En Caroline du Sud, l’électorat noir a le destin des candidats démocrates en main

Will Jackson a suivi trois des candidats à l’investiture démocrate, mais il n’arrive pas à décider lequel sera capable de battre Donald Trump en novembre. Son vote samedi, comme celui de la communauté noire de Caroline du Sud, sera pourtant un tournant dans la course à la Maison Blanche.

« Mon principal objectif est de voter pour quelqu’un qui battra Trump », souvent perçu par les minorités comme un président raciste ayant libéré la parole des suprémacistes blancs, assure à l’AFP cet ancien combattant de 73 ans.

Après trois scrutins disputés dans des Etats majoritairement blancs (Iowa, New Hampshire) ou à forte minorité hispanique (Nevada), celui de Caroline du Sud est le premier où la communauté afro-américaine aura une influence décisive.

Dans cet Etat, 60% des Noirs votent démocrate et leur soutien est crucial pour devenir l’adversaire du milliardaire républicain à la présidentielle de novembre.

Casquette de l’armée vissée sur la tête, M. Jackson a successivement suivi Pete Buttigieg, premier homosexuel à avoir une réelle chance d’obtenir l’investiture, l’ancien vice-président Joe Biden lors d’une réunion à Georgetown, puis le milliardaire et philanthrope Tom Steyer à Myrtle Beach.

Mais il reste indécis, alors que le scrutin de Caroline du Sud pourrait en outre influencer les résultats du « Super mardi » le 3 mars, quand voteront 14 Etats dont plusieurs avec une démographie similaire.

La Caroline du Sud est « un bon baromètre du vote des électeurs noirs au niveau national », dit à l’AFP Robert Greene, professeur d’histoire à l’Université Claflin. Et historiquement, tous les vainqueurs de la primaire dans l’Etat ont emporté l’investiture, à une exception près en 2004.

– Un candidat qui a ses chances –

« Joe Biden serait un grand président et s’il gagne, cela lancera sa campagne », explique Will Jackson. L’ancien vice-président américain, très populaire parmi la minorité noire, compte sur le scrutin de samedi pour revenir dans la course après des débuts ratés.

Ancien numéro deux de Barack Obama, premier président noir des Etats-Unis, Joe Biden s’est dit cette semaine sûr de sa victoire samedi grâce au soutien de cet électorat, son « pare-feu » comme le qualifie la presse locale.

« C’est la base de mon soutien, durant toute ma carrière. C’est l’une des raisons pour lesquelles Obama m’a choisi », a affirmé mardi M. Biden lors du dernier débat démocrate à Charleston.

A Georgetown, Ama Saran, retraitée d’une soixantaine d’années, fait la queue pour une réunion publique de M. Biden. Elle salue son « expérience » et voit en lui un « guerrier ».

Les autres candidats « ont toute une palette de choses qu’ils espèrent faire, mais qui ne se concrétiseront probablement pas », explique-t-elle.

« Je veux soutenir quelqu’un qui sait ce dont a besoin ce pays et qui a déjà montré qu’il sait comment lui fournir », dit Mme Saran.

La question est de savoir si, à 77 ans et après de multiples gaffes depuis le début de la campagne, M. Biden reste un candidat qui a des chances d’être élu face à Donald Trump.

Pour Kendall Deas, professeur de sciences politiques à l’Université de Charleston, Joe Biden « est connu des électeurs afro-américains (de l’Etat) et cela aide » mais « ils l’ont aussi vu trébucher » lors des premiers scrutins alors qu’il était en tête des sondages nationaux.

Il est donc normal que ces électeurs « considèrent les autres options et regardent qui sont les autres candidats ».

Bernie Sanders, qui fait désormais figure de grand favori malgré son étiquette « socialiste », attire les minorités en promettant un système de santé universel et gratuit.

Tom Steyer, qui finance sa campagne à coups de centaines de millions de dollars, veut lui indemniser les descendants d’esclaves.

La primaire de samedi est aussi cruciale pour Pete Buttigieg qui, à 38 ans, s’est fait critiquer pour sa gestion des problèmes raciaux à South Bend, ville moyenne de l’Indiana dont il a été maire de 2012 à 2020.

« Mayor Pete » a tenté de rassembler cette semaine en rencontrant le très respecté révérend Al Sharpton.

« Je suis conscient que je ne saurai jamais ce que ça fait de marcher dans la rue et de sentir les regards, d’être considéré dangereux à cause de ma couleur de peau », a-t-il déclaré. « Donc le mieux que je puisse faire est d’écouter ceux pour qui c’est le cas (…) et leur demander de construire une vision. »

Grèce: toujours des manifestations anti-migrants, appel au dialogue

Plus d’un millier d’habitants de Lesbos ont manifesté jeudi à Mytilène, chef-lieu de l’île, contre un nouveau camp de migrants, le gouvernement appelant au dialogue au lendemain de violents affrontements entre manifestants et policiers.

Plusieurs associations de commerçants de Lesbos et des syndicats proches du parti communiste grec, à l’origine de la manifestation, ont également appelé à la poursuite de la grève sur l’île. Les magasins étaient fermés jeudi pour la deuxième journée consécutive.

« Ni de camp fermé, ni de camp ouvert sur les îles », scandaient les manifestants qui ont marché pacifiquement.

Sur l’île proche de Chios, des centaines de personnes ont également manifesté jeudi et poursuivi la grève.

L’ambiance était plus calme sur ces îles jeudi après les violents incidents de mercredi ayant fait plus de 60 blessés, la plupart des policiers des forces anti-émeutes.

Après des semaines de pourparlers infructueux avec les autorités locales, le gouvernement avait envoyé lundi par bateau des engins de chantier et la police anti-émeutes, provoquant l’indignation des insulaires et les critiques de l’opposition de gauche.

« L’écrasante majorité des forces anti-émeutes ont quitté jeudi matin les îles et rentreront en Grèce continentale », a confirmé jeudi à l’AFP un porte-parole de la police, Thodoros Chronopoulos.

« 43 policiers ont été blessés légèrement à Lesbos mercredi mais ils sont hors de danger », a-t-il précisé.

Le porte-parole du gouvernement Stelios Petsas a indiqué que « la première phase des travaux de terrassement s’est achevée sur les sites de construction ( des camps à Lesbos et Chios) et que les forces policières devaient rentrer ».

– Face-à-face tendu –

La Grèce est redevenue en 2019 la première porte d’entrée en Europe des demandeurs d’asile. Devant l’augmentation du flux migratoire, le gouvernement conservateur avait annoncé en novembre que les camps surpeuplés de Lesbos, Samos et Chios en mer Egée seraient fermés cette année.

Ils seront remplacés par de nouvelles installations « fermées » d’une capacité d’au moins 5.000 personnes chacune, qui devraient être opérationnelles mi 2020, selon le gouvernement.

Plus de 38.000 demandeurs d’asile s’entassent dans des conditions sordides dans les camps actuels des îles de Lesbos, Samos, Chios, Leros et Kos, officiellement prévus pour 6.200 personnes.

Mais les habitants des îles s’opposent à la construction de nouveaux camps: vivant avec les migrants depuis 2015, année de la grande crise migratoire, ils réclament leur transfert en Grèce continentale et la construction de petits centres d’enregistrement d’un millier de personnes chacun.

« L’île est devenue une immense prison de migrants (…) nous avons exprimé notre solidarité toutes ces années, mais il faut décongestionner les îles », a indiqué Michael Hakas, 47 ans, employé à l’université de Mytilène, qui a manifesté jeudi.

Mercredi à Lesbos, le face-à-face tendu entre habitants et forces anti-émeutes a duré toute la journée: des centaines de personnes rassemblées à Antamanides, un village proche du site de construction d’un nouveau camp, ont jeté des pierres vers la police, qui a riposté avec du gaz lacrymogène, des grenades assourdissantes, un canon à eau et des balles en plastique, selon un photographe de l’AFP.

– Appel au dialogue –

Mercredi soir, environ 2.000 personnes ont manifesté devant une caserne où se trouvaient les policiers avant de tenter d’y pénétrer. La police anti-émeutes a riposté avec du gaz lacrymogène tandis que certains habitants ont tiré avec leurs carabines de chasse, selon un photographe de l’AFP.

A Chios, 2.000 personnes ont aussi manifesté contre la construction d’un nouveau camp. Selon des médias locaux, un groupe de manifestants a fait irruption dans une chambre d’hôtel occupée par des policiers et les a tabassés, en blessant huit.

Le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis a indiqué jeudi lors d’un conseil des ministres qu’une enquête serait ouverte après les dénonciations sur « l’usage de violence disproportionnée » par des habitants des îles où, selon lui, « il faut isoler les éléments extrêmes ».

Il a appelé les maires des îles à participer à une réunion jeudi soir à Athènes en vue d’apaiser la situation.

« Il faut privilégier le dialogue, la guerre a besoin d’une trêve », a indiqué jeudi Stigmatisé Karmans, le maire de Chios, à la radio RealFm, soulignant qu’il allait se rendre à Athènes pour participer à la réunion avec le Premier ministre.

L’Inde ébranlée par les violences intercommunautaires à Delhi

L’Inde était ébranlée jeudi par les violences intercommunautaires qui ont fait 33 morts à New Delhi, dans un contexte de polarisation croissante du géant d’Asie du Sud gouverné par les nationalistes hindous du Premier ministre Narendra Modi.

Des émeutiers armés de pierres, de sabres et parfois de pistolets ont semé le chaos et la terreur depuis dimanche dans des faubourgs populaires du nord-est de la capitale, éloignés d’une dizaine de kilomètres du centre. Des heurts autour d’une loi controversée sur la citoyenneté ont dégénéré en affrontements communautaires entre hindous et musulmans.

Quelques incidents isolés se sont produits dans la nuit de mercredi à jeudi dans la mégapole, mais aucune nouvelle flambée majeure n’est survenue. Les autorités ont déployé en nombre mercredi des policiers et paramilitaires en lourdes tenues antiémeute.

Sunil Kumar, directeur du principal hôpital de la zone, a indiqué à l’AFP avoir recensé 30 morts dans son établissement. Un autre hôpital a, lui, fait état de trois décès en lien avec ces affrontements.

Plus de 200 personnes ont aussi été blessées, beaucoup par balles. Cette flambée de violences intercommunautaires, pour laquelle la police a interpellé 100 personnes, est la pire à frapper la capitale depuis les massacres de Sikhs en 1984 en représailles à l’assassinat d’Indira Gandhi.

Selon une liste de personnes décédées dans le principal hôpital, que l’AFP a consultée, les victimes semblaient à peu près autant hindoues que musulmanes, à en juger d’après leur nom.

Lors de multiples incidents, des groupes armés hindous s’en sont pris à des lieux et à des personnes identifiés comme musulmans, au cri du slogan religieux « Jai Shri Ram » (« Loué soit le dieu Ram »).

Plusieurs mosquées ont été brûlées dans la zone. Un drapeau hindou, représentant le dieu-singe Hanuman, a été hissé sur le minaret d’une mosquée mise à sac, ont constaté des journalistes de l’AFP.

« Je m’inquiète des informations faisant état d’inaction de la police devant les attaques contre les musulmans par d’autres groupes », a déclaré jeudi Michelle Bachelet, Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme.

– Communauté internationale silencieuse –

Sur place jeudi, la tension restait prégnante et la méfiance régnait. Une équipe de l’AFP a fait face à des réactions extrêmement hostiles de la part d’habitants.

Dans le quartier d’Ashok Nagar, principalement composé d’hindous, les émeutiers ont incendié les maisons des familles musulmanes.

« Personne (des autorités, ndlr) n’est venu nous aider. C’est nos voisins hindous qui nous ont aidés. Ils nous ont assistés pour arroser le feu. Ils ont apporté des seaux d’eau. Ils nous préparent du thé. Ils nous demandent sans cesse si nous avons besoin de quelque chose », a témoigné Bilkis, une mère de sept enfants dont le domicile a été en grande partie endommagé.

Les capitales mondiales sont restées globalement silencieuses sur ces violences, à l’exception d’Ankara. Se posant de longue date en défenseur des musulmans dans le monde, le président turc Recep Tayyip Erdogan a dénoncé jeudi les « massacres » commis selon lui par les hindous contre les musulmans.

En visite d’État en Inde au moment de l’embrasement, le président américain Donald Trump a esquivé en conférence de presse une question sur le sujet, disant ne pas avoir discuté de ces émeutes avec Narendra Modi.

Les violences ont éclaté dimanche soir lorsque des groupes hindous se sont opposés à une manifestation de musulmans contre une loi controversée sur la citoyenneté. Cette législation, jugée discriminatoire pour les musulmans par ses détracteurs, est à l’origine d’un vaste mouvement de contestation qui secoue l’Inde depuis décembre.

La loi controversée a cristallisé les craintes de la minorité musulmane – 200 millions du 1,3 milliard d’Indiens – d’être reléguée au rang de citoyens de seconde classe, dans cette nation où les hindous représentent 80% et sujette à une crispation politico-religieuse ces dernières années.

Les détracteurs de Narendra Modi l’accusent de vouloir transformer l’Inde laïque en un pays purement hindou. Le chef de gouvernement indien, au pouvoir depuis 2014 et largement réélu l’année dernière, a appelé mercredi ses concitoyens à « la paix et la fraternité ».

Ses adversaires politiques pointent toutefois du doigt les discours incendiaires tenus par des responsables de son parti, notamment lors de la campagne pour des élections locales à Delhi au début de l’année.

Des représentants du Bharatiya Janata Party (BJP), avaient assimilé les manifestants contre la loi sur la citoyenneté à des « jihadistes », certains appelant même à les incarcérer ou à les abattre.

Les émeutes de Delhi « étaient en germe depuis longtemps », a estimé l’éminent intellectuel Pratap Bhanu Mehta dans une tribune publiée jeudi par le quotidien Indian Express.

« Il ne fait aucun doute que l’État aurait pu stopper la violence plus rapidement s’il l’avait voulu », a-t-il affirmé, s’inquiétant que ces événements soient « un prélude à un possible pogrom, ou au moins une ghettoïsation » des musulmans en Inde.

Afghanistan: un accord Etats-Unis/talibans et des incertitudes

Washington et les talibans doivent signer samedi à Doha un accord visant à préparer une sortie des Etats-Unis de la plus longue guerre de leur histoire et à lancer des discussions de paix inter-afghanes.

L’accord sera présenté comme le début d’une nouvelle ère pour l’Afghanistan, pays pauvre ravagé par la guerre depuis 40 ans, et laisse entrevoir la fin de l’intervention américaine lancée le 7 octobre 2001 en réponse aux attentats du 11-Septembre.

Mais personne ne sait de quoi sera fait l’avenir du pays après l’accord, avec des interrogations sur les intentions réelles des talibans et la capacité des protagonistes afghans à mettre fin à la crise politique.

