La montée en puissance de l’infrastructure en République démocratique du Congo

La République démocratique du Congo, souvent appelée RDC ou simplement « le Congo » (à ne pas confondre avec son voisin, la République du Congo), est une nation d’Afrique subsaharienne qui s’efforce depuis plusieurs années de surmonter de nombreux défis logistiques liés à son infrastructure.

 

Avec l’aide de divers gouvernements à travers le monde et d’organisations panafricaines, le pays s’est lancé dans la lourde tâche d’améliorer ses infrastructures, dans l’espoir de passer du statut de « pays en développement » à celui de « pays développé ». Examinons l’histoire des infrastructures de la RDC, leur état actuel et les mesures prévues pour améliorer la situation globale du pays.

Infrastructures passées et état actuel de la RDC

Une grande partie des infrastructures du pays a été détruite pendant les première et deuxième guerres du Congo, qui ont pris fin il y a près de 20 ans, et beaucoup restent encore à restaurer. Des dégâts supplémentaires ont été causés début 2025 lorsque le Rwanda voisin a envahi une partie du territoire congolais, laissant des destructions derrière lui. À ce jour, seulement 2 % des routes du pays sont asphaltées, le reste étant constitué de pistes en terre ou en gravier.

La RDC abrite 60 % de la forêt équatoriale du Congo, ce qui rend la logistique extrêmement difficile. Cela représente environ 107 millions d’hectares (1,07 million de kilomètres carrés), soit près de la moitié du territoire national. C’est pourquoi la plupart des livraisons, en particulier celles de l’aide humanitaire, sont effectuées par hélicoptère ou par voie fluviale, via le vaste réseau de cours d’eau du pays.

Comme l’a expliqué l’économiste Vivien Foster dans un rapport pour la Banque mondiale :

« La République démocratique du Congo (RDC) est confrontée à ce qui est probablement le plus grand défi infrastructurel du continent africain. En raison des conflits, les réseaux ont été gravement endommagés ou ont été laissés à l’abandon. Aujourd’hui, environ la moitié des infrastructures existantes nécessitent une réhabilitation. Même avant les conflits, l’absence d’infrastructures de base rendait difficile la liaison entre les centres économiques et de population du pays. La vaste géographie du pays, sa faible densité de population, ses forêts étendues et ses rivières entrecroisées compliquent encore davantage le développement des réseaux d’infrastructure. »

L’intérêt principal des pays étrangers pour la RDC réside dans ses ressources naturelles. Le pays dispose notamment de gisements importants de cobalt et de cuivre, deux minerais de plus en plus prisés à l’échelle mondiale en raison de leur rôle crucial dans l’industrie de l’énergie verte.

La réhabilitation des infrastructures permettrait d’augmenter les exportations de ces minerais, ce qui représenterait un formidable coup de pouce pour l’économie congolaise – notamment pour les États-Unis, qui cherchent à réduire leur dépendance envers la Chine pour ces ressources. Une concurrence accrue sur le marché mondial de ces minerais pourrait également entraîner une baisse des prix tout au long de la chaîne d’approvisionnement.

La Chine joue un rôle moteur dans l’amélioration des infrastructures congolaises, dans le cadre d’un partenariat de longue date entre les deux nations. Comme l’a déclaré Alexis Gisaro Muvuni, ministre congolais des Infrastructures et Travaux publics, lors d’une interview en 2023 :

« Le Palais du Peuple est le lieu où se tiennent les grands événements politiques, tandis que le Stade des Martyrs, qui peut accueillir 80 000 personnes, accueille régulièrement divers événements majeurs. Ces projets témoignent de la vitalité de la coopération sino-congolaise en matière d’infrastructures. »

Améliorations récentes des infrastructures

Ces dernières années, de nombreux progrès ont été réalisés. La ligne de chemin de fer entre Kinshasa et la ville portuaire de Matadi, sur le fleuve Congo, a été remise en service après plusieurs années d’inactivité. Cette connexion est essentielle pour les exportations, Matadi étant le principal port du pays.

Cela s’inscrit dans un contexte où les États-Unis ont annoncé un accord minier d’un milliard de dollars avec la RDC, à la suite de pourparlers de paix qu’ils ont facilités pour apaiser le conflit entre la RDC et le Rwanda. Il est donc crucial de renforcer les infrastructures pour garantir l’exportation sécurisée des minerais dans le cadre de cet accord.

La RDC profitera également des travaux d’infrastructure entrepris dans les pays voisins. En 2023, un consortium chinois a annoncé la construction d’une route à péage à double voie entre Lusaka (capitale de la Zambie) et Ndola (sa troisième plus grande ville), située à quelques kilomètres seulement de la frontière avec la RDC. Ce projet devrait dynamiser le commerce entre les deux pays.

