Congo : Global Witness s’inquiète des projets pétroliers dans la zone des tourbières

Dans une enquête publiée l’ONG britannique Global Witness s’alarme des projets pétroliers dans la zone des tourbières située au nord du Congo, la zone dite de la Cuvette centrale.

Toucher aux tourbières, c’est prendre le risque d’enclencher une bombe climatique, pour Colin Robertson, chercheur à Global Witness. Ces vastes zones de forêts humides situées au nord du Congo abritent près de 30 milliards de tonnes de carbone, trois fois les émissions annuelles mondiales. Or une société congolaise, la PEPA, contrôlée par le milliardaire Claude Wilfrid Etoka, prétend avoir découvert dans cette zone 360 millions de barils de pétrole. Une « miraculeuse découverte » qualifiée par Mediapart, co-auteur d’une enquête publiée conjointement avec l’ONG britannique, de « au mieux grossièrement enjolivée, au pire complètement bidon ».

Un premier forage a pourtant été mené récemment dans le bloc de Ngoki, ce qui inquiète Colin Robertson : « Si on développe une industrie pétrolière là-bas, cela va nécessiter la construction de routes, peut-être d’oléoducs, donc il y a des risques. Dans la zone du permis de Ngoki, il y a des tourbières de 6 000 km2, ce sont des tourbières assez vastes. Les impacts possibles n’ont pas vraiment été étudiés par le projet. »

Pour Global Witness en effet, les études d’impact environnemental brandies par la société pétrolière sont biaisées, car réalisées avant la découverte des tourbières. De plus, Colin Robertson rappelle que le président Denis Sassou-Nguesso s’est engagé à doter ces tourbières d’un statut juridique permettant de les protéger. Mais ce statut n’entrera pas en vigueur avant 2025. En attendant, le risque est grand de voir les compagnies pétrolières saccager le secteur. C’est pourquoi Global Witness appelle ces compagnies, dont le français Total, qui dispose d’un permis d’exploration au nord de Ngoki, à renoncer à leurs activités.