Plus de 100.000 civils afghans ont été tués ou blessés au cours de la dernière décennie, selon l’ONU, et le conflit a coûté aux contribuables américains plus de 1.000 milliards de dollars (environ 914 mds d’euros) en frais militaires et de reconstruction depuis 2001.

Les négociations entre les talibans et les Etats-Unis, avec l’intermédiaire qatari, ont échoué à plusieurs reprises en raison de la violence qui continue de faire rage en Afghanistan.

Bien que le contenu de l’accord n’ait pas été dévoilé, on s’attend à ce que le Pentagone commence à retirer des troupes d’Afghanistan, où sont actuellement basés entre 12.000 et 13.000 hommes. Les Etats-Unis ont déclaré qu’un premier retrait au cours des prochains mois ferait baisser le nombre de soldats présents en Afghanistan à 8.600.

D’autres retraits pourraient suivre. Ils dépendraient des progrès des pourparlers de paix entre le gouvernement du président Ashraf Ghani et les talibans. Pour le moment, ces derniers considèrent le gouvernement comme une marionnette des Américains.

– « Opportunité historique » –

Les insurgés sont également censés garantir que l’Afghanistan ne sera plus utilisé par des groupes jihadistes tels qu’Al-Qaïda et le groupe Etat islamique (EI) pour lancer des attaques à l’étranger.

L’implantation d’Al-Qaïda sur le sol afghan avec la bénédiction des talibans a été la raison principale de l’intervention américaine du pays.

La signature de l’accord programmée pour samedi intervient après une trêve partielle d’une semaine en Afghanistan destinée à instaurer la confiance entre les belligérants et à montrer que les talibans peuvent contrôler leurs forces.

En dépit d’attaques isolées dans les zones rurales, le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a estimé mardi que la période de trêve « fonctionnait ». « Nous sommes à l’orée d’une opportunité historique pour la paix », a-t-il déclaré.

Jusqu’à 30 pays devraient être représentés lors de la signature de l’accord à Doha mais le gouvernement afghan n’enverra pas de délégué.

« Le gouvernement n’est pas là, nous ne faisons pas partie de ces négociations. Nous n’avons pas confiance dans les talibans », a expliqué à l’AFP un responsable afghan.

Les problèmes de confiance entre les deux parties afghanes alimentent le climat de crise politique, et les Etats-Unis refusent de soutenir pleinement la réélection d’Ashraf Ghani, des mois après un scrutin entaché d’allégations de fraude.

– « Fatigué de la guerre » –

Donald Trump a promis à plusieurs reprises de ramener les troupes américaines au pays et de mettre fin aux guerres « stupides » de l’Amérique.

Mais les analystes craignent une situation ingérable. Washington « va déclarer la victoire » et, si des problèmes surgissent, « dira +c’est la faute des Afghans+ », a déclaré à l’AFP Colin Clarke, chercheur au centre de réflexion Soufan Center.

« Quel intérêt les talibans ont-ils à respecter l’accord une fois qu’ils auront obtenu ce qu’ils veulent, à savoir le retrait des Etats-Unis ? », s’est-il interrogé.

Les Etats-Unis et les talibans étaient sur le point de s’entendre après la fin d’un neuvième cycle de négociations mais en septembre 2019, Donald Trump a torpillé le processus après la mort d’un militaire américain dans une attaque à Kaboul attribuée aux insurgés.

L’imprévisibilité du président américain pourrait faire échouer l’accord de Doha à la dernière minute, bien qu’il ait promis de mettre son nom sur un accord si la trêve partielle se prolongeait.

De son côté, le chef adjoint des talibans, Sirajuddin Haqqani, a écrit dans un éditorial paru dans le New York Times la semaine dernière que « tout le monde est fatigué de la guerre ».

« Les meurtres et les mutilations doivent cesser », a ajouté cet homme à la tête du réseau Haqqani, un groupe qualifié de terroriste par les États-Unis et considéré comme la branche la plus sanglante des rebelles.

Julian Assange: l’examen de sa demande d’extradition suspendue jusqu’à mai

La justice britannique a suspendu jeudi jusqu’au 18 mai l’examen de la demande d »extradition du fondateur de Wikileaks Julian Assange, réclamé par les Etats-Unis qui veulent le juger pour espionnage après la publication d’une masse de documents confidentiels.

Les audiences, qui ont commencé lundi et s’achèvent avec un jour d’avance sur le calendrier prévu, reprendront pour trois semaines à partir du 18 mai au tribunal de Woolwich (est de Londres) et la décision de la juge Vanessa Baraitser devrait être rendue à l’été.

L’Australien de 48 ans, qui comparaît dans un box vitré, et se plaint de ne pouvoir s’entretenir comme il l’entend avec ses avocats, s’est vu refuser jeudi de pouvoir prendre place à côté d’eux.

« Je ne peux pas leur donner de consignes », a déclaré jeudi Julian Assange.

« Il m’apparaît que vous n’avez aucun mal à attirer l’attention de vos avocats », a répliqué la magistrate, soulignant qu’il existait un éventail de possibilités, notes écrites et suspensions d’audience, qui pouvaient leur permettre de communiquer comme ils l’entendent.

Julian Assange est poursuivi aux Etats-Unis pour avoir diffusé à partir de 2010 plus de 700.000 documents classifiés sur les activités militaires et diplomatiques américaines, notamment en Irak et en Afghanistan. Il risque jusqu’à 175 ans de prison, en vertu des lois anti-espionnage de 1917 et pour piratage informatique.

Les Etats-Unis lui reprochent d’avoir mis en danger des sources des services américains. De leur côté, les avocats d’Assange dénoncent une procédure politique fondée sur des « mensonges ».

Pour statuer sur la demande d’extradition la justice britannique doit notamment s’assurer qu’elle n’est pas disproportionnée ou incompatible avec des droits de l’Homme.

Assange a été arrêté en avril 2019 après sept ans passés reclus à l’ambassade d’Equateur à Londres, où il s’était réfugié après avoir enfreint les conditions de sa liberté sous caution, craignant une extradition vers les Etats-Unis.

Syrie: les rebelles contre-attaquent à Idleb, le régime avance malgré tout

Jihadistes et rebelles ont repris jeudi aux forces du régime une ville stratégique de la province d’Idleb, infligeant un revers au régime de Bachar al-Assad dans son offensive dévastatrice contre cette région du nord-ouest du pays en guerre.

Malgré la contre-attaque de leurs adversaires, les forces du régime, aidées de l’allié russe, ont repris 20 localités et villages ailleurs dans la province, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Le Conseil de sécurité de l’ONU doit discuter de la Syrie jeudi mais jusqu’à présent les puissances occidentales se sont montrées incapables de stopper l’offensive du régime contre l’ultime grand bastion jihadiste et rebelle du pays.

Depuis décembre, plus de 400 civils ont péri dans l’assaut selon l’OSDH et plus de 948.000 personnes, dont plus de la moitié sont des enfants, ont été déplacées d’après l’ONU.

Les rebelles sont entrés le matin dans Saraqeb, une ville de l’est de la province d’Idleb, selon un correspondant de l’AFP les accompagnant. La ville est totalement vidée de ses habitants et les destructions sont énormes.

Les insurgés se sont déployés en grand nombre dans les rues. De violentes explosions sont entendues en provenance de la périphérie de la ville, où des affrontements opposent insurgés et jihadistes aux prorégime.

La ville de Saraqeb, qui avait été reconquise le 8 février par le régime, se trouve à la jonction de deux autoroutes que le pouvoir veut sécuriser pour consolider son emprise dans le nord su pays. En reprenant Saraqeb, jihadistes et rebelles coupent l’autoroute M5 reliant la capitale Damas à la métropole d’Alep (nord).

– « Assaut contre les civils » –

L’OSDH a fait état également de la reprise « par les jihadistes et les rebelles » de Saraqeb. Des raids aériens russes sont menés aux abords de la ville, a ajouté l’ONG.

A Damas, l’agence de presse officielle Sana a rapporté « des affrontements violents » entre l’armée et « des groupes terroristes sur l’axe de Saraqeb ».

Sana a accusé des forces de la Turquie, qui soutient certains rebelles et déploie des troupes à Idleb, d’apporter aux insurgés un appui militaire.

L’OSDH a affirmé que l’artillerie turque appuyaient des groupes rebelles.

La Turquie continue d’envoyer des renforts dans le nord-ouest syrien, réclamant un arrêt de l’offensive du régime.

Les affrontements sont devenus quasi-routiniers entre soldats turcs et forces syriennes. Jeudi, le ministère turc de la Défense a annoncé la mort de deux soldats à Idleb, tués dans une frappe aérienne.

Même s’ils appuient des parties rivales, des discussions sont prévues jeudi à Ankara entre militaires et diplomates de Russie et de Turquie sur la Syrie.

Mardi encore, plusieurs écoles ont été touchées par des bombardements qui ont tué 20 civils, selon l’OSDH.

« Cette crise réclame l’attention urgente des dirigeants du monde », a plaidé jeudi le Comité international de Secours, réclamant une trêve à Idleb et une intervention concrète du Conseil de sécurité. « Les parties en conflit doivent ressentir la pression pour mettre fin à cet assaut contre les civils. »

– Progression du régime –

Ce sont les jihadistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d’Al-Qaïda) qui dominent encore la moitié de la province d’Idleb et des secteurs attenants dans celles d’Alep, de Hama et de Lattaquié.

A la faveur de son offensive, le régime a reconquis des dizaines de villes et localités de ce bastion.

Jeudi, il a poursuivi sa progression reprenant 20 localités et villages dans le sud d’Idleb, selon l’OSDH.

« Le régime contrôle tout le sud de la province d’Idleb, de Maaret al-Noomane jusqu’au sud de Jisr al-Choughour », a indiqué à l’AFP le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane.

« Cette progression rapproche le régime de Jisr al-Choughour, mais aussi d’une reconquête de tous les territoires rebelles de Hama », selon lui.

Néanmoins pour des experts, la bataille de Jisr al-Choughour risque de s’avérer ardue pour le régime.

La ville est dominée par les jihadistes du Parti islamique du Turkestan (TIP), dont les membres appartiennent majoritairement à la minorité musulmane ouïghoure de Chine.

Avec le soutien de l’allié russe, de l’Iran et du Hezbollah libanais dans le conflit, le pouvoir syrien a multiplié les victoires ces dernières années jusqu’à reprendre le contrôle de plus de 70% du pays.

Déclenchée en mars 2011 par la répression de manifestations pacifiques, la guerre en Syrie s’est complexifiée avec l’intervention d’acteurs régionaux et internationaux, outre celle de groupes jihadistes. Elle a fait plus de 380.000 morts.

En Italie, Macron affiche « la solidarité européenne » face au coronavirus

Le président français Emmanuel Macron a affirmé jeudi la nécessité d’une « solidarité européenne » face à la crise du coronavirus, en s’affichant aux côtés des dirigeants de l’Italie, le pays européen le plus touché par l’épidémie.

« Dans ce moment particulier, je suis très heureux d’être aux côtés de nos amis italiens », a déclaré Emmanuel Macron à son arrivée à Naples pour le 35e sommet franco-italien.

« Il est important de montrer que les mesures sanitaires sont prises par chaque pays avec une coordination européenne très étroite », a-t-il ajouté aux côtés du Premier ministre italien Giuseppe Conte. Il a ainsi rappelé que les ministres de la Santé de l’Union européenne s’étaient réunis la veille à Rome.

Les pays voisins de l’Italie ont décidé de maintenir ouvertes leurs frontières, même si certains responsables politiques ont appelé à la mise en place de contrôles plus étroits.

Les autorités italiennes ont maintenu le sommet de Naples en dépit du choc provoqué dans le pays par la brutale apparition, ces derniers jours, de l’épidémie de pneumonie virale partie de Chine en décembre.

Avec 528 cas de personnes positives au virus et 14 morts, la péninsule est devenue une plateforme de diffusion sur le reste du continent. Rome a pris des mesures drastiques en plaçant onze villes en quarantaine dans le Nord, en Lombardie et Vénétie.

Cependant, aucun signe d’inquiétude n’était palpable dans les rues de Naples où Giuseppe Conte et Emmanuel Macron ont déambulé sans mesures d’hygiène visible sous un beau soleil de printemps. Très rares étaient les habitants ou les touristes à porter un masque de protection.

Présent à Naples, le ministre italien des Affaires étrangères Luigi Di Maio a d’ailleurs appelé les touristes étrangers à ne pas fuir la péninsule, regrettant que les informations présentent toute l’Italie comme une zone à risque alors que seules quelques zones sont concernées.

« Nos enfants vont à l’école. Si nos enfants vont à l’école, alors les touristes et les entrepreneurs peuvent également venir », a lancé M. Di Maio à la presse étrangère à Rome.

Pour sa part, Emmanuel Macron est arrivé en Italie après une visite organisée à la dernière minute à l’hôpital parisien où est décédé mercredi le premier Français victime du coronavirus. « On a devant nous une crise, une épidémie qui arrive (…) On va devoir l’affronter au mieux », a-t-il prévenu.

« Nous continuons de prendre les décisions qui s’imposent à la lumière de ce que les scientifiques et les médecins nous disent », a-t-il ensuite assuré à Naples.

– Climat apaisé –

Ce 35e sommet franco-italien, le premier depuis celui de Lyon (centre-est de la France) fin 2017, a été présenté comme celui de « la relance » des relations bilatérales après une période de tensions.

Pendant plus d’un an, Paris et Rome ont mené une guerre des mots qui a culminé avec le rappel temporaire de l’ambassadeur français en Italie, la plus grave crise diplomatique transalpine depuis 1945.

L’ex-ministre de l’Intérieur italien Matteo Salvini, patron de la Ligue, un parti d’extrême droite, avait pris pour cible privilégiée Emmanuel Macron, dont il avait fustigé l' »arrogance » et l' »hypocrisie » en matière d’immigration.

De son côté, Emmanuel Macron avait fait de Matteo Salvini son « opposant principal » en Europe et avait fustigé la « lèpre nationaliste ».

Les relations se sont progressivement apaisées depuis l’avènement, en septembre 2019, d’un gouvernement de coalition entre le Mouvement 5 Etoiles (M5S, anti-establishment) et le Parti démocrate (centre gauche), Matteo Salvini retournant dans l’opposition.

Paris et Rome sont désormais « sur la même ligne » sur de nombreux dossiers européens, comme celui de l’accueil des migrants en Méditerranée.

A l’occasion du sommet – auquel participent 11 ministres français et 12 italiens – les deux pays devaient signer un accord pour soutenir la coentreprise Naviris, récemment créée par l’italien Fincantieri et le français Naval Group, et discuter de l’avenir de la ligne ferroviaire Lyon-Turin, qu’ils espèrent faire financer à hauteur de 50% par des fonds européens.

Autre sujet de friction il y a peu, le dossier libyen fait désormais l’objet d’un « alignement », selon la présidence française, entre Paris et Rome, qui travaillent à la relance de la mission navale Sophia, désormais centrée sur le contrôle de l’embargo sur les armes à destination de la Libye.