Dans son discours sur l’état de la nation de décembre 2024, le président Félix Tshisekedi a présenté un plan ambitieux qui s’étendra sur toute l’année 2025 pour reconstruire les infrastructures nationales.

« Ces travaux seront accompagnés du déploiement de brigades routières dans chaque province afin d’assurer un entretien régulier, » a-t-il déclaré.

Il a ajouté que

« Le développement des routes d’accès agricoles jouera un rôle clé dans la transformation du secteur agricole, l’amélioration des revenus des ménages ruraux et le bien-être de la population. »
Certains projets ont pu être retardés en raison du différend avec le Rwanda, mais le plan devrait reprendre son cours, notamment grâce aux investissements miniers américains attendus dans les mois à venir.

Outre les routes et voies navigables, le plan comprend aussi la construction de lieux de rassemblement communautaires en zones rurales, des systèmes d’adduction d’eau potable, des entrepôts à Matadi, des marchés et d’autres éléments d’infrastructure essentiels pour moderniser le pays et lui permettre d’intégrer le marché mondial.

Projets prévus et perspectives futures

Malgré ces avancées, de nombreux défis subsistent. La Banque africaine de développement a récemment désigné la RDC comme le pays africain ayant les besoins les plus urgents en matière d’infrastructures. De nombreuses lignes ferroviaires sont délabrées, en particulier celles qui ne sortent pas du territoire national.

« Le réseau routier doit être étendu et asphalté, car des milliers de kilomètres sont encore en terre ou en gravier, » explique Philippe Heilmann, consultant en développement d’infrastructure auprès des gouvernements africains.
« C’est pourquoi le fleuve Congo est considéré comme la principale ‘route’, car il n’existe aucune ligne ferroviaire continue traversant le pays. »

Cependant, des routes et voies ferrées doivent être construites à certains endroits stratégiques du fleuve, car certaines portions sont impraticables en bateau à cause des rapides et des chutes d’eau. Les retombées économiques sur les importations et les exportations seraient considérables, sachant que le fleuve Congo est le deuxième plus long du continent africain, après le Nil.

L’un des enjeux les plus critiques reste toutefois l’accès à l’électricité. Seuls 21,5 % des 85 millions d’habitants de la RDC y ont accès. Selon le World Population Review, la RDC se classait au 7e rang mondial des pays ayant le plus faible accès à l’électricité en 2022, aux côtés d’autres pays africains.

Ce chiffre a augmenté de quelques points chaque année au cours de la dernière décennie, mais une augmentation beaucoup plus importante est nécessaire pour que la RDC puisse pleinement s’industrialiser et entrer dans le XXIe siècle. L’accès à l’électricité est également une condition préalable à de nombreuses infrastructures potentielles, comme les lignes ferroviaires à grande vitesse.

Depuis la fin de la deuxième guerre du Congo, il y a plus de 20 ans, la RDC s’efforce de se relever, tant sur le plan humain qu’infrastructurel. Malheureusement, cette tâche est compliquée par le manque de financement, la géographie naturelle du pays et la rareté des ressources.

Des pays comme la Chine et les États-Unis ont investi dans les infrastructures congolaises ces dernières années, mais des efforts supplémentaires seront nécessaires pour permettre à la RDC de se moderniser, de s’industrialiser et de devenir une nation pleinement développée, capable de commercer à l’échelle mondiale.

Congo : la BDEAC apporte un appui de 32,8 milliards FCFA pour la construction des infrastructures

Le gouvernement congolais et la Banque de développement des Etats de l’Afrique centrale (BDEAC) ont procédé le 16 août 2021, à la signature d’un accord de financement.

 

Le gouvernement congolais vient de recevoir un appui de la Banque de développement des Etats de l’Afrique centrale d’une valeur de 32,8 milliards FCFA. Un accord de financement a été signé entre les deux parties lundi 16 août 2021. Cette enveloppe est destinée à la construction des infrastructures. Il s’agit de l’aménagement de la route Dolisie-Kibangou dont les 93 km constituent la première phase du corridor Libreville-Brazzaville devant relier le Congo au Gabon, et qui permettra de désenclaver ce bassin de production dans l’optique d’améliorer les échanges économiques et commerciaux dans la sous-région.

Le corridor Libreville-Brazzaville et celui de Brazzaville-Ouesso-Bangui-Ndjamena font partie des six projets intégrateurs dont la BDEAC s’était engagée au cours de la table ronde des bailleurs de fonds de Paris en novembre 2020 à soutenir la réalisation à hauteur de 308 milliards de FCFA (551 millions de dollars) en vue d’accélérer l’intégration en Afrique centrale. Le président de BDEAC, Fortunato-Ofa Mbo Nchama, a présenté l’apport de cette infrastructure notamment « au plan socio-économique, ce projet contribuera à la réduction du coût et de la durée du transport, ce qui entraînera le désenclavement du département du Niari et favorisera les activités économiques ».

