Congo : plus de 600 corps abandonnés dans les morgues de Brazzaville

L’information a été donnée par le ministre de la santé et de la population, Gilbert Mokoki, le 03 décembre dernier face aux sénateurs.

 

Ce sont plus de 600 cadavres qui sont abandonnés depuis deux mois dans les morgues de Brazzaville. Il s’agit de la morgue municipale, de la morgue de Makélékélé et de la morgue de Talangai. Elles sont toutes gérées par la mairie de Brazzaville, donc relevant du service public.

Sur les 600 corps, s’ajoute chaque jour des dizaines d’autres des personnes mortes de maladie, de faim, de sévices ou de stress, dans les hôpitaux, dans les maisons ou sur les routes et même dans les commissariats de police.

Si pour la plupart des cas, les parents manquent d’argent pour inhumer leurs proches, mais il y a aussi des corps non identifiés, exécutés sommairement, selon les ONG des droits humains.

Les obsèques coûtent cher à Brazzaville. Trop cher même pour le Congolais lambda qui ne peut par exemple s’offrir un cercueil à 250.000 francs CFA pour l’enterrement d’un proche.

Les pompes funèbres restent malheureusement une source importante des recettes municipales. Les agents sont obligés de serrer les dents, quel que soit le statut social de la famille éplorée. C’est pourquoi, certains parents disparaissent dès qu’ils sont renseignés sur le plus modeste des devis.

Les familles, ruinées par la crise et la misère endémique, n’en peuvent plus. À chaque décès, enterrer un parent devient un challenge à Brazzaville. Deux semaines après, le budget n’est pas bouclé, les membres de la famille n’atteignant pas la ligne de cotisations, même la plus basse, fixée à 5.000 francs CFA.

Il faut se mettre à plusieurs pour y arriver, vendre les biens du défunt s’il le faut, s’endetter ou bénéficier des services de mutuelles !

Alors, les morgues sont en surpeuplement. L’hygiene y est peu tenue, les odeurs y sont invivables, objet même de l’interpellation du ministre Mokoki au Sénat.

Combien de cadavres les députés, les sénateurs, les ministres ou les dirigeants de partis politiques, considérés comme les plus riches du pays, ont enterré sans les avoir connus ? Le déséquilibre social est tel que les désespérés de la société frappent à n’importe quelle porte, même celle d’un diable pourtant connu.

Très souvent pour nettoyer les morgues, la mairie s’occupe des enterrements au bout d’une période. En 2020, quelque 200 corps ont été enterrés à la va-vite, parfois sans parent, par la mairie de Brazzaville.

Morgue de Brazzaville : plus de 400 corps abandonnés

Le président de l’Union des syndicats des mairies du Congo (Usymco), Bertin Essami,  déplore le nombre élevé des corps abandonnés dans les morgues de la capitale congolaise.

« Le nombre des corps abandonnés dans les morgues de Brazzaville est de 473 dont 382 à la morgue municipale, 57 à Makélékélé et 34 à Talangaï », s’est plaint Bertin Essami, précisant que « ces corps sont abandonnés par les familles dont le revenu ne répond pas aux coûts élevés d’inhumation et d’autres se sont des inconnus ».

Bertin Essami s’est également dit préoccupé du fait que la mairie ne disposait plus actuellement de cimetière public puisque la portion de terre achetée à Mayitoukou, département du Pool, au sud du pays, tend vers sa saturation.

« D’ici à quelques jours, on ne parlera plus de cimetière public à la mairie de Brazzaville. La population est obligée de se rabattre sur les cimetières privés où elle est contrainte de débourser d’énormes sommes d’argent », a-t-il encore déploré, annonçant que des démarches entreprises actuellement par les autorités municipales en vue d’acquérir quelques terrains supplémentaires pour étendre la superficie du cimetière de Mayitoukou.

Après l’échec dans l’ouverture du cimetière public de Matari, dans le septième arrondissement de Brazzaville, Mfilou, la mairie a annoncé récemment l’acquisition des espaces à Ignié, dans le département du Pool, où des Brazzavillois pourraient enterrer les leurs à des coûts assez raisonnables. Mais, l’initiative tarde à se concrétiser.