Avec la chute de Kafranbel, la « révolution » syrienne orpheline d’un symbole

En ralliant l’opposition syrienne en 2011, la ville de Kafranbel se démarquait par l’ironie mordante des slogans et des pancartes brandies contre le pouvoir de Bachar al-Assad. Avec sa reconquête par le régime, la « révolution » est orpheline d’un de ses ultimes symboles.

Les forces du régime ont repris mardi Kafranbel, progressant dans le sud de la province d’Idleb à la faveur d’une offensive meurtrière menée contre les jihadistes et les rebelles du nord-ouest syrien, avec le soutien de l’allié russe.

Kafranbel était « l’icône de la révolution, son étincelle et son luth résonnant », lâche dans un lyrisme amer Ibrahim Soueid, qui a fui la ville avec sa famille depuis dix mois à cause des violences.

Malgré son départ, le déplacé continuait de s’y rendre régulièrement. Mardi il était aux abords de la ville, jusqu’à une heure du matin, assistant impuissant à sa chute.

« Je suis parti quand j’ai été sûr qu’elle a été prise par l’ennemi », regrette l’homme de 31 ans.

« Ce fut une journée éprouvante. Après neuf ans de révolution, Kafranbel est désormais occupée », ajoute ce père de trois enfants, qui vit désormais dans le nord d’Idleb.

Il se souvient de sa première manifestation anti-pouvoir à Kafranbel, organisée en avril 2011, deux semaines après le début de la « révolution », partie du sud du pays.

A l’époque, il avait contribué à fonder un « bureau médiatique » à Kafranbel, avec un groupe de militants.

Parmi eux Raed Fares, connu pour ses pancartes et ses dessins réalisés avec humour, en anglais et en arabe, et très souvent brandis durant les manifestations. Très critique des jihadistes, le militant a été assassiné par balle en novembre 2018.

– Les débuts euphoriques –

Avec la répression dans le sang des manifestations anti-Assad par le régime, le soulèvement s’est transformé au fil des ans en conflit armé.

Kafranbel fut le théâtre d’affrontements entre l’armée et des déserteurs devenus des rebelles. La ville s’est affranchie en 2012 de l’emprise gouvernementale.

Ibrahim se souvient encore d’une vidéo qu’il avait tournée à l’époque, après la victoire des rebelles, montrant Raed Fares et d’autres militants laissant exploser leur joie.

Pendant des années, la ville s’était démarquée par la créativité et l’humour de ses habitants lors des rassemblements organisés chaque vendredi à travers le pays.

L’un des slogans les plus célèbres remonte au 14 octobre 2011, au moment où la confrontation armée prenait le pas sur la contestation pacifique.

« A bas le régime et l’opposition (…) A bas la nation arabe et musulmane, à bas le Conseil de sécurité (…) A bas le monde (…) A bas tout ».

Durant les années suivantes, ces slogans ont évolué au rythme des transformations du conflit et de ses acteurs: « Etat islamique en Irak et en Syrie: nous ne l’avons pas libérée (la Syrie, ndlr) pour que vous la gouverniez (…) Partez », en allusion à ce qui devait devenir le groupe Etat islamique.

Les slogans n’ont épargné aucune faction, y compris les jihadistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d’Al-Qaïda) dont le pouvoir s’est renforcé à partir de 2017.

HTS avait alors interdit à Radio Fresh, créée par Raed Fares, de diffuser de la musique. Ce dernier avait choisi de diffuser à la place des sons d’animaux.

– « Tout ça a pris fin » –

Kafranbel a été totalement désertée par ses 20.000 habitants, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Damas, avec l’appui de l’aviation russe, a lancé en décembre une offensive d’envergure contre la province d’Idleb et ses environs.

Plus de 400 civils ont été tués, selon l’OSDH, et plus de 948.000 personnes ont été déplacées d’après l’ONU.

Affaibli au début du conflit, le régime a multiplié les victoires face aux jihadistes et aux rebelles ces dernières années, grâce au soutien de la Russie et de l’Iran.

Il contrôle désormais plus de 70% de la Syrie en guerre.

« Pas un seul pilier ne tient encore debout. Ma maison a sans doute été détruite », déplore le militant Bilal Bayouche, 27 ans, qui a trouvé refuge dans la ville d’Idleb après avoir fui Kafranbel.

Ce père de deux enfants se souvient qu’à chaque nouvel évènement en Syrie, « une caricature apparaissait sur les murs de Kafranbel ».

Aujourd’hui, il ne reste plus que des souvenirs.

« Nous chantions et riions pour la révolution (…) Tout ça a pris fin avec (la chute de) Kafranbel ».

Togo: l’opposant Kodjo dépose un recours pour contester les résultats de la présidentielle

L’opposant Agbéyomé Kodjo, arrivé à la seconde place de l’élection présidentielle au Togo, derrière le président sortant Faure Gnassingbé, a annoncé mercredi à l’AFP avoir déposé un recours devant la Cour constitutionnelle, dénonçant de « faux résultats » et une « mascarade électorale ».

« J’ai déposé mardi soir un recours devant la Cour constitutionnelle. Nous attendons que la Cour récuse les faux résultats publiés par la Céni (Commission électorale nationale indépendante) », a expliqué l’opposant.

Cet ancien Premier ministre et outsider de l’opposition a obtenu 18,37% des voix, contre 72,36% pour le président sortant, selon les résultats préliminaires officiels.

Le candidat du Mouvement patriotique pour la démocratie et le développement (MPDD) s’est toutefois auto-déclaré « président de la République togolaise », quelques heures avant la proclamation des résultats de la Céni, dénonçant de graves « irrégularités ».

M. Kodjo a plusieurs fois appelé les Togolais à se « mobiliser pour manifester leur désapprobation face à cette mascarade électorale et à défendre leurs suffrages », mais son appel n’a pas eu d’écho.

Les observateurs de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ont exhorté les candidats à « respecter les résultats issus des urnes et proclamés par les institutions » et à recourir, si besoin, « aux voies légales », dans une déclaration lue lundi lors d’une conférence de presse.

L’Union africaine (UA) a également appelé le peuple togolais à « continuer d’oeuvrer pour préserver la paix, la stabilité, afin de consolider la démocratie et l’Etat de droit ».

De son côté, Faure Gnassingbé, âgé de 53 ans, a fêté lundi sa victoire avec ses partisans, mais n’a pas fait de discours à la nation.

« Cette victoire est belle, elle est franche, parce qu’elle est le fruit de nos efforts collectifs (…). Cette victoire, personne ne peut la voler, elle nous appartient, avait-il lancé devant la foule.

M. Gnassingbé, arrivé au pouvoir en 2005 après le décès de son père, le général Gnassingbé Eyadéma, qui avait lui-même dirigé le Togo pendant 38 ans, a été réélu depuis lors de scrutins tous contestés par l’opposition.

Il garde d’importants alliés parmi ses pairs africains et avec la France, ex-puissance coloniale impliquée dans la lutte contre les mouvements jihadistes au Sahel voisin, qui restent particulièrement sensibles à la stabilité du Togo dans cette région volatile.

Présidentielle contestée à Bissau: un des candidats invite à son investiture

L’un des deux candidats au second tour de la présidentielle en Guinée-Bissau a déclaré mercredi son intention de se faire investir jeudi au poste de chef de l’Etat, malgré l’imbroglio persistant sur l’issue du scrutin.

La contestation menée par son adversaire et la confusion qui continue à régner deux mois après ce second tour rendent tout sauf certain qu’Umaro Sissoco Embalo sera bel et bien investi jeudi.

Cependant M. Embalo s’est appuyé sur une décision prise mardi en sa faveur par la commission électorale pour exprimer sa détermination à prendre la charge de président.

« Dans un esprit d’unité et de concorde nationale, j’invite tous mes compatriotes à la cérémonie de mon investiture qui aura lieu demain » jeudi, a-t-il annoncé sur les réseaux sociaux.

Deux mois après le second tour du 29 décembre, la Guinée-Bissau est dans une profonde impasse politique.

Umaro Sissoco Embalo, issu de l’opposition, a été donné vainqueur par la commission électorale avec 53,55% des voix.

Une victoire que conteste son rival Domingos Simoes Pereira (crédité de 46,45%), du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), la formation qui domine la vie politique de cette ancienne colonie portugaise depuis son indépendance en 1974.

M. Pereira et le PAIGC dénoncent des fraudes et réclament qu’on recompte tous les votes.

La Cour suprême, saisie par le PAIGC, a rendu des arrêts qui réclament la vérification des procès-verbaux mais qui n’ont pas permis de trancher le contentieux. La querelle oppose aussi la Cour suprême et la commission électorale.

Celle-ci, à nouveau réunie mardi, a confirmé les résultats qu’elle avait annoncés.

Selon Armando Tchoba Dos Santos, un juriste interrogé par un correspondant de l’AFP, la Cour suprême est à nouveau appelée à se prononcer sous 48 heures. Par ailleurs, les conditions d’une éventuelle investiture n’étaient pas réunies mercredi matin au parlement.

En Guinée-Bissau, une mystérieuse hécatombe de vautours

Des centaines de vautours sont morts pour une raison mystérieuse ces derniers jours en Guinée-Bissau, ont indiqué mardi les autorités, qui ont recommandé aux populations d’éviter les contacts avec les cadavres des rapaces pour écarter les risques de contamination dans l’attente des résultats d’analyses vétérinaires.

Des dizaines de vautours morts ont notamment été retrouvés aux abords de l’abattoir principal de Bissau, où ils rôdent habituellement en grand nombre pour se nourrir de déchets de viande, ont indiqué des ouvriers de l’établissement.

Le phénomène a touché depuis environ une semaine plusieurs régions de cette ancienne colonie portugaise d’Afrique de l’Ouest au climat tropical, notamment Bafata (est), Quebo (sud) et l’archipel des Bijagos (ouest), avant d’atteindre la capitale.

« J’ai été avisé par des bouchers et la population de la découverte des carcasses de vautours. Au total, on en a dénombré une centaine, mais nous n’avons pas encore une source médicale ou vétérinaire pour nous donner les raisons (expliquant) autant de morts de vautours », a déclaré à la presse le gouverneur de la région de Bafata, Dundu Sambù.

Quelque 135 rapaces ont été incinérés lundi dans cette région, à l’écart des zones habitées et sous la surveillance des autorités sanitaires et de représentants de l’Etat, selon le journal bissau-guinéen O Democrata, qui estime à plus de 240 le nombres de rapaces morts ces derniers jours dans le pays.

Des prélèvements ont été effectués et seront analysés dans un laboratoire de Dakar, au Sénégal voisin, afin de déterminer s’il s’agit d' »une grippe aviaire ou non », a déclaré à l’AFP un responsable national des services vétérinaires, Mboma Baldé.

Les populations ont été invitées à éviter tout contact avec les oiseau morts et à empêcher les animaux domestiques de s’en approcher ou de s’en nourrir, a indiqué le gouverneur de Bafata, cité par O Democrata.

Dans les îles des Bijagos, au large de Bissau, où le vautour est un animal totem, des habitants ont sacrifié des poulets et répandu de l’huile de palme sur l’autel lors de cérémonies traditionnelles pour conjurer ce qu’ils estiment être une malédiction, a expliqué à l’AFP le fils d’un féticheur local.

Violences intercommunautaires à Delhi: Modi appelle au calme

Le Premier ministre indien Narendra Modi a appelé mercredi au calme face à des violences intercommunautaires qui ont fait 22 morts à New Delhi, marquant un des pires embrasements de la capitale indienne depuis des décennies.

Commerces mis à feu, drapeau hindou hissé sur une mosquée, Coran brûlé: des émeutiers armés de pierres, de sabres et parfois de pistolets, sèment le chaos et la terreur depuis dimanche dans des faubourgs populaires du nord-est de la mégapole, éloignés d’une dizaine de kilomètres du centre.

« J’appelle mes sœurs et frères de Delhi à maintenir en tout temps la paix et la fraternité. Il est important que le calme et la normalité soient rétablis au plus vite », a déclaré le dirigeant nationaliste hindou sur son compte Twitter.

Des heurts entre partisans et opposants d’une loi controversée sur la citoyenneté, jugée discriminatoire envers les musulmans par ses détracteurs, ont dégénéré en affrontements communautaires, entre hindous et musulmans.

Lors de multiples incidents rapportés par la presse indienne, des groupes armés hindous s’en sont pris à des lieux et à des personnes identifiés comme musulmans. Des témoignages concordants font état de bandes criant « Jai Shri Ram » (« Vive le dieu Ram »).

Le principal hôpital de la zone a recensé 22 décès et traité 200 blessés jusqu’à mercredi après-midi, a indiqué à l’AFP l’un de ses responsables. Une partie conséquente des patients souffraient de blessures par balles.

Mercredi, la situation sur le terrain était tendue mais aucune violence n’avait été signalée en milieu d’après-midi. Les autorités indiennes ont déployé en nombre des policiers en tenue antiémeutes.

Les forces de l’ordre demandaient aux habitants de se barricader chez eux, ont constaté des journalistes de l’AFP. Des pompiers arrosaient de leur lance à eau des échoppes brûlées la nuit précédente.

Dans un marché dévasté et calciné, le commerçant Abdul Hafees était venu constater les dégâts. Lundi, des émeutiers « ont utilisé l’essence de motos garées là et des pneus en caoutchouc pour s’assurer que tout brûlait », a-t-il raconté. Les vandales sont revenus mardi pour incendier des boutiques épargnées la veille.

« Je pense que toute échoppe encore intacte dans le marché, ils la brûleront ce soir », redoute-t-il.

– Mise en garde pakistanaise –

S’inquiétant de la « situation alarmante », le ministre en chef de Delhi, Arvind Kejriwal, a enjoint le gouvernement de Narendra Modi de mettre en place un couvre-feu dans la zone et déployer l’armée.

