RDC-OMS : Denis Mukwege nommé membre du Conseil scientifique

Ce conseil, nouvellement créé, a organisé sa première réunion le mardi 27 avril pour décider des premières étapes et d’un programme de travail.

 

Le Conseil scientifique de l’OMS a été créé en avril 2021 par le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus. Cette structure, explique l’OMS, fait office de porte-parole des responsables scientifiques et conseille absolument le directeur général de l’OMS sur les questions scientifiques hautement prioritaires et les progrès de la science et de la technologie qui pourraient avoir un impact direct sur la santé mondiale. La division des sciences de l’OMS, fait-on savoir, facilitera l’activité du Conseil en définissant les principales priorités de l’OMS en matière de science, de recherche et d’innovation, indépendamment des spécificités du programme, et en se concentrant sur les domaines où des lacunes existent.

Le Conseil scientifique aura ainsi les fonctions suivantes: évaluer les questions scientifiques urgentes et hautement prioritaires et fournir des contributions et des conseils pour les traduire en impact sur la santé publique dans le cadre de la mission de l’OMS; identifier les problèmes scientifiques et technologiques actuels et nouveaux auxquels l’OMS doit s’attaquer, y compris les menaces pour la santé mondiale et les nouvelles avancées susceptibles d’avoir un impact direct ou indirect sur la santé mondiale; donner une orientation stratégique aux actions de l’OMS dans les domaines de la science, de la recherche et de l’innovation; participer à l’examen rapide et confidentiel des produits normatifs de l’OMS, à la demande du directeur général; et entreprendre d’autres tâches et fonctions conformes au présent mandat, à la demande du directeur général.

Neuf éminents scientifiques

Le Conseil est composé de neuf scientifiques éminents du monde entier. Ils servent à titre personnel et représentent un large éventail de disciplines englobant de nombreux aspects de la science, allant de la recherche fondamentale à la science de la mise en œuvre de la santé publique. Les membres, explique l’OMS, sont recrutés et sélectionnés en tant qu’experts reconnus du monde entier dans les domaines des sciences fondamentales, de la recherche translationnelle et clinique, des sciences sociales, de l’épidémiologie et de la santé publique.

Les neuf membres actuels sont : Prof Harold Varmus, lauréat du prix Nobel de médecine en 1989 et professeur au Weill Cornell Medical College, aux États-Unis (président du Conseil) ; Dr Salim Abdool Karim, directeur du centre pour le programme de recherche sur le sida en Afrique du Sud (CAPRISA) ; Dr Edith Heard, directrice générale du laboratoire européen de biologie moléculaire (EMBL), Royaume-Uni ; prof Adeeba Kamarulzaman, professeur de médecine et de maladies infectieuses, et président, International AIDS Society, Malaisie ; Dr Mary-Claire King, professeur de sciences du génome et directrice associée, scientifique médical, Université de Washington, États-Unis ; prof Abla Mehio Sibai, professeure d’épidémiologie, faculté des sciences de la santé, université américaine de Beyrouth, Liban ; Dr Denis Mukwege, gynécologue et lauréat du prix Nobel de la paix, République démocratique du Congo ; Dr Bill Pape, directeur et fondateur de Gheskio, Haïti et Dr Yongyuth Yuthavong, Spécialiste principal, Centre national de génie génétique et de biotechnologie, NSTDA, Thaïlande.

Gynécologue et spécialiste mondial du traitement des survivants de violences sexuelles en temps de guerre

Le Dr Denis Mukwege est un militant mondial contre l’utilisation du viol comme arme de guerre.

Après avoir obtenu son diplôme de médecine à l’université du Burundi en 1983, le Dr Mukwege a travaillé comme pédiatre à l’hôpital rural de Lemera près de Bukavu. Cependant, après avoir vu des patientes qui, en raison de l’absence de soins appropriés, souffraient souvent de douleurs, de lésions génitales et de fistule obstétricale après l’accouchement, il a étudié la gynécologie et l’obstétrique à l’Université d’Angers, en France, obtenant sa maîtrise et complétant sa résidence en médecine en 1989. Le 24 septembre 2015, il a obtenu un doctorat à l’Université libre de Bruxelles pour sa thèse sur les fistules traumatiques dans la région orientale de la République démocratique du Congo.

