Après un bras de fer au sommet, la Tunisie pourrait enfin avoir un gouvernement

Une nouvelle mouture du gouvernement a été dévoilée tard mercredi soir par le Premier ministre Elyes Fakhfakh en Tunisie, écartant a priori le spectre de nouvelles élections, au terme d’un bras de fer entre le président Kais Saied et le parti d’inspiration islamiste Ennahdha.

M. Fakhfakh a présenté une liste remaniée par rapport à celle dévoilée quatre jours plus tôt et qui avait été rejetée par Ennahdha. Première force du Parlement avec 54 sièges, cette formation obtient sept portefeuilles mais pas ceux qu’elle escomptait.

Conséquence: plus de quatre mois après la fin des élections, la jeune démocratie tunisienne pourrait enfin être dotée, prochainement, d’un nouveau gouvernement, à la faveur d’un vote à l’Assemblée, où il devra décrocher la majorité de 109 voix (sur 217 sièges).

Quand précisément? Mercredi soir, le chef de l’Etat a adressé un courrier au président du Parlement pour lui demander de fixer une date pour la plénière. Le bureau du Parlement doit se réunir dans les 48 heures après réception de cette correspondance et fixer la date dans un délai ne dépassant par une semaine.

« Enfin, le dénouement! », a titré jeudi le quotidien francophone La Presse, sûr de son fait malgré les multiples rebondissements des derniers mois.

« Si on se réfère aux déclarations des différents partis, il y a une intention d’accorder la confiance », a dit à l’AFP le politologue Selim Kharrat.

– « Tout à fait démocratique » –

Mercredi soir, face aux blocages, des négociations intenses ont continué jusqu’à la dernière minute, avec l’aide de la puissante centrale syndicale UGTT -un médiateur historique-, et l’organisation patronale Utica.

« La période des concertations, malgré ses difficultés et sa complexité, s’est déroulée de façon tout à fait démocratique », a commenté Elyes Fakhfakh.

Alors qu’Ennahdha avait soutenu Kais Saied au second tour de la présidentielle à l’automne dernier, les négociations de l’hiver ont mis au jour de profondes divergences entre les principaux acteurs de la politique tunisienne, tous deux désireux d' »imposer leurs orientations », selon Abdellatif Hannachi, professeur d’histoire contemporaine.

Néophyte en politique mais élu avec un très confortable score, Kaies Saied est un spécialiste du droit constitutionnel très critique du système parlementaire partisan. Il défend notamment une décentralisation radicale du pouvoir.

M. Ghannouchi, lui, est une figure de la classe politique aux commandes depuis la révolution de 2011, qui a toutefois vu son poids électoral s’éroder.

Par pur pragmatisme, il a accédé à la présidence de l’Assemblée (ARP) à la faveur d’une alliance avec son principal adversaire électoral, Qalb Tounes, mené par le sulfureux magnat des médias Nabil Karoui.

– « Lutte pour le pouvoir » –

Dans leur bras de fer, MM. Saied et Ghannouchi ont argué « d’interprétations différentes de la Constitution. Mais, au fond, c’est une lutte pour le pouvoir », avait relevé mardi le quotidien Chourouk.

Saluée lors de son adoption en 2014 comme une avancée majeure sur le chemin de la démocratie, la Constitution tunisienne a en effet donné naissance à un régime hybride, ni parlementaire ni présidentiel, prompt à ce type de blocage.

Au final, si Ennahdha a obtenu sept ministères dans la dernière mouture du gouvernement, il n’a pas eu ceux escomptés, notamment l’Intérieur et la Justice.

Durant le week-end, la formation d’inspiration islamiste avait évoqué une démission de M. Fakhfakh ou une motion de censure contre le gouvernement sortant, deux options lui permettant de proposer une autre figure au poste de Premier ministre.

Mais Kais Saied avait coupé court lundi soir à ces plans, en assénant au passage devant les caméras un cours de droit à un Rached Ghannouchi mal à l’aise. Non sans avoir martelé que l’unique alternative à l’octroi de la confiance au gouvernement Fakhfakh était de se préparer à une dissolution de l’Assemblée.

Ennahdha a justifié mercredi soir sa volte-face par la nécessité de prendre « en considération la situation économique et sociale » du pays et le conflit en Libye voisine.

Les incertitudes politiques des derniers mois pénalisent une économie tunisienne à la fragilité chronique, en laissant de nombreux dossiers en suspens dont celui des négociations avec les bailleurs de fonds.

Quant aux Tunisiens, une décennie après avoir chassé le dictateur Zine el Abidine Ben Ali, ils attendent toujours un gouvernement à même de s’attaquer aux maux socio-économiques qui rongent leur pays.

Brésil: Bolsonaro repousse les limites du politiquement incorrect

Insultes à répétition, attaques misogynes à caractère sexuel: le président brésilien Jair Bolsonaro multiplie les dérapages que ses détracteurs jugent indignes de sa fonction.

Le chef de l’Etat a provoqué une vague d’indignation sans précédent mardi en insinuant qu’une journaliste du très respecté quotidien Folha de S. Paulo, Patricia Campos Mello, aurait tenté d’obtenir un scoop contre lui en échange de relations sexuelles avec sa source.

En termes de misogynie, Jair Bolsonaro n’en est pas à son coup d’essai. En août 2019, il s’en était pris au physique de Brigitte Macron, épouse du président français, qui l’avait vivement critiqué en raison de la recrudescence des feux de forêt en Amazonie.

« Il est de plus en plus évident que le président a besoin d’un traitement thérapeutique de toute urgence », a estimé Paulo Jeronimo de Sousa, président de l’Association Brésilienne de Presse (ABI), considérant les propos de Jair Bolsonaro « lâches » et « embarrassants ».

« Ce comportement misogyne est indigne de la fonction présidentielle et constitue un affront à la Constitution », a-t-il ajouté, réclamant que le procureur-général « prenne les mesures nécessaires » contre Jair Bolsonaro. Celui-ci avait été élu fin 2018 en se présentant comme un candidat antisystème et « politiquement incorrect ».

Ivar Hartmann, professeur de Droit à la Fondation Getulio Vargas (FGV) considère ces propos « déplorables », mais ne croit pas pour autant qu’ils puissent « entraîner des conséquences légales ».

– « Écran de fumée » –

La loi brésilienne prévoit que « porter atteinte à la dignité et l’honneur » de la fonction présidentielle est passible de destitution.

Mais pour qu’une procédure de destitution aboutisse, elle doit être approuvée par les trois cinquièmes des députés, ce que la plupart des analystes jugent peu probable dans le cas de Jair Bolsonaro.

« La gauche va sûrement argumenter que ces propos portent suffisamment atteinte à la dignité de la fonction pour motiver une destitution (…) mais je ne vois pas le Congrès disposé à aller jusque là », estime Ivar Hartmann.

Depuis le début du mois, le président brésilien a adressé deux bras d’honneur à la presse à Brasilia.

Rodrigo Maia, président de la Chambre des Députés, a tiré la sonnette d’alarme mercredi, craignant que l’agressivité du président n’envoie « un signal négatif aux investisseurs ».

« La présidence est contaminée par les incivilités, l’ignorance et le machisme abject de son occupant », a fustigé Folha de S. Paulo dans un éditorial mercredi.

Dans la chronique politique qu’elle signe au journal Estado de S. Paulo, la journaliste Vera Magalhaes a accusé M. Bolsonaro de « dégrader l’image de la fonction présidentielle pour créer un écran de fumée ».

Les agressions verbales du président sont ainsi vues comme un moyen de détourner l’attention de sujets sensibles.

En décembre, quand un journaliste lui a posé une question sur des accusations de corruption pesant contre son fils aîné, le sénateur Flavio Bolsonaro, il a répondu par un commentaire homophobe, lui lançant: « tu as une tête terrible d’homosexuel! ».

« Quand il n’est pas capable de fournir une réponse rationnelle, il répond avec des blagues, souvent offensantes, pour créer un écran de fumée », renchérit Ivar Hartmann, qui souligne que ce ton agressif « plaît au noyau dur de son électorat »

– « Grossièreté inacceptable » –

En ce moment, le sujet sensible pour la famille Bolsonaro est la mort du chef présumé d’une milice paramilitaire soupçonnée d’avoir orchestré l’assassinat de l’élue de gauche Marielle Franco il y a deux ans.

Ex-capitaine du Bope, bataillon d’élite de la police militaire de Rio de Janeiro, Adriano Magalhães da Nobrega avait été décoré en 2005 à l’initiative de Flavio Bolsonaro, qui avait par ailleurs embauché sa mère et son ex-épouse dans son cabinet.

Considéré comme un fugitif, l’ancien policier a été tué le 9 février dans l’Etat de Bahia (nord-est), lors d’une fusillade après avoir ouvert le feu sur les agents qui allaient l’arrêter, selon les autorités locales.

Mais Jair Bolsonaro a évoqué une « exécution sommaire » perpétrée selon lui par des policiers à la solde du gouverneur de gauche Rui Costa.

Lundi, une vingtaine de gouverneurs ont fait part de leur indignation, réclamant plus « d’équilibre, de sagesse et de dialogue » de la part du chef de l’Etat.

Mardi, l’ex-président de centre droit Fernando Henrique Cardoso (1995-2002) a estimé que les insinuations de Jair Bolsonaro étaient d’une « grossièreté inacceptable ».

Même quand il n’attaque personne, le président brésilien parvient parfois à détourner l’attention avec des déclarations improbables teintées de vulgarité.

En août, il avait par exemple préconisé de « faire caca un jour sur deux » pour préserver l’environnement.

Israël annonce des milliers de nouveaux logements pour colons à Jérusalem-Est

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé jeudi la construction de milliers de nouveaux logements dans des quartiers de colonisation à Jérusalem-Est, secteur palestinien de la ville, moins de deux semaines avant des législatives lors desquelles il joue sa survie politique.

« Nous ajoutons 2.200 logements à Har Homa », a déclaré le Premier ministre dans une vidéo diffusée par son bureau, dans laquelle il apparait à proximité de ladite colonie.

« J’ai fondé ce quartier en 1997 lorsque j’ai été élu Premier ministre, malgré les objections du monde entier », a-t-il ajouté. « Il y a aujourd’hui 40.000 habitants, et nous en ajoutons 10.000. Har Homa sera composée de 50.000 habitants, comme une ville israélienne moyenne ».

M. Netanyahu, en campagne pour les législatives du 2 mars, les troisièmes en moins d’un an, a aussi annoncé la construction de milliers de logements dans un autre secteur de la partie orientale de Jérusalem.

« Mais la nouvelle encore plus importante aujourd’hui est que j’ai approuvé la construction à Givat Hamatos. Cela signifie 4.000 nouveaux logements, 1.000 pour les habitants arabes de Beit Safafa (secteur palestinien à proximité, NDLR) et 3.000 pour des habitants juifs », a-t-il déclaré.

– « Jérusalem unifiée » –

« La construction à Givat Hamatos est un sérieux coup porté à la solution à deux Etats » (israélien et palestinien, NDLR), a estimé sur Twitter l’ONG israélienne anticolonisation « La paix maintenant ».

« C’est le dernier endroit qui permettrait une continuité territoriale entre Bethléem et Jérusalem-Est », a indiqué l’ONG.

Aujourd’hui, plus de 600.000 personnes habitent dans les colonies en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. La colonisation de ces territoires, occupés depuis 1967 par Israël, s’est accélérée ces dernières années sous l’impulsion de M. Netanyahu et de son allié à Washington, le président Donald Trump.

Ce dernier a présenté fin janvier son plan pour le Proche-Orient qui prévoit notamment de faire de Jérusalem la capitale « indivisible » de l’Etat d’Israël et de créer une capitale d’un Etat palestinien dans des faubourgs de Jérusalem.

Les Palestiniens veulent faire de l’ensemble de Jérusalem-Est leur capitale et rejettent le projet américain, jugé « historique » par Israël.

« Nous connectons toutes les parties de Jérusalem unifiée, je lève toutes les restrictions et Jérusalem se construit avec nous », a ajouté M. Netanyahu jeudi.

Après un bras de fer au sommet, la Tunisie pourrait enfin avoir un gouvernement

Une nouvelle mouture du gouvernement a été dévoilée tard mercredi soir par le Premier ministre Elyes Fakhfakh en Tunisie, écartant a priori le spectre de nouvelles élections, au terme d’un bras de fer entre le président Kais Saied et le parti d’inspiration islamiste Ennahdha.

M. Fakhfakh a présenté une liste remaniée par rapport à celle dévoilée quatre jours plus tôt et qui avait été rejetée par Ennahdha. Première force du Parlement avec 54 sièges, cette formation obtient sept portefeuilles mais pas ceux qu’elle escomptait.

Conséquence: plus de quatre mois après la fin des élections, la jeune démocratie tunisienne pourrait enfin être dotée, prochainement, d’un nouveau gouvernement, à la faveur d’un vote à l’Assemblée, où il devra décrocher la majorité de 109 voix (sur 217 sièges).

Quand précisément? Mercredi soir, le chef de l’Etat a adressé un courrier au président du Parlement pour lui demander de fixer une date pour la plénière. Le bureau du Parlement doit se réunir dans les 48 heures après réception de cette correspondance et fixer la date dans un délai ne dépassant par une semaine.

« Enfin, le dénouement! », a titré jeudi le quotidien francophone La Presse, sûr de son fait malgré les multiples rebondissements des derniers mois.

« Si on se réfère aux déclarations des différents partis, il y a une intention d’accorder la confiance », a dit à l’AFP le politologue Selim Kharrat.

– « Tout à fait démocratique » –

Mercredi soir, face aux blocages, des négociations intenses ont continué jusqu’à la dernière minute, avec l’aide de la puissante centrale syndicale UGTT -un médiateur historique-, et l’organisation patronale Utica.

« La période des concertations, malgré ses difficultés et sa complexité, s’est déroulée de façon tout à fait démocratique », a commenté Elyes Fakhfakh.

Alors qu’Ennahdha avait soutenu Kais Saied au second tour de la présidentielle à l’automne dernier, les négociations de l’hiver ont mis au jour de profondes divergences entre les principaux acteurs de la politique tunisienne, tous deux désireux d' »imposer leurs orientations », selon Abdellatif Hannachi, professeur d’histoire contemporaine.

Néophyte en politique mais élu avec un très confortable score, Kaies Saied est un spécialiste du droit constitutionnel très critique du système parlementaire partisan. Il défend notamment une décentralisation radicale du pouvoir.

M. Ghannouchi, lui, est une figure de la classe politique aux commandes depuis la révolution de 2011, qui a toutefois vu son poids électoral s’éroder.

Par pur pragmatisme, il a accédé à la présidence de l’Assemblée (ARP) à la faveur d’une alliance avec son principal adversaire électoral, Qalb Tounes, mené par le sulfureux magnat des médias Nabil Karoui.

– « Lutte pour le pouvoir » –

Dans leur bras de fer, MM. Saied et Ghannouchi ont argué « d’interprétations différentes de la Constitution. Mais, au fond, c’est une lutte pour le pouvoir », avait relevé mardi le quotidien Chourouk.

Saluée lors de son adoption en 2014 comme une avancée majeure sur le chemin de la démocratie, la Constitution tunisienne a en effet donné naissance à un régime hybride, ni parlementaire ni présidentiel, prompt à ce type de blocage.

Au final, si Ennahdha a obtenu sept ministères dans la dernière mouture du gouvernement, il n’a pas eu ceux escomptés, notamment l’Intérieur et la Justice.