MM. Macron et Conte devaient affirmer leur volonté de signer dans les prochains mois le Traité du Quirinal (nom du siège de la présidence italienne), annoncé en 2017, pour donner « un cadre plus stable et ambitieux » à la coopération franco-italienne.

Nigeria: un soldat tue quatre de ses collègues avant de se suicider

Un soldat stationné dans le nord-est du Nigeria, région au coeur de l’insurrection jihadiste où de nombreux soldats ont perdu la vie au cours des dernières années, a tué quatre de ses collègues avant de se suicider, a annoncé l’armée.

« Le caporal est devenu fou furieux et a tué quatre de ses collègues avant de retourner l’arme contre lui », a déclaré le porte-parole de l’armée Sagir Musa, dans un communiqué publié mercredi soir.

Deux autres soldats grièvement blessés ont été transportés à l’hôpital de Maiduguri, la capitale de l’Etat du Borno, à plus de 200 km de leur base de Malam Fatori, à la frontière avec le Niger.

Les circonstances du drame n’ont pas encore été déterminées, mais M. Musa a affirmé qu’une enquête a été ouverte.

Le quotidien des soldats nigérians stationnés dans le nord-est du pays est particulièrement difficile.

Les troupes se plaignent régulièrement sur les réseaux sociaux de ne pas recevoir leur solde, du manque de moyens mis à leur disposition ou d’absence de permissions pour aller visiter leur famille.

Le groupe de l’Etat Islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap), branche de Boko Haram qui a prêté allégeance à l’EI en 2016, mène des attaques ciblées et très régulières contre les troupes stationnées dans le nord-est, qui ont fait des dizaines voire des centaines de morts dans les rangs de l’armée depuis ces dernières années.

En août 2018, des centaines de soldats ont manifesté à l’aéroport de Maiduguri pendant plusieurs heures, réclamant le droit de pouvoir visiter leur famille.

Le conflit entre les forces armées nigérianes et Boko Haram a fait 35.000 morts depuis 2009. Deux millions de personnes ne peuvent toujours pas regagner leurs foyers.

Ce conflit s’est étendu au Niger, au Tchad et au Cameroun voisins.

Bissau: un candidat à la présidentielle se fait investir malgré la contestation

L’un des candidats à la présidentielle en Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embalo, a prévu de se faire investir président jeudi dans un hôtel de luxe de Bissau, malgré la contestation persistante autour du résultat de l’élection dans ce pays à l’histoire tumultueuse.

M. Embalo compte se faire introniser dans un établissement placé sous bonne garde militaire, alors que la Cour suprême est toujours saisie d’un recours de son adversaire au second tour de la présidentielle du 29 décembre.

Le Premier ministre en exercice, Aristides Gomes, reconnu par la communauté internationale, a dénoncé une tentative de « coup d’Etat » de la part de M. Embalo, dans un pays qui en est coutumier.

M. Embalo, ancien général, ex-Premier ministre et candidat de l’opposition au parti historique PAIGC, a été donné vainqueur par la commission nationale électorale avec 53,55% des voix.

La commission crédite de 46,45% des votes son adversaire Domingos Simoes Pereira, président du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap Vert (PAIGC), la formation qui domine la politique de cette ancienne colonie portugaise depuis son indépendance en 1974.

M. Pereira et le PAIGC dénoncent des fraudes, réclament qu’on recompte les bulletins et s’en remettent à la Cour suprême d’une décision finale. La Guinée-Bissau se retrouve ainsi en proie depuis deux mois à un imbroglio post-électoral dont n’a pas besoin ce petit pays pauvre d’environ 1,8 million d’habitants confronté à une multitude de défis.

M. Embalo, 47 ans, qui a fait campagne sur le thème de la rupture avec le PAIGC, dit que la décision n’appartient pas à la Cour suprême et fait valoir que la commission électorale, sommée par la Cour suprême de vérifier les résultats, les a confirmés à plusieurs reprises.

– L’inconnue internationale –

Il a choisi de passer outre l’arrêt attendu de la Cour suprême, mais aussi l’approbation du président en exercice du Parlement. Le déploiement d’un dispositif militaire important dans et autour de l’hôtel où a lieu la cérémonie indique que l’armée, acteur de bien des crises bissau-guinéennes, a choisi de laisser faire.

On ignore la réaction de la communauté internationale. La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédeao), partenaire et médiatrice historique dans le pays, a félicité M. Embalo en janvier. Sollicitée à plusieurs reprises pour savoir si M. Embalo serait à présent considéré officiellement comme le président, elle n’a pas répondu.

Egalement interrogé par l’AFP, le département d’Etat américain a renvoyé mercredi aux félicitations adressées en janvier à M. Embalo par les Etats-Unis.

Cet imbroglio est le dernier épisode en date d’une histoire contemporaine chaotique. Depuis l’indépendance, la Guinée-Bissau a connu quatre coups d’Etat et seize tentatives plus ou moins avancées, plus qu’aucun pays dans le monde en dehors de la Somalie, selon un centre de recherche.

Le dernier putsch remonte à 2012. Depuis la présidentielle de 2014, le pays s’est engagé sur la voie d’un retour à l’ordre constitutionnel, ce qui ne l’a pas préservé de turbulences à répétition, mais sans violence, entre le camp du chef de l’Etat sortant José Mario Vaz et celui du chef du PAIGC.

La stabilité est pourtant un enjeu majeur. Le pays est l’un des plus démunis du monde. L’instabilité et la pauvreté y ont favorisé l’implantation de narcotrafiquants, qui utilisent le territoire pour faire transiter la cocaïne d’Amérique latine vers l’Europe, avec la complicité suspectée de cadres de l’armée.

La Guinée-Bissau était classée 172e sur 180 pays en 2018 par Transparency International, ONG spécialisée dans la lutte contre la corruption.

Face à ses maux, le pays a un pressant besoin de réformes auxquelles la paralysie des dernières années ne s’est pas prêtée.

Nigeria: 24 bébés et des adolescentes enceintes libérées d’une « usine à bébés »

La police nigériane a libéré 24 bébés et quatre adolescentes enceintes d’une maternité illégale dans la ville pétrolière de Port-Harcourt dans le sud du Nigeria, a annoncé mardi un porte-parole de la police.

« Lors d’une opération d’infiltration menée mardi, nos hommes ont découvert une organisation s’adonnant à la traite d’enfants à Woji à Port-Harcourt où 24 bébés âgés entre un et deux ans et quatre adolescentes enceintes ont été secourus », a précisé à l’AFP Nnamdi Omoni.

Il a ajouté que les victimes « fragiles et mal nourries » ont été hospitalisées. Des enquêtes sont en cours pour retrouver les personnes qui ont dirigé cet établissement.

Plusieurs autres « usines à bébés » du même type ont été découvertes ces dernières années par la police nigériane. Dans certains cas, les bébés pourraient faire l’objet de rituels de magie noire.

Les opérations de police visant à fermer ces « usines » sont relativement fréquentes au Nigeria, notamment dans le sud. Des jeunes filles piégées avec des promesses d’emplois se retouvent enceintes et forcées d’accoucher des enfants à « vendre ».

Les bébés garçons sont généralement vendus pour 500.000 nairas (1.400 USD, 1.250 euros) tandis que les filles sont « vendues » pour 300.000 nairas, a indiqué la police dans des cas précédents.

Riche en pétrole, le Nigeria possède une des plus grandes économies d’Afrique, mais il est un des pays au monde qui compte le plus d’habitants vivant dans une pauvreté extrême.

L’Unesco a classé le trafic d’êtres humains en troisième place des crimes les plus fréquents commis au Nigeria, après la corruption et le trafic de drogue.

L’UA voit des divergences avec l’UE sur l’homosexualité et la CPI

Le président de la commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a pointé du doigt jeudi les « différences » entre Africains et Européens sur les questions de justice internationale ou de droits des homosexuels, lors d’un sommet destiné à renforcer les liens entre les deux continents.

« Certainement, nous avons nos différences: la justice criminelle internationale, l’orientation et l’identité sexuelle, la peine de mort, la centralité de l’Union africaine dans certaines crises, etc… », a déclaré M. Faki lors d’une conférence de presse marquant l’ouverture à Addis Abeba d’un sommet UA/UE.

Qualifiant ces différences de « normales », il a estimé qu’Africains et Européens devaient les reconnaître et les accepter pour les surmonter.

Le sommet de jeudi marque la deuxième visite de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, au quartier général de l’UA à Addis Abeba, depuis sa prise de fonction le 1er décembre.

Une semaine après avoir commencé à occuper son poste, elle avait choisi la capitale éthiopienne pour son premier déplacement hors de l’UE, afin de lancer un « fort message politique » sur la force du partenariat entre l’Europe et l’Afrique.

Mme von der Leyen travaille actuellement à l’élaboration d’une nouvelle « stratégie africaine » pour l’UE, qui devrait être dévoilée en mars.

Lors de son discours d’ouverture, elle a affirmé que les deux continents étaient des « partenaires naturels », et a mis l’accent sur les secteurs de coopération potentiels pour eux comme le commerce et la lutte contre le réchauffement climatique.

Puis lors de la conférence de presse, elle a estimé que les deux blocs devraient être en mesure de travailler ensemble malgré les divergences mises en exergue par M. Faki.

« C’est l’essence même d’un bon partenariat et d’une bonne amitié », a-t-elle déclaré. « Vous bâtissez sur des fondations solides avec des projets sur lesquels vous pouvez travailler, et vous êtes capables de dire très clairement quelles sont vos différences ».

« Nous essayons de convaincre, mais nous reconnaissons qu’il y a des positions différentes », a-t-elle ajouté. « Nous ne devons pas nous attendre à ce que l’Union africaine s’adapte à l’Union européenne. »

La majorité des pays africains disposent de législations interdisant ou réprimant l’homosexualité, parfois punie de la peine de mort.

Et plusieurs pays africains ont résisté aux efforts de la Cour pénale internationale (CPI) pour juger des dirigeants du continent, le Burundi devenant même en 2017 le premier pays au monde à s’en retirer.

L’UE cherchera à utiliser le sommet de jeudi pour promouvoir le commerce et la coopération économique, afin de répondre « au flot d’investissements chinois sur le continent », a estimé Mikaela Gavas, experte auprès du Center for Global Development (CGD).

Mais la question des droits de l’homme reste un sujet potentiel de confrontation, a-t-elle mis en garde. « Les pays africains ne voudront pas qu’on leur donne des leçons sur la gouvernance et les droits de l’homme. »

Risque de « crise humanitaire majeure » au Zimbabwe, selon le FMI

Le Zimbabwe est confronté à un risque de « crise humanitaire majeure », selon le Fonds monétaire international (FMI), qui table pour 2020 sur une croissance quasi-nulle de son économie et la persistance d’une grave insécurité alimentaire.

« Dans la perspective d’une nouvelle récolte insuffisante, la croissance devrait tourner autour de zéro et les pénuries de nourriture continuer », a écrit jeudi le FMI.

« Si le budget 2020 (du pays) inclut une hausse significative des dépenses sociales, elle ne suffira probablement pas à satisfaire tous les besoins. Faute d’une hausse de l’aide, les risques d’une crise humanitaire majeure sont élevés », a ajouté l’institution financière après sa dernière inspection dans le pays.

Le Zimbabwe est englué depuis vingt dans une crise économique sans fin, qui s’est récemment aggravée avec le retour de l’hyperinflation, des pénuries de produits de base et des coupures d’électricité généralisées.

Comme le reste de l’Afrique australe, le pays souffre en outre d’une grave sécheresse qui pèse sur les récoltes.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies estime que la moitié de ses 15 millions d’habitants se trouve actuellement en situation de grave insécurité alimentaire.

Malgré ses promesses maintes fois répétées, le président Emmerson Mnangagwa, qui a succédé fin 2017 à l’autocrate Robert Mugabe, ne parvient pas à redresser le pays.

Il y a un an, la hausse des prix de l’essence avait provoqué des émeutes meurtrières, sévèrement réprimées par le régime.

Dans sa déclaration, le FMI a exhorté le Zimbabwe à renouer au plus vite avec la communauté internationale afin d’obtenir la levée des sanctions qui le frappent depuis l’ère Mugabe.

L’aide humanitaire prise entre deux feux au Cameroun anglophone

Humanitaires kidnappés, convois pillés, civils attaqués lors des distributions alimentaires: au Cameroun anglophone, ravagé par de sanglants combats entre militaires et rebelles indépendantistes mais aussi les exactions et crimes des deux camps, porter assistance aux civils est de plus en plus périlleux.

En une semaine, trois distributions dans les deux régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ont été empêchées, voire endeuillée, selon des témoignages recueillis au téléphone par l’AFP.

Le 19 février, un homme de 29 ans a été tué par balle à Ekona, dans le Sud-Ouest, par des militaires qui ont attaqué des villageois attendant des rations alimentaires d’une ONG partenaire du Programme alimentaire mondial (PAM), selon cette agence de l’ONU et des témoins.

« Nous étions 220 déplacés sortis de la brousse où nous nous cachons, quand dix militaires sont arrivés et nous ont frappés », raconte l’un d’eux, sous couvert de l’anonymat, ajoutant: « Ils ont mis de côté sept hommes, qu’ils suspectaient d’être des séparatistes, et ont tiré dans la jambe d’un jeune, qui s’est vidé de son sang ». Un meurtre confirmé par un autre villageois et le responsable d’une organisation humanitaire régionale.

Ce sont des « tentatives de désinformation » qui visent « à ternir l’image de nos forces », a réagi auprès de l’AFP le porte-parole de l’armée, le colonel Cyrille Atonfack Guemo.

Selon lui, le camion du PAM aurait été pris « accidentellement entre deux feux », militaires contre « terroristes sécessionnistes ». « Il est inconcevable que l’armée, dont la mission est de travailler à l’amélioration des conditions de vie (…), s’oppose en même temps au travail des organisations humanitaires », affirme l’officier.

– Traces de torture –

Selon un des témoins, les « mêmes soldats » avaient déjà attaqué une distribution au même endroit deux mois plus tôt. « Le 24 décembre, un volontaire de l’ONG a été arrêté, retenu dans une gendarmerie, et son corps, présentant des traces de torture, a été retrouvé début janvier », a confirmé à l’AFP un responsable d’un organisation humanitaire, qui ne veut pas être nommé.

Le 20 février, c’est une distribution de Caritas à Bafmeng, dans le Nord-Ouest, qui a essuyé une attaque, d’un groupe armé cette fois. Environ 70 personnes, dont 50 enfants, ont dû se réfugier dans le camion de l’ONG qui a quitté précipitamment les lieux, témoigne son directeur au Cameroun, le père Paul Njokikang.

Le prêtre assure aussi qu’il a été pris en otage par des groupes armés séparatistes à trois reprises au cours d’opérations humanitaires et détenu 24 heures par l’armée.

