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Covid 19 : Prince Bafouolo propose des initiatives solidaires d’après confinement

Les initiatives du jour d’après se multiplient et au sein de la communauté congolaise, les réflexions sont nombreuses. Le journaliste…

Les initiatives du jour d’après se multiplient et au sein de la communauté congolaise, les réflexions sont nombreuses. Le journaliste Prince Bafouolo, directeur Hémicycles d’Afrique en France, propose une des initiatives solidaires d’après-confinement retenue.

Que préconisez-vous en faveur de la diaspora à la sortie de la crise sanitaire ?

A l’heure où nous réalisons cette interview, personne ne sait s’il se lèvera demain et encore moins s’il sera vivant à la fin de la pandémie. C’est triste de le dire. Pourtant, c’est la vérité. Le Covid-19 nous a rappelé que nous n’étions pas maîtres de notre souffle de vie. Ce virus nous a démontré qu’à n’importe quel moment nous pouvons quitter ce monde, que l’on soit riche, pauvre, blanc, noir ou jaune. Partant de ce postulat, il serait prétentieux de réfléchir à l’organisation d’un événement alors même que l’on n’est pas certain de sortir vivant de cette crise sanitaire. Cela dit, il est clair qu’il y aura une vie après le Covid-19. Et dans cette vie d’après, il sera important de rendre un vibrant hommage à tous les enfants du Congo qui nous quittés.

Comment prévoyez-vous la mise en place de ce mécanisme d’union solidaire ?

Au-delà des cérémonies organisées par les familles endeuillées, il me semble important que la diaspora organise un hommage groupé pour saluer la mémoire des nôtres, anonymes ou connus. Par exemple, une cérémonie agrémentée par des témoignages et des prestations de nos artistes de la diaspora. Je lance une idée et je compte sur mes compatriotes au sein de la diaspora pour la mûrir et la réaliser. Je pense à Joslin Armel Bachelor, vous-même, Marie-Alfred Ngoma et Les Dépêches de Brazzaville, Agnès Onounou, Norbat de Paris, Jackson Babingui, Balou Conta, Marien Ngombé et j’en oublie …. Je pense aussi aux hommes de médias, en particulier à Cyr Makosso, de Ziana tv, qui fait déjà un travail considérable avec l’ensemble de son équipe, pour donner un écho à la diaspora. De manière générale, je pense à tous les Congolais épris de justice et d’amour pour s’assembler afin d’honorer nos défunts. Notre tradition nous le demande ; nos valeurs bantoues l’exigent. Enfin, la devise du Congo convoque à l’unité. A la fin de cette pandémie, il sera nécessaire de repenser notre rapport avec les autres. Mieux, de changer de paradigme en redéfinissant les notions que nous avons de certaines valeurs. A commencer par l’unité et la concorde nationale. Faites un inventaire des Congolais qui sont morts à ce jour en France : Dada Pourret, Cyriaque Bassoka, Joachim Yhomby Opango, Aurlus Mabélé pour ne citer que les plus connus. Ils sont tous d’appartenance ethnique différente et le Covid a frappé sans distinction. Qui sommes-nous pour continuer à nous regarder en chien de faïence ? Qui sommes-nous pour ne pas pardonner ? Face à la mort, il est essentiel que change notre suprématie sur les uns ou notre ressentiment sur les autres. Tirons-en les leçons !

Cette initiative s’étendra-t-elle à votre pays d’origine ?

Je le souhaite, mais ne l’exige pas. Je ne suis pas un influenceur et je ne m’érige pas en donneur de leçon. Je pense simplement que nous avons perdu des êtres chers, enterrés à la va-vite, comme s’ils n’avaient presque pas vécu. Pourtant, vous savez comme moi que c’est tout le contraire. Certains de ceux qui sont morts ont hissé haut les couleurs tricolores du Congo ou inspiré de milliers de personnes. Il me semble important de les honorer : nous le leur devons. Encore une fois, je lance une idée pour que la diaspora fasse preuve de solidarité et de patriotisme. Si celle-ci trouve un écho au Congo, c’est tant mieux. Quoi qu’il arrive, la diaspora sera présente et rendra, pour sa part, son hommage aux les congolais qui sont « tombés » ici.