Congo : quatre détenus meurent en prison entre février et mars, une ONG dénonce ces décès

L’Observatoire congolais des droits de l’homme (OCDH) a déploré, le 1er avril, la mort d’au moins quatre personnes dans les maisons d’arrêt d’Owando et de Ouesso.

 

Ces personnes sont mortes de diverses pathologies. Une situation qui ne se justifie pas, selon Franck Chardin Aubin Tchibinda, directeur exécutif de l’OCDH. « Nous avons enregistré ces dernières semaines quatre décès. Il s’agit de personnes qui sont mortes de malnutrition, du paludisme ou de diarrhée. Ce sont des causes qui ne peuvent pas se justifier en plein XXIe siècle », a dénoncé avec force Aubin Tchibinda.

Il encourage les autorités à adopter le code pénitentiaire. « Nous sommes à l’ère du modernisme. On ne peut pas comprendre qu’il y ait à cette ère des gens détenus, quoi qu’il en soit, bénéficiant de droits, qui puissent mourir de malnutrition (par exemple) », a-t-il relevé avant d’ajouter : « Le Congo est sur le point de promulguer une loi portant sur le code pénitentiaire. C’est quelque chose que nous saluons. Nous pensons qu’avec l’application de ce code il y aura du changement », a informé M. Tchibinda.

Pour lui, toutefois, il ne suffit pas d’adopter les lois et de les promulguer, mais il faut les appliquer. Car, selon lui, c’est cela qui pose problème. « Nous pensons qu’avec la promulgation de cette loi sur le code pénitentiaire, les conditions d’application seront mises en place, afin que les conditions des détenus soient un peu plus améliorées », a estimé le directeur exécutif de l’OCDH.

Treize décès dans un commissariat avaient été enregistrés en 2018, 6 en 2021.

 

Droits de l’homme : la CNDH veut renforcer son action en faveur des détenus

C’est ce qui ressort de la clôture de la 2ème session de l’assemblée plénière de la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH).

L’institution va renforcer son action en faveur de la personne et de son bien-être, particulièrement auprès des détenus. L’objectif est de permettre à ces détenus de jouir de leurs droits en milieux carcéral et correctionnel.

« Notre travail au quotidien sera l’examen des dossiers concernant principalement les violations des droits de l’homme », a indiqué le président de la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH), Gabriel Valère Eteka-Yemet, le 8 juillet à Brazzaville, lors de la clôture de la deuxième session de l’assemblée plénière de la structure.

Le programme d’activités 2020, adopté à cette occasion, prévoit, en effet, d’intensifier les visites des lieux de détention et de correction pour s’assurer que les droits des détenus sont respectés. Il n’est plus à démontrer que les conditions de détention dans les établissements pénitentiaires, de manière générale, sont jugées mauvaises dans tous les pays du monde avec bien sûr des différences notables d’un pays à l’autre. La CNDH, au plan national, promet donc d’ouvrir grands les yeux pour y veiller et contribuer activement à la réparation des violences de ces droits une fois constatées.

Lors de cette session, les sous-commissions droits civils et politiques, droits des peuples, équité et genre ont analysé le rapport annuel de l’Observatoire congolais des droits de l’homme qui a dénoncé un certain nombre des faits allant dans le sens de la violation de ces droits. L’assemblée plénière, considérant ce rapport comme une simple information, a proposé qu’il soit pris en compte pendant les visites des lieux de détention et de correction envisagées par la commission.

L’action de la CNDH s’étend sur toute l’étendue du territoire national. Pour ce faire, elle a inscrit dans son agenda le projet de mise en place des antennes dans tous les départements du pays. Ainsi, elle pourra avoir une vue nationale globale de la problématique des droits de l’homme, dresser des états annuels et apporter des solutions adéquates sans discrimination. « La CNDH constitue un espace de consultation, de dialogue entre les citoyens, les pouvoirs publics et la société civile. Nous lançons un message fort à tous nos compatriotes ainsi qu’aux étrangers résidant dans notre pays pour leur signifier notre volonté d’agir au service de la personne humaine », a fait savoir Gabriel Valère Eteka-Yemet.

L’accomplissement des missions de la CNDH ne peut se faire qu’avec un personnel ayant la maîtrise des différentes questions liées aux droits de l’homme.  « C’est pour cette raison que nous avons entrepris de nous former, de renforcer nos capacités dans notre domaine d’action », a expliqué le président de la CNDH. Il a, par ailleurs, souligné que les séances de formation au profit des commissaires et des autres collaborateurs se poursuivront sous la forme de formation des formateurs. Ainsi, les commissaires deviendront, à leur tour, des formateurs des hommes et femmes dont les professions touchent aux droits de l’homme.