Congo : plusieurs opposants absents à la concertation d’Owando

Le Premier ministre Anatole Collinet Makosso a appelé les participants à plus de contributions pour améliorer la gouvernance.

 

Les acteurs politiques et les membres de la société civile participent à une concertation sur les législatives et locales à partir de jeudi à Owando, au nord de Brazzaville.

Si le chef de file de l’opposition Pascal Tsaty Mabiala est bien présent à Owando pour participer à cette concertation, plusieurs opposants sont restés à Brazzaville. Ils n’ont pas manifesté de l’intérêt à cette retrouvaille qu’ils fustigent.

« A l’image des concertations antérieures, celle d’Owando est tout simplement une stratégie du pouvoir pour faire avaliser, en contre partie des espèces sonnantes et trébuchantes, déjà prises unilatéralement par le pouvoir », indique, dans une déclaration publiée, le président de la Fédération de l’opposition, Clément Mierassa.

Pour Mathias Dzon, un autre opposant, les résultats des prochaines élections sont même déjà connus dans les officines du pouvoir.

« Mais, les gens comme nous, on va aller faire quoi à Owando ? Maintenant, on connait les élus dans chaque circonscription. C’est déjà fait », affirme-t-il avec véhémence.

La société civile est divisée sur la question. Celle qui ne s’est pas rendue à Owando reste sceptique sur l’issue de cette concertation.

« Ce que l’Etat est incapable de faire dans cinq ans, ce n’est pas en quatre mois qu’il va le faire. Cela fait 13 ans qu’on parle des concertations politiques dans notre pays », rappelle le directeur exécutif du Centre d’actions pour le développement (CAD), Trésor Nzila Kendet.

Pour ceux qui participent à ces assises, il est plus qu’important de dialoguer dans le pays.

« Il ne faut pas blâmer l’initiative. Ce n’est jamais une concertation de trop. C’est pour cela qu’il ne faut pas être fataliste, non ! », suggère Parfait Iloki est porte-parole du PCT, le parti présidentiel.

Même son de cloche pour Jean Valère Mbani, président de Le Congo en marche (LCEM), un parti du centre.

« Owando est une véritable opportunité pour faire avancer la démocratie dans notre pays. Nous sommes une jeune démocratie et a besoin d’être nourrie par nos différentes idées », souligne-t-il.

Au total, quelque 200 acteurs politiques et membres de la société civile prennent part à la concertation politique d’Owando. Mais, bien d’autres auraient bien voulu participer. C’est le cas de Dave Ephrem Mafoula, candidat malheureux à la derniere élection présidentielle.

Après Madingou l’année dernière, Owando est la septième concertation politique que les autorités organisent à l’orée de chaque élection.

Crise humanitaire : le sujet fait polémique au Congo

Les opposants jugent cette gestion hasardeuse la façon dont l’Etat gère la crise humanitaire, parce que, affirment-ils, le gouvernement ne dispose ni de plan ni de stratégie.

Une plateforme des formations d’opposition dénommée « Convention des partis républicains » (COPAR) s’est dite peu satisfaite mercredi 22 janvier de la façon dont les autorités gèrent la crise humanitaire causée par les pluies à l’origine des inondations qui ont affecté environ 200 000 personnes à travers tout le Congo.

L’envoi des bateaux chargés des vivres et non vivres pour assister les victimes des inondations au nord du pays est simplement un pilotage à vue, selon Christ Antoine Walembeaud, coordonnateur par intérim de la Convention des partis républicains. Pour lui, le gouvernement n’a jamais monté un plan ni élaboré une politique ou une stratégie devant permettre de gérer les catastrophes naturelles.

« À ce jour, personne ne connaît le contenu d’une stratégie (gouvernementale) de gestion des catastrophes naturelles. Nous constatons qu’il n’y a aucune réponse idoine par rapport à l’enjeu qui est là. On essaie de tout justifier par le réchauffement climatique. Mais, gouverner c’est prévoir. La communication du gouvernement sur cette question est chaotique », a dénoncé M. Walembeaud.

L’opposant a souhaité qu’un fonds permanent d’assistance des victimes des catastrophes soit mis sur pied. « La critique de l’opposition est non fondée », répond Antoinette Dinga Dzondo, ministre en charge de l’Action humanitaire. « Le Congo dispose d’un plan de contingence depuis 2016. Celui-ci est en train d’être mis à jour par rapport à l’ampleur des inondations de cette année », a-t-elle expliqué avant de conclure : « Notre plan de contingence et le mécanisme humanitaire ont été élaborés avec des urgentistes ».

Discours de Sassou N’Guesso le 14 août : un message insatisfaisant pour l’opposition

Le chef de l’Etat comme à la coutumier a prononcé son discours à la veille de la commémoration de la fête de l’indépendance de la République du Congo.

Mercredi 14 août 2019, Denis Sassou N’Guesso s’est adressé au congolais. Le discours du président de la république prononcé à quelques heures de la fête de l’indépendance. Un message  pas vraiment riche pour les opposants.

Ce discours présidentiel a porté pour l’essentiel sur l’économie et l’environnement, alors que les opposants espéraient entendre parler de gouvernance électorale, de lutte contre la corruption ou encore de la libération des détenus politiques.

« Je m’attendais à rien », concède Anguios Nganguia Engambé. Pour le président du Parti pour l’action de la République (PAR), la raison est simple : « C’est parce que nous sommes à deux ans de l’élection présidentielle de 2021. »

Aux yeux du candidat malheureux aux élections présidentielles de 2009 et 2016, Denis Sassou-Nguesso « devrait logiquement nous parler du dialogue politique, de la gouvernance électorale et des détenus politiques qui sont toujours [en prison]. Il a parlé de l’accord [conclu avec le FMI le 11 juillet, NDLR]. Mais, lorsqu’on rentre dans un programme avec une telle institution, c’est qu’on a mal géré le pays. Un pays bien géré ne peut pas rentrer dans un programme. Le pays est mal géré. »

Déception partagée par Clément Miérassa. « Nous sommes restés sur notre soif, lâche le président du Parti social-démocrate congolais (PSDC). On aurait souhaité, au vu de la gravité de la situation que traverse le pays, qu’il y ait l’annonce d’un certain nombre de mesures fortes, notamment la lutte contre la corruption. »

Le leader du parti de l’opposition congolaise veut insister sur le contexte : « Avant qu’on arrive à la célébration de la fête de l’indépendance, nous avons encore connu des scandales économico-financiers », une allusion aux récentes dénonciations de Global Witness qui a accusé le fils cadet du président Sassou, Denis Christel Sassou-Nguesso, d’avoir détourné plus de 50 millions de dollars du Trésor congolais en 2014.

« Nous pensons que sur cet aspect le président n’a pas du tout insisté, déplore Clément Miérassa. Déjà au plan interne, beaucoup de cas ont été dénoncés. Des cas qui touchent même des membres du gouvernement, des dignitaires du pouvoir et même la famille présidentielle. Et, nous sommes toujours surpris du silence qui est observé. »