Durant le week-end, la formation d’inspiration islamiste avait évoqué une démission de M. Fakhfakh ou une motion de censure contre le gouvernement sortant, deux options lui permettant de proposer une autre figure au poste de Premier ministre.

Mais Kais Saied avait coupé court lundi soir à ces plans, en assénant au passage devant les caméras un cours de droit à un Rached Ghannouchi mal à l’aise. Non sans avoir martelé que l’unique alternative à l’octroi de la confiance au gouvernement Fakhfakh était de se préparer à une dissolution de l’Assemblée.

Ennahdha a justifié mercredi soir sa volte-face par la nécessité de prendre « en considération la situation économique et sociale » du pays et le conflit en Libye voisine.

Les incertitudes politiques des derniers mois pénalisent une économie tunisienne à la fragilité chronique, en laissant de nombreux dossiers en suspens dont celui des négociations avec les bailleurs de fonds.

Quant aux Tunisiens, une décennie après avoir chassé le dictateur Zine el Abidine Ben Ali, ils attendent toujours un gouvernement à même de s’attaquer aux maux socio-économiques qui rongent leur pays.

Allemagne: montée des attaques xénophobes ces dernières années

L’Allemagne, où neuf personnes ont été tuées mercredi soir dans deux fusillades visant des bars à chicha à Hanau (centre) connaît une recrudescence des attaques racistes et antisémites, dont plusieurs meurtrières ces dernières années.

– Des précédents récents –

Le 9 octobre 2019, deux personnes sont tuées et deux gravement blessées lors d’une tentative d’assaut contre une synagogue à Halle (est) le jour du Yom Kippour.

Après avoir échoué à pénétrer dans l’édifice où se trouvaient une cinquantaine de personnes, Stephan Balliet, extrémiste de droite, abat une passante puis un jeune homme dans un restaurant de kébabs. Il avait publié sur internet un « manifeste » exprimant ses vues antisémites.

Le 2 juin 2019, Walter Lübcke, élu local et haut fonctionnaire territorial pro-migrants, membre du parti de la chancelière Angela Merkel, est tué par balle chez lui dans la banlieue de Kassel (centre). Le meurtrier présumé, Stephan Ernst, est lié à la mouvance néonazie.

Le 26 septembre 2016, Nino Köhler, un sympathisant d’extrême droite, fait exploser deux bombes artisanales devant l’entrée d’une mosquée et sur la terrasse d’un centre de congrès à Dresde (Saxe), sans faire de victime. Il est condamné en août 2018 à près de 10 ans de prison.

Le 22 juillet 2016, David Ali Sonboly, Germano-Iranien de 18 ans lié à l’extrême droite et fasciné par Anders Behring Breivik (auteur du massacre de 77 personnes en Norvège en 2011), tue neuf personnes près d’un centre commercial de Munich, puis se suicide.

– Montée des actes racistes –

En 2018, les actes criminels à caractère xénophobe et antisémite ont augmenté de près de 20%, selon le ministère allemand de l’Intérieur, qui a recensé cette année-là 7.701 actes criminels xénophobes et 1.799 antisémites, commis à près de 90% par des auteurs de milieux d’extrêmes droite.

A Dresde, huit néonazis soupçonnés d’avoir voulu perpétrer des attentats contre des étrangers et des responsables politiques sont jugés depuis septembre. Ils figurent parmi les hooligans, néonazis et skinheads de Chemnitz (Saxe), théâtre en août 2018 de dérapages anti-migrants. Dans ce Land, le nombre d’agressions commises par l’extrême droite a bondi de 38% en 2018.

La semaine dernière, 12 membres d’un groupuscule d’extrême droite ont été arrêtés dans le cadre d’une enquête antiterroriste, soupçonnés d’avoir planifié des attaques de grande ampleur contre des mosquées.

– Meurtres d’immigrés dans les années 2000 –

Entre 2000 et 2007, le pays avait connu une série sans précédent depuis 1945 de meurtres de neuf personnes d’origine immigrée, dont huit Turcs ou personnes d’origine turque, et d’une policière, perpétrés par le trio néonazi « Clandestinité nationale-socialiste » (NSU). La seule survivante du groupuscule, Beate Zschäpe, a été condamnée en juillet 2018 à la prison à perpétuité.

L’affaire a été marquée par une cascade de scandales autour de l’enquête, qui a longtemps suivi la seule piste des « règlements de compte communautaires », ainsi que des services de renseignements intérieurs, censés disposer d’indics dans les milieux néonazis et vivement critiqués pour leur aveuglement.

Le président Tebboune promet un « changement radical » en Algérie (média)

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune, qui a succédé en décembre à Abdelaziz Bouteflika, chassé par la rue, réclame du temps pour opérer le « changement radical » promis en matière de fonctionnement de l’Etat, dans un entretien au quotidien français Le Figaro publié jeudi.

C’est la première interview accordée à un média étranger par M. Tebboune depuis son élection le 12 décembre, lors d’une présidentielle refusée par le « Hirak » -le « mouvement » populaire inédit de contestation qui agite l’Algérie depuis un an- et marquée par une abstention record (60%).

« On ne peut pas réformer, réparer, restaurer ce qui a été détruit pendant une décennie en deux mois », explique au Figaro M. Tebboune, plusieurs fois ministre et brièvement Premier ministre -en 2017- durant les 20 ans de présidence de M. Bouteflika.

Le chef de l’Etat qui, après son élection, a « tendu la main » au « Hirak » pour bâtir une « Algérie nouvelle », assure avoir fait des « réformes politiques », et notamment de la révision de la Constitution, sa « priorité ».

« Je suis décidé à aller loin dans le changement radical pour rompre avec les mauvaises pratiques, moraliser la vie politique, et changer de mode de gouvernance », affirme-t-il. « Les limites » sont « celles qui touchent notamment à l’identité nationale et à l’unité nationale. Tout le reste est négociable », promet-il.

« Le deuxième chantier sera celui de la loi électorale » pour, dit-il, donner une légitimité notamment au Parlement, « amené à jouer un plus grand rôle ».

Dans la rue, « les choses commencent à s’apaiser », assure encore M. Tebboune. « Le Hirak a obtenu pratiquement tout ce qu’il voulait »: le départ de M. Bouteflika, des figures de « l’ancien système » et l’arrestation de dirigeants ou hommes d’affaires soupçonnés de corruption…

Si la mobilisation semble avoir baissé depuis décembre, les manifestations continuent de drainer chaque semaine une foule nombreuse réclamant toujours le démantèlement du « système » qui dirige l’Algérie depuis son indépendance en 1962 et dont le chef de l’Etat est perçu comme un pur produit.

Mais M. Tebboune se défend d’être -comme l’ont été tous ses prédécesseurs- un président choisi par l’état-major de l’armée, pilier du régime: « Je ne me sens redevable qu’envers le peuple qui m’a élu en toute liberté et transparence. L’armée a soutenu et accompagné le processus électoral, mais n’a jamais déterminé qui allait être le président », assure-t-il.

M. Tebboune est considéré comme un proche du général Ahmed Gaïd Salah, puissant chef d’état-major de l’armée durant 15 ans jusqu’à son décès en décembre. Ce dernier a exercé le pouvoir de fait entre le démission de M. Bouteflika, le 2 avril 2019, et l’élection de M. Tebboune.

Le président algérien assure également dans cette interview vouloir réformer l’économie, qui souffre du faible cours des hydrocarbures et de « l’importation débridée, génératrice de surfacturation, une des sources de la corruption ».

Ouganda: acquittement en appel d’une activiste condamnée pour avoir harcelé Museveni

L’universitaire et militante féministe ougandaise Stella Nyanzi, condamnée à 18 mois de prison en première instance pour avoir harcelé en ligne le président Yoweri Museveni, a été acquittée mercredi en appel.

Mme Nyanzi avait été inculpée et placée en détention en novembre 2018 pour avoir posté sur son compte Facebook des propos jugés « obscènes » à l’encontre du président Museveni et de sa mère, décédée en 2001.

Dans ses commentaires, elle avait fait référence à l’anniversaire du chef de l’État et regretté dans un langage cru que celui-ci ait vu le jour.

En août 2019, elle avait été condamnée à un an et demi de prison pour harcèlement en ligne, même si le tribunal n’avait pas retenu à son encontre l’accusation de « propos offensants ».

En 2017, Mme Nyanzi avait déjà été arrêtée et placée en détention pour avoir notamment comparé le président Museveni, au pouvoir depuis 1986, à une « paire de fesses ».

Le juge Peter Adonyo l’a acquittée mercredi en appel et a également rejeté un appel du parquet concernant l’accusation de « propos offensants ».

L’universitaire s’est adressée aux dizaines de ses partisans réunis devant le tribunal en leur demandant: « Pourquoi étais-je emprisonnée? Pourquoi suis-je restée en prison pendant autant de mois? ».

« Persécution », ont répondu ceux-ci. « Museveni doit partir! Museveni, vous avez été prévenu », a-t-elle ensuite crié, avant que la police n’essaie de disperser ses supporteurs.

Cette initiative a créé la confusion et Mme Nyanzi a semblé s’évanouir. Ses partisans l’ont alors emmenée à l’écart, pendant que les responsables de la prison où elle était détenue exigeaient qu’elles rentrent dans le tribunal pour être formellement relaxée.

Des agents pénitentiaires ont ensuite tenté de l’enlever aux mains de ses soutiens et tiré en l’air à plusieurs reprises, apparemment sans blesser personne, avant que l’universitaire soit finalement évacuée dans une voiture par ses proches.

Chercheuse associée à la prestigieuse université de Makerere à Kampala, Mme Nyanzi est titulaire d’un doctorat sur les sexualités en Afrique.

Interrogée par l’AFP courant 2017, elle justifiait le recours à un vocabulaire cru: « Les paroles dites vulgaires sont parfois la meilleure option pour faire passer un message ».

Ses commentaires sur Facebook, où elle est suivie par plus de 200.000 personnes, divisent la société ougandaise, un pays largement conservateur mais dont une partie de la population, notamment au sein de la jeunesse, souhaite le départ du président.

Le président Museveni dirige le pays d’une main de fer depuis 1986. Ses opposants l’accusent d’être de plus intolérant à toute forme de critiques et la population a peu confiance dans l’indépendance de la justice.

Les Sud-Soudanais « délibérément affamés » par les parties en guerre (ONU)

L’armée gouvernementale sud-soudanaise et les différents groupes rebelles en guerre ont « délibérément affamé » les habitants du pays, en leur refusant l’accès à l’aide humanitaire et en les forçant à quitter leur foyer, selon un rapport de l’ONU publié jeudi.

La publication de ce rapport intervient à deux jours de la date butoir pour la formation d’un gouvernement d’union nationale, prévue par l’accord de paix signé en septembre 2018 à Addis Abeba.

Elle coïncide également avec une rencontre jeudi à Juba entre le président Salva Kiir et son rival historique Riek Machar pour s’accorder sur les conditions de la formation de ce gouvernement.

« Aujourd’hui au Soudan du Sud, les civils sont délibérément affamés, systématiquement surveillés et réduits au silence, arbitrairement arrêtés et détenus, et se voient refuser l’accès à toute réelle justice », a indiqué dans ce rapport une commission des droits de l’Homme de l’ONU.

Cette commission a été mise en place en 2016 par le Conseil des droits humains de l’ONU afin de rassembler des preuves qui pourraient être utilisées pour poursuivre en justice des auteurs d’atrocités. Elle a étudié les violations des droits humains commises entre la date de la signature de l’accord de paix et décembre 2019.

Les trois membres de la commission ont incriminé « des élites prédatrices et qui ne rendent aucun compte » à la population, laquelle souffre énormément depuis le déclenchement de la guerre civile en décembre 2013.

La commission a dénoncé les multiples querelles et délais dont le processus de formation d’un gouvernement d’union nationale a fait l’objet, dus selon elle à un « manque de volonté politique ».

« Les élites politiques continuent à négliger l’immense souffrance de millions de civils », a-t-elle observé.

Le Soudan du Sud a sombré dans la guerre civile en 2013, deux ans après son indépendance du Soudan, lorsque M. Kiir, un Dinka, a accusé M. Machar, son ex-vice-président, membre de l’ethnie nuer, de fomenter un coup d’État.

Le conflit, marqué par des affrontements communautaires, des atrocités et le recours au viol comme arme de guerre, a fait plus de 380.000 morts et provoqué une crise humanitaire catastrophique.

– ‘Beaucoup d’inquiétude’ –

L’application de l’accord de paix reste entravée par le recrutement continu d’enfants soldats par les forces gouvernementales et rebelles, par des violences localisées qui ont fait des centaines de mort en 2018 et 2019, par les violences sexuelles et la corruption, a établi la commission.

« La commission remarque avec beaucoup d’inquiétude qu’au-delà des facteurs climatiques, aussi bien les forces gouvernementales que les forces armées ont poursuivi des politiques responsables de la famine de la population à Wau et dans l’État de l’Unité », dans le nord du pays, ajoute le rapport.

« Le refus de laisser accéder l’aide humanitaire et les déplacements forcés, favorisés par des manœuvres illégales, ont aggravé de manière importante la famine en différents endroits du pays, privant des centaines de milliers de civils de droits vitaux, comme l’accès à la nourriture », souligne encore la commission.

L’accord de paix de 2018 est la plus récente tentative de mettre fin au conflit et de pousser MM. Kiir et Machar à gouverner ensemble. Les deux précédentes expériences se sont achevées dans un bain de sang.

La formation de ce gouvernement d’union nationale a déjà été repoussée deux fois en raison de désaccords portant notamment les arrangements sécuritaires, le cantonnement des forces gouvernementales et rebelles, et la question centrale du nombre d’États régionaux.

La commission note encore que les combats continuent dans la région de l’Équateur (sud) entre l’armée gouvernementale et plusieurs groupes rebelles. Ces violences ont causé la mort d’au moins 531 personnes entre février et mai 2019, et favorisé la corruption, selon elle.

« La corruption a rendu plusieurs officiels extrêmement riches aux dépens de millions de civils affamés », indique aussi le rapport, selon lequel des millions de dollars de taxes publiques ont été détournés.

Gouvernement et groupes rebelles ont continué à recruter des enfants soldats: 19.000 pendant la période observée selon la commission.

De même, quelque 2,2 millions d’enfants n’ont pas été scolarisés et 30% des écoles sont restées fermées.

En Syrie, des enfants traumatisés par la guerre et ballottés par l’exil

Moustapha, 12 ans, et Ines, 9 ans, aident leurs parents à charger le pick-up avant de fuir, une nouvelle fois, l’offensive meurtrière du régime dans le nord-ouest de la Syrie. Soudain, un bombardement à quelques rues de là sème la panique.

Instinctivement, Moustapha rentre la tête dans les épaules et se précipite dans le véhicule où sont empilés tapis et couvertures, suivi par sa soeur terrorisée qui se bouche les oreilles.

Une scène banale pour cette région, où les tirs d’artillerie et raids aériens du régime et son allié russe ont provoqué depuis deux mois un exode d’une ampleur sans précédent.

« Notre vie se résume à ça: des bombardements et la peur », lâche Abou Mohamed, le père de Moustapha et Inès.

La famille vivait depuis à peine un mois à Daret Ezza, dans la campagne vallonnée de l’ouest de la province d’Alep, un secteur dominé par des jihadistes et des rebelles visés par l’offensive du régime.

Originaire du sud de la province voisine d’Idleb, Abou Mohammed ne compte plus le nombre de fois où sa famille a été déplacée par les violences.

