Kenya : investi président, William Ruto face à plusieurs défis

Le nouveau président kenyan a prêté serment mardi 13 septembre à Nairobi en présence d’une vingtaine de chefs d’État et de gouvernement.William Ruto, 55 ans, est installé officiellement ce mardi dans ses nouvelles fonctions. Il a prêté serment peu après midi devant plus de 60.000 personnes réunies au stade Kasarani de Nairobi, la capitale kényane. Il devient le cinquième chef de l’Etat du Kenya, un pays d’Afrique de l’est qu’il va diriger pour les cinq prochaines années malgré les divisions au sein de la société.

« Moi, William Samoei Ruto (…), jure de préserver, protéger et défendre la Constitution du Kenya (…) en tant que président », a-t-il déclaré, arborant vêtements et casques jaunes, la couleur de son parti, la main posée sur la Constitution, l’autre tenant une bible, dans un vacarme assourdissant de cris de joie et de vuvuzelas. Quelques personnes ont été blessées après qu’une foule a essayé de forcer l’entrée, selon des médias locaux.

L’Éthiopien Abiy Ahmed, l’Ougandais Yoweri Museveni, la Tanzanienne Samia Suluhu Hassan ou encore le Congolais Félix Tshisekedi étaient parmi la vingtaine de chefs d’État et de gouvernement présents à la prestation de serment de leur homologue William Ruto qui hérite d’un Kenya clivé et confronté à des défis économiques majeurs. De nombreux Kényans se sont détournés notamment des urnes, alors que le pays fait face à une forte inflation et à une dette qui atteint 70 milliards d’euros, environ 67 % de son Produit intérieur brut (PIB).

Cette situation n’a pas empêché la Cour suprême de valider la victoire à la présidentielle du 9 août du vice-président sortant malgré une controverse qui a duré plusieurs semaines. Les juges ont rejeté à l’unanimité les accusations de fraudes de son adversaire Raila Odinga, figure historique de la politique kényane âgée de 77 ans, qui avait reçu le soutien du président Uhuru Kenyatta.

William Ruto a devancé Raila Odinga d’environ 233.000 voix sur un total de 14 millions de votes. Ce dernier, qui a dit « respecter » la décision de la Cour suprême même s’il la « désapprouve », n’a pas assisté à la cérémonie.

Après cette décision de la plus haute juridiction de son pays, le nouveau président a appelé à l’unité, tendant une « main fraternelle » à ses opposants à l’image du président sortant Uhuru Kenyatta, qui avait promis une transition « en douceur » avec son successeur.

Ce scrutin présidentiel était scruté de près par la communauté internationale, qui considère le Kenya comme un havre de stabilité démocratique et une locomotive économique dans la région tourmentée de la Corne de l’Afrique. Les observateurs ont loué la bonne tenue de l’élection qui, malgré un scrutin serré et contesté, n’a pas donné lieu à des violences comme le pays a pu connaître par le passé.

Issu d’une famille modeste avant de devenir un des hommes les plus riches du pays, le nouveau président s’est présenté comme le héraut des « débrouillards » du peuple, promettant de créer des emplois et de s’attaquer à l’inflation qui frappe notamment les carburants, les produits alimentaires, les semences et les engrais.

Burkina : Damiba limoge son ministre de la Défense et le remplace

Le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba, président de la transition au Burkina Faso, a limogé son ministre de la Défense avant d’assumer ses fonctions.Le Général Aimé Barthélémy Simporé a été remplacé par le président de la transition au département de la Défense et des Anciens combattants.

L’annonce a été faite dans la soirée du lundi 12 septembre par le secrétaire général du gouvernement, Jacques Sosthène Dingara à la télévision nationale du Burkina Faso. A côté de ses fonctions de président de la transition, le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba assume les charges de ministre de la Défense et des Anciens combattants.

Le chef de l’Etat burkinabé remplace à ce poste le Général Aimé Barthélémy Simporé. Le colonel-major Silas Keita a été nommé ministre délégué auprès du ministre de la Défense et des Anciens combattants, chargé de la Défense.

Cette nouvelle réorganisation du gouvernement intervient quelques jours après l’adresse à la nation du président de la transition. Dans ce discours prononcé depuis la ville de Dori, dans le nord du pays où la violence jihadiste sévit depuis près d’une décennie, le chef de l’Etat burkinabé a fourni un bilan de ses huit mois de gestion, après un coup d’Etat contre Roch Marc Christian Kaboré.

Le lieutenant-Paul Henri Sandaogo Damiba a soutenu lors de cet exercice que les forces armées burkinabè ont enregistré des victoires dans la guerre contre les groupes jihadistes affiliés à Al Qaïda et à l’Etat islamique.

Sénégal : le candidat de la majorité à la tête de l’Assemblée nationale

Amadou Mame Diop (55 ans), candidat de Benno Bokk Yaakaar (uni pour un même espoir), coalition présidentielle, succède à Moustapha Niass au perchoir.Après plusieurs heures de retards et des scènes de cacophonie, la 14e législature a été installée dans la douleur au Sénégal. 

Qualifié de « surprise du chef », Amadou Mame Diop a été préféré à l’ancienne Première ministre Aminata Touré, la tête de liste de la coalition présidentielle lors des dernières législatives.

Sur les 165 députés de l’hémicycle, les 84 ont pris part au vote. Après dépouillement, le député-maire de Richard Toll, commune située dans la région de Saint-Louis au nord du pays, est élu avec 83 voix, contre un bulletin nul.

L’opposition représentée par l’intercoalition Yewwi Askanwi (Libérez le peuple) et Wallu Sénégal (Sauvons le Sénégal) qui compte 80 députés, n’a pas pris part au vote, car exigeant que les ministres encore en fonction, élus sur la liste de la majorité présidentielle démissionnent. 

L’élection du président de l’Assemblée nationale s’est déroulée dans une ambiance chaotique marquée par la présence des gendarmes à l’intérieur de l’hémicycle.

La deuxième personnalité de l’Etat, est un pharmacien de formation. Amadou Mame Diop est membre fondateur de l’Alliance pour la République (APR), formation politique du chef de l’Etat du Sénégal, Macky Sall. Lors des élections législatives du 31 juillet, il était investi sur la liste départementale à Dagana, dans le nord du Sénégal. 

Les travaux se poursuivent avec l’élection des huit vice-présidents de l’Assemblée et les membres du bureau.

Côte d’Ivoire: « Mabri Toikeusse et l’Udpci ont décidé de revenir au Rhdp » (Ouattara)

Le Rhdp, le parti au pouvoir en Côte d’Ivoire, dirigé par Alassane Ouattara, a investi lundi à Abidjan 350 secrétaires départementaux et espère avec le ralliement de l’opposant Albert Mabri Toikeusse « gagner » les prochaines joutes électorales. « Nous avons entrepris de bâtir ensemble un grand parti qui sera un modèle de rassemblement au service de la collectivité; et je dois dire que ce travail continue et aboutit, car vous avez noté (…) mon jeune frère Abdallah Mabri Toikeusse et l’Udpci (Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire) ont décidé de revenir au Rhdp  », a déclaré M. Alassane Ouattara, lors d’un Conseil politique. 

« J’ai lu sur les réseaux sociaux que ce n’était pas une mission facile pour lui non plus, mais je le félicite d’avoir pris cette décision parce que ce qui est important, c’est le rassemblement », a ajouté le président du Rhdp, souhaitant « bâtir le plus grand parti qui existe en Côte d’Ivoire depuis la dissolution du parti unique ». 

Il a appelé à ce que le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) soit « véritablement un parti unifié et un parti de rassemblement qui va du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, au Centre, et qui ne fait aucune discrimination, qui rassemble tous les Ivoiriens de toutes les confessions et qui se projette sur le futur pour l’avenir de notre beau pays ». 

Lors de la dernière réunion du Conseil politique, le 28 février 2022, le président du Rhdp a donné des instructions en vue de la restructuration du parti. M. Ouattara a invité le secrétaire exécutif et le président du directoire à consolider les fichiers des militants pour avoir « des militants réels et non des militants virtuels » comme il a eu l’occasion de le constater lors de certaines élections. 

« Nous devons également procéder au lancement de la carte d’adhésion, car un parti doit pouvoir avoir des membres identifiés », a-t-il soutenu, demandant la mise en place des organes spécialisés chez les femmes et les jeunes pour « renforcer le statut du Rhdp comme le premier parti de Côte d’Ivoire à l’issue des prochaines élections locales et je suis certain que nous allons les gagner ». 

« L’élection des secrétaires départementaux n’était pas une chose facile, mais je tenais à le faire, parce que quand on parle de démocratie, il faut aller à la base: démocratie veut dire le choix et le vote de chacun des militants et c’est ce que vous avez fait (…) et j’attends que les autres partis en fassent de même », a lancé le président du Rhdp. 

Le président du directoire du Rhdp, M. Kafana Koné, a fait observer que dans le cadre de la réorganisation du parti, après la réactivation du directoire du parti, un secrétariat exécutif, quatre secrétariats exécutifs adjoints et 17 secrétariats nationaux ont été créés. En outre, de mars à mai 2022, le parti s’est attelé à installer tous les organes et à veiller au démarrage effectif de leur fonctionnement.

Pour sa part, le nouveau secrétaire exécutif du Rhdp, Cissé Bacongo qui remplace Adama Bictogo, devenu président de l’Assemblée nationale, a assuré de son engagement, de sa fidélité et de sa loyauté à M. Ouattara. C’est la première réunion d’un Conseil politique auquel M. Bictogo prend part en qualité de chef du secrétariat exécutif du Rhdp, dont il est l’auteur des statuts,    

Le président de la République, Alassane Ouattara, a échangé jeudi à son domicile avec M. Mabri Toikeusse. A sa sortie d’audience, le chef de l’Updci a déclaré « nous avons connu dans notre parcours au Rhdp des moments d’incompréhension. Au niveau de l’Udpci, nous avons dû nous retirer en août 2020 de la maison à laquelle nous avons contribué à poser les piliers ». 

M. Mabri Toikeusse a dit être venu rassurer le chef de l’Etat, Alassane Ouattara, de la décision de tous les cadres et lui, en vue de reprendre leur place à ses côtés afin de le soutenir dans le grand chantier de la réconciliation en Côte d’Ivoire. Cette posture de l’opposant ivoirien a surpris plusieurs personnes au sein de la population, suscitant des réactions diverses sur les réseaux sociaux. 

Af’Sud : des partisans de Ramaphosa agitent un second mandat

Les partisans à la candidature du président sud-africain Cyril Ramaphosa pour un second mandat affirment que son leadership assurera l’unité au sein du Congrès national africain (ANC) et dans la gouvernance du pays.Le responsable des élections de l’ANC, Fikile Mbalula, a promis de soutenir Ramaphosa en tant que président de l’ANC et de l’État pour un second mandat  à la présidence lors du 55e conférence nationale élective à Johannesburg en décembre.

S’adressant aux membres de l’ANC au stade Nkowankowa dans la province de Limpopo ce week-end, Mbalula a déclaré que les précédents dirigeants du parti, tels que les anciens présidents Jacob Zuma et Thabo Mbeki, ont traversé leurs propres périodes de turbulence, assurés du soutien indéfectible de l’ANC contre vents et marées.

Mbalula a déclaré que cette grâce devrait également être accordée à M. Ramaphosa, 69 ans, qui est sous pression en raison du manque de leadership de son gouvernement pour remettre la plus grande économie d’Afrique sur pied après une chute brutale due à la pandémie de coronavirus et au conflit en cours entre la Russie et l’Ukraine.

