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Accord Congo/FMI : l’opposition pense que l’accord ne crédibilise pas le Congo crédible

Le Collectif des partis de l’opposition congolaise a organisé une conférence de presse le 20 juillet à Brazzaville, afin de…

Le Collectif des partis de l’opposition congolaise a organisé une conférence de presse le 20 juillet à Brazzaville, afin de donner sa position sur l’accord conclu entre le Congo et le Fonds monétaire international (FMI).

Christophe Moukouéké, qui a rappelé les sommes allouées au Congo aux termes de cet accord, a estimé qu’il s’agit des montants dérisoires par rapport aux budgets de l’Etat congolais des années 2003 à 2014 oscillant entre 3 et 4 mille milliards FCFA.

D’après le Collectif des partis de l’opposition congolaise, les conditions d’utilisation de ces fonds ne permettent pas au Congo de restructurer sa dette publique devenue insoutenable ainsi que de rétablir la viabilité des finances publiques en rééquilibrant le budget.

De même, le pays ne pourrait pas faire face à certaines charges sociales telles que le paiement régulier des salaires des fonctionnaires, des pensions des retraites et des bourses des étudiants.

«L’accord intervenu le 11 juillet 2019 ressemble à un compromis à minima. Outre la modicité des sommes allouées, il ressort de cet accord aucune conditionnalité précise et contraignante obligeant les autorités congolaises à changer radicalement le logiciel politique. Or, le problème fondamental qui se pose au Congo aujourd’hui est celui de la gouvernance », a déclaré Christophe Moukouéké.

Le président de cette frange de l’opposition, Mathias Dzon, a expliqué que les 224 milliards 300 millions FCFA, comptant pour ce programme triennal, représentent 200% de la quote-part du Congo dans le capital du FMI.

«Cet accord s’apparente à une aide budgétaire. Il pousse le Congo à fournir d’efforts. Ce n’est pas l’accord qui rend le Congo crédible, mais plutôt la gouvernance. C’est un piège, c’est par défi que le FMI a accordé cette facilité élargie de crédit », a-t-il déclaré.

On rappelle que le FMI a annoncé, jeudi 11 juillet dernier, qu’il allait accorder 448,6 millions de dollars sur trois ans au Congo-Brazzaville pour relancer l’économie de ce pays d’Afrique centrale plombée par la chute des prix du pétrole, en souhaitant une meilleure « transparence » de ses comptes publics.

«La décision du conseil d’administration autorise le déblocage immédiat de 44,9 millions de dollars au profit de la République du Congo », indique un communiqué du FMI publié au terme de plus de deux ans de discussions difficiles.

Très classiquement, le programme « d’extension des facilités de crédit » veut aider Brazzaville à « restaurer sa stabilité macro-économique », en préservant « le caractère soutenable de la dette », selon le communiqué du FMI. Il s’agit également, selon l’institution financière de Washington, de « jeter les fondations d’une croissance plus forte et plus inclusive ».

Le programme « cherche également à améliorer la gouvernance, pour parvenir à plus d’efficacité et de transparence dans la gestion des ressources publiques, spécialement dans le secteur pétrolier ».

C’est un ouf de soulagement pour le Congo-Brazzaville, mais ce n’est pas une victoire et l’heure n’est pas également à la fête. Le FMI va devenir plus regardant. Le programme du FMI fera l’objet d’une évaluation tous les six mois, précise l’institution de Bretton Woods.

Selon le premier ministre congolais, Clément Mouamba, qui a animé récemment une conférence de presse à Brazzaville, plusieurs partenaires se sont mobilisés en faveur du Congo dont la Banque Africaine de Développement (BAD) qui va octroyer une aide de 262 milliards CFA, la Banque mondiale environ 171 milliards CFA ainsi que la France plus de 89 milliards, en plus du crédit de 259 milliards que devait verser le FMI. Ces enveloppes de plus de 780 milliards de FCFA sont destinées à soutenir les efforts conduits par son gouvernement pour rétablir les équilibres macroéconomiques, assainir les finances de l’État et surtout de reconstituer le niveau des réserves de change du pays au niveau de la Banque centrale, a précisé le premier ministre dans un langage franc et direct.

Le plus dur reste l’application des réformes de sortie de crise retenues dans l’accord, a admis le conférencier.

Pour cela, une bonne partie du premier décaissement (80%) devrait être allouée au financement des hôpitaux, des écoles, de l’accès à l’eau et l’électricité, y compris des programmes des filets sociaux ‘‘Lisungui’’.

«L’accord ne peut certes pas régler tous les problèmes mais, c’est notre accord, soutenons-le », a lancé le Premier ministre.