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Congo : les opérateurs économiques réclament leurs créances

Plusieurs entreprises ayant préfinancé des travaux de l’État attendent le recouvrement de leurs créances. La dette intérieure commerciale s’élèverait à…

Plusieurs entreprises ayant préfinancé des travaux de l’État attendent le recouvrement de leurs créances. La dette intérieure commerciale s’élèverait à 146 milliards de francs CFA, selon un audit commis par l’État.

Les entrepreneurs ne comprennent pas ce retard, d’autant plus que le paiement de cette facture fait partie des 48 mesures édictées par le Fonds monétaire international (FMI) avec qui le Congo a conclu un accord au titre de Facilité élargie de crédit (FEC) en 2019. De son côté le gouvernement rassure que l’effacement de cette ardoise fait partie de ses préoccupations.

Dans son spacieux bureau du deuxième étage d’un bâtiment situé sur l’avenue de l’indépendance en plein centre-ville de Brazzaville, Joséphat-Roger Obesse, président du COPECO, le Collectif des opérateurs économiques du Congo, compte et recompte sur les doigts de sa main le nombre d’années qui se sont écoulées sans que le gouvernement songe au paiement de cette dette de 146 milliards de francs CFA. « C’est depuis 5 ans que nous sommes en train de subir (cette situation). C’est vrai que le pays traverse des moments difficiles. Il faudrait que l’État fasse un effort pour payer quand même un peu, afin que les entreprises reprennent leurs activités. On arrive quand même à payer les salaires des fonctionnaires et de l’autre côté, on ne fait pas un effort pour payer les créances des entreprises. »

Joséphat-Roger Obesse précise au sujet de cette dette que sur 680 entreprises concernées, seules 179 créances ont été validées. Il demande un peu plus de volonté de la part du gouvernement et appelle celui-ci à respecter les termes de l’accord conclu avec le FMI. « Il faut simplement de la volonté pour commencer à payer cette dette. Il faut essayer de respecter les quarante-huit mesures de l’accord avec le FMI. Le gouvernement doit faire un effort pour commencer à respecter parce que dans les quarante-huit mesures, il est recommandé de commencer l’apurement de la dette commerciale. »

Dans une économie de marché plombée par la baisse des cours du pétrole, la relance passe incontestablement par l’apurement de la dette des opérateurs économiques, analyse l’entrepreneur Serge Banguélé. « Jusqu’à ce jour, le secteur privé est mis sur la touche, parce que la dette intérieure n’est pas encore payée. Et pourtant, la relance de l’économie congolaise est pour nous à la fois une priorité et une urgence. »

Début janvier 2020, le gouvernement a remis des titres au Trésor public en vue de procéder au paiement de la dette tant réclamée. Mais, rien que la distribution de ces titres se fait attendre. « C’est juste une question de procédure, la situation sera débloquée sous peu », assure une source au ministère des Finances.

L’entrepreneur Blaise Célestin Mandimba relève que dans la programmation, certaines entreprises locales seront délaissées. « Nous avons la société SCGM Congo Labo qui a eu à préfinancer la construction des hôpitaux, la relance du Chemin de fer Congo-Océan (CFCO) en lui livrant des voitures. Cette société à près de 33 milliards de francs CFA (plus de 50 millions d’euros), mais elle n’est pas programmée parmi les 179 sociétés retenues. Mais, les Chinois qui ont travaillé à peine sont programmés. ».

Le gros de lot de la dette intérieure commerciale, soit 80%, revient aux sociétés étrangères, contre 20% pour les entreprises congolaises.

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