« Nous ne laisserons jamais notre président aux requins. Nous devons le défendre. D’autres ont effectué leurs deux mandats, pourquoi ne pourrait-on pas lui offrir la même opportunité ? », a demandé Mbalula.

« Si vous ne voulez pas de lui, vous pouvez attendre jusqu’à la conférence de décembre », a-t-il dit, au milieu des acclamations et des applaudissements nourris des partisans de M. Ramaphosa.

Le président provincial de l’ANC et premier ministre du Limpopo, Stanley Mathabatha, a mis en garde les autres hauts responsables de l’ANC contre toute contestation de l’accession de M. Ramaphosa à la présidence, affirmant que cela sèmerait les graines d’une plus grande division dans les rangs du parti et, par extension, dans le pays.

« Nous avons un président : que voulez-vous de plus ? Le 8 janvier, lorsque nous avons dit que nous soutiendrions le président Ramaphosa pour un second mandat, certaines personnes ont dit que nous allions trop vite en besogne. Ce que nous disions, en tant que peuple de la province de Limpopo, c’est que nous soutiendrons l’unité », a déclaré Mathabatha.

S’exprimant plus tard, M. Ramaphosa a déclaré que seule une ANC unie peut faire avancer le pays et résoudre ses problèmes, ajoutant que la réunion visait à renouveler l’un des plus anciens partis politiques d’Afrique et à renforcer ses branches avant les élections nationales de 2024, auxquelles participeront près de 4 000 délégués.

« Nous devons revitaliser l’ANC. Nous devons faire en sorte que l’ANC soit à nouveau aimé par le peuple. Nous nous unissons », a déclaré le président.

Il a indiqué que le travail qui a été fait dans le Limpopo pour raviver l’unité dans la province était phénoménal, et « nous voulons que nos branches soient vivantes tout le temps et s’impliquent dans la vie de nos concitoyens », a déclaré Ramaphosa.

Guinée : une plainte contre Mamady Doumbouya à Paris

Le Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC) accuse le président de la transition de « complicité d’homicides et de torture ».La guerre est déclarée ! Dissout le 6 août dernier par la junte guinéenne, le Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC) s’attaque frontalement au colonel Mamady Doumbouya, le président de la transition.

Cette coalition de partis, de syndicats et d’organisations de la société civile a saisi le 8 septembre le procureur du Tribunal judiciaire de Paris, en France. Une source proche du dossier a confié à l’Agence France Presse (AFP) que la « complicité d’homicides et de torture » constitue le chef d’accusation contre l’homme fort de Conakry marié à une Française.

Le FNDC tient le colonel Mamady Doumbouya pour responsable de la mort par balle de trois de ses membres et de toutes les exactions commises en marge des manifestations de juillet et août 2022 pour dénoncer une « gestion unilatérale de la transition ».

Pointant l’absence d’indépendance de la justice guinéenne, le mouvement a décidé de porter plainte en France. Un pays qui a octroyé la nationalité au tombeur, en septembre 2021, d’Alpha Condé en sa qualité de membre de la Légion étrangère. Unique au monde, l’institution créée en 1831 par le roi Louis-Philippe est devenue une unité prestigieuse de l’Armée de terre française.

Entre 2019 et 2021, le Front National pour la Défense de la Constitution a joué un rôle de premier plan pour empêcher le président sortant, Alpha Condé pour ne pas le nommer, de briguer un troisième mandat.

Aujourd’hui, le FNDC dénonce principalement la confiscation du pouvoir, la répression des voix discordantes et l’instrumentalisation de la justice. Le colonel Mamady Doumbouya, doit en principe, rendre le pouvoir aux civils dans un délai de trois ans.

Bamako fixe ses conditions pour libérer les soldats ivoiriens

Ces militaires ivoiriens sont accusés par les autorités de la transition malienne de « tentative de déstabilisation » du pays.Samedi 3 septembre, un petit groupe de trois femmes qui faisait partie des 49 soldats ivoiriens arrêtés le 10 juillet à l’aéroport de Bamako a pu quitter le Mali, puis rentrer en Côte-d’Ivoire, suite à une médiation du gouvernement togolais.

Ces militaires ivoiriens sont accusés par les autorités de la transition malienne de « tentative de déstabilisation » du pays.

Sous l’égide de la médiation togolaise, les pourparlers devraient se poursuivre pour la libération du reste du groupe encore en détention au Mali.
Mais pour le Colonel Assimi Goïta, chef de l’Etat malien, « il est judicieux qu’une solution durable soit trouvée » à cette question.

Le Colonel putschiste a indiqué qu’« au même moment où la Côte d’Ivoire demande la libération de ses soldats, elle continue de servir d’asile politique pour certaines personnalités politiques maliennes » faisant l’objet de mandats d’arrêt internationaux émises par la justice.

« Malheureusement, ces mêmes personnalités bénéficient de la protection de la Côte d’Ivoire pour déstabiliser le Mali, d’où la nécessité d’une solution durable à l’opposé d’une solution à sens unique qui consisterait à accéder à la demande ivoirienne sans contrepartie pour le Mali », ajoute le président de la transition malienne.

Cette déclaration du Colonel Assimi Goita, faite à l’occasion de l’audience qu’il accordée vendredi 9 septembre au ministre nigérian des Affaires étrangères du Nigeria, Geoffrey Onyeama, lève le voile sur les exigences du Mali pour libérer les 46 soldats ivoiriens qui sont encore entre les mains de la justice malienne pour « complot contre le gouvernement et atteinte à la sûreté de l’Etat, crimes d’association de malfaiteurs, de détention et transport d’armes de guerre et complicité de crime ».

Après le renversement du président Ibrahim Boubacar Keita dit IBK en août 2020 suite à un coup d’Etat orchestré par les militaires qui gouvernent actuellement le Mali, plusieurs personnalités maliennes dont son dernier Premier ministre Boubou Cissé, les anciens ministres Thiéman Hubert Coulibaly et Mamadou Igor Diarra et l’ex directeur de la Banque maliennes de solidarité (BMS-SA) Babaly Bah ont trouvé refuge en Côte d’Ivoire.

Poursuivis pour « usage de faux, atteintes aux biens publics et de complicités de ces infractions» relatifs à une affaire d’achat d’équipements militaires remontant à 2014, ces personnalités maliennes font l’objet d’un mandat international émis par Bamako. Boubou Cissé doit également s’expliquer sur un enregistrement sonore dans lequel on l’entendait parler en mal de la junte malienne avec une autre voix attribuée au président ivoirien, Alassane Dramane Ouattara. Quant à Karim Keita, fils de l’ancien chef de l’Etat malien, il est dans le collimateur de la justice de son pays pour la disparition du journaliste Birama Touré.

Depuis le début de cette brouille avec le Mali, les autorités ivoiriennes ont toujours réfuté le caractère illégal de la présence de leurs militaires arrêtés à leur descente d’avion à l’aéroport Modibo Keita de Senou, près de Bamako.

Alors que ces derniers étaient qualifiés de « mercenaires » par un communiqué du gouvernement de la transition malienne, évoquant la non-présentation d’un ordre de mission, les autorités ivoiriennes ont réagi pour préciser qu’ils étaient arrivés sur le sol malien en tant qu’Éléments nationaux de soutien(NSE). Un mécanisme de soutien aux contingents des pays contributeurs de troupe dans le cadre des missions de maintien de la paix. Olivier Salgado, alors porte-parole de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) s’était permis un mini-thread sur Twitter qui appuie indirectement la position ivoirienne. Seulement, une autre version onusienne affaiblit sa version, niant toute appartenance des soldats ivoiriens aux NSE. Suite à cette mise au point, le Mali a réclamé le départ d’Olivier Salgado de son territoire.

«L’échec des collectivités locales freine la croissance» (Ramaphosa)

Le président sud-africain veut que les actions des collectivités locales reflètent les aspirations des populations.Rendre performants les gouvernements locaux de son pays, c’est le souhait du chef de l’Etat de l’Afrique du Sud, Cyril Ramaphosa, qui estime que « si
les collectivités locales ne sont pas performantes, la création d’emplois et la croissance économique sont impactées ».

Le président s’exprimait devant les délégués de la conférence du Conseil des maires de l’Association sud-africaine des collectivités locales (SALGA), qui s’est tenue jeudi au centre de convention international d’East London.

« L’échec d’un gouvernement local n’est pas lié au fait que les attentes de notre population ne sont pas satisfaites. L’échec du gouvernement local a un impact direct et matériel sur la croissance économique et les emplois », a déclaré M. Ramaphosa, affirmant que « nous ne pouvons pas réaliser une Afrique du Sud de prospérité commune, où la vie de chaque personne est améliorée, sans une économie forte ».

Il a ajouté que « lorsque les routes sont mal entretenues, les gens ne peuvent pas se rendre au travail, et les produits et autres biens ne peuvent pas atteindre les marchés ».

Lorsque d’importantes infrastructures sociales « ne sont pas entretenues, les enfants ne peuvent pas aller à l’école, les gens ne peuvent pas accéder aux soins de santé, et les foyers sont souvent privés d’eau ou d’électricité », a déploré le dirigeant sud-africain.

Pour inverser la tendance, il a invité les conseils municipaux à utiliser les instruments constitutionnels et législatifs mis à leur disposition pour améliorer leur fonctionnement afin de travailler pour la population.

Décès d’Elisabeth II : l’hommage de l’Afrique à la « reine de la décolonisation »

Les pays africains, en particulier ceux du Commonwealth, ont rendu des hommages émouvants à la reine Elizabeth II, qui s’est éteinte jeudi à l’âge de 96 ans à Balmoral, en Ecosse.Sa mort marque la fin d’une époque, mettant un terme au règne de la plus ancienne reine britannique et plongeant des millions de personnes en Grande-Bretagne, dans le Commonwealth et dans le reste du monde dans un état d’angoisse et de larmes.

Intronisée en 1952, alors que la clameur de l’indépendance dans de nombreuses colonies britanniques commençait à faire une clameur assourdissante, la reine Elizabeth II régnait autrefois sur un vaste empire de 1,64 milliard de sujets, vivant dans diverses régions du monde, s’étendant de l’Extrême-Orient à l’Afrique, aux Amériques et aux Caraïbes et couvraient quelque 10.254.170 kilomètres carrés.

La plupart des colonies britanniques étant devenues indépendantes en 1960, Elizabeth est passée du statut de souveraine d’un empire à celui de chef solennel du Commonwealth, qui regroupe 56 pays et dominions, dont la plupart ont des liens coloniaux passés avec la Grande-Bretagne.

La durée du règne d’Elisabeth a été mouvementée, de la crise politique qui a embrasé l’Irlande du Nord à la décolonisation de l’Afrique en passant par l’adhésion et le retrait de la Grande-Bretagne de l’Union européenne.

Dirigeant l’hommage de l’Afrique à ses 70 ans de service sur le trône britannique et à son engagement envers le continent, le président nigérian Muhammadu Buhari a décrit ses 70 ans à la tête de la monarchie britannique comme « une vie unique, merveilleuse et gracieuse au service du monde et de l’humanité en général.

L’histoire du Nigeria moderne ne sera jamais complète sans un chapitre sur la reine Elisabeth II, une personnalité mondiale imposante et un leader exceptionnel. Elle a consacré sa vie à faire de sa nation, du Commonwealth et du monde entier un endroit meilleur », a-t-il déclaré dans un communiqué, qui salue également l’ascension du fils de la défunte, âgé de 73 ans, sur le trône britannique en tant que roi Charles III.