« C’est notre peur pour les enfants qui nous pousse à partir », lâche le quinquagénaire aux cheveux poivre et sel.

– « Elle hurle » –

Lorsque la famille est arrivée à Daret Ezza, elle a pris ce qui se présentait comme hébergement: un atelier aux murs noircis, où l’unique pièce était séparée de la cour par une bâche déchirée.

« C’est tout ce qu’on pouvait s’offrir », explique Abou Mohamed, qui raconte que les enfants, déjà affaiblis, ont souffert de la grippe et d’autres maladies.

Depuis début décembre, près de 900.000 personnes selon l’ONU, en majorité des femmes et des enfants, ont été déplacées par l’offensive du régime lancée contre la province d’Idleb et les territoires limitrophes, ultime grand bastion jihadiste et rebelle de Syrie.

« On ne peut calmer les enfants quand ils entendent le bruit d’un avion ou d’un obus », poursuit Abou Mohamed.

Inès, petite chose emmitouflée dans un anorak sombre et bonnet vert enfoncé sur la tête, est la plus traumatisée des quatre enfants encore à la maison, selon son père.

La nuit, elle met sa tête sous l’oreiller pour ne pas entendre les avions.

« Elle se fige totalement pendant les bombardements », raconte Abou Mohamed. « Je lui bouche les oreilles et je lui dit +n’ai pas peur, c’est loin d’ici, il n’y aura pas de frappes+. Mais elle hurle et elle pleure », soupire le père.

La famille ne sait pas encore où elle va vivre, mais elle va rallier la région d’Aazaz, au nord de Daret Ezza, et considérée comme plus sûre car située à la frontière turque.

« On logera peut-être avec mon cousin qui a pris une tente en partant », dit Abou Mohammed.

Faute de place dans le pick-up, la famille a été contrainte d’abandonner une cuisinière, des bassines, des marmites et une machine à coudre. Et comme la cabine ne peut accueillir tout le monde, certains doivent faire le voyage dans l’arrière du véhicule, juchés sur un tas d’affaires.

– « Comment les calmer? » –

Les organisations humanitaires ne cessent de tirer la sonnette d’alarme sur les traumatismes psychologiques subis en Syrie par les enfants, qui perdent leur maison, leur école, et voient parfois mourir leurs proches.

L’ONG Save the Children, qui a fait état de la mort de sept enfants dans le nord-ouest, dont un bébé, a averti que le nombre de décès pourrait augmenter vu les conditions « inhumaines » dans lesquelles vivent les déplacés.

Plus de 400 civils, dont 112 enfants, ont par ailleurs été tués depuis la mi-décembre dans les bombardements, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

A Daret Ezza, Abou Ahmed se prépare lui aussi à prendre la route avec ses cinq enfants, dont le plus jeune a sept ans.

Aidé par un de ses fils, un rouquin à la silhouette frêle, il charge une camionnette de ses maigres possessions sans savoir où il va aller.

Les enfants sont « terrorisés », par les bombardements, confie-t-il. Il se souvient encore des frappes particulièrement violentes dans la nuit de lundi.

« Les enfants ont couru se réfugier dans les bras de leur mère et dans les miens », raconte-t-il. « Ils hurlaient et ils pleuraient, on ne savait pas comment les calmer ».

Comment le coronavirus se propage aux multinationales

Importatrice vorace de matières premières, usine du monde, grande consommatrice de luxe et de voyages…. La Chine est incontournable d’un bout à l’autre des chaînes de production des multinationales, désormais bouleversées par l’épidémie de coronavirus.

Ogre des matières premières

Une chute de 0,3 point de croissance cette année de la deuxième économie mondiale aurait un impact presque identique (-0,2 point) sur l’ensemble de la croissance mondiale, a indiqué Deutsche Bank. Autant dire que les pays exportateurs de matières premières seraient directement touchés par le ralentissement de l’activité du géant asiatique. Selon l’assureur-crédit Coface, le géant asiatique absorbe près de 14% de la production mondiale de pétrole. L’action du géant pétrolier saoudien Aramco a d’ailleurs perdu la plupart des gains réalisés depuis son introduction à la Bourse de Ryad en décembre.

La Chine engloutit aussi près de 40% de la production mondiale de métaux. Avec des usines chinoises au ralenti, les multinationales minières sont forcément exposées: l’australien BHP, plus grand producteur mondial de minerais, a prévenu que la demande de matières premières qu’il produit pourrait être affectée, à moins que l’épidémie ne soit contenue d’ici à fin mars. Certains pays, à l’image du Chili, qui extrait presque un tiers du cuivre mondial, sont exposés. Des répercussions sont aussi à craindre pour les produits agroalimentaires, ainsi le soja, dont le Brésil est premier producteur mondial.

Usine du monde

Depuis une trentaine d’années, la Chine est devenue l’usine du monde. Elle est incontournable pour la production de téléphones portables, d’écrans plats, d’ordinateurs, de pièces détachées pour les voitures et de nombreux autres objets. L’agence Fitch a revu à la baisse sa notation de « tous les fabricants de composants électroniques », directement touchés par la fermeture de nombreuses usines en Chine. Apple a fait état de difficultés d’approvisionnement en iPhones, fabriqués en Chine.

Le groupe français d’équipement et services énergétiques Schneider Electric, dont l’usine de Wuhan n’a toujours pas redémarré, a estimé à 300 millions d’euros les pertes attendues au premier trimestre.

Le géant danois du transport maritime AP Moeller—Maersk s’attend à un début d’année « faible » du fait d’une fermeture plus longue que d’habitude des usines en Chine.

Du côté de l’automobile, Fiat Chrysler a annoncé l’arrêt provisoire de son usine de Kragujevac en Serbie « à cause d’un manque de disponibilité de certains composants en provenance de Chine ». Le japonais Toyota et l’allemand Volkswagen ont dû interrompre la production dans leurs usines d’assemblage. Le sud-coréen Hyundai a, lui aussi, dû interrompre sa production.

L’épidémie provoquée par le coronavirus peut aussi entraîner des problèmes d’approvisionnement de médicaments en Europe car une « grande partie » des « principes actifs pharmaceutiques » est fabriquée en Asie, a prévenu l’Académie française de pharmacie.

Consommatrice avide

Au fil des années, avec l’émergence d’une classe moyenne, la Chine passe progressivement d’une économie de production à celle de consommation. Ce marché de plus d’un milliard d’habitants est devenu incontournable. Apple, déjà perturbé par l’épidémie au niveau de ses approvisionnements, souffre aussi en bout de chaîne puisque la demande pour ses produits, dont les Chinois sont friands, baisse.

Des chaînes comme Starbucks, pour qui la Chine est le second marché mondial, y ont fermé de nombreux points de vente. L’équipementier sportif Adidas a vu ses activités en Chine reculer de 85% sur un an depuis la fin janvier.

L’industrie du luxe est secouée. Kering (Gucci, Yves Saint Laurent, etc) a enregistré une forte baisse de ses ventes en Chine continentale et la maison d’habillement Burberry a averti d’un « impact négatif important ».

Le secteur du tourisme est directement concerné par la mise en quarantaine de douzaines de villes chinoises et l’interdiction des voyages organisés de Chinois vers l’étranger. Selon les chiffres de la Coface, les touristes chinois dépensent chaque année 130 milliards de dollars dans le monde.

Le trafic aérien a également subi les effets de l’épidémie. Plusieurs compagnies aériennes, dont Air France, British Airways, Air Canada, Lufthansa ou Delta, ont suspendu leurs vols vers la Chine continentale. Air France-KLM a d’ailleurs estimé jeudi entre 150 et 200 millions d’euros le manque à gagner dû à la suspension des vols du groupe vers la Chine de février à avril.

Dans le secteur du tourisme, le groupe hôtelier Accor a indiqué avoir fermé 200 hôtels sur les 370 que compte son réseau en Chine et à Hong Kong.

Jean Daniel, grand journaliste et grande conscience de gauche

Grande conscience de gauche, Jean Daniel a vécu en osmose avec Le Nouvel Observateur, qu’il a fondé en 1964 avec Claude Perdriel et qu’il a longtemps dirigé, exemple rare de longévité dans la presse française.

Jusqu’à un âge très avancé, cette plume redoutée et brillante aura signé l’éditorial de l’hebdomadaire, rebaptisé L’Obs en 2014 et alors cédé au groupe Le Monde. Avec son profil d’aigle, il n’avait rien perdu de sa belle allure même si sa figure de « commandeur » et son narcissisme ont pu parfois agacer.

Jean Daniel, que l’historien Pierre Nora a qualifié de « dernière figure du journalisme inspiré », a rencontré tous les grands de ce monde.

En 1963, c’est en plein déjeuner, à Cuba, avec Fidel Castro qu’il apprend la mort de John F. Kennedy, avec lequel il vient d’avoir un entretien. « Kennedy était un ennemi auquel on s’était habitué. C’est une affaire très grave », lui dit le « Lider maximo ».

Il a été l’ami de Pierre Mendès-France, Michel Foucault, François Mitterrand, avec lequel il eut, comme tant d’autres, des relations compliquées, ou Albert Camus, en dépit de leur désaccord sur le dossier algérien.

Également écrivain et essayiste, il a signé une trentaine de livres, depuis « L’erreur », roman paru en 1952 salué par Camus, à « Mitterrand l’insaisissable » en 2016. Ses « Œuvres autobiographiques » (cinq ouvrages) ont été rassemblées en 2002 en un seul volume de 1.700 pages.

– Blessé à Bizerte –

L’Algérie, où il naît le 21 juillet 1920 à Blida, le marque pour la vie.

Élevé dans une famille algérienne de confession juive, Jean-Daniel Bensaïd, nom qu’il abandonne après-guerre pour écrire dans Combat sous le pseudonyme de Jean Daniel, est le dernier de onze enfants. Son père sera une figure adorée, s’émerveillant « chaque jour d’être Français ».

Après avoir combattu dans les rangs de la division Leclerc, il étudie après-guerre la philosophie à la Sorbonne puis entre en 1946 au cabinet de Félix Gouin, président du Gouvernement provisoire. Se situant déjà dans le courant de la gauche non communiste, il fonde, en 1947, Caliban, une revue culturelle.

Au milieu des années 50, Jean-Jacques Servan-Schreiber l’engage à L’Express où il couvre les « événements » d’Algérie. Il y reste huit ans, en devient le rédacteur en chef. Menacé de mort, inculpé pour atteinte à la sûreté de l’état, il défend l’indépendance algérienne.

En 1961, envoyé spécial en Tunisie, il est sérieusement blessé à Bizerte par des tirs de l’armée française.

Après un bref passage au Monde, ce journaliste, déjà auréolé d’une réputation dépassant les frontières françaises, co-fonde en 1964 Le Nouvel Observateur. Commence la grande aventure de sa vie.

« Jamais, nous n’avions pensé que nous réussirions. La formule choisie était assez culturelle, assez intellectuelle pour ne pas dépasser les 40-60.000 exemplaires dans le meilleur des cas », dit-il à l’AFP en 2004. En 1974, il tire déjà à 400.000 exemplaires !

Le tandem qui dirige le titre fait merveille : à Claude Perdriel, la gestion, à Jean Daniel, la rédaction. « Nous avons réussi, confiait ce dernier, à un moment, à réunir autour de nous les plus brillants journalistes d’Europe ».

Les deux hommes sont inséparables, passent leurs vacances ensemble, avant que les liens ne se distendent. Jean Daniel devait épouser Michèle Bancilhon, première femme de Claude Perdriel. Le couple aura une fille, Sara Daniel, future journaliste au Nouvel Observateur.

– « Pessimiste émerveillé » –

Participant à tous les grands débats de l’époque, le magazine défend l’anticolonialisme, publie en une le manifeste des « 343 salopes » pour l’avortement, soutient Mendès-France, Rocard puis Mitterrand, polémique avec le Parti communiste.

Sur le Proche-Orient, malgré son « attachement indéfectible à Israël », Jean Daniel qui, selon lui, refusa trois fois un poste d’ambassadeur proposé par le président Mitterrand, considérait que « les Palestiniens avaient droit à un État ».

Après les révélations d’Alexandre Soljenitsyne sur l’existence des Goulags en URSS, il écrit : « nous ne laisserons jamais à la droite le confortable et unique monopole de la contestation contre les démences des bureaucrates totalitaires ».

En guise de bilan professionnel et intellectuel, Jean Daniel, qui fut membre du conseil supérieur de l’Agence France-Presse, se félicitait d’avoir « entrepris de +dé-marxiser+ la gauche avec des principes de gauche ».

En 2016, ce « pessimiste émerveillé », selon ses mots, assurait : « pour moi, le repos c’est la mort ». Il avait alors 96 ans…

Après un an d’existence, le Hirak algérien s’interroge sur son avenir

Après avoir échoué à empêcher en décembre l’élection d’un successeur au président déchu Abdelaziz Bouteflika, le mouvement de contestation en Algérie, le « Hirak », s’interroge sur son avenir, confronté aux risques d’essoufflement face à un régime qui semble avoir repris la main.

Informel, non structuré, agrégeant autour de deux mots d’ordre essentiels –« Silmyia » (pacifique) et « Qu’ils partent tous! »– un éventail d’opinions disparates, voire de fractures idéologiques, le « Hirak » entre dans sa 2e année avec de nombreuses questions auxquelles il doit répondre rapidement.

Le mouvement est jeune, « tout s’y fait dans la spontanéité, la découverte, l’expérimentation mais aussi dans les clivages », explique à l’AFP Karima Dirèche, historienne spécialiste du Maghreb contemporain. « Il faut apprendre à écouter l’autre, à accepter qu’il soit d’un avis différent, apprendre à négocier des consensus. On n’y est pas encore ».

L’élection en décembre d’un nouveau chef de l’Etat, Abdelamdjid Tebboune, ancien cadre de la présidence Bouteflika et pur produit du « système », paraît avoir enterré la principale revendication du « Hirak »: la fin du régime au pouvoir depuis l’indépendance en 1962 et une « transition » vers des institutions nouvelles.

« La transition politique, on n’y est pas; on est en train d’y réfléchir » au sein de la contestation, assure Mme Dirèche, directrice de recherches au Centre national de recherche scientifique (CNRS, France).

Actuellement, « on est dans quelque chose de très bizarre: la mobilisation est toujours là (…), mais on voit bien qu’il y a une vraie difficulté à passer à autre chose » que ces rassemblements hebdomadaires, relève-t-elle.

– Importantes décisions –

Le « Hirak » doit-il négocier avec un président qui a dit « lui tendre la main »? Doit-il se structurer et désigner des représentants? Doit-il envisager d’autres modes d’action?

« Le mouvement a d’importantes décisions à prendre », confirme Dalia Ghanem, chercheuse au Carnegie Middle East Center de Beyrouth (Liban).

Ses militants ne sont unanimement d’accord que sur les deux principaux mots d’ordre, mais « pas sur les modalités (d’action) ni sur l’institutionnalisation (du mouvement), ni sur le leadership », note la chercheuse.

L’absence de chefs a beaucoup servi la contestation, jusque-là: « Puisqu’ils n’existaient pas, ils n’ont pas pu être incarcérés ni harcelés ou cooptés », comme le faisait le régime pour taire les oppositions, poursuit-elle. Mais cette absence de figures dirigeantes identifiées entrave la capacité du mouvement à négocier avec le pouvoir.

En Algérie, faute de véritables partis d’opposition, de syndicats et de médias indépendants, « les forces d’opposition et de contestation qui auraient pu prendre le relais » n’existent pas, souligne Karima Dirèche.

