sur ce point de consultation, il y a une importante évolution dans notre département », témoigne Joseph Ngoma Ndolo de l’Association pour la protection de la faune et de la flore, basée à Sibiti.

Les populations autochtones représentent 10% des quatre millions des Congolais de Brazzaville. Mais leur place dans le développement du pays tarde à être précisée. Ils sont souvent considérés comme des sous hommes.