Congo-UE : le Comité conjoint évalue les progrès du processus APV-FLEGT

Le Comité conjoint de mise en œuvre (CCM) de l’Accord de partenariat volontaire (APV) pour l’application des réglementations forestières, la gouvernance et les échanges commerciaux (FLEGT) a tenu, le week-end dernier à Brazzaville, sa 22ᵉ session consacrée à l’évaluation de l’avancement du processus engagé entre la République du Congo et l’Union européenne (UE).

 

Co-présidée par la ministre de l’Économie forestière, Rosalie Matondo, et l’ambassadrice de l’Union européenne au Congo, Anne Marchal, cette rencontre est intervenue à la veille de l’entrée en vigueur du nouveau règlement européen sur la déforestation et la dégradation. Un contexte jugé crucial pour les deux partenaires, qui souhaitent renforcer les mécanismes de contrôle de la légalité du bois congolais destiné à l’exportation.

Durant les travaux, les experts ont passé en revue l’évaluation à mi-parcours du plan d’action 2024-2028, notamment les progrès vers la délivrance des premiers certificats de légalité, ainsi que les ajustements encore nécessaires au système informatisé de vérification de la légalité afin d’assurer son plein fonctionnement dans toutes les administrations concernées. L’éventuelle intégration d’un module spécifique d’émission des permis a également été envisagée.

Les discussions ont par ailleurs porté sur la finalisation des textes d’application du nouveau code forestier découlant de la loi 33-2020, parmi lesquels les directives relatives à l’aménagement simplifié des forêts. Le CCM a aussi examiné l’état d’avancement des chantiers liés à la certification de la légalité du bois, à l’amélioration du cadre juridique ainsi qu’au développement de l’audit indépendant.

À l’issue de cette session, la ministre Rosalie Matondo et l’ambassadrice Anne Marchal ont réaffirmé l’engagement constant du Congo et de l’UE à renforcer la gouvernance forestière, un secteur stratégique pour l’économie congolaise dans un contexte international marqué par de fortes tensions économiques.

Dans un souci d’efficacité et d’optimisation du suivi, les deux parties ont par ailleurs décidé qu’à compter de 2026, le CCM ne se réunira plus qu’une seule fois par an, au lieu des deux sessions ordinaires organisées jusqu’ici.

Pour rappel, l’initiative FLEGT a été lancée en 2003 par l’Union européenne afin de lutter contre l’exploitation illégale des forêts et le commerce illicite du bois. Le Congo fait partie des premiers pays à avoir conclu un APV avec l’UE, le 17 mai 2010. Cet accord, qui vise à garantir la légalité de la production et de l’exportation du bois congolais, est entré en vigueur le 1ᵉʳ mars 2013.

Bassin du Congo : des ONG s’opposent à l’arrêt de l’aide européenne

Ils ont évoqué les menaces auxquelles sont confrontées les forêts d’Afrique centrale. C’était au cours d’une conférence virtuelle.

 

Les Organisations non gouvernementales (ONG) défenseures de la nature et le partenaire allemand GIZ se sont opposés à la proposition de la Commission européenne visant à mettre fin au Plan d’action relatif à l’application des réglementations forestières, à la gouvernance et aux échanges commerciaux (Flegt). C’est le plan d’action Flegt qui permet l’appui technique et financier de l’Union européenne au profit du Bassin du Congo.

Lors d’une récente conférence virtuelle, dont le communiqué a été rendu public le 24 avril, le facilitateur allemand du Partenariat des forêts du Bassin du Congo (PFBC), Dr. Christian Ruck, et plusieurs ONG internationales et régionales parmi lesquelles Centre for international development and training, Fern, Foder et World resources institutes, ont évoqué les menaces auxquelles sont confrontées les forêts d’Afrique centrale.

Les participants à cette rencontre ont rappelé le caractère novateur du Plan d’action Flegt, un cadre qui permet à l’Union européenne d’appuyer les pays producteurs de bois de la sous-région, d’agir en vue d’arrêter la production et les mouvements illégaux de bois au sein des marchés internationaux. Lancé depuis 2003, ce dispositif constitue l’épine dorsale des mesures pour lutter contre l’exploitation illégale des forêts dans les pays producteurs de bois.

Le plan d’action fournit des incitations commerciales claires, il permet la mise en place des espaces de dialogue multi-acteurs et l’appui à des réformes de gouvernance d’envergure. Il faut souligner que les menaces liées au trafic illégal et à la déforestation persistent au niveau du Bassin du Congo. C’est pourquoi, les ONG pensent que pour y faire face il importe d’accroître les efforts engagés et d’identifier des solutions plus adaptées pour garantir une meilleure application des lois, puis en finir avec les mauvaises pratiques.

« Les ONG présentes ont également saisi l’occasion de la rencontre pour présenter au partenaire allemand les préoccupations de la société civile relatives aux conclusions préliminaires du bilan de qualité du règlement-bois de l’Union européenne et du Flegt effectué par la direction générale de l’environnement de la Commission européenne. Elles ont regretté le caractère biaisé de l’évaluation qui ne reflète que partiellement le point de vue des parties prenantes dans les pays partenaires mettant en œuvre un Accord de partenariat volontaire dans le cadre du Flegt », peut-on lire dans le communiqué.

Ces participants ont, enfin, recommandé au facilitateur allemand tout son soutien au maintien du plan d’action Flegt et aux initiatives visant à lutter contre la déforestation. Ils ont appelé à un dialogue « franc et constructif » entre l’Union européenne et les pays d’Afrique centrale mais aussi les pays asiatiques grand importateur de bois africain, sur la protection et la restauration des forêts et le respect des droits des populations locales, dans l’esprit de leurs engagements internationaux sur l’environnement et le climat.

En tant que grand consommateur de produits ligneux, l’Union européenne joue un rôle important dans l’amélioration de la légalité du bois et des produits ligneux. Dans le cadre du Plan d’action Flegt, les partenaires européens sont axés sur le renforcement des capacités, l’amélioration des mécanismes de la gestion forestière.

L’appui européen porte sur les thématiques liées à la promotion du commerce du bois légal et des politiques de marchés publics ; l’appui aux initiatives du secteur privé ; la mise en pratique des instruments législatifs existants ou l’adoption d’une nouvelle législation et la mise en œuvre de garanties pour le financement et les investissements.