Un drapeau hindou, représentant le dieu-singe Hanuman, flottait mercredi matin au sommet d’une mosquée de quartier vandalisée, a vu une équipe de l’AFP. Des vidéos tournées la veille et circulant sur les réseaux sociaux, dont l’AFP a vérifié l’authenticité, montrent des hommes grimpant au minaret pour y arracher le haut-parleur et y installer le drapeau, sous les vivats.

Mohammad Muslim, un résident du quartier, a extrait un Coran en feu de la mosquée saccagée. « Vous pouvez voir que mes mains sont devenues noires pour avoir porté le Coran brûlé », a-t-il expliqué à l’AFP.

Narendra Modi est confronté depuis décembre à un vaste mouvement de contestation contre une nouvelle législation qui facilite l’attribution de la citoyenneté indienne à des réfugiés, à condition qu’ils ne soient pas musulmans.

Ce texte a cristallisé les craintes de la minorité musulmane d’être reléguée au rang de citoyens de seconde classe, dans cette nation où les hindous représentent 80% de la population.

La loi a provoqué les plus importantes manifestations dans le pays d’Asie du Sud depuis l’arrivée au pouvoir en 2014 de l’actuel chef de gouvernement, largement réélu l’année dernière.

Réagissant aux événements à New Delhi, le Premier ministre pakistanais Imran Khan a jugé mercredi que « lorsqu’une idéologie raciste fondée sur la haine prend le pouvoir, cela mène au bain de sang », en référence au nationalisme hindou.

Le dirigeant de la république islamique a mis en garde ses concitoyens contre des représailles sur la minorité hindoue au Pakistan. « Nos minorités sont des citoyens égaux dans ce pays », a-t-il tweeté.

Nouveau coronavirus: l’Iran accuse les Etats-Unis de répandre « la peur »

L’Iran a accusé mercredi les Etats-Unis, son ennemi juré, de répandre « la peur » autour du nouveau coronavirus dont le bilan local est de 19 morts, le plus lourd après celui de la Chine, avec de nouveaux cas détectés aux quatre coins du pays.

Le porte-parole du ministère de la Santé Kianouche Jahanpour a affirmé que la situation « s’améliorait » mais a tout de même appelé les Iraniens à limiter leurs déplacements.

M. Jahanpour a annoncé le décès de quatre nouvelles personnes parmi 44 nouveaux cas de personnes infectées par le nouveau coronavirus détectés ces dernières 24h.

Près de 140 personnes, dont le vice-ministre de la Santé, ont été infectées par la maladie à travers le pays et la plupart des voisins de la République islamique ont mis en place des mesures de restrictions des déplacements et de placement en quarantaine.

Nombre d’écoles, universités et centres culturels ou sportifs ont été fermés et de nombreux événements repoussés pour permettre à des équipes sanitaires de désinfecter les lieux et transports publics iraniens.

– « Peur extrême » –

« Nous ne devrions pas laisser l’Amérique ajouter un virus, appelé la peur extrême (…), au coronavirus », a déclaré le président iranien Hassan Rohani à l’issue d’une réunion de son cabinet au lendemain d’une déclaration du secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo appelant l’Iran à « dire la vérité » au sujet de l’épidémie en Iran.

« Les Américains eux-mêmes sont en difficulté face au coronavirus. 16.000 personnes sont mortes de la grippe (aux Etats-Unis) mais ils ne parlent pas de leurs propres (morts) », a ajouté M. Rohani.

Mi-février, les autorités américaines ont étendu les tests du nouveau coronavirus aux personnes présentant des symptômes grippaux. Les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) américains avaient alors indiqué que 14.000 décès dus à la grippe avaient été recensés pour la saison 2019-2020.

« Le régime iranien aurait caché des détails vitaux sur l’épidémie dans ce pays », a affirmé Mike Pompeo, lors d’une conférence à Washington, dans un contexte de tensions exacerbées entre l’Iran et les Etats-Unis.

La veille, un député de Qom avait fait état de 50 morts des suites du nouveau coronavirus. Le vice-ministre de la Santé Iraj Harirchi a démenti ces propos lundi, promettant de démissionner si ce chiffre était confirmé, avant d’annoncer mardi qu’il avait été lui-même contaminé par le virus.

Le porte-parole du gouvernement Ali Rabii, aux côtés duquel M. Harirchi était apparu toussant et transpirant lors d’une conférence de presse lundi, attend lui les résultats de son test.

Depuis l’annonce le 19 février des deux premiers décès dus à la maladie, à Qom, ville sainte chiite du centre du pays qui attire pèlerins et théologiens du monde entier, le gouvernement a promis d’être plus transparent après avoir été accusé de minimiser le bilan de l’épidémie sur son sol et de mal gérer la propagation du virus.

M. Rohani a insisté mercredi sur les progrès de l’Iran face à l’épidémie, évoquant une « baisse des visites (à l’hôpital) et des progrès dans le traitement ».

– « Légèrement préoccupante » –

Selon le dernier bilan du ministère de la santé, plus de la moitié des 31 provinces sont touchées: neuf nouveaux cas ont été détectés à Qom, quatre à Téhéran, neuf à Gilan, trois au Khuzestan et deux au Sistan-Balouchistan, à Fars et au Kohgilouyeh-Bouyer-Ahmad.

Un nouveau cas a été détecté dans chacune des province de Markazi, Kermanshah, Ardebil, Mazandaran, Lorestan, Semnan et Hormozgan.

Le porte-parole du ministère de la Santé, M. Janhanpour, est néanmoins apparu optimiste quant à la situation à Qom, épicentre de l’épidémie dans le pays.

« Toutes les 24 heures, au moins 10% de ceux qui sont hospitalisés ou des cas suspects sont autorisés à sortir et sont en bonne santé », a-t-il déclaré.

Mais à Gilan, province située au bord de la mer Caspienne et très prisée des vacanciers notamment téhéranais, « la situation est légèrement préoccupante » puisqu’elle est la deuxième en termes de nouveaux cas détectés, dont beaucoup sont des personnes qui avaient voyagé dans d’autres provinces.

Les autorités ont invité les Iraniens à limiter leur déplacement mais n’ont annoncé aucune mesure de placement en quarantaine, jugeant cette méthode obsolète et inefficace.

Grève générale dans les îles grecques contre les camps de migrants

Les îles grecques de Lesbos, Chios et Samos menaient mercredi une grève générale pour protester contre la construction de nouveaux camps pour les migrants.

Pour le deuxième jour consécutif, les manifestants à Lesbos ont fait face à la police anti-émeutes près de la ville de Mantamados, proche du site prévu pour la construction d’un camp de 7.000 personnes.

De petits groupes ont jeté des pierres vers la police, qui a répondu avec du gaz lacrymogène et des grenades aveuglantes.

« Nous sommes en temps de guerre. (La police) a les armes, nous avons nos coeurs et nos âmes », a déclaré un prêtre local, le père Stratis.

Le gouvernorat local a appelé à une grève de 24 heures, rejetant les projets du gouvernement de construire de nouveaux camps pour remplacer les installations actuelles surpeuplées, dans lesquelles les demandeurs d’asile vivent dans des conditions épouvantables.

Plus de 38.000 migrants s’entassent dans les camps des îles de Lesbos, Samos, Chios, Leros et Kos, officiellement prévus pour 6.200 personnes.

Les habitants des îles se plaignent depuis longtemps des problèmes d’insécurité et de santé publique que causent selon eux les migrants et s’opposent aux projets de construction de nouveaux camps du gouvernement.

« Nous nous battons également pour ceux qui veulent partir pour un endroit meilleur. Nous voulons qu’ils partent », a déclaré le père Stratis. « Nous accepterons les réfugiés de guerre, mais les criminels devraient partir ».

Le gouvernement conservateur, arrivé au pouvoir en juillet, a annoncé que les camps de Lesbos, Samos et Chios seront fermés cette année pour être remplacés par de nouvelles installations, plus petites, qui devraient être opérationnelles mi-2020.

Après des semaines de pourparlers infructueux avec les autorités locales, le gouvernement a envoyé lundi par bateau des engins de chantier et la police anti-émeutes, provoquant l’indignation.

Les partis d’opposition ont dénoncé une décision antidémocratique, et les responsables locaux une tentative « barbare » de « transformer de force Lesbos et Chios en prisons ».

L’Etat avait déjà mis en colère les insulaires courant février en annonçant que des terres pourraient être réquisitionnées pour une période de trois ans pour construire les nouveaux camps.

« Il y a une limite à notre patience. Ils réquisitionnent des terres et amènent la police anti-émeutes, utilisent les lacrymogènes contre les gens. Sommes-nous en guerre ? », s’est indigné Stratos Paspalas, un boucher à la retraite.

Tunisie: vote de confiance attendu pour le nouveau gouvernement

Le Parlement tunisien devrait accorder mercredi, sauf coup de théâtre, sa confiance au nouveau gouvernement, qui a été constitué après quatre mois d’intenses négociations et doit s’atteler à d’importants dossiers socio-économiques en suspens.

Dans le cas contraire, un second rejet après l’échec d’un premier cabinet en janvier ouvrirait la porte à la dissolution de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) élue le 6 octobre et à des élections anticipées.

Le gouvernement proposé par Elyes Fakhfakh se compose de 15 membres appartenant à des partis politiques et 17 autres présentés comme des personnalités indépendantes qui se voient confier notamment les ministères régaliens.

Plus grande force au Parlement, le parti d’inspiration islamiste Ennahdha (54 députés) obtient six ministères.

Même s’il n’a pas décroché les ministères qu’il convoitait, Ennahdha a affirmé dans un communiqué mardi soir qu’il voterait en faveur de ce cabinet.

D’autres blocs parlementaires comme le Courant démocrate (22 sièges) et le Mouvement du peuple (16 sièges) ont manifesté également leur soutien au gouvernement qui doit obtenir la majorité absolue de 109 voix sur 2017, au sein d’une Assemblée particulièrement morcelée.

– « Très fortes chances » –

La parti libéral Qalb Tounes (38 sièges, deux force dans l’ARP), de l’homme d’affaire Nabil Karoui, n’a pas été sollicité pour faire partie du gouvernement, et se pose ainsi dans l’opposition.

Mais, a-t-il fait savoir mardi après une réunion de son bureau, s’il y avait un risque que le gouvernement n’obtienne pas la majorité des voix et donc que l’assemblée soit dissoute, il déciderait alors d’approuver l’équipe de M. Fakhfakh.

Ce vote intervient après un accord de dernière minute le 19 février entre le président tunisien Kais Saied et Ennahdha.

« Sauf grosse surprise, le gouvernement Fakhfakh a de très fortes chances d’obtenir le vote de confiance de l’ARP », avance mercredi le journal francophone Le Quotidien.

Dans ce gouvernement qui ne compte que six femmes, les ministères de la Justice et de l’Intérieur, très convoités, ont été confiés respectivement à une juge présentée comme indépendante, Thouraya Jeribi, et à un ancien cadre ministériel récemment nommé conseiller juridique de la présidence, Hichem Mechichi.

La Défense revient à l’ancien dirigeant de l’Instance nationale d’accès à l’information (Inai), Imed Hazgui, et les Affaires étrangères à un ancien ambassadeur à Oman, Noureddine Erraï.

Un seul ministre est issu du cabinet sortant, le ministre des Affaires religieuses Ahmed Adhoum. Le ministre du Tourisme René Trabelsi, premier ministre de confession juive en Tunisie depuis la période de l’indépendance, a en revanche été écarté, dans un contexte de forte défiance envers tout ce qui peut être lié à Israël.

En janvier, un précédent gouvernement constitué sous la houlette d’Ennahdha avait échoué à obtenir la confiance des députés.

– Quelle marge de manoeuvre ? –

La Tunisie est donc gérée depuis plus de quatre mois par le gouvernement sortant, alimentant un attentisme qui ralentit la vie publique et économique du pays.

Le nouveau gouvernement devra notamment relancer les discussions avec les bailleurs de fonds, à commencer par le Fonds monétaire international, dont le programme entamé en 2016 s’achève en avril/mai 2020.

« La question qui se pose maintenant, c’est la marge du manœuvre accordée à ce gouvernement, qui permettra de mesurer son efficacité », a souligné le politologue Selim Kharrat, de l’ONG Bawsala, observatoire de la vie publique.

Quant aux Tunisiens, neuf ans après avoir chassé le dictateur Zine el Abidine Ben Ali lors du Printemps arabe, ils attendent toujours un gouvernement démocratique à même de s’attaquer aux nombreux maux socio-économiques qui rongent leur pays.

« La patience a ses limites et tout le monde attend au tournant le nouveau gouvernement avec cette grogne qui risque de s’amplifier », écrit dans son éditorial Le Temps.

Et « plombé par des dissensions idéologiques entre les membres de son équipe et une opposition qui l’attend de pied ferme, Elyes Fakhfakh aura certainement bien du mal à mettre en pratique son programme », estime ce quotidien francophone.

Tunisie: vote de confiance attendu pour le nouveau gouvernement

Le Parlement tunisien devrait accorder mercredi, sauf coup de théâtre, sa confiance au nouveau gouvernement, qui a été constitué après quatre mois d’intenses négociations et doit s’atteler à d’importants dossiers socio-économiques en suspens.

Dans le cas contraire, un second rejet après l’échec d’un premier cabinet en janvier ouvrirait la porte à la dissolution de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) élue le 6 octobre et à des élections anticipées.

Le gouvernement proposé par Elyes Fakhfakh se compose de 15 membres appartenant à des partis politiques et 17 autres présentés comme des personnalités indépendantes qui se voient confier notamment les ministères régaliens.

Plus grande force au Parlement, le parti d’inspiration islamiste Ennahdha (54 députés) obtient six ministères.

Même s’il n’a pas décroché les ministères qu’il convoitait, Ennahdha a affirmé dans un communiqué mardi soir qu’il voterait en faveur de ce cabinet.