– Penser à « l’après » –

Pour Pierre Vermeren, professeur d’histoire contemporaine à Paris-I et spécialiste du Maghreb, « la seule option pacifique » pour la contestation « est de reconstruire des organisations politiques ou des associations civiles afin de préparer les élections locales et nationales » et avoir des élus capables de « relayer la parole du +Hirak+ dans les institutions ».

« Le problème est que, malgré leur goût de la chose politique, les Algériens ont une confiance très limitée dans les institutions existantes », constate-t-il.

Le mouvement commence néanmoins à se structurer au niveau local.

En face, le pouvoir est en pleine « régénération », avec un président à nouveau « façade civile d’un régime qui reste aux mains de l’institution militaire », analyse Dalia Ghanem.

Un pouvoir tenté de jouer le pourrissement alors que le « Hirak » n’a plus obtenu gain de cause depuis la démission du président Abdelaziz Bouteflika le 2 avril et le report d’une première tentative de scrutin présidentiel en juillet.

« Les dirigeants (algériens) savent très bien faire ça », observe Mme Dirèche.

En outre, « chaque mouvement social est par définition victime du temps et ne peut continuer éternellement », selon Dalia Ghanem: dès lors, « comment convaincre les gens de continuer à descendre dans la rue chaque vendredi? ».

Il faut donc penser à « l’après ».

Mais, traumatisés par des années de violence politique, les Algériens renâclent à d’autres modes d’actions, comme la grève générale ou la désobéissance civile. Chez les Algériens, « on réfléchit à deux fois avant la confrontation », note Karima Dirèche.

L’historienne ne croit pas à l’essouflement des marches: « Ce mode opératoire permet d’économiser ses forces ». Les défilés sont un moyen de « s’initier à la politique, chose interdite jusqu’à présent et absente des réseaux classiques, à l’école ou à l’université, dans les partis ».

« Les choses sont en train de s’apprendre, s’expérimenter, et bien évidemment tout cela va produire quelque chose. Mais quoi? Comment? Quand? Difficile à dire ».

Pour Akram Belkaïd, journaliste et essayiste algérien, « il faut s’inscrire dans le temps long ».

« Il y a des demandes, des exigences du peuple. Le +Hirak+ est un aiguillon. Il rappelle sans cesse que rien ne va. Tôt ou tard, le régime devra en tenir compte ».

Les fouilles de fosses communes, un enjeu très politique au Burundi

Chargée des fouilles qui ont déjà permis de retrouver les ossements de plus de 6.000 victimes des massacres interethniques de 1972 au Burundi, la Commission vérité et réconciliation (CVR) est accusée de s’immiscer par ce biais dans la campagne pour l’élection présidentielle de mai.

L’excavation fin janvier et début février de six fosses communes situées au bord de la rivière Ruvubu, à une vingtaine de kilomètres au nord-est de Gitega (centre), la nouvelle capitale administrative du pays, a permis d’exhumer les ossements de 6.032 victimes, selon la CVR.

Mais la Ruvubu est loin d’avoir livré tous ses secrets. Une seconde phase de fouilles, qui devrait durer au moins deux semaines, a commencé lundi sur le même site, a indiqué à l’AFP le président de la CVR, Pierre-Claver Ndayicariye.

« Il y a deux (autres) fosses communes confirmées, et nous en avons dix renseignées mais pas encore vérifiées », a-t-il précisé, ajoutant que « des témoins parlent d’autres fosses communes plus loin dans des champs de maïs ».

A sa création en 2014, la commission avait été mise en place pour établir la vérité sur les massacres interethniques ayant frappé le Burundi depuis son indépendance en 1962 jusqu’au 4 décembre 2008, date supposée de la fin de la violence armée dans le pays.

Le Burundi a connu une série de massacres interethniques, qui ont culminé en 1972, et de coups d’Etat, prémices à une longue guerre civile (1993-2006) ayant opposé des rebelles hutu à l’armée, dominée par la minorité tutsi, et fait plus de 300.000 morts.

En janvier, la CVR avait annoncé avoir identifié 142.505 personnes tuées ou portées disparues dans les différentes tragédies qui ont endeuillé le Burundi depuis 1962, et recensé à ce jour plus de 4.000 fosses communes de différentes tailles à travers tout le pays.

– « Enquête approfondie » –

D’après les témoignages recueillis par la commission, les victimes de la Ruvubu « étaient acheminées de la prison de Gitega par camion chaque nuit en mai et juin 1972 », ainsi que des communes environnantes.

Des témoins ont affirmé à l’AFP qu’il s’agissait de membres de l’élite hutu, victimes de la terrible répression menée par le pouvoir tutsi de l’époque, qui a fait entre 100.000 et 300.000 morts selon des associations militant pour la reconnaissance du « génocide hutu de 1972 ».

Mais « ce n’est pas à la CVR de vous dire à ce stade si les victimes sont des Hutu ou des Tutsi, ce sont des Burundais en premier lieu », a affirmé M. Ndayicariye, ajoutant qu’elle doit d’abord mener « une enquête approfondie » pour identifier les victimes et les responsables.

Derrière cette apparente prudence verbale, ce dernier est cependant accusé de manier un double langage par l’opposition et la société civile, qui reprochent à la CVR d’être instrumentalisée par le pouvoir actuel à l’approche de l’élection présidentielle.

« La CVR cible volontairement des fosses communes qu’elle déclare être celles de victimes hutu, alors que tout le monde sait qu’il y a eu une hécatombe de Tutsi en 1993 dans la province de Karusi », proche du lieu des fouilles actuelles, dénonce Emmanuel Nkurunziza, président de la section canadienne de l’organisation AC-génocide Cirimoso.

« La CVR participe ainsi à la campagne électorale du pouvoir CNDD-FDD qui a toujours caressé la fibre ethnique pour rallier à sa cause la majorité hutu », ajoute cet activiste exilé au Canada.

– « Aucune crédibilité » –

Le CNDD-FDD, parti du président burundais Pierre Nkurunziza, au pouvoir depuis 2005 et qui ne se représentera pas en mai, est issu de l’ancienne principale rébellion hutu lors de la guerre civile. Les Hutu représentent 85% de la population du Burundi, contre 14% pour les Tutsi.

Vital Nshimirimana, l’une des figures de la société civile burundaise qui a fui en exil, dénonce « un travail d’exhumation sommaire, des conclusions hâtives sur les victimes et les auteurs sans aucune enquête approfondie ».

Lui aussi estime que la CVR, au service du pouvoir, essaie de « manipuler la vérité (…) pour pouvoir reconnaître officiellement qu’il y a eu un génocide de Hutu en 1972 ».

La CVR est constituée presque exclusivement de membres du CNDD-FDD. Et M. Ndayicariye est l’ancien président de la commission électorale lors des élections controversées de 2010 et 2015.

La présidentielle de 2010 avait été boycottée par l’opposition et la candidature du président Nkurunziza à un troisième mandat controversé en avril 2015, puis sa réélection en juillet de la même année, ont plongé le Burundi dans une crise politique majeure, accompagnée de violences ayant fait au moins 1.200 morts.

« La CVR actuelle ne jouit d’aucune crédibilité ni d’aucune indépendance, parce qu’elle est constituée de militants très zélés » du CNDD-FDD, estime Chauvineau Mugwengezo, le président exilé en Belgique de la CFOR-Arusha, un collectif de partis d’opposition.

La commission, abonde-t-il, « est instrumentalisée pour des raisons électoralistes au risque de raviver la haine ethnique au Burundi ».

Après 20 ans au pouvoir, Poutine incontournable sur les stands touristiques

Après vingt années de pouvoir, des stands de souvenirs russes aux librairies, des matriochkas aux chocolats, le visage de Vladimir Poutine est omniprésent.

Même si les ventes ne sont pas nécessairement colossales, son profil est devenu un élément incontournable du folklore russe proposés aux touristes russes et étrangers. Particulièrement à Saint-Pétersbourg sa ville natale.

En chef de guerre, caressant des animaux sauvages ou chevauchant un ours, Vladimir Poutine s’affiche sur à peu près tout support pouvant être vendu.

Artiste peintre et homme d’affaires, Alexeï Serguienko ne fait pas exception: dans chacun de ses 64 kiosques à souvenirs, situés autour de la cathédrale Saint-Sauveur-sur-le-Sang-Versé, on retrouve alignées des poupées gigognes à l’effigie du président.

« Le volume des ventes des souvenirs avec Poutine ne représente que 3-4% (du total), mais c’est stable », souligne M. Serguienko, un fan de l’homme fort de la Russie qui lui a consacré une exposition en 2012, intitulée « Président. Un homme à l’âme bonne ».

On y voyait un Poutine « pop art », portant un enfant sur ses épaules sur fond de soleil flamboyant, ou arrêtant une météorite en costume de super-héros hollywoodien, des tableaux qui jouaient sur l’imagerie du « sauveur de la Nation » régulièrement mise en avant par les autorités.

-‘On s’y est habitués’ –

Aujourd’hui encore, des tablettes de chocolat emballées dans du papier représentant ces oeuvres d’Alexeï Serguienko sont vendues 150 roubles (deux euros) dans des boutiques de Saint-Pétersbourg.

Au Dom Knigi (Maison des livres), la plus grande librairie de Saint-Pétersbourg sur la prestigieuse perspective Nevski, les représentations de Poutine sont aussi inévitables.

Du simple aimant vendu une centaine de roubles au mug à 600 roubles (8,5 euros), « ça fait partie de la gamme des souvenirs, on s’y est habitués », constate Natalia, une vendeuse.

Directeur de la société « Che Guevara », spécialisée dans la vente en ligne de souvenirs à forte consonance politique, Alexeï Ivanov explique que Poutine est désormais identifié aux Russes.

« Le principal, c’est (sa) popularité, le fait qu’il soit très reconnaissable et la relation +spéciale+ (des Russes) avec cet homme », dit-il.

Car malgré une récente baisse de popularité due à la stagnation économique et une douloureuse réforme des retraites, pour la majorité des Russes, il reste, 20 ans après son arrivée au pouvoir, celui qui a sorti le pays du chaos post-soviétique, même si ce fut aux prix de libertés publiques et politiques.

Vladimir Poutine est aussi crédité pour avoir réimposé la puissance russe sur la scène internationale, avec notamment la populaire annexion de la Crimée ukrainienne en 2014.

C’est peu après ce tour de force, qu’Alexandre Savenkov, agent immobilier à Saint-Pétersbourg, a acheté son t-shirt noir à l’effigie du président.

« Je le mets de temps en temps, surtout lorsque je suis en vacances à l’étranger », s’amuse le quadragénaire.

« Poutine est un leader fort, je le respecte pour cela », poursuit-il.

-« Jusqu’à la fin de ma vie »-

Pour Andreï Stepanov, un ingénieur péterbourgois de 60 ans, tout ça c’est trop.

« J’ai déjà l’impression d’habiter en Corée du Nord, le Grand Poutine est partout: à la télé, aux journaux, ses portraits sont dans tous les établissements officiels et même sur les souvenirs, c’est trop », regrette-t-il.

Le Kremlin dit aussi trouver qu’il y a des excès. Son porte-parole, Dmitri Peskov a ainsi jugé « inappropriée » la récente mise en vente à l’aéroport de Saint-Pétersbourg d’imitations d’icônes orthodoxes représentant Vladimir Poutine.

« Nous ne l’approuvons pas. Le président lui-même ne l’approuve pas, on peut difficilement appeler ça des icônes », a-t-il déclaré en réponse à une question de l’AFP.

La présidence russe a néanmoins mis en ligne un site entier de photos et vidéos souvenirs retraçant les 20 années au pouvoir de M. Poutine: en compagnie d’homologues, à la pêche, avec un bébé tigre, l’arme à la main, au volant d’une voiture de course ou commandant des unités militaires.

Les bibelots estampillés Poutine risquent en tout cas de rester incontournables longtemps, regrette Sergueï, qui en vend dans le centre-ville de Saint-Pétersbourg.

« Je me demande si je continuerai à les vendre jusqu’à la fin de ma vie et j’ai peur que la réponse soit positive! », dit le jeune homme d’une trentaine d’années.

Après un an d’existence, le Hirak algérien s’interroge sur son avenir

Après avoir échoué à empêcher en décembre l’élection d’un successeur au président déchu Abdelaziz Bouteflika, le mouvement de contestation en Algérie, le « Hirak », s’interroge sur son avenir, confronté aux risques d’essoufflement face à un régime qui semble avoir repris la main.

Informel, non structuré, agrégeant autour de deux mots d’ordre essentiels –« Silmyia » (pacifique) et « Qu’ils partent tous! »– un éventail d’opinions disparates, voire de fractures idéologiques, le « Hirak » entre dans sa 2e année avec de nombreuses questions auxquelles il doit répondre rapidement.

Le mouvement est jeune, « tout s’y fait dans la spontanéité, la découverte, l’expérimentation mais aussi dans les clivages », explique à l’AFP Karima Dirèche, historienne spécialiste du Maghreb contemporain. « Il faut apprendre à écouter l’autre, à accepter qu’il soit d’un avis différent, apprendre à négocier des consensus. On n’y est pas encore ».

L’élection en décembre d’un nouveau chef de l’Etat, Abdelamdjid Tebboune, ancien cadre de la présidence Bouteflika et pur produit du « système », paraît avoir enterré la principale revendication du « Hirak »: la fin du régime au pouvoir depuis l’indépendance en 1962 et une « transition » vers des institutions nouvelles.

« La transition politique, on n’y est pas; on est en train d’y réfléchir » au sein de la contestation, assure Mme Dirèche, directrice de recherches au Centre national de recherche scientifique (CNRS, France).

Actuellement, « on est dans quelque chose de très bizarre: la mobilisation est toujours là (…), mais on voit bien qu’il y a une vraie difficulté à passer à autre chose » que ces rassemblements hebdomadaires, relève-t-elle.

– Importantes décisions –

Le « Hirak » doit-il négocier avec un président qui a dit « lui tendre la main »? Doit-il se structurer et désigner des représentants? Doit-il envisager d’autres modes d’action?

« Le mouvement a d’importantes décisions à prendre », confirme Dalia Ghanem, chercheuse au Carnegie Middle East Center de Beyrouth (Liban).

Ses militants ne sont unanimement d’accord que sur les deux principaux mots d’ordre, mais « pas sur les modalités (d’action) ni sur l’institutionnalisation (du mouvement), ni sur le leadership », note la chercheuse.

L’absence de chefs a beaucoup servi la contestation, jusque-là: « Puisqu’ils n’existaient pas, ils n’ont pas pu être incarcérés ni harcelés ou cooptés », comme le faisait le régime pour taire les oppositions, poursuit-elle. Mais cette absence de figures dirigeantes identifiées entrave la capacité du mouvement à négocier avec le pouvoir.

En Algérie, faute de véritables partis d’opposition, de syndicats et de médias indépendants, « les forces d’opposition et de contestation qui auraient pu prendre le relais » n’existent pas, souligne Karima Dirèche.

– Penser à « l’après » –

Pour Pierre Vermeren, professeur d’histoire contemporaine à Paris-I et spécialiste du Maghreb, « la seule option pacifique » pour la contestation « est de reconstruire des organisations politiques ou des associations civiles afin de préparer les élections locales et nationales » et avoir des élus capables de « relayer la parole du +Hirak+ dans les institutions ».

