Interpellé par les députés lors de la séance de questions orales avec débats au Parlement le 4 juillet, le ministre congolais des Hydrocarbures, Bruno Jean Richard Itoua, s’est exprimé sur la pénurie persistante de carburant dans le pays. À cette occasion, il a présenté une série de mesures conjoncturelles et structurelles destinées à remédier à la situation.
Selon le membre du gouvernement, la Société nationale des pétroles du Congo (SNPC) a lancé un programme intensif d’importation de produits pétroliers. « Ce plan offre désormais 105 jours d’autonomie pour le super carburant et 70 jours pour le gasoil, sans compter la production actuelle de la Coraf pour les mois de juillet et août », a assuré Bruno Itoua. Il a également précisé que les premières cargaisons étaient déjà arrivées, avec deux autres attendues avant le 10 juillet, ce qui expliquerait le retour progressif à la normale.
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Parmi les actions urgentes engagées, le ministre a évoqué le rétablissement de l’approvisionnement en brut de la Congolaise de raffinage (Coraf), l’amélioration des performances logistiques du Chemin de fer Congo-Océan (CFCO), ainsi que l’exploitation de stockages supplémentaires. Trois types de stocks réglementaires devraient aussi être constitués, permettant de couvrir deux mois de consommation nationale.
Une opération dite « Coup de poing » a également été lancée. Elle consiste à intensifier l’approvisionnement du marché par des livraisons massives et régulières, tant à travers la Coraf que via les importations directes.
Au-delà de ces mesures de court terme, le ministre a insisté sur la nécessité de réformes profondes. Il a notamment évoqué l’élaboration d’un modèle économique spécifique pour le sous-secteur aval pétrolier, afin d’en assurer une meilleure gouvernance à l’échelle nationale. Un projet phare est également en ligne de mire : la construction d’un oléoduc reliant Pointe-Noire à Brazzaville, en partenariat avec la Fédération de Russie. Ce projet stratégique permettrait la création de trois nouveaux dépôts d’une capacité totale de 300 000 m³, soit le triple des capacités actuelles de la Société commune de logistique (Sclog).
Bruno Jean Richard Itoua a rappelé que la pénurie actuelle découle principalement d’un déséquilibre structurel entre l’offre et la demande. « La Coraf ne couvre que 60 % des besoins du pays. Le reste doit être importé à des coûts élevés, largement supérieurs aux prix de vente pratiqués localement », a-t-il expliqué. Ce différentiel crée un déficit chronique dans le sous-secteur aval, favorisant l’émergence de pratiques frauduleuses dans les stations-services.
Face à cette situation, une mission du Fonds monétaire international (FMI) a recommandé la dérégulation des prix à la pompe. Une mesure qui, selon le ministre, permettrait de rétablir l’équilibre économique mais au prix d’une forte augmentation des prix du carburant, rendant ce dernier inaccessible pour une partie de la population.
« Cette proposition n’a pas reçu l’approbation du président de la République, ni celle du gouvernement », a-t-il précisé. L’exécutif privilégie pour l’heure des alternatives à court, moyen et long termes pour garantir un approvisionnement stable et soutenable pour tous.