D’autres blocs parlementaires comme le Courant démocrate (22 sièges) et le Mouvement du peuple (16 sièges) ont manifesté également leur soutien au gouvernement qui doit obtenir la majorité absolue de 109 voix sur 2017, au sein d’une Assemblée particulièrement morcelée.

– « Très fortes chances » –

La parti libéral Qalb Tounes (38 sièges, deux force dans l’ARP), de l’homme d’affaire Nabil Karoui, n’a pas été sollicité pour faire partie du gouvernement, et se pose ainsi dans l’opposition.

Mais, a-t-il fait savoir mardi après une réunion de son bureau, s’il y avait un risque que le gouvernement n’obtienne pas la majorité des voix et donc que l’assemblée soit dissoute, il déciderait alors d’approuver l’équipe de M. Fakhfakh.

Ce vote intervient après un accord de dernière minute le 19 février entre le président tunisien Kais Saied et Ennahdha.

« Sauf grosse surprise, le gouvernement Fakhfakh a de très fortes chances d’obtenir le vote de confiance de l’ARP », avance mercredi le journal francophone Le Quotidien.

Dans ce gouvernement qui ne compte que six femmes, les ministères de la Justice et de l’Intérieur, très convoités, ont été confiés respectivement à une juge présentée comme indépendante, Thouraya Jeribi, et à un ancien cadre ministériel récemment nommé conseiller juridique de la présidence, Hichem Mechichi.

La Défense revient à l’ancien dirigeant de l’Instance nationale d’accès à l’information (Inai), Imed Hazgui, et les Affaires étrangères à un ancien ambassadeur à Oman, Noureddine Erraï.

Un seul ministre est issu du cabinet sortant, le ministre des Affaires religieuses Ahmed Adhoum. Le ministre du Tourisme René Trabelsi, premier ministre de confession juive en Tunisie depuis la période de l’indépendance, a en revanche été écarté, dans un contexte de forte défiance envers tout ce qui peut être lié à Israël.

En janvier, un précédent gouvernement constitué sous la houlette d’Ennahdha avait échoué à obtenir la confiance des députés.

– Quelle marge de manoeuvre ? –

La Tunisie est donc gérée depuis plus de quatre mois par le gouvernement sortant, alimentant un attentisme qui ralentit la vie publique et économique du pays.

Le nouveau gouvernement devra notamment relancer les discussions avec les bailleurs de fonds, à commencer par le Fonds monétaire international, dont le programme entamé en 2016 s’achève en avril/mai 2020.

« La question qui se pose maintenant, c’est la marge du manœuvre accordée à ce gouvernement, qui permettra de mesurer son efficacité », a souligné le politologue Selim Kharrat, de l’ONG Bawsala, observatoire de la vie publique.

Quant aux Tunisiens, neuf ans après avoir chassé le dictateur Zine el Abidine Ben Ali lors du Printemps arabe, ils attendent toujours un gouvernement démocratique à même de s’attaquer aux nombreux maux socio-économiques qui rongent leur pays.

« La patience a ses limites et tout le monde attend au tournant le nouveau gouvernement avec cette grogne qui risque de s’amplifier », écrit dans son éditorial Le Temps.

Et « plombé par des dissensions idéologiques entre les membres de son équipe et une opposition qui l’attend de pied ferme, Elyes Fakhfakh aura certainement bien du mal à mettre en pratique son programme », estime ce quotidien francophone.

Accord nucléaire iranien: réunion de conciliation ardue à Vienne

Les Européens, la Chine et la Russie ont commencé mercredi à chercher avec l’Iran un terrain d’entente sur son programme nucléaire, lors de leur première rencontre depuis le lancement d’une procédure contre Téhéran, accusé de violer l’accord de 2015.

Qualifiée dans les médias par le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov de « chance pour arrêter l’escalade avant qu’il ne soit trop tard », leur réunion se déroule à Vienne, en Autriche, au niveau des directeurs politiques.

Elle a lieu dans le cadre de la commission mixte, l’instance de discussion prévue par l’accord sur le nucléaire iranien. Aucun délégué n’a fait de commentaire à son arrivée à l’hôtel où ont lieu les discussions, a constaté l’AFP.

Aux termes du mécanisme de règlement des différends prévu par l’accord, les parties doivent tenter de trouver une solution avant de décider s’il convient de la soumettre aux ministres des Affaires étrangères.

L’absence de conciliation peut mener au rétablissement par le Conseil de sécurité de l’ONU de toutes les sanctions qui avaient été levées dans le cadre de l’accord de Vienne, mais les Européens assurent que tel n’est pas leur objectif.

La rencontre est présidée par Helga Schmid, spécialiste du dossier auprès du haut représentant de l’UE, Josep Borrell. Outre l’Iran, elle réunit des représentants de la Chine, la Russie, du Royaume-Uni, la France et l’Allemagne.

L’accord historique de Vienne est sérieusement menacé depuis que les Etats-Unis l’ont dénoncé unilatéralement en 2018. Téhéran, asphyxié par les sanctions, a riposté en s’affranchissant, depuis mai 2019, de plusieurs de ses engagements tous les deux mois, rappelle l’ONG américaine Arms Control Association.

Les Européens considèrent que les violations décidées par les autorités iraniennes ne sont toutefois pas encore toutes irréversibles. Pour l’instant, l’Iran a déclaré qu’il poursuivrait sa coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), permettant aux inspecteurs d’avoir accès aux installations déclarées.

« Nous avons tous intérêt à sauver le JCPOA (acronyme anglais pour Plan d’action global commun, désignant l’accord) pour que les inspecteurs puissent continuer leur travail en Iran », estime un diplomate interrogé par l’AFP.

– Mécanisme de troc –

Mais les négociations entre l’Iran, les Européens, la Chine et la Russie n’ont « pas de date butoir » et « on est encore loin d’un résultat », un calendrier n’ayant pas été arrêté, a-t-il ajouté.

A la mi-février, l’Iran s’est dit disposé à annuler tout ou partie des mesures prises pour se désengager de l’accord, seulement si l’Europe lui assure en échange des avantages économiques « significatifs ».

En janvier 2019, un mécanisme de troc nommé Instex a été créé par les Européens pour contourner les sanctions américaines imposées à l’Iran en évitant d’utiliser le dollar.

Instex doit fonctionner comme une chambre de compensation permettant à l’Iran de continuer à vendre du pétrole et d’importer en contrepartie d’autres produits. Il n’a jusqu’à présent favorisé aucune transaction.

L’Iran réclame notamment des achats de pétrole pour limiter l’impact économique des sanctions américaines. En échange, Téhéran pourrait « au moins geler ses stocks d’uranium » selon le diplomate.

Téhéran produit actuellement de l’uranium enrichi à un taux supérieur au seuil de 3,67% fixé par l’accord et ne respecte plus la limite de 300 kilos imposée à ses stocks d’uranium enrichi.

L’Iran a affirmé début janvier qu’il ne se sentait désormais plus tenu par aucune limite « sur le nombre de ses centrifugeuses ».

Ces prochains jours, l’AIEA, basée à Vienne, doit remettre à ses pays membres les résultats de ses dernières inspections sur les capacités techniques de l’Iran et le stock d’uranium enrichi.

L’accord de 2015 offre à l’Iran la levée d’une partie des sanctions internationales en échange de garanties destinées à prouver la nature exclusivement civile de son programme nucléaire.

Coronavirus en Italie: combattre la peur

Personnes en panique, en proie à des angoisses de mort, perdant contact avec la réalité… le nouveau coronavirus en Italie et les mesures spectaculaires pour l’enrayer ont créé une « épidémie de peur » parallèle à la crise sanitaire, selon des psychologues.

L’annonce de premiers décès en Italie et la mise en quarantaine de plus de 50.000 personnes dans onze villes du Nord, la fermeture des écoles et l’annulation des rassemblements sportifs et culturels ont créé une véritable psychose en début de semaine, racontent des professionnels.

Celle-ci s’est d’abord manifestée par la prise d’assaut de supermarchés, typique d’une « angoisse de mort », selon la psychiatre Rossella Candela, à Rome.

« Certains s’adaptent. D’autres agissent comme s’ils étaient sous les bombardements durant la Seconde Guerre mondiale », explique-t-elle par téléphone.

La ruée sur les masques – quasiment introuvables désormais dans les pharmacies du Nord – participe du même phénomène.

Passé le premier mouvement de panique, reste une angoisse permanente, régulière, alimentée par la rupture de la normalité.

« Certaines dispositions ont accru l’anxiété: la fermeture des écoles, des églises… Dans nos petits villages lombards, l’annulation de la messe, c’est fou, c’est du jamais vu », souligne Alessandra Braga, psychothérapeute à Brescia (Lombardie, nord).

« J’ai passé la journée de lundi dans mon cabinet à tenter de ramener mes patients à la réalité », raconte-t-elle à l’AFP.

Ecoles et bureaux fermés oblige, « beaucoup passent la journée à la maison à regarder la télé, ça ne parle que du coronavirus, c’est totalement anxiogène. J’essaye de les convaincre de sortir, de s’aérer », poursuit Mme Braga.

Mais, constate-t-elle, « c’est comme une épidémie émotive. Et c’est très difficile à gérer, l’émotivité ».

– Peur et racisme anti-chinois –

Depuis le début de la crise, les autorités italiennes ont insisté sur le côté préventif des mesures et rassuré en parlant de « situation sous contrôle ».

Mais pour le psychologue Gabriele Zanardi, exerçant à Pavie (Lombardie), « le problème naît de l’interprétation: fermer les écoles, la quarantaine sont des mesures de prévention, mais les gens les voient comme la preuve que la catastrophe est là. Ce sont des mesures +choquantes+, alors qu’en réalité elles sont raisonnables », explique-t-il.

Difficile de lutter face à la peur suscitée par « quelque chose d’intangible, d’invisible, comme l’est un virus », reconnaît-il.

« Du coup on cherche à donner un visage à cet ennemi invisible: ce sera le Chinois, la personne enrhumée… ».

A Milan, le quartier chinois est désert depuis trois jours: commerçants et restaurateurs ont pris les devants et préféré fermer boutique. Par peur d’être ostracisés dans une région gouvernée par la Ligue d’extrême droite de Matteo Salvini.

A Turin, après l’annonce du premier mort de l’épidémie, une Chinoise de 40 ans a été rouée de coups dans la rue par des inconnus qui ont crié: « tu as le virus, va-t’en sinon je te tue ».

« L’Italie est devenue un pays qui a peur », s’inquiète auprès du journal La Stampa Mariella Enoc, directrice de l’hôpital Bambino Gesu à Rome. « Les phobies concernant ce virus sont en train de prendre le pas sur la raison et la parole scientifique ».

– Humour –

Pour les psychologues interrogés par l’AFP, le problème le plus inquiétant vient des « fake news » qui tournent en boucle. La fausse annonce de la fermeture de toutes les écoles italiennes jusqu’au 5 mars a dû faire l’objet d’un démenti officiel mardi.

Les théories complotistes s’emballent: le virus resterait actif jusqu’à six jours sur les paquets en provenance de Chine, l’épidémie viserait à tuer l’économie de la riche Lombardie…

Paradoxalement, les gens en quarantaine apparaissent moins inquiets que ceux qui se trouvent à l’extérieur. « Ils sont confrontés à la réalité, alors que ceux de l’extérieur n’ont que la perception des choses », souligne Gabriele Zanardi.

Reste, heureusement, l’humour. C’est cette femme qui s’exclame: « Après une semaine enfermés à la maison, si mes enfants ne meurent pas du coronavirus, je les tue moi-même! ».

Ou cette photo sur Twitter de paquets de penne (pâtes) sur des étalages vides, avec le commentaire suivant: « la grande défaite du coronavirus est de n’avoir pas su convaincre les Italiens d’aimer ces penne ».

« Je pense qu’en termes de perception psychologique nous avons vécu le pic de terreur incontrôlée ces derniers jours », relativise M. Zanardi, en ajoutant: « petit à petit, la vie reprendra un peu de normalité. Et l’homme s’habitue. L’exceptionnel deviendra la routine ».

Le virus se propage en Europe mais tue moins en Chine

Après l’Italie, le coronavirus se propage désormais à travers l’Europe, mettant le continent sous forte pression pour contenir l’épidémie de pneumonie virale dont le bilan ne cesse de s’alourdir dans le monde.

Le nouveau coronavirus est apparu mardi dans trois nouveaux pays européens: Autriche, Suisse et Croatie, ainsi qu’en Algérie. Et la France a annoncé mercredi son premier mort français.

Le Covid-19 concerne désormais, Chine mise à part, près d’une quarantaine de nations où elle a fait plus de 40 morts et 2.700 contaminations. Mais l’épidémie, apparue en décembre en Chine, semble avoir atteint un pic dans ce pays: les autorités ont annoncé mercredi 52 nouveaux décès en l’espace de 24 heures contre 71 la veille, le chiffre le plus bas depuis plus de trois semaines.

En Autriche en revanche, deux premiers cas ont été détectés dans un hôtel d’Innsbruck, capitale du Tyrol au cœur des Alpes: un couple d’Italiens venus des environs de Milan, région la plus touchée d’Italie.

En Croatie, c’est un jeune homme ayant séjourné à Milan qui est devenu le premier cas du pays, et des Balkans. Son frère est devenu mercredi le 2e cas confirmé. En Suisse, le premier cas concerne aussi un homme revenu de la région de Milan.

Même en Afrique, c’est un Italien arrivé le 17 février en Algérie qui est devenu la deuxième personne infectée du continent après un premier cas en Egypte.

Sur l’île espagnole de Tenerife (Canaries), un hôtel où a séjourné un Italien pouvant être porteur du virus a été placé en quarantaine. Enfin, le Brésil a annoncé un tout premier cas suspect de contamination: un Brésilien de 61 ans qui s’est rendu du 9 au 21 février dans la région de Milan.