Le dirigeant nigérian espère que le règne du nouveau roi continuera à témoigner des « relations solides et fraternelles » de son pays avec son ancienne puissance coloniale, la Grande-Bretagne.

Dans un hommage écrit, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a indiqué que l’engagement et le dévouement de la reine pendant ses 70 ans sur le trône restait un exemple noble et vertueux pour le monde entier.

Le président de la nation arc-en-ciel a déclaré avoir rencontré la reine Elisabeth II pour la dernière fois lors de la dernière réunion du Commonwealth qui s’est tenue à Londres en 2018.

Lors de cette rencontre, les deux dirigeants ont passé du temps à regarder les lettres que l’ancien président Nelson Mandela lui avait envoyées, et ils ont « évoqué le grand homme d’Etat que Sa Majesté respectait énormément ».

Au Ghana, les réactions au décès de la reine ont également été exprimées avec une pointe de tristesse, certains la qualifiant de reine de la décolonisation.

L’ancienne Première dame Nana Konadu Agyekum Rawlings, épouse de feu Jerry Rawlings, se souvient de la Reine Elizabeth II comme d’une reine au toucher gracieux qui se reflétait positivement sur tous ceux qui la rencontraient. Elle a ajouté que les Ghanéens l’appréciaient particulièrement en tant que chef matriarcale du Commonwealth à laquelle ils pouvaient facilement s’associer.

Shaiel Ben-Ephraim, un Ghanéen, a tweeté : « Mettons les choses au clair concernant Elisabeth II. Pendant son mandat, le Royaume-Uni a rapidement décolonisé, en commençant en 1957 par le Ghana et en liquidant l’ensemble de l’empire..»

Le président nouvellement élu du Kenya, William Ruto, a déclaré que la défunte souveraine avait guidé le Commonwealth « vers un engagement multilatéral efficace dont le potentiel pour générer d’énormes progrès socio-économiques reste incontestable. »

Le Rwandais Paul Kagamé a conclu que « le Commonwealth moderne » est l’héritage de la défunte.

Le chef d’Etat sierra-léonais Julius Maada Bio a évoqué son extraordinaire dévouement à son pays, aux royaumes, au Commonwealth et au monde, tandis que le Gambien Adama Barrow l’a décrite comme une grande femme d’Etat dont l’héritage continuera de toucher nombre de ses compatriotes, qui se souviennent avec émotion de sa visite en 1961 dans le pays, alors que celui-ci était la plus ancienne, mais aussi la plus petite colonie britannique.

Décès d’Elizabeth: Le Maroc perd une « grande amie spéciale qui était profondément respectée » (Souverain)

Le Roi Mohammed VI a adressé un message de condoléances et de compassion à Charles III, roi du Royaume Uni, suite au décès de la reine Elizabeth II.Dans ce message, le roi indique avoir appris avec une « profonde tristesse le décès de Votre mère, sa majesté la reine Elizabeth II. Qu’elle repose en paix”.

En cette triste circonstance, le souverain exprime, en son nom, et en celui de la Famille royale et du peuple marocain, à Charles III, à l’ensemble des membres de l’auguste famille royale et au peuple britannique ses sincères condoléances et sa profonde sympathie.

Le Roi implore le tout-puissant de leur accorder force et réconfort face à cette perte tragique.

Dans ces circonstances les plus difficiles, le souverain se remémore, avec beaucoup d’estime, « les qualités et les mérites de cette illustre reine qui se tenait, invariablement, comme un symbole de la grandeur du Royaume-Uni, consacrant sa vie entière aux services de son pays ».

“Sous le règne de cette monarque exceptionnelle, le Royaume Uni a réalisé beaucoup de progrès et prospérité et acquis une grande stature aussi bien sur le plan régional qu’international”, écrit le roi dans ce message.

Avec la disparition d’Elizabeth II, le royaume du Maroc a perdu une « grande amie spéciale qui était profondément respectée », souligne le roi, ajoutant que la Reine « tenait particulièrement à renforcer l’amitié de longue date entre nos deux monarchies séculaires ».

Afrique du Sud : vers la destitution de la maire de Johannesburg

Mpho Phalatse est visée par un vote de défiance « pour ne pas avoir fourni divers services aux habitants de sa commune ».Le président régional du Congrès national africain (ANC, au pouvoir), Dada Morero, veut démettre de ses fonctions la maire de Johannesburg, Mpho Phalatse, élue sous la bannière de l’Alliance démocratique (DA, opposition). « Les habitants de Soweto à Johannesburg vous diront qu’elle n’a pas fait du bon travail. Tout s’est effondré à Soweto », a déclaré M. Morero, initiateur du vote de défiance qui sera examinée la semaine prochaine.

Selon lui, « les nids-d- poule sont de plus en plus nombreux à Soweto. Mme Mpho ne s’occuper pas des townships, mais de tout le reste des banlieues (où vivent la plupart des Blancs) ».

Le Syndicat des travailleurs municipaux d’Afrique du Sud a également déclaré cette semaine qu’un vote de défiance à l’encontre de la maire Phalatse sera bientôt déposé lors d’une réunion de son bureau.

Il justifie sa décision par le fait que l’administration dirigée par la DA « continue de faire preuve d’arrogance et ne tient pas compte des besoins des travailleurs du métro ».

« L’avenir de leurs membres dépend du départ de la maire et de son remplacement par quelqu’un qui prendrait en considération les questions touchant au bien-être des travailleurs », a ajouté le syndicat.

La semaine dernière, le président du conseil municipal de Johannesburg, Vasco da Gama, membre de la DA, a été destitué.

Mauritanie : l’ancien président Abdel Aziz libéré

L’ancien président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, a été libéré dans la nuit de mercredi à jeudi après plus d’un an de détention préventive et de contrôle judiciaireL’ex-chef d’Etat (65 ans) est élargi, mais son dossier n’est pas clos, selon la justice mauritanienne. L’ancien président qui a dirigé le pays de 2009 à 2019 est dans l’attente de son procès pour corruption présumée, dont la date n’est pas encore fixée.

Aziz remplacé à la présidence par Mohammed Ould Ghazouani, a été inculpé en mars 2021 en même temps qu’une dizaine de hautes personnalités pour des faits présumés de corruption, blanchiment d’argent, enrichissement illicite, dilapidation de biens publics, octroi d’avantages indus et obstruction au déroulement de la justice.

L’ancien président tombé en disgrâce, était placé en détention en juin de la même pour non-respect des mesures de son contrôle judiciaire et trouble à l’ordre public.

En janvier 2022, il est élargi pour des raisons de santé, mais maintenu sous contrôle judiciaire. En mars, la justice mauritanienne a levé le contrôle judiciaire imposé à ses co-inculpés.

Cette décision de justice, lui permet de retrouver sa liberté de mouvement. Son passeport lui sera restitué et les clefs de son domicile familial à Akjoujt (sa ville natale, à 250 km au nord de Nouakchott) lui seront remises, selon son principal avocat Mohameden Ould Icheddou à l’AFP. Selon la robe noire, « la priorité de l’ancien président sera d’aller se soigner à l’étranger après tout ce qu’il a subi comme pression et suite à sa maladie cardiaque. »

 

 

Sommet de la Ligue arabe: Un émissaire algérien sera reçu au Maroc

Le ministre algérien de la Justice, porteur d’invitations pour le prochain sommet de la Ligue arabe, est attendu au Maroc. A ce titre, il sera reçu à Rabat, indique le ministère des Affaires étrangères.Le ministre algérien de la Justice sera reçu au Maroc. C’est ce qu’indique un communiqué du ministère marocain des Affaires étrangères. «Dans le cadre de la préparation du prochain Sommet arabe, prévu à Alger, le 1er novembre 2022, les autorités algériennes ont décidé de dépêcher plusieurs émissaires dans les capitales arabes, porteurs d’invitations à tous les Chefs d’Etat des pays membres de la Ligue Arabe», explique mercredi le ministère dans un communiqué.

Ainsi, le ministre de la Justice algérien sera dépêché au Maroc, après l’Arabie saoudite et la Jordanie, tandis que le ministre de l’Intérieur remettra la même invitation au Sommet à la Tunisie et à la Mauritanie. «C’est dans ce contexte que le ministre algérien de la Justice sera reçu au Maroc», précise la même source.

Nairobi : que pense Kenyatta de l’élection de Ruto ?

Le président sortant Uhuru Kenyatta s’est abstenu de féliciter son second William Ruto pour sa victoire électorale.Malgré la confirmation par la Cour suprême de la victoire de William Ruto après le recours introduit par le leader l’opposition Raila Odinga.

Tout au long de la période précédant le scrutin, c’était un secret de polichinelle que le président Kenyatta, qui s’est brouillé avec Ruto depuis 2018, soutenait son principal rival, Raila Odinga, allant jusqu’à faire campagne avec véhémence pour le politicien vétéran de 77 ans dans sa cinquième et apparemment dernière tentative à la présidence du Kenya.

Kenyatta avait critiqué Ruto comme étant peu fiable et inapte à lui succéder en tant que prochain président du Kenya. Une critique réfutée par son vice-président qui l’accusait de tenter de maintenir en place les dynasties politiques Jomo Kenyatta et Oginga Odinga au détriment des citoyens pauvres et vulnérables.

Cependant, après que la plus haute juridiction du pays a validé lundi l’élection de Ruto au poste de président, Uhuru a changé de posture, s’engageant non seulement à faire respecter la loi, mais aussi à exécuter le jugement qui a confirmé son adjoint comme son successeur.

Il n’y a pas eu de félicitations pour Ruto, qui était pourtant le colistier de Kenyatta lors des élections de 2013 et 2018. Il a cependant promis de travailler avec le président élu pour une transition en douceur du pouvoir plus tard en septembre, rappelant aux Kenyans qu’il avait fait la promesse de faire respecter la loi conformément aux diktats des tribunaux qui en sont les gardiens.

« Pour respecter la promesse que j’ai faite de faire respecter l’Etat de droit lorsque j’ai prêté serment, je m’engage à exécuter à la lettre les ordres de cette Cour », a déclaré M. Kenyatta, ajoutant qu’à cette fin, tous les ordres requis ont été émis.

Réagissant au verdict de la Cour suprême, Ruto, 55 ans, a déclaré qu’il était gagné par l’humilité face à la volonté populaire du peuple et qu’il consultait Uhuru Kenyatta pour une transition en douceur, même s’il ne lui a pas parlé depuis longtemps.

Ruto a promis de se plonger dans la lutte contre la corruption, une promesse clé qu’il avait faite pendant sa campagne électorale et a promis une retraite paisible à son prédécesseur, sans aucune rancune à l’égard de la décision de Kenyatta de soutenir son rival Odinga, qu’il a décrit comme un concurrent de valeur.

En tête des trois candidats, Ruto a obtenu 7.176.141 voix, représentant 50,49% or un peu plus de la moitié du nombre total des suffrages du vote du 9 août, ce qui exclut un second tour, selon la Commission électorale et des frontières indépendante (IEBC).

Son principal adversaire, Raila, a obtenu 6.942.930 voix, soit 48,85% des suffrages.

Ruto, le débrouillard, colportait des poulets le long de l’autoroute Nairobi-Eldoret et est finalement devenu éleveur de poulets des années après avoir amassé une fortune commerciale qui lui a permis d’acheter une ferme dans son village natal.

