Congo : baisse progressive des tensions à Ouesso

La vie reprend peu à peu son cour normal après une séquence agité après le kidnapping puis l’assassinat par un camerounais d’une jeune maman de 26 ans.

Les ressortissants camerounais de la ville Ouessso et leurs commerces ont été pris pour cible après la mise en cause d’un des leurs. Celui-ci est accusé de séquestration et meurtre d’une jeune congolaise et mère d’un enfant de 2 ans.

Tout a commencé le 12 avril, aux environs de 11 heures. La jeune congolaise de 26 ans a quitté son domicile pour se rendre à un rendez-vous. Mais en fin de journée, vers 19 heures, une de ses amies résidant à Pointe-Noire a téléphoné à sa famille. Un individu l’a contactée via le compte WhatsApp de la jeune femme séquestrée pour demander 500 000 francs CFA à la famille et un million de FCFA au père de l’enfant de la victime. L’information a été donnée par le ministre congolais de l’Intérieur Raymond Zéphirin Mboulou.

Selon RFI, le 14 avril, la famille a porté plainte. Une enquête a été ouverte et un chauffeur de taxi camerounais a été placé en garde à vue. Le lendemain, en représailles, des habitants s’en sont pris à des commerces tenus par des Camerounais. Certains ont dû se retrancher au consulat du Cameroun de Ouesso.

La même source révèle que quelques jours plus tard, le 18 avril, le corps sans vie de la jeune femme kidnappée a été retrouvée dans la forêt près de Ouesso. Un homme accusé du meurtre a été arrêté au Cameroun voisin par la gendarmerie. Le ministre congolais de l’Intérieur a déclaré « avoir renforcé les services de police et de gendarmerie pour contenir les réactions de la foule et sécuriser les populations étrangères ». Les suites judiciaires de l’affaire seront données, dit-il, « conformément aux accords de coopération liant le Congo et le Cameroun ».

Meurtre d’un ex-agent de la DGSE

Il avait été mis en examen dans un projet d’assassinat de Ferdinand Mbaou, un opposant au président Sassou Nguesso.

Le corps d’un ex-agent de la DGSE a été retrouvé criblé de balles la semaine dernière dans les Alpes. Il avait été mis en examen dans un projet d’assassinat de Ferdinand Mbaou, un opposant à Sassou Nguesso.

La mort de Daniel Forestier, retrouvé le 21 mars en Haute-Savoie, suscite nombre d’interrogations : depuis l’automne, cet ex-agent du renseignement français était lui-même au cœur d’une affaire de projet d’assassinat d’un opposant congolais, Ferdinand Mbaou, en région parisienne.

Le corps de cet homme de 57 ans a été retrouvé criblé de balles sur un parking de la commune de Ballaison (Haute-Savoie), proche du lac Léman. Mais l’identité de l’ancien agent du service action de la Direction générale de la Sécurité extérieure (DGSE) n’a pu être confirmée que mardi soir par son avocat, prévenu par la famille de la victime. Selon le Dauphiné Libéré, Daniel Forestier, marié et père de deux enfants, était établi à Lucinges (Haute-Savoie) après quatorze ans passés au sein de la DGSE.

Le meurtre intrigue, puisqu’il s’apparente à une exécution, l’autopsie ayant révélé cinq impacts de balles sur la victime, dont un au niveau du cœur et un autre dans la tête.

Projet d’assassinat de Ferdinand Mbaou

Après la découverte du corps, le parquet de Thonon-les-Bains avait immédiatement ouvert une enquête pour assassinat, et le dossier a été repris lundi par la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Lyon, compétente en matière de criminalité organisée.

C’est la JIRS qui avait mis en examen Daniel Forestier en septembre, dans le cadre d’une enquête sur un projet d’assassinat ayant visé le général Ferdinand Mbaou, un opposant au président congolais Denis Sassou Nguesso réfugié en France depuis près de vingt ans.

L’ancien militaire de carrière ainsi qu’un autre ex-agent des services de renseignements extérieurs français, Bruno Susini, avaient été mis en examen pour « association de malfaiteurs » et « détention d’explosifs ». Un troisième homme avait été placé sous le statut de témoin assisté.

Le mode opératoire et les zones d’ombre entourant l’assassinat de Forestier nourrissent des spéculations.

« On a du mal à croire que ce meurtre soit sans lien avec sa mise en cause dans l’affaire Mbaou », commente une source proche du dossier. De son côté, le parquet de Lyon ne va pas au-delà de la confirmation de l’ouverture d’une enquête par la Jirs.

« Avec sa mort, c’est une partie essentielle des preuves qui disparaît »

Pour l’avocat de Daniel Forestier, Me Cédric Huissoud, la mise en cause de son client dans le dossier concernant l’opposant congolais était injustifié. « Mon client avait toujours contesté ces accusations rocambolesques, qui ne reposent que sur un témoignage anonyme », souligne-t-il. Son client était placé sous contrôle judiciaire et l’avocat avait engagé dès septembre un recours devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Lyon pour faire annuler cette mise en examen.

« Nous avons appris avec effarement le décès de Daniel Forestier. Avec sa mort, c’est une partie essentielle des preuves, et donc de la manifestation de la vérité, qui disparaît », ont regretté mercredi Me Vincent Brengarth et Me Henri Thulliez, les avocats de Ferdinand Mbaou.

Interrogé par l’AFP début octobre, Ferdinand Mbaou, 62 ans, s’était dit « en colère mais pas surpris » par la nouvelle de ce projet d’assassinat, qu’il disait avoir apprise « par la presse ».

En 2015, l’ancien chef de la garde de l’ex-président de la République du Congo, Pascal Lissouba (1992-1997), avait déjà été grièvement blessé par balle dans une tentative d’assassinat à la sortie de son domicile de Bessancourt (Val-d’Oise), au nord de Paris. Il serait dans le collimateur de Brazzaville en raison de ses réseaux dans l’armée, selon un opposant congolais.

« Il est plus que jamais indispensable que les investigations s’accélèrent pour que la justice puisse déterminer le ou les responsables de la tentative d’assassinat de Mbaou », ont-ils souligné dans un communiqué, ajoutant : « aucun protagoniste dans cette affaire n’est en sécurité, à commencer par notre client ».