CÉMAC : un budget 2026 de près de 86 milliards FCFA pour accélérer l’intégration régionale

Réunis à Brazzaville pour la 44ᵉ session ordinaire du Conseil des ministres de l’Union économique de l’Afrique centrale (UEAC), les représentants des six États membres de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cémac) ont adopté un budget communautaire de 85,9 milliards FCFA pour l’exercice 2026, en hausse de 2,42 % par rapport à 2025.

 

Placée sous le thème « Vers la mise en œuvre du budget programme communautaire », la session a mis l’accent sur la transparence budgétaire, l’efficacité des dépenses publiques et le renforcement du contrôle financier au sein des institutions communautaires.

Le budget adopté, en progression de 2,42 %, passe de 83,89 milliards FCFA en 2025 à 85,92 milliards FCFA en 2026. Sur ce montant, 18,45 milliards FCFA sont alloués au Fonds de développement de la communauté (Fodec), appelé à évoluer vers un véritable fonds d’investissement destiné à soutenir les projets structurants de la sous-région.

Le président de la Commission de la Cémac, Baltasar Engonga Edjo’o, a souligné que ce budget a été conçu dans un contexte marqué par les difficultés de recouvrement de la Taxe communautaire d’intégration (TCI), principal levier de financement de la Communauté. Il a plaidé pour une meilleure discipline des États membres dans le reversement de cette taxe, afin d’assurer la mise en œuvre du Plan d’action communautaire et des programmes institutionnels.

Les ministres ont approuvé le renforcement du dispositif d’audit interne et externe, avec la création d’un comité de l’audit communautaire, dont la République gabonaise proposera la structure. Ce comité aura pour mission d’assurer le suivi rigoureux des recommandations issues des audits internes et externes, gage de bonne gouvernance et de crédibilité auprès des partenaires au développement.

Par ailleurs, la Commission de la Cémac a été instruite d’élaborer dans les meilleurs délais les manuels de procédures financières et administratives, qui seront présentés lors d’une session extraordinaire.

Le président du Conseil des ministres de l’UEAC, Ludovic Ngatsé, également ministre congolais de l’Économie, du Plan et de l’Intégration régionale, a salué l’esprit de concertation ayant présidé à l’adoption du budget 2026.

« Les résolutions que nous avons adoptées n’auront de valeur que si elles se traduisent par des actions concrètes et des résultats tangibles pour nos populations. Le chemin entre la salle de conférences et le terrain doit être raccourci », a-t-il exhorté, appelant à la mobilisation de tous les acteurs – États, institutions, secteur privé et société civile – pour une mise en œuvre effective des décisions.

Le Conseil a pris acte du rapport de surveillance multilatérale 2024, assorti des perspectives économiques 2025-2026, et encouragé la Commission à poursuivre la mission de terrain prévue dans les États membres pour renforcer l’application des décisions prises.

Concernant le projet Free Roaming dans l’espace Cémac, les ministres ont convenu d’en accélérer la finalisation, reconnaissant les défis techniques et réglementaires encore à surmonter.

Congo-Budget 2026 : cap sur la rigueur budgétaire et la protection sociale

Le ministre des Finances et du Budget, Christian Yoka, a exposé les grandes orientations économiques du pays pour la période 2026-2028, marquée par une gestion plus stricte de la dette et une meilleure allocation des ressources publiques.

 

Dans sa présentation, le ministre a précisé que les excédents primaires dégagés par la politique budgétaire seront orientés vers le remboursement de la dette extérieure et des arriérés intérieurs.

L’objectif est clair : réduire la pression de la dette publique, qui représente encore une part importante du produit intérieur brut, et respecter le plan d’apurement adopté par le gouvernement.

Cette stratégie comprend également : la restructuration des dettes de marché, jugées les plus coûteuses ; la limitation des ressources de trésorerie au seul financement de l’amortissement de la dette publique ; et un suivi renforcé de la période 2026-2028 pour garantir la soutenabilité budgétaire.

« Le gouvernement s’engage à maintenir la trajectoire de stabilité et à consacrer chaque excédent à la réduction du stock de dette », a déclaré Christian Yoka devant les parlementaires.