Titulaire d’un doctorat et d’une licence en sciences de l’Université de Nairobi, il a été scolarisé à l’école primaire de Kerotet, avant de suivre des études secondaires à l’école secondaire de Wareng puis à l’école secondaire pour garçons de Kapsabet, dans le comté de Nandi, d’où il est sorti avec ses certificats de niveau ordinaire et avancé.

Guinée : « les élections ne sont pas la priorité » de la junte (société civile)

Dans un entretien avec APA, Dr Aliou Barry, Coordinateur de l’Alliance Citoyenne pour la Transition (ACT) en Guinée, évalue la gouvernance des militaires arrivés au pouvoir suite au coup d’État contre Alpha Condé.Un an après le putsch, quelle évaluation faites-vous de la transition en Guinée ?

Il y a tout d’abord lieu de distinguer la moralisation de la vie publique, la lutte contre la corruption, la refondation de l’État et l’amélioration de la justice. Sur le plan socio-économique, on note une avancée significative depuis l’avènement du Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD) constitué au lendemain du renversement d’Alpha Condé.

En Guinée, on a toujours parlé de lutte contre la corruption sans qu’on en voit les résultats. J’ai eu à y réaliser en 2003, en tant qu’expert en la matière, la première enquête nationale sur la corruption et la gouvernance. C’est maintenant seulement que des actions concrètes sont menées dans ce sens.

Le CNRD arrive rapidement à recouvrer des fonds détournés. La volonté de rupture est visible. Maintenant, on peut s’interroger sur sa durabilité. Cette traque des biens mal acquis est conjoncturelle car elle n’entre pas dans le cadre d’une stratégie structurelle de lutte contre la corruption.

Par rapport aux infrastructures, l’amélioration de l’état des routes qui étaient en très mauvais état est à saluer. Le gouvernement de transition a pu trouver des financements pour des projets qui dormaient dans les tiroirs afin de les mettre en œuvre. Dans les secteurs de la santé et de l’éducation, des efforts sont également notés.

S’agissant du climat social, il faut reconnaître qu’il y a un peu plus d’accalmie, même si de temps en temps, des manifestations sont organisées par des partis politiques ou des acteurs de la société civile.

Globalement, le climat est apaisé, mais on ne sait pas jusqu’à quand. Les conditions de vie deviennent de plus en plus difficiles. La pauvreté est palpable. J’ai alerté certains ministres rencontrés. En plus, les Guinéens ont l’impression que l’argent ne circule plus comme avant dans le pays.

Au plan politique, la Guinée est dans une impasse. Le dialogue tel que voulu par le CNRD a été boudé par les partis politiques qui le réclament inclusif. Pour les états-majors de certaines formations politiques, ce n’est pas évident de discuter avec les militaires quand leurs leaders sont poursuivis pour crimes économiques.

Jusque-là, les partis prenant part au dialogue ne sont pas très représentatifs. Idem pour certains membres de la société civile dont la crédibilité est sujette à caution. Il y a donc un travail important à effectuer à ce niveau. Il consistera surtout à inviter tous les Guinéens à s’exprimer librement.

Aujourd’hui, on est un peu perdus. Qui dirige même ce dialogue ? Au départ, c’était le ministre de l’Administration du territoire. Après le Premier ministre sortant, Mohamed Béavogui, remplacé par Dr Bernard Goumou. De nombreuses questions restent en suspens. Ce qui rend le dialogue politique un peu hypothétique.

 Comment les militaires sont-ils arrivés à rompre le fil du dialogue avec une partie de la classe politique et de la société civile ?

La junte est venue avec son propre agenda. C’est notamment la lutte contre la corruption avec la mise en place de la Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief). Cette juridiction d’exception aurait épinglé des leaders de partis politiques parmi les poids lourds du pays.

Dialoguer dans ce contexte s’avère difficile. Il s’y ajoute que de grands noms de l’opposition ont été expulsés de leurs résidences dans ce qu’il est convenu d’appeler l’affaire du patrimoine bâti de l’État.

Le chef de file de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG), Cellou Dalein Diallo, a été obligé de quitter son domicile qu’il aurait illégalement acquis sous le magistère du président Lansana Conté. Ladite maison a été rasée pour laisser place à une école primaire. Sidya Touré de l’Union des Forces Républicaines (UFR) a connu le même sort.

Le CNRD n’a toujours pas rassuré ceux qui doutent de ses intentions. Néanmoins, l’implication des leaders traditionnels et religieux dans le dialogue pourrait rapprocher les différentes parties.

La durée de la transition, fixée à trois ans, est rejetée par la Cédéao qui exige une transition de six mois. La junte est-elle dans les dispositions d’accéder à cette requête ?

C’est difficile à dire. La société civile a eu à travailler sur la question. Nous avions proposé une durée de deux ans avec un calendrier précis et les actions à mener durant cette période. Mais il se trouve que les élections ne constituent pas la priorité du CNRD.

Actuellement, il est plus question de refondation de l’État avec la justice comme principal pilier. Le pouvoir judiciaire est la boussole du CNRD. Cela dit, la junte s’est fixé un certain nombre d’objectifs qui demandent du temps. Il s’agit essentiellement de construire un véritable État et de panser les plaies de la nation.

Si en plus les militaires veulent faire un recensement général de la population et de l’habitat, ce n’est pas possible en deux ans. Au Conseil National de Transition (CNT), qui fait office de parlement, la durée proposée est de trois ans.

La Cédéao, pour sa part, pourrait ne pas fléchir. Mais qu’est-ce que l’institution régionale a fait pour empêcher Alpha Condé de briguer un troisième mandat ? Elle a failli à son devoir et l’ancien président a été évincé un an après sa réélection.

Des Guinéens, même s’ils ne sont pas nombreux, soutiennent que la junte doit terminer le mandat d’Alpha Condé. Certains membres de la société civile et du CNT préfèrent une transition de trois ans.

Selon la position, apparemment la plus partagée dans l’opinion publique,  deux ans suffisent largement au CNRD pour boucler les réformes déjà entamées. Mais à partir de quelle date ? Voilà toute la complexité de la question.

 

La Guinée s’expose-t-elle à de nouvelles sanctions si le CNRD campe sur sa position ? Au cas échéant, quelles en seraient les conséquences sur l’économie guinéenne ?

Il y a bien sûr un risque. Il est préférable qu’on évite d’en arriver là. D’ailleurs, la société civile y travaille parce que nous vivons dans un pays pauvre très endetté. En Guinée, l’inflation culmine à 13 % ces temps-ci.

L’État s’emploie à payer la dette intérieure. C’est déjà pas mal ! Il est aussi en train de renégocier des contrats dans le secteur minier. A vrai dire, notre pays ne gagnait pas grand-chose dans l’exploitation de ses immenses ressources minières.

La Guinée ne bénéficie pas de l’accompagnement des bailleurs de fonds. Dès qu’il y a un coup d’État, beaucoup de partenaires suspendent leur appui. Ayant travaillé à l’Assemblée nationale, je sais que le financement extérieur occupe une part importante dans le budget de l’État.

S’il se tarit, que la Cédéao prononce des sanctions notamment économiques et qu’on ne parvienne pas à mobiliser davantage de recettes intérieures, ce serait très préjudiciable pour les populations. Des sanctions contre la Guinée seront sans effet sur la junte. Par contre, elles vont aggraver la situation des populations déjà très vulnérables.

Crise libyenne: Les ministres arabes des AE soulignent l’importance de l’accord de Skhirat

Les ministres arabes des Affaires étrangères ont mis en avant, à l’issue de leur Conseil ministériel tenu mardi au Caire, l’importance de l’accord politique libyen signé à Skhirat en 2015 pour régler la crise que connaît ce pays depuis plusieurs années.Une résolution adoptée par le Conseil de la Ligue des Etats arabes au niveau ministériel sur l’évolution de la situation en Libye a appelé à aller de l’avant dans la réalisation des voies choisies par les Libyens pour organiser les élections législatives et présidentielles dans les meilleurs délais.

D’autre part, le Conseil de la Ligue a salué, lors de sa 158-ème session, la présidence par le Royaume du Maroc de la 1-ère Commission du désarmement et de sécurité internationale au titre de la 76-ème session de l’Assemblée générale des Nations unies (2021-2022), et ce dans le cadre de la décision qu’il a prise quant à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive au Moyen-Orient.

La résolution relative au partenariat arabo-africain a également souligné l’importance de poursuivre les efforts visant à éliminer les obstacles à l’activation et au développement de la coopération arabo-africaine et à l’organisation des réunions de ses organes, à la lumière de toutes les résolutions et déclarations issues des précédents sommets arabo-africains, y compris la résolution n°10 émanant du quatrième Sommet arabo-africain, tenu à Malabo en 2016, qui stipulait la mise en place de normes et de règlements pour ce partenariat afin de le préserver et de le pérenniser.

La Conseil ministériel arabe a également salué l’aide médicale et le soutien dans le domaine de la santé et de la formation médicale apportés par le Maroc à l’Union des Comores.

Le prochain Sommet arabe doit se tenir sur la base d’un engagement de responsabilité (Bourita)

Le prochain Sommet arabe doit se tenir sur la base d’un engagement de responsabilité, loin de tous calculs étroits ou logique dépassée, a affirmé mardi au Caire le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita.Dans une allocution prononcée devant le Conseil de la Ligue des États arabes au niveau ministériel lors de sa 158e session ordinaire, le ministre a déclaré que « le contexte international et arabe requiert que le prochain Sommet se tienne sur la base d’un engagement de responsabilité et loin de tous calculs étroits ou de logique dépassée, en consolidant la confiance nécessaire et en respectant les rôles de chaque partie ».

Le Maroc s’est engagé au cœur de l’action arabe commune, aussi bien à l’intérieur des principales structures de la Ligue des États arabes, qu’à travers les instances qui en relèvent, comme en atteste l’organisation par le Royaume du Maroc de sept sommets arabes qui ont contribué à unifier la voix arabe et à donner un nouvel élan à l’action arabe commune, a-t-il dit.

D’autre part, M. Bourita a appelé à « une lecture objective de la réalité du monde arabe, qui est en proie à des différends internes et externes divers et à des manœuvre externes et internes visant à semer la division, à soutenir les velléités séparatistes, à déclencher les conflits frontaliers, ethniques, sectaires et tribaux et à consumer la région et épuiser ses richesses ».

Il a de même souligné que la principale problématique réside dans l’absence d’une vision commune claire pour affronter ces défis, d’une manière qui préserve la sécurité, la stabilité et l’unité territoriale et nationale des États.

Le monde arabe « se trouve face à un tournant très difficile, qui nous oblige à surmonter d’urgence les obstacles qui empêchent le renforcement de la cohésion et de la solidarité entre nos pays arabes et détournent notre attention et nos efforts des grands enjeux politiques et économiques qui se posent avec acuité dans l’agenda arabe et qui, de surcroit, doivent être traités efficacement », a-t-il poursuivi.

Dans ce sillage, le ministre a affirmé que « le moment est venu de jeter les bases solides d’un partenariat arabe intégré visant à développer des mécanismes d’action arabe commune et à construire un système collectif moderne, renouvelable et efficace ».

Ce système doit offrir des conditions objectives d’inter-coopération à même d’encourager l’investissement, de réhabiliter l’économie et le facteur humain, d’améliorer les performances, de faciliter l’implication dans la communauté du savoir et de la communication et de consacrer les principes de la démocratie et des droits de l’Homme, en tenant compte des particularités et des composantes de chaque pays et peuple et de sa volonté indépendante et son rythme de développement, a-t-il dit.