L’Italie, le pays européen le plus touché avec plus de 320 cas et 11 morts, apparaît donc comme une plateforme de diffusion du virus, conduisant plusieurs capitales à déconseiller de s’y rendre et à encadrer le retour des personnes y ayant séjourné, bien que ses voisins se soient engagés à garder leurs frontières ouvertes lors d’une réunion ministérielle mardi à Rome.

– Rugby or not rugby –

Ainsi la France, où le dernier cas concerne « un Français qui rentre d’un séjour en Lombardie » (nord), « invite » ses ressortissants à éviter les régions d’Italie à risque.

La Russie a aussi déconseillé à ses citoyens de se rendre en Italie, mais aussi en Iran et en Corée du Sud, recommandant de s’abstenir de tout voyage « jusqu’à la stabilisation de la situation ».

En Irlande, les autorités sanitaires ont recommandé l’annulation du match de rugby devant opposer l’Irlande à l’Italie le 7 mars à Dublin dans le Tournoi des six nations, en invoquant « l’évolution rapide de l’épidémie en Italie du Nord, et le risque d’importer des cas en Irlande ».

Evénements culturels ou sportifs annulés, économie en berne et dégringolade des marchés financiers: au niveau planétaire, l’épidémie et ses conséquences inquiète l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Le monde n’est « tout simplement pas prêt » à y faire face, a averti mardi Bruce Aylward, l’expert qui dirige la mission conjointe OMS/Chine.

En Corée du Sud où la situation est « très grave », dixit son président Moon Jae-in, le nombre de contaminations a encore bondi pour dépasser le millier de cas.

Le pays, qui dénombre 12 morts selon le dernier bilan, est le premier foyer mondial de contamination après la Chine. Le bilan d’infections s’élève désormais à 1.146 personnes touchées, après l’ajout de 169 nouveaux cas.

– « Ouvrir la bible » –

Le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a averti que le monde restait menacé de « pandémie », à savoir une épidémie d’ampleur internationale. Cette agence de l’ONU s’inquiète particulièrement des risques pour les pays pauvres, mal équipés pour dépister et combattre le nouveau virus.

Téhéran a annoncé mercredi 4 nouveaux décès et 44 nouveaux cas, portant son bilan à 19 morts et 139 cas, le plus lourd en dehors de la Chine. Le vice-ministre de la Santé en personne, Iraj Harirchi, a été contaminé.

Dans un contexte de vives tensions entre Washington et Téhéran, le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a exigé de l’Iran qu’il dise « la vérité » sur l’épidémie. « Nous ne devrions pas laisser l’Amérique ajouter un virus, appelé la peur extrême (…), au coronavirus », a répliqué le président iranien Hassan Rohani.

A Rome, le pape François a exprimé mercredi sa proximité avec les personnes contaminées, tout en appelant, pour désamorcer les fausses rumeurs et la peur, à « éteindre la télévision et ouvrir la Bible ».

En Chine, outre les cas mortels, le décompte quotidien des contaminations est aussi en baisse: 406 nouveaux cas annoncés mercredi contre 508 la veille. Tous, sauf cinq, sont intervenus au Hubei, province de 58 millions d’habitants sous quarantaine depuis un mois. Au total, le virus a contaminé quelque 78.000 personnes en Chine, dont plus de 2.700 en sont mortes.

Alors que son économie est frappée de plein fouet, la Chine a annoncé mercredi un vaste plan de soutien aux petites et moyennes entreprises asphyxiées, encourageant les banques à leur octroyer des prêts préférentiels.

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En Afrique du Sud, un projet de budget acrobatique sur fond de crise

Le ministre sud-africain des Finances Tito Mboweni dévoile mercredi après-midi devant le Parlement du Cap (sud-ouest) un projet de budget annuel aux allures de quadrature du cercle dans une économie au bord du précipice financier.

Croissance molle, détérioration des finances publiques, chômage de masse (30%) et, plus récemment, pannes d’électricité à répétition, la liste des plaies qui affectent le pays le plus industrialisé du continent est longue.

Le président Cyril Ramaphosa a lui-même reconnu sans détour la gravité de la situation la semaine dernière.

La dette publique « atteint des niveaux insoutenables » et « l’économie n’a pas renoué avec une croissance significative depuis une décennie », a-t-il déploré devant les parlementaires lors de son discours annuel sur l’état de la Nation.

Deux ans après le départ anticipé de son prédécesseur Jacob Zuma pour cause de scandales de corruption à répétition, le bilan dressé par M. Ramaphosa sonne comme un constat d’échec.

En prenant les rênes du pays en février 2018, l’ex-syndicaliste des heures sombres de l’apartheid reconverti en capitaine d’industrie s’était pourtant fait fort de relancer le pays en y faisant revenir les investisseurs étrangers.

Sans succès jusque-là. Le produit national brut (PNB) sud-africain n’a pas dépassé 1,3% ces cinq dernières années et devrait péniblement s’établir à 0,5% en 2019.

« Le gouvernement reste incapable d’imposer politiquement les réformes drastiques qu’il a promises », note Darias Jonker, du centre d’analyse Eurasia Group. Il s’est montré « incapable de réduire les déficits », renchérit l’économiste en chef de l’Old Mutual Investment Group, Johann Els.

Dans ce climat, le discours de Tito Mboweni à partir de 12h00 GMT sera observé à la loupe.

« C’est maintenant ou jamais », juge M. Els.

– Dégradation annoncée –

Avec une dette publique proche de 60% du PNB, sa marge de manoeuvre s’annonce des plus limitées.

Le ministre des Finances se sait en outre sous la menace d’une dégradation de la note financière de l’Afrique du Sud par l’agence Moody’s, la seule des trois grandes à ne pas l’avoir encore dégradée au rang d’investissement spéculatif.

Fitch and S&P l’ont reléguée dans cette catégorie dès 2017.

« Nous ne sommes plus très loin d’une dégradation de Moody’s. Si nous ne stabilisons pas le déficit et ne contrôlons pas nos dépenses, ils n’hésiteront pas à le faire », avertit Johann Els.

Une telle sanction pourrait causer un exode des investisseurs et accroître la pression sur la devise locale, le rand.

De l’avis de tous les analystes, les mauvaises performances de l’économie sud-africaine sont largement imputables à sa mauvaise gestion, ainsi que l’illustre la situation financière inquiétante des entreprises publiques du pays.

L’Etat est contraint de renflouer régulièrement les caisses des deux plus emblématique d’entre elles, le géant de l’électricité Eskom et la compagnie South African Airways. Les difficultés du premier ont même convaincu la Banque mondiale d’abaisser sous les 1% sa prévision de croissance pour 2020.

« Le gouvernement doit s’éloigner au plus vite de la culture des dépenses de consommation pour privilégier les investissements dans les infrastructures », recommande Azar Jammine, l’économiste en chef du consultant Econometrix.

L’opposition, elle, agite déjà la menace d’une « crise fiscale ».

« L’insuffisance de la croissance exclut de nouveaux impôts pour accroître les recettes », a estimé le député Geordin Hill-Lewis, en charge des Finances au sein de l’Alliande démocratique (DA).

Le ministre « doit présenter un plan crédible pour stabiliser la dette nationale et contenir le déficit budgétaire », a-t-il ajouté.

Alpha Condé, ex-opposant historique accusé de dérive autoritaire

Aux scrutins qui s’annoncent en Guinée, c’est avant tout de lui qu’il s’agit: Alpha Condé, l’opposant historique devenu président, accusé par ses adversaires de dérive autocratique au point de chercher à plier la Constitution à son ambition de troisième mandat.

Malgré la contestation et les manifestants tués, M. Condé, 82 ans la semaine prochaine, n’entend pas se laisser dévier de la voie qu’il s’est tracée: doter son pays d’une Constitution « moderne », soumise dimanche à un référendum le même jour que des législatives. Quant à briguer sa propre succession fin 2020, « ça, c’est le parti qui décidera », dit-il.

De longues années d’opposition en exil, la prison, une accession quasi miraculeuse au pouvoir et deux mandats présidentiels ont forgé le caractère de cet homme svelte qui boîte légèrement.

M. Condé, qui se réclame de la gauche, est un orateur érudit, sachant enthousiasmer son auditoire. Mais il goûte peu la contradiction et ses adversaires le décrivent comme un homme autoritaire et impulsif.

« Personne ne dicte à la Guinée ce qu’elle doit faire », a-t-il averti un parterre de diplomates en janvier.

« Condé a fait des choses importantes pour faire progresser la Guinée », convient Jim Wormington, de Human Rights Watch. Mais avec les violences policières des derniers mois, « il serait difficile d’en dresser un portrait positif. C’est ce qui rend les choses si tristes ».

Né le 4 mars 1938 à Boké (ouest), M. Condé est issu de l’ethnie malinké, la deuxième du pays.

Il part en France dès l’âge de 15 ans et y obtient des diplômes en économie, droit et sociologie. Il enseigne ensuite à l’université parisienne de la Sorbonne.

– Condamné à mort –

Parallèlement, il dirige dans les années 1960 la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France (FEANF) et anime des mouvements d’opposition au régime dictatorial d’Ahmed Sékou Touré, « père de l’indépendance » de la Guinée, colonie française jusqu’en 1958.

Sékou Touré le fait condamner à mort par contumace en 1970.

Il rentre au pays en 1991, sept ans après la mort de Sékou Touré, auquel a succédé l’officier Lansana Conté. Aux présidentielles de 1993 et 1998, ni libres ni transparentes, Condé est officiellement crédité de 27% et de 18% des voix.

Le fondateur du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) inquiète Lansana Conté, qui le fait arrêter juste après la présidentielle de 1998. Il est condamné en 2000 à cinq ans de prison pour « atteintes à l’autorité de l’Etat et à l’intégrité du territoire national ». Sous la pression internationale, il est gracié en 2001.

Il reste dans l’opposition après l’avènement de la junte du capitaine Moussa Dadis Camara en 2008. Mais en 2010, le « Professeur Alpha Condé » est enfin élu, au second tour, après avoir été très nettement distancé au premier par l’ex-Premier ministre Cellou Dalein Diallo. Il est réélu au premier tour en 2015.

Il a « tellement déçu », juge Cellou Dalein Diallo, actuel chef de file de l’opposition, selon qui M. Condé a instauré « une république bananière, une dictature qui ne dit pas son nom ».

Sanguin, Alpha Condé l’est certainement. Un jour, il réprimande des étudiants qui lui réclament les tablettes informatiques promises pendant sa campagne. « Vous êtes comme des cabris: +Tablettes, Tablettes!+ », grince-t-il, sautant sur place à pieds joints.

– Appel à cogner –

Il se targue de son bilan: réalisation de barrages hydroélectriques, révision des contrats miniers et mise au pas de l’armée, le tout alors que le pays a fait face à une épidémie d’Ebola (fin 2013-2016).

La grande affaire de son deuxième mandat est son projet de doter la Guinée d’une Constitution « qui réponde aux besoins du monde d’aujourd’hui », dont la lutte contre les mutilations génitales des filles et les mariages précoces, ou un juste partage des richesses, dans un pays pauvre malgré ses ressources minières.

Depuis octobre, un collectif de partis, de syndicats et d’associations a fait descendre dans les rues des dizaines, voire des centaines de milliers de Guinéens pour s’opposer à la réforme.

Certes, le projet de réforme maintient à deux le nombre de mandats autorisé. Mais, pour l’opposition, la nouvelle Constitution servira à M. Condé de prétexte pour remettre son compteur présidentiel à zéro.

« Après s’être pris pour Mandela, il a décidé de devenir Bokassa », l’ancien empereur de Centrafrique, accuse le collectif.

La vague de protestations, durement réprimée à plusieurs reprises, a coûté la vie à au moins 30 civils et un gendarme depuis octobre, sans le faire plier.

L’opposition promet d’empêcher de voter dimanche.

« Quiconque viendra pour détruire les urnes, frappez-le! », a lancé le président à ses partisans.

Marié trois fois, M. Condé est père d’un garçon.

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L’Egypte rend les honneurs militaires à Hosni Moubarak

L’Egypte s’apprête à rendre mercredi les honneurs militaires à Hosni Moubarak lors des funérailles de l’ex-président, décédé mardi, qui a régné pendant 30 ans avant de quitter le pouvoir en 2011 sous la pression du Printemps arabe.

Une cérémonie officielle doit se tenir en son honneur à partir de 14H00 (12H00 GMT) à la mosquée al-Mouchir Tantaoui, dans l’est du Caire, au lendemain de son décès, à l’âge de 91 ans, dans un hôpital.

Il doit ensuite être enterré dans le tombeau familial à Héliopolis, dans l’est de la capitale.

Mercredi matin, un important dispositif de sécurité, comprenant des véhicules blindés, a été déployé près de la mosquée et du cimetière, alors qu’une foule de reporters approchait des lieux, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Plusieurs canons étaient alignés devant la mosquée en vue de l’hommage militaire et des dizaines d’admirateurs de M. Moubarak étaient rassemblés à proximité. Ils arboraient des portraits de l’ancien président et des drapeaux égyptiens.

Samir Gaafar, 59 ans, vêtu d’une galabeya traditionnelle tenait une photo de l’ex-président avec un texte dénonçant la révolte de 2011. « Je viens aujourd’hui car les pauvres de ce pays sont devenus plus pauvres après Moubarak », a-t-il dit à l’AFP.

Avec ces funérailles en grande pompe, que la télévision nationale a prévu de diffuser en direct, le président déchu reçoit ainsi un hommage officiel du gouvernement égyptien.

Trois jours de deuil national ont été décrétés à compter de mercredi par le gouvernement de l’actuel président Abdel Fattah al-Sissi, qui comme le défunt président, est un militaire à la tête d’un régime autoritaire.

