Indépendance : «Au Congo, tant que le virus tribal n’est pas évacué, la paix n’est que factice »

C’est une déclaration de l’historien congolais, Théophile Obenga également conseiller du président Denis Sassou N’Guesso et directeur du projet Université…

C’est une déclaration de l’historien congolais, Théophile Obenga également conseiller du président Denis Sassou N’Guesso et directeur du projet Université de Kintelé.

«C’est bien beau de parler de la paix, de la paix… Mais tant que ce virus tribal n’est pas encore évacué, la paix c’est un truc factice », a soutenu l’Egyptologue et ancien ministre, Théophile Obenga, à l’occasion du 60ème anniversaire de l’indépendance du Congo.

Parlant de quelques ratés de l’indépendance du Congo le 15 août 1960, Théophile Obenga a appuyé fort là où ça fait mal : « C’est très compliqué cette affaire d’indépendance, parce que le français qui commande n’a pas de tribu. Lui parti, le Congolais qui commande a le Trésor public à sa portée, il organise, il nomme, etc… Et du coup, comme nous sommes plusieurs ethnies, quand il y a le pouvoir, chaque fois on veut travailler plus avec les siens qu’avec les autres. Cela crée des crispations. C’est ça qui est un peu né dans l’indépendance. Quelques mois après, c’était la guerre civile pour ainsi dire. Cela a continué. Les guerres civiles ne sont pas motivées par les idéologies politiques. Les guerres civiles au Congo sont fondamentalement motivées par le tribalisme. C’est tout. »

Nombreux sont des congolais qui pensent si réellement Théophile Obenga, de par ses fonctions, auprès du Président Denis Sassou N’Guesso, œuvre à accélérer la désagrégation de ce virus, pour que la paix, chère aux congolais, s’installe durablement au pays.

La lutte pour le pouvoir et les richesses explique souvent les conflits ethniques et tribaux en Afrique. C’est surtout au sein des classes privilégiées que la compétition prend ce caractère. Il est évident que ce tribalisme empêche le développement de classes sociales.

Et au Congo-Brazzaville, pour satisfaire des intérêts politiciens, le clivage Nord-Sud a été institué de façon insensée, sans aucune cohérence géographique. Alors qu’il aurait été plus judicieux, d’émettre ces considérations en fonction de la ligne équatoriale. Où s’arrête le Sud et où commence le Nord ?

Avec une clarté biblique, et sur son compte Twitter, l’ex ministre congolais des Zones économiques spéciales, Alain Akouala Atipault, a déclaré en avril dernier, que « ce clivage a permis aux politiciens dépourvus de vision collective pour l’édification d’une Nation, de faire de la manipulation ethnique et la majorité de nos compatriotes ont été transformés en moutons ethniques. Rajoutez à cela le syncrétisme ethnico – religieux. C’est la destruction ! ».

Le tribalisme est devenu aujourd’hui une donnée incontournable dans la société congolaise. La classe politique a réussi à faire croire aux Congolais qu’il existait une différence entre les Congolais du nord et ceux du sud. Entre Bakongos, Mbochis et Tékés. Des partis politiques se créent et se forgent sur la seule croyance du fait ethnique, comme s’il suffisait de convaincre les ressortissants de sa région d’origine pour bien gouverner.

En adoptant la Charte des libertés et de l’unité nationale, la Conférence nationale avait pris en compte le danger de la déflagration ethnique. Malheureusement, les gouvernements qui se sont succédés n’ont mis en œuvre aucune véritable politique pour endiguer définitivement ce fléau.

Il est temps de s’attaquer au tribalisme pour conforter notre unité. C’est à ce prix que nous réussirons à rétablir la confiance, sans quoi, rien ne sera possible.

Il est donc plus que nécessaire que de prendre des mesures énergiques pour éradiquer ce fléau qu’est le tribalisme politique. Comme l’on condamne tout fait raciste, le tribalisme qui en a les mêmes ressorts doit être traité de la même façon. Pour ce faire, il faudrait inscrire dans la loi fondamentale les peines qu’encourent celles et ceux qui en seront coupables. Les impacts de ce phénomène sont trop graves pour le développement économique, social et politique du pays pour ne pas prendre le risque de l’évacuer hors du champ du débat national pour le camoufler derrière le flou des idéologies ou comportements « politiquement corrects ».

Les médias congolais ont également un rôle important à jouer dans la conscientisation des populations en ce qui concerne le changement de mentalité sur cette question. La presse congolaise ferait mieux, en parlant d’unité nationale, de la mettre en œuvre, plutôt que d’essayer de diviser les congolais.

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