La zone CEMAC est la moins intégrée du continent à cause, entre autres, de l’insuffisance des infrastructures de transports et de communication. Une carence qui limite la circulation des personnes et des biens alors que les échanges économiques et commerciaux communautaires se situent à peine autour de 3%.

Congo : la coopération sino-congolaise au cœur des débats

Les Congolais font le point sur les investissements de la Chine dans leur pays, à l’occasion du sommet Chine-Afrique.

A l’occasion du sommet Chine-Afrique qui s’est ouvert lundi 03 septembre à Beijing, les Congolais font le point sur les investissements de la Chine dans leur pays. Les avis sont divers, si pour certains le bilan est satisfaisant pour d’autres doutent de la qualité des infrastructures réalisées et estiment que le partenaire chinois a oublié l’agriculture, un secteur clé pour booster une économie en panne.

La République du Congo est représentée à ce sommet par son président, Denis Sassou Nguesso.

Un journaliste et analyste économique, Christian Sahir, juge positive la coopération entre la Chine et le Congo. « La coopération entre le Congo et la Chine a permis à notre pays de se doter d’un certain nombre d’infrastructures. Je prendrais pour exemple la route nationale numéro 1 Pointe-Noire-Brazzaville (longue de plus de 500 kilomètres, ndlr) qui a un impact économique très très important », commente-t-il.

Le barrage hydroélectrique d’Imboulou de 120 mégawatts est également le fruit de cette coopération. Mais, les investissements chinois ont plus été consentis dans le bâtiment. « Des fissures par-ci, des carreaux décapés par-là, des sièges dans les salles de réunions qui perdent leurs accoudoirs dès inauguration des bâtiments, c’est ce que nous vivons parfois avec les Chinois », témoigne un chef de quartier sous couvert d’anonymat.

Léon Mayeko enseignant d’économie à l’université publique, trouve que le développement passe par l’agriculture et non par le bâtiment : « Ce qui a fait de la Chine aujourd’hui l’une des puissances mondiales, c’est l’agriculture. Ce n’est pas avec ces bâtiments que nous pouvons nous développer », analyse-t-il.

Il est important de noter que le Congo et la Chine ont établi leurs relations depuis 1964.

La CEEAC demande au Gabon de relancer ces projets d’infrastructures avec le Congo

A cet effet, la secrétaire générale adjointe de cette organisation sous-régionale, Marie-Thérèse Chantal Mfoula, a échangé avec le ministre gabonais de l’Equipement, Christian Magnagna.

La reprise des projets d’aménagement de la route Ndendé-Dolisie, la facilitation du transport sur le corridor Libreville-Brazzaville, la construction des routes Kougouleu-Medouneu, Oyem-Assok-Medzeng-Poste frontière avec la Guinée équatoriale et Franceville-Boumango-Poste Frontière avec le Congo, préoccupent au plus haut point la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC).

La secrétaire générale adjointe de cette organisation sous-régionale, en charge du Département intégration physique, économique et monétaire, Marie-Thérèse Chantal Mfoula, a échangé avec le ministre gabonais de l’Equipement, des Infrastructures et des Mines, Christian Magnagna, en vue de relancer ces projets qui visent à renforcer l’intégration et les échanges entre Etats.

C’est ainsi qu’ils ont discuté des grands projets en cours dans le cadre du Plan directeur consensuel des transports en Afrique centrale (PDCT-AC), et dont l’objectif prévoit à court terme, de faciliter la circulation d’une capitale à l’autre sur une route entièrement bitumée dans la zone CEEAC et pour lesquels le Gabon est concerné.

Ainsi que l’a rappelé la secrétaire générale adjointe de la CEEAC, s’agissant du corridor Ndendé au Sud du Gabon et la ville de Dolisie au Congo, les deux pays ont procédé à la signature d’un mémorandum d’entente.

Depuis lors, la recherche conjointe de financement pour l’exécution du projet a abouti à la signature des accords de prêts avec la Banque africaine de développement pour la réalisation de certaines composantes communes situées du côté gabonais. Mais, malheureusement, regrette la CEEAC, ces composantes ne sont pas encore exécutées pour des raisons qui n’ont pas été dévoilées.

Pour Marie-Thérèse Chantal Mfoula, «la CEEAC reste disposée à accompagner ses Etats membres dans leurs projets de développement, notamment ceux frontaliers».

Le ministre gabonais de l’Equipement des Infrastructures, a réitéré l’engagement du Gabon à contribuer à doter «la sous-région d’un système de transport fiable et efficace, permettant de promouvoir l’intégration régionale, de faciliter l’accès aux marchés intra-régionaux et extérieurs, tout en améliorant la compétitivité des produits».