Le ministre a, d’autre part, souligné que le triomphe de la cause palestinienne, à la lumière des développements successifs dont elle a été témoin, requiert l’adoption d’approches réalistes et pragmatiques afin d’être plus efficace, et ce loin des logiques de surenchère et de manipulation politique.

M. Bourita a assuré, à cet égard, que le Maroc continuera, sous la direction du Roi Mohammed VI, à défendre les droits légitimes du peuple palestinien, avec en tête son droit à établir un État palestinien indépendant avec Al Qods-Est comme capitale aux frontières de 1967, vivant côte à côte avec Israël dans la paix et la sécurité.

Cette question représente l’une des constantes de la politique étrangère du Royaume, telle qu’elle a été élaborée depuis l’indépendance, a-t-il affirmé. 

Passant en revue la situation imposée par la pandémie du coronavirus, M. Bourita a déclaré que le Maroc, croyant au principe de solidarité et d’interdépendance, n’a ménagé aucun effort pour apporter son soutien à de nombreux pays arabes et africains pour les aider à surmonter les conséquences de la pandémie.

Il a également abordé la question du climat et son importance primordiale, soulignant dans ce contexte que des espoirs sont placés sur la Conférence des Parties à la Convention des Nations Unies sur les changements climatiques, que l’Égypte accueillera en novembre prochain, pour réaliser des acquis positifs dans ce sens.

Kenya : Ruto, l’écolier aux pieds nus devenu président

La vie du président élu du Kenya, William Ruto, était dans un passé récent aussi ordinaire que celle de millions de ses compatriotes des zones rurales du pays.La Cour suprême du Kenya a confirmé le 5 septembre 2022, la victoire à l’élection présidentielle du 9 août de William Ruto devant Raila Odinga.

Originaire de la vallée du Rift, Ruto a connu la misère en grandissant dans son village de Sambut, se rendant à l’école sans chaussures et souffrant de la faim le soir, comme c’était la norme pour de nombreux ménages pauvres au début des années 1970.

Tout au long de sa campagne pour devenir le cinquième président du Kenya, l’homme, maintenant âgé de 55 ans a fait de cette « expérience de débrouillard » son cheval de bataille, afin de toucher des millions d’électeurs, dont beaucoup partagent cette expérience de vie de citoyens pauvres et défavorisés, loin de l’opulence des riches et des puissants du pays.

Odinga et Kenyatta, « politiciens dynastiques »

Se présentant comme la quintessence du débrouillard kenyan qui a « tout vu », l’ancien ministre a tenu à creuser un fossé entre lui, d’une part, et son principal adversaire Raila Odinga et son soutien le président sortant Uhuru Kenyatta, d’autre part, en les décrivant comme des politiciens dynastiques fermement attachés au passé de leurs parents en tant que puissants du Kenya.

De l’ethnie Kalenjin, Ruto les a décrits comme appartenant à deux des principales dynasties politiques du Kenya des années 1960 et 1970, dirigées par Jomo Kenyatta (premier président du Kenya, père d’Uhuru) et Oginga Odinga (père de Raila), ce qui semble avoir été accepté par de nombreux électeurs kenyans, en particulier dans sa région de la vallée du Rift.

En tête des trois autres candidats, Ruto, vice-président sortant, a obtenu 7.176.141 voix, soit 50,49% des suffrages, soit un peu plus de la moitié du nombre total de bulletins de vote, remportant le scrutin au premier tour, selon la Commission électorale et des frontières indépendante (IEBC).

Son principal adversaire, Raila, a obtenu 6.942.930 voix, soit 48,85% des suffrages.

Lutter contre corruption et développer l’économie

Ruto, le « battant », colportait des poulets le long de l’autoroute Nairobi-Eldoret et est finalement devenu éleveur de poulets des années après avoir amassé une fortune commerciale qui lui a permis d’acheter une ferme dans son village natal.

Titulaire d’un doctorat et d’une licence en sciences de l’Université de Nairobi, il a été scolarisé à l’école primaire de Kerotet, avant de faire ses études secondaires à l’école secondaire de Wareng, puis à l’école secondaire de garçons de Kapsabet dans le comté de Nandi, d’où il est sorti avec ses certificats de niveau ordinaire et avancé.

Il est rapidement devenu un disciple politique du second président Daniel Arap Moi, qui lui a fait découvrir la nature tumultueuse de la politique kényane, en commençant par les campagnes électorales pour les élections générales de 1992. Moi remporte la victoire en tant que candidat sortant et nomme Ruto dans son Cabinet en tant que ministre de l’Intérieur.

William Ruto a également occupé des postes ministériels dans le gouvernement du successeur de Moi, Mwai Kibaki, entre 2008 et 2010.

Enseignant et fervent chrétien pratiquant, Ruto a été chef de la chorale de l’église de l’université de Nairobi et cette fibre chrétienne l’a accompagné tout au long de sa carrière politique.

Au cours de sa campagne, M. Ruto s’est engagé à lutter contre la corruption, à développer l’économie kenyane en difficulté et à réduire le taux de chômage chez les jeunes Kenyans.

Les gouvernements kenyans successifs n’ont pas réussi à absorber les centaines de milliers de jeunes qui sortent de l’école et qui peinent à trouver un emploi, mais M. Ruto a promis que son nouveau gouvernement appliquera une approche dite « bottom top » (du bas vers le haut), dans laquelle la priorité serait donnée aux entrepreneurs issus des couches inférieures de la société.

Ruto est un habitué de la controverse, étant cité dans une série de scandales de corruption et d’accaparement de terres, qu’il a tous niés.

Le plus connu est sans doute la convocation de Ruto par le procureur de la Cour pénale internationale, en décembre 2010, pour son implication présumée dans les violences post-électorales qui ont secoué le Kenya après les élections générales de 2007.

La CPI l’avait accusé d’avoir orchestré les violences meurtrières contre les partisans du Parti de l’unité nationale du président Kibaki et l’avait ensuite inculpé de trois chefs d’accusation de crimes contre l’humanité, à savoir meurtre, déplacement forcé de personnes de leurs foyers et persécution. L’affaire, qui concernait également le président Uhuru Kenyatta, a toutefois été abandonnée par la CPI.

Côte d’Ivoire : 248 postulants au Pdci pour les prochaines municipales

Le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci, opposition) tient son Bureau politique le 29 septembre 2022 à Daoukro, dans le Centre-est ivoirien, où la formation politique discutera des enjeux des prochaines joutes électorales.Au cours d’une conférence de presse, lundi, le porte-parole du Pdci Bredoumy Soumaïla s’est prononcé sur la vie du parti et les grandes questions qui touchent à la marche de l’Etat, au siège du Pdci à Cocody, dans l’Est d’Abidjan.   

Il a fait savoir que, dans les perspectives des élections locales à venir, le Pdci a procédé à un appel à manifestation d’intérêt pour tous ses militants qui ont l’ambition de se faire élire dans toutes les localités du pays.

« On observe une forte adhésion à cet appel à manifestation », a indiqué le porte-voix du Pdci, avant d’ajouter que le parti « a enregistré à ce jour 248 postulants pour les municipales dont 23 femmes (9.2%), 49 pour les régionales dont 5 femmes (10.2%) ».  

« Cet engouement des militants à solliciter l’investiture du parti est encourageant. Ce processus unique en son genre est un indicateur d’une volonté du président du parti à promouvoir une plus grande démocratie et une transparence accrue au sein du Pdci », s’est-il félicité.

Mais, « en tout état de cause les candidats à la candidature doivent d’abord satisfaire aux conditions d’éligibilité telles qu’édictées par les lois et règlements en vigueur dans notre pays; en plus de ces conditions, les prétendants affronteront les règles internes à notre parti », a-t-il prévenu.

Il a fait observer que cette politique d’appel à manifestation d’intérêt répond à la demande de la base du parti qui souhaite que le choix des candidats aux différentes élections fasse l’objet d’une plus grande consultation et dans la transparence.

Dans la dynamique de sa structuration, le Pdci prépare, par ailleurs, un nouveau mécanisme plus transparent et novateur initié par le Comité de mobilisation des ressources avec le lancement de la nouvelle plateforme numérique de mobilisation des ressources pour le 7 septembre prochain. 

M. Bredoumy a relevé en outre que le Recensement général de la population et de l’habitat (Rgph 2021) comporte des « manquements », car ressortant « une population totale de 29.389.150 habitants (alors que celle vivant) dans les villes surclasse en nombre celle vivant dans les zones rurales avec un taux de 52,5% ».

Le gouvernement annonce un taux de croissance de la population qui passe de « 3.8% en 1988, 3.3% en 1998 et 2.9 % en 2021 », des données qui selon le Pdci « cachent des incohérences », car « en appliquant la formule démographique de calcul de la croissance, on obtient une croissance de 3. 77 % entre 2014 et 2021 ».

« La Côte d’Ivoire est en transition démographique, alors cette croissance exceptionnelle ne s’explique que par un gonflement volontaire de la population. Pour arriver à un taux de 2,9%, le calcul a été effectué sur les données de 1998 et 2021 au lieu de 2014 et 2021 », a-t-il poursuivi.

« Le motif de ces données se retrouve dans la volonté de faire un basculement des inscrits au RGPH sur la liste électorale », note M. Bredoumy Soumaïla pour qui ces faits ne concourent pas à l’assurance d’un climat apaisé pour les élections à venir.  

Le porte-parole du Pdci, rappelant que son parti étant attaché aux idéaux de paix et de cohésion sociale, n’a pas manqué d’inviter les gouvernants à tout mettre en œuvre pour éviter l’effritement du tissu social, recommandant par ailleurs un « audit de la liste électorale par voie de conséquence ».  

Outre cette préoccupation, M. Bredoumy Soumaïla s’est également prononcé sur le discours à la Nation du chef de l’Etat du 06 août 2022, tenu à la veille de la célébration de l’an 62 de l’indépendance de la Côte d’Ivoire, estimant qu’il n’aurait pas répondu aux attentes soulevées par ses prédécesseurs.  

« Au cours de la rencontre à trois entre les présidents Ouattara, Bédié et Gbagbo, le 14 Juillet dernier des questions essentielles pour la cohésion nationale ont été abordées. Un document faisant des propositions pour y arriver a été remis au chef de l’Etat », a-t-il mentionné.

« Des réponses apaisantes et positives étaient donc espérées aux cours de l’adresse du chef de l’Etat le 06 août 2022. Aucun de ces problèmes politiques majeurs n’a trouvé solution suite à son adresse », a-t-il martelé.

Sur les remous internes au parti au sujet des candidatures pour les élections locales prochaines  le porte-parole du Pdci a appelé les militants au respect de la discipline du parti. Il a par ailleurs confirmé la tenue du bureau politique prévu pour le 29 septembre prochain à Daoukro, où le président du parti, Henri Konan Bédié, déclinera la vision qui gouvernera l’organisation du 13e congrès.

« L’initiative de tendre la main à nos frères est très prometteuse » (Damiba)

Le président de la transition burkinabè a fait face à ses compatriotes dimanche 4 septembre pour un bilan d’étape de sa gouvernance depuis sa prise de pouvoir par un coup d’Etat en janvier contre Roch Marc Christian Kaboré.Le Lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba n’est pas passé par quatre chemins pour identifier les causes de l’insécurité qui s’est installée sur une bonne partie du territoire du Burkina Faso depuis près d’une décennie.