L’ex-président islamiste Mohamed Morsi, arrivé au pouvoir en 2012 dans la foulée du Printemps arabe, puis destitué par l’armée l’année suivante, n’avait pas eu les mêmes égards à sa mort en 2019. Son enterrement avait eu lieu dans la plus grande discrétion, loin des caméras.

Mardi soir, M. Sissi avait salué en M. Moubarak l’un des « héros de la guerre d’octobre 1973 » contre Israël, durant laquelle il avait dirigé l’armée de l’air.

-Sentiments mitigés-

Plusieurs responsables, notamment militaires, lui ont rendu hommage. Sur sa page Facebook, le commandement des forces armées égyptiennes a déploré la disparition « d’un de ses fils ».

Mais outre les Palestiniens, Israéliens et Emiratis, peu de dirigeants étrangers ont communiqué sur la mort de l’ex chef d’Etat, qui a été pendant des années une figure familière des réunions internationales, présentant son pays comme un pilier modéré au sein du monde arabe.

Le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a brièvement présenté ses condoléances mardi lors d’un point presse au département d’Etat.

Le quotidien d’Etat al-Ahram, titrait mercredi: « Moubarak entre les mains de Dieu » avec le portrait de l’ancien raïs habillé d’un bandeau noir en signe de deuil.

« On pouvait être d’accord avec lui ou pas, mais une chose est certaine: Moubarak n’a jamais trahi son pays », écrivait Mohamed Amin, éditorialiste au quotidien privé Al-Masry al-Youm.

Comparant le destin de M. Moubarak avec celui d’autres chefs d’Etats tombés pendant le Printemps arabe comme le Tunisien Zine el-Abidine Ben Ali, décédé en exil, M. Amin a souligné que l’ex-raïs, resté en Egypte, « a vécu avec sa dignité et son arrogance ».

Mardi soir, l’AFP a interrogé des passants près de la place Tahrir au Caire, épicentre de la révolte populaire de 2011, relevant des sentiments mitigés parmi les anonymes interrogés.

L’un d’eux a estimé que l’Egypte « aurait été un pays différent » si M. Moubarak avait adhéré à l’idée d’un « transfert pacifique du pouvoir » et n’avait pas régné si longtemps.

« Qu’il repose en paix », a dit un autre en évoquant « les bonnes choses » apportées aux Egyptiens sous la présidence de M. Moubarak, mais évoquant aussi, sans autre précision, « les grandes injustices » vécues par le peuple.

Lors de sa présidence, l’ouverture des dernières années a valu à l’Egypte une amorce de décollage économique. Mais son règne de trois décennies a surtout été marqué par de profondes inégalités sociales, des abus policiers et une corruption endémique.

Arrêté et jugé dans plusieurs affaires, il aura été le premier président du pays à être traduit en justice. Il a toutefois été blanchi de la plupart des accusations qui pesaient contre lui.

Coronavirus: Xi Jinping promet aide et matériel à l’Afrique

La Chine est prête à offrir assistance et matériel médical aux pays africains face à l’épidémie de coronavirus, qui constitue pour eux un défi de santé publique, a déclaré mardi le président chinois Xi Jinping.

Jusqu’à présent, l’Egypte est le seul Etat d’Afrique à avoir enregistré un cas confirmé de contamination.

Mais l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a averti que les systèmes de santé et les infrastructures sanitaires du continent étaient mal équipés pour affronter le coronavirus si les cas se multipliaient.

« Les pays africains sont confrontés à de nombreux défis en matière de prévention et de contrôle de l’épidémie », a souligné Xi Jinping lors d’une conversation téléphonique avec le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed.

« La Chine est disposée à fournir aux pays africains le matériel médical dont ils ont un besoin urgent, y compris des tests de dépistage », a-t-il déclaré selon l’agence officielle Chine nouvelle.

Xi Jinping a également promis un renforcement de « la coopération sino-africaine en matière de santé publique et de prévention et de contrôle des maladies », sans offrir de précision.

Selon l’OMS, si des cas de contamination apparaissaient en grand nombre, les pays africains pourraient être confrontés à des pénuries de kits de dépistage et d’équipement de protection comme des masques.

Les systèmes de santé devront prendre en charge des malades atteints de défaillances respiratoires, de chocs septiques ou de défaillance simultanée de plusieurs organes, a relevé son directeur Tedros Adhanom Ghebreyesus.

« Ces patients ont besoin de soins intensifs nécessitant des équipements comme des appareils d’assistance respiratoire qui manquent dans de nombreux pays africains, et c’est une source de préoccupation », a-t-il déclaré.

La Chine avait envoyé en 2014 des centaines de médecins, épidémiologistes, ingénieurs, infirmiers et techniciens en Afrique de l’Ouest pour combattre l’épidémie d’Ebola.

Une ancienne ministre des Finances du Liberia bientôt adjointe de la dirigeante du FMI

Une ancienne ministre des finances du Liberia, Antoinette Sayeh, va devenir directrice générale adjointe du Fonds monétaire international (FMI) à compter du 16 mars, a annoncé mardi l’institution de Washington dans un communiqué.

C’est la dirigeante du Fonds, Kristalina Georgieva, qui a elle-même proposé cette nomination après le départ de la directrice administrative, Carla Grasso, annoncé début février.

Sollicité par l’AFP, le FMI n’était pas en mesure de dire si Mme Sayeh, ressortissante du Liberia et ancienne ministre des finances de ce pays de 2006 à 2008, avant son entrée au FMI comme directrice du département Afrique, allait remplacer cette dernière dans ses fonctions.

« Antoinette est très connue et très respectée pour avoir occupé (au FMI) le poste de directrice du département Afrique entre 2008 et 2016 où elle a mené une transformation importante des relations du Fonds avec nos pays membres africains », a commenté Kristalina Goergieva, citée dans le communiqué.

Depuis 2016, Mme Sayeh est membre émérite du Center for Global Development (CGD).

En tant que ministre des Finances au lendemain du conflit que le Liberia avait connu, Mme Sayeh avait piloté l’apurement des arriérés, accumulés de longue date, de la dette multilatérale du pays.

Elle avait, en outre, géré les négociations avec le Club de Paris et oeuvré à l’élaboration de la première Stratégie de réduction de la pauvreté.

« Ce faisant, Mme Sayeh a considérablement renforcé les finances publiques du Liberia tout en promouvant la réforme de la gestion des finances de l’Etat », selon le FMI.

Avant d’entrer au gouvernement de la Présidente Ellen Johnson Sirleaf, Mme Sayeh avait travaillé à la Banque mondiale pendant 17 ans, notamment en qualité de directrice des opérations pour le Bénin, le Niger et le Togo et comme économiste pour le Pakistan et l’Afghanistan.

Elle est titulaire d’une licence en économie de Swarthmore College en Pennsylvanie (Etats-Unis) et d’un doctorat en relations économiques internationales de la Fletcher School de l’université Tufts dans le Massachussetts.

Libye: l’ONU maintient des pourparlers à Genève malgré les incertitudes

L’ONU s’efforce mardi d’empêcher la rupture de pourparlers interlibyens à Genève, au lendemain de l’annonce par les deux camps rivaux de la suspension de leur participation au dialogue politique censé démarrer mercredi.

Plus de huit ans après la chute de Mouammar Kadhafi, qui a plongé la Libye dans le chaos, ces pourparlers politiques visent notamment à mettre fin aux divisions et former un nouveau gouvernement unifié.

Entamé en 2017 et interrompu à plusieurs reprises, ce processus a été mis à mal en avril 2019 lorsque le maréchal Haftar, homme fort de l’est de la Libye, a lancé une offensive pour prendre Tripoli, siège du Gouvernement national d’union (GNA), reconnu par l’ONU.

Le porte-parole de la mission de l’ONU en Libye (Manul), Jean El Alam, a affirmé mardi à l’AFP que le lancement « du dialogue politique débutera demain (mercredi) comme prévu ».

Ces discussions doivent inclure 13 représentants du Parlement, basé dans l’est du pays et qui appuie le maréchal Khalifa Haftar, 13 représentants du Haut conseil d’Etat (équivalent d’un sénat) qui soutient le GNA, et des personnalités invitées par l’émissaire de l’ONU, Ghassan Salamé.

« L’ONU s’attend à ce que les pourparlers aient lieu demain », a également déclaré Rhéal Leblanc porte-parole des Nations unies à Genève, lors d’une conférence de presse.

– « Progrès considérables » –

Lundi pourtant, le parlement pro-Haftar et son rival le Haut conseil d’Etat ont annoncé séparément avoir « suspendu » leur participation aux pourparlers politiques, invoquant des raisons différentes.

Des sources parlementaires à Tripoli et à Benghazi (est) ont indiqué à l’AFP que la Manul tentait mardi de les convaincre d’y prendre part.

Dans un communiqué, la Manul a appelé les différentes parties « à placer les intérêts de la Libye et des Libyens au-dessus de toute autre considération afin de mettre fin rapidement aux souffrances de leur propre peuple, qui paie un lourd tribut chaque jour ».

Les ambassades de France, d’Allemagne, d’Italie, du Royaume-Uni et des Etats-Unis, ainsi que la délégation de l’Union européenne en Libye, ont aussi appelé dans un communiqué les deux camps à « ne pas faire obstruction » au dialogue.

Elles se sont félicitées par ailleurs des « progrès considérables accomplis dans les pourparlers facilités par l’ONU à Genève vers un cessez-le-feu durable en Libye ».

Le texte fait référence à la réunion d’une Commission militaire conjointe qui s’est réunie jusqu’à dimanche à Genève.

A l’issue de ces pourparlers indirects, les deux camps sont parvenus à un « projet d’accord de cessez-le-feu » qui doit être finalisé en mars, selon la Manul.

L’agenda des discussions à Genève « sera inspiré de la grande conférence nationale (qui visait à organiser des élections) que nous tentions de faire l’année dernière si la guerre n’avait pas éclaté », a indiqué M. Salamé à l’AFP.

Une trêve a été conclue en janvier sous les auspices de la Russie, soutien du maréchal Haftar, et de la Turquie, alliée de M. Sarraj, mais elle a été régulièrement violée.

Depuis le début de l’offensive du maréchal Haftar sur Tripoli, les affrontements ont fait plus de 1.000 morts.

L’ONU a dénoncé l’ingérence de plusieurs acteurs internationaux dans le conflit en Libye, et en janvier à Berlin, les représentants d’une douzaine de pays, soutenant l’un ou l’autre camp, avaient promis de ne plus interférer dans les affaires intérieures libyennes.

– Turcs tués en Libye –

La Turquie qui a déployé ces dernières semaines des militaires pour soutenir le GNA a fait état mardi de la mort de deux soldats turcs en Libye.

Dans l’autre camp, le maréchal Haftar est soutenu notamment par les Emirats arabes unis et l’Egypte. Selon plusieurs pays, des mercenaires russes combattent en outre à ses côtés.

La Libye est minée par les violences et les luttes de pouvoir depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011.

Cette instabilité a empêché ce riche pays qui dispose des réserves de pétrole les plus abondantes d’Afrique de profiter pleinement de sa manne pétrolière, sa seule source de revenu.

La Compagnie nationale de pétrole (NOC) a déploré mardi la chute de la production à 122.430 barils par jour contre plus de 1,2 million, avant que des groupes pro-Haftar commencent à bloquer le 18 janvier les principaux sites pétroliers du pays.

La NOC a estimé le manque à gagner à plus de 2,1 milliards de dollars depuis le début de ce blocage.

Côte d’Ivoire: le procès en appel d’un président de conseil régional reporté au 24 mars

Le procès en appel du président du Conseil régional du Gbêkê (centre de la Côte d’Ivoire), Jacques Mangoua, condamné à 5 ans de prison, a été reporté au 24 mars, en raison de l’absence de l’accusé, écroué à Abidjan et qui n’avait pas été transféré pour l’audience, au grand dam de la défense.

Encadrés par un important déploiement des forces de l’ordre, quelque 200 militants du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) de l’ancien président Henri Konan Bédié et dont M. Mangoua est un des vice-présidents, étaient présents au tribunal de Bouaké (centre), a constaté un journaliste de l’AFP.

Faute de prévenu, le président Tahirou Dembélé a renvoyé l’audience au 24 mars.

« Notre justice se doit d’être sérieuse (…) nous sommes rentrés dans une phase d’usure qui est inadmissible » a protesté Me Luc Adje, l’avocat de M. Mangoua.

M. Mangoua, qui a toujours clamé son innocence, a été condamné le 3 octobre 2019 à cinq ans d’emprisonnement ferme et 5 millions de francs CFA (environ 7.600 euros) d’amende pour détention illégale de munitions de guerre.

L’entourage de M. Mangoua crie au « complot » et au « coup monté : « C’est le président lui-même qui a averti la gendarmerie » de la présence des armes à son domicile, avait assuré à l’AFP Moïse Amani, chargé de mission auprès de M. Mangoua.

« Les enjeux de cette affaire sont ailleurs, M. Mangoua préside une région qui se trouve être la plus grande de la Côte d’Ivoire et qui par conséquent est vitale pour l’élection présidentielle 2020. Il préside une région stratégique et est de l’opposition, alors cela est insupportable pour certains hommes politiques », avait écrit à l’AFP sa fille, Joanne Mangoua.

Sa condamnation avait été suivie de troubles qui avaient fait un mort.

Le Gbeké comprend notamment le village de Béoumi, où avaient eu lieu des violences intercommunautaires ayant fait 16 morts en mai 2019.

Cameroun anglophone: l’armée accusée d’une tuerie par HRW, législatives partiellement annulées

Le meurtre d’une vingtaine de civils, dont 13 enfants, le 14 février au Cameroun anglophone en proie à un sanglant conflit séparatiste, a été perpétré par les « forces gouvernementales » et une milice peule alliée, a accusé mardi Human Rights Watch (HRW).

Et dans la soirée, le Conseil constitutionnel a annulé les législatives du 9 février dans une partie des deux régions peuplées par la minorité anglophone camerounaise qui avait largement ignoré le scrutin, en soutien aux indépendantistes ou bien par crainte de ces groupes armés qui leur avaient interdit d’aller voter.

