Cémac : la croissance économique attendue à 2,6% en 2025 selon la BEAC

La BEAC table sur une croissance modérée de 2,6% en 2025 dans la Cémac, marquée par le recul du secteur pétrolier malgré une légère reprise du non-pétrolier.

 

La Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) prévoit une croissance économique de 2,6% en 2025 dans la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cémac). Cette prévision, annoncée le 29 septembre par le gouverneur Yvon Sana Bangui lors d’une conférence de presse en ligne, marque un léger recul par rapport aux 2,7% enregistrés en 2024.

Selon les experts réunis à l’occasion de la troisième session du Comité de politique monétaire, ce ralentissement s’explique principalement par la baisse des activités pétrolières et gazières, malgré une progression du secteur non pétrolier estimée à 3,2% en 2025.

La BEAC note toutefois une atténuation de l’inflation, qui devrait s’établir à 2,6% en 2025, contre 4,1% l’an dernier. En revanche, la situation budgétaire se dégrade : le solde budgétaire passerait de -1% du PIB en 2024 à -1,3% en 2025, tandis que le déficit du compte courant atteindrait 2,2% du PIB.

Les réserves de change de la sous-région devraient également baisser, passant de 7 101,7 milliards FCFA fin 2025 à un niveau représentant 4,59 mois d’importations, contre 4,82 mois en 2024. Entre juin et août 2025, elles ont connu une tendance particulièrement baissière, avec un taux de couverture extérieure de la monnaie tombé à 61,6% au 31 août.

Pour soutenir la stabilité monétaire, la BEAC a décidé de maintenir ses principaux taux : taux d’intérêt des appels d’offres : 4,50% ; facilité de prêt marginal : 6,00% ; facilité de dépôt : 0,00% ; réserves obligatoires : 7% sur les dépôts à vue et 4,5% sur les dépôts à terme

Ces prévisions s’inscrivent dans un environnement international marqué par un léger ralentissement. D’après les données du FMI, la croissance mondiale devrait s’établir à 3,0% en 2025, contre 3,3% en 2024, avant de remonter légèrement à 3,1% en 2026.

Congo : nouvelles opportunités du secteur pétrolier

La cinquième édition de la Conférence internationale et exposition sur les hydrocarbures au Congo (Ciehc 5) s’est ouverte, le 30 novembre à Kintélé, dans un contexte de reprise de l’économie nationale.

 

Les participants échangent sur les nouvelles opportunités qu’offre le secteur pétrolier et gazier, en lien avec le défi de la transition énergétique.

L’industrie pétrolière et gazière affiche de bonnes perspectives de croissance, malgré les incertitudes mondiales à court terme, la volatilité des prix du pétrole. La rencontre des pétroliers devrait permettre à la République du Congo d’attirer de nouveaux investisseurs autour de ses nombreuses ressources, notamment gazières. Le pays dispose, en effet, d’un bassin côtier et continental riche avec de l’hydrogène naturel.

Les nombreux atouts énumérés peuvent donc faire du Congo, selon Bruno Jean Richard Itoua, le ministre des Hydrocarbures, une destination d’affaires attrayante pour les entreprises désireuses d’investir dans les activités d’exploitation offshore. L’industrie pétrolière congolaise attire de plus en plus de sociétés de forage et de complétion, des prestataires de services… Les activités pétrolières au pays sont, effectivement, portées par de nombreux acteurs du secteur offshore et on shore, parmi lesquels on y trouve des majors pétroliers et des petites et moyennes entreprises.

« Dans son plan d’actions énergie durable, la République du Congo a décidé de consolider sa filière historique d’exploration et de production en continuant à optimiser la production de ses champs matures, grâce à une approche engagée de gestion de son patrimoine minier dont le but est de rendre ses actifs pétroliers matures, plus rentables économiquement. Nous souhaitons pour ce faire élargir les filières de compétences locales sur nos permis matures, grâce à la création de nouveaux métiers de l’exploration et de la production liés à la prestation de service pétrolier à coûts compétitifs », a indiqué Bruno Jean Richard Itoua.