« Le problème est que, malgré leur goût de la chose politique, les Algériens ont une confiance très limitée dans les institutions existantes », constate-t-il.

Le mouvement commence néanmoins à se structurer au niveau local.

En face, le pouvoir est en pleine « régénération », avec un président à nouveau « façade civile d’un régime qui reste aux mains de l’institution militaire », analyse Dalia Ghanem.

Un pouvoir tenté de jouer le pourrissement alors que le « Hirak » n’a plus obtenu gain de cause depuis la démission du président Abdelaziz Bouteflika le 2 avril et le report d’une première tentative de scrutin présidentiel en juillet.

« Les dirigeants (algériens) savent très bien faire ça », observe Mme Dirèche.

En outre, « chaque mouvement social est par définition victime du temps et ne peut continuer éternellement », selon Dalia Ghanem: dès lors, « comment convaincre les gens de continuer à descendre dans la rue chaque vendredi? ».

Il faut donc penser à « l’après ».

Mais, traumatisés par des années de violence politique, les Algériens renâclent à d’autres modes d’actions, comme la grève générale ou la désobéissance civile. Chez les Algériens, « on réfléchit à deux fois avant la confrontation », note Karima Dirèche.

L’historienne ne croit pas à l’essouflement des marches: « Ce mode opératoire permet d’économiser ses forces ». Les défilés sont un moyen de « s’initier à la politique, chose interdite jusqu’à présent et absente des réseaux classiques, à l’école ou à l’université, dans les partis ».

« Les choses sont en train de s’apprendre, s’expérimenter, et bien évidemment tout cela va produire quelque chose. Mais quoi? Comment? Quand? Difficile à dire ».

Pour Akram Belkaïd, journaliste et essayiste algérien, « il faut s’inscrire dans le temps long ».

« Il y a des demandes, des exigences du peuple. Le +Hirak+ est un aiguillon. Il rappelle sans cesse que rien ne va. Tôt ou tard, le régime devra en tenir compte ».

Présidentielle au Togo: Jean-Pierre Fabre et Agbéyomé Kodjo, deux candidats d’une opposition divisée

Face au président sortant Faure Gnassingbé, dont la victoire pour un quatrième mandat samedi ne laisse guère de suspens, Jean-Pierre Fabre, candidat historique de l’opposition togolaise devra affronter un autre adversaire, l’ancien premier ministre Agbéyomé Kodjo, qui s’est révélé lors de cette campagne être un outsider crédible.

– Jean-Pierre Fabre –

Surnommé « le marcheur », Jean-Pierre Fabre a parcouru des kilomètres inlassablement, des années durant, pour manifester contre le président Faure Gnassingbé, dont la famille est au pouvoir depuis plus de 50 ans. Mais à 67 ans, le candidat historique de l’opposition peine désormais à rassembler et à se faire entendre.

Le chef de file de l’Alliance nationale pour le changement (ANC) n’a guère de chance d’être élu face à un appareil d’Etat qui contrôle tous les rouages du pouvoir, mais son défi sera surtout de remporter plus de suffrages qu’en 2010 et 2015 (respectivement près de 34% et 35% des voix) et d’être le premier candidat de l’opposition.

Economiste de formation à la stature imposante, marié et père de trois enfants, M. Fabre s’est engagé en tant que défenseur des droits humains sous l’ère du général Gnassingbé Eyadéma, le père de l’actuel président, qui a dirigé le pays d’une main de fer pendant 38 ans jusqu’à sa mort en 2005.

En 1992, il rejoint Gilchrist Olympio, l’éternel opposant du vieux général Eyadéma et l’Union des forces de changement (UFC), dont il prend les rênes, avant de claquer la porte en 2010 et de fonder l’ANC.

Récemment élu maire d’une commune implantée au coeur de la capitale Lomé, il garde un fort soutien populaire dans le sud du pays dont il est originaire.

Sa « force », sa « détermination », mots qui reviennent sans cesse dans sa campagne, mais aussi l’énergie et le travail qu’il a déployés depuis ses débuts en politique forcent le respect, même au sein de ses détracteurs.

Toutefois, beaucoup lui reprochent de ne pas avoir su tirer partie des manifestations massives de 2017 et 2018, où des dizaines de milliers de personnes étaient descendues dans les rues pour demander la démission de Faure Gnassingbé.

La C14, coalition des partis de l’opposition, fondée alors avec Tikpi Atchadam du Parti national panafricain (PNP), n’a pas survécu aux querelles intestines.

Après deux années de manifestations qui ont fait une vingtaine de morts et des dizaines d’arrestation, le pouvoir a finalement validé la réforme constitutionnelle permettant au chef de l’Etat de se représenter à un quatrième mandat en 2020, mais aussi à se représenter en 2025.

Face à cet échec, M. Atchadam s’est résolu au silence et à l’exil, et de nombreux partis ont quitté la coalition.

« Fabre pourrait déclencher l’alternance au Togo, s’il arrivait à tendre une main fraternelle à ses collègues de l’opposition, mais son caractère ne permet pas aux autres de l’approcher », assure l’un de ses rivaux. « Il a toujours pensé qu’il pouvait renverser seul le régime ».

– Agbéyomé Kodjo –

Ancien Premier ministre sous le règne du général Eyadéma, dont il était considéré comme « l’enfant chéri », Messan Agbéyomé Kodjo est cette année l’un des six candidats de l’opposition et a crée la surprise durant cette campagne.

Enregistrant un score insignifiant à la présidentielle de 2010 (0,9% des voix), Kodjo a fortement gagné en popularité ces deux derniers mois, grâce au soutien de Mgr Philippe Fanoko Kpodzro, archevêque émérite de Lomé, voix importante de la société civile togolaise qui n’a pas hésité à le désigner comme « le choix de Dieu ».

Quatre partis politiques membres de l’ancienne C14, dont la formation politique de la coordinatrice de cette coalition, Brigitte Adjamagbo-Johnson, l’ont également rejoint.

Ses proches louent la « rigueur » et le « pragmatisme » de l’homme politique qui a été président de l’Assemblée nationale (1999-2000) et a occupé plusieurs portefeuilles ministériels dans des gouvernements de Gnassingbé Eyadéma, avant d’être limogé en 2002, contraint à l’exil, puis incarcéré pendant quelques mois à son retour au Togo.

L’opposant a animé avec détermination le Collectif Sauvons le Togo (CST), un regroupement de partis d’opposition et d’organisations de la société civile, mais ses adversaires voient dans sa candidature une « stratégie » servant les intérêts du pouvoir.

« Avec une telle opération, il sera plus facile de dire que l’opposition a perdu parce qu’elle a éparpillé ses voix », selon Messan Lawson, opposant et éditorialiste togolais.

Faure Gnassingbé, l’héritier discret qui s’est imposé à la tête du Togo

Héritier d’une dynastie à la tête du Togo depuis plus d’un demi-siècle, Faure Gnassingbé s’est affirmé comme un président implacable avec ses adversaires, si bien qu’il est pratiquement sûr de décrocher samedi un quatrième mandat.

« Bébé Gnass », comme le surnommaient avec une certaine condescendance ses adversaires politiques, a longtemps été en quête de légitimité vis-à-vis de son père, le général Gnassingbé Eyadéma – « le vieux » – qui a dirigé le Togo d’une main de fer pendant 38 ans jusqu’à sa mort, et à qui il a succédé en 2005.

La première élection de Faure Gnassingbé, vivement contestée par l’opposition, a été remportée au terme d’un scrutin marqué par des violences ayant fait 400 à 500 morts, selon l’ONU.

Mais, cette année, la campagne électorale est placée sous le thème de la réconciliation: il doit regagner le soutien historique dont bénéficiait la famille dans le nord du pays, et qui s’est effrité depuis les manifestations massives de 2017 et 2018 et la forte répression qui s’en est suivie.

A 53 ans, le chef de l’Etat s’est cette fois adonné aux bains de foule, dont il n’a jamais été très coutumier.

« Tout le monde est surpris de le voir depuis le début de la campagne faire des accolades à des gens », commente Komandega Taama, un député de l’opposition et ancien candidat à la présidentielle de 2015.

– Mystérieux et discret –

Chemise ouverte et costume taillé sur mesure, le président-candidat s’est laissé étreindre par des partisans surexcités lors de ses meetings et, large sourire aux lèvres, a serré beaucoup de mains.

Toutefois, sa grande réserve était encore palpable dans ses discours et sa voix était basse pour reprendre le slogan de sa campagne, « Premier KO ».

Car si l’exercice est bien rôdé après trois élections présidentielles au compteur et quinze années à la tête du petit pays d’Afrique de l’Ouest, le chef de l’Etat reste un personnage mystérieux, qui n’a jamais accordé une interview à la presse locale.

« Il est très méfiant, il parle peu », confie à l’AFP l’un de ses proches collaborateurs. « J’ai parfois l’impression qu’il n’a confiance en personne ».

Féru de religion, ce président célibataire est aussi connu pour être un homme à femmes, et a eu de nombreux enfants et petits-enfants. Il est lui-même issu d’une fratrie qui pourrait s’élever à plus de 50 frères et soeurs.

L’histoire mouvementée de la dynastie Gnassingbé a d’ailleurs fait couler beaucoup d’encre.

– Sécurité –

L’un de ses demi-frères, Kpatcha, qui fut son ministre de la Défense, est toujours détenu dans une prison de Lomé après un coup d’Etat manqué en 2009. La famille reste profondément divisée et beaucoup n’ont cessé de dénoncer « un coup monté » pour évincer son rival.

Toutefois, ces dernières années, perturbées par d’importantes manifestations, ont montré que le chef de l’Etat peut compter sur de solides soutiens à l’intérieur, avec au premier chef l’armée, mais aussi sur la scène internationale et régionale.

Le Togo n’a pas connu le sursaut de croissance attendu, stagnant aux alentours de 5% ces dernières années, le niveau de pauvreté reste très élevé, mais il a su, malgré les controverses, faire voter une révision constitutionnelle qui lui permettra de se représenter pour un cinquième mandat en 2025.

Dans une région où la pression jihadiste est « très forte » selon ses propres mots, le président-candidat a axé sa campagne sur les risques de voir l’instabilité du Sahel se propager vers le Togo, une crainte partagée par la France, ex-puissance coloniale et allié traditionnel, et par ses voisins de l’Afrique côtière.

Alors qu’il visitait cette semaine les postes de l’armée sur la frontière avec le Burkina Faso, Faure Gnassingbé a posé en père de la nation, appelant « les populations, les leaders religieux, et les chefs traditionnels » à ne pas se soulever contre les forces de défense et de sécurité.

« Notre principale richesse c’est la stabilité et la sécurité, si nous perdons cela tous nos projets de développement seront compromis et remis en cause », a-t-il prévenu dans un entretien avec l’AFP. « Il nous faut tirer les leçons de ce qui se passe ailleurs ».

Iran: une opposante féministe dénonce des élections « sans espoir »

Elle a cru le régime iranien capable de changer mais aujourd’hui ne le pense plus. A la veille de législatives dans son pays, Shaparak Shajarizadeh, militante en exil des droits des femmes iraniennes, appelle ses concitoyens à ne pas voter.

« J’ai fait partie de ceux qui avaient des espoirs de changement, mais aujourd’hui nous n’avons le choix qu’entre deux maux », estime-t-elle dans un entretien à l’AFP à Genève.

Les réformateurs et les conservateurs, censés offrir un choix politique aux électeurs de la république islamique, « ne sont que les deux faces de la même pièce », estime, désabusée, Shaparak Shajarizadeh, 44 ans.

En conséquence, elle fait « campagne pour demander aux gens de ne pas aller voter ». Les Iraniens « ont perdu tout espoir », notamment depuis la répression sanglante l’an dernier d’une contestation née d’une hausse du prix de l’essence, estime-t-elle.

De fait, les invalidations massives de candidatures réformatrices et modérées risquent de transformer le scrutin de vendredi en un affrontement entre conservateurs et ultra-conservateurs.

Elle avait pourtant cru aux promesses de changement du réformateur Mohammad Khatami, président de 1997 à 2005, avant que ses espérances ne s’évanouissent.

Aujourd’hui, elle préfère qualifier le président Hassan Rohani, élu en 2013 et réélu en 2017 pour un dernier mandat de quatre ans, de « soi-disant réformateur ». Et ne se prive pas de traiter de « menteur » celui que nombre de chancelleries considèrent pourtant comme un pragmatique et un fragile rempart face à l’aile la plus dure du régime.

De passage en Suisse, elle a reçu mardi un prix remis par le Geneva Summit for Human Rights and Democracy, organisé par 25 ONG, pour sa défense des droits des femmes en Iran, une cause pour laquelle elle a été « emprisonnée, battue et brutalisée ».

La vie de celle qui se définit comme une « femme ordinaire, qui ne faisait pas de politique » a basculé en 2018, quand elle est arrêtée à plusieurs reprises et détenue pour s’opposer au port du voile islamique.

Son crime: être descendue dans la rue cheveux au vent, son foulard au bout d’un bâton. Son combat devient alors celui de celles que l’on appelle « les filles de la rue de la Révolution », du nom d’une grande artère de Téhéran, opposées à l’obligation de cacher leur chevelure en public.

– « Ils font ce qu’ils veulent » –

« Dans le tribunal, on ne vous laisse même pas parler à votre avocat, on ne fait que vous réciter des accusations inventées et on vous jette en prison. Ils font ce qu’ils veulent », raconte-t-elle.

Elle choisit alors de s’enfuir en traversant à pied la frontière montagneuse avec la Turquie, la tête couverte pour ne pas attirer l’attention.

Elle vit aujourd’hui au Canada, à Toronto, avec son mari et leur fils de 11 ans, d’où elle continue à militer activement pour les droits des Iraniennes. A commencer par celui d’enlever le foulard imposé aux femmes par le régime islamiste, issu de la révolution khomeyniste de 1979.

Désormais figure de la contestation féministe, elle apparaît en 2018 dans une liste des 100 femmes les plus influentes du monde réalisée par la BBC.

Elle témoigne de son combat dans un livre, « La liberté n’est pas un crime » (ed. Plon), écrit avec la journaliste canadienne Rima Elkouri, et enchaîne témoignages, interviews et conférences.

Son avocate, Nasrin Sotoudeh, porte-voix de la contestation et des droits des femmes en Iran, lauréate du Prix Sakharov du Parlement européen en 2012, est aujourd’hui en prison.

Pour changer le cours des choses en Iran, Shaparak Shajarizadeh prône des « sanctions ciblées » contre les responsables du régime, mais épargnant la population déjà éprouvée par une situation économique désastreuse, aggravée par l’embargo total décrété par les Etats-Unis.

« Il faut viser des personnes précises, pas alourdir encore les difficultés du peuple », souligne-t-elle.

Mais pour elle, ce sont surtout les mouvements issus de la société civile, en particulier la mobilisation contre le code vestimentaire islamique imposé aux femmes, qui feront bouger le pays.

« Les vraies héroïnes, ce sont les femmes qui refusent de porter le foulard », assure-t-elle.

La dette de l’Argentine « n’est pas soutenable », selon le FMI

La dette de l’Argentine « n’est pas soutenable » et le pays a besoin que les créanciers contribuent à la rendre supportable, a conclu mercredi le Fonds monétaire international (FMI) qui vient d’achever une mission à Buenos Aires.

« Le personnel du FMI estime aujourd’hui que la dette de l’Argentine n’est pas soutenable », indique l’institution internationale dans un communiqué. Elle en appelle à la contribution des détenteurs d’obligations pour « aider à restaurer la soutenabilité de la dette ».