« Les forces gouvernementales et des membres de l’ethnie peule ont tué au moins 21 civils, dont 13 enfants et une femme enceinte (…) dans des conditions horribles », écrit HRW dans un rapport.

L’armée a démenti dès les premiers jours, assurant qu’il s’agissait des conséquences d’un « malheureux accident » – l’explosion de conteneurs de carburant consécutive à des échanges de tirs entre soldats et rebelles séparatistes – et n’a évoqué la mort que de 5 civils.

– Une majorité d’enfants tués –

Survenu le 14 février dans le quartier Ngarbuh du village de Ntumbo, dans la région du Nord-Ouest, le drame a coûté la vie, selon l’ONU, à 23 civils, dont 15 enfants – neuf de moins de 5 ans – et deux femmes enceintes.

« Les meurtres de civils, y compris d’enfants, dans des conditions horribles sont des crimes odieux qui devraient faire l’objet d’enquêtes effectives et indépendantes et leurs responsables devraient être traduits en justice », poursuit HRW.

Pour l’ONG, qui cite des témoignages, les meurtres ont été commis par 10 à 15 « militaires du Bataillon d’Intervention Rapide (BIR), unité d’élite de l’armée camerounaise, et au moins 30 Peuls armés ».

« Ils ont incendié cinq maisons, pillé de nombreux autres biens et passé à tabac des habitants. Les cadavres de certaines des victimes ont été retrouvés carbonisés dans leurs maisons », assure HRW dans un rapport, se référant aussi à des images satellite.

L’ONG affirme que des « milices d’auto-défense » peules accusées par les séparatistes d’être « proches du gouvernement » ont attaqué dans un passé récent « des communautés où des séparatistes armés sont réputés opérer ».

« Les séparatistes armés ont pris pour cible les Peuls pour s’emparer de leur bétail », explique aussi HRW.

-« Pressions » de Macron sur Biya-

Samedi, le président français Emmanuel Macron avait promis à un militant camerounais qui l’avait interpellé à Paris, en marge d’une visite au Salon de l’agriculture, de mettre « le maximum de pression » sur le chef de l’Etat Paul Biya pour que cessent « des violences au Cameroun qui sont intolérables ».

Lundi, les services de l’inamovible président, 87 ans dont 37 au pouvoir, s’étaient offusqués de ces propos, les qualifiant de « surprenants ».

Depuis 2017, les combats entre militaires et groupes armés séparatistes, mais aussi les exactions et crimes commis par les deux camps selon les ONG, a fait plus de 3.000 morts en trois ans et 700.000 déplacés.

C’est précisément dans ces deux régions que le Conseil constitutionnel a annulé mardi soir les élections législatives du 9 février, dans 10 circonscriptions du Nord-Ouest et dans l’une du Sud-Ouest.

-Faible participation-

Les séparatistes armés avaient appelé les Camerounais à ne pas aller voter le 9 février pour les législatives et les municipales, menaçant ceux qui le feraient.

Le scrutin s’est déroulé dans le calme dans tout le pays à l’exception d’un incident dans le Nord-Ouest. L’un des deux principaux partis de l’opposition à Paul Biya avait appelé au boycott.

La participation a été « faible » cependant dans tout le pays, selon l’Union africaine, mais tout particulièrement dans les zones anglophones.

Ni les résultats officiels, ni le taux de participation n’ont été rendus publics à ce jour.

La date du nouveau scrutin dans les circonscriptions où le Conseil constitutionnel a annulé le vote n’a pas été rendue publique, pas plus que les raisons de sa décision.

Cameroun anglophone: l’armée accusée d’une tuerie par HRW, législatives partiellement annulées

Le meurtre d’une vingtaine de civils, dont 13 enfants, le 14 février au Cameroun anglophone en proie à un sanglant conflit séparatiste, a été perpétré par les « forces gouvernementales » et une milice peule alliée, a accusé mardi Human Rights Watch (HRW).

Et dans la soirée, le Conseil constitutionnel a annulé les législatives du 9 février dans une partie des deux régions peuplées par la minorité anglophone camerounaise qui avait largement ignoré le scrutin, en soutien aux indépendantistes ou bien par crainte de ces groupes armés qui leur avaient interdit d’aller voter.

« Les forces gouvernementales et des membres de l’ethnie peule ont tué au moins 21 civils, dont 13 enfants et une femme enceinte (…) dans des conditions horribles », écrit HRW dans un rapport.

L’armée a démenti dès les premiers jours, assurant qu’il s’agissait des conséquences d’un « malheureux accident » – l’explosion de conteneurs de carburant consécutive à des échanges de tirs entre soldats et rebelles séparatistes – et n’a évoqué la mort que de 5 civils.

– Une majorité d’enfants tués –

Survenu le 14 février dans le quartier Ngarbuh du village de Ntumbo, dans la région du Nord-Ouest, le drame a coûté la vie, selon l’ONU, à 23 civils, dont 15 enfants – neuf de moins de 5 ans – et deux femmes enceintes.

« Les meurtres de civils, y compris d’enfants, dans des conditions horribles sont des crimes odieux qui devraient faire l’objet d’enquêtes effectives et indépendantes et leurs responsables devraient être traduits en justice », poursuit HRW.

Pour l’ONG, qui cite des témoignages, les meurtres ont été commis par 10 à 15 « militaires du Bataillon d’Intervention Rapide (BIR), unité d’élite de l’armée camerounaise, et au moins 30 Peuls armés ».

« Ils ont incendié cinq maisons, pillé de nombreux autres biens et passé à tabac des habitants. Les cadavres de certaines des victimes ont été retrouvés carbonisés dans leurs maisons », assure HRW dans un rapport, se référant aussi à des images satellite.

L’ONG affirme que des « milices d’auto-défense » peules accusées par les séparatistes d’être « proches du gouvernement » ont attaqué dans un passé récent « des communautés où des séparatistes armés sont réputés opérer ».

« Les séparatistes armés ont pris pour cible les Peuls pour s’emparer de leur bétail », explique aussi HRW.

-« Pressions » de Macron sur Biya-

Samedi, le président français Emmanuel Macron avait promis à un militant camerounais qui l’avait interpellé à Paris, en marge d’une visite au Salon de l’agriculture, de mettre « le maximum de pression » sur le chef de l’Etat Paul Biya pour que cessent « des violences au Cameroun qui sont intolérables ».

Lundi, les services de l’inamovible président, 87 ans dont 37 au pouvoir, s’étaient offusqués de ces propos, les qualifiant de « surprenants ».

Depuis 2017, les combats entre militaires et groupes armés séparatistes, mais aussi les exactions et crimes commis par les deux camps selon les ONG, a fait plus de 3.000 morts en trois ans et 700.000 déplacés.

C’est précisément dans ces deux régions que le Conseil constitutionnel a annulé mardi soir les élections législatives du 9 février, dans 10 circonscriptions du Nord-Ouest et dans l’une du Sud-Ouest.

-Faible participation-

Les séparatistes armés avaient appelé les Camerounais à ne pas aller voter le 9 février pour les législatives et les municipales, menaçant ceux qui le feraient.

Le scrutin s’est déroulé dans le calme dans tout le pays à l’exception d’un incident dans le Nord-Ouest. L’un des deux principaux partis de l’opposition à Paul Biya avait appelé au boycott.

La participation a été « faible » cependant dans tout le pays, selon l’Union africaine, mais tout particulièrement dans les zones anglophones.

Ni les résultats officiels, ni le taux de participation n’ont été rendus publics à ce jour.

La date du nouveau scrutin dans les circonscriptions où le Conseil constitutionnel a annulé le vote n’a pas été rendue publique, pas plus que les raisons de sa décision.

La défense d’Assange dénonce des poursuites américaines fondées sur des « mensonges »

La défense de Julian Assange a accusé mardi Washington de fonder les poursuites pour espionnage visant le fondateur de Wikileaks sur des « mensonges », au deuxième jour de l’examen par la justice britannique de la demande d’extradition américaine.

L’Australien de 48 ans est poursuivi aux Etats-Unis pour avoir diffusé à partir de 2010 plus de 700.000 documents classifiés sur les activités militaires et diplomatiques américaines, notamment en Irak et en Afghanistan. Poursuivi en vertu des lois anti-espionnage de 1917 et pour piratage informatique, il risque jusqu’à 175 ans de prison.

Mais les 18 chefs de poursuite contre Assange, arrêté en avril après sept ans passés reclus à l’ambassade d’Equateur, sont fondés sur « des mensonges, des mensonges et encore des mensonges », a accusé l’un des avocats du fondateur de Wikileaks, Mark Summers.

« Il est difficile d’imaginer un exemple aussi évident de demande d’extradition qui déforme autant les faits tels qu’ils sont connus par le gouvernement américain », a-t-il fait valoir dans une salle d’audience de la cour de Woolwich (Sud-Est de Londres).

L’avocat représentant les Etats-Unis a rétorqué en décrivant le tableau brossé par la défense comme une « série d’inexactitudes sur la manière dont l’acte d’accusation est formulé » et une « déformation » des faits reprochés à Julian Assange.

Pour statuer sur la demande d’extradition, dont l’examen se tient cette semaine puis trois semaines à partir du 18 mai, la justice britannique doit notamment s’assurer qu’elle n’est pas disproportionnée ou incompatible avec des droits de l’Homme.

Dans son box, Assange, veste grise sur les épaules, est apparu fatigué après des heures d’audience, conduisant la juge Vanessa Baraitser à s’enquérir de son état de santé.

« Julian Assange a des difficultés, il a du mal à se concentrer », a expliqué un membre de son équipe de défense.

En début d’audience mardi, la défense a protesté contre le traitement qui lui est infligé. « Hier (lundi), M. Assange a été menotté onze fois, mis à nu deux fois » à la prison de Belmarsh où il est détenu, a protesté l’un de ses conseils, Edward Fitzgerald.

Un tel traitement pourrait « affecter cette procédure », a mis en garde l’avocat, demandant à la juge Vanessa Baraitser de donner instruction aux autorités pénitentiaires d’assouplir les mesures autour d’Assange.

La magistrate a rétorqué que ses pouvoirs à cet égard sont « limités », et qu’elle ne peut pas ordonner aux autorités carcérales comment traiter les détenus, ajoutant qu’elle attend que Julian Assange soit traité de manière juste, comme n’importe qui d’autre.

L’avocat du gouvernement américain a apporté son soutien aux observations de la défense, soulignant qu’il ne voulait pas que le traitement d’Assange ne « compromette » la procédure.

– « Si vous n’agissez pas… »

Wikileaks a travaillé initialement avec des journaux de renom pour publier les fuites provenant du Département d’Etat américain et du Pentagone, qui ont fait sensation et scandalisé Washington.

Selon Mark Summers, ce partenariat noué avec les médias avait conduit à un processus rédactionnel rigoureux, incluant un travail avec des responsables américains pour s’assurer que l’identité de sources ne soit pas publiée.

L’avocat a affirmé que dans un livre publié en 2011, un journaliste du Guardian avait révélé le mot de passe permettant d’accéder à une base de données de nom de sources non-expurgée.

Il a expliqué qu’Assange avait appelé la Maison Blanche pour alerter des responsables américains de la publication imminente sur différents site, en leur disant: « Si vous n’agissez pas, la vie de gens se retrouvera mise en danger ».

Ainsi, dire qu’Assange « a délibérément mis des vies en danger en lâchant une base de données non-expurgées (comme l’avait fait lundi le représentant des Etats-Unis, ndlr) est sciemment inexact » , a-t-il plaidé.

Sur son site internet, le Guardian, « opposé à l’extradition de Julian Assange », a déclaré qu’il était « entièrement faux » de dire que le livre a « mené à la publication de dossiers américains non-expurgés ». « Le livre contenait un mot de passe dont Julian Assange avait dit aux auteurs qu’il était temporaire et devait expirer dans les heures qui suivaient », selon le quotidien.

Allemagne: les motivations du conducteur qui a foncé dans un cortège de carnaval restent floues

Les autorités allemandes s’efforçaient mardi d’établir les motivations d’un homme qui a foncé en voiture dans un cortège de carnaval, blessant plusieurs dizaines de personnes, dans un pays déjà frappé la semaine dernière par un attentat raciste.

La police locale a une nouvelle fois révisé son bilan à la hausse, faisant état désormais de près de 61 blessés, âgés de 2 à 85 ans. Parmi eux figurent 20 enfants, selon le parquet de Francfort (ouest).

Les motifs du conducteur allemand de 29 ans restent une énigme. Une chose est sûre: il n’était pas ivre, a précisé le parquet de Francfort.

Il est à ce stade poursuivi pour « tentatives de meurtres aggravées » et a été placé en détention. Le parquet estime qu’il a « jeté délibérément sa voiture dans la foule dans l’intention de tuer ».

Le parquet n’a toutefois pas exclu que l’homme originaire de Volkmarsen, ville de 7.000 habitants de la région de Hesse où se sont déroulés les faits, ait pu être sous l’influence de drogues.

« Je l’ai vu démarrer, il paraissait drogué et il a dit +Bientôt je serai dans les journaux+ », a affirmé un voisin de l’auteur présumé à la télévision RTL.

Les autorités ne pouvaient toujours pas dire mardi avec certitude s’il a agi intentionnellement ou non. Et elles ont vite arrêté d’évoquer une attaque, avant de pouvoir l’interroger. L’homme s’est lui aussi blessé en fonçant dans la foule avec sa Mercedes gris métallisé.

Le parquet a annoncé avoir arrêté une deuxième personne qui avait filmé les événements, sans préciser si elle était liée ou non au conducteur.

– A plein gaz –

Le président allemand Frank-Walter Steinmeier s’est déclaré « profondément bouleversé », sur son compte Facebook, et a souhaité un prompt rétablissement aux blessés.