Cette position politique du pays a donc été réaffirmée par le Premier ministre, Anatole Collinet Makosso, à l’ouverture de la grand-messe des acteurs pétroliers congolais et africains. La filière gazière congolaise, précisons-le, est en cours de structuration et de sa maturation. Les autorités nationales ont promis d’accélérer la production, dès l’année prochaine, des premiers litres de gaz naturel liquéfié, à Pointe-Noire.

Il s’agit d’un projet pétrolier et gazier majeur, a relevé Irène Nkem Etiobhio, analyste principale de l’industrie pétrolière à l’Organisation des payx exportateurs de pétrole, qui permettra de diversifier l’utilisation du gaz naturel dans différents secteurs de l’économie locale. Ce nouveau projet implique un enjeu financier nécessitant des fonds souverains capables de fournir des investissements à long terme, a ajouté un autre conférencier, Zakaria Dosso, le directeur exécutif de l’Association des producteurs de pétrole africains.

Au cours de la Ciehc 5, dont le thème porte sur « La transition énergétique au Congo : opportunités et défis », politiques et experts ont échangé leurs vues sur le développement du gaz naturel, et le cadre juridique et règlementaire du gaz en Afrique, les opportunités en deep offshore, la gestion rentable des champs matures et marginaux, la place des énergies renouvelables dans le processus de développement du continent…

Hydrocarbure : vers la construction des pipelines pour un meilleur ravitaillement

Les experts de l’Appo réunis à Brazzaville, les 22 et 23 août, ont voulu poser les bases des réformes du secteur pétrolier.

L’Organisation des producteurs de pétrole africains (Appo) entend encourager la construction des pipelines pour ravitailler les pays enclavés, le partenariat entre les sociétés de sous-traitance. Les 22 et 23 août, les experts de l’Appo se sont réunis à Brazzaville, en vue d’une reforme du secteur .

Cette rencontre  s’est tenue en prélude au premier sommet des chefs d’État et de gouvernement prévu en février 2020. « Énergie, facteur de développement durable et d’intégration en Afrique », est le thème proposé par les experts pour la prochaine rencontre de haut niveau.

Selon le représentant national de l’Appo, André Joseph Okondza, le conclave des experts marque le début des réformes du secteur pétrolier africain. L’organisation est en train de revoir son « cahier de charges ». Elle considère inefficace l’usage des camions citernes pour le transport du carburant et songe à employer des moyens modernes comme l’oléoduc.

Cette nouvelle option est possible grâce à la coopération entre les États, a estimé André Joseph Okondza. « L’Appo traverse une phase de réformes, de s’adapter aux nouvelles donnes. Nous sommes parvenus aux objectifs définis par le conseil des ministres à Malabo, en avril dernier, c’est-à-dire d’élaborer un thème à débattre lors du prochain sommet et un communiqué final qui sera ensuite approfondi par le conseil des ministres », a-t- il indiqué.

Outre la coopération entre les industries et les sociétés de sous-traitance, les participants ont évoqué la question de la répartition des richesses issues des exploitations. Il s’agit de faire en sorte que les populations africaines bénéficient des retombées de la manne pétrolière, confie André Joseph Okondza, ajoutant que le concept de contenu local est l’une des solutions censées permettre aux pays producteurs de créer des emplois, de nouvelles entreprises locales avec une vision environnementale.

À cela s’ajoutent le programme de formation des cadres locaux et la nécessité de moderniser des infrastructures pétrolières. Le contexte pétrolier et gazier international a changé et de nouveaux acteurs sont apparus avec de nouvelles pratiques, a reconnu le directeur de cabinet du ministre congolais des Hydrocarbures, Marcelin Dibou.

« La réforme de l’Appo amorce son dernier virage. Le premier sommet des chefs d’État et de gouvernement de février 2020 constituera le départ de la nouvelle Appo. Il s’agira de la mise en place du personnel recruté, de l’occupation du nouveau siège et du démarrage effectif du fonctionnement de l’organisation », a conclu le directeur de cabinet.