Dans la même région, en novembre, un humanitaire avait été tué par des hommes armés, selon l’ONU.

L’aide médicale n’est pas épargnée: le 19 février, des militaires ont poursuivi une voiture jusque dans l’enceinte d’un hôpital soutenu par Médecins sans frontière (MSF), dans le Nord-Ouest. Sur le parking réservé aux ambulances, un des militaires a ouvert le feu tuant le conducteur, selon l’ONG.

« Le soldat a été immédiatement mis aux arrêts » et « une enquête aussitôt ouverte », plaide le ministère de la Défense.

MSF a appelé « toutes les parties prenantes (…) au respect absolu des installations médicales, des ambulances, du personnel médical et des patients », rappelant que ses équipes « ont fait l’objet de menaces régulières, notamment d’intimidation armée, de la part des différentes parties ».

« Nous sommes pris entre deux feux », se plaint aussi Ayah Abine, président de l’ONG camerounaise Ayah Foundation.

– Kidnappé trois fois –

« J’ai été menacé par des militaires » en apportant l’aide à des réfugiés, explique-t-il, ajoutant: « des groupes armés ont aussi kidnappé des membres de mon ONG trois fois ».

M. Abine a été convoqué le 20 février chez les gendarmes à Yaoundé, suspecté de livrer des armes aux séparatistes, puis relâché sans poursuites.

Plusieurs responsables d’ONG internationales ont assuré à l’AFP que Ayah Foundation était neutre. « C’est de l’intimidation », commente l’un d’eux.

Il émerge « un sentiment de méfiance vis-à-vis de certaines organisations humanitaires, dont des actes contribuent à installer le doute quant à leur intégrité », réagit le colonel Atonfack. « Des ambulances appartenant à MSF ont été retrouvées transportant des combattants armés ainsi que des armes et munitions », accuse-t-il.

MSF « réfute de la façon la plus catégorique qui soit ce type d’accusations, graves et dangereuses pour nos patients et nos équipes », s’emporte l’ONG internationale auprès de l’AFP, assurant que ses « ambulances ne servent qu’à transporter des patients non armés, ayant besoin de soins immédiats, sans discrimination ».

« Un grand nombre d’incidents contre des humanitaires sont rapportés, des convois pillés, des kidnappings… Or l’aide est déjà en deçà des besoins », s’inquiète Jérôme Fontana, chef des opérations du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) au Cameroun.

Depuis trois ans, le conflit a fait plus de 3.000 mort et forcé près de 700.000 personnes à fuir leur domicile. La majorité des écoles et centres de santé ont fermé. Des villages entiers ont été brûlés.

« Nous vivons dans la peur, dans la brousse avec les animaux sauvages, où des femmes accouchent. Il n’y a ni eau potable, ni nourriture décente », s’émeut un des déplacés d’Ekona, qui a peur se rendre aux distributions d’aide.

Dans les deux régions, seuls 32,17% des besoins humanitaires ont été financés en 2019, selon l’ONU. Mais « le principal obstacle n’est pas financier, c’est le manque de sécurité », assène M. Fontana.

La corruption pèse toujours sur l’Angola, malgré la chute de la maison dos Santos

Depuis vingt ans qu’il fait des affaires en Angola, Antonio Almeida a appris à louvoyer entre les écueils de la corruption au quotidien. A 44 ans, cet ambitieux patron sait mieux que tout autre combien elle gangrène l’économie du pays.

« La corruption a causé tant d’inégalités et de difficultés », déplore-t-il dans son bureau de la Galeria Vida, le centre commercial de la banlieue de Luanda qu’il a ouvert en 2016. « Si vous aviez besoin d’une autorisation pour votre commerce, il n’y avait pas d’autre choix que de payer ».

S’il utilise l’imparfait, c’est qu’Antonio Almeida est persuadé que l’ère des backchiches, des passe-droits et des arrangements entre amis qui a longtemps prévalue sera bientôt finie.

Depuis son arrivée au pouvoir il y a deux ans et demi, le nouveau président angolais Joao Lourenço a fait de la lutte contre la corruption sa priorité.

Au fil des mois, il a méthodiquement limogé tous les patrons d’entreprises publiques, hauts-fonctionnaires et gradés de l’appareil militaro-policier du pays réputés proches de son prédécesseur Jose Eduardo dos Santos.

Maître sans partage de l’Angola pendant trente-huit ans, M. dos Santos, 77 ans aujourd’hui, est accusé d’avoir mis l’économie du deuxième producteur pétrolier du continent en coupe réglée au profit d’une poignée de proches.

Emblème de ce système, sa famille n’a pas été épargnée par le nettoyage lancé par le nouvel homme fort du pays.

Le fils dos Santos, Jose Filomeno, est jugé depuis décembre pour avoir détourné 500 millions de dollars des comptes du fonds souverain angolais qu’il dirigeait. Et sa milliardaire de fille Isabel a été inculpée d’en avoir siphonné le double des comptes de la compagnie pétrolière nationale.

Aujourd’hui à la tête d’un empire financier, Mme dos Santos nie ces accusations et crie à la « persécution politique ».

– Népotisme –

Pas de quoi émouvoir Antonio Almeida, qui considère comme catastrophique le bilan économique de l’ancien régime.

Auparavant habitué à une croissance à deux chiffres, l’Angola a été frappé de plein fouet par la chute des cours de l’or noir en 2014. La devise nationale, le kwanza, et l’activité ont brusquement plongé. Quant à l’inflation, elle n’en finit plus de galoper et d’enfoncer un peu plus le pays dans la pauvreté.

L’entrepreneur luandais a dû fermer cinq de ses sept boutiques de luxe, en faillite car sa clientèle des classes moyennes a vu fondre son pouvoir d’achat.

Récemment encore, il a renoncé à ouvrir un nouveau centre commercial faute de soutien des banques. « Le projet coûtait initialement 100 million kwanzas (202.000 dollars) », enrage-t-il, « il serait aujourd’hui de 300 millions… »

Malgré les promesses de relance du chef de l’Etat, la situation de l’économie reste préoccupante. Après trois années de récession, la Banque africaine de développement (BAD) ne table sur un fragile retour de la croissance que cette année.

« L’économie reste largement en-deçà de ses capacités. Les liquidités manquent et, plus grave, la dette se creuse », détaille Robert Besseling, consultant chez EXX Africa.

Dans ce contexte, la lutte anticorruption vise d’abord, selon lui, à retrouver des liquidités. « Cela soulagerait au moins temporairement l’économie et, dans la foulée, la population locale », estime M. Besseling.

La semaine dernière, le président Lourenço a répété publiquement à Luanda sa volonté de remettre la main sur « les avoirs illégalement sortis » du pays.

Le Fonds monétaire international (FMI) a encouragé son gouvernement à poursuivre sur cette voie en lui accordant en décembre un prêt de 247 millions de dollars.

– Fin de l’impunité –

L’économiste Yuri Quixina, de l’université Agostinho Neto de Luanda, avertit toutefois que la lutte anticorruption est un travail de longue haleine. « Pendant que nous y travaillons (…) le plus important est que la communauté internationale y croit et fasse des investissements », souligne-t-il.

Malgré les promesses du président Lourenço, la rue angolaise attend toujours un mieux dans sa vie quotidienne.

Ainsi Eva Mateus, qui vend des ustensiles de cuisine au marché « congolais » de Luanda. « Je suis enseignante diplômée », lâche-t-elle, « sans corruption, je n’en serais pas là ».

« Les choses ne sont pas simples ces derniers temps », renchérit une de ses collègues, boulangère, dans les allées largement vides de clients du marché. « On ne sait pas pourquoi », rouspète Maria Eunice, 43 ans, « personne ne peux nous expliquer pourquoi les prix augmentent ».

D’autres, plus pessimistes, ne croient tout simplement pas à un quelconque changement.

« Ici, tout le monde est encore impliqué. Si vous connaissez quelqu’un (…) il suffit toujours de le payer pour qu’il fasse ou vous donne ce que vous voulez », note Joao Pande, 30 ans, devant son garage de la capitale.

Le mécanicien regrette même que la lutte contre la corruption ait compliqué les affaires. « Ça a causé beaucoup d’incertitude, franchement je ne sais pas ce que ça va apporter au pays ».

L’entrepreneur Antonio Almeida, lui, veut croire que le combat est en train de porter ses fruits.

« Dans certains cas, certaines institutions sont devenues plus sérieuses (…) les gens comprennent mieux qu’il ne doivent pas demander d’argent pour traiter nos demandes », se réjouit-il, « ils ont pris conscience que le temps de l’impunité était révolu ».

Les manifestations se raréfient, Hong Kong réduit ses effectifs anti-émeute

Les policiers hongkongais réaffectés depuis des mois aux forces anti-émeute vont commencer à reprendre leurs missions régulières, comme la lutte contre la criminalité ou la régulation du trafic, en raison de la raréfaction des manifestations prodémocratie, ont annoncé jeudi les autorités.

Cette annonce est intervenue au lendemain de la présentation du nouveau budget de la région semi-autonome, qui impliquera notamment une augmentation de 25% du budget de la police et le recrutement de 2.500 nouveaux officiers.

L’ex-colonie britannique a connu de juin à décembre 2019 sa pire crise politique depuis sa rétrocession à la Chine en 1997, avec des manifestations parfois quotidiennes pour demander notamment des réformes démocratiques.

Ces rassemblements ont parfois dégénéré en affrontements violents entre manifestants radicaux et policiers.

Les manifestations ont perdu en ampleur à partir de décembre, en partie à cause de la fatigue des protestataires et des multiples arrestations. Le triomphe des pro-démocratie aux élections locales de novembre avait en outre débouché sur une phase de réflexion sur la stratégie au sein du mouvement.

L’épidémie de coronavirus et les risques de contagion dans les rassemblements ont achevé de doucher en janvier les ardeurs des manifestants, même si ces derniers affirment ne pas avoir dit leur dernier mot.

« Compte-tenu du fait que les manifestations violentes de grande ampleur se sont récemment raréfiées, la police déploiera par phase et avec plus de flexibilité ses agents dans les brigades anti-émeutes, pour renforcer les autres équipes de terrain dans leur tâche de maintien de l’ordre, notamment dans les missions de prévention et d’élimination de la criminalité et dans le contrôle de la circulation », a annoncé la police dans un communiqué.

Plus de 7.000 personnes ont été arrêtées en marge des manifestations et la police a tiré sur la période environ 30.000 projectiles comme les grenades lacrymogènes ou les balles en caoutchouc.

Les forces de l’ordre ont été maintes fois accusées de violences par les manifestants. Ces derniers exigent d’ailleurs une enquête indépendante sur ce qu’ils présentent comme des actes de « brutalité policière ».

La police s’est défendue en disant avoir utilisé un niveau de force approprié alors qu’elle était aux prises avec des émeutiers violents qui n’hésitaient pas à jeter des briques, des pierres ou à projeter du liquide corrosif.

Mais les sondages conduits auprès des Hongkongais pointent vers une perte de confiance de la population envers sa police, naguère très respectée pour son professionnalisme.

Aucun policier n’a été sanctionné pour son comportement lors des manifestations. La « police des police » locale a ouvert des enquêtes sur un certain nombre de plaintes. Mais ses détracteurs l’accusent de manquer d’objectivité.

Macron à Naples pour un sommet avec l’Italie perturbé par le coronavirus

Le président français, Emmanuel Macron, et le Premier ministre italien, Giuseppe Conte, vont afficher jeudi l’entente retrouvée entre Paris et Rome à l’occasion d’un sommet franco-italien perturbé par la crise du coronavirus.

Les autorités italiennes ont maintenu cette réunion, prévue de longue date, en dépit de la propagation de l’épidémie de pneumonie virale partie de Chine en décembre, qui polarise l’attention des autorités à Rome comme à Paris.

L’Italie, où le nombre de contaminations a fait boule de neige depuis vendredi, est devenue le pays d’Europe le plus affecté avec plus de 400 cas et 12 décès, selon le dernier bilan des autorités.

Moins touchée, la France a recensé 17 cas et deux décès dont un premier mort Français, annoncé mercredi et qui n’avait pas du tout voyagé dans les zones à risque.

Pour Paris, « il est important d’être présent » aux côtés des Italiens et de « coopérer » dans ce « contexte difficile ».

Aucun sommet franco-italien n’a été organisé depuis celui de Lyon fin 2017, une absence qui témoigne de la période de tensions traversée par les relations entre les deux « soeurs latines » de l’Europe.

En effet, pendant plus d’un an, Paris et Rome se sont livrés à une guerre des mots, qui a culminé avec le rappel temporaire de l’ambassadeur français en Italie, la plus grave crise diplomatique transalpine depuis 1945.

L’ex-ministre de l’Intérieur italienn Matteo Salvini, patron du parti souverainiste de La Ligue, avait pris pour cible privilégiée Emmanuel Macron dont il avait fustigé l' »arrogance » et l' »hypocrisie » en matière d’immigration.

De son côté, Emmanuel Macron avait fait de Matteo Salvini son « opposant principal » en Europe et fustigé la « lèpre nationaliste ».

– Relations apaisées –

Les relations se sont progressivement apaisées depuis l’avènement, en septembre 2018 d’un nouveau gouvernement Conte de coalition entre le Mouvement 5 Etoiles (M5S, anti-establishment) et le Parti démocrate (centre gauche), Matteo Salvini retournant dans l’opposition.

« Nous pouvons bien travailler avec ce gouvernement », estime-t-on à l’Elysée, car « nous partageons de nombreuses convergences », notamment sur la politique européenne.

Ainsi, Paris et Rome sont désormais « sur la même ligne » sur l’accueil des migrants en Méditerranée, un dossier sur lequel les deux capitales s’étaient frontalement opposées.

Cette « nouvelle impulsion » des relations sera au menu des discussions entre MM. Macron et Conte, respectivement accompagnés de 11 et 12 ministres couvrant tous les domaines, de l’économie à la défense en passant par la culture.

Autre sujet de friction il y a peu, le dossier libyen fait désormais l’objet d’un « alignement », selon l’Elysée, entre Paris et Rome, qui travaillent à la relance de la mission navale Sophia, désormais centrée sur le contrôle de l’embargo sur les armes à destination de la Libye.

MM. Macron et Conte devraient affirmer leur volonté de signer dans les prochains mois le Traité du Quirinal (nom du siège de la présidence italienne), annoncé en 2017 pour donner « un cadre plus stable et ambitieux » à la coopération franco-italienne, sur le modèle du traité franco-allemand.

Le sommet se terminera par un dîner de gala en compagnie du président Sergio Mattarella.

Le combat d’Israéliens pour une vallée du Jourdain palestinienne

Un mini-drone militaire fond sur un troupeau de moutons qui panique. Pour les bédouins palestiniens et leurs rares alliés israéliens sur place ce n’est que le début d’une autre journée de tension dans la vallée du Jourdain qu’Israël promet d’annexer.