Le FMI estime que l’excédent primaire (hors paiement de la dette) qui serait nécessaire à l’Etat argentin pour faire face à ces obligations et relancer la croissance n’est « ni politiquement, ni économiquement faisable ».

La dette argentine représente plus de 311 milliards de dollars, soit plus de 90% du PIB.

Deux mois après son entrée en fonction, le président argentin Alberto Fernandez, un péroniste de centre-gauche, avait déclaré qu’en l’état actuel, la dette de son pays n’était pas remboursable. Il a appelé le FMI et les créanciers de son pays à renégocier les délais, le capital et les intérêts de la dette.

Dans un communiqué publié mercredi, le ministère argentin de l’Economie se félicite de la convergence de vues entre le gouvernement et le FMI, ce dernier ayant souligné la récente détérioration de la situation économique. Le ministre de l’Economie Martin Guzman a par ailleurs assuré qu’il continuerait à dialoguer « étroitement » avec le fonds pour trouver une solution à la crise économique et sociale du pays.

« Les autorités argentines s’efforcent de remédier à la situation économique et sociale difficile à laquelle le pays est confronté. Elles ont mis en œuvre un ensemble de politiques pour faire face à l’augmentation de la pauvreté, tout en prenant des mesures pour stabiliser l’économie », a encore indiqué le Fonds, qui estime toutefois que des efforts supplémentaires sont nécessaire pour réduire l’inflation.

– « Nette détérioration » –

Mais la dette et la capacité à rembourser les intérêts « se sont nettement détériorées par rapport à la dernière analyse de viabilité de la dette du FMI en juillet 2019 » qui estimait que la dette était soutenable.

Depuis, le peso s’est déprécié de plus de 40%, les réserves internationales ont diminué d’environ 20 milliards de dollars et le PIB réel s’est contracté plus que prévu.

L’Argentine avait remboursé la totalité de sa dette envers le FMI en 2006. Mais le gouvernement du libéral Mauricio Macri (2015-2019) a contracté en 2018 le plus gros prêt de l’histoire du Fonds pour 57 milliards de dollars, dont 44 milliards ont déjà été versés.

L’Argentine est aux prises avec la pire crise économique depuis 2001. L’économie est en récession depuis près de deux ans, l’inflation dépasse les 53% et le taux de pauvreté atteint près de 40%. Face à cette situation, Alberto Fernandez a renoncé aux derniers décaissements du FMI.

Il a promis aux Argentins de ne pas rembourser la dette tant que la situation économique ne se serait pas améliorée.

En 2001, l’Argentine avait connu le plus important défaut de paiement de l’histoire et une grave crise économique et sociale qui avait traumatisé les Argentins et les marchés financiers.

Les Sud-Soudanais, traumatisés par les massacres, sceptiques sur les chances de paix

Derrière la clôture barbelée qu’elle a peur de quitter, placée sous protection armée dans son propre pays, Jenty John Musa entend dire que la paix serait sur le point d’arriver au Soudan du Sud.

« On entend à la radio: +Il y a la paix, il y a la paix+. Mais on n’en est pas sûr », raconte Jenty à l’AFP à Wau (nord-ouest), où comme des milliers d’autres, elle a trouvé refuge dans un camp protégé par l’ONU, après avoir fui les violences.

« Qu’ils viennent vers nous et nous montrent que maintenant il y a la paix », dit-elle à l’intention des dirigeants sud-soudanais, qui n’arrivent pas à s’accorder sur l’avenir de leur pays.

Après une multitude de trêves rompues et de promesses non tenues, la méfiance est profondément enracinée dans le plus jeune pays au monde, plongé dans la guerre civile depuis décembre 2013, deux ans après son indépendance du Soudan.

La pression internationale s’accroît sur le président Salva Kiir et son ancien vice-président Riek Machar pour qu’ils forment un gouvernement d’union nationale avant la date-butoir du 22 février.

Ces deux rivaux de longue date ont signé en septembre 2018 à Addis Abeba un accord de paix destiné à mettre fin à une guerre civile qui a fait plus de 380.000 morts et provoqué une crise humanitaire catastrophique.

Mais la prudence reste de mise alors que MM. Kiir et Machar ont échoué à respecter deux précédentes échéances pour la formation de ce gouvernement, considéré comme une étape cruciale vers la paix.

Les deux dirigeants ont maintes fois montré par le passé qu’ils n’avaient aucun scrupule à enfreindre un accord. Leurs deux précédentes tentatives pour gouverner ensemble se sont achevées dans un bain de sang.

Cette fois-ci, ils se sont engagés à créer une armée nationale unifiée. Mais cette promesse ne s’est pas encore matérialisée. Des négociations à n’en plus finir n’ont pas encore permis d’ouvrir la voie à l’unité du pays.

– Dérobades perpétuelles –

Les combats avaient diminué après la signature de l’accord de paix. Mais les violences sont à nouveau en hausse à l’approche du 22 février.

La question centrale du nombre d’États régionaux n’a pas été résolue. La rébellion a rejeté dimanche la proposition du président Kiir de revenir à un système fédéral de 10 États, au lieu de 32, plus trois « zones administratives » (Ruweng, Pibor et Abyei).

M. Machar a décliné ce qui était perçu comme une concession du chef de l’Etat, favorable jusque-là aux 32 Etats, car il s’oppose à la décision de faire de Ruweng, une région essentielle pour la production de pétrole, une « zone administrative ».

A Wau, on n’est que trop habitué à ces dérobades perpétuelles. Quand le précédent gouvernement « d’union » a implosé en 2016 à Juba, les combats ont éclaté dans la capitale, avant de s’étendre à Wau, où les habitants se sont massacrés, communauté contre communauté.

« Je ne peux pas oublier ce que j’ai vu. C’est toujours dangereux là, dehors », explique Jawahier Khelifa, une mère de quatre enfants.

Comme des milliers de personnes prises au piège, elle s’était précipitée vers la base de l’ONU, située juste en dehors de la ville de Wau, pour y trouver de l’aide.

Trois ans plus tard, ils sont encore des milliers à vivre en extérieur sous des tentes, trop apeurés pour se risquer hors du camp.

Près de 190.000 personnes vivent sous protection de l’ONU dans de tels camps au Soudan du Sud. Malgré les promesses venant de Juba que la paix est à portée de main, ils refusent toujours d’en partir.

Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), la crainte que le processus de paix n’échoue à nouveau est le principal facteur qui dissuade les gens de rentrer chez eux.

– « Scepticisme toujours de mise » –

Juleta Edward, 55 ans, a regardé ses enfants grandir dans l’univers surpeuplé, presque carcéral, de Wau. Mais à ses yeux, l’essentiel est qu’ils soient sains et saufs.

Elle se montre extrêmement dubitative sur le processus de paix et n’a pas mis un pied hors du camp depuis juin 2016, quand elle avait fui la ville après avoir assisté à la mort de membres de sa famille.

« Je veux voir si la paix est réelle (ou pas) et ensuite je pourrai quitter cet endroit », dit-elle.

« L’expérience est le meilleur professeur qui soit », remarque Sam Muhumure, chef du bureau de la mission de paix des Nations unies au Soudan du Sud (Minus) à Wau.

« C’est pour cela qu’ils regardent avec attention chaque mesure que les dirigeants politiques prennent. Il y a eu un bon progrès (…), mais le scepticisme est toujours de mise », dit-il.

Avec l’accord de paix, la sécurité s’est améliorée à Wau. Mais sans avancée politique, tout peut être remis en cause du jour au lendemain.

« Les bénéfices de la paix, pour le moment, sont maigres », juge James Reynolds, chef de la délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) au Soudan du Sud.

A Wau, les gens veulent voir des actes et non se contenter de paroles de la part de dirigeants qui n’ont cessé d’abuser de leur confiance.

« Beaucoup de gens sont morts. Nous voulons que nos leaders se concentrent sur leur peuple et lui donne ce qu’il souhaite », résume Juleta. « Nous voulons qu’ils servent le peuple ».

Mozambique: civils et forces de sécurité paniqués par l’intensification des attaques islamistes

Des colonnes de villageois tétanisés sur les routes, des multinationales gazières qui réclament des renforts militaires, des policiers « en panique » faute d’équipements: dans le nord du Mozambique, théâtre d’une insurrection islamiste depuis octobre 2017, les attaques se sont récemment intensifiées, semant la terreur.

Un mystérieux groupe d’inspiration islamiste opère dans la province de Cabo Delgado, à majorité musulmane, depuis deux ans et demi. Les insurgés brûlent des villages, décapitent des civils, s’emparent de véhicules militaires.

Les violences ont fait plus de 700 morts, selon Médecins sans frontières (MSF), l’une des rares organisations non gouvernementales à travailler dans la région, et provoqué le déplacement d’au moins 100.000 personnes, selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).

« Au cours des derniers mois, il y a eu une augmentation spectaculaire des attaques brutales perpétrées par des groupes armés », a constaté début février un porte-parole du HCR, Andrej Mahecic.

« Les dernières semaines ont été la période la plus instable » depuis octobre 2017, « les attaques s’étendent maintenant vers les districts du sud de Cabo Delgado, obligeant les gens à s’enfuir à Pemba », la capitale de la province.

L’un des derniers incidents a été signalé à seulement 100 km de Pemba, ville d’environ 200.000 habitants, selon Andrej Mahecic.

Les civils paient le prix fort, s’enfuyant « dans de nombreuses directions, y compris sur de petites îles, où beaucoup n’ont nulle part où loger », explique Andrej Mahecic. « La plupart laissent tout derrière eux, ils n’ont pas le temps d’emporter leurs biens, la nourriture ou leurs documents d’identité ».

MSF décrit des « colonnes de gens marchant sur les routes principales alors que leurs villages sont en feu ». Dans la ville de Macomia (nord), il est fréquent de trouver quatre familles vivant sous le même toit, ajoute l’ONG.

– Géants gaziers inquiets –

« Tout le monde est tétanisé », explique à l’AFP un instituteur sur place. « Beaucoup d’enfants ne vont pas à l’école, parce que leurs parents ne les laissent pas quitter la maison » de peur d’être attaqués sur le chemin de l’école.

« Les gens dorment dans les forêts » de crainte que leur village soit attaqué, ajoute un employé d’une station service à Macomia.

La semaine dernière, le président mozambicain Filipe Nyusi a délocalisé symboliquement le conseil des ministres à Pemba, où il a accusé des « étrangers » d’alimenter cette « guerre ».

Depuis juin, le groupe Etat islamique (EI) a endossé la responsabilité de plusieurs des raids meurtriers dans le Cabo Delgado, sans apporter toutefois de preuve tangible de son soutien logistique.

Les islamistes ont récemment mené des opérations contre les forces de sécurité et leurs installations, note Ryan Cummings, du cabinet de conseil Signal Risk. Ce qui pourrait présager d’une « sophistication du modus operandi » des assaillants, de quoi « inquiéter les multinationales » installées dans la région pour exploiter les immenses réserves sous-marines de gaz.

Elles ont d’ailleurs récemment « demandé une augmentation du nombre de soldats » à proximité de leurs installations en construction, a reconnu le ministre de la Défense Jaime Neto.

« Nous garantissons la sécurité des projets (…). Nous avons suffisamment de personnel pour maintenir l’ordre public », a-t-il assuré.

Mais plusieurs témoignages recueillis par l’AFP auprès des forces de sécurité soulignent le manque de ressources des forces de sécurité.

– Ponts détruits –

« Ici à Macomia, on est tous en panique. On attend que les jihadistes attaquent la ville à tout moment », explique un policier. « On n’a pas d’équipements » pour riposter, « toutes les nuits, c’est l’angoisse ».

« On n’a pas les moyens d’intercepter les communications », ajoute un membre de l’unité de police chargée des opérations spéciales, en première ligne de la lutte contre l’insurrection. Quand il y a des attaques, « on ne répond pas immédiatement » de crainte d’être « en infériorité numérique », confie-t-il.

Les forces de sécurité sont également affaiblies par les désertions. « Beaucoup de jeunes (…) font défection quand ils sont envoyés dans le Cabo Delgado », explique à l’AFP un responsable de la police basé à Maputo.

« La situation est chaotique. Ce sont les jihadistes qui chassent et attaquent les troupes gouvernementales et pas l’inverse », résume-t-il.

L’intensification des attaques coïncide avec la saison des pluies, qui perturbe la logistique des forces de sécurité mozambicaines, discrètement épaulées par des mercenaires russes.

Deux ponts ont été récemment détruits, coupant la principale route reliant Pemba au nord du Cabo Delgado, explique un analyste militaire.

Les jihadistes, qui se faufilent eux dans les forêts, « sont au fait des difficultés de déplacement des troupes », ajoute-t-il. « Ils attaquent quand bon leur semble ».

Présidentielle au Togo: Faure Gnassingbé vers un quatrième mandat

Quelque 3,6 millions d’électeurs togolais sont appelés aux urnes samedi, pour une élection présidentielle qui devrait reconduire pour un quatrième mandat le sortant Faure Gnassingbé, dont la famille est à la tête du petit pays d’Afrique de l’Ouest depuis plus d’un demi-siècle.

« Faure », tel qu’il est surnommé au Togo, a rassemblé les foules pour ses meetings, notamment dans le nord, et même dans les bastions les plus contestataires comme à Sokodé, grande ville du centre-nord: preuve d’un appareil d’Etat bien en place, plus que d’un véritable engouement populaire pour une élection sans grand suspense.

« Tous les responsables locaux sont d’Unir », le parti au pouvoir, explique à l’AFP un cadre associatif de Dapaong, dans l’extrême nord du pays. « Dire non à Unir, c’est refuser de manger », selon lui.

La campagne ne passionne pas les 7,8 millions de Togolais, et, sans les affiches électorales qui parsèment le pays, il serait difficile d’imaginer que la présidentielle est dans quelques jours à peine.

Après le décès de son père le 5 février 2005, le général Eyadéma Gnassingbé qui a dirigé le pays sans partage pendant 38 ans, Faure Gnassingbé a été aussitôt propulsé au pouvoir par l’armée, puis a remporté la présidentielle de la même année, un scrutin contesté par l’opposition et marqué par 400 à 500 morts, selon l’ONU.

Quinze ans plus tard, des dizaines, voire des centaines de milliers de personnes, sont descendues dans les rues entre 2017 et 2018 pour demander la démission du chef de l’Etat, mais le Parlement a finalement approuvé une modification de la Constitution, lui permettant de se représenter en 2020 et en 2025.

– « Gaspillage d’énergie » –

La coalition de l’opposition, la C14, à l’origine des manifestations, n’a pas survécu à cet échec et aux querelles intestines.

« L’opposition avait su créer un véritable mouvement populaire capable d’inquiéter le régime mais elle n’a pas su capitaliser ce moment », explique à l’AFP Nathaniel Olympio, président du Parti des Togolais (PT, opposition), qui regrette un « véritable gaspillage d’énergie et d’opportunités ».

C’est donc en un front divisé que se présenteront samedi six candidats de l’opposition.

Le leader historique de l’opposition Jean-Pierre Fabre, de l’Alliance nationale pour le changement (ANC) pourrait se trouver chahuté par l’ancien Premier ministre Agbéyomé Kodjo, qui a enlevé de nombreux soutiens ces derniers mois, dont celui de l’ancien archevêque de Lomé.

Les candidats de l’opposition ont toutefois prévenu qu’ils s’uniraient pour faire barrage à Faure Gnassingbé en cas de second tour.