« Le mal qui nous ronge, est la résultante de plusieurs années de compromission politique, de contradictions sociales et d’amalgames de tous gens, qui ont fini par porter un coup fatal à l’équilibre délicat, que nos devanciers avaient réussi à trouver, pour permettre aux différentes communautés de vivre ensemble malgré leurs différence », diagnostique-t-il dans un discours prononcé depuis la ville de Dori, localité du nord-est touchée par la violence jihadiste.

Selon le chef de l’Etat burkinabè, la faillite est collective. « À commencer par nous, force de défense et de sécurité, chargée de défendre notre territoire et de protéger nos populations », admet-il, relevant que « les divisions internes nous ont fragilisées, au point de remettre en cause les valeurs qui faisaient la renommée du soldat burkinabé ».

Pour le président de la transition, « cela se ressent très logiquement sur notre engagement et notre manière de mener la guerre contre le terrorisme ». Il reconnaît que « certaines actions des nôtres ont malheureusement plus contribué à attiser le feu, plutôt qu’à l’éteindre ».

S’exprimant à son peuple, le lieutenant-colonel Paul Henri Damiba s’adresse aussi aux Volontaires pour la défense de la Patrie (VDP), les supplétifs de l’armée dans la lutte contre les groupes jihadistes, « qui, malgré leur bravoure, ont parfois été utilisés ou manipulés à des fins de vengeance au niveau communautaire ».

Après ce diagnostic, le président Damiba salue le travail de l’armée burkinabè. « Durant ces 5 mois, nos forces se sont remobilisées ». « L’intensification des actions offensives, conduites souvent en coordination avec les VDP, ont visé surtout à désorganiser le dispositif ennemi. Sur le plan purement opérationnel, cet objectif-là est atteint », estime-t-il.

À l’en croire, ce succès est dû en partie à « l’acquisition de nouveaux équipements et le renforcement de nos capacités techniques » qui permettent à l’armée « de délivrer des feux avec une précision et un effet de surprise que nous n’avions pas auparavant ».

Selon le chef de l’Etat, ces opérations militaires ne sont pas en contradiction avec le dialogue avec les groupes jihadistes. « Au regard des résultats auxquels nous sommes déjà parvenus, il s’avère que cette initiative de tendre la main à nos frères est très prometteuse », ajoute le chef de l’Etat burkinabé.

Dans cette dynamique, il invite les « combattants des groupes armés, qui par méfiance, hésitent encore à déposer les armes, à faire confiance à l’Etat et à suivre l’exemple de leurs camarades d’hier qui ont eu le courage de franchir le pas ».

Pour terminer, le chef de l’Etat burkinabé qui prend date à nouveau avec la population « en début d’année 2023 pour un nouveau bilan de la reconquête de notre pays ».

Kenya : la Cour suprême valide l’élection de William Ruto

La Cour suprême du Kenya a rejeté lundi 5 septembre le recours de l’opposant historique Raila Odinga, confirmant la victoire de l’ancien vice-président William Ruto à l’élection présidentielle du 9 août.La Cour suprême kenyane a certifié la nouvelle fonction de William Ruto. Après l’annonce de sa victoire par la commission électorale avec 50,49 % des suffrages, le vice-président sortant a rapidement changé sa biographie sur Twitter : « Président élu, République du Kenya ». Ce lundi, après plusieurs jours d’audience, les juges de la Cour suprême ont décidé de confirmer son élection à la présidentielle du 9 août.

« C’est une décision unanime. Les recours sont par la présente rejetés. En conséquence, nous déclarons le premier défendeur (William Ruto) président élu », a déclaré la présidente de la Cour suprême Martha Koome.

En vertu de la Constitution kenyane, M. Ruto doit prêter serment le 13 septembre. Il devient, à 55 ans, le cinquième président du Kenya depuis l’indépendance du pays en 1963.

Après l’annonce des résultats définitifs, il a réagi sur les réseaux sociaux en faisant référence à un chapitre de la Bible : « Aux hommes c’est impossible, mais pas à Dieu : car à Dieu tout est possible ».

Parti d’une famille modeste pour devenir l’un des hommes les plus riches du Kenya, en dépit d’une réputation sulfureuse, William Ruto briguait le fauteuil présidentiel pour la première fois. Son discours a charmé de nombreux électeurs puisqu’il se présentait comme le candidat des pauvres. Il a dépeint le duo Raila Odinga et Uhuru Kenyatta comme l’alliance des « dynasties » de la vie politique kényane.

Pour sa part, Raila Odinga, 77 ans, qui avait qualifié de « parodie » les résultats proclamés par la commission électorale, s’est conformé à sa promesse faite ces derniers jours de respecter la décision de la plus haute juridiction, non sans quelques réserves.

« Nous avons toujours défendu l’Etat de droit et la Constitution. À cet égard, nous respectons l’avis du tribunal, même si nous désapprouvons avec véhémence sa décision d’aujourd’hui », a dit dans un communiqué cette figure de la politique kenyane qui se présentait pour la cinquième fois à l’élection présidentielle, avec le soutien du président sortant Uhuru Kenyatta.

Créée en 2010 et connue pour son indépendance, la Cour suprême kenyane a tranché pour la troisième fois un litige sur une élection présidentielle. En 2017, elle avait annulé le scrutin. Ses décisions sont définitives et exécutoires, prononcées par sept juges officiellement nommés par le président de la République mais que ce dernier n’a cependant pas le pouvoir de choisir.

Un an après le putsch de Doumbouya, où va la Guinée ?

Un an après le renversement d’Alpha Condé par le colonel Mamadi Doumbouya, la transition est sujette à plusieurs interrogations.Le 5 septembre 2021, quelques heures ont suffi au colonel Mamadi Doumbouya et à ses hommes surarmés du Groupement des forces spéciales d’arriver au palais Sékhoutouréya, à Kaloum, quartier d’affaires de la capitale de la République de Guinée. Les quelques fidèles d’Alpha Condé qui tentaient de résister ont été vite neutralisés par l’unité d’élite la plus équipée de l’armée guinéenne.

La vidéo fait rapidement le tour du monde, Alpha Condé en chemise déboutonnée, immobilisé dans un canapé, est entouré par des éléments de la Force spéciale. Affalé sur un fauteuil, l’ex-chef de l’Etat apparaît abattu malgré le semblant de déférence que ses tombeurs lui témoignaient. 

Le président Condé arrêté est conduit dans les rues de Conakry, sous les acclamations de la foule. Ce troisième putsch de l’histoire politique de la Guinée post-indépendance était presque prévisible car perpétré après un troisième mandat contesté de Condé.

Chef d’orchestre de ce coup d’Etat, le Colonel Mamadi Doumbouya s’adresse à ses compatriotes et au reste du monde. Entouré de quelques-uns de ses hommes, l’ancien légionnaire français se justifie : « La situation socio-politique et économique du pays, le dysfonctionnement des institutions républicaines, l’instrumentalisation de la justice, le piétinement des droits des citoyens, l’irrespect des principes démocratiques, la politisation à outrance de l’administration publique, la gabegie financière, la pauvreté et la corruption endémique ont amené l’armée républicaine de Guinée, à travers le Comité national de rassemblement et du développement (CNRD) à prendre ses responsabilités vis-à-vis du peuple souverain de Guinée et dans sa totalité ».

Mamadi Doumbouya, le nouvel homme fort, annonce une série de mesures fortes. Toutes les institutions sont dissoutes. Le 26 septembre, la charte de transition est adoptée. Elle met le CNRD dirigé par le Colonel Mamadi Doumbouya au centre de la gestion du pays. Le 1er octobre, l’ancien patron des forces spéciales prête serment et réitère ses engagements pour une Guinée débarrassée des maux qui plombent son développement socio-économique et son rayonnement démocratique. Un an après, où va la Guinée ?

Opération mains-propres

Coordinateur de l’Alliance citoyenne pour la transition, Dr Aliou Barry vote pour « la séparation du volet moralisation de la publique, lutte contre la corruption, refondation de l’Etat et l’amélioration de la Justice avec le côté politique ». « Sur le plan socio-économique, on note une avancée significative depuis l’avènement du CNRD », salue Dr Barry, attribuant également une bonne note à la junte sur « la lutte contre la corruption ». « En Guinée, on a toujours parlé de la lutte contre la corruption. En tant qu’expert, j’ai eu à réaliser en 2003 la première enquête nationale sur la corruption et la gouvernance en Guinée. Mais ce n’est que maintenant qu’il y a des actions concrètes en matière de lutte contre la corruption et la moralisation de la vie publique », indique-t-il.  

En décembre 2021, la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF) est créée pour traquer les délinquants financiers du régime de Condé. Dans son collimateur, plusieurs dignitaires de l’ancien régime. Les premières arrestations interviennent en avril 2022. Le dernier premier ministre d’Alpha Condé, Ibrahima Kassory Fofana et le ministre de la Défense Mohamed Diané dont les services ont essayé de tuer « médiatiquement » dans l’œuf le coup d’Etat du 5 septembre, sont écroués pour détournement supposé de plusieurs milliards de francs guinéens.

Malgré quelques critiques sur les méthodes de cette cour spéciale, ses résultats seraient visibles, selon Dr Aliou Barry. « Le CNRD arrive à récupérer de l’argent détourné. Et c’est de l’argent frais », se félicite-t-il. Faisant le bilan de cette opération mains-propres, le ministre de la Justice, Charles Wright soutient dans une interview avec la Télévision nationale que 35 milliards de francs guinéens (4 millions de dollars) de caution à la banque centrale ont été recouvrés. Cette volonté de moraliser la vie publique est manifeste. Mais le coordinateur de l’ACT se pose des questions sur la durabilité des actions posées dans ce domaine par les militaires. Qui semblent résolument déterminés à « renégocier » des contrats avec certaines sociétés minières.

Le secteur minier guinéen repose sur une concentration des ressources minérales, reconnue comme l’une des plus importantes du monde et est essentiellement constituée de bauxite dont les estimations des réserves s’élèvent à plus de 40 milliards de tonnes, de minerais de fer (plus de 20 milliards de tonnes), d’or et de diamant, suivant un exposé du site invest.gov.gn consulté par Apa. La même source attribue aux mines une participation de 12 à 15% au Produit Intérieur brut (PIB) de Guinée estimé à 15,68 milliards de dollars en 2020.

Dans leur volonté de remettre l’Etat au cœur de l’exploitation de ces richesses naturelles, les nouvelles autorités n’hésitent pas à taper du poing sur la table. Le ministre des Mines a récemment ordonné l’arrêt des activités du projet Simandou après avoir constaté que Winning Consortium Simandou (WCS) et Riop Tinto, les deux partenaires de l’Etat dans ce méga projet minier de 15 milliards de dollars se sont montrés peu enclins à respecter les termes du contrat signé en mars entre les trois parties et allouant à l’Etat 15% des parts.

Violations des droits de l’homme

Cependant, Doumbouya prônait une Guinée pour tous, montre rapidement ses limites sur la question des droits de l’homme. « La situation actuelle des droits de l’Homme dans les dernières années du régime d’Alpha Condé était déplorable. Elle l’est tout autant aujourd’hui », se désole Fabien Offner, chercheur à Amnesty International et spécialiste de la Guinée. « Pourquoi ? Parce qu’on observe les mêmes dérives et les mêmes violations des droits humains, notamment la violation du droit de rassemblement pacifique, puisqu’il faut rappeler que le pouvoir actuel a interdit les manifestations pendant toute la durée de la transition », fait remarquer Offner. 