Ce matin-là, les bédouins sont escortés non pas par des policiers palestiniens mais des militants israéliens qui s’opposent au projet du Premier ministre Benjamin Netanyahu de faire main basse sur cette vallée fertile nichée dans l’est de la Cisjordanie.

« Pour moi, le silence est un crime de guerre », martèle Guy Hirschfeld en escortant des bergers faisant paître leurs troupeaux sur le flanc d’une colline, coincée entre une base militaire et une colonie israélienne dans le nord de la vallée du Jourdain.

Lorsqu’un drone militaire surgit et sème la panique chez les centaines de bêtes laineuses, M. Hirschfeld en est persuadé: cela n’augure rien de bon.

Avec son collègue, le rabbin Arik Ascherman, il fait partie de ces quelques Israéliens qui luttent contre la mainmise d’Israël sur la vallée du Jourdain, vaste plaine agricole parsemée de colonies israéliennes.

Benjamin Netanyahu et son rival Benny Gantz promettent tous deux d’annexer cette langue de terre qui compte pour 30% de la Cisjordanie occupée, pour en faire partie intégrante d’Israël.

– Colonie sauvage –

La classe politique israélienne a eu un appui de taille, fin janvier, lorsque le président américain Donald Trump a présenté son projet pour le Proche-Orient qui prévoit justement l’annexion par Israël de la vallée en dépit des avertissements de l’ONU et des Palestiniens.

MM. Ascherman et Hirschfeld, avec leur petite organisation Torat Tzedek sont, eux, déterminés à s’opposer à ce projet. « Je ne peux pas rester chez moi et savoir que tout ce qui est fait, est fait en partie en mon nom », explique à l’AFP Guy Hirschfeld. « Tout citoyen israélien doit faire quelque chose » contre ce projet.

Les deux hommes connaissent bien la famille palestinienne Daraghmeh, établie à Oum Zuka, un hameau reculé de la vallée du Jourdain. Les trois frères Daraghmeh, dans leur quarantaine, cultivent ces terres depuis leur enfance et affirment qu’il en était de même pour leurs ancêtres bien avant 1967.

Mais dans la foulée de l’occupation israélienne, leur terre a été désignée zone militaire israélienne, puis a été surplombée d’une base de l’armée. Et il y a quatre ans, une structure de bois a surgi sur une colline en face de la base: c’était une colonie « sauvage », une implantation de colons qui n’a pas reçu le feu vert d’Israël.

Cette colonie abrite seulement une famille et quelques adolescents. Mais pour les Daraghmeh, cette nouvelle présence est une façon de les forcer à quitter leur terre.

« Où que vivent les bédouins, on y amène un colon pour qu’il s’installe au beau milieu (de ses terres). Pourquoi? Pour que certains habitants aient peur (et partent) », dit à l’AFP Thiab Daraghmeh.

– « Vivre dans le ciel ? » –

La présence de MM. Ascherman et Hirschfeld aux côtés des trois frères leur permet d’amener leurs bêtes paître près de la base et de la colonie où ils auraient peur de s’aventurer seuls.

Mais cette présence n’empêche pas, une heure après le survol du drone, des soldats flanqués de quatre colons de débarquer, repoussant les Palestiniens vers leurs maisons déglinguées, plus bas dans la vallée.

M. Ascherman a beau négocier, les soldats affirment que l’endroit où ils se trouvent est un terrain militaire. « Et les colons, eux, n’ont pas à en partir », grince l’Américano-israélien, kippa sur la tête. « C’est ce que nous appelons en hébreu Eifah V’Eifah: deux poids, deux mesures ».

Ni les soldats ni les colons n’ont souhaité parler à l’AFP. Contactée ultérieurement par l’AFP, l’armée israélienne a affirmé « protéger tous les résidents dans ce secteur de façon égale ».

S’ils sont déterminés à rester sur leur terre, les Daraghmeh font part de pression croissante. « Parfois ils nous interdisent de faire paître nos bêtes dans la vallée, et après ils nous interdisent de venir ici (sur la colline) », dit Thiab Daraghmeh. « Est-ce qu’ils veulent qu’on aille vivre dans le ciel? ».

Pour Guy Hirschfeld aussi, la situation est difficilement tenable. Il se dit « éreinté » et isolé, des amis et membres de sa famille ayant coupé les ponts à cause de son engagement auprès des Palestiniens. « On voit de moins en moins de militants israéliens engagés dans des activités dans les territoires palestiniens occupés », regrette-t-il.

Certains jours, il envisage de tout arrêter. Puis se dit qu’il continuera tant qu’il aura l’impression d’être utile. « Tout ce que je fais, je le fais parce que j’aime mon pays », dit-il. « Je dis à mes filles: +un jour vous comprendrez ce que votre père fait+ ».

En Irak, le coronavirus porte le coup de grâce au tourisme religieux

Après des mois de manifestations émaillées de violences et les sanctions américaines contre l’Iran, le tourisme dans les villes saintes chiites d’Irak était déjà à l’agonie. Les premiers cas de coronavirus ont porté le coup de grâce, assurent hôteliers et commerçants.

A Kerbala, ville sacrée pour les musulmans chiites au sud de Bagdad, les portes de verre des imposantes façades sont scellées par des cadenas au bout de grosses chaînes métalliques, autant d’établissements forcés de mettre la clé sous la porte.

Plus personne ne s’arrache les chapelets, images religieuses et autres souvenirs de pèlerinage et les masques sur les visages sont plus nombreux que turbans et longs voiles noirs.

Quant au mausolée de l’imam Hussein, petit-fils du prophète de l’islam Mahomet, son entrée est bloquée deux fois par jour le temps que des employés en tenue spéciale aspergent les lieux de désinfectant.

« On ne vend plus rien parce que les pèlerins d’Iran et du Golfe ne viennent plus », dit à l’AFP Haidar qui propose chapelets et poignées de terre de Kerbala. « Maintenant, en plus, on a le coronavirus. »

Le premier des cinq cas de COVID-19 annoncés en Irak a été enregistré à Najaf, l’autre ville sainte chiite au sud de Bagdad: un étudiant en religion iranien qui revenait de vacances dans son pays.

Les quatre autres cas ont été aussi contractés en Iran, où il y a eu 19 décès dus à la maladie.

L’Irak a aussitôt fermé la frontière avec l’Iran et interdit l’entrée des Iraniens dans le pays.

Des millions de pèlerins chiites, surtout d’Iran, passent chaque année par Kerbala et Najaf. Ces touristes assurent aux deux cités les plus saintes du chiisme des revenus ayant atteint certaines années jusqu’à cinq milliards de dollars dans un pays où le tourisme autre que religieux n’existe pas.

– « Le tourisme est mort » –

Après quelques années de prospérité, avec à la clé des centaines de milliers d’emplois, un premier coup d’arrêt a eu lieu en octobre après le début en Irak d’une révolte inédite contre le pouvoir marquée de violences meurtrières.

Depuis, « le tourisme religieux à Kerbala est mort. Aucun touriste ne vient et nos pertes financières atteignent les 100% », assure, emphatique, Saheb Zaman, numéro deux de la chambre de Commerce de Kerbala.

A Najaf, c’est encore pire. Fait exceptionnel, le mausolée de l’imam Ali, le gendre du prophète Mahomet, a été fermé au public qui d’habitude s’y presse pour embrasser ou caresser les portes, tombes et corans.

« Najaf comptait 350 hôtels. Au moins 300 ont fermé et dans ceux restés ouverts, le taux de remplissage va de 5 à 10% », indique à l’AFP Saëb Abou Ghneim, président de la Ligue des hôtels et restaurants de la ville.

Et si les pertes sont si lourdes, c’est parce que « les Iraniens représentent 85% des ressources touristiques de Najaf. »

Avant octobre, Najaf recevait chaque jour « 5.000 visiteurs enregistrés auprès d’agences de voyages » et des milliers d’autres venus seuls, poursuit-il.

– « Ils se sont trompés » –

Bagdad avait même accepté de supprimer les frais de visa pour les touristes venus d’Iran. Mais toutes les mesures d’incitation n’y ont rien fait.

Les craintes que les tensions entre Téhéran et Washington ne dégénèrent en guerre ouverte en Irak sont passées par là. Mais aussi « les manifestations et les violences, les sanctions américaines contre l’Iran, la dévaluation du rial et alors que le tourisme commençait tout juste à reprendre, il y a eu un Iranien contaminé par le coronavirus à Najaf », se lamente M. Abou Ghneim.

Dans la ville gagnée par la psychose, aux rues désormais désertes, seules les pharmacies ont intensifié leur activité, à coup de ventes de masques et de gels désinfectants.

Près du mausolée de l’imam Ali, les serveurs, eux, attendent désœuvrés des chalands qui n’arrivent pas, en alpaguant les très rares visiteurs.

« C’est frais, c’est tout frais », lance l’un d’eux à la cantonade, sans pour autant parvenir à remplir une tablée de son restaurant jadis plein.

Pour le dignitaire chiite Fadel al-Bedeiri, « Najaf a placé de grands espoirs dans l’Iran », deuxième exportateur de biens vers l’Irak. Les hommes d’affaires locaux « ont ouvert des hôtels pour les Iraniens et acheté uniquement des produits iraniens. ».

« Ils pensaient que les Iraniens seraient toujours là… Ils se sont trompés ».

Afghanistan: de nombreux défis militaires à relever malgré l’accord de paix

Après la signature d’un accord avec les talibans, les Etats-Unis resteront confrontés à de nombreux défis sur le plan militaire en Afghanistan, du retrait de leurs forces au désarmement des insurgés et à leur intégration dans l’armée nationale.

Pour préserver la sécurité des forces américaines sur le terrain, le retrait sera très progressif et le plus discret possible, indique-t-on au Pentagone, en donnant pour exemple la réduction des forces américaines en Syrie l’an dernier, qui s’est déroulée sans incident notable, mais sans témoin.

L’accord avec les talibans, qui doit être signé samedi à Doha, laisse entrevoir une fin à la guerre en Afghanistan, lancée le 7 octobre 2001 en réponse aux attentats du 11-Septembre. Elle est la plus longue que les Etats-Unis aient jamais menée.

Cet accord prévoit que les États-Unis s’engagent à retirer d’ici la fin de l’été une partie de leurs 12.000 à 13.000 militaires actuellement déployés en Afghanistan pour n’en garder initialement que 8.600, tout retrait supplémentaire étant lié à des progrès politiques inter-afghans.

L’objectif est d’éviter de faire des militaires américains restants une cible pour les talibans ou des jihadistes d’Al-Qaïda ou du groupe Etat islamique qui opèrent dans le pays, précisent des sources militaires ayant requis l’anonymat.

– Risque de dérapage –

La situation pourrait déraper si les forces américaines se retiraient avant qu’un accord politique entre les talibans et le gouvernement afghan soit mis en oeuvre, a prévenu un ancien conseiller de l’état-major américain, Carter Malkasian.

« Une fois que nous serons partis, les talibans pourraient juger que l’équilibre des forces a changé et qu’ils veulent dénoncer l’accord et reprendre les armes contre l’armée afghane », a-t-il averti au cours d’une récente conférence du Council on Foreign Relations.

L’accord étant basé sur des garanties sécuritaires des talibans, les insurgés devront contrôler leurs troupes sur le terrain au risque de voir certains d’entre eux tenter de faire dérailler le processus, a noté l’ancienne conseillère du Pentagone, Michèle Flournoy.

Il y a toujours « le risque du saboteur du côté taliban, le combattant local qui ne veut pas rendre les armes », c’est pourquoi l’accord de paix comprend des mécanismes de communication entre les deux parties en cas d’incident, a-t-elle noté au cours de la même conférence.

– Confiance dans les talibans? –

L’armée américaine a prévu de garder des éléments des forces spéciales pour poursuivre la lutte contre Al-Qaïda et l’EI, ce qui implique qu’à terme, elle mène des opérations « antiterroristes » dans des zones sous le contrôle des talibans.

C’est pourquoi l’accord prévoit des « mesures d’instauration de confiance » entre les deux parties, et les militaires américains ne cachent pas leur scepticisme sur leurs chances d’avoir un jour suffisamment confiance dans les talibans pour coopérer avec eux contre l’EI ou Al-Qaïda.

Questionné mercredi à ce sujet par des élus du Congrès, le chef d’état-major américain, le général Mark Milley, a noté qu’il « soutenait la signature d’un accord de paix avec les talibans ». « Mais je n’approuverai pas le partage de renseignement avec eux », a-t-il ajouté.

– Le défi de la réintégration –

Le plus grand défi sera de réintégrer les talibans dans la société afghane après près de 20 ans de guerre, nombre d’entre eux n’ayant connu que le métier des armes, explique à l’AFP James Dobbins, ancien conseiller de George W. Bush et de Barack Obama pour l’Afghanistan.

Un accord de paix durable « va nécessiter qu’ils partagent le pouvoir, ça veut dire qu’ils vont devoir intégrer les talibans au sein de l’armée afghane », ajoute-t-il. « Ce ne sont pas des choses faciles ».

Dans un rapport publié fin 2019, l’Inspecteur général pour la reconstruction de l’Afghanistan (Sigar), John Sopko, soulignait que « la réintégration, lorsque les combattants doivent revenir à la vie civile, se faire accepter par leur communauté, et trouver une source de revenus stable, est un processus long et complexe ».

Les Etats-Unis devront donc être prêts à investir massivement dans un programme de reconstruction du pays, sans quoi les quelque 60.000 talibans actuellement lourdement armés « seraient déçus de ne pas toucher les dividendes de la paix (et) pourraient replonger dans la violence », a ajouté M. Sopko.

« Il y a encore tant à négocier, que je pense que c’est un processus qui prendra plusieurs années », conclut James Dobbins. L’accord avec les Etats-Unis « est un début encourageant », dit-il.

Dix ans après, le Chili a pansé ses plaies du terrible séisme de 2010

Du passage des trois vagues qui avaient rasé à 75% le village côtier de Dichato, il n’y a plus aucune trace: dix ans après le puissant séisme du 27 février 2010 qui avait fait 525 morts dans la région centre-sud du Chili, la reconstruction est désormais achevée.

« Dichato était un symbole de destruction, nous sommes désormais un symbole de la reconstruction », se félicite Maria Angélica Torres, à la tête d’une association d’habitants et propriétaire d’un restaurant sur le tout nouveau front de mer qui fait face au Pacifique.

Située à une trentaine de kilomètres de Concepcion (sud), la capitale de la région de Biobio, épicentre du séisme, la station balnéaire a retrouvé sa vie d’avant, attirant les touristes sur sa promenade côtière totalement réhabilitée.

Près de 3.000 habitants ont été relogés et des parcours d’évacuation, dûment signalés, ont été créés. Des ouvrages pour l’évacuation de l’eau ont été construits et des arbres plantés pour freiner la puissance de la vague, en cas de nouvelle catastrophe.