Sur le plan social, le budget 2026 prévoit l’élévation du seuil d’imposition à l’impôt sur le revenu, une mesure qui permettra d’exonérer plusieurs milliers de travailleurs du secteur informel et des petits métiers.

Cette réforme découle de la transposition d’une directive fiscale communautaire et vise à améliorer le pouvoir d’achat des couches les plus vulnérables.

Les principales dispositions incluent : la révision du mode de calcul de l’IRPP (Impôt sur le Revenu des Personnes Physiques) ; une exonération totale pour les revenus en dessous du nouveau seuil d’imposition ; un renforcement de la progressivité pour les hauts revenus.

Selon le ministère des Finances, ces ajustements devraient permettre d’alléger la charge fiscale sur plus de 30 % des salariés à faibles revenus, tout en stimulant la consommation intérieure.

Le ministre a toutefois précisé que l’entrée en vigueur de ces nouvelles mesures, notamment celles concernant l’impôt sur les salaires, n’interviendra qu’après une phase transitoire.

« Cette période est nécessaire pour mener les études d’impact et adapter les outils de gestion fiscale », a expliqué Christian Yoka.

Les mesures relatives à l’impôt sur les sociétés, elles, seront appliquées dès 2026, sans délai.

Congo : les experts de l’UEAC planchent sur le budget 2026 de la CEMAC

La 44e session ordinaire du Conseil des experts de l’Union économique de l’Afrique centrale (UEAC) s’est ouverte lundi 27 octobre, à Brazzaville, en présence des représentants des six pays membres de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC).

 

La rencontre qui se tient dans la capitale congolaise, précède la session du Conseil des ministres de l’Économie, des Finances et du Plan prévue le 31 octobre prochain. Elle a pour thème : « Vers la mise en œuvre du budget-programme pour promouvoir la gouvernance communautaire ».

Durant plusieurs jours, les experts venus du Cameroun, du Congo, du Gabon, de la Guinée équatoriale, de la République centrafricaine et du Tchad vont plancher sur les grands axes budgétaires et financiers de la communauté, avec en ligne de mire l’examen du projet de budget 2026, évalué à plus de 85 milliards de francs CFA, soit environ 150,8 millions de dollars américains.

Selon Charles Assamba Ongodo, vice-président de la Commission de la CEMAC, ce budget enregistre une légère hausse par rapport à celui de 2025, arrêté à 83 milliards de francs CFA (147,2 millions de dollars).

« Cette progression s’explique par une augmentation des ressources propres de plus de 31,6 % et une hausse des financements extérieurs de plus de 10,4 % », a-t-il indiqué.

Le responsable a souligné que ce budget reflète des orientations réalistes et prend en compte les contraintes financières de la communauté, conformément aux directives du président de la Commission, Baltasar Engonga Edjo’o.

L’objectif affiché est clair : assurer une gestion rigoureuse et transparente des fonds communautaires, tout en favorisant une gouvernance efficace au service du développement sous-régional.

Les discussions s’inscrivent dans la continuité des réformes engagées lors de la 43e session tenue en septembre dernier à Bangui, où les ministres avaient examiné plusieurs mesures clés, notamment : l’harmonisation de l’évaluation des dépenses fiscales ; la création d’un Comité régional de mobilisation des recettes fiscales intérieures ; et l’adoption d’un dispositif de sanctions en cas de manquements aux règles de surveillance multilatérale.

Ces réformes traduisent la volonté des États membres de renforcer la discipline budgétaire, d’améliorer la mobilisation des ressources internes et de consolider la solidarité économique au sein de la CEMAC.

Avec la mise en œuvre progressive du budget-programme, la CEMAC amorce une nouvelle étape de sa gouvernance institutionnelle. Ce mode de gestion, axé sur les résultats, vise à mieux orienter les dépenses vers des priorités stratégiques et à garantir une plus grande efficacité dans l’utilisation des ressources.

La 44e session du Conseil des experts apparaît ainsi comme une étape cruciale dans la préparation du budget 2026 et dans la consolidation de l’intégration économique régionale. Les conclusions issues de ces travaux seront soumises à l’approbation du Conseil des ministres, dont les délibérations devraient tracer les grandes orientations financières de la CEMAC pour l’année à venir.