Selon la police, 35 personnes sont encore hospitalisées, plusieurs dans un état grave.

Des témoins interrogés par le quotidien régional Frankfurter Rundschau ont eu l’impression que le suspect visait particulièrement les enfants après avoir foncé à plein gaz dans la foule et poursuivi sa course sur une trentaine de mètres.

« Ma femme m’a appelé, j’ai couru vers elle tout de suite et j’ai vu ma fille ensanglantée, allongée sur le sol », raconte Sven Hirdler, 33 ans, au journal populaire Bild. La petite Emilia, 4 ans, s’en sort finalement avec des blessures relativement légères.

Le parquet fédéral anti-terroriste ne s’est pas saisi du dossier, signe que les autorités privilégient pour l’heure la piste d’un acte volontaire mais pas d’un attentat.

Le suspect n’était pas connu des autorités comme un extrémiste. Il s’était toutefois fait remarquer dans le passé par des insultes, violation de domicile et harcèlement, selon les médias allemands.

– Défilés autorisés mardi

Ces faits interviennent dans un contexte tendu en Allemagne, en particulier dans cet Etat de Hesse frappé mercredi par un double attentat raciste qui a fait neuf morts à Hanau.

Les autorités allemandes sont sur le qui-vive concernant la menace islamiste, particulièrement depuis un attentat au camion-bélier revendiqué par le groupe jihadiste Etat islamique qui avait fait 12 morts en décembre 2016 à Berlin.

Mais la menace d’un terrorisme d’extrême droite inquiète désormais tout autant, après le meurtre d’un élu allemand pro-migrants en juin 2019 à Kassel, également en Hesse, puis une attaque visant une synagogue de Halle en octobre 2019, et enfin l’attentat de Hanau.

Les régions catholiques de l’Ouest et du Sud de l’Allemagne en particulier ont célébré ces derniers jours le carnaval, rendez-vous annuel costumé très attendu.

Lundi, la police avait annoncé « par mesure de précaution » l’annulation de tous les défilés dans l’Etat de Hesse. Mardi, le ministère de l’Intérieur du Land a donné son feu vert pour que les défilés encore prévus puissent avoir lieu.

Afghanistan: la trêve « respectée », Washington entrevoit une opportunité « historique »

La trêve partielle inédite en Afghanistan était globalement respectée mardi à son quatrième jour, permettant aux Etats-Unis d’afficher leur optimisme sur la signature samedi d’un accord « historique » avec les talibans.

Le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a toutefois lancé une mise en garde à peine voilée aux autorités de Kaboul, qui s’entredéchirent sur les résultats de la dernière élection présidentielle, afin qu’elles n’entravent pas cette « énorme opportunité politique ».

« Nous sommes à l’orée d’une opportunité historique pour la paix », a-t-il martelé mardi depuis Washington. « La réduction de la violence est respectée, de manière imparfaite mais ça fonctionne », a-t-il assuré, tandis que le chef des forces américaines en Afghanistan, le général Scott Miller, confirmait « une tendance à la baisse de la violence ».

A Kaboul aussi, le ministère de l’Intérieur a fait état d’une diminution des « attaques ennemies » depuis l’entrée en vigueur samedi de cette trêve partielle d’une semaine entre les Etats-Unis, les forces afghanes et les talibans.

Selon une source sécuritaire interrogée par l’AFP, les attaques talibanes ont chuté de 75 à 15 par jour en moyenne depuis le début de cette phase officiellement baptisée « réduction de la violence ».

Cinq membres des forces de sécurité afghanes ont toutefois été tués mardi dans trois attaques attribuées aux talibans par le gouvernement. Les talibans ont explicitement revendiqué deux de ces trois attaques.

Ces incidents n’ont pas été considérés de nature à remettre en cause la trêve — « la première pause d’une semaine dans la violence concernant toutes les parties en 19 années de guerre », a souligné Mike Pompeo.

– « Voix des femmes » –

Si elle tient jusqu’à samedi, les Etats-Unis signeront avec les talibans à Doha, au Qatar, un accord négocié depuis un an et demi.

Ce texte doit permettre à l’armée américaine d’entamer son retrait voulu par Donald Trump, mais aussi par une grande partie de la classe politique et de l’opinion américaines: les troupes en Afghanistan passeraient dans un premier temps de 12.000 ou 13.000 soldats actuellement à 8.600, avant de nouveaux départs progressifs qui n’auront lieu que si les talibans respectent leurs propres engagements.

Les insurgés promettent en effet, en contrepartie au départ des Américains qu’ils réclament de longue date, de fournir des garanties sécuritaires en matière de contreterrorisme, et d’entamer immédiatement des négociations de paix directes sans précédent avec les autorités de Kaboul.

La paix elle-même, dans ce pays exsangue après tant d’années de conflits, ne découlerait donc pas de l’accord de samedi, mais de ces pourparlers interafghans qui s’annoncent compliqués tant la classe politique afghane apparaît divisée face aux talibans.

Le président sortant Ashraf Ghani a été proclamé la semaine dernière vainqueur de l’élection de septembre, mais le chef de l’exécutif Abdullah Abdullah conteste ces résultats et revendique aussi la victoire.

Les deux hommes prévoyaient initialement de prêter serment le même jour, jeudi, à la tête de gouvernements rivaux.

Un obstacle qui risquait de faire dérailler les efforts américains. Finalement, ils ont accepté de reporter leurs investitures respectives, selon Washington et le camp Abdullah.

Le département d’Etat américain a exhorté « toutes les parties » à s’unir pour mettre en place une délégation « pleinement représentative » pour négocier avec les talibans.

Fait notable, les Etats-Unis n’ont toujours pas félicité le président Ghani pour sa réélection, se bornant à « prendre acte » des résultats et des contestations.

Mais sans s’adresser à un camp en particulier, Mike Pompeo a prévenu tous ceux qui « veulent faire dérailler » le processus de paix, car ils ont « tout intérêt à préserver le statu quo »: « nous n’allons pas les laisser faire ».

Le chef de la diplomatie américaine s’est montré tout aussi évasif au sujet des droits humains, et particulièrement des droits des femmes, dont plusieurs acteurs de la société civile afghane s’inquiètent qu’ils soient en danger en cas de participation des talibans à de futures institutions.

« Notre mission est de faire en sorte que les Afghans parviennent à une solution qui soit une solution afghane », a-t-il éludé, se disant tout juste « confiant » quant au fait que ce processus permettra aux « voix des femmes » et « des minorités » de se faire entendre.

Syrie: le régime reprend Kafranbel, 20 civils tués dans des frappes à Idleb

Au moins 20 civils ont été tués mardi dans des bombardements du régime syrien sur la province d’Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie, où le régime a reconquis la ville symbolique de Kafranbel, a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Selon l’OSDH, neuf enfants font partie des victimes des frappes aériennes et des tirs d’artillerie menés sur la ville d’Idleb et les localités de Binnich et Maaret Misrine.

« Dix civils, dont six enfants, ont péri dans des frappes aériennes du régime syrien sur la localité de Maaret Misrine dans la province d’Idleb, tandis que six civils ont été tués dans la ville d’Idleb, dont un écolier et trois enseignants, dans des tirs d’artillerie ayant visé plusieurs écoles », a indiqué à l’AFP le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane.

« Quatre autres civils, dont une mère et ses deux enfants, sont morts dans des bombardements de Damas sur la localité de Binnich », selon M. Abdel Rahmane.

L’ONG Save The Children a fermement déploré la mort des civils à Binnich, appelant à épargner les écoles.

« Les écoles doivent être des refuges pour les enfants, même dans une zone de conflit », a déclaré la directrice de l’organisation Sonia Khush.

« Les attaques d’aujourd’hui sont un autre signe que les combats dans le nord-ouest de la Syrie ont atteint des niveaux catastrophiques de violence contre les enfants et les civils ».

Les civils « sont toujours confrontés à la terreur quotidienne (…). Nulle part n’est sûr, même pas l’école », a poursuivi la directrice de l’ONG.

Lundi, l’ONU a prévenu que les combats se rapprochaient « dangereusement » des camps de déplacés, risquant de provoquer un « bain de sang ».

A Genève, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) s’est dit mardi « vivement préoccupé » par la situation.

– « Capitulation » –

A une cinquantaine de kilomètres au sud de Binnich et Maaret Misrine, la ville de Kafranbel a été reprise mardi par le régime syrien, soutenu par l’aviation russe, a annoncé l’OSDH.

Cette localité, située dans le sud de la province d’Idleb, est l’une des premières villes à s’être ralliée à la contestation anti-Bachar al-Assad.

Le régime a également repris 18 autres villages et localités dans le sud d’Idleb au cours des dernières 48 heures, selon l’OSDH.

Ces dernières semaines, le régime syrien a pu conquérir près de la moitié de la province d’Idleb, contrôlée depuis des années par les jihadistes de Hayat Tahrir al-Cham, ex-branche syrienne d’Al-Qaïda, et des groupes rebelles.

Depuis décembre, Damas mène avec l’appui de l’aviation russe une offensive d’envergure dans le nord-ouest syrien. Celle-ci a tué plus de 400 civils, selon l’OSDH, et déplacé près de 900.000 personnes d’après l’ONU, soit l’exode le plus massif en une si courte période depuis le début de la guerre syrienne en 2011.

Parmi les déplacés, 170.000 civils vivent en plein air ou dans des bâtiments inachevés, faute de place dans les camps de déplacés bondés.

La région d’Idleb –qui inclut également des segments des provinces voisines de Lattaquié, Alep et Hama– abrite trois millions de civils, dont la moitié a déjà été déplacée d’autres régions reconquises par le régime.

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergeï Lavrov a rejeté mardi les appels au cessez-le-feu, estimant que ce serait une « capitulation face aux terroristes ».

Déclenchée en 2011, la guerre en Syrie a fait plus de 380.000 morts et déplacé plusieurs millions de personnes.

Libérée des geôles pakistanaises, Asia Bibi « espère » rentrer un jour au pays

La chrétienne pakistanaise Asia Bibi, condamnée à mort pour blasphème en 2010 et acquittée huit ans plus tard avant de trouver refuge au Canada, a confié mardi son espoir de pouvoir rentrer un jour au Pakistan.

De passage à Paris pour promouvoir son livre autobiographique « Enfin Libre! », elle a évoqué sa nouvelle vie au Canada, qui lui a accordé un permis de séjour d’un an, lors d’un entretien avec l’AFP.

« Je n’ai pas encore visité le Canada. La plupart du temps, je reste à la maison (…) Je ne sors pas beaucoup, surtout en raison du froid et de la neige », a raconté cette ancienne ouvrière agricole de 48 ans, qui s’exprimait en ourdou, via un traducteur en anglais.

Illettrée, Asia Bibi ne maîtrise aucune des deux langues officielles du Canada, le français et l’anglais. Mais elle a trouvé dans son pays d’accueil une sécurité qu’elle n’a pas connue depuis des années.

Elle vit avec son époux Ashiq, 58 ans, et ses deux filles Eisha (21 ans) et Eisham (20 ans) dans un appartement de trois pièces, à l’adresse gardée secrète en raison des menaces dont elle reste la cible.

Ses soeurs, son frère, son père et sa belle-famille lui manquent. Mais plus que tout, sa « culture et (sa) nourriture ! », sourit-elle.

« Personne ne peut oublier son pays natal », dit-elle, confiant son espoir que la situation de son pays évolue et lui permette d’y revenir un jour. « Je l’espère vraiment, tout comme je gardais l’espoir d’être libérée un jour quand j’étais en prison ».

– Un avenir en France ? –

Mme Bibi avait été condamnée à mort pour « blasphème » à la suite d’une dispute avec des villageoises musulmanes au sujet d’un verre d’eau. Le blasphème est un sujet incendiaire au Pakistan, où de simples accusations suffisent parfois à entraîner des lynchages meurtriers.

Une condamnation sans aucun fondement, a répété mardi Asia Bibi.

« En aucun cas (…) Il ne me viendrait jamais à l’idée d’insulter un prophète », a insisté cette ardente catholique.

S’en était suivie une longue saga judiciaire qui avait divisé le pays et ému la communauté internationale, attirant l’attention des papes Benoît XVI et François.

Après avoir passé plus de huit ans dans les couloirs de la mort au Pakistan, jusqu’à son acquittement en octobre 2018, elle vit depuis mai 2019 au Canada.

Son livre – co-écrit avec la journaliste française Anne-Isabelle Tollet qui a mené campagne pour sa libération – retrace ces dix années de calvaire, entre maltraitances et menaces de mort, jusqu’au fond d’une geôle crasseuse.

Où ira t-elle dans un futur proche? Asia Bibi ne le sait pas encore.

« Je n’ai pas décidé. Je sais que l’Union européenne travaille très dur sur mon cas et qu’ils sont ceux qui vont décider où je vais vivre », explique celle qui devrait « très probablement » aborder le sujet d’une demande d’asile à la France lors d’une rencontre avec le président Emmanuel Macron vendredi.

Mardi, Asia Bibi a été faite citoyenne d’honneur de la ville de Paris, par la maire Anne Hildago, une distinction symbolique.

« Votre courage, votre calme, votre force intérieure nous a époustouflés. Vous êtes une leçon de vie », a lancé Mme Hidalgo lors de la cérémonie, ajoutant qu’elle soutiendrait sa demande d’asile en France.

Le coronavirus en France: 1 décès, 11 guéris, et 2 nouveaux cas

Sur les quatorze cas avérés en France d’infection au nouveau coronavirus, un Chinois est mort à Paris, 11 autres patients sont guéris et deux nouveaux cas ont été déclarés mardi.

– Un octogénaire décédé –

Après plusieurs jours en réanimation à l’hôpital Bichat à Paris, un touriste chinois de 80 ans meurt le 14 février. Son décès annoncé le lendemain a été le tout premier officiellement enregistré en Europe.

