Signé en février dernier, le contrat de dix ans avec la filiale sénégalaise Socelec prévoyait de confier à la Senelec la gestion des services électriques au Congo.
En déplacement à Dakar, le Premier ministre congolais Anatole Collinet Makosso est revenu sur la suspension du contrat d’affermage liant l’État congolais à la Société nationale d’électricité du Sénégal (Senelec), chargé de la gestion de la distribution de l’électricité à Brazzaville. Une décision motivée, selon lui, par un défaut de communication et des zones d’ombre dans l’accord qui ont provoqué la colère de l’opinion publique et des syndicats.
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Signé le 13 février 2025, ce contrat de dix ans avec la filiale sénégalaise Socelec prévoyait de confier à la Senelec la gestion des services électriques au Congo. Quelques mois après sa signature, l’accord a été suspendu, dans un contexte de fortes contestations sociales et syndicales.
« Nous avons confondu vitesse et précipitation », a reconnu Anatole Collinet Makosso lors d’une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko.
« Il fallait préparer davantage l’opinion à cette réforme. Le contrat comportait des zones d’ombre et le travail de pédagogie n’a pas été suffisant. »
Le Conseil des ministres congolais a officiellement justifié cette suspension par les critiques relayées dans les médias et sur les réseaux sociaux. Plusieurs griefs ont été formulés contre la Socelec, notamment par les syndicats de l’Énergie électrique du Congo (E2C), qui dénoncent entre autres le lancement des activités avant l’achèvement du processus légal de mise en œuvre ; une gouvernance déséquilibrée, avec un seul administrateur congolais dans un conseil dominé par des représentants sénégalais ; l’absence de capital de démarrage ; et un « train de vie princier » attribué aux responsables sénégalais.
Le Premier ministre congolais a tenu à souligner que cette suspension n’est pas une rupture définitive avec la Senelec.
« Nous allons nous asseoir avec nos partenaires sénégalais pour discuter des conditions de mise en œuvre du contrat », a-t-il affirmé. « Il existe 41 mesures d’affermage à satisfaire. C’est ce travail préparatoire que nous devons accomplir pour apaiser les tensions et rétablir la confiance. »
Le Premier ministre Anatole Collinet Makosso a également rappelé que le Sénégal avait traversé une situation similaire en 1998, lorsque la gestion de son secteur électrique avait été confiée à un acteur étranger. Il a souligné la nécessité de tirer les leçons de ces expériences pour mieux conduire les réformes sensibles impliquant des services publics essentiels.