Khaled el-Enany prend les rênes de l’Unesco : un mandat semé de défis

L’égyptologue Khaled el-Enany a été désigné, lundi soir 6 octobre, à la tête de l’Unesco par le Conseil exécutif de…

L’égyptologue Khaled el-Enany a été désigné, lundi soir 6 octobre, à la tête de l’Unesco par le Conseil exécutif de l’organisation, avec 55 voix. Il devra relever plusieurs défis politiques, financiers et diplomatiques.

 

Candidat depuis plus de deux ans, Khaled el-Enany succède ainsi à la Française Audrey Azoulay, pour un mandat qui s’annonce stratégique face aux bouleversements mondiaux. Ancien ministre du Tourisme et des Antiquités d’Égypte, égyptologue reconnu, il bénéficie de l’appui officiel de la Ligue arabe ainsi que de plusieurs pays européens et latino-américains. Son slogan de campagne, « L’Unesco pour les peuples », incarne une vision axée sur une gouvernance inclusive, la protection du patrimoine mondial, la coopération Sud-Sud et la démocratisation de l’accès à l’éducation.

LA SUITE APRÈS LA PUBLICITÉ



Face à lui, le Congolais Firmin Edouard Matoko a rassemblé 2 voix. Entré plus tardivement dans la course, ce fin connaisseur de l’institution, où il a gravi les échelons pendant plus de trente ans, a mené une campagne remarquée. Sa ténacité, sa maîtrise des rouages internes et ses qualités diplomatiques ont été saluées, laissant entrevoir le rôle important qu’il pourrait continuer à jouer au sein de l’organisation, malgré le faible score obtenu.

Né en 1971 à Gizeh, Khaled el-Enany, 54 ans, est diplômé de l’Université de Helwan, où il a enseigné pendant plus de vingt-cinq ans. Docteur en égyptologie de l’Université Paul-Valéry de Montpellier, il parle couramment l’arabe, le français et l’anglais.

En tant que ministre, il a piloté de vastes chantiers : ouverture de plus de vingt musées, restauration de sites historiques majeurs, et rapatriement de milliers d’objets culturels vers l’Égypte. Un parcours qui lui confère une légitimité internationale dans les domaines clés de l’Unesco.

Le plus grand défi qui attend Khaled el-Enany est sans doute la gestion des équilibres budgétaires. L’organisation se prépare à un nouveau retrait américain annoncé pour fin 2026 par l’administration Trump, qui priverait l’Unesco d’environ 8 % de son budget annuel – alors que les États-Unis contribuaient auparavant à hauteur de 22 %. Cette perte pourrait fragiliser les programmes phares dans l’éducation, la culture et la science.

Autre enjeu : convaincre Washington de rester dans le giron multilatéral. Le nouveau directeur général devra faire preuve de finesse diplomatique pour éviter une nouvelle crise de financement et préserver la stabilité de l’institution.

Au-delà des questions budgétaires, Khaled el-Enany hérite d’une organisation qui doit restaurer la confiance dans le multilatéralisme. Dans un contexte de fragmentation géopolitique, il promet de rendre l’Unesco « plus proche des citoyens » et plus efficace sur le terrain. Protection du patrimoine, fracture numérique, accès équitable à l’éducation et lutte contre le changement climatique figurent parmi ses priorités.

Perçu comme un candidat de consensus entre le Nord et le Sud, Khaled el-Enany devra désormais transformer son image en résultats concrets. Ses capacités à naviguer entre les grandes puissances, à mobiliser les États membres et à renforcer l’impact des programmes de l’Unesco seront déterminantes pour son mandat 2025-2029.

 

Suivez l'information en direct sur notre chaîne WHATSAPP