Pourtant, à son arrivée au pouvoir, le colonel Mamadi Doumbouya a libéré les détenus politiques, dont des membres du Front national de défense de la Constitution (FNDC) qui se sont opposés à la troisième candidature d’Alpha Condé.

Face à la contestation de la rue qui s’intensifie, le colonel au pouvoir, tolère de moins en moins la critique. Il envoie ces mêmes leaders du FNDC dont le coordinateur Omar Sylla dit Foniké Minguè en prison. Le colonel Doumbouya ne s’en limite par-là, par arrêté gouvernemental, il dissout le FNDC qualifié de « mouvement insurrectionnel » par le régime militaire. 

Des accusations rejetées par ce collectif regroupant des organisations de la société civile et des partis politiques qui presse la junte à définir les contours d’un retour rapide à l’ordre constitutionnel. Le sujet qui fâche ?

Alors qu’il avait promis de ne pas s’éterniser au pouvoir, le colonel Mamadi Doumbouya ne semble plus pressé d’organiser des élections. Après son installation, le bourreau de Condé a fixé la durée de la transition à 39 mois. Finalement, le Conseil national de la transition (CNT) l’a ramené à 36 mois. Mais l’absence d’agenda clair de la part des militaires pour un retour constitutionnel rapide, installe le malaise entre le régime militaire et les différents acteurs politiques.

Le dialogue est rompu avec les partis politiques les plus représentatifs. Le fondateur du Think Tank « Wathi » voit un « risque de confiscation du pouvoir par les militaires pour une longue durée ». Pour éviter un tel cas de figure, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) met la pression sur Mamadi Doumbouya.

La Cedeao, impuissante ?

Lors de sa session ordinaire du 3 juillet, la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’institution sous-régionale a jugé inacceptables les 36 mois annoncés par les autorités de la transition. Par la même occasion, l’ancien président du Bénin, Thomas Boni Yayi a été désigné médiateur de la Cedeao en Guinée. Sa mission est de « travailler avec les autorités guinéennes en vue de parvenir à un calendrier de transition acceptable pour la Cedeao au plus tard le 1er août 2022 ». « Passé ce délai, des sanctions économiques et financières ainsi que des sanctions ciblées contre des individus ou des groupes entreront immédiatement en vigueur », avaient même menacé les dirigeants ouest-africains. 

Plus d’un mois après, la Cedeao temporise. L’organisation régionale semble privilégier la voie de la médiation et a dépêché Boni Yayi au charbon. « La Guinée est un pays un peu à part au sein de la CEDEAO et surtout parmi les pays francophones. La Guinée a sa propre monnaie. Elle n’est pas membre de la zone franc de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) », explique Gilles Yabi. « D’une certaine manière, il est plus compliqué de sanctionner la Guinée pour avoir un impact très fort sur son économie et sur les ressources de l’État dans la mesure où elle peut toujours prélever directement des ressources auprès du secteur minier », ajoute-t-il. Son ouverture sur l’Océan atlantique est également un atout fort, ajoute le chercheur.

Même s’il pointe du doigt le « péché » de la Cedeao d’avoir laissé Alpha Condé d’aller vers un troisième mandat, Dr Aliou Barry est moins optimiste quant aux conséquences qui découleraient de sanctions économiques contre la Guinée. Il reste convaincu qu’elles seraient insupportables pour la population. « Le financement extérieur occupe une part importante dans le budget de la Guinée. Et tout le monde sait que les coups d’Etat ferment systématiquement ce robinet. Si en plus de cela, on doit ajouter une faible mobilisation de recettes intérieures et des sanctions de la CEDEAO, ce serait préjudiciable pour la population », redoute Dr Barry, qui assure que des acteurs de la société civile sont en train de travailler d’arrache-pied pour éviter à leur pays un tel sort.

Libye: Le Maroc se félicite de la nomination de Bathily comme nouvel envoyé spécial

Le Maroc se félicite de la nomination de Abdoulaye Bathily comme représentant spécial du secrétaire général de l’ONU pour la Libye et chef de la mission d’appui onusienne dans ce pays, indique dimanche un communiqué du ministère des Affaires étrangères.Le Royaume « exprime son soutien total au nouvel envoyé onusien et son entière disposition à collaborer avec lui pour contribuer aux efforts fournis afin que les différentes parties puissent trouver des terrains d’entente et aboutir à des élections législatives et présidentielles, seul moyen de dépasser la situation actuelle », poursuit le communiqué.

 Le Maroc, qui a accueilli la signature de l’accord politique de Skhirate, le 17 décembre 2015 et abrité les dialogues de Bouznika entre les parties libyennes a « la ferme volonté de poursuivre son implication dans les efforts internationaux visant la restauration de la paix et de la stabilité dans ce pays maghrébin frère », conclu la même source.

Né en 1947, Abdoulaye Bathily est un homme politique et un diplomate sénégalais chevronné. Il a été notamment ministre de l’Environnement (1993-1998) et de l’Energie (2000-2001) avant de rejoindre l’ONU en 2014 et où il a officié, entre autres, en tant que représentant spécial du secrétaire général pour la République centrafricaine.

Abdoulaye Bathily est le 8e envoyé spécial des Nations Unies pour la Libye. C’est le premier Africain à occuper ce poste.

Le dialogue national tchadien a des enjeux africains (analyste)

Expert de la géopolitique du Sahel et de l’Afrique, le journaliste nigérien Seidik Abba analyse pour APA les enjeux du dialogue national tchadien lancé le 20 août dernier mais temporairement suspendu à cause de certains désaccords.Deux semaines après son ouverture, le dialogue national inclusif tchadien est momentanément suspendu. Qu’est-ce qui motive cette décision ?

On peut évoquer plusieurs facteurs pour expliquer cette suspension. Il y a d’abord la volonté des autorités de donner une chance au caractère encore plus inclusif du dialogue. Outre les mouvements politico-militaires, il y a une partie de la classe politique, au premier rang de laquelle les Transformateurs de Succès Masra, qui ne participe pas au dialogue. Il en est de même pour une partie de la société civile, à l’image du collectif Wakit Tama. Avec ces absences, il y a le risque que le dialogue n’ait pas le caractère inclusif souhaité en vue d’obtenir un consensus plus large possible sur les décisions qui sortiront. Les autorités ont estimé qu’il fallait donner une dernière chance aux tractations avec les parties qui ne sont pas présentes. Les facilitateurs qataris étaient à N’Djamena. Ils ont rencontré certains dirigeants politiques et de la société civile dans le but de les persuader. L’espoir n’est pas perdu. Beaucoup regardent aussi du côté de la France pour savoir si elle peut contribuer à une plus large participation. Donc, les tractations se poursuivent pendant cette période de suspension.

L’autre raison est de permettre à tout le monde de prendre connaissance le plus largement possible des projets de textes qui ont été préparés pour la discussion. Des tractations sont également en cours avec les rebelles du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (Fact) pour les convaincre de participer au dialogue. Le Fact a posé un certain nombre de préalables, notamment la libération des personnes détenues, une amnistie des garanties. Il a estimé que tout cela n’a pas été pris en compte et qu’il ne pouvait pas participer. Mais des médiations sont en cours. La suspension vise justement à favoriser les derniers obstacles et réticences pour que le dialogue reprenne de plus belle et qu’il soit le plus consensuel et le plus inclusif. C’est quand même la première fois dans l’histoire politique du Tchad qu’on a un dialogue aussi large que celui-là, avec un caractère souverain et des décisions qui devraient être totalement exécutoires.

Pourquoi la nomination d’un comité ad hoc pour faciliter la participation de toutes les composantes de la société tchadienne au dialogue a provoqué le retrait de certaines organisations ?

Ce retrait symbolise la difficulté de la classe politique tchadienne. Au moment où on cherche à élargir, d’autres se sont retirés. Ils estiment avoir déjà fait preuve de bonne volonté en venant au dialogue et ne voient pas d’un bon œil le fait d’aller supplier les absents. Tout cela démontre l’absence de sérénité dans laquelle les choses se font. C’est surtout cette volonté de concession qui a heurté un certain nombre d’acteurs. A mon avis, ce n’est pas la meilleure façon de favoriser le dialogue. Mais avec les tractations en cours, avec la volonté des uns et des autres, tout le monde pourrait être amené à reconsidérer sa position. A partir du moment où on est déjà présent à N’Djamena, c’est qu’on a accepté l’idée de dialogue.

Le dialogue se tient avec une quarantaine de groupes politico-militaires, mais sans le Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (Fact), responsable de la mort du président Idriss Deby. Cette absence remet-elle en cause la crédibilité des discussions ?

Le Fact, un des plus grands mouvements politico-militaires au Tchad, a choisi de s’absenter parce qu’il estime que les conditions préalables qu’il a posées ne sont pas respectées. Il s’agit entre autres de la libération de détenus politiques, la création d’un cadre serein pour l’ouverture et la tenue du dialogue, des garanties de sécurité, etc. C’est clair que c’est un élément important, qu’il aurait été plus correct que le Fact soit présent à la discussion. Mais cette absence n’invalide pas le dialogue. Si ce dernier obtient de bons résultats, l’absence du Fact pourrait se retourner contre lui. Le boycott est toujours une arme à double tranchant. Aujourd’hui, l’enjeu c’est le résultat du dialogue. Si au terme, on réussit à trouver un consensus sur la tenue d’élections libres, transparentes et démocratiques, sur la structure chargée de les organiser et sur une nouvelle Constitution, le Fact pourrait être le grand perdant. Pour cette raison, il faut être présent pour pouvoir faire changer les choses. Puisqu’il était entendu qu’il n’y a pas de tabou, tout pourrait être mis sur la table et discuté. La bonne méthode aurait été de venir et de voir comment créer le rapport de force. De mon point de vue, il n’y a pas de risque que la crédibilité des décisions soit affectée par l’absence du Fact, à condition qu’elles soient bonnes. S’il y a un consensus sur les principaux enjeux (élection présidentielle, libération de détenus, …), les gens ne se soucieront pas tellement de la non-participation d’une entité (quelle que soit sa dimension).

Avant l’ouverture du dialogue, le président en exercice de l’Union africaine (UA), le Sénégalais Macky Sall, a rencontré le président de la transition tchadien à N’Djamena. Quelles devraient être les retombées de cette visite ?

En sa qualité de président en exercice de l’Union africaine, le président Macky Sall était à N’Djamena, à la veille de l’ouverture du dialogue, pour encourager les parties tchadiennes et soutenir la démarche. Il est important que les Tchadiens sentent qu’ils sont soutenus dans leur démarche par l’Afrique d’abord, ensuite par la communauté internationale. Le président Macky Sall, en sa qualité de président en exercice de l’Union africaine, est venu l’exprimer. Le Tchad est quand même un pilier de la question sécuritaire au Sahel et dans le bassin du Lac Tchad. Toute approche qui viserait à encourager le dialogue et la solution négociée entre les parties tchadiennes ne peut que profiter à la stabilité de l’Afrique et de la sous-région. Le Tchad est engagé dans la lutte contre Boko Haram et les autres groupes terroristes au Sahel occidental, notamment dans la zone des trois frontières. Les soldats tchadiens y sont déployés en soutien au Niger et au Burkina Faso. Donc, il est important que le président Macky Sall vienne encourager les parties tchadiennes et les aider à convaincre les réticences qu’il peut y avoir par rapport au dialogue.