« Dichato a été reconstruit à 100% », explique Ivan Carter, professeur d’urbanisme à l’Université de Biobio (centre), qui souligne que la participation des habitants a été cruciale dans le projet de reconstruction.

Le Chili est un des pays les plus sismiques au monde, situé sur la « ceinture de feu » du Pacifique, une zone à forte activité tellurique. Avec une magnitude de 8,8, le séisme de 2010 a été le deuxième plus puissant de l’histoire du Chili, après celui de 1960 qui avait atteint une magnitude de 9,6.

La tragédie avait coûté la vie à 525 personnes, dont une centaine tuées par le tsunami qui avait suivi le séisme. Il avait causé 30 milliards de dollars de dégâts matériels.

Plus de 220.000 logements avaient été détruits, 3.700 établissements scolaires mis hors service, une quinzaine d’hôpitaux étaient devenus inutilisables et 1.550 km de routes ont été à refaire, essentiellement dans le centre et le sud du pays.

– Tissu social –

A Caleta Tumbes, un village de pêcheurs, situé à proximité de l’épicentre et également dévasté par le tsunami, les maisons ont été reconstruites sur la colline, à distance de la mer.

« Nous sommes en sécurité, la maison est jolie, mais nous regrettons notre crique », raconte à l’AFP Luisa Araya, laissant entrevoir la difficile équation de la reconstruction : protéger la vie des habitants, mais aussi reconstruire le tissu social, également mis en miettes par le séisme.

« Le bruit de la mer me manque… les gens aussi », raconte Luisa, dans sa nouvelle maison qu’elle partage avec son mari et son père. Quelque 200 familles ont été relogées dans le nouveau village, situé à dix minutes à pied de l’océan.

En bord de mer, une vingtaine de restaurants, principale source de revenus des habitants, ont été reconstruits, ainsi que quelques maisons perchées sur des pilotis.

« Le Chilien est un peu têtu. Nous prenons racine là où étaient les anciens et nous y restons », dit Juan Pedro Diaz, un pêcheur qui a décidé de rester en face de la mer, dans une de ces maisons « anti-tsunami ».

Jesus Bravo a rouvert un restaurant, qu’il a baptisé « 8,8 », mais n’habite plus sur place, car « s’il y a un tsunami, il emporte tout avec lui ».

Malgré la tragédie, le séisme de 2010 a été riche d’enseignements : le pays a consolidé ses technologies anti-sismiques qu’il exporte désormais à l’étranger.

« Aujourd’hui, on peut construire au Chili un bâtiment qui ne serait pas endommagé par un tremblement de terre comme celui de 1960 », explique Juan Carlos de la Llera, ingénieur à l’Université catholique du Chili, qui a déposé plusieurs brevets en la matière.

« La réglementation sismique du Chili est très exigeante, ce qui a permis au tremblement de terre de 2010 de ne pas faire s’effondrer un nombre important de maisons », rappelle aussi le ministre du Logement et du développement urbain, Cristian Monckeberg.

C’est en vertu de cette législation que le plus haut bâtiment d’Amérique latine a été érigé à Santiago : avec ses 300 mètres de haut, la Gran torre Santiago, achevée en 2014, est devenue un des symboles de la capitale chilienne.

Coronavirus: l’épidémie se propage dans le monde, Trump confiant pour son pays

Le coronavirus se propage désormais bien au-delà de la Chine, l’Arabie saoudite décidant de suspendre l’entrée des pèlerins, mais le président Donald Trump assure que les Etats-Unis sont capables d’éviter une épidémie à grande échelle.

Si la Chine était jusqu’à peu l’unique foyer mondial de coronavirus, le risque s’est démultiplié avec l’émergence de nouveaux pays-sources comme la Corée du Sud, l’Italie et l’Iran.

Désormais, le nombre de nouveaux cas quotidiens de Covid-19 enregistrés hors du territoire chinois dépasse ceux recensés en Chine, où le virus est apparu en décembre, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Plus de 78.000 personnes ont jusqu’ici été contaminées en Chine, dont 2.744 mortellement. Le coronavirus touche également des dizaines d’autres pays, où le bilan est de quelque 3.600 contaminations et plus de 50 morts.

Relativement épargnés jusqu’ici avec 15 cas détectés, les Etats-Unis sont prêts à répondre à l’épidémie à « une échelle beaucoup plus grande », a assuré mercredi Donald Trump.

« Il y a une chance que ça empire, une chance que ça empire de façon significative (…) Mais rien n’est inévitable », a-t-il souligné.

Donald Trump a évoqué la possibilité d’imposer « en temps voulu » des restrictions aux voyageurs en provenance d’Italie (plus de 400 cas, 12 morts) et de Corée du Sud (près de 1.600 contaminations, 12 décès), le pays asiatique étant le principal foyer de la maladie hors de Chine.

– Quarantaine à Pékin –

Les Etats-Unis imposent déjà une interdiction d’entrée aux ressortissants étrangers s’étant rendus en Chine au cours des deux dernières semaines.

Dans le but de prévenir l’arrivée de l’épidémie de Covid-19, l’Arabie saoudite a de son côté suspendu « temporairement » l’entrée sur son territoire des pèlerins se rendant à La Mecque.

Même la Chine, qui confine plus de 50 millions de personnes dans la province du Hubei (centre), épicentre de l’épidémie, s’inquiète désormais de cas « importés » d’autres pays.

La ville de Pékin a ainsi annoncé mercredi que les personnes arrivant en provenance d’Etats « gravement touchés » par le coronavirus devraient désormais se placer en quarantaine pendant 14 jours.

L’épidémie semble avoir atteint un pic en Chine, où le nombre de nouveaux décès quotidiens continue à chuter. Les autorités ont annoncé jeudi seulement 29 morts supplémentaires, un chiffre au plus bas depuis près d’un mois.

Mais d’autres pays inspirent davantage d’inquiétude. Avec notamment l’Italie, qui apparaît de plus en plus comme une plateforme de diffusion du Covid-19.

Le virus est ainsi arrivé en Amérique latine, épargnée jusqu’à présent, y entrant par le Brésil via… un Brésilien de retour d’Italie. La Grèce, la Croatie, l’Autriche et l’Allemagne ont toutes fait état de personnes contaminées après un séjour dans la péninsule.

– Cantine fermée –

De nombreux Etats européens ont renforcé leur dispositif de prévention et conseillent à leurs citoyens de ne pas se rendre dans les régions italiennes touchées.

Face au risque de contagion, le gouvernement italien a pris des mesures draconiennes, dont la mise en quarantaine de 11 communes du Nord, poumon économique du pays. Les entreprises ont dû s’adapter, en développant notamment le télétravail.

« Nous avons fermé notre salle de sports et la cantine, les gens ne peuvent pas manger face à face », a expliqué à l’AFP le PDG d’une entreprise lombarde de robinetterie, Aldo Bonomi.

« Le problème, c’est l’économie. On voit les chiffres, cette crise est en train de mettre le pays à genoux », s’inquiète Daniele Vaccari, un jeune pâtissier de Secugnago, un petit village du Nord.

D’autres profitent de la crise: masques et gels désinfectants se vendent à prix d’or dans la péninsule, ce qui a conduit la police à saisir documents et données informatiques chez les sites de commerce en ligne Amazon et eBay.

– ‘Rumeurs alarmistes’ –

Effet collatéral de l’épidémie, le match de rugby du Tournoi des six nations entre l’Irlande et l’Italie, prévu le 7 mars à Dublin, a été reporté.

Ailleurs en Europe, de nombreux pays comme la Suisse, la Norvège, le Danemark, la Roumanie, ou la Macédoine du Nord sont désormais touchés. La France a annoncé mercredi son premier mort français, un homme qui n’avait pas voyagé dans une zone à risque.

L’Afrique elle non plus n’est pas épargnée. Un Italien arrivé le 17 février en Algérie est devenu la deuxième personne infectée du continent, après un premier cas en Egypte.

En Corée du Sud, le bilan s’élève à 1.595 personnes touchées, après l’annonce de 334 nouveaux cas jeudi, dont un soldat américain. Washington et Séoul ont reporté des exercices militaires conjoints.

En Iran, le bilan est monté à 19 morts et 139 cas, le plus lourd en termes de décès hors de Chine. Signe de tension, 24 personnes accusées d’avoir répandu en ligne des « rumeurs alarmistes » sur la propagation du coronavirus ont été arrêtées.

burs-sdu-ehl-lth/bar/lch

César: les femmes encore loin du haut de l’affiche

Hormis les costumières et les monteuses, les femmes restent très minoritaires au palmarès des César, un manque de parité qui devrait perdurer vendredi lors d’une 45e édition à la sélection très masculine.

– A peine mieux que les Oscars –

Actrices, réalisatrices, productrices, costumières, cheffes décoratrices, scénaristes, monteuses… Les femmes n’ont glané, depuis la première cérémonie en 1976, qu’un gros quart des César (27,4%), selon une base de données de l’AFP.

La proportion de lauréates chute même de 10 points, à 17,9%, dans les catégories mettant hommes et femmes en compétition (en excluant donc les récompenses remises à des acteurs par genre). Les César font à peine mieux que les Oscars américains, dont 17,3% ont été attribués à des femmes sur la période, selon une autre base de données de l’AFP.

En France, la parité ne fut atteinte qu’une seule fois, en 2000, année où neuf César sur 18 furent attribués à des femmes (hors César d’honneur).

Cette 25e cérémonie fut doublement exceptionnelle, puisqu’elle consacra Tonie Marshall, seule femme à ce jour à avoir remporté le prestigieux César du meilleur réalisateur, pour « Vénus Beauté (Institut) ». Céline Sciamma (« Portrait de la jeune fille en feu ») pourrait la rejoindre cette année, mais elle aura fort à faire face à sept concurrents masculins.

Cette année, les femmes représentent en moyenne 23% des nommés dans les catégories mixtes.

L’Académie des César, chargée de les départager, compte actuellement 35% de femmes parmi ses 4.700 membres. Mais une réforme est engagée pour tendre vers la parité d’ici aux César 2021.

– Costumières et monteuses –

Comme aux Oscars, c’est dans la catégorie des meilleurs costumes que les femmes sont les mieux représentées, avec 71% des récompenses.

Les femmes dominent également le palmarès du meilleur montage, dont elles ont raflé 64% des César. En comparaison, les femmes sont très minoritaires (18%) dans cette catégorie aux Oscars.

A elle seule, Juliette Welfling, monteuse indissociable de l’œuvre du réalisateur Jacques Audiard, a été primée à cinq reprises, notamment pour « Un prophète » (2010) et « De battre mon cœur s’est arrêté » (2006).

– Ailleurs, les femmes quasi-absentes –

A l’instar de Tonie Marshall chez les réalisateurs, une seule femme a été primée dans la catégorie de la « meilleure musique originale »: la Caïta, récompensée en 2001 au côté de trois hommes pour la bande originale flamenco de « Vengo » du réalisateur Tony Gatlif.

Les femmes sont aussi quasi-absentes du palmarès dans les catégories « meilleur son » (3,6%), « meilleure photographie » (5,1%) et « meilleurs décors » (8%).

Elles ne représentent que 12,2% des réalisateurs et producteurs récompensés dans la catégorie reine du « meilleur film », et ne sont guère mieux représentées pour les films d’animation (14,6%), documentaires (15,5%), premiers films (18%) et courts-métrages (18,1%).

Les femmes culminent à 23% dans les catégories distinguant les scénarios.

– Les quinquas en force –

Historiquement, les chiffres mettent en évidence une prime à la jeunesse pour les actrices, qui ont en moyenne six ans de moins que leurs homologues masculins quand elles sont couronnées pour un rôle principal.

Mais ce n’est plus vrai dans la période récente: sur les onze dernières cérémonies, les César ont récompensé à dix reprises une meilleure actrice plus âgée que le meilleur acteur.

Et sept actrices de plus de 50 ans ont décroché depuis 2005 la récompense suprême, parmi lesquelles Isabelle Huppert (2017), Catherine Frot (2016) et Isabelle Adjani (2010). Ce n’était arrivé que deux fois auparavant.

Virus: les Etats-Unis et la Corée du Sud reportent des exercices militaires conjoints

Les Etats-Unis et la Corée du Sud ont reporté jeudi des exercices militaires en raison de l’épidémie de coronavirus dans ce pays d’Asie qui a enregistré 334 nouveaux cas, portant le total des personnes contaminées à 1.595.

La Corée du Sud est le foyer de contagion le plus important hors de Chine continentale où le coronavirus est apparu en décembre.

La décision a été prise après que Séoul a déclaré son plus haut niveau d’alerte « grave » sur le virus, a déclaré jeudi le Commandement des forces conjointes dans un communiqué, ajoutant que les manoeuvres en Corée du Sud avaient été reportées « jusqu’à nouvel ordre ».

Les Etats-Unis disposent de 28.500 militaires en Corée du Sud pour protéger ce pays d’Extrême-Orient face à son voisin du Nord qui possède l’arme nucléaire.

Nombre de soldats sont stationnées à Camp Humphreys à Pyeongtaek, le plus grand complexe militaire américain hors des Etats-Unis.

Les deux pays ont déjà largement réduit leurs exercices militaires pour faciliter les négociations sur le programme nucléaire de la Corée du Nord — qui condamne ces manoeuvres considérées par Pyongyang comme un prélude à une invasion.

Un exercice de coordination des commandements entre les Etats-Unis et la Corée du Sud avait été prévu au printemps.

– Croissance revue à la baisse –

Le nombre de nouveaux cas de coronavirus annoncé jeudi est le plus haut jamais rapporté par les Centres de contrôle et de prévention des maladies (KCDC). Le nombre de personnes décédées reste cependant à 12.

Plus de 80% des cas de contamination ont été enregistrés à Daegu, la quatrième plus grande ville du pays avec 2,5 millions d’habitants, et dans la province voisine du Nord Gyeongsang.

La majorité d’entre eux ont un lien avec la secte d’inspiration chrétienne de l’Eglise Shincheonji de Jésus.

Une de ses fidèles, âgée de 61 ans, qui ignorait être porteuse du virus, l’aurait transmis en assistant à quatre services religieux avant d’être diagnostiquée.

Dans tout le pays, les autorités locales ont commencé à contrôler l’état de santé des plus de 200.000 membres de cette secte. Le nombre de cas devrait donc encore augmenter.

Les autorités ont recommandé à la population de redoubler de prudence et conseillé aux personnes présentant de la fièvre ou des symptômes respiratoires de rester chez elles.

Un militaire américain de 23 ans, stationné dans le camp de Carroll à 30 km au nord de Daegu, a été déclaré mercredi positif au Covid-19.

De nombreux événements sont perturbés par cette épidémie. Des concerts de K-pop ont été annulés, le coup d’envoi du championnat national de football a été reporté et les Mondiaux de tennis de table ont été ajournés.

