Congo : vers un accord entre le gouvernement, Glencore et Trafigura

Un accord qui permettra une restructuration d’une dette de 1,7 milliard de dollars.

Le gouvernement de la République du Congo espère conclure un accord avec les négociants de pétrole Glencore et Trafigura pour restructurer une dette de 1,7 milliard de dollars avant une réunion avec le Fonds monétaire international (FMI) qui se tiendra le mois prochain. L’information a été donnée par Maixent Raoul Ominga, le patron de la société publique du pétrole (SNPC).

La restructuration des prêts garantis par le pétrole congolais accordés par les négociants suisses est une condition préalable à de nouveaux décaissements du FMI. Ceci, conformément au programme de prêts de 449 millions de dollars sur trois ans, conclu en juillet dernier entre l’institution et Brazzaville. Déjà 45 millions ont été débloqués sur l’enveloppe totale.

Des sources proches du dossier ont confié à Reuters, il y a quelques semaines, que les pourparlers entre la République du Congo et les négociants en énergie suisses avaient échoué après que les entreprises eurent rejeté une réduction de la dette. Dans le cadre des nouvelles négociations, si les négociants acceptent une valeur inférieure par rapport au marché des actifs, le Congo dépensera moins pour le service de la dette.

Le FMI a estimé le fardeau de la dette de la République du Congo à près de 9,5 milliards de dollars, soit 85,5 % de son PIB, lorsqu’il a approuvé son programme de prêt triennal.

Le Congo aurait une dette cachée qui s’élève à 3,3 milliards de dollars

D’après un rapport de l’ONG Global Witness publié le lundi 27 janvier 2020, au Congo, la dette publique de l’Etat pourrait être bien plus importante que prévu.

L’organisation révèle qu’une une dette d’environ 3,3 milliards $, jusqu’alors cachée du grand public, aurait été contractée par la Société nationale des pétroles du Congo (SNPC). Selon les documents récemment fournis par l’entreprise publique et analysés par Global Witness, les principaux créanciers sont les sociétés étrangères de pétrole comme Total et ENI ainsi que plusieurs banques.

Cette nouvelle dette vient alourdir la dette publique du Congo, car étant différente de celle actuellement due par l’Etat à d’autres entreprises telles que Glencore et Trafigura et qui avait été au centre des débats ces dernières années. L’ONG prévient qu’elle risque donc de porter la dette publique totale du Congo à près de 13 milliards de dollars, soit plus de 30% des dernières estimations du FMI.

En plus de leurs dissimulations pendant plusieurs années, l’origine de ces arriérés semble particulièrement peu conventionnelle.

Environ 2,7 milliards de dollars de la nouvelle dette étaient dus par la SNPC uniquement aux grandes compagnies pétrolières, principalement en termes de coût d’exploitation que ces sociétés assument pour le compte de la SNPC. Cependant, l’ONG indique que ces entreprises facturent à la SNPC de nombreuses dépenses qui n’étaient pas censées être prises en compte.

« Notre analyse révèle qu’elles (les dettes) peuvent couvrir un large éventail de coûts, y compris les salaires et les cotisations de retraite des employés, leurs frais médicaux, de transport, de téléphone et de logement, ainsi que les frais de scolarité de leurs enfants », indiquent les auteurs du rapport. Et d’ajouter : « le prédécesseur de Total, Elf, a même réussi à obtenir une « prime à la signature » de 50 millions de dollars – un droit de signature unique et la principale source de revenus pétroliers de l’Etat – qui a été considérée comme l’un de ces coûts, et a facturé des intérêts au Congo sur ce prétendu « prêt » ».

Ces nouvelles révélations traduisent l’opacité du système de gestion des ressources du pays, qui a souvent été dénoncée par de nombreuses ONG. En 2018, le pays avait réussi à négocier un nouvel arrangement financier avec le FMI pour réduire sa dette et diversifier son économie pétro-dépendante. Pour Global Witness, le gouvernement congolais et le FMI doivent « prendre soigneusement en compte les passifs de la SNPC dans les futures planifications fiscales, y compris dans l’analyse de la viabilité de la dette ».

Le Congo essaye de s’accorder avec les traders Glencore et Trafigura

Le FMI n’a pas approuvé de décaissement de nouvelle tranche d’aide au pays, faute d’accord de Brazzaville avec ses créanciers Glencore et Trafigura.

Après avoir validé, le 11 juillet 2019, un programme triennal de 448,6 millions de dollars sur trois ans à destination de la République du Congo, le FMI avait immédiatement débloqué 44,9 millions de dollars, et soumis la suite des décaissements à des examens semestriels.

Mais le 17 janvier dernier, la réunion de son conseil d’administration qui s’est penchée sur le pays n’a pas débloqué de nouvelle tranche d’aide, précisant que les autorités du pays avaient demandé plus de temps pour atteindre leurs objectifs de restructuration de la dette commerciale du pays.