En 1999, le Dr Mukwege a fondé l’hôpital Panzi. Il est devenu l’un des plus grands spécialistes mondiaux du traitement des survivants de violences sexuelles en temps de guerre. En 2008, il a créé la Fondation Panzi pour fournir une prise en charge holistique aux survivants et pour atteindre ceux qui ne relèvent pas de la juridiction administrative nationale de l’hôpital.

Le Dr Mukwege a reçu de nombreux prix pour son travail, notamment le prix des droits de l’homme des Nations unies (2008), le prix Right Livelihood (2013) et le prix Sakharov du Parlement européen (2014). Le magazine Time l’a classé parmi les 100 personnalités les plus influentes du monde et la Fondation Carter l’a nommé «citoyen du monde». En 2018, il a reçu le prix Nobel de la paix pour ses efforts mondiaux visant à mettre fin à l’utilisation du viol comme arme de guerre.

RDC : Denis Mukwege dénonce les massacres qui perdurent dans son pays

Surnommé l’homme qui répare les femmes, le gynécologue de Bukavu, est devenu depuis lundi 10 décembre, co-lauréat du prix Nobel de la paix.

C’est fait, la République démocratique du Congo a son prix Nobel de la paix. Le docteur Denis Mukwege, le gynécologue de Bukavu, est devenu depuis hier co-lauréat de ce prix. Dans son discours d’acceptation, un discours à la fois émouvant et cinglant, le docteur Mukwege a dénoncé les violences qui perdurent dans son pays, plus de 20 ans d’impunité, de massacres et de viols et trop souvent encore, le silence de la communauté internationale. Mais l’homme qui répare les femmes, c’est son surnom, n’est pas venu à Oslo uniquement pour dénoncer, il en a profité, pour faire plusieurs recommandations.

C’est un véritable appel à l’action et pas seulement à la dénonciation que le docteur Denis Mukwege a lancé hier lundi. Il a d’ailleurs insisté là-dessus: agir, ce serait pour lui par exemple : ne pas dérouler le tapis rouge aux dirigeants responsables des violences dans son pays et surtout pas ceux qui ont utilisé le viol comme arme de guerre. Il demande à la communauté internationale de tracer « une ligne rouge »… ce sont ses mots.

En clair, le prix Nobel de la paix congolais veut « des sanctions politiques, économiques et des poursuites judiciaires » contre tous les responsables des exactions, congolais comme étrangers. Et pour cela, Denis Mukwege a appelé l’ONU à ne plus conserver leur identité secrète. Dans le cadre de son projet mapping, le Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’homme avait recensé pas moins de 617 crimes de guerre et crimes contre l’humanité, commis au Congo entre 1993 et 2003.

Mais les noms des responsables de ces violences n’ont jamais été révélés. Huit ans après la publication de ce rapport, aucun crime n’a été jugé, ses recommandations sont restées lettre morte, c’est ce que le docteur Mukwege veut voir changer.  Il a aussi appelé à soutenir la création d’un fonds global de réparation pour les victimes de violences sexuelles, mais aussi le public à être plus vigilant dans le choix de ses belles voitures, bijoux et autres gadgets et de s’assurer qu’ils aient été produits dans le respect de la dignité humaine…

En réaction du discours de Denis Mukwege, et à l’interview qu’il nous accordée, le porte-parole de la majorité présidentielle de République démocratique du Congo, Alain-André Atundu, estime qu’avec ses prises de position le prix Nobel sortirait de son rôle en se mêlant de politique.

« Il ne faut pas confondre la science et la politique, rétorque Alain-André Atundu. Je crois qu’il devrait être un peu plus modeste. Il doit remercier pour la reconnaissance de la souffrance de ces dames qui au moins une fois va éclater aux yeux du monde plutôt que de se jeter dans un domaine où il n’est pas coutumier. Mr Mukwege, il n’est pas reconnu comme leader d’un parti politique et c’est à ce titre qu’il aurait été (élu) prix Nobel de la paix.

Cela signifie qu’il n’y a que les hommes politiques qui ont le droit de porter un regard sur la situation de la RDC ?

Non, mais il faut être honnête. Il ne peut pas profiter de sa situation de prix Nobel de la paix pour prendre des postures qui ne sont pas dans la nature du prix Nobel de la paix.

Sur le fond il dit aussi que c’est une parodie d’élection qui se prépare le 23 décembre en RDC

Puisque c’est une parodie, nous sommes tous des comédiens, tous les 21 acteurs, il serait donc le seul éclairé dans cette cité de Galilée ! Soyons modestes. Que chacun fasse son travail et le pays va avancer ».