Congo : opération « gardons nos villes propres », un manque à gagner pour le secteur informel

Le ministère congolais de la Décentralisation en collaboration avec les municipalités des grandes villes a lancé l’opération « gardons nos villes propres ».

 

L’opération consiste à déguerpir les marchés de fortune et à libérer les trottoirs. A Brazzaville, les voix des vendeurs informels se font entendre. Selon RFI, au marché Total, le plus grand et le plus moderne de la capitale politique, les marchands qui exposaient produits alimentaires, cosmétiques et autres friperies sur les trottoirs encombrés de l’ex-avenue de l’OUA ont été chassés. Leur déguerpissement a rendu la circulation fluide.

Ils sont nombreux ces commençants à la sauvette qui se plaignent d’un gros manque à gagner.

« Ce n’est pas une bonne de chose (de nous déguerpir) parce que le pays ne propose pas de boulot. Au Congo, on n’a pas de boulot, mais l’État nous chasse encore au bord de la voie principale. On va aller où ? Le seul boulot qui reste ici, c’est l’armée. Pour faire rentrer les dossiers en vue de l’intégration dans l’armée, c’est aussi un problème. On est partis à l’école, mais au final, on ne nous donne pas le boulot », s’est plaint le jeune Prince, étudiant sans emploi au micro d’RFI.

Selon RFI, le gouvernement a établi que que l’économie informelle emploie plus que la fonction publique et le privé, soit 73 000 emplois en 2023.

L’opération « gardons nos villes propres », à durée indéterminée, fait aussi grincer des dents chez les acheteurs qui ne savent plus où retrouver leurs vendeurs.

Congo : l’opération « Gardons nos villes propres » se poursuit

Le ministère en charge de la Décentralisation mène depuis quelques jours, avec la mairie de la capitale, une opération de déguerpissement de l’espace public dénommée « Gardons nos villes propres ».

Kiosques et tabliers sont dégagés ou simplement détruits le long des trottoirs par la police, au grand dam des citoyens qui les tiennent.

Ce dimanche après-midi, la circulation est très fluide aux alentours du marché total, le plus grand marché de Brazzaville, un lieu habituellement occupé de façon anarchique par les commerçants. Les vendeurs qui occupent les abords ont été déguerpis. Plus loin, au pied du pont du centenaire, les étals des commerces de fortune ont été saccagés par la police à coups de marteaux et d’arrache-clous.

Les commerçants ne cachent pas leur désarroi. « Ça fait mal aux gens : chasser les gens brutalement et venir casser, déplore l’un d’autre eux. Bientôt beaucoup d’herbes vont pousser. Ils vont régler cela comment ? »

Au même endroit, les gérants d’un parking de véhicules de transports en commun ont été priés de quitter les lieux.

Carmel a seulement eu le temps de sauver de justesse la caisse qui lui sert de support pour poser ses téléphones de transferts de crédits. « On n’y peut rien, lâche-t-il. Sinon, les affaires ne se passent plus comme avant. Il y a une baisse parce qu’il n’y a plus assez de clients ».

Une opération menée dans toutes les grandes agglomérations du pays

Le ministre délégué chargé de la décentralisation, Juste Désiré Mondélé, justifie cette opération : « Il s’agit de parler de réorganisation d’autant plus que les personnes ou les commerçants déguerpis retrouvent en principe les marchés domaniaux. Et, les témoignages ou retours que nous avons, nombreux ont déjà occupé les étals dans les marchés domaniaux et avec une aisance dans la pratique de leur commerce. »

L’opération « gardons nos villes propres » sera menée dans toutes les grandes agglomérations du pays.