« On ne veut pas aller au second tour, ça ne sert à rien de perdre du temps et de l’argent, de toute façon Faure va gagner! », s’égosillait Luc Ntami, professeur à Dapaong dans un meeting du parti au pouvoir.

– Victoire annoncée –

Ce sentiment d’une victoire annoncée est d’ailleurs partagé par un grand nombre de Togolais de l’opposition qui ne croient plus à une vraie alternance démocratique par les urnes.

Plusieurs partis ont d’ailleurs décidé de boycotter le scrutin. C’est le cas du Parti national panafricain (PNP), à l’origine des manifestations de 2017 et dont des dizaines de militants ont été arrêtés, ou du PT de Nathaniel Olympio, qui affirme que « les conditions actuelles d’organisation des élections ne permettent pas la tenue d’un scrutin libre et transparent ».

Cette semaine, 500 observateurs de la société civile ont perdu leur accréditation, accusés d’ingérence dans le processus électoral.

David Dosseh, du Front citoyen Togo debout (FCTD), a regretté également que le conseil épiscopal Justice et Paix « qui devait déployer jusqu’à 9.000 observateurs n’ait pas non plus été accrédité ». « Cela nous laisse vraiment perplexes et dubitatifs sur l’issue de ce scrutin ».

Le président sortant reste soutenu par nombre de ses pairs ouest-africains et par la communauté internationale.

La France, ex-puissance coloniale, déployée au Sahel voisin, avec l’opération militaire Barkhane, est sensible à son action contre la menace jihadiste.

Faure Gnassingbé le sait, il s’en sert comme un argument majeur de sa campagne, et peut s’appuyer sur une armée disciplinée et des services de renseignement efficaces, formés notamment par les Israéliens.

Sans stabilité ni sécurité, « tous nos projets de développement seront compromis et remis en cause », a insisté le chef de l’Etat, en visite cette semaine sur des postes militaires à la frontière avec le Burkina Faso.

Sur le plan du développement, « Faure » peut se targuer d’avoir lancé un vaste projet d’électrification et la réfection de 4.000 km de pistes pour désenclaver les zones rurales.

Toutefois, la majorité de la population vit toujours dans une grande pauvreté. Et sa promesse de créer « plus de 500.000 emplois » semble difficilement réalisable, faute de tissu industriel.

Coronavirus: mort de deux croisiéristes au Japon, recul des nouveaux cas en Chine

La Chine a annoncé jeudi une baisse spectaculaire des nouvelles contaminations au coronavirus mais la situation se complique au Japon avec le décès de deux ex-croisiéristes du navire Diamond Princess placé en quarantaine.

La commission nationale (ministère) de la Santé a fait état de 114 décès supplémentaires en Chine en 24 heures, ce qui porte à 2.118 le nombre total de morts au niveau national (hors Hong Kong et Macao).

Mais elle a surtout annoncé un nombre de nouvelles contaminations (394) en forte baisse: c’est seulement le quart du chiffre annoncé la veille et la plus faible augmentation depuis près d’un mois.

Au total, plus de 74.500 personnes ont désormais été contaminées dans le pays. Ailleurs dans le monde, quelque 25 pays sont touchés, dont l’Iran qui a annoncé deux morts — les premiers enregistrés au Moyen-Orient.

Au Japon, un homme et une femme qui étaient en croisière à bord du Diamond Princess sont décédés, ont rapporté jeudi des médias locaux. Les octogénaires sont les premiers cas mortels parmi les plus de 600 porteurs confirmés du virus sur le navire, placé en quarantaine près de Tokyo.

En Corée du Sud voisine, une femme de 61 ans est suspectée d’avoir contaminé à elle seule 38 personnes, dont 37 membres d’une même église à Daegu (sud-est).

En Chine cependant, les autorités estiment que les mesures drastiques prises ces dernières semaines, notamment la mise de facto en quarantaine de la province centrale du Hubei, à l’épicentre de l’épidémie, commencent à payer.

– Nouvel avion français –

« Après de très durs efforts, la situation est en train de changer », s’est félicité mercredi le ministre des Affaires étrangères Wang Yi, selon l’agence Chine nouvelle.

Le Hubei et son chef-lieu Wuhan (11 millions d’habitants), où le virus est apparu en décembre sur un marché, restent « très touchés », a indiqué M. Wang lors d’une rencontre au Laos avec des homologues de pays d’Asie du sud-est.

« Mais la situation commence à être maîtrisée et des nouvelles réconfortantes nous arrivent » des autres régions du pays, a-t-il souligné.

Le nombre de nouveaux cas en Chine chute depuis quatre jours consécutifs. Et plus de 16.000 ex-malades sont désormais rétablis, selon les chiffres officiels.

Si l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a souligné mercredi qu’il était « encore trop tôt » pour parler d’endiguement du virus, elle s’est félicitée des « énormes progrès » effectués dans la gestion de l’épidémie.

Depuis fin janvier, toute entrée ou sortie de la ville de Wuhan et de la plus grande partie du Hubei est interdite — à l’exception des produits de première nécessité.

Une situation qui a poussé de nombreux pays à évacuer leurs ressortissants. La France a d’ailleurs envoyé mercredi soir à Wuhan un nouvel avion afin de rapatrier des citoyens français et européens.

– ‘Chaotique’ –

L’appareil achemine 17 tonnes de matériel (combinaisons médicales de protection, masques, gants et produits désinfectants) à destination du personnel soignant chinois.

Mais si Pékin se montre optimiste quant à l’endiguement de l’épidémie de Covid-19, le Japon fait face à des critiques croissantes vis-à-vis de la quarantaine imposée au Diamond Princess.

L’immense paquebot amarré à Yokohama (est) est le théâtre de la plus grande concentration de cas positifs hors de Chine: plus de 600 ont été enregistrés parmi les croisiéristes et le personnel de bord.

Mercredi, 443 personnes ont pu débarquer après avoir été testées négatives et avoir subi une quarantaine de 14 jours.

Les personnes autorisées à sortir ont reçu un certificat indiquant qu’elles ne présentaient « aucun risque d’infection ». Mais certains s’inquiètent de voir des passagers éparpillés dans la nature.

Alors que les critiques directes sont rares au Japon dans les milieux officiels, un spécialiste des maladies infectieuses de l’Université de Kobe a déclaré à l’AFP que la quarantaine était « un échec majeur, une erreur ».

Dans une vidéo, effacée depuis, il disait également avoir eu « peur » et qualifiait ce qu’il a vu sur le Diamond Princess de « chaotique ».

Le ministère japonais de la Santé s’est défendu, soulignant avoir mené avec des experts des « consultations sur la manière appropriée de contrôler l’infection à bord du navire » et pris toute une série de mesures.

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Mexique: arrestation des meurtriers présumés d’une fillette

Les meurtriers présumés d’une petite fille de sept ans, dont le meurtre brutal avait indigné le Mexique, ont été arrêtés la semaine dernière à Mexico, a indiqué la maire de la capitale mexicaine, Claudia Sheinbaum.

« Les responsables présumés de l’assassinat de la mineure (…) ont été arrêtés dans un village de l’Etat de Mexico », a indiqué sans plus de détail, Mme Sheinbaum sur Twitter.

Les services du procureur de Mexico avaient diffusé mardi après-midi des photos de Giovana « N » et Mario Alberto « N », le couple soupçonné du meurtre précédé de tortures de cette petite fille à la fin de la semaine dernière dans le sud-est de la capitale.

Selon Ulises Lara, porte-parole de ces services, le couple incriminé risque entre 80 et 140 ans de prison s’il est reconnu coupable de ce meurtre.

Des dizaines de femmes s’étaient regroupées mardi dans la matinée devant le palais présidentiel à Mexico pour manifester leur colère après cet assassinat choquant.

La découverte au cours du week-end du corps de la fillette qui portait des stigmates de tortures a aussi déclenché des protestations à l’école où elle était scolarisée, ainsi qu’à ses funérailles commencées lundi et qui se sont achevées mardi.

L’indignation était aussi palpable sur les réseaux sociaux avec les mots-clés #Justiciaparatodas (Justice pour toutes) et #Niunamenos (Pas une de plus).

Le meurtre de l’enfant a d’autant plus choqué le pays que quelques jours auparavant, des centaines de femmes avaient déjà manifesté dans plusieurs villes du Mexique contre le féminicide d’Ingrid Escamilla, 25 ans, assassinée par son partenaire au nord de Mexico.

Le Mexique a enregistré 1.006 victimes de féminicide en 2019, selon les chiffres officiels. Leur nombre pourrait être plus élevé car il existe des lacunes pour définir ce type de délit comme constituant un crime, selon les experts.

Les 27 en ordre de bataille pour un sommet tendu sur le budget

Les chefs d’Etat et de gouvernement européens se retrouvent jeudi à Bruxelles pour un sommet sur le budget à long terme de l’Union, une réunion qui s’annonce agitée en raison des divergences profondes entre Etats membres.

Sauf surprise, ce premier tour de piste ne devrait pas déboucher sur un accord, rendu d’autant plus difficile par le Brexit, puisque ce budget 2021-2027 devra se passer de la contribution du Royaume-Uni (entre 60 et 75 milliards d’euros sur 7 ans), qui en était le deuxième contributeur après l’Allemagne.

La chancelière allemande Angela Merkel, dont le pays est celui qui va combler la plus grosse part du trou du Brexit, a prédit des « négociations très dures et compliquées ».

« Lors d’une première réunion, il est normal que les Etats membres affichent des positions dures vis-à-vis de leurs opinions publiques. Trouver un compromis sera encore plus compliqué que d’habitude en raison d’une rigidité accrue des positions et du trou du Brexit », prévoit Marta Pilati du European policy centre (EPC).

Les 27 vont devoir s’entendre sur le niveau du budget, de l’ordre de 1.000 milliards d’euros, qui sera de toute façon inférieure au précédent CFP (cadre financier pluriannuel de 2014-2020) et sur sa ventilation (agriculture, aides aux régions les plus défavorisées, lutte contre le changement climatique, numérique…).

Sans oublier les rabais, une pratique qui bénéficie aujourd’hui à 5 pays – Allemagne, Danemark, Pays-Bas, Autriche et Suède -. Les autres, France en tête, voudraient y mettre fin à la faveur du départ du Royaume-Uni puisque c’est ce pays qui l’a inauguré en 1984, après le tonitruant « I want my money back » (rendez-moi mon argent) de Margaret Thatcher.

Sur le premier front, le groupe des « frugaux » (Autriche, Pays-Bas, Danemark, Suède) ne veut pas que le niveau total du budget dépasse 1% du revenu national brut (RNB) de l’UE. Certains y associent l’Allemagne dont la position est un peu moins dure.

La Commission, qui a notamment pour priorités la lutte contre le changement climatique et le numérique, voudrait 1,114%.

Quant au président du Conseil, Charles Michel, qui a multiplié les rencontres bilatérales, sa proposition de compromis de 1,074% sera au coeur du sommet extraordinaire.

« Tout est sur la table. Faire durer ne rendra pas les choses plus faciles. Il est temps de décider », a-t-il averti à la veille du sommet alors qu’est évoquée une possible prolongation de la réunion jusqu’au week-end.

Cette bataille de pourcentages a son importance car 0,01 point représente plus de 10 milliards d’euros.

– « Défaillance de l’ambition » –

Le deuxième front est celui de la répartition, sachant que 60% environ du budget est consacré à l’agriculture et à la politique de cohésion (l’aide aux régions les moins développés).

Ces deux enveloppes accusent une baisse globale de près de 100 milliards d’euros par rapport au dernier budget.

La France est en première ligne sur la Politique agricole commune (PAC), suivie notamment par l’Espagne, actuellement sous la pression de manifestations d’agriculteurs.

Paris exige sa « revalorisation », une « priorité absolue ». Quant aux pays de l’est et du sud réunis au sein des « amis de la cohésion », ils veulent que cette politique soit maintenue au même niveau.

« Après le Brexit, nous avons décidé une relance de notre projet commun. Et à la première occasion de concrétiser, on a des moyens financiers au rabais. Nous sommes devant une défaillance de l’ambition collective », regrette un diplomate européen.

« Le plan A, c’est un budget à 1% et le rabais, le plan B idem », a déclaré de son côté un autre diplomate du camp opposé, celui des « frugaux ».

Dans ce concert de critiques, le projet de Charles Michel apporte deux nouveautés. Pour la première fois, un lien a été établi entre le versement de fonds européens et le respect de l’Etat de droit, que la Pologne et la Hongrie sont accusées de violer.

En plus des contributions, la proposition renforce aussi les ressources propres de l’Union avec une « taxe » sur les plastiques non-recyclés et des revenus issus du marché du carbone.

Le Parlement irlandais se réunit, la formation du gouvernement dans l’impasse

Les députés irlandais se réunissent jeudi pour la première fois depuis les législatives marquées par une percée historique des républicains du Sinn Fein, sans nouveau gouvernement car les discussions entre les trois principaux partis politiques du pays sont dans l’impasse.

La forte progression du Sinn Fein à l’issue du scrutin du 8 février a chamboulé le paysage politique irlandais, dominé depuis un siècle par les deux grands partis de centre-droit, le Fianna Fail et le Fine Gael du Premier ministre sortant Leo Varadkar.

Les 160 députés du Dail, la chambre basse du Parlement irlandais, doivent se réunir à partir de 12H00 GMT. Après l’élection du président de la chambre, le « speaker », les différentes formations politiques présenteront leurs candidats au poste de Premier ministre (Taoiseach), occupé par M. Varadkar depuis juin 2017.

Mais faute de majorité et d’accord entre les partis, la séance risque fort de tourner court.

La répartition des sièges est particulièrement éclatée: le Fianna Fail compte 38 députés, le Sinn Fein 37, le Fine Gael 35.

Autrefois considéré comme la vitrine politique de l’IRA, l’Armée républicaine irlandaise, organisation paramilitaire opposée à la présence britannique en Irlande du Nord, le Sinn Fein se trouve aux portes du gouvernement.

Lors du scrutin, où les électeurs composent eux-même leur liste en classant les candidats par ordre de préférence, le Sinn Fein a été placé en tête par 24,5% des électeurs, devant les deux grands partis centristes. Mais le parti républicain dirigé par Mary Lou McDonald n’avait présenté que 42 candidats, soit environ moitié moins que le Fianna Fail et le Fine Gael.

Les propositions de ce parti de gauche en matière de logement, de santé, problématiques au coeur des préoccupations des Irlandais, ont rencontré un franc succès, mais une autre question surgirait au coeur du débat s’il accédait aux responsabilités: celle de l’unification de l’Irlande.

Le Sinn Fein est la deuxième force politique sur l’île, que ce soit dans la province britannique d’Irlande du Nord ou dans la République au sud. Il veut un référendum dans les cinq ans, voire trois ans, qui viennent.

L’accord du Vendredi Saint, qui a mis fin en 1998 à trois décennies de violences qui ont fait 3.500 morts, prévoit qu’un référendum soit organisé s’il apparaît qu’une majorité de la population est favorable à l’unification.

– De nouvelles élections ? –

Le rapport de forces au Parlement est tel qu’il faudra qu’au moins trois partis s’entendent pour former un gouvernement de coalition.

Fianna Fail et Fine Gael ont tous deux exclu de travailler avec le Sinn Fein, qui de son côté a pris des contacts avec de plus petits partis à gauche dans l’espoir de former une large alliance. Mais les chances de succès semblent minces.

