Congo : « la paix en Libye freinerait le drame des migrants », Denis Sassou N’Guesso

En tant que, président du Comité de haut niveau de l’UA sur la résolution de la crise en Libye, le…

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En tant que, président du Comité de haut niveau de l’UA sur la résolution de la crise en Libye, le chef de l’Etat Denis Sassou N’Guesso,  a accordé une  interview au journal Le Figaro le 12 janvier 2023 sur la sécurité en Afrique.

 

Selon le site Adiac Congo, à la question de savoir s’il a l’espoir de mettre fin à la guerre civile en Libye, le président de la République du Congo et du Comité de haut niveau de l’Union africaine sur la Libye, Denis Sassou N’Guesso, a répondu : « Sur place, les populations ne demandent que cela, car elles sont épuisées. J’ai bon espoir que la conférence interlibyenne de réconciliation se tienne avant l’été prochain et que, dans la foulée, des élections puissent être organisées, débouchant sur les résultats acceptés par toutes les parties ».

En outre, invité à préciser les conséquences de ce conflit pour le continent africain, Denis Sassou N’Guesso a déclaré : « On ne mesure pas encore tous ses effets désastreux, tout le mal que la désintégration de la Libye a causé. Il est certain que cette guerre a contribué au développement du djihadisme au Sahel, mais aussi au Nord du Cameroun, à la frontière de la République démocratique du Congo et de l’Ouganda, et ailleurs encore. Ce conflit a aussi fait de la Libye un point de passage pour des milliers de jeunes migrants africains, qui viennent de partout, au péril de leur vie en traversant le désert puis la Méditerranée en direction de l’Europe. La fin de la guerre en Libye stabiliserait le Maghreb et, au-delà, limiterait les trafics en tous genres. La paix dans ce pays freinerait le drame humain des migrants en Méditerranée. La Libye ne doit plus être un trou béant ».

Répondant à la question relative au sentiment antifrançais qui se développe actuellement en Afrique, le président de la République du Congo a précisé: « Selon moi, ce sentiment antifrançais n’existe pas comme tel. Mais, c’est vrai, il demeure des pesanteurs. Des comportements néocoloniaux peuvent persister. Ce mouvement prend surtout corps chez les jeunes. Avec la France, ils veulent être aujourd’hui dans une relation de partenariat et non plus sous l’emprise d’une espèce de paternalisme. Ils veulent que ça évolue, en finir avec les schémas anciens. Ils l’ont d’ailleurs dit à Emmanuel Macron lors d’une rencontre France-Afrique organisée à Montpellier en 2021, rencontre dont je n’ai pas beaucoup apprécié le format, je dois dire ».

A propos de l’affaire des biens mal acquis pour laquelle plusieurs pays africains sont pointés du doigt dont le Congo, Denis Sassou N’Guesso a donné la réponse ci-après : « Cette histoire est un coup tordu qui relève du harcèlement médiatique et judiciaire en France. Où sont les preuves de ce détournement ? Par ailleurs, ce ne sont pas les Congolais qui me poursuivent, mais une association étrangère qui a décidé de s’en prendre à trois pays dans le monde, comme par hasard seulement en Afrique : Guinée équatoriale, Congo et Gabon. Je n’aime pas parler de cette provocation. Un jour, j’en suis sûr, la raison l’emportera ».

A propos de l’attitude de son pays vis-à-vis de la guerre en Ukraine, le chef de l’Etat congolais a précisé: « J’estime que l’Afrique peut jouer un rôle de médiation dans cette guerre dont elle ne doit  pas être l’otage. Ce conflit nous ramène à l’opposition Est-Ouest, que l’on croyait derrière nous depuis la chute du mur de Berlin. L’Afrique doit encourager le dialogue entre ces deux pays car ce n’est que par le dialogue qu’une issue sera trouvée. Le Congo, comme d’autres, souffre économiquement de cette guerre qui perturbe nos importations de blé et d’engrais».

A la question de savoir s’il sera à la conférence de Libreville, au Gabon, sur la préservation de la forêt en Afrique centrale, Denis Sassou N’Guesso a indiqué: « Je suis président de la Commission climat du Bassin du Congo et, à ce titre, je ne vois pas pourquoi je n’irai pas. Nous en avons parlé avec Emmanuel Macron. J’attache beaucoup d’importance à ce sujet, tout comme à l’agriculture au sens large, qui est l’un des piliers du plan de développement du Congo d’ici à 2026. Nos efforts doivent aller sur ce terrain-là, après ceux que nous avons déployés pour améliorer nos infrastructures. A ce propos, j’ai bon espoir que le projet d’un pont routier et ferroviaire reliant Brazzaville à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, voit le jour. Nos deux pays sont enfin d’accord avec la Banque africaine de développement, un tour de table financier pourrait être trouvé dès cette année».

Notre confrère voulait, en outre, savoir si le président de la Républque du Congo était inquiet des coups d’Etat survenus ces derniers mois dans plusieurs pays africains, voici sa réponse:« Ce qu’il vient de se passer au Brésil ou les violences du 6 janvier 2021 à Washington, dans la plus grande démocratie du monde, sont des événements, à mes yeux, beaucoup plus inquiétants pour l’équilibre politique mondial».

Répondant à la question de savoir s’il ne redoute pas l’usure du pouvoir après trente-huit ans de règne, Denis Sassou N’Guesso a déclaré: « Rester au pouvoir longtemps celui qui peut, pas celui qui veut, disait Paul Biya, le président du Cameroun, qui en sait quelque chose…Sachez que la Constitution congolaise me permettrait de me représenter dans quatre ans».

Rappelons que, du 12 au 16 janvier prochain le pays reçoit une importante réunion du Comité consultatif permanent des Nations unies sur les questions de sécurité en Afrique centrale.

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