Congo-explosion de Mpila : une cérémonie de recueillement dix ans après

La journée du vendredi 04 mars marquait le dixième anniversaire des explosions d’un dépôt d’armes et de munitions de l’armée à Mpila.

 

Près de 300 personnes ont perdues la vie lors des explosions de Mpila, ce quartier de l’est de la capitale. Une cérémonie de recueillement a regroupé parents de victimes et officiels dans le cimetière de marbre où reposent les victimes au centre-ville de Brazzaville.

Le ministre de la Construction, Josué Rodrigue Ngouonimba a déposé une gerbe de fleurs au pied de la stèle érigée en mémoire des victimes de Mpila. Il s’est adresse brièvement à la presse : « C’est un jour inoubliable. Chacun de nous a perdu au moins un parent. C’est un jour inédit. Dix ans après, nous continuons à vivre ce souvenir. Je pense que comme nous, comme vous, comme tous les autres concitoyens, nous sommes en pleine période de méditation », a déclaré le membre du gouvernement.

La rouille fait son oeuvre

Sur plusieurs tombes, les croix sont maculées de rouille qui fait disparaître les épitaphes. Amputée d’une jambe après les explosions, cette dame qui s’appuie sur les béquilles, est venue changer les croix des tombes de ses trois enfants qu’elle a perdus dans le drame.

« On ne peut rien faire »

« Ca fait déjà dix ans. On ne peut rien faire. C’est dieu qui l’a voulu. Je me sens toujours très mal », raconte-t-elle, des larmes dans la voix. Derrière elle, sur la tombe de sa fille, un homme hurle sa colère : « Je n’arrive plus. Je suis toujours dans la douleur jusqu’à présent. Je vous dis ma douleur est continuelle », lâche-t-il. Son enfant aurait eu 19 ans cette année.

Congo-explosion de Mpila : dix ans après, les sinistrés attendent toujours de l’aide

Le 4 mars 2012, le quartier Mpila à l’est de Brazzaville était soufflé par des explosions qui ont fait près de 300 morts, plus de 3 000 blessés dont 114 invalides, et 17 000 sans-abris.

 

Dix ans après l’explosion de Mpila, de nombreux sinistrés attendent réparations. Le 4 mars 2012, le quartier Mpila à l’est de Brazzaville était soufflé par des explosions qui ont fait près de 300 morts, plus de 3 000 blessés dont 114 invalides, et 17 000 sans-abris dont la plupart n’ont toujours pas trouvé un logement décent.

Paul est un sinistré de Mpila. Avant l’explosion, il vivait avec sa famille dans une maison de plusieurs pièces. Il n’en reste qu’un pan de mur lézardé où sont accrochées des cornes de buffles. Depuis, il a bâti un hangar pour abriter les siens : « Ça fait quand même mal, dit-il. On est obligés de rester (dans ces conditions) jusqu’à la réparation. C’est déplorable parce que lorsqu’il y a des intempéries, ça suinte un peu partout. On n’est pas habitués. Je suis venu à Brazzaville en 1969 et je n’avais jamais connu un hangar. Je l’ai connu juste après le 4 mars 2021. C’est compliqué », se plaint ce chef de famille.

Pas de toiture, ni porte, ni fenêtre

Le hangar de Paul est au pied de la maison d’un niveau appartenant à un voisin. Sans toiture, ni porte, ni fenêtre, cette bâtisse détruite par les explosions ressemble à la plupart des maisons du quartier qui attendent d’être réparées. Défenseur des droits de l’homme, Trésor Nzila pense que l’État a trop traîné pour reloger dignement les sinistrés de Mpila : « Dix ans après, le gouvernement congolais est incapable de trouver une réponse durable et satisfaisante à la situation du 4 mars. Nous comprenons que les priorités sont ailleurs », dénonce-t-il.

Au titre de l’année 2022, l’État a prévu de débourser six milliards de francs CFA, contre un milliard l’an dernier. Une goutte d’eau dans l’océan pour le Collectif des sinistrés qui estime toutes les réparations à 233 milliards. Bruno Ossété préside le Collectif des sinistrés de Mpila, il se bat depuis la catastrophe pour que l’Etat verse ces fonds : « Cela a été pénible. Il y a beaucoup de gens qui ont perdu leur vie parce qu’ils ont perdu en fait leur dignité. Quelqu’un qui s’est retrouvé en train de squatter chez un cousin, chez un ami ne peut pas squatter chez quelqu’un pendant plus de dix ans ! Là, le moral est généralement atteint et ça a été très pénible. Après une discussion assez franche avec le gouvernement, il y a eu des résolutions qui ont donc été prises concernant les six milliards qui avaient été prévus par le gouvernement sur l’année 2022. »

Aller jusqu’au bout du paiement

« Il faut se dire, poursuit Bruno Ossété, qu’il y a autour de 11 000 parcelles impactées, donc les sommes données sont assez dérisoires. Et justice ne sera rendue que lorsqu’on aura payé de manière définitive tout le dossier, parce que quand on paye, là on ne paye pas tout le monde. Donc, il faut plutôt maintenir le rythme de payer pour que l’espoir renaisse et également qu’on aille jusqu’au bout du paiement ». En 2013, six militaires ont été condamnés pour « incendie volontaire et atteinte à la sûreté de l’État ».