Le chef du gouvernement sortant Leo Varadkar, qui a fait campagne sur son succès dans les négociations sur le Brexit pour trouver une solution évitant le retour d’une frontière physique entre les deux Irlande, a déclaré qu’il se préparait à entrer dans l’opposition.

Selon le journaliste politique de la radio-télévision publique RTE Micheal Lehane, le Premier ministre semble envisager une alliance avec le Fianna Fail en « dernier recours ».

Et si les trois principaux partis ne travaillent pas ensemble, les Verts, quatrième force politique avec 12 sièges, pourrait avoir un rôle décisif.

Ils ont proposé au Sinn Fein, au Fianna Fail et au Fine Gael de les rencontrer à partir de vendredi. « Nous proposons ces rencontres bilatérales pour clarifier points d’accords et différences avec chacun des partis », a déclaré dimanche le leader du parti, Eamon Ryan.

« Nous espérons que cela nous permettra de nous assurer que des négociations sur la formation d’un gouvernement soit basée sur une réelle analyse politique », a-t-il ajouté.

Les discussions pourraient être longues et en cas d’échec, conduire à de nouvelles élections.

Après les dernières législatives de 2016, il avait fallu 70 jours pour former un gouvernement de coalition entre Fine Gael et Fianna Fail.

Allemagne: huit morts dans deux fusillades près de Francfort

Au moins huit personnes ont été tuées mercredi soir à Hanau, près de Francfort (centre de l’Allemagne), dans deux fusillades et la police a « lancé une chasse à l’homme à grande échelle » pour retrouver le ou les auteurs.

Ces fusillades auraient visé des bars à chicha et aurait fait au moins cinq blessés graves, selon des médias locaux.

« A ce stade, la police peut seulement confirmer que huit personnes ont été mortellement blessées », ont indiqué les autorités dans un communiqué.

Un important dispositif policier a été déployé dans cette ville, située à une vingtaine de kilomètres de Francfort (Hesse), selon la même source. Un journaliste de l’AFP sur place a vu une trentaine de voitures de police partir du commissariat de Hanau et selon des témoins, des policiers munis de mitraillettes ont été déployés dans la ville.

Une première fusillade aurait visé un bar à chicha, le Midnight, au coeur de cette ville d’environ 90.000 habitants. Selon la police, au moins une personne a été grièvement blessée sur ce premier site vers 22H00 (21H00 GMT). Des témoins, cités par des médias locaux, ont rapporté avoir entendu une dizaine de coups de feu.

Le ou les auteurs auraient ensuite quitté en voiture ce premier site en direction de la Kurt-Schumacher Platz, dans le quartier de Kesselstadt, selon la police.

Une seconde fusillade s’est alors produite, qui a fait « au moins cinq blessés graves » d’après le bilan initial des autorités. Selon les médias locaux, trois personnes ont été tuées devant le premier bar à chicha et cinq devant le deuxième, L’Arena Bar.

De nombreux véhicules et ambulances circulaient dans la nuit dans cette ville, a constaté l’AFP.

– Menace –

Le mobile de ces attaques n’était pas encore connu, a précisé un porte-parole de la police.

L’Allemagne a été ciblée ces dernières années par plusieurs attaques jihadistes, dont une avait fait 12 victimes dans le coeur de Berlin en décembre 2016.

Mais c’est la menace d’un terrorisme d’extrême droite qui inquiète le plus les autorités allemandes, depuis notamment le meurtre d’un élu allemand pro-migrants, membre du parti de la chancelière Angela Merkel, en juin dernier.

Vendredi, 12 membres d’un groupuscule d’extrême droite ont été arrêtés dans le cadre d’une vaste enquête antiterroriste. Ils sont soupçonnés d’avoir planifié des attaques de grande ampleur contre des mosquées sur le modèle de l’auteur de l’attaque de Christchurch en Nouvelle-Zélande, qui en mars 2019 avait tué 51 personnes dans deux mosquées en se filmant en direct. Ils ont été placés en détention.

Ces attaques avaient pour but de déclencher des « conditions proches de la guerre civile » et ébranler l’ordre social, selon des sources sécuritaires citées par l’agence DPA.

En octobre, un extrémiste de droite négationniste avait tenté de commettre un attentat dans une synagogue de Halle, un massacre n’étant évité que de justesse. Faute de pouvoir pénétrer dans l’édifice religieux dans lequel les fidèles s’étaient barricadés, il avait abattu une passante et le client d’un restaurant de kébabs, diffusant en direct sur internet ses forfaits.

Son procès est attendu prochainement.

A Dresde, dans l’ex-RDA, huit néonazis sont également jugés depuis près de cinq mois pour avoir planifié des attentats contre des étrangers et des responsables politiques.

L’association Ditib, principale organisation de la communauté turque musulmane d’Allemagne, a réclamé plus de protection pour ses fidèles qui ne « se sentent plus en sécurité ».

Actuellement, 50 personnes liées à la mouvance d’extrême droite et considérées comme « des dangers pour la sécurité de l’Etat » sont particulièrement surveillées par les services de renseignement.

Coronavirus: plus de 2.100 morts, l’épidémie semble ralentir en Chine

Les nouveaux cas de contamination au coronavirus annoncés par les autorités en Chine ont nettement diminué jeudi, et l’Organisation mondiale de la Santé a salué les « énormes progrès » pour juguler l’épidémie dont le bilan dépasse les 2.100 morts.

Un total de 108 décès supplémentaires ont été recensés jeudi dans la province du Hubei, où l’épidémie de Covid-19 avait démarré en décembre.

Mais seuls 615 nouveaux cas de contamination ont été enregistrés, en fort recul par rapport aux 1.693 rapportés mercredi, selon les autorités sanitaires de la province, qui ont par ailleurs révisé à la baisse, sans préciser pourquoi, le nombre de cas déclarés les jours précédents.

Au Japon, environ 500 passagers ont débarqué mercredi du paquebot Diamond Princess, en quarantaine dans le port de Yokohama, près de Tokyo.

Les autorités japonaises ont annoncé mercredi soir avoir recensé 79 nouveaux porteurs du coronavirus à bord. Avec au moins 621 cas, le navire de croisière est le plus grand foyer du virus hors de Chine.

Les passagers ne présentant pas de symptômes, dont les tests se sont révélés négatifs et qui n’ont pas eu de contact avec des personnes porteuses du virus, ont débarqué après 14 jours de quarantaine au Japon.

« Je suis soulagé (…) Je veux me reposer », a lancé aux journalistes un Japonais de 77 ans.

Les personnes autorisées à sortir ont reçu un certificat officiel indiquant qu’elles ne présentaient « aucun risque d’infection au nouveau coronavirus », ni de symptômes au moment de l’inspection.

Certains au Japon s’inquiètent toutefois de voir des passagers du navire éparpillés dans la nature ou en partance pour leurs pays respectifs.

Les dizaines de nouveaux cas constatés à bord chaque jour ont soulevé des questions sur l’efficacité de la quarantaine au cours de laquelle les passagers étaient autorisés à se promener en petits groupes sur le pont avec des masques, tandis que le personnel de bord passait de cabine en cabine pour distribuer les repas.

Plusieurs pays, dont le Royaume-Uni, ont décidé d’envoyer des avions pour rapatrier leurs ressortissants sans plus attendre. Quant à l’équipage, il entamera une quarantaine une fois le dernier passager sorti.

– La Russie fermée aux Chinois –

L’inquiétude face au virus touche aussi la Russie, où aucun ressortissant chinois ne peut entrer à partir de jeudi, point d’orgue des mesures sanitaires prises contre l’épidémie, malgré le coût économique pour le tourisme et les régions frontalières.

Officiellement, la Russie n’a plus de malades du nouveau coronavirus sur son territoire depuis la sortie d’hôpital la semaine dernière des deux seuls patients, des ressortissants chinois. Moscou avait déjà fermé ses quelque 4.250 km de frontières avec la Chine, coupé les liaisons ferroviaires de passagers et restreint le nombre des vols vers des villes chinoises.

En Ukraine, des dizaines de personnes ont protesté mercredi contre l’arrivée prévue jeudi dans le pays d’un avion transportant 48 Ukrainiens et 29 ressortissants de pays tiers depuis Wuhan. Les manifestants ont bloqué une route menant vers un hôpital à Vynnyky, dans l’ouest du pays.

La France a pour sa part envoyé à Wuhan un nouvel avion en vue de rapatrier « quelques dizaines » de ses ressortissants, a annoncé le ministère de la Santé.

En Chine continentale, le bilan a dépassé jeudi 2.100 morts, avec plus de 74.500 personnes infectées. Le territoire semi-autonome de Hong Kong a constaté un deuxième décès, et l’Iran a annoncé deux morts.

– « Enormes progrès » –

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est félicitée mercredi au Caire des « énormes progrès » effectués dans la gestion de l’épidémie.

« Nous avons fait d’énormes progrès en peu de temps », a affirmé le directeur des mesures d’urgence en Méditerranée orientale, Richard Brennan, lors d’une conférence de presse du bureau régional de l’OMS en Egypte.

« On arrive à diagnostiquer le virus partout maintenant » et des « systèmes sanitaires efficaces » ont été mis en place, s’est félicité de son côté le directeur régional de l’OMS Ahmed al-Mandhari. Toutefois, il est « encore trop tôt pour dire que le virus a été endigué », a nuancé le Dr. Brennan.

Cet optimisme a gagné les principales Bourses mondiales, qui ont terminé mercredi en hausse. « Je ne pense pas que le coronavirus soit encore un sujet important. On voit que le nombre de nouveaux cas diminue. Le pire est probablement passé », a commenté l’analyste Maris Ogg, de Tower Bridge Advisors.

La Chine a donné cinq jours mercredi à trois journalistes du Wall Street Journal pour quitter le pays en représailles à un titre jugé raciste du quotidien américain. Pékin a très mal pris une tribune parue le 3 février, titrée: « La Chine est le véritable homme malade de l’Asie ». Cette expulsion a été immédatement condamnée par Washington.

Algérie: le jour du début de la contestation décrété « Journée nationale »

Le jour du début en Algérie de la contestation contre le pouvoir a été décrété « Journée nationale » par le président Abdelmadjid Tebboune, à l’occasion du premier anniversaire de ce mouvement populaire inédit déclenché le 22 février 2019.

La présidence a annoncé, dans un communiqué cité par la télévision d’Etat, que « M. Tebboune a décrété mercredi (…) le 22 février de chaque année ‘Journée nationale’ de la fraternité et de la cohésion entre le peuple et son armée ».

Le 22 février 2019, des millions d’Algériens sont descendus dans les rues de toutes les grandes villes du pays pour exprimer leur rejet d’un 5e mandat de l’ex-président Abdelaziz Bouteflika.

Ce mouvement populaire -ou « Hirak »- a obtenu la démission de M. Bouteflika début avril 2019, mais continue de réclamer une véritable rupture avec le système politique en place depuis l’indépendance du pays en 1962.

Ancien cadre de la présidence Bouteflika et pur produit du « système », M. Tebboune qui s’efforce de s’attirer les bonnes grâces de la contestation, a été élu le 12 décembre dernier lors d’un scrutin boycotté par la majorité des Algériens.

« Le décret présidentiel stipule que la journée du 22 février immortalisera le sursaut historique du peuple et sera célébrée dans l’ensemble du territoire national, à travers des manifestations et des activités à même de renforcer les liens de fraternité et de cohésion nationales », selon le communiqué.

Ethiopie: le TPLF, ex-parti dominant, fête ses 45 ans dans l’incertitude

Le parti qui a dominé la politique éthiopienne pendant près de trois décennies avant l’arrivée au pouvoir du Premier ministre Abiy Ahmed a fêté mercredi ses 45 ans avec une cérémonie qui a mis en exergue les tiraillements l’opposant au pouvoir central et à l’Érythrée.

Le Front de libération des peuples du Tigré (TPLF) a dominé la coalition qui a renversé en 1991 le régime militaro-marxiste du Derg, dirigé par le dictateur Mengistu Haile Mariam, et ensuite exercé un contrôle étroit sur l’Éthiopie pendant presque 30 ans.

Les Tigréens, qui ne constituent plus que 6% de la population, ont ainsi longtemps disposé d’un pouvoir sans commune mesure avec leur importance numérique.

Mais ce parti a vu son influence décroître avec l’émergence de M. Abiy, entré en fonction en avril 2018 après plusieurs mois de manifestations antigouvernementales reflétant une frustration générale contre l’exercice du pouvoir par le TPLF.

Craignant d’être encore plus marginalisé, le TPLF a refusé en novembre de fusionner la coalition au pouvoir en un seul parti, contrairement aux trois autres partis qui la formait, se positionnant ainsi de fait dans l’opposition.

Le parti contrôle en revanche toujours fermement la région septentrionale du Tigré. Mercredi, des dizaines de milliers de ses partisans ont envahi les rues de la capitale régionale, Mekele, pour une parade d’inspiration militaire des forces de sécurité locales.

Cet événement marquait le 45e anniversaire du parti, fondé en 1975. Les participants ont entonné des chants guerriers et marché dans des formations représentant les contours du Tigré et de l’Éthiopie.

Dans un discours, le président du TPLF, Debretsion Gebremichael, a accusé M. Abiy, prix Nobel de la paix 2019, de minimiser l’importance de ce que le parti a accompli pour consolider son propre pouvoir.

Contrairement au chef du gouvernement, les Éthiopiens respectent le TPLF, a estimé M. Debretsion, estimant que « la maladie est dans les dirigeants, pas dans le peuple ».

Yemane Amha, un ancien combattant du TPLF âgé de 44 ans, a estimé pour l’AFP que cet anniversaire intervenait à un « moment crucial » pour le parti.

« Je pense, comme probablement la plupart des Tigréens, que nous sommes à un tournant, où nous pouvons soit aller de l’avant en acceptant nos différences, ou alors où le gouvernement fédéral continue d’imposer sa volonté au peuple du Tigré et au-delà », a-t-il évoqué.

Le TPLF était au pouvoir au moment du conflit meurtrier ayant opposé l’Éthiopie à l’Érythrée entre 1998 et 2000, qui avait fait environ 80.000 morts.

M. Abiy s’est vu attribuer le prix Nobel de la paix 2019 principalement pour la réconciliation menée tambour battant avec l’Érythrée, qui a permis de mettre fin à 20 ans d’état de guerre entre les deux pays.

Mais cette paix reste fragile, les postes-frontières brièvement rouverts après la signature d’un accord de paix en juillet 2018 restant fermés, et aucun progrès n’ayant été enregistré sur la démarcation de la frontière, qui jouxte pour l’essentiel le Tigré.

Une animosité historique continue d’opposer le TPLF au président érythréen, Issaias Afeworki. Dans une interview télévisée au début du mois, ce dernier a accusé la « petite clique » du TPLF de tenter de saboter la paix et le programme de réformes de M. Abiy.

Fissehatsion Gebremichael, un fonctionnaire, a vu dans cet anniversaire un moyen de résister à la « marginalisation » des Tigréens. « Les gens se sont rassemblés contre ce qu’ils perçoivent comme une menace à leur encontre », a-t-il expliqué.

« Beaucoup de Tigréens considèrent qu’il y a un complot organisé entre les forces dirigeantes ici (en Ethiopie) et des forces étrangères », a-t-il ajouté, estimant que les tensions risquaient d’encore augmenter à l’approche des élections générales du 29 août.

Les violences communautaires n’ont cessé de marquer le début de mandat de M. Abiy, qui met en cause « les tensions communautaires créées dans le pays par les partis +ethno-nationalistes+ dans leurs régions respectives ».