Ses enjeux dépassent largement le cadre tchadien et sous-régional, notamment le bassin du Lac Tchad, pour concerner toute l’Afrique de l’ouest. A partir du moment où ça implique la stabilité de tout le continent, c’est important que le président en exercice de l’Union africaine vienne dire aux parties tchadiennes que « l’Afrique vous regarde, l’Afrique est avec vous ».

Le Fmi vole au secours de la Zambie

Le Fonds monétaire international (Fmi) a approuvé un programme d’assistance financière de 1,3 milliard de dollars US pour la Zambie, a annoncé jeudi l’institution de Bretton Woods.Le Fmi a indiqué dans un communiqué que son conseil d’administration avait approuvé un prêt sur 38 mois dans le cadre de la Facilité élargie de crédit (FEC).

Le programme est basé sur le « Plan de réforme économique du gouvernement zambien qui vise à rétablir la stabilité macroéconomique et à favoriser une croissance plus forte, plus résiliente et plus inclusive », a-t-il précisé.

« Le programme soutenu par la FEC contribuera à rétablir la viabilité par l’ajustement budgétaire et la restructuration de la dette, à créer un espace budgétaire pour les dépenses sociales afin d’amortir le fardeau de l’ajustement, et à renforcer la gouvernance économique, notamment en améliorant la gestion des finances publiques », a précisé le Fmi.

Le programme devrait également lancer le soutien financier indispensable des partenaires de développement de la Zambie.

La Zambie hérite de plusieurs années de mauvaise gestion économique, avec un effort d’investissement public qui s’est révélé particulièrement inefficace. La croissance a été trop faible pour réduire les taux de pauvreté, d’inégalité et de malnutrition qui sont parmi les plus élevés au monde.

Le pays est en situation de surendettement et a besoin d’un traitement approfondi et complet pour placer la dette publique sur une trajectoire durable.

Paul-Henri Sandaogo Damiba attendu à Abidjan lundi

Le président du Burkina Faso, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, effectue une « visite d’amitié et de travail », en Côte d’Ivoire, le 5 septembre 2022.Son vol est prévu atterrir à 11 h (GMT, heure locale) à l’aéroport Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan, où il devrait être accueilli au pavillon présidentiel par le vice-président de la République de Côte d’Ivoire, Tiémoko Meyliet Koné et des membres du gouvernement.

Selon une note du protocole d’Etat consultée par APA, il sera reçu à midi au palais de la présidence de la République par Alassane Ouattara. Les deux chefs d’Etat auront notamment un tête-à-tête au « Petit palais ».

Cette visite, à Abidjan, de Paul-Henri Damiba, nouvel homme fort du Burkina Faso, intervient près de deux mois après le retour au pays de l’ex-président Blaise Compaoré (en exil en Côte d’Ivoire depuis octobre 2014) pour discuter avec la junte militaire dans le cadre des efforts de réconciliation nationale.

Au cours de leurs échanges, les deux chefs d’Etat évoqueront inéluctablement les questions relatives à la paix et à la sécurité dans la sous-région et au Burkina Faso. Ce pays voisin à la Côte d’Ivoire est fortement en proie au terrorisme.

L’ambassadeur de l’UE fait ses adieux au président ivoirien

APA-Abidjan (Côte d’Ivoire) – En fin de mission, le diplomate Jobst Von Kirchmann quitte la Côte d’Ivoire pour le Zimbabwe, après quatre années passées à la tête de la délégation de l’Union européenne (UE) dans le pays.M. Jobst Von Kirchmann qui a été reçu jeudi par le chef de l’Etat ivoirien Alassane Ouattara, au palais présidentiel, s’est félicité du « partenariat dynamique » et de l’amitié entre l’UE et la Côte d’Ivoire, des relations qui durent depuis 60 ans.

« Aujourd’hui, c’est mon jour de départ. Ce soir, je me rends au Zimbabwe. C’était une visite pour dire au revoir au président de la République », a déclaré M. Jobst Von Kirchmann, à sa sortie d’audience.

Appelé à d’autres fonctions au Zimbabwe, le diplomate européen a affirmé porter la Côte d’Ivoire dans son cœur, se disant heureux et confiant en la poursuite des relations entre l’Etat ivoirien et l’Union européenne. 

A cette occasion, il a parcouru les grands chantiers de la coopération, se réjouissant de ce que l’UE et la Côte d’Ivoire partagent des valeurs et la vision de grands enjeux au monde, entre autres, la question de la durabilité, de la protection de l’environnement, de l’énergie et de la sécurité.

L’Union européenne est le premier partenaire commercial de la Côte d’Ivoire avec plus de 40% d’échanges. Également premier partenaire d’investissement, elle représente près de 60% des investissements directs dans le pays.

« Au niveau du Plan national de développement, nous avons investi plus de 4000 milliards de FCFA et au niveau d’Abidjan Legacy Program, 500 millions d’euros (328 milliards Fcfa) », a relevé M. Kirchmann. Il était à la tête de la délégation de l’Union européenne en Côte d’Ivoire depuis septembre 2018.

Avant cette rencontre avec le chef de l’Etat, le diplomate européen a également fait ses adieux au vice-président de la République M. Tiémoko Meyliet Koné, le 26 août 2022, et à l’épouse du chef de l’Etat, Mme Dominique Ouattara, le 29 août 2022.

« Le CV de Doumbouya ne m’a jamais été soumis » (Alpha Condé)

L’ex-président a exprimé ses remords d’avoir mis à la tête des Forces spéciales le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, qui l’a renversé du pouvoir.L’heure des regrets pour Alpha Condé, qui est en voyage médical en Turquie depuis mai dernier. Dans un échange rapporté par François Soudan de Jeune Afrique, l’ex-chef d’Etat guinéen, y fait quelques confidences sur le choix porté sur celui qui l’a renversé le 5 septembre 2021, le colonel Mamady Doumbouya, jusque-là commandant des Forces spéciales.

« Le CV de Doumbouya ne m’a jamais été soumis, si j’avais su que c’était un ancien légionnaire français, je ne l’aurais jamais choisi », a ainsi confié le professeur Alpha Condé à son interlocuteur.

Alpha Condé confie n’avoir pas nommé le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya à la tête de cette unité spéciale, censée être déployée à la frontière avec le Mali pour protéger la Guinée des infiltrations d’éléments jihadistes.

Elle serait, à en croire Alpha Condé, les manœuvres venues d’un « groupe de pression » composé de son Premier ministre de l’époque, Kassory Fofana, du ministre de la Défense, Mohamed Diané, de son conseiller spécial Tibou Kamara et du général Namory Traoré.

Il y a presque un an, le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya a pris le pouvoir par la force en Guinée-Conakry. Cet officier de l’armée guinéenne de 41 ans, nommé commandant du Groupement des forces spéciales de l’armée guinéenne en 2018, faisait partie de la Légion étrangère française où il a évolué jusqu’au grade de caporal-chef.

Les Guinéens ont découvert cet homme à l’allure imposante la même année, à l’occasion de la célébration du 60e anniversaire de l’indépendance du pays au stade du 28 septembre situé à Conakry, la capitale.

Franc CFA : la Cemac réfléchit sur une réforme différente de la Cedeao

Les six pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) se réunissent depuis mardi dans la capitale gabonaise pour évoquer la « consolidation des acquis » et les « perspectives » de l’organisation.La Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) a choisi Libreville pour abriter la première édition de ses états généraux. Quinze ans après la mise en œuvre du programme de réformes institutionnelles, les responsables de l’organisation souhaitent évaluer cette expérience. « À travers l’initiative des états généraux, la communauté veut tirer les enseignements reçus des 15 années d’expérience de mise en œuvre des réformes institutionnelles d’une part, et optimiser son système institutionnel face aux défis majeurs qui l’interpelle désormais d’autre part », expliquent les organisateurs.

En plaçant l’événement sous le thème « consolidation des acquis et perspectives », ils indiquent clairement qu’ils n’excluent pas un changement de politique monétaire comme c’est le cas dans certaines régions du continent. Ils ne comptent toutefois pas adopter la même démarche que leurs collègues ouest-africains, précise le président de la Commission de la Cemac, le Gabonais Daniel Ona Ondo.

« Cette réforme est en cours, mais nous avons un mandat de confidentialité. (…) C’est une volonté de chefs d’État. Les gens, contrairement à ce qu’on entend ici et là, croient que les chefs d’États ne s’intéressent pas à la réforme. Mais c’est absolument faux. Nous avons eu mandat, la commission de la Cemac et la Banque centrale ont fait des conclusions aux chefs d’État sur la conduite à donner à l’évolution de franc CFA », a-t-il indiqué, s’empressant de préciser qu’une éventuelle réforme du franc CFA de l’Afrique centrale ne serait « pas un copier-coller ».

« Naturellement, les gens voient ce qui se passe actuellement en Afrique de l’Ouest avec l’Eco. De vous à moi, cela n’a pas beaucoup avancé en Afrique de l’Ouest. La seule avancée en Afrique de l’Ouest, c’est qu’ils ne déposent plus leurs réserves aux comptes d’opérations. La France leur a remis leurs réserves », a noté l’ancien Premier ministre gabonais.

En Afrique de l’Ouest, l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) réunit huit pays qui partagent le franc CFA. Avec les sept autres pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao), un accord a été trouvé avec la France depuis près de trois ans pour un changement de nom du franc CFA vers l’Éco. Mais la mise en œuvre des réformes tarde depuis lors face au scepticisme de pays anglophones, tels que le Nigeria, craignant la mainmise de la France dans cette monnaie, selon certains observateurs.

De son côté, la Cemac, qui souhaite fusionner également avec la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), veut apprendre de cette leçon pour partir sur de bonnes bases. « La réforme est en cours. Nous réfléchissons. Nous avons déjà fait des propositions aux chefs d’État, raconte le président de la Commission de la Cemac. Nous attendons la prochaine réunion du conseil des chefs d’États pour pouvoir leur donner les résultats de nos consultations », a dit optimiste Daniel Ona Ondo.

Ouganda : l’opposition boycotte les législatives est-africaines

Les membres du parlement de l’Afrique de l’Est seront élus le mois prochain.Mathias Mpuuga, qui dirige la Plate-forme de l’unité nationale (NUP), a annoncé son boycott des prochaines élections des représentants de l’Assemblée législative d’Afrique de l’Est (EALA, sigle anglais), qui commence samedi 17 septembre 2022. Il accuse le parti au pouvoir d’avoir transformé le processus en un rituel, en attribuant six des neuf sièges à ses militants.

« Pour une raison quelconque, sans formule, le Mouvement de résistance nationale (NRM) croit qu’il a droit à six membres à l’EALA, et que ce droit est éternel. Comme si ces six membres étaient ordonnés et que les autres devaient les regarder avec admiration », a fustigé Mpuuga.

Il a fustigé le NRM, le parti au pouvoir, qui s’est immiscé dans la nomination des représentants des autres partis politiques.

« Dans toute la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), l’Ouganda est le seul pays où le parti au pouvoir croit qu’il peut avoir ses propres membres et aussi choisir pour les autres partis ; le NUP ne va pas participer à ce cirque, il va participer à une élection où les règles du jeu sont respectées », a poursuivi M. Mpuuga, lors de la séance plénière du mardi 30 août 2022, présidée par la présidente du Parlement de l’Afrique de l’Est, Anita Among.

Elle a invité tous les responsables de partis politique à fournir au Parlement la liste de leurs candidats nommés pour l’EALA, qui seront ensuite examinés par un comité restreint.