Arrivé en France le 23 janvier, cet homme originaire de la province de Hubei avait, dans un premier temps, consulté les urgences de l’hôpital européen Georges Pompidou le 25 janvier mais n’avait pas été repéré comme un cas suspect car il ne correspondait pas aux critères. Il avait de la fièvre mais ni toux ni signe respiratoire et ne venait pas de Wuhan, épicentre de l’épidémie, mais d’une ville à 400 km au nord.

Il a ensuite développé des problèmes respiratoires qui ont motivé un changement de son classement et le test s’est révélé positif le 28 janvier.

– Dix guérisons –

+ La fille de 50 ans du patient décédé, contaminée et hospitalisée à Bichat, a été déclarée guérie.

+ Un couple de Chinois, qui avait fait partie des premiers cas annoncés le 24 janvier, est sorti de l’hôpital le 12 février. L’homme de 31 ans et la femme de 30 ans originaires de Wuhan étaient arrivés en France le 18 janvier.

+ Le 13 février, un patient de 48 ans a pu sortir à son tour après 22 jours d’hospitalisation à Bordeaux. Cet homme d’origine chinoise était rentré en France le 22 janvier après être notamment passé par Wuhan. Il avait été hospitalisé après s’être présenté à SOS-Médecins avec toux et fièvre. Selon l’équipe médicale, il été traité avec du remdesivir, un antiviral « prometteur ».

+ Un médecin hospitalisé à la Pitié-Salpêtrière, à Paris, est sorti le 14 février. Ce premier cas avéré de transmission sur le sol français avait été annoncé le 30 janvier: il s’agit d’un médecin libéral qui a été contaminé par un patient chinois, parti ensuite pour Taïwan où il a déclaré la maladie.

Le chef de service des maladies infectieuses de cet hôpital, le Pr Eric Caumes, a indiqué que ce patient avait suivi un traitement expérimental, basé sur des molécules utilisées « dans d’autres maladies virales ».

+ Six Britanniques, dont un enfant, avaient été contaminés par un compatriote de retour de Singapour qu’ils avaient côtoyé dans un chalet des Contamines-Montjoie (Haute-Savoie) où il avait séjourné quelques jours fin janvier avant de repartir dans son pays. Hospitalisés à Grenoble, à Lyon et Saint-Etienne, ils ont tous pu ressortir depuis.

– Deux nouveaux cas –

Le ministère de la Santé a annoncé mardi 25 février deux nouveaux cas confirmés en France, portant à 14 le total des cas de coronavirus enregistrés dans le pays depuis janvier.

Il s’agit d’une « jeune femme chinoise revenue de Chine le 7 février, qui est hospitalisée à Paris » pour simple « surveillance » et qui « va très bien », a précisé le directeur général de la Santé, le Pr Jérôme Salomon. Elle a été testée négative au nouveau coronavirus mais était porteuse de « traces de guérison », a-t-il précisé. « Nous avons déjà testé son conjoint qui est négatif » et « quatre personnes » qui ont été en contact avec elles vont être placées en quarantaine, a-t-il souligné.

Quant au 14e cas, il s’agit d' »un homme Français qui rentre d’un séjour en Lombardie et qui est actuellement hospitalisé en région Auvergne-Rhône Alpes », une région frontalière de l’Italie, a ajouté le responsable. « Son état n’inspire pas d’inquiétude » et la recherche des personnes avec qui il a eu des contacts démarre tout juste, a indiqué le Pr Salomon, sans pouvoir donner plus de détails à ce stade sur cette personne.

– Plus de 350 passages en quarantaine –

Depuis le début de l’épidémie, plus de 350 personnes ont été placées en quarantaine en France après avoir été rapatriées de Wuhan en quatre vagues: trois avions affrétés par la France sont arrivés les 31 janvier, 2 février et 21 février avec à leur bord ressortissants français et étrangers, et un vol opéré par les Britanniques, via Londres, le 9 février.

Certains passagers étrangers sont repartis directement dans leur pays. Les Français et étrangers restés en France ont été confinés pendant 14 jours, durée maximale d’incubation du virus, dans trois lieux.

Les 225 accueillis dans un centre de vacances à Carry-le-Rouet (Bouches-du-Rhône) sont tous déjà ressortis, d’abord 181 le 14 février puis 44 le 16 février.

Sur les 113 hébergés dans un centre de formation des officiers de sapeurs-pompiers à Aix-en-Provence, 78 sont sortis le 16 février. Les 35 personnes arrivées via Londres sont quant à elles ressorties dimanche 23 février.

La quatrième vague de 28 Français est arrivée ce vendredi dans un centre de vacances du village de Branville, dans le Calvados.

– Les Français du Diamond Princess –

Quatre Français étaient à bord du paquebot Diamond Princess, placé en quarantaine au Japon et qui reste le plus important foyer de contagion hors de Chine.

Trois d’entre eux, positifs au test, ont été hospitalisés au Japon, le quatrième est un membre d’équipage toujours à bord.

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Egypte: les trois décennies au pouvoir d’Hosni Moubarak

Rappel des grandes dates de l’Egypte depuis l’arrivée au pouvoir d’Hosni Moubarak –décédé mardi au Caire– en 1981 à son départ en 2011, emporté dans le tumulte du Printemps arabe, après 18 jours d’une révolte contre son régime.

– Accession au pouvoir –

Le 13 octobre 1981, Hosni Moubarak, vice-président depuis 1975, succède au président Anouar al-Sadate, assassiné une semaine auparavant par des jihadistes, lors d’une cérémonie militaire au Caire. L’état d’urgence est décrété et sera maintenu en permanence durant son règne.

Hosni Moubarak va s’appuyer sur un redoutable appareil policier et sur un système politique dominé par un parti présidentiel à sa dévotion.

– L’Egypte réintègre la Ligue arabe –

Le 25 avril 1982, Israël se retire du Sinaï, à la suite des accords de paix de 1979.

Les 25 et 26 février 1986, des émeutes de conscrits de la police au Caire, protestant contre leurs conditions salariales et sociale, font 107 morts et plus de 700 blessés.

En mai 1989, l’Egypte retrouve sa place au sein de la Ligue arabe, qu’elle avait perdue en 1979 pour avoir pactisé avec Israël.

– Moubarak échappe à un attentat –

Le 26 juin 1995, Hosni Moubarak échappe à une tentative d’attentat à Addis Abeba, lorsque des assaillants coupent la route à son cortège et criblent de balles son véhicule blindé amené spécialement du Caire. L’attentat est revendiqué par le groupe armé islamiste Jamaa Islamiya.

Le président Moubarak sera visé par au moins six tentatives d’assassinat.

– Violences islamistes –

Le 17 novembre 1997, 62 personnes, dont 58 touristes pour la plupart suisses et japonais, sont tuées à Louxor (Haute-Egypte), dans une attaque à la mitraillette et au poignard revendiquée par la Jamaa islamiya.

Le 3 janvier 2000, 22 personnes trouvent la mort en Haute-Egypte dans les pires affrontements entre musulmans et chrétiens depuis vingt ans.

Le 7 octobre 2004, 34 personnes, parmi lesquelles plusieurs touristes israéliens, sont tuées et 105 blessées dans un triple attentat perpétré dans le Sinaï contre l’hôtel Hilton de Taba, à la frontière égypto-israélienne, et contre deux camps de vacances à Noueiba, à 470 kilomètres au sud-est du Caire).

Le 23 juillet 2005, quelque 70 personnes, dont de nombreux Occidentaux, périssent dans une série d’attentats à c(Sinaï).

– Percée des Frères musulmans –

Du 9 novembre au 7 décembre 2005, les Frères musulmans, officiellement interdits mais tolérés dans les faits, obtiennent lors des élections législatives 88 sièges (sur 454) au Parlement, devenant la principale force d’opposition.

Leurs candidats s’étaient présentés sous l’étiquette « indépendants », en raison de l’interdiction de fonder des partis politiques sur des bases religieuses.

– Parti présidentiel renforcé –

Le libéralisme économique s’accentue dans le pays, permettant d’amorcer un décollage économique, même s’il aggrave les inégalités et le mécontentement social.

Les nouvelles législatives du 28 novembre au 5 décembre 2010 permettent au pouvoir de consolider sa domination parlementaire, au prix d’accusations de fraude et de critiques internationales.

Le Parti national démocrate (PND, au pouvoir) rafle près de 83% des sièges après le retrait au second tour des Frères musulmans qui dénonçaient des fraudes. L’opposition laïque n’obtient qu’environ 3% des sièges.

– Moubarak chassé du pouvoir –

Le 25 janvier 2011, débutent des manifestations massives contre Hosni Moubarak. Le 1er février, plus d’un million de manifestants défilent dans le pays. Une marée humaine envahit la place Tahrir, au Caire, épicentre de la contestation.

Le 11 février, Moubarak démissionne et remet ses pouvoirs au Conseil suprême des forces armées. La répression du soulèvement a fait au moins 850 morts.

Naomi Campbell sur le podium pour une percée de la mode africaine à Paris

Naomi Campbell a foulé le podium lundi pour le premier défilé parisien du Nigerian Kenneth Ize, à l’ouverture de la semaine du prêt-à-porter féminin.

En robe à franges en aso oke, tissu à larges rayures multicolores créé par le peuple Yoruba d’Afrique de l’Ouest, cher au styliste, la top modèle noire, sa « marraine » et cliente, a clos le défilé au Palais de Tokyo.

« Naomi Campbell a rendu ce défilé possible », a déclaré le créateur de 29 ans à la presse en coulisse en se disant « submergé » d’émotions.

Originaire de Lagos et diplômé de l’Université des arts appliqués de Vienne où il a grandi, il puise dans le patrimoine textile de son pays pour des coupes contemporaines comme des ensemble bomber-mini-jupe ou des tailleurs pantalon portés avec des mules à talon bas.

Vert pomme ou émeraude, mauve, fuchsia, bleu électrique: la palette des couleurs est riche et joyeuse.

« Cette collection est sur ma religion, l’amour, ce que je suis, les gens en qui je crois et sur le partage », a-t-il souligné.

– tabou sur le wax –

Le styliste nigérian, finaliste en 2019 du prestigieux prix LVMH, est l’un des quatre nouveaux entrants au calendrier officiel de Paris Fashion week, où les jeunes créateurs venus du monde entier défilent aux côtés des maisons historiques comme Dior, Chanel ou Louis Vuitton.

Le Sud-Africain Thebe Magugu, premier Africain à avoir remporté à 26 ans le prix LVMH 2019, entre pour sa part au calendrier officiel des présentations et dévoilera sa collection mardi.

Le Camerounais Imane Ayissi a de son côté fait une percée historique en janvier, étant le premier ressortissant de l’Afrique subsaharienne à intégrer le club élitiste de la haute couture à Paris.

Tout comme Kenneth Ize, il avait fait découvrir au public des savoir-faire africains peu connus: des tie and dye teints au Cameroun; des kente, tissages traditionnels de l’ethnie Akan, que l’on trouve au Ghana et en Côte d’Ivoire et portés à l’origine par la noblesse; ou de l’obom, une peau végétale produite à partir d’écorce d’arbre qui a décoré des tenues du soir.

Jugeant que l’Afrique a « mieux à montrer », les deux boudent le wax, ce tissu inspiré du batik indonésien, industrialisé en Europe et adopté par l’Afrique, continent auquel il est largement associé.

Le Coréen Kiminte, créateur de sa marque Kimhekim a de son côté revisité les vêtements traditionnels coréens comme hanbok (costume), chima (jupe), dopo (manteau) et même les chaussettes busun qui, portées avec des sandales, créent l’illusion de bottes.

Ces pièces mixées avec jeans et T-shirt composent des looks tout à fait portables accessoirisés avec des bijoux-miroirs et des coeurs inspirés d’un dessin d’Andy Warhol découpés en organza.

La Japonaise Maiko Kurogouchi s’est inspirée des paysages islandais pour sa collection déclinée autour du thème de « tissage » en noir, blanc cassé et couleurs de terre pour sa marque Mame Kurogouchi.

Certaines pièces tissées comme des paniers sont superposées en plusieurs couches pour des silhouettes enveloppantes mais tout en légèreté. Escarpins à kitten heal ou bottines à semelles compensée créés avec collaboration avec Tod’s.

Les grandes dates d’Hosni Moubarak

Les grandes dates de la vie de l’ex-président égyptien Hosni Moubarak, décédé mardi et chassé du pouvoir en février 2011 lors d’un soulèvement populaire qui a secoué l’Egypte dans le contexte du Printemps arabe

– 4 mai 1928: Naissance à Kafr-el-Meselha, dans le delta du Nil.

– 1950: Il entre à l’Académie de l’Armée de l’air égyptienne.

– 1972: Il devient commandant en chef des forces aériennes et ministre des Affaires militaires.

– avril 1975: Il est nommé vice-président de la République.

– 1978: Il devient vice-président du Parti national démocrate (PND) au pouvoir.

– 1981: Il succède au président Anouar al-Sadate, assassiné par des islamistes, le 6 octobre au Caire.

– 11 février 2011: Après 30 ans au pouvoir, il doit démissionner au 18e jour d’une révolte populaire.

– 2 juin 2012: Il est condamné à la prison à vie pour complicité dans la mort de manifestants, mais la justice ordonne un nouveau procès.

– novembre 2014: Un autre tribunal ordonne l’abandon des accusations, blanchissant Moubarak, mais le parquet introduit un recours en cassation.

– janvier 2016: La cour d’appel confirme une peine de trois ans de prison pour Moubarak et ses deux fils, Alaa et Gamal, dans une affaire de corruption.

– mars 2017: Acquitté définitivement dans le procès pour la mort de manifestants, puis libéré de l’hôpital militaire du Caire où il a été détenu quasiment sans discontinuité depuis 2011.

– 25 février 2020: Mort d’Hosni Moubarak dans un hôpital militaire au Caire.