Autre conséquence, la Banque de Corée a révisé jeudi à la baisse sa prévision de croissance pour 2020. Elle table désormais sur une croissance de 2,1%, soit 0,2 point de moins que prévu, en raison notamment d’une baisse de la consommation et d’un ralentissement des exportations à cause de l’épidémie du nouveau coronavirus.

L’Eglise catholique de Corée du Sud a suspendu toutes les messes qui devaient être célébrées dans les plus de 1.700 églises du pays.

Un groupe de fidèles catholiques récemment rentré d’un pèlerinage en Israël est à l’origine de nombreuses contaminations.

Etats-Unis: où en sont les principaux candidats démocrates ?

Trois jours avant un scrutin crucial en Caroline du Sud qui déterminera la dynamique juste avant l’avalanche de votes du « Super Tuesday », où en sont les sept principaux candidats à l’investiture démocrate pour la Maison Blanche?

– Bernie Sanders –

Assailli par ses rivaux lors d’un débat démocrate mardi à Charleston, notamment sur ses anciens flirts avec des régimes communistes mais aussi le flou autour du financement de sa profonde réforme du système de santé, Bernie Sanders, 78 ans, est le grand favori de la course à l’investiture du parti.

Le sénateur indépendant du Vermont, qui est en tête des sondages nationaux avec 29% des intentions de vote, pourrait se permettre de perdre le vote des primaires en Caroline du Sud samedi et resterait très bien placé pour le scrutin décisif du « Super Tuesday » mardi, lorsque 14 Etats voteront.

– Joe Biden –

« Je vais gagner la Caroline du Sud », a martelé Joe Biden, 77 ans, lors du débat de mardi où il s’est montré plus combatif que lors des précédentes joutes télévisées.

L’ancien vice-président, qui mène dans les sondages en Caroline du Sud avec 30,3% des intentions de vote, mise gros sur ce scrutin au sein d’un Etat où les Noirs représentent plus de la moitié de l’électorat démocrate. Une victoire permettrait à M. Biden de se relever après ses résultats piteux dans l’Iowa et le New Hampshire et ainsi relancer la dynamique de sa campagne avant le « Super Tuesday ». Mais les doutes sur son âge, sa forme, après des gaffes remarquées, et sa capacité à être président ne sont pas prêts de disparaître.

– Michael Bloomberg –

Le milliardaire Michael Bloomberg, 78 ans, se positionne en troisième dans les sondages nationaux, après avoir inondé le pays de publicités, puisant plus de 500 millions de dollars dans sa fortune personnelle pour financer sa campagne. Mais l’image bien lisse projetée dans ses spots de campagne a été craquelée après ses prestations, d’abord désastreuse puis plus ferme sans pour autant faire d’étincelles, lors des deux débats auxquels il a pris part.

Si l’ancien maire de New-York ne participe pas au scrutin en Caroline du Sud, il demeure un concurrent solide pour le vote du « Super Tuesday ».

– Pete Buttigieg –

Quasi inconnu il y a un an, Pete Buttigieg, 38 ans, fait figure de révélation de la campagne des primaires démocrates avec des bons résultats inattendus aux scrutins de l’Iowa et du New Hampshire.

L’ancien maire de South Bend, ouvertement homosexuel, manque toutefois de soutien au sein des minorités du pays, qui lui reprochent son bilan en matière de discrimination raciale et, pour certains électeurs religieux, son orientation sexuelle. Or cet électoral est crucial pour qu’un démocrate décroche la Maison Blanche. Obtenir un bon score en Caroline du Sud sera un vrai défi pour le candidat modéré actuellement cinquième dans les sondages dans cet Etat.

– Elizabeth Warren –

Un temps favorite des primaires démocrates, Elizabeth Warren, 70 ans, dont le programme est très à gauche, voit son horizon obstrué par les bonnes performances de Bernie Sanders, « socialiste » autoproclamé.

Féroce dans les débats publics, la sénatrice progressiste est à la traîne dans les sondages et en situation très périlleuse après trois mauvais résultats aux primaires démocrates. Dégager un bon score en Caroline du Sud constituera pour elle un défi de taille.

– Amy Klobuchar –

Après une troisième place surprise dans le New Hampshire, la sénatrice Amy Klobuchar, 59 ans, est désormais à la peine dans les sondages. Les échéances décisives des primaires en Caroline du Sud et du « Super Tuesday » seront redoutables pour la candidate modérée du Midwest, qui pourrait bien devoir jeter l’éponge en mars, faute de financements suffisants et sous la pression de démocrates qui s’inquiètent de voir le vote modéré se diviser entre autant de candidats, face à un Bernie Sanders en plein élan.

– Tom Steyer –

Le milliardaire et philanthrope Tom Steyer, 62 ans, joue son va-tout en Caroline du Sud où il s’est concentré sur la communauté noire de l’Etat à coups de publicités et de réunions publiques, dépensant plus de 20 millions de dollars selon CNN.

Une stratégie qui lui permet de pointer en troisième position des intentions de vote dans cet Etat. S’il ne réussit pas son pari, la course pourrait cependant se terminer rapidement pour M. Steyer, lui aussi sous pression pour dégager la voie à un vote plus modéré.

Cameroun: la communauté internationale « bienvenue » pour régler la crise, affirme un opposant

La communauté internationale est la bienvenue au Cameroun pour aider à régler la crise meurtrière qui secoue les régions anglophones du pays, a affirmé l’opposant Maurice Kamto mercredi devant une foule de plusieurs centaines de personnes à Douala.

« Si les partenaires du Cameroun sont prêts à venir nous aider à régler la crise, alors je leur dis bienvenue », a-t-il lancé lors de sa première intervention en public depuis les législatives de début février.

Après le meurtre de 23 personnes mi-février dans les régions anglophones du Cameroun, attribué notamment à des militaires par plusieurs ONG, le président français Emmanuel Macron avait promis de « mettre la pression » à Yaoundé, des propos qui avaient choqué au Cameroun, y compris dans une partie de l’opposition.

La présidence de Paul Biya avait alors rétorqué que « le président est comptable de son action devant le seul peuple camerounais souverain, et non devant un dirigeant étranger ».

« Si les autres s’intéressent à ça, c’est parce que nous n’avons pas été en mesure de régler ça entre nous », a lancé M. Kamto mercredi.

Son parti, le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) avait appelé à boycotter les législatives en raison du conflit entre indépendantistes et l’armée, qui a fait plus de 3.000 morts et poussé plus de 700.000 personnes à quitter leurs domiciles dans les régions anglophones du Sud-Ouest et du Nord-Ouest.

M. Kamto s’est félicité du taux de participation très bas, estimant que le « mot d’ordre de boycott » avait été suivi à 77% ». Le taux des participation et l’ensemble des résultats n’ont pas encore été publiés.

Le candidat malheureux à la présidentielle de 2018 face au président Paul Biya, qui avait passé près de 9 mois en prison en 2019, n’a en revanche pas directement réagi aux propos d’Emmanuel Macron.

Le président français avait affirmé samedi qu’il allait mettre « la pression » sur son homologue camerounais pour mettre un terme aux violences, et a à cette occasion assuré que M. Kamto avait été libéré après son intervention.

Officiellement, la présidence camerounaise s’est contenté lundi soir de « rejeter » les « propos surprenants » d’Emmanuel Macron dans un communiqué.

Des manifestations pacifiques, auxquelles ont participé des élus locaux et des associations proches du parti présidentiel, ont eu lieu devant l’ambassade de France à Yaoundé lundi et mardi, ainsi que, dans une moindre mesure, dans d’autres villes du pays.

« Nous n’avons pas besoin d’un libérateur de dernière minute. Il est mal indiqué d’aller cogner à la porte de l’ancien colon pour solliciter son soutien », a affirmé à l’AFP Joshua Osih, candidat malheureux à la présidentielle de 2018 pour le Social Democratic Front (SDF), parti fortement ancré dans les régions anglophones.

Même dans des journaux d’ordinaire plutôt critiques avec le gouvernement camerounais, comme le quotidien Mutations, la « condescendance inédite » du président français fait la une, tandis que le journal Repères, plus proche du pouvoir, titre « Macron, l’immature ».

Alors que les autres partis faisaient campagne début février, M. Kamto avait visité plusieurs pays, dont la France, le Canada et les Etats-Unis, où il affirme avoir plaidé pour un règlement pacifique du conflit qui oppose les indépendantistes anglophones et l’armée.

« Il faut retirer l’armée » des régions anglophones, a-t-il demandé mercredi, exigeant également l’organisation d’un dialogue avec des dirigeants indépendantistes, dont Julius Ayuk Tabe, condamné à la prison à vie en août.

La guerre d’une religion fait rage au Monténégro

Serti dans une falaise verticale au coeur du Monténégro, le monastère d’Ostrog, réputé pour ses pouvoirs miraculeux, est un aimant pour les pèlerins orthodoxes. Mais guérisons et exorcismes suffiront-ils à apaiser les querelles religieuses qui secouent le petit pays des Balkans?

Car une bataille rangée fait rage. D’un côté, des prêtres qui accusent le gouvernement « néo-communiste » de vouloir faire main basse sur leurs monastères et leurs « saintes reliques », les fidèles protestant par dizaines de milliers dans la rue.

De l’autre, des autorités qui soupçonnent la principale Eglise du pays de servir des intérêts venus de la Serbie voisine, et réclament pour le Monténégro une Eglise « autonome ».

L’Eglise orthodoxe serbe (SPC), dont le siège est à Belgrade, représente la grande majorité des orthodoxes du Monténégro, malgré son divorce d’avec la Serbie en 2006 après quasi 90 ans de vie commune.

Parallèlement, une petite Eglise du Monténégro, très minoritaire, non reconnue par le monde orthodoxe, tente une « renaissance » depuis le début des années 1990.

Les deux institutions se renvoient à la figure des siècles d’histoire pour arguer être la seule authentique dans le petit pays de 620.000 habitants.

Le gouvernement du président Milo Djukanovic, aux commandes depuis trois décennies, a mis le feu aux poudres fin décembre avec une loi sur la liberté religieuse qui pourrait transférer à l’Etat la propriété d’une bonne partie des centaines de monastères aux mains de la SPC.

La SPC dénonce « l’héritage du fonctionnement communiste où les autorités veulent illégalement éliminer l’Eglise de la vie publique », selon les termes de Gojko Perovic, doyen du séminaire de Cetinje, l’ancienne capitale royale. « Elles veulent contrôler les activités de l’Eglise, ses propriétés et même son nom », dit-il.

– « Beaucoup d’argent » –

Parmi les biens susceptibles d’être concernés, le monastère d’Ostrog, édifice du XVIIe siècle fiché dans la montagne. Il abrite les reliques de Saint-Basile, réputées guérir les malades et exorciser les possédés.

« Le plus grand lieu saint des Balkans appartient à l’Eglise serbe, au peuple serbe et tous les peuples qui viennent ici avec la foi », tonne le prêtre Jovan Radovic, qui y officie de temps en temps.

La question a également des résonances financières du fait du grand nombre de touristes qui visitent les joyaux de la SPC disséminés à travers le pays.

Ostrog par exemple reçoit jusqu’à un million de visiteurs par an. Sans parler des « reliques » qui sont « inestimables », le « peuple laisse ici beaucoup d’argent », constate le père Radovic.

Le sujet déborde de la sphère religieuse et touche à la question de l’identité nationale dans un pays où un tiers des habitants s’identifient comme serbes.

Pour les autorités, le Monténégro a besoin de sa propre Eglise autonome, afin de consolider l’indépendance nationale, à l’instar de l’église ukrainienne séparée de l’église russe.

Les Serbes « n’ont aucun droit sur les églises qui nous appartiennent à nous Monténégrins, l’Eglise serbe est en Serbie et l’Eglise monténégrine est au Monténégro », martèle Ljubica Marinovic, une habitante de Cetinje.

C’est dans cette ville que se trouve le siège de la SPC mais aussi celui de l’Eglise du Monténégro. Le contraste entre les deux est saisissant.

– « Insatisfaction » –

La première est abritée dans un imposant monastère pluricentenaire quand le quartier général de la seconde est situé dans une simple maison.

La lumière peine à filtrer dans le minuscule bureau du patron de l’Eglise du Monténégro, l’évêque Mihajlo Dedeic, 82 ans. De son propre aveu, l’institution ne compte qu’une vingtaine de prêtres et une petite quarantaine de lieux saints.

Il espère que la situation va changer avec une loi décrite comme « positive ».

Le texte prévoit une cession à l’Etat des biens dont les Eglises ne peuvent prouver qu’ils leurs appartenaient avant 1918. Cette année-là, le Monténégro avait perdu son indépendance et été intégré au royaume des Serbes, Croates et Slovènes.

Une fois les églises dans le giron de l’Etat, le prêtre Mihajlo espère qu’il y aura moyen de « négocier » un « compromis » avec la SPC pour que les deux clergés puissent les utiliser.

En attendant, les orthodoxes de la SPC se désolent.

« Le premier problème avec la loi, c’est qu’un président d’un pays qui n’est pas baptisé va créer une nouvelle Eglise », soupire le père Radovic. « C’est incroyable », lâche-t-il.

A l’approche des législatives prévues à l’automne, les contempteurs du pouvoir l’accusent de vouloir se servir de la controverse pour détourner l’attention des gens de leurs problèmes.

Certains fidèles de la SPC sont dans la rue pour d’autres raisons que « l’injustice religieuse ». « Les gens sont ici à cause de l’insatisfaction massive face à l’économie et la démocratie », disait récemment Ljilkana Banjevic, manifestante de 62 ans.

En Israël, un centre d’appels pour rassurer la population sur le nouveau coronavirus

Plus de 15.000 appels la première journée. En Israël, les autorités ont mis en place un centre de crise doté d’une ligne d’urgence pour détecter les cas potentiels de nouveau coronavirus mais elles ont vite été débordées par les craintes d’une épidémie dans le pays.

Vendredi dernier, l’Etat hébreu confirmait son premier cas, sur deux, de nouveau coronavirus: une femme qui avait été placée en quarantaine sur le navire de croisière Diamond Princess. Elle venait d’être rapatriée à Tel-Aviv avec une dizaine d’autres anciens passagers du paquebot.

Quelques heures plus tard, samedi après le shabbat, les autorités ont annoncé l’ouverture d’un centre par la Magen David Adom (MDA), l’équivalent de la Croix-Rouge française, pour prévenir la propagation de ce virus.

Parti de Chine en décembre, l’épidémie a provoqué quelque 80.000 contaminations (dont près de 2.800 hors de Chine) et plus de 2.700 morts dans le monde, selon des chiffres communiqués mercredi par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

À l’intérieur du centre d’appels installé à Kyriat Ono à l’est de Tel-Aviv, dans un édifice frappé d’une étoile de David rouge, parmi la horde de standardistes, une quinzaine de secouristes d’une unité spéciale, casque sur les oreilles, répondent aux citoyens inquiets.

