Congo : renforcer la participation des femmes dans la réforme du secteur forestier

L’accès à l’information et l’implication des femmes dans la gouvernance forestière étaient au cœur d’un atelier organisé à Brazzaville par l’Observatoire congolais des droits de l’homme (OCDH) et le Réseau des femmes pour le développement durable (Refadd).

 

Les participants se sont penchés sur le projet de textes d’application du Code forestier relatifs à l’accès à l’information, dans un contexte où les réformes du secteur se poursuivent en République du Congo.

Adopté en 2020, le Code forestier introduit de nouvelles dispositions visant à moderniser et à rendre plus transparente la gestion des ressources forestières. Toutefois, plusieurs aspects, dont les conditions pratiques d’accès à l’information, demeurent à clarifier pour une mise en œuvre effective. Un bureau d’études spécialisé dans la gestion des ressources naturelles a ainsi été mandaté pour élaborer l’ensemble des textes réglementaires attendus.

Pour l’OCDH et le Refadd, cette étape représente une opportunité cruciale d’assurer la prise en compte des droits des femmes, souvent en première ligne dans l’utilisation et la protection des ressources naturelles mais insuffisamment représentées dans les instances décisionnelles.

« Il s’agit d’identifier les faiblesses du projet de textes proposés, de dégager les priorités du Refadd et de formuler des recommandations afin de garantir une gouvernance forestière inclusive », a expliqué Marie Odette Itango, représentante du Refadd.

Cette initiative s’inscrit dans la stratégie du Groupe de travail multi-acteurs (GTMA), qui rassemble autorités, société civile et partenaires techniques autour des réformes forestières. Elle est également menée dans le cadre du programme Forêt, gouvernance, marché et climat, financé par le Foreign, Commonwealth & Development Office (FCDO) britannique.

En renforçant l’accès à l’information et la participation des femmes, les organisations impliquées entendent contribuer à une gestion durable et équitable des forêts congolaises, essentielles à la fois pour les communautés locales et pour la lutte mondiale contre les changements climatiques.

Secteur forestier : faible participation des entreprises locales dans le processus de rapportage des données

C’est une information révélée dans le rapport de l’initiative pour la transparence dans les industries extractives (Itie), document publié le 20 février 2019, à Brazzaville.

L’exportation du bois et des produits secondaires représente environ 6% des revenus générés par le secteur extractif du pays. Mais tout comme les entreprises pétrolières et minières, les sociétés forestières ont du mal à produire des déclarations certifiées.

Le rapport 2016 de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (Itie) a été publié, le 20 février à Brazzaville, au cours d’une conférence de presse animée par le président du comité exécutif local, Florent Michel Okoko, en présence de l’administrateur indépendant, Elyes Kool, qui a pu collecter toutes les informations.

Dans son enquête, l’expert déplore la faible participation des entreprises locales dans le processus de rapportage des données. Car, sur soixante-dix entreprises visées, seulement dix ont fourni des pièces. Quant à la fiabilité des données rapportées, certaines sociétés n’ont pu communiquer des déclarations certifiées par un auditeur externe et certaines administrations publiques ont fourni des déclarations peu conformes.

L’administrateur n’a pu avoir des données sur la production. « En l’absence d’informations communiquées par le ministère de l’Économie forestière, nous n’étions pas en mesure de présenter des informations fiables sur la production du secteur forestier en 2016 », a-t- il fait savoir.

Des irrégularités qui risquent, si aucune mesure n’est prise par le gouvernement, de baisser la note de conformité du pays et aussi d’entacher la crédibilité des sociétés auprès des partenaires extérieurs. Les membres du comité exécutif de l’Itie-Congo suggèrent même des sanctions à l’encontre de ces entreprises indélicates.

En dépit de ces défaillances, le rapport de l’enquêteur a néanmoins souligné des avancées « significatives » avec l’inclusion des sociétés forestières dans le processus de conciliation et des chiffres sur l’exportation. Au cours de l’année étudiée, le commerce des produits forestiers a atteint plus de neuf cents mètres cubes pour une valeur estimée à 125,8 milliards francs CFA.

En ce qui concerne les principaux clients, l’Asie du sud-est est la première destination des produits forestiers du Congo, avec un taux de 77% des exportations, suivie de l’Union européenne (19%), l’Amérique du nord (2%), l’Afrique du nord et le Moyen-Orient (1%) et le reste de l’Afrique (0,4%).

Notons que ce neuvième rapport Itie-Congo a couvert la période allant du 1er janvier au 31 décembre 2016. Hormis la gouvernance forestière, il a également étudié les secteurs des hydrocarbures et des mines. « Nous avons aussi enregistré des avancées par rapport à la divulgation des coûts pétroliers ; des données sur les ventes des parts d’huile de l’Etat (entité acheteuse, prix, destination) ; et la publication des données sur les dépenses quasi fiscales et la collecte des données sur la propriété réelle », a assuré Elyes Kool.

Le pétrole demeure la principale source de revenus de l’Etat et totalise seul plus de 90% de ressources issues des industries extractives. La publication du rapport 2017 est prévue entre les mois de mai et juin prochains.