« Quelqu’un a toussé dans l’autobus, est-ce que j’ai le coronavirus? »; « Mon ami revient d’Italie (très touchée par l’épidémie, NDLR), que dois-je faire? », « Je me sens enrhumé, dois-je être testé? », demandent des Israéliens.

Le premier soir, le centre a été assailli de 15.000 appels. Depuis, la moyenne a fléchi mais tourne autour de 6.500 par jour, indique la MDA.

« Si un patient appelle le 101 et qu’il a des symptômes similaires à ceux du coronavirus, il est directement transféré au centre d’appels spécialisé », explique à l’AFP Miriam Serkez, porte-parole d’une unité médicale.

« Les gens ont besoin d’informations. Quand on donne les bonnes réponses, cela calme la population », renchérit Ilan Klein, directeur adjoint du département international de la MDA.

– Tri et confinement –

Pour répondre à la crise, tout le personnel de la MDA a reçu une formation pour détecter les premiers symptômes du nouveau coronavirus. Une équipe de 145 secouristes a été mise sur pied pour prélever des échantillons sur des personnes potentiellement atteintes par le virus.

« Le ministère de la Santé nous a délégué la prévention et l’action », explique M. Klein à l’AFP.

Devant chaque secouriste, les informations défilent sur cinq écrans, avec notamment une carte d’Israël où apparaissent des petits drapeaux pour indiquer la localisation des appels. Le standardiste suit un protocole de questions bien défini lors de cette consultation téléphonique.

Si une personne doit être confinée, « une équipe, dotée d’une combinaison spéciale, est envoyée sur place pour effectuer des tests », indique Mme Serkez. « L’échantillon, complètement scellé, est par la suite envoyé au laboratoire, sans que le patient ait besoin de sortir de chez lui », ajoute-t-elle.

Si les symptômes sont plus sérieux, une équipe médicale la transportera à l’hôpital pour des soins, continue-t-elle.

Aux côtés d’une ambulance, à l’extérieur du centre, se trouve une civière surmontée d’un large couvercle de plastique. « Pour transporter les patients, il y a un lit isolé de toutes parts » avec « une machine spéciale qui aide à la circulation de l’air pour éviter toute propagation du virus », explique Mme Serkez.

Jusqu’à présent, 35 tests ont été réalisés et deux cas seulement ont été confirmés positives: deux passagers du Diamond Princess.

Mais la peur est bien réelle en Israël où, à quelques jours des élections législatives, le gouvernement a mis en garde contre la propagation de « fausses nouvelles » sur le nouveau coronavirus visant à « influencer la participation » de la population à ce scrutin crucial pour l’avenir politique du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

D’autant que l’abstention demeure la grande inconnue de cette troisième élection en moins d’un an…

Grèce: violents incidents à Lesbos et Chios contre les nouveaux camps pour migrants

Des affrontements avec la police ont fait des dizaines de blessés mercredi sur les îles grecques de Lesbos et Chios, où les habitants protestaient pour le deuxième jour consécutif contre la construction de nouveaux camps pour les migrants.

A Lesbos, des centaines de personnes rassemblées à Mantamados, un village proche du site de construction d’un nouveau camp, ont jeté des pierres vers la police, qui a riposté avec du gaz lacrymogène, des grenades assourdissantes et des balles en plastique, selon un photographe de l’AFP.

« Nous sommes en temps de guerre. (La police) a les armes, nous avons nos coeurs et nos âmes », a déclaré un prêtre local, le père Stratis.

« Vous allez mourir ici », a crié un manifestant aux policiers tandis que d’autres insultaient les forces de l’ordre.

Lors des affrontements, qui ont duré toute la journée, dix manifestants et quarante policiers ont été blessés, selon une source policière.

Mercredi soir, environ 2.000 personnes se sont rassemblés devant une caserne où se trouvaient les policiers et ont tenté d’y pénétrer. La police anti-émeute a riposté avec du gaz lacrymogène.

A Chios, 2.000 personnes ont aussi manifesté contre le projet de construction d’un nouveau camp. Selon des médias locaux, un groupe de manifestants a fait irruption dans une chambre d’hôtel occupée par des policiers et les ont tabassés.

Huit policiers ont été blessés à Chios, a indiqué à l’AFP un porte-parole de la police du nord de la mer Egée.

Le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis a appelé « au calme ».

« Les travaux de construction ont déjà commencé (…) les nouveaux camps sont situés très loin des régions urbaines », a-t-il affirmé.

Face à la colère des habitants contre les forces anti-émeutes, le porte-parole du gouvernement Stelios Petsas a annoncé mercredi soir qu' »une partie de policiers » arrivés sur les îles la veille de la Grèce continentale pour renforcer la sécurité « allait quitter les îles ».

– « Sommes-nous en guerre? » –

Mardi, des affrontements avaient déjà eu lieu à Lesbos et Chios avec les policiers protégeant les chantiers.

Plus de 38.000 demandeurs d’asile s’entassent dans des conditions sordides dans les camps actuels des îles de Lesbos, Samos, Chios, Leros et Kos, officiellement prévus pour 6.200 personnes.

Les habitants des îles, qui vivent depuis 2015, lors de la grande crise migratoire, avec les migrants réclament leur transfert en Grèce continentale et s’opposent aux projets de construction de nouveaux camps du gouvernement.

« Nous nous battons également pour ceux qui veulent partir pour un endroit meilleur. Nous voulons qu’ils partent », a déclaré le père Stratis. « Nous accepterons les réfugiés de guerre, mais les criminels devraient partir ».

Le gouvernement conservateur, arrivé au pouvoir en juillet, a annoncé que les camps de Lesbos, Samos et Chios seraient fermés cette année pour être remplacés par de nouvelles installations « fermées », plus petites, qui devraient être opérationnelles mi-2020.

Après des semaines de pourparlers infructueux avec les autorités locales, le gouvernement a envoyé lundi par bateau des engins de chantier et la police antiémeute, provoquant l’indignation.

Les partis d’opposition ont dénoncé une décision antidémocratique et les responsables locaux une tentative « barbare » de « transformer de force Lesbos et Chios en prisons ».

L’Etat avait déjà mis en colère les insulaires courant février en annonçant que des terres pourraient être réquisitionnées pour une période de trois ans pour construire les nouveaux camps.

« Il y a une limite à notre patience. Ils réquisitionnent des terres et amènent la police antiémeute, utilisent les lacrymogènes contre les gens. Sommes-nous en guerre ? », s’est indigné Stratos Paspalas, un boucher à la retraite à Lesbos.

Le gouvernement avait tenté à plusieurs reprises, en vain, de convaincre les autorités locales de la nécessité de ces nouveaux camps.

Mardi, le gouvernement avait mis en avant l’apparition de cas de coronavirus en Europe pour justifier la construction de ces camps. Ces cas « peuvent être gérés rapidement et efficacement dans une structure fermée, non dans une structure ouverte qui constitue une bombe sanitaire », avait dit le porte-parole du gouvernement.

Cameroun: la communauté internationale « bienvenue » pour régler la crise, affirme un opposant

La communauté internationale est la bienvenue au Cameroun pour aider à régler la crise meurtrière qui secoue les régions anglophones du pays, a affirmé l’opposant Maurice Kamto mercredi devant une foule de plusieurs centaines de personnes à Douala.

« Si les partenaires du Cameroun sont prêts à venir nous aider à régler la crise, alors je leur dis bienvenue », a-t-il lancé lors de sa première intervention en public depuis les législatives de début février.

Après le meurtre de 23 personnes mi-février dans les régions anglophones du Cameroun, attribué notamment à des militaires par plusieurs ONG, le président français Emmanuel Macron avait promis de « mettre la pression » à Yaoundé, des propos qui avaient choqué au Cameroun, y compris dans une partie de l’opposition.

La présidence de Paul Biya avait alors rétorqué que « le président est comptable de son action devant le seul peuple camerounais souverain, et non devant un dirigeant étranger ».

« Si les autres s’intéressent à ça, c’est parce que nous n’avons pas été en mesure de régler ça entre nous », a lancé M. Kamto mercredi.

Son parti, le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) avait appelé à boycotter les législatives en raison du conflit entre indépendantistes et l’armée, qui a fait plus de 3.000 morts et poussé plus de 700.000 personnes à quitter leurs domiciles dans les régions anglophones du Sud-Ouest et du Nord-Ouest.

M. Kamto s’est félicité du taux de participation très bas, estimant que le « mot d’ordre de boycott » avait été suivi à 77% ». Le taux des participation et l’ensemble des résultats n’ont pas encore été publiés.

Le candidat malheureux à la présidentielle de 2018 face au président Paul Biya, qui avait passé près de 9 mois en prison en 2019, n’a en revanche pas directement réagi aux propos d’Emmanuel Macron.

Le président français avait affirmé samedi qu’il allait mettre « la pression » sur son homologue camerounais pour mettre un terme aux violences, et a à cette occasion assuré que M. Kamto avait été libéré après son intervention.

Officiellement, la présidence camerounaise s’est contenté lundi soir de « rejeter » les « propos surprenants » d’Emmanuel Macron dans un communiqué.

Des manifestations pacifiques, auxquelles ont participé des élus locaux et des associations proches du parti présidentiel, ont eu lieu devant l’ambassade de France à Yaoundé lundi et mardi, ainsi que, dans une moindre mesure, dans d’autres villes du pays.

« Nous n’avons pas besoin d’un libérateur de dernière minute. Il est mal indiqué d’aller cogner à la porte de l’ancien colon pour solliciter son soutien », a affirmé à l’AFP Joshua Osih, candidat malheureux à la présidentielle de 2018 pour le Social Democratic Front (SDF), parti fortement ancré dans les régions anglophones.

Même dans des journaux d’ordinaire plutôt critiques avec le gouvernement camerounais, comme le quotidien Mutations, la « condescendance inédite » du président français fait la une, tandis que le journal Repères, plus proche du pouvoir, titre « Macron, l’immature ».

Alors que les autres partis faisaient campagne début février, M. Kamto avait visité plusieurs pays, dont la France, le Canada et les Etats-Unis, où il affirme avoir plaidé pour un règlement pacifique du conflit qui oppose les indépendantistes anglophones et l’armée.

« Il faut retirer l’armée » des régions anglophones, a-t-il demandé mercredi, exigeant également l’organisation d’un dialogue avec des dirigeants indépendantistes, dont Julius Ayuk Tabe, condamné à la prison à vie en août.

Joe Biden à l’heure du quitte ou double pour la Maison Blanche

Crédité d’une meilleure performance au dernier débat démocrate, Joe Biden conservait mercredi ses chances de remporter l’élection primaire en Caroline du Sud, un défi qu’il s’est lui-même fixé après un début de campagne décevant.

Il joue quasiment son va-tout samedi dans cet Etat du Sud qui a fait partie des 13 colonies fondatrices du pays à la fin du XVIIIe siècle.

« Je vais remporter la Caroline du Sud », a martelé mardi soir l’ancien vice-président de Barack Obama, lors d’un débat particulièrement âpre opposant dans la ville historique de Charleston les sept principaux . « Je vais gagner le vote afro-américain », a-t-il insisté.

Gageant sur sa popularité au sein de l’électorat noir, Joe Biden était jusqu’à récemment le favori incontesté de ce scrutin. Les Afro-Américains représentent en Caroline du Sud les deux tiers des votants démocrates.

Mais c’était avant l’essor de Bernie Sanders qui, au plan national, a pris la tête de la compétition pour décrocher l’investiture du parti démocrate, grâce à ses bon résultats dans les premiers Etats ayant voté aux primaires: l’Iowa, le New Hampshire et surtout le Nevada où le sénateur socialiste a nettement distancé ses rivaux.

– Bon débat mais bourdes –

MM. Biden et Sanders, respectivement âgés de 77 et 78 ans, sont désormais au coude-à-coude en Caroline du Sud. Mais ce prochain terrain d’affrontement sera bien différent du New Hampshire, Etat jouxtant le Vermont dont est issu « Bernie », ou du Nevada où le sénateur promoteur d’une assurance santé universelle révolutionnaire a réussi une percée chez les Hispaniques.

Joe Biden pourra compter sur l’aide de l’influent élu noir Jim Clyburn, qui mercredi matin lui a déclaré publiquement son soutien.

Le septuagénaire aux rares cheveux blancs plaqués sur le crâne est apparu combatif lors de ce dixième débat démocrate, marquant notamment des points par ses vibrants appels visant l’électorat noir et l’évocation de sa lutte pour financer le port de Charleston.

Mais il peine à dissiper les doutes sur sa forme mentale, brouillant son message avec un léger bégaiement et en accumulant les bourdes.

Sur le plateau télévisé de la joute oratoire organisée par CBS, il a ainsi affirmé que les armes à feu avaient fait « 150 millions » de morts depuis 2007 aux Etats-Unis, soit la moitié de la population du pays. M. Biden a aussi parlé des « camps de reconstruction » (plutôt que rééducation) des Ouïghours du Xinjiang, avant de se reprendre et dire camps « de concentration ».

La veille, il avait commis d’autres impairs, confondant l’actuel président chinois Xi Jinping avec l’un de ses prédécesseurs décédé, Deng Xiaoping. Dans un autre discours, Joe Biden s’est présenté comme candidat « au Sénat américain ».

De son côté M. Sanders a été mis en difficulté à plusieurs reprises, notamment sur le financement de ses mesures de santé ou sur sa défense du programme d’alphabétisation castriste. Il est devenu la cible principale des attaques de ses concurrents.

Conscient que la Caroline du Sud est pour lui un rendez-vous à ne pas rater s’il veut conserver sa dynamique actuelle, le sénateur du Vermont a rejoint mercredi M. Biden à un petit déjeuner organisé sous l’égide du révérend Al Sharpton, une personnalité respectée du mouvement de défense des droits des Noirs.

– Sept Blancs parlent des Noirs –

En embuscade derrière le tandem Biden-Sanders, les autres principaux candidats démocrates étaient également présents: le trentenaire Pete Buttigieg, les sénatrices Amy Klobuchar et Elizabeth Warren, l’homme d’affaires Tom Steyer. Tous blancs, ils ont chacun vanté leur politique en faveur des minorités.

Manquait le milliardaire Michael Bloomberg, 78 ans, dont les centaines de millions de dollars déversés dans sa campagne compensent plus ou moins ses mauvaises prestations lors des deux seuls débats auxquels il a pris part.

L’ex-maire de New York a choisi de faire l’impasse sur les quatre premiers Etats des primaires pour se concentrer sur les millions d’électeurs du « Super Tuesday », le 3 mars, quand 14 Etats se prononceront pour choisir le champion démocrate qui affrontera Donald Trump en novembre.

Ce dernier a dénigré mercredi dans des tweets moqueurs les participants au débat. « Donnez-moi juste un adversaire », a-t-il écrit, sous-entendant que personne